L’animateur-producteur Thierry Ardisson est mort

Sud Radio

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Transcript

00:00Sud Radio, les débats de l'été, 10h-13h, Maxime Liedot.

00:05On voulait aussi vous faire réagir, aux auditeurs de Sud Radio, 0826 300 300,

00:12à cette mort qui nous a beaucoup marqués, qui a marqué le monde de la télé.

00:16C'est évidemment la mort de Thierry Ardisson, parce qu'il a tout révolutionné.

00:23Il a révolutionné la télé, il a révolutionné bien sûr la manière d'interviewer,

00:28il a révolutionné les plateaux, les génériques, et on voulait en parler avec vous.

00:32Gilles Gansman, bonjour.

00:34Bonjour.

00:35Merci beaucoup d'être avec nous.

00:36Vous êtes évidemment, on vous connaît sur Sud Radio, le journaliste média de cette antenne.

00:41C'était attendu, la mort de Thierry Ardisson ces derniers jours.

00:45Votre regard aiguisé sur ce milieu, comment vous définissez l'homme en noir

00:49à travers les décennies dans lesquelles il a occupé le petit écran ?

00:54Thierry Ardisson, c'était un provocateur, et c'était un publicitaire.

00:58Et quand on est publicitaire, on cherche à provoquer les choses

01:02pour qu'on retienne une marque ou qu'on retienne les séquences.

01:05Et c'est pour ça qu'il a fait la différence, car il savait avant tout le monde

01:09ce qu'on appelle maintenant le buzz.

01:11Lui, le buzz, il le faisait 20 ans avant.

01:1420 ans avant, on l'a entendu dans les extraits qu'a passé Joseph Ruiz.

01:18C'est-à-dire que c'était un provocateur, ce qu'on appelle un provocateur.

01:22Mais un provocateur, c'est quelqu'un qui met ses tripes sur la table.

01:26Ça veut dire qu'il pouvait avoir des retours de bâton très violents.

01:30C'est quelqu'un qui a été souvent viré de ses émissions

01:34parce qu'il ne faisait aucune concession.

01:36Mais c'était avant tout un publicitaire, puis un homme de presse aussi.

01:40Et puis des émissions, vous le disiez Gilles, provocateur,

01:43mais des émissions qui ont marqué l'époque tout à l'heure,

01:45le nombre de témoignages qu'on a eus d'auditeurs

01:47qui nous disaient en réalité, la discussion le lundi ce matin à la machine à café,

01:52c'était ce qui s'était passé dans l'émission de Thierry Ardisson le samedi soir.

01:56Et vous savez pourquoi ?

01:57C'est parce que Thierry Ardisson n'a jamais présenté une émission

02:01qui n'était pas la sienne.

02:03C'est-à-dire que tout le monde a des formats,

02:05ou des formats américains qui sont rachetés,

02:08ou des formats anglais, ou des jeux.

02:11Mais lui, il n'a toujours présenté que des émissions qu'il a créées.

02:15C'est pour ça que c'était à la fois un publicitaire et un créateur.

02:19Bad Minuit, Téléseub, Lunettes Noires, Hardimat.

02:23Tout le monde en parle, ça ne lui était rien, bien sûr.

02:26Mais oui, et puis Paris-Darrière, Paris-Première.

02:28Oui, où c'était chez lui, quand même.

02:32Faubourg Saint-Honoré, c'était chez lui, bien sûr.

02:34Mais oui.

02:34Et puis il y a eu Happy Hour aussi avec Stéphane Bern.

02:37Je ne sais pas si vous vous souvenez.

02:38Si, si, cette émission avec les blind tests.

02:42Exactement.

02:43Et donc, oui, les blind tests, on lui doit aussi.

02:47On lui doit un plein de monde de choses à Thierry Ardisson,

02:50que c'était un amoureux.

02:52Après, moi, j'ai connu l'homme,

02:54puisqu'il a été le producteur de Ligne de Mire.

02:56C'était la première émission sur...

02:59Il y a eu Télé Dimanche et après Ligne de Mire.

03:01Mais il a aussi eu un regard sur les médias.

03:05Moi, il a été mon boss sur Ligne de Mire,

03:07qui était une émission présentée par Jacques Chancel.

03:09Je peux vous dire que quand, en réunion,

03:11vous avez Thierry Ardisson et Jacques Chancel,

03:14ça fait des étincelles.

03:15C'était assez fou.

03:17Vous soulevez quelque chose que je trouve,

03:18on dit trop peu,

03:20on vante encore, après le décès de l'homme en noir,

03:23sa créativité, ses idées, son génie,

03:26sa façon de penser la télé,

03:27d'être iconoclaste.

03:28On vend trop peu ce que vous êtes en train de soulever,

03:31c'est-à-dire, en réalité, le travailleur.

03:35C'était non seulement...

03:36Alors, c'était assez étonnant,

03:38parce que quand vous alliez...

03:40Il avait des fiches.

03:41En fait, à chaque fois qu'il intervient...

03:42Écrit avec le stylo noir, etc.

03:44C'est un rituel, les fiches de Thierry Ardisson.

03:46Oui, absolument.

03:47Moi, je les ai vus en vrai.

03:48Donc, c'était assez impressionnant.

03:50On a tous connu aussi le fait

03:51qu'il déposait aussi toutes les marques.

03:53C'était très impressionnant

03:55quand vous étiez au bureau avec lui

03:56où il avait une idée, comme ça,

03:58qu'il sortait.

03:59Et il appelait un assistant ou un stagiaire

04:01et il avait plein de formulaires

04:03pour aller déposer les marques.

04:05Et il déposait les marques.

04:07Il en déposait trois, quatre par jour.

04:09Après, il y a eu le Minitel aussi

04:11qui a été une révolution

04:12pour déposer les marques.

04:14Alors, il adorait ça.

04:14Il prenait son Minitel

04:16et il déposait les marques.

04:18Et puis, il ne faut pas oublier aussi

04:20un autre de ses très, très grands succès

04:22à Thierry Ardisson.

04:23C'est quand il s'est associé

04:25à Daniel Filippaki

04:26et qu'il a été le patron

04:28de l'Echo des Savannes.

04:29L'Echo des Savannes

04:30était un journal très satirique

04:32et très politisé.

04:33Et puis ensuite,

04:34il a fait Entrevue.

04:37Entrevue et une création

04:39d'un journal

04:40qui a eu un succès fou.

04:42C'est rare, les magazines

04:43qui sont créés

04:45et qui existent encore

04:46et qui ont un tel succès.

04:48Donc moi, c'est ce que j'aimais chez lui.

04:49Après...

04:50C'était un esprit entrepreneurial

04:51en réalité aussi.

04:53C'est ce qui explique

04:53sa longévité

04:54parce que dans la façon

04:56de s'entourer

04:57dans les différentes activités

04:59qu'il a occupées,

05:00vous êtes en train de le rappeler,

05:01c'était aussi un esprit

05:02excessivement entrepreneurial.

05:04Patron, directeur,

05:06animateur, producteur,

05:07il avait énormément de casquettes.

05:10Et oui,

05:10et après,

05:11alors je peux vous dire,

05:11là pour le coup,

05:12il n'y a pas beaucoup de gens,

05:14enfin des gens

05:14qui peuvent vous raconter ça.

05:15Mais nous,

05:16vous savez que dans le métier,

05:18on a des confs de rédaction

05:19pour décider de ce qu'on fait

05:20et de l'organisation.

05:22Nous, les confs de rédaction,

05:23ils avaient lieu au Bristol,

05:25à l'hôtel

05:25qui a un palace à Paris,

05:27pour nos éditeurs,

05:27le Bristol.

05:28Et donc,

05:29on avait rendez-vous

05:30à 21h

05:31ou 21h10.

05:33Là, c'était champagne

05:33pour tout le monde.

05:35Il y avait des tables

05:36avec le champagne

05:36et on faisait

05:37les confs de rédaction

05:38au Bristol.

05:39Et après,

05:40on finissait à 22-23h.

05:42Des fois, on disait à Thierry,

05:43non mais,

05:44il faut qu'on passe

05:44les confs de rédaction

05:45le matin avec un café.

05:46Il en était plus tard

05:48dans la LJ

05:49quand il a vieilli,

05:49il en était capable.

05:51À l'époque où je l'ai connu,

05:52moi, de ligne de mire,

05:53tous les soirs,

05:54j'étais au Bristol

05:55plus ou moins

05:56massillant avec l'alcool.

06:01Mais après,

06:02c'était très admiratif

06:03parce qu'il avait des idées.

06:07On sortait de là

06:07en disant

06:08mais quel génie,

06:09quoi,

06:10sur des interviews,

06:11sur des sujets,

06:12sur des reportages.

06:12Gilles, c'est aussi une phase

06:14de l'homme en noir

06:16qu'on a énormément adoré.

06:17C'est-à-dire que c'était

06:18le luxe,

06:19c'était l'argent,

06:20c'était le sexe,

06:21c'était l'alcool,

06:21c'était la drogue.

06:22C'est-à-dire que Thierry Ardisson,

06:24c'est quelqu'un aussi

06:25qui a duré

06:25parce que tous ces aspects-là

06:27qui auraient pu être décriés

06:28chez d'autres,

06:29chez lui,

06:29étaient totalement assumés.

06:31C'était un homme de fête.

06:32C'était un homme

06:33qui était sincère

06:34avec l'amitié

06:35et qui aimait

06:37profondément la fête

06:38et qui aimait profondément

06:40les gens,

06:41en tout cas,

06:42de son entourage.

06:44Il avait ce côté-là

06:46de vouloir être entouré.

06:49C'était assez étonnant

06:51d'être avec lui

06:53à certaines réunions.

06:55C'était quelqu'un

06:56qui était parfois

06:57touché par la grâce,

06:59qui avait une idée,

07:00il tirait le fil

07:01et c'était assez fantastique.

07:04Après,

07:05il s'est mis

07:07dans une frange

07:08où il n'a jamais

07:09fait beaucoup de prime time.

07:11C'est un homme

07:11qui avait sa case

07:12de deuxième partie de soirée.

07:13Thierry Ardisson,

07:13en direct,

07:14ça n'existait pas.

07:15C'était un talent

07:16pour le montage

07:17qui était extraordinaire.

07:18Je me souviens

07:19de certains animateurs

07:21qui avaient été chez lui,

07:22notamment à l'époque

07:22de TF1

07:23et qui disaient

07:24de toute façon,

07:24je n'irai plus

07:25chez Ardisson.

07:25Je cite,

07:26il m'a niqué au montage.

07:27Sans citation.

07:29Mais bien sûr.

07:30Mais parce que

07:30Thierry Ardisson,

07:31comme tous les gens

07:32de ce métier-là

07:33avaient un égo

07:34très fort

07:35et l'idée,

07:37c'était de se mettre

07:37en avant.

07:39Donc,

07:39évidemment,

07:40suivant les interviews

07:41et le montage,

07:43il arrivait

07:44à se mettre en avant.

07:45Mais ça aussi,

07:45ça faisait partie du show.

07:47Le montage

07:47fait partie du show.

07:49Lorsqu'il y a un film,

07:51au cinéma,

07:52ils vont monter

07:53la meilleure séquence,

07:54même si elle a été truquée,

07:56même si ça a été fait

07:57sur fond vert.

07:58Eh bien,

07:59il avait ça.

08:00Vous savez pourquoi ?

08:01Parce qu'il venait

08:01de la pub.

08:02Et dans la pub,

08:03on ne garde que le meilleur,

08:04surtout.

08:05On ne garde que le meilleur

08:06et puis on vous apprend

08:06à mentir sur un produit.

08:08Gilles Gansman,

08:08vous êtes notre journaliste

08:10média.

08:11Parmi tous

08:12que vous évoquez,

08:13et ce sera ma dernière question,

08:14quelle est peut-être

08:15l'interview,

08:16la séquence télé

08:17avec Thierry Ardisson

08:18que vous,

08:19connaisseur de l'homme,

08:20de ce métier

08:21et de cet environnement,

08:23de ces dernières décennies

08:24de télé,

08:24vous gardez en mémoire ?

08:26C'est compliqué,

08:28mais moi,

08:29je trouve que l'interview

08:31où la star s'interview

08:33lui-même

08:33était une révolution.

08:35Les séquences,

08:36l'auto-interview.

08:36à Gansbar,

08:37l'auto-interview,

08:38mais vous imaginez,

08:39parce que maintenant,

08:40on a la technologie.

08:41Mais en fait,

08:42il était en avance

08:43quand on voit maintenant

08:44des choses sur TikTok

08:45ou quand on voit le buzz.

08:46Lui,

08:47il avait déjà inventé tout ça.

08:48Et l'auto-interview,

08:49ça pourrait être sur TikTok,

08:51ça pourrait être une séquence

08:52sur les réseaux sociaux.

08:55C'était tellement fait intelligemment

08:57et c'était incroyable

08:58d'avoir Gainsbourg

08:59qui interview Gansbar.

09:00Non ?

09:00Évidemment.

09:01Merci beaucoup,

09:02Gilles Gansman,

09:03d'avoir été à l'antenne

09:04de Sud Radio ce midi

09:06pour évoquer

09:07et puis pour apporter

09:08en effet votre expertise,

09:09votre analyse

09:09sur ce qu'a été

09:10l'homme en noir

09:11et à quel point

09:12il a révolutionné

09:12le petit étrang

09:13et le petit écran,

09:14lui qui avait l'habitude

09:15d'occuper nos samedis soirs,

09:17notamment dans quelques instants.

09:190 826 300 300

09:21pour échanger avec nous

09:22et partager peut-être

09:23à l'antenne

09:24ce qu'était la télé.

09:26Tout à l'heure,

09:26on disait ce que c'était

09:27la fin de la vraie télé,

09:28la télé libre,

09:28la télé authentique,

09:29la télé où on pouvait

09:30s'engueuler avec,

09:32oui, du buzz,

09:32du sexe,

09:33de l'alcool,

09:33de la drogue,

09:33une télé où en réalité

09:35tout ça,

09:36on le savait,

09:37c'était un peu

09:37pour le spectacle,

09:38il n'y avait rien de grave.

09:39La télé où on s'amusait,

09:400 826 300 300.

09:42Vous êtes bien sur Sud Radio.

09:43A tout de suite.

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