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Les débats de l'été avec Olivier Babeau, économiste, président de l’Institut Sapiens
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NewsTranscription
00:0010h-13h, Maxime Liedot.
00:02Merci d'avoir choisi Sud Radio pour passer une partie de votre matinée.
00:06On est ensemble jusqu'à 13h et la suite de ce traitement de l'actualité brûlante,
00:10c'est évidemment ce chiffre, 15% sur les exportations européennes,
00:13c'est le fruit d'un deal, et je mets ça entre guillemets,
00:16entre Ursula von der Leyen et Donald Trump.
00:18Bonjour Olivier Babaut.
00:20Bonjour.
00:21Merci beaucoup d'être avec nous, vous êtes économiste, président de l'Institut Sapiens.
00:24Dans quel camp êtes-vous ce matin ?
00:25Est-ce un accord louable ou une capitulation totale ?
00:31C'est vrai qu'on peut être content d'avoir un accord,
00:33on aurait pu craindre que ça soit bien pire, que ça soit à 30%,
00:38mais enfin quand même, ça ressemble à une capitulation,
00:41ça ressemble à une extraordinaire démonstration d'impuissance de la part de l'Europe.
00:46C'est vraiment pas très réjouissant.
00:48Les échos titrent aujourd'hui, le son d'une défaite, l'opinion,
00:52l'Europe limite la casse, le Figaro c'est accord avec un goût.
00:56amer pour les Européens, est-ce qu'on aurait pu faire mieux ?
01:00Écoutez, si on regarde froidement de quoi il s'agit,
01:04on a accepté en race campagne de n'avoir aucun tarif sur les importations américaines.
01:10Donc de notre côté, allez-y, rentrez, faites ce que vous voulez.
01:13Et nous, on n'a que des obligations côté Europe.
01:16C'est-à-dire qu'on s'engage à acheter du gaz américain,
01:19on s'engage à acheter des armes américaines et on paye 15%.
01:24Alors, c'est un peu plus compliqué que ça.
01:26Oui, parce que certains secteurs sont exonérés, d'autres sont exonérés.
01:29Grosso modo, pas mal de nos exportateurs, notamment l'automobile, vont exporter
01:35et ça va devoir supporter ces 15% évidemment qui vont être sur le marché,
01:40qui vont faire qu'on a moins de place sur le marché par rapport aux autres.
01:43C'est bien l'idée défendue.
01:44Donc non, c'est vraiment pas très réjouissant.
01:47C'est quand même un accord qui est extrêmement déséquilibré, il faut quand même le dire.
01:51Vous parliez des investissements promis.
01:53600 milliards de dollars d'investissement à venir dans les prochaines années en tout.
01:58Et on ne sait pas d'ailleurs comment tout cela sera financé.
02:00Et 750 milliards d'achats dits stratégiques, notamment sur l'énergie.
02:04Mais j'ai l'impression qu'on parle beaucoup de ce GNL,
02:07qui est le gaz naturel liquéfié américain.
02:09Est-ce que ça change vraiment considérablement ?
02:12C'est-à-dire que, je regardais les quelques chiffres,
02:14on en est déjà le premier acheteur, nous, européens, du gaz naturel liquéfié en Europe.
02:19Bon, en réalité, ça nous coûte déjà 60 milliards.
02:22Est-ce qu'on va vraiment être en capacité, si vous voulez,
02:24de multiplier ce chiffre par 4 dans les prochaines années ?
02:27Au final, la question, c'est est-ce que tout ça n'est pas du bluff ?
02:29Comme les 5% sur l'OTAN, des chiffres considérables,
02:32Donald Trump repart heureux.
02:34Nous, on se débrouillera comme d'habitude.
02:36Et on connaît sur la Vanderleian, dès qu'il s'agira de manigancer,
02:39elle sera au rendez-vous.
02:40Est-ce qu'on ne peut pas le voir aussi cyniquement que cela ?
02:42Oui, c'est effectivement la partie du deal qui n'est pas évidente à réaliser.
02:46Il va falloir regarder.
02:48L'énergie, ça évolue énormément.
02:50Évidemment, les prix.
02:51Alors, ça pose un petit problème du point de vue de nos objectifs écologiques.
02:55Puisque, évidemment, c'est des engagements qui vont venir dans notre mix énergétique.
03:03Nous, en France, on a moins de besoins.
03:05Il ne faudra que les autres pays y arrivent.
03:07Alors, on peut aussi compter ou espérer qu'à terme,
03:11peut-être que Donald Trump ne soit plus à la Maison Blanche d'ici quelques années.
03:14Mais est-ce que ça fonctionne par le moins, Olivier ?
03:16Enfin, dans l'immédiat, les tarifs, ils vont être là.
03:18Le truc le plus sûr, c'est les tarifs immédiats dès le 1er août.
03:22Olivier Babaud, vous êtes économiste et président de l'Institut Sapiens.
03:24Est-ce que cet argument est aujourd'hui encore audible ?
03:27Bon, peut-être que Donald Trump ne sera plus là.
03:29Mais quand on regarde déjà le premier mandat,
03:30on avait eu un avertissement avec Donald Trump 1, si je puis me permettre.
03:34Résultat, on ne s'y est pas préparé.
03:36Joe Biden, en réalité, peut-être était-il gentil, un peu vieux monsieur et démocrate.
03:41Mais dans les faits, il nous a spoliés de la même façon.
03:43Et là, on a le retour de Donald Trump.
03:45Est-ce que s'appuyer ou espérer seulement un départ de Donald Trump de la Maison Blanche,
03:49est-ce une bonne technique ?
03:50Est-ce qu'il ne faut pas tout simplement se préparer ?
03:52Le ministre, d'ailleurs, de l'économie le dit à la lune de Libération ce matin.
03:56Nous devons nous préparer à affronter les prédateurs.
03:59Est-ce que ce n'est pas un mauvais calcul seulement de s'appuyer sur les personnes
04:03plutôt que sur la réalité aujourd'hui, qui est un affrontement entre puissances ?
04:07Bien sûr, vous avez tout à fait raison.
04:09S'il y a une chose positive dans ces suites d'humiliation,
04:12parce que c'est ça dont il s'agit en Europe,
04:15les suites d'humiliation, c'est que nous devons cesser d'être naïfs.
04:20C'est qu'il est urgent que nous soyons capables de parler d'une même voix,
04:24mais ça, c'est toujours la difficulté.
04:26Vous savez que la devise de l'Europe, c'est « unis dans la diversité »,
04:28mais en réalité, on est surtout désunis dans la diversité,
04:32malheureusement, parce qu'on n'a pas tout à fait les mêmes intérêts,
04:35les mêmes exportations, même par rapport à nos amis allemands.
04:39En tout cas, il faut qu'on soit capable d'avoir une politique de puissance,
04:42parce qu'on se rend compte que le monde n'est pas gentil.
04:44C'est aussi simple que ça.
04:46Le monde ne nous veut pas du bien.
04:48De façon générale, même des gens dont on pensait qu'ils étaient depuis longtemps nos alliés,
04:52ils voient d'abord midi à leur porte et leurs propres avantages.
04:55C'est difficile de leur en vouloir.
04:57Et nous, il faudrait un petit peu qu'on soit capable d'avoir nos propres intérêts.
05:01On a un marché extraordinaire de 500 millions quasiment de personnes,
05:04et puis un marché avec un pouvoir d'achat important.
05:06Donc ça, c'est une de nos puissances.
05:07C'est 1 700 milliards d'euros d'échange entre les deux puissances sur l'année écoulée,
05:11ce qui est considérable.
05:12Oui, on est quand même un beau marché, on est quelqu'un d'enviable.
05:17Bon, alors c'est sûr que, comme on dit souvent, vous savez, depuis Yalta,
05:20on sait que quand on n'est pas à la table des négociations, c'est qu'on est au menu.
05:23Et malheureusement, l'Europe est au menu de plus en plus et assez peu à la table.
05:29Il n'y a pas de fatalité.
05:30Il faut qu'on le décide.
05:30Mais c'est vrai que c'est un spectacle assez désolant.
05:33À chaque élection européenne, on nous vend les avantages de l'Europe.
05:36On essaye de nous vanter tout ce que ça nous apporte.
05:39Malheureusement, le citoyen, ça va être de plus en plus difficile de le convaincre
05:43que l'Europe nous permet de faire autre chose que des bouchons attachés aux bouteilles
05:48et de montrer que l'Europe peut être vraiment quelque chose qui nous permet
05:52d'avoir collectivement de la puissance.
05:54On a l'impression que ça nous enlève une part de notre souveraineté nationale d'un côté
05:59et que ça ne nous permet pas d'avoir une souveraineté internationale, en quelque sorte.
06:02Et c'est ça sur lequel il va falloir qu'on essaye de progresser.
06:06Tout à l'heure, vous disiez il y a un instant qu'en réalité, le sujet,
06:09c'est que nous n'avons pas les mêmes intérêts.
06:11Mais précisément parce que nous n'avons pas les mêmes intérêts,
06:14est-ce que le but n'était pas d'y aller seul et d'assumer,
06:17de négocier pour ses propres intérêts ?
06:19Et quand on voit aujourd'hui le ministre Kirstheimer, c'est-à-dire le ministre britannique,
06:23il ne s'en sort pas mal, 10% seulement.
06:26Il a réussi à négocier sur ses intérêts stratégiques.
06:29On voit bien en réalité qu'Ursula von der Leyen a tout fait pour exonérer l'automobile,
06:33qui sauve en grande partie bien sûr l'Allemagne,
06:35qui se dit d'ailleurs soulagée de cet accord.
06:37Donc est-ce que la réalité n'aurait pas dû nous amener à appeler directement Donald Trump
06:42et à dire, écoute mon petit Donald, qu'est-ce qu'on fait entre la France et les Etats-Unis ?
06:47Institutionnellement, ça aurait été difficile, ça aurait été des flagrations européennes,
06:51d'un point de vue pratique, il est possible que ça ait donné des meilleurs résultats.
06:55D'ailleurs, les Etats-Unis auraient peut-être été contents de nous voir arriver désunis.
07:00On a pensé qu'on aurait un meilleur accord, mais c'est vrai qu'il y a ce grand problème
07:04du fait que nous n'avons pas les mêmes structures économiques entre les pays.
07:07L'Allemagne, comme vous le disiez, a beaucoup d'industries, l'automobile c'est important.
07:12L'Allemagne a aussi fait la très très grande erreur de sortir du nucléaire,
07:17ils ont une énergie plutôt chère, donc ils ont des visions énergétiques qui sont différentes des nôtres.
07:22Et c'est vrai que c'est un problème, d'autant plus qu'on a l'impression que dans la négociation,
07:26la plupart du temps, c'est quand même pas le point de vue français qui parvient à l'emporter.
07:32C'est vraiment gênant et encore une fois, ça nourrit une forme de défiance de l'Europe.
07:37L'Europe, qu'apporte-t-elle ?
07:38Voilà ce que beaucoup de citoyens pensent de plus en plus, ils sont de plus en plus sceptiques,
07:43alors que je pense qu'ils ne l'étaient pas en fait, il y a encore quelques dizaines d'années.
07:47Comment vous regardez, comment l'économiste que vous êtes,
07:49regardez ce qui se passe aussi du côté de la Chine ?
07:51On a l'impression aujourd'hui que dans un certain type de discours politique notamment,
07:55la Chine devrait être désormais l'allié à privilégier par rapport à l'allié américain.
08:01Et on voit pourtant à quel point on avait encore un auditeur hier qui habitait en Chine,
08:05qui nous appelait, qui nous disait qu'en réalité on avait juste à continuer comme ça
08:08parce que les Chinois n'attendaient qu'une chose, nous croquer.
08:11Est-ce qu'aujourd'hui, il n'y a pas un risque de se tromper d'ennemi
08:14et de laisser arriver considérablement, je veux dire beaucoup plus qu'elle ne l'est aujourd'hui déjà,
08:19la Chine et les investissements chinois en terres européennes ?
08:23Si on veut être tout à fait lucide, le problème de l'Europe aujourd'hui, c'est de choisir son maître.
08:26Et il faut choisir le moins terrible, le moins redoutable.
08:32La formule écruelle.
08:33C'est vrai que malheureusement, les Etats-Unis, c'est celui avec lequel on a quand même le plus à top croche,
08:38celui qui est civilisationnellement le plus proche.
08:41Et puis ça fait plus longtemps évidemment qu'on est un peu en communication.
08:46Il ne faut pas évidemment être naïf.
08:48La Chine a aussi une politique de puissance.
08:51On est face à des politiques d'empire qui sont revenues.
08:54On avait pensé pendant un moment que par une sorte d'irénisme, ça y est, les démocraties représentatives,
09:00aller habiter le monde et puis la vision européenne, universaliste, pacifiée, n'est-ce pas, aller dominer.
09:08Non, ce n'est pas du tout comme ça.
09:09L'histoire ne s'est pas arrêtée.
09:11Et l'Europe est un peu entre les deux feux de cette guerre des empires.
09:15Oui, il faut qu'on choisisse sans se soumettre pour autant, en essayant de faire valoir nos forces.
09:23Mais en étant lucide sur le fait qu'on a de moins en moins les capacités,
09:26on aura de moins en moins avec l'intelligence artificielle qu'on n'a pas,
09:29avec les robots qu'on ne développe pas non plus,
09:31les moyens d'avoir les technologies qui permettent réellement la puissance.
09:34Ça veut donc dire qu'il faut qu'on continue d'une façon ou d'une autre
09:36à s'abriter un petit peu derrière le mur des plus puissants.
09:39C'est comme ça depuis les châteaux forts.
09:42Voilà l'appel à la lucidité d'Olivier.
09:44Et Babo, votre parlée vraie économique,
09:46merci beaucoup d'avoir été avec nous, économiste et président de l'Institut Sapiens.
09:49Je retiens votre formule sans doute juste, mais cruelle,
09:52sur le destin de l'Europe qui ne doit aujourd'hui se contenter,
09:55d'une certaine manière, de choisir son maître.
09:57Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
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