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  • il y a 3 jours
Avec Stéphane Morin, auteur d'une tribune "L’étrange réarmement : le retour tragique d’une illusion bien française ?", dans la Revue politique et parlementaire.

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##INVITE_DU_JOUR-2025-07-14##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, les débats de l'été, 10h-13h, Maxime Liedot.
00:06C'est un sujet qui méritait qu'on prenne le temps, le temps de s'y pencher, le temps de comprendre,
00:10le temps aussi de quand même regarder les chiffres en ce jour de 14 juillet,
00:14l'étrange réarmement, le retour tragique d'une illusion bien française.
00:18C'est la question que pose Stéphane Morin, seigneur en politique publique, expert en défense.
00:22Bonjour.
00:24Bonjour Maxime, merci beaucoup pour votre accueil.
00:25Merci à vous d'être avec nous, vous avez fait un grand texte dans la revue politique et parlementaire,
00:30précisément sur ce sujet, et vous n'avez pas fait que livrer vos humeurs, vos commentaires
00:35sur tout ce qu'on entend ces derniers temps, sur la loi de programmation militaire,
00:39faut-il plus de missiles, moins de missiles, si oui, combien, si oui, pourquoi ?
00:44Non, vous avez fait mieux que ça, vous avez véritablement fait produit un texte
00:47en vous interrogeant sur la capacité de la France à atteindre les objectifs fixés
00:52par les dernières déclarations, en rappelant ce qui s'était passé entre 1936 et 1938,
00:57c'est-à-dire au moment du Front populaire, et avant l'étrange défaite.
01:00Étrange défaite, on le rappelle pour nos auditeurs toujours, livre de Marc Bloch qui prédit
01:05et qui traduit et qui explique parfaitement l'aveuglement des élites,
01:09l'enquistement français à ne pas voir que l'ennemi se rapproche,
01:13et qui en réalité connaîtra la fin qu'on connaît, c'est-à-dire bien sûr l'invasion allemande,
01:17de la collaboration et l'écrasement par l'Allemagne, en tout cas,
01:21qui a percé la ligne Maginot en deux temps, trois mouvements.
01:24Mais on a eu ces derniers jours, commençons par cela si vous le voulez bien,
01:27une chorégraphie. Le chef d'état-major des armées, le ministre également des armées
01:32qui s'est beaucoup montré, on pense hier à sa grande interview dans la tribune du dimanche,
01:37puis la prise de parole du chef de l'État hier en disant
01:39la menace russe est durable, elle s'installe,
01:42on va augmenter les augmentations prévues dans la loi de programmation militaire,
01:47on va mettre les moyens.
01:49Est-ce que, quand vous écoutez, lisez, entendez ça,
01:53vous êtes rassuré sur le fait que la France pourra, oui ou non,
01:57tenir ses objectifs, Stéphane Morin ?
01:59Le quatrième mouvement de cette chorégraphie que vous oubliez,
02:01c'est la parution aujourd'hui de l'actualisation de la revue nationale stratégique,
02:07qui en effet confirme ces éléments de langage qui sont plus que des éléments de langage,
02:13qui sont des réalités, cette menace russe qui est aux frontières de l'Europe,
02:16qui a agressé l'Ukraine aussi trois ans maintenant,
02:20et qui nécessite pour notre pays en effet une prise de conscience générale,
02:26et je pense que cette chorégraphie, cette scénographie,
02:31ce chant, enfin cette stratégie de communication a été très pensée,
02:36très réfléchie pour mobiliser les opinions autour de ces objectifs
02:39qui sont non seulement ceux du réarmement,
02:41mais aussi ceux de la conscience du peuple.
02:44Notre pays manque justement de culture historique,
02:48ou en tout cas a tendance à oublier les épreuves et les échecs,
02:50les défaites qui ont été les siennes.
02:52On pense bien évidemment à la débâcle de 1940,
02:55mais il y a eu un effort précédemment,
02:57qui a été la loi de programme de 36-38,
03:00un budget à plus de 40%,
03:03aujourd'hui 2024-2030,
03:07un budget à plus de 40% pour cette loi de programmation militaire.
03:10Il y a quelques similitudes qui en effet interrogent.
03:12Et on y reviendra, mais tout à l'heure,
03:14à l'instant où vous venez de parler de la nécessaire prise de conscience,
03:18de la chorégraphie orchestrée,
03:19j'ai envie de dire, je ne comprends pas,
03:21parce que ça fait deux ans que notamment le président de la République évoque
03:24le fait qu'on est en économie de guerre,
03:26qu'on parle de déverrouiller les crédits nécessaires pour nos industriels.
03:30Pour vous, quand vous avez signé cette tribune,
03:32je le rappelle l'étrangerie armement,
03:34le retour tragique d'une illusion bien française,
03:36c'était il y a à peine quelques jours,
03:38c'est que pour vous le conteniez pas,
03:39nous ne sommes pas réellement en économie de guerre ?
03:42Je pense que l'économie de guerre est d'abord une formule
03:44qui a le mérite de poser les enjeux,
03:48qui est en effet celui d'une économie qui doit s'adapter à ce temps de menaces,
03:52menaces qui ne sont pas nouvelles.
03:54Je rappelle juste pour mémoire qu'en 1994,
03:56il y a eu un livre blanc sur la défense,
03:59commandé par Edouard Ballet-Dur,
04:00livré par Marc Solon, premier vice-président du Conseil d'État,
04:03vice-président du Conseil d'État,
04:04et qui indiquait dans l'un de ses scénarios
04:06la réémergence d'un adversaire systémique,
04:11en l'occurrence la Russie.
04:13Il y avait une perspective de préparation
04:15sur une échelle de temps qui était de la décennie.
04:19Qui imagine Vladimir Poutine envoyer un Bristol
04:23avec une invitation pour Emmanuel Macron
04:26ou ses adversaires européens
04:27pour les convoquer à 6h du matin dans une clairière
04:29et se livrer à un duel jusqu'au 1er cent ?
04:31On en est vraiment loin.
04:32Aujourd'hui, les commandes publiques tardent à arriver,
04:37les budgets sont en tout cas notifiés,
04:41il y a des retards de paiement,
04:42il y a plusieurs...
04:44Ça, on y reviendra,
04:45parce que vous avez raison d'aborder le sujet,
04:48mais dans votre note,
04:49vous décrivez en effet que le ministère des Armées
04:53est malheureusement pénalisé par certains points,
04:55et j'aimerais qu'on y revienne simplement,
04:57avant de rentrer dans le détail de votre note
04:58et de cette actualité qui nous monopolisent en ce 14 juillet.
05:01à quel moment vous avez eu la sensation
05:05que nous pouvions nous rapprocher d'une étrange défaite ?
05:08J'étais il y a quelques mois
05:10à la Fondation du Souvenir Français
05:13et il y avait une lecture de passage
05:15de l'étrange défaite de Marc Bloch,
05:16qui est un livre que j'invite vos auditeurs à parcourir.
05:20contrairement...
05:21Enfin, ils peuvent également lire la nouvelle revue nationale stratégique,
05:28qui n'est pas un roman de plage, par ailleurs.
05:31Marc Bloch, dans l'étrange défaite,
05:34pose un certain nombre de constats
05:36qui sont en effet la défaillance de l'État,
05:38la défaillance de vision des politiques,
05:40et finalement la difficulté qu'il y a à mobiliser
05:42des gens qui sont perclus d'habitude,
05:44qui sont enfermés dans leur vision,
05:47qui n'a rien à voir avec le réel.
05:48Les éléments de langage qui ont été avancés
05:51et l'évocation de l'économie de guerre,
05:53s'il n'y en ait rien d'autre,
05:55malheureusement,
05:56qu'une stratégie de communication,
05:58a néanmoins le mérite de poser des constats
06:01qui sont réels.
06:02Cette menace russe,
06:03la montée de l'ensauvagement du monde,
06:06et on l'a vu avec la façon
06:08dont la France a été sortie de l'Afrique,
06:11on le voit au Proche et Moyen-Orient,
06:13on le voit avec l'Iran,
06:14on en perçoit déjà les frémissements avec Taïwan,
06:17et en particulier avec l'Ukraine.
06:20Donc, écouter ou relire Marc Bloch
06:24permet en effet de bien prendre conscience
06:27de cette...
06:29L'histoire ne se répète pas,
06:31mais il y a des hoquets qui sont quand même très inquiétants,
06:33et en l'occurrence,
06:34il y a des similitudes qui valent qu'on s'y intéresse.
06:37Rappelons alors, dans ce cas-là,
06:39ce qui ouvre votre note,
06:41je le rappelle,
06:42réarmement français,
06:43est-ce que c'est le risque d'une tragique illusion à la française ?
06:46Vous avez le mérite de poser la question,
06:48Stéphane Morin,
06:48et vous dites,
06:49le contexte n'est pas à l'identique le même,
06:52bien sûr,
06:52mais il y a des similitudes,
06:53vous le rappelez,
06:54qui sont très importantes,
06:55rien que dans le contexte historique,
06:56vous rappelez en effet,
06:57que si là, la Russie,
06:59on est encore en train de se poser la question,
07:01mais va-t-elle réellement vers l'Europe ?
07:02Va-t-elle réellement provoquer l'OTAN ?
07:04Qu'est-ce qu'on peut se poser comme question ?
07:06Vous rappelez qu'en réalité,
07:08en 1938,
07:08en 1938,
07:09c'était déjà les nazis
07:10ou l'Allemagne nazie
07:11qui avait remis en question
07:13les accords de Versailles
07:14et qui avait dit,
07:15bon, écoutez,
07:15tout ça ne nous va plus,
07:16on va commencer à faire nos affaires de notre côté,
07:18c'est-à-dire qu'est-ce qu'on peut faire un parallèle
07:19entre peut-être le fait d'avoir sous-estimé
07:21la menace de l'Allemagne nazie en 36-38
07:24et le fait qu'on sous-estime encore aujourd'hui
07:26la menace russe ?
07:28L'appareil de guerre allemand,
07:30dès l'arrivée,
07:31dès l'accès au pouvoir d'Adolf Hitler,
07:33a entrepris de réarmer,
07:35l'Allemagne nazie s'est totalement réarmée,
07:39la Wehrmacht en 1933
07:43comptait 100 000 hommes,
07:45en 1939,
07:47elle en alignait un 1,5 million.
07:50Elle envisageait de produire,
07:52elle produisait, pardon,
07:535 000 avions par an,
07:54là où la France,
07:55dans sa stratégie envisagée
07:56sous le Front Populaire,
07:57en constituait,
07:58enfin en créait,
07:58en fabriquait à peine 1 000.
08:01Et donc,
08:03si l'on ajoute à ça aussi
08:04une stratégie combinée
08:08de moyens mécaniques
08:10et de stratégie opérationnelle,
08:12le Blitzkrieg notamment,
08:13on voit qu'en effet,
08:14il y a eu une véritable réflexion
08:15sur une stratégie de conquête
08:17et d'envahissement.
08:19Je me souviens,
08:20il y a quelques années,
08:20on évoquait la Russie
08:21comme un pays
08:22qui n'avait que,
08:23je cite,
08:23que le PIB de l'Italie.
08:27Et c'est, pardon,
08:27c'est très frappant ce que vous dites,
08:28parce qu'on entend encore ça aujourd'hui.
08:30Oui, quand on parle du risque de la Russie,
08:33on dit que c'est un nain économie,
08:34que ça ne représente, je crois,
08:35que 2% du PIB mondial,
08:37que c'est semblable au PIB de l'Italie.
08:38Donc, est-ce qu'on est dans la même mécanique,
08:40peut-être,
08:40de réflexion,
08:41en grande partie,
08:42pour se protéger ?
08:43Il y a une illusion qui est celle du temps
08:44que l'on achèterait
08:45en faisant des lignes de crédit budgétaire.
08:47Il y a une illusion
08:47qui est celle de la mobilisation
08:49d'un écosystème industriel,
08:52technologique et de défense,
08:54qui par ailleurs sort,
08:55je tiens à le rappeler,
08:56avec la fin de la guerre froide,
08:58d'une économie de survie.
09:00Les grands groupes,
09:01les PME,
09:02et aujourd'hui les start-up,
09:03ont eu à subir
09:04de nombreuses affres.
09:06L'État ne commande pas,
09:09l'État ne tarde à s'acquitter
09:13des sommes qu'elle doit.
09:18Elle demande à l'industrie d'innover,
09:21elle demande à l'industrie
09:22qui travaille sur les études amont
09:25à ses propres frais.
09:26Je rappelle qu'il y a
09:27un grand groupe industriel français
09:29qui est supposé fabriquer
09:31un porte-avions nucléaires
09:32nouvelle génération,
09:34qui autofinance aujourd'hui
09:36cette réflexion et ses études.
09:39Il y a quelque chose
09:40qui ne va pas
09:41et qui ne sonne pas
09:41comme une économie de guerre.
09:43Là où la Russie,
09:43précisément,
09:44loin de récupérer des puces
09:46sur des machines à laver,
09:47comme on peut le dire,
09:48passe de,
09:49et c'est aujourd'hui malheureusement
09:50la grande tragédie
09:51que connaissent les Ukrainiens,
09:53de 500 drones
09:55qui sont engagés chaque jour
09:58à, et on le verra au mois de septembre,
10:00à peu près 1000 à 1200
10:01qui frapperont quotidiennement
10:03les villes d'Ukraine.
10:05Vous parliez du risque
10:05de décalage qu'il peut y avoir
10:07entre la réflexion,
10:09la décision politique
10:10et le fait que ça arrive
10:11sur le terrain concret,
10:12que ce soit les industriels,
10:14les militaires ou autres.
10:15Et il faut bien rappeler
10:16que dans la période
10:17que vous employez
10:18pour comparaison 1936-1938,
10:20avant l'écrasement
10:21de la ligne Maginot
10:22par l'Allemagne nazie,
10:23et la comparaison avec aujourd'hui,
10:24c'est que ce décalage-là,
10:25à l'époque,
10:26entre la prise de décision
10:27et la prise de conscience,
10:28elle est absolument fatale.
10:30Et quand on voit, nous,
10:31notre retard à l'allumage,
10:32et je ne parle même pas
10:33du niveau européen,
10:34est-ce qu'il y a un décalage
10:35qui peut être similaire,
10:37en tout cas,
10:38à un décalage intellectuel
10:39qui nous aveugle ?
10:39On est dans une période
10:41qui a, évidemment,
10:42il y a, comparaison n'est pas raison,
10:43mais entre 1936-1938
10:46et donc la défaite de juin 1940,
10:48et aujourd'hui,
10:49il y a différents éléments
10:50qui sont intervenus.
10:51Déjà, d'une part,
10:52notre ennemi n'est pas
10:53à notre frontière immédiate.
10:55Nous sommes à 2500 km de Moscou.
10:58Là où la Russie
11:00a déjà eu du mal
11:00à pénétrer en Ukraine,
11:02tragiquement,
11:03mais elle l'a fait.
11:04Et il y a un élément particulier.
11:06Donc, il y a une profondeur stratégique,
11:08géographique et stratégique.
11:09Et il y a aussi la dissuasion nucléaire.
11:11Cette dissuasion nucléaire
11:12qui est crédible,
11:13qui est contestée à mains égards,
11:15mais qui appelle
11:16à un redimensionnement
11:17aussi des forces conventionnelles.
11:18Donc, oui,
11:21cette vision,
11:22ce constat d'un ennemi
11:23qui se réarme
11:26et finalement déroule
11:27son programme,
11:29c'est, comment dire,
11:31oui, sa vision,
11:32sa stratégie,
11:33son ambition politique,
11:34alors qu'un pays comme la France
11:36lui-même est sujet
11:37à une forme
11:39d'en même temps
11:40où on veut à la fois
11:42faire une économie de guerre
11:43et...
11:44Mais à la fois,
11:45c'est-à-dire de...
11:46Mais oui,
11:46à la fois faire des économies,
11:47c'est ce que vous alliez dire.
11:48Et continuer à,
11:49effectivement,
11:50à se conformer
11:51à une doxa
11:52du rabot
11:52pour réduire
11:53les politiques publiques
11:54alors que précisément
11:55on en est à
11:563400 milliards
11:57de dates publiques
11:58aujourd'hui.
11:59C'est considérable.
12:00Une goutte dans l'océan,
12:01bien sûr,
12:01comme on le sait tous.
12:02Est-ce que dans ce que vous dites
12:04de la stratégie de l'État,
12:06le nôtre actuellement,
12:07l'État français,
12:07est suffisamment stratège ?
12:08Parce que c'est ce que vous dites
12:09à un moment dans votre note,
12:10il y a une telle efficacité aussi
12:12à partir de 1940
12:13que l'État devient
12:14absolument stratège.
12:16Vous vous rappelez
12:17que le budget militaire
12:18augmente de 40%,
12:19vous l'avez dit,
12:20ça atteint 15%
12:21du budget de l'État,
12:22mais surtout,
12:22il y a la nationalisation
12:23des secteurs stratégiques
12:24de l'armement,
12:25que ce soit terrestre,
12:27rien n'avale,
12:28il y a la création
12:28de sociétés nationales,
12:30il y a des nominations
12:30à droite et à gauche
12:31pour faire vraiment
12:32bouger la machine d'État
12:34et la machine de guerre,
12:34il y a un plan ambitieux
12:35de rééquipement de l'armée,
12:36bref,
12:37on a vraiment toute une machine
12:38qui se remet en route,
12:39on n'a pas l'impression
12:40que ce soit le cas aujourd'hui,
12:42Stéphane Morin.
12:43La base industrielle
12:44de technologie et de défense
12:45souffre encore
12:46de nombreuses rigidités
12:47et cet État stratège
12:48qui a l'ambition
12:50à travers cette loi
12:51de programmation militaire
12:52qui, je le rappelle,
12:55fixe des objectifs
12:56en matière capacitaire,
12:57en matière d'équipement.
12:59C'est la feuille de route
13:00pour, là,
13:01en l'occurrence,
13:02qui va de 2024
13:03jusqu'à 2030,
13:04la loi de programmation militaire.
13:05Absolument,
13:06et donc le président
13:06de la République,
13:07aujourd'hui,
13:08enfin pardon,
13:08hier soir,
13:09à l'hôtel de Brienne,
13:10dans les jardins
13:11du ministère des Armées,
13:12a rappelé
13:14qu'il fallait accélérer
13:15le tempo
13:15et donc l'objectif
13:16qui était d'aller
13:17jusqu'en 2030,
13:19ça a été de raccourcir
13:21cette loi de programmation militaire
13:22jusqu'à 2027
13:22et d'organiser à l'automne
13:24un débat
13:24sur une actualisation
13:26de cette loi
13:26de programmation militaire
13:27pour augmenter précisément
13:28cette cadence
13:29à la fois de production
13:30et puis peut-être aussi
13:32de résoudre
13:33les difficultés
13:34qui ont été rencontrées
13:35ou qui sont rencontrées
13:36par les industriels
13:37auxquels on demande
13:37de produire plus vite,
13:39mieux,
13:39moins cher,
13:40mais sans argent.
13:42Mais sans argent.
13:42Notamment.
13:43Suite de la conversation
13:44dans quelques instants
13:45sur Sud Radio
13:46avec Stéphane Morin
13:47qui est l'auteur
13:48de cette note
13:49« L'étrange réarmement,
13:50le retour tragique
13:51d'une illusion bien française ».
13:53Je vous rassure,
13:53c'est une question.
13:54Allons-nous nous rééquiper
13:55à temps avant peut-être
13:56l'affrontement d'un danger russe
13:58à la frontière de l'Europe
13:59qui pourrait arriver
14:00dans quelques années
14:01ou allons-nous malheureusement
14:03subir encore l'histoire
14:04une deuxième fois
14:05comme en 1940
14:06au moment de l'étrange défaite ?
14:08C'est le débat
14:09qui nous a mis
14:09et la discussion se poursuit.
14:10Dans quelques instants,
14:11vous êtes bien sur Sud Radio.
14:12A tout de suite.
14:14C'est un débat
14:15absolument passionnant
14:16qui plus est un 14 juillet.
14:18La France est-elle
14:19prête pour se réarmer,
14:20pour affronter
14:21les dangers de demain ?
14:22On parle,
14:23on a beaucoup de termes,
14:24on parle d'une armée bonsaï,
14:26on parle d'une armée éparpillée,
14:27d'une armée échantillonnaire
14:28mais quand on écoute
14:30les déclarations
14:30chef d'état-major des armées,
14:32président de la République,
14:33ministre des armées,
14:34on se dit
14:34ça y est,
14:35ça y est,
14:36la France est en capacité
14:37de se remuscler
14:39et on a cette discussion
14:40avec Stéphane Morin
14:41qui est toujours avec nous,
14:42expert en politique publique
14:44et expert en défense
14:45qui signe cette note
14:45dans la revue politique
14:46et parlementaire
14:47« L'étrange réarmement,
14:48le retour tragique
14:49d'une illusion bien française ».
14:51Et vous faites cette comparaison
14:52avec 1936-1938
14:54avant la défaite
14:55écrasante pour la France
14:56par l'Allemagne nazie
14:58et le franchissement
14:58de cette ligne Maginot
14:59qui devait tous nous protéger
15:01et qui a été
15:02une immense illusion.
15:04Parlons de ce qui se passe
15:05actuellement.
15:05La loi de programmation militaire,
15:07quels sont les objets
15:07de vos inquiétudes ?
15:08Parce que pourtant
15:09les chiffres sont là,
15:10on parle de milliards,
15:11on parle de près
15:12de 60 milliards,
15:13on a parlé
15:13d'une base industrielle
15:15et de défense,
15:16vous l'évoquiez,
15:17qui est prête.
15:17vous vous dites
15:18« Attention,
15:19il y a encore
15:19de la rigidité,
15:20il y a encore
15:21de la lenteur,
15:22il y a une différence
15:22entre l'administration
15:23et la violence de l'AIR ».
15:25L'accélération du tempo
15:27voulue par le président
15:28de la République
15:28annoncée hier soir
15:30lors de son allocution
15:31détermine une loi
15:35de programmation militaire
15:36qui en 2027
15:37atteindra les 64 milliards d'euros.
15:3964 milliards d'euros,
15:40c'est à peu près
15:41en plus des augmentations
15:42qui étaient prévues,
15:446,5 milliards
15:45qui vont être abondés
15:48en deux ans.
15:50Il vise à renforcer
15:50la capacité militaire,
15:52bien sûr,
15:52dans ce qu'il appelle
15:53l'ère des prédateurs.
15:55Mais tout cela,
15:56c'est pour anticiper
15:57un conflit de haute intensité
15:58qui finalement,
15:59notamment,
16:00a généreux aussi
16:01un rendez-vous
16:01qui est de 3 à 4 ans.
16:03En fait,
16:04une échelle de temps
16:05qui n'a rien à voir
16:06peut-être avec les ambitions
16:07de nos adversaires systémiques.
16:08Et les urgences,
16:09d'ailleurs,
16:10vous dites dans votre note
16:11quelque chose
16:11qui est stupéfiant
16:12dont on ne parle absolument jamais
16:13dans le débat public.
16:14S'il y a déjà
16:15un problème de trésorerie naturel
16:16en France,
16:17on aura l'occasion
16:17d'en parler demain
16:18parce que François Bayrou
16:19prend la parole
16:19pour trouver
16:20les 40 milliards d'économies.
16:21Il y a ce sujet
16:25qui a encore reçu
16:25les budgets adéquats.
16:27Mais en plus,
16:28vous expliquez
16:28qu'en quelque sorte,
16:29le ministère des armées
16:31est déjà endetté
16:32avec le report de charges
16:34qui est très préoccupant.
16:35Est-ce que vous pouvez
16:35nous expliquer
16:36de façon assez pédagogique
16:37et je vous fais confiance
16:38pour ça,
16:38Stéphane Morin,
16:39ce sujet des reports de charges
16:41qui minent déjà
16:42l'opération
16:42qu'on est en train
16:43de nous vendre
16:43depuis 2-3 jours ?
16:45La loi de programmation militaire
16:46est assez déstabilisée,
16:49fragilisée
16:50par la trajectoire budgétaire
16:52qui est sous tension.
16:54Comme je l'indique
16:55dans ma note,
16:56le report de charges
16:57qui est déjà préoccupant
16:59et qui illustre bien
17:00cette dégradation
17:01de la situation.
17:03Est-ce que vous appelez
17:04le report de charges ?
17:05Report de charges,
17:06c'est finalement
17:08vous arrêtez de payer,
17:10vous ne payez pas,
17:10vous reportez...
17:12Donc on peut dire
17:12qu'il y a potentiellement
17:13pour le ministère des armées
17:14pour qu'on comprenne bien
17:15et que ce soit
17:15vraiment fluide et limpide,
17:18il y a comme des impayés
17:19déjà du côté,
17:20une note si vous voulez,
17:21du côté du ministère des armées,
17:23c'est simple ?
17:23Invoquer l'impéritie
17:25du Parlement
17:26et de l'Assemblée nationale
17:27qui,
17:28en censurant le gouvernement,
17:32l'amène à revoir
17:36la copie
17:37et finalement retard
17:38de l'adoption
17:39des budgets de défense
17:39est assez facile
17:41puisque dès 2022,
17:42il y avait déjà
17:433,9 milliards
17:44de retard de paiement
17:45et là,
17:46on va atteindre
17:47pour 2024
17:47près de 7 milliards.
17:48Donc en effet,
17:50les décisions
17:50qui vont être
17:51présentées
17:53par le Premier ministre
17:54demain
17:54vont permettre
17:55finalement
17:55d'ouvrir les robinets
17:57et peut-être,
17:58nous espérons,
17:59d'éponger
18:00certaines dettes
18:00et certains déficits
18:02auprès des industriels
18:03mais il y a un décalage
18:04entre...
18:05Enfin,
18:05ce décalage
18:06montre qu'il y a
18:06une forme d'insincérité
18:07dans ce budget.
18:08On a une ambition,
18:09on aligne des chiffres...
18:10Une insincérité dans le budget ?
18:11C'est vraisemblable,
18:12oui.
18:13Ces retards-là
18:13qui ont été soulignés
18:14par la Commission de la Défense
18:15et des affaires étrangères
18:17du Sénat
18:17de façon là aussi
18:19très pédagogue
18:20mais la Cour des comptes
18:21elle-même
18:21en rend compte.
18:22Il est difficile
18:23d'imaginer
18:24à quel point
18:24en effet
18:25les industriels
18:26parce que malgré tout
18:27les budgets
18:28qui sont votés
18:30sont destinés
18:33à équiper nos armées,
18:35à renforcer
18:36les capacités
18:38et les moyens.
18:39Typiquement,
18:39on en est encore
18:40à quelques jours
18:40de munitions
18:41en matière...
18:43Enfin,
18:43on a des stocks
18:44de quelques jours
18:44uniquement de munitions
18:45en cas de conflits
18:46de haute intensité.
18:48Tout cela,
18:49finalement,
18:50montre qu'au-delà des mots,
18:53il y a une réalité
18:53qui est beaucoup plus inquiétante.
18:54Vous avez entendu
18:55ce petit débat
18:56parce que c'était d'ailleurs
18:57une des recommandations.
18:58Vous en parliez
18:58au début de notre entretien
18:59de la Revue Nationale Stratégique
19:01sur la nécessité
19:02à un moment
19:02de créer.
19:03Alors,
19:03comment le faire précisément ?
19:05Mais un nouveau,
19:06une nouvelle forme
19:07peut-être du service militaire,
19:08service national universel,
19:10nous l'avons déjà testé,
19:11on a vu ce que ça a donné.
19:12Est-ce que vous,
19:13justement,
19:13pour que la France
19:14puisse s'équiper,
19:16puisse se mettre immédiatement,
19:18on va dire,
19:19en condition réelle,
19:20la manière d'appeler
19:21certaines personnes
19:22à venir défendre le pays,
19:24comme l'a suggéré
19:25Emmanuel Macron ?
19:25Est-ce que ça vous paraît
19:26être une belle chose,
19:27une bonne chose ?
19:27Tout d'abord,
19:31ce service national universel
19:33présente un coût.
19:36Imaginons bien,
19:36imaginons une classe d'âge
19:37qui représente
19:38à peu près 800 000 jeunes.
19:40800 000 jeunes
19:40qu'il s'agirait d'encadrer,
19:42qu'il s'agirait de former.
19:45Aujourd'hui,
19:45les armées françaises
19:46ne comptent que 210 000
19:47militaires d'actifs.
19:49Ce qui, en soi,
19:50est assez inquiétant.
19:52La Russie,
19:52c'est 1 500 000 militaires.
19:54Lorsque le service national
19:59a été suspendu,
20:01donc en fait supprimé,
20:0330% d'une classe d'âge
20:06était bénéficiée
20:07d'une exemption,
20:08ne faisait pas
20:08ce service militaire.
20:09Mais au titre
20:11de soutien de famille,
20:12les gens qui avaient
20:13des difficultés financières,
20:14des familles, etc.
20:15Ils ne voulaient pas.
20:15Pourquoi ?
20:16Parce que gagner 10 euros
20:17par jour,
20:17ce n'est pas très rentable.
20:18Le service national universel,
20:20lui,
20:21a voulu sensibiliser
20:22les jeunes
20:23à des problématiques
20:23à la fois
20:24militaire,
20:25mais plutôt sociétale.
20:26En fait,
20:26c'était une espèce
20:27de,
20:28comment dirais-je,
20:29de
20:30de
20:31canscoute géant
20:32avec des conférences.
20:35La Cour des comptes
20:35a estimé
20:36qu'il faudrait
20:365 milliards
20:37d'euros
20:39pour assurer
20:40une formation
20:40d'une classe d'âge,
20:41une formation complète
20:42d'une classe d'âge,
20:43l'intégralité
20:43d'une classe d'âge
20:44aux enjeux
20:45de défense.
20:48On n'y est clairement pas.
20:49Non seulement on n'y est pas,
20:50mais en plus
20:50on n'a pas l'argent.
20:51Donc comme ça,
20:52c'est pas l'encadrement,
20:53pas l'argent,
20:53comment faire ?
20:54Bien sûr.
20:55Une dernière question,
20:56parce que,
20:56oui, allez-y.
20:57Cette formation
20:58aux jeunes,
20:59cette sensibilisation
21:00aux jeunes
21:00à l'enjeu
21:01de nation,
21:02puisque le président de la République
21:03en a parlé hier,
21:03il a rappelé
21:04l'enjeu qu'il y avait
21:05à faire nation.
21:08Finalement,
21:08ça passe aussi
21:09par l'éducation nationale.
21:10Bien sûr,
21:11et par l'école
21:11qui doit transmettre
21:12peut-être un moment
21:13ces bases-là
21:14qui n'ont pas forcément
21:15besoin de l'armée.
21:15Une dernière question,
21:17Stéphane Borin,
21:17parce que,
21:18je vais trahir un peu les coulisses,
21:19c'était notre échange
21:20pendant la pub,
21:21il y a aussi
21:22un éléphant au milieu
21:23de la pièce
21:23qui est peut-être
21:24cette notion de sacrifice.
21:26Bien sûr,
21:27nos soldats sont morts
21:28sur le terrain étranger,
21:29c'est le sacrifice
21:29ultime de nos vies,
21:31mais le fait peut-être
21:32que beaucoup de dirigeants
21:33contemporains
21:34n'ont pas connu
21:35cette période de guerre,
21:36n'ont pas fait
21:36leur service militaire,
21:37ils ont peut-être
21:38une vision de la guerre
21:40qui est biaisée
21:42et qui,
21:43on va dire,
21:43ne veut pas aborder
21:45ce sujet,
21:45que oui,
21:45par moment,
21:46il faut mourir
21:47pour son pays,
21:48pour le défendre.
21:49On peut aller jusque-là,
21:50bien sûr.
21:51L'idée de nation en armes
21:53a déjà disparu
21:54du champ lexical,
21:56du champ des représentations
21:57collectives de notre pays
21:58et effectivement,
22:00cette réindustrialisation
22:02d'urgence
22:03pour gagner en masse
22:05et également le recrutement,
22:07puisque je rappelle
22:08qu'on a le format des armées,
22:10un format assez léger
22:10finalement,
22:11qui permettait de répondre
22:14aux opérations extérieures.
22:15aujourd'hui,
22:17nous sommes face
22:17à un défi
22:17qui est celui
22:18des conflits
22:19de haute intensité.
22:21Notre pays
22:22doit aussi
22:23se mobiliser,
22:24mobiliser les esprits
22:25et finalement,
22:25faire face
22:26au choc de l'épreuve,
22:27réapprendre l'idée
22:28de violence
22:28et le poids de la mort.
22:30C'est un enjeu
22:30et un défi.
22:31Merci beaucoup,
22:32Stéphane Morin,
22:32d'avoir été avec nous.
22:34Je rappelle
22:34votre note
22:35qu'on peut trouver
22:37sur la revue politique
22:38et parlementaire,
22:39l'étrange réarmement,
22:41le retour tragique
22:42d'une illusion
22:42bien française.
22:43Et je rappelle
22:44accessoirement
22:45que vous êtes essayiste,
22:46expert en politique publique
22:48et question de défense,
22:49président du SIGDéfense Paris.
22:51Merci beaucoup
22:51d'avoir été avec nous
22:53dans ce studio
22:53pour aborder ce sujet
22:54ô combien complexe.
22:56Pour nous,
22:56on se retrouve évidemment
22:57demain,
22:58entre 10h et 13h.
22:59Je vous souhaite
22:59une très belle après-midi
23:00sur Sud Radio
23:01avec dans quelques minutes
23:02l'hommage de Jacques Pessis,
23:04conversation avec Thierry Ardisson.
23:06Sous-titrage Société Radio-Canada

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