- aujourd’hui
Il y a 50 ans, le 11 juillet 1975, un an après la loi sur la légalisation de l'IVG, est voté plus discrètement un autre texte, qui va lui aussi révolutionner la vie des femmes et de la famille en général : la loi sur le divorce par consentement mutuel. Le divorce, même s'il reste une décision difficile à prendre, devient alors plus accessible, moins dramatique.
Car avant 1975, rompre un mariage était forcément une démarche coûteuse, humiliante et compliquée et un mariage sur neuf se soldait par un divorce. Dès 1977, nous passons à un sur six. Aujourd'hui, le divorce est entré dans les moeurs puisqu'il est susceptible de conclure presque la moitié des unions.
Ce documentaire revient sur cette révolution à bas bruit, qui a profondément modifié l'idée de la famille, racontée par celles qui en ont été les principales actrices : des femmes de toutes générations, divorcées entre la fin des années 60 et le début des années 2000.
Car avant 1975, rompre un mariage était forcément une démarche coûteuse, humiliante et compliquée et un mariage sur neuf se soldait par un divorce. Dès 1977, nous passons à un sur six. Aujourd'hui, le divorce est entré dans les moeurs puisqu'il est susceptible de conclure presque la moitié des unions.
Ce documentaire revient sur cette révolution à bas bruit, qui a profondément modifié l'idée de la famille, racontée par celles qui en ont été les principales actrices : des femmes de toutes générations, divorcées entre la fin des années 60 et le début des années 2000.
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00:00Si traditionnellement, c'est plutôt l'homme qui fait la demande en mariage,
00:06oui, la demande de divorce est initiée trois fois sur quatre par les femmes.
00:13Comme il rentrait très tard, parfois il sortait,
00:16il avait une relation que je connaissais d'ailleurs, il en a eu plusieurs.
00:21Moi j'ai dit, c'est fini, tu ne rentres plus dans cette maison.
00:25Je voulais absolument qu'il y ait quelque chose qui soit de mon fait
00:27et pour montrer à mes enfants que je n'allais pas rester comme ça,
00:31une femme qui n'allait plus enicher et puis qui subissait.
00:35Donc c'est moi qui ai demandé le divorce.
00:37Effectivement, ça craque.
00:40Ça craque.
00:41Parce que c'est des toutes petites blessures, à chaque fois.
00:45Et tu te souviens plus des petites blessures
00:48que des grandes déclarations d'amour en fin de compte.
00:52Il y a 50 ans, en juillet 1975,
00:55une loi bousculait les foyers français
00:57en créant le divorce par consentement mutuel.
01:01Personne ne s'attend alors à la révolution de la famille qui va se vivre.
01:06Car le consentement mutuel veut dédramatiser le divorce
01:08et il est célébré par François Truffaut dans son film L'amour en fuite.
01:13Mais qu'est-ce que c'est ?
01:13Mais qu'est-ce que c'est que toutes ces personnes-là ?
01:15Ça n'est sûre, ce sont des gars de la radio.
01:16Vous êtes le premier couple à divorcer par consentement mutuel.
01:18Les femmes vont être en première ligne de cette métamorphose
01:23qui va transformer durablement les liens qui nous unissent
01:26à ceux et celles que l'on aime ou que l'on n'aime plus.
01:32Ce qui se produit avec le divorce par consentement mutuel,
01:35c'est qu'on reconnaît que finalement savoir si ce mariage
01:39est toujours un mariage ou pas appartient aux concernés eux-mêmes.
01:44On est déjà dans l'idée qui va prospérer ensuite.
01:48La meilleure et la plus importante des raisons de divorcer,
01:51c'est quand on ne s'entend plus,
01:53quand le mariage est devenu une coquille vide.
01:57Longtemps, le mariage était indissoluble.
01:59La société, infusée de catholicisme,
02:02en avait fait un socle préalable
02:04avant de fonder sa famille et d'accueillir des enfants.
02:07On s'aime, on s'épouse.
02:10C'est une conclusion normale.
02:11Ils ont pris un engagement,
02:13ils partent pour plusieurs dizaines d'années de vie commune.
02:17Ils auront des enfants à élever,
02:20dans un foyer heureux.
02:22Et pourtant, combien y en a-t-il de foyers vraiment heureux ?
02:28Sur les photos de fêtes,
02:31les mines sont plutôt graves et fermées.
02:33Elles nous laissent imaginer des quotidiens
02:35emprunts de difficultés, loin des contes de fées.
02:37À l'époque où la séparation n'est pas de mise,
02:41les hommes et les femmes avaient intérêt
02:43à tirer le mon numéro.
02:50Ben tu vois, ça devait être un beau jour.
02:54Et bon, c'est des souvenirs
02:56qui nous projettent 55 ans en arrière.
03:00Mais bon, quand on regarde maintenant avec le recul,
03:03on n'a plus les mêmes passements au cœur, on va dire.
03:06J'ai commencé à travailler à 14 ans,
03:09aux prises uniques.
03:10Et après, je voulais travailler
03:11dans quelque chose de plus valorisant.
03:15Et je me suis présentée seule
03:16au comptoir Bétunois,
03:18qui était un magasin assez huppé.
03:22J'ai travaillé 14 ans.
03:24Et c'est là qu'après,
03:25j'ai connu le père de ma fille.
03:28Il était venu acheter une chemise.
03:30Et puis, bon, apparemment,
03:32la chemise, je lui avais vendue trop petite.
03:34Et puis, bon, il est revenu à la charge.
03:36Et puis après, tu sais,
03:37tu vas dans la famille de l'un, de l'autre.
03:40Et puis, ben, tu te retrouves...
03:41Comment dire ?
03:44Je ne vais pas dire piégé.
03:45C'est un bien grand mot, mais...
03:48Bon, tu as du mal après
03:49à faire marche arrière, je pense.
03:51Nos parents nous disaient
03:52qu'il fallait que si tu connaissais quelqu'un,
03:55c'était une fois.
03:56Le jour où il y avait un garçon qui rentrait,
03:57c'est parce que tu savais
03:58que tu allais faire ta vie avec, quoi.
04:00J'ai rencontré mon mari,
04:05très jeune, j'avais 19 ans.
04:07Et je vois ce jeune homme de 17 ans, magnifique.
04:11Bon, est-ce que c'est ça le coup de foudre ?
04:12Je ne me souviens plus très bien.
04:14Et on a commencé à se voir.
04:16Et à l'époque,
04:17on était vite fiancés, entre guillemets, je dirais.
04:20Et donc, on s'est fréquentés,
04:22comme disait ma belle-mère,
04:23pendant trois ans.
04:24Et elle disait,
04:26mais que vont dire les gens ?
04:27Vous vous connaissez depuis trois ans.
04:28Il faut se marier.
04:31À l'époque, on était victime de la pression sociale aussi.
04:33On ne pouvait pas avoir un studio,
04:35vivre à deux si on n'était pas mariés.
04:38Ma photo de mariage,
04:40on fait une drôle de tête l'un et l'autre.
04:42On ne se sentait peut-être pas tout à fait près.
04:48On a donc vécu à Lille,
04:50dans un petit studio, sans salle de bain.
04:52Ça ne nous dérangeait pas.
04:53Et en 1966, ma fille s'est annoncée.
04:56Je pense qu'on devait pratiquer la méthode au Gino.
04:58À l'époque, ça ne marchait pas, ce long.
05:01Moi, j'étais en licence.
05:03Je terminais ma licence.
05:05Mais lui, il avait eu un poste à la fac.
05:07Moi, cas à un cas,
05:08les femmes sont toujours défavorisées, bien sûr,
05:10quand elles sont enceintes et quand elles sont étudiantes.
05:13Donc, j'ai eu ce bébé en décembre 1966.
05:16À l'époque, on ne sortait pas les bébés l'hiver.
05:19Donc, j'étais coincée.
05:20Et un jour, je lui ai demandé
05:21si je pouvais garder le bébé un samedi après-midi
05:23pour que je puisse sortir un peu
05:25sans la poussette, sans le bébé.
05:28Mais qu'est-ce que tu crois ?
05:30Tu me prends pour une bonne d'enfant ?
05:32Mais ça, c'est terrible.
05:33Ça aussi, ça forgé mon côté féministe
05:36qui s'est développé peu à peu.
05:37Mai 68, couvre.
05:41Depuis plusieurs mois à Nanterre,
05:43des étudiants réclament la liberté
05:44de circulation et de visite
05:46entre les bâtiments de garçons et de filles.
05:49Étudiants et étudiantes
05:50aspirent à une société plus libre.
05:53Ils engagent une révolution des morts.
05:55Mais celle-ci se propage lentement
05:57au reste du pays,
05:58où la famille traditionnelle
05:59reste un modèle central
06:01et rassurant de la vie sociale.
06:03J'ai commencé à travailler
06:07comme beaucoup de notre époque,
06:10à 17 ans.
06:11On avait envie de travailler
06:12parce que, quelque part,
06:14c'était un petit peu l'indépendance.
06:16Mais c'était tout ce que c'était ma vie.
06:18Parce que je ne sortais pas.
06:20Maman avait peur du tout.
06:22Je dirais qu'elle était possessive, maman.
06:24Il fallait qu'on soit sous son regard.
06:28J'avais le droit, le matin,
06:29de partir à 7h du matin,
06:31l'hiver qui faisait noir,
06:32toute seule dans les rues d'Aulnois.
06:35Mais le soir,
06:36en rentrant à 7h30 le soir,
06:38je n'avais pas le droit
06:39d'aller rencontrer quelqu'un,
06:42de discuter avec,
06:43parce que tout de suite,
06:44elle s'inquiétait.
06:45De toute façon,
06:47on était prévenus.
06:49En fait, pas des enfants
06:50hors du mariage.
06:52C'était...
06:53Il fallait être courageux
06:54pour être filmaire à l'époque.
06:56Parce que tu étais montré du doigt.
06:58Même par rapport à la famille,
07:00c'était la tâche.
07:01Et tu n'avais pas peur
07:02d'attendre un enfant ?
07:04Je crois qu'au début,
07:05c'était de l'inconscience.
07:06Je n'y pensais même pas.
07:07Au début, ça ne m'a jamais effleurée.
07:10Disons, les premières années,
07:11je n'ai jamais eu de problème
07:12jusqu'à ce qu'il arrive la catastrophe.
07:14Et tes parents, dans tout ça ?
07:16Vis-à-vis de moi-même,
07:17je ne me sentais pas coupable.
07:18Mais vis-à-vis d'eux, oui,
07:19parce que ma mère et mon père
07:21voyaient pour moi
07:23un très grand avenir.
07:24Et en fin de compte,
07:26tout a été détruit.
07:29Ça est arrivé à ma soeur aînée.
07:31Mes parents n'ont pas dit...
07:33Non, mais la première chose
07:35qu'ils ont dit,
07:36vous vous mariez.
07:38Comment j'ai rencontré
07:39mon futur mari ?
07:41Je dirais que j'ai traversé l'arrivée.
07:45Tout simplement.
07:48De toute façon,
07:48je ne pouvais pas faire autrement
07:50puisque je ne pouvais pas sortir.
07:51C'était compliqué, hein ?
07:53Et puis forcément,
07:54à partir du moment que,
07:56eh bien voilà,
07:56on nous mariait, quoi.
07:58Ça a été...
07:59Ça a été assez rapide.
08:02Je n'ai pas eu tellement de choix,
08:03en fin de compte.
08:06On sortait de chez papa et maman
08:09et on rentrait chez quelqu'un.
08:12Enfin, chez son mari.
08:14Le chef de famille,
08:16c'était le mari.
08:17Toi, tu n'étais que sa femme.
08:21Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale,
08:25on ne s'est jamais autant mariés.
08:29Plus de 90% des gens sont mariés.
08:31Dans le passé,
08:32il y avait beaucoup de gens
08:32qui restaient célibataires,
08:34les religieux,
08:36les domestiques, etc.
08:38Donc, on ne s'est jamais autant mariés.
08:41C'est une période de famille nombreuse,
08:42c'est-à-dire la baisse de la fécondité
08:44s'interrompt,
08:45famille nombreuse,
08:45et on divorce très peu.
08:49Un mariage sur 10
08:50susceptible de se terminer par un divorce.
08:53Donc, le mariage restait
08:54une institution vouée à l'indissolubilité.
08:56Monsieur, s'il vous plaît,
08:58vous êtes pour ou contre le divorce ?
09:00Je suis contre le divorce
09:00quand il y a des enfants.
09:01Pourquoi ?
09:02Parce que ce sont plus qui en souffrent.
09:04Contre le divorce, monsieur.
09:05Pourquoi, monsieur ?
09:06Parce que je suis marié depuis 38 ans,
09:07je suis heureux que le divorce
09:08brise les familles,
09:09brise les foyers.
09:10Je suis pour le divorce.
09:11Pourquoi ?
09:12Quand c'est un vapeur,
09:13on se divorce,
09:14et puis on recommence.
09:15L'ennui, c'est quand il y a des enfants,
09:17quand c'est très embêtant.
09:18Monsieur, madame,
09:18vous êtes marié ?
09:19Oui.
09:20Madame, vous êtes pour ou contre le divorce ?
09:22Pour le divorce.
09:23Pourquoi, madame ?
09:24Quand deux êtres ne s'entendent plus,
09:27pourquoi se mener la vie un peu si libre ?
09:29Monsieur, vous êtes pour ou contre le divorce ?
09:30Je suis pour le divorce.
09:32Aussi ?
09:33Et pour quelle raison ?
09:34Les mêmes raisons que ma femme.
09:35C'est la raison pour laquelle
09:36vous s'entendez bien tous les deux.
09:38Oui, c'est pas ça.
09:39Certes, dans les années 60,
09:41on peut divorcer,
09:42mais c'est compliqué.
09:43La loi Naquet,
09:44votée en 1884,
09:46régite encore les modalités du divorce
09:48et veille à l'intégrité de la famille.
09:52Les Françaises et les Françaises
09:53doivent prouver une faute du conjoint.
09:56Ils faut un coupable
09:56sur l'un des motifs suivants,
09:58sévice, injure, condamnation ou adultère.
10:02Divorcer, oui, d'accord,
10:03mais seulement en cas d'événements graves,
10:06sommes le législateur aux familles françaises.
10:08On avait loué une maison,
10:10une petite maison,
10:11puis on n'a vécu un an et demi là.
10:13Ma fille est née
10:14et c'est là que tous les problèmes ont commencé.
10:17Ça devient quelqu'un de violent,
10:18ça devient quelqu'un
10:19qui peut partir huit jours
10:22sans te dire où il va.
10:23C'est quelqu'un qui sort le soir
10:25avec ses copains,
10:26qui fait la brinque.
10:27Quand j'étais à la maternité,
10:28il avait ramené des femmes
10:29de pas de très bonne vie chez moi.
10:31Moi, je l'ai su par les voisins.
10:35Les voisins avaient fait intervenir la police
10:37parce qu'il y avait du chambard chez moi.
10:39Je ne peux pas dire qu'il me frappait,
10:41mais bon, il m'a attrapée,
10:42il me secouait.
10:43Moi, quand je me suis séparée,
10:44c'était le jour de la fête des mères,
10:45il avait bu,
10:46il a tout cassé chez moi, tu vois.
10:48J'étais enfermée,
10:49il est venu m'ouvrir, tu vois.
10:50J'ai vu comment c'était.
10:52Il m'a dit, tu peux foutre le camp.
10:53J'ai pris ma fille, mon chien,
10:54puis je suis partie.
10:57Je suis allée voir un avocat
10:58puis j'ai expliqué ma situation.
11:00C'est moi qui ai demandé
11:01à avoir une procédure de divorce.
11:03Alors, il faut amener des preuves.
11:05Ça, c'est compliqué.
11:06Les gens ne témoignent pas.
11:13Parce qu'ils ont peur.
11:15Les gens ont peur.
11:17Ils ne veulent pas être embêtés.
11:18Non.
11:20Moi, je suis comme les voisins.
11:21J'ai demandé,
11:21est-ce que vous pouvez me faire
11:22une infestation de ce qui s'est passé ?
11:24Ouvertement, ils m'ont dit non.
11:25Le déclic, c'est parce qu'il était recherché.
11:29Il avait volé.
11:30Dans des containers.
11:31Enfin, j'étais à plusieurs.
11:32Vous l'avez dans des containers.
11:33Enfin, bref.
11:36Donc, voilà.
11:37C'est comme ça que je peux avoir mon divorce.
11:39Gilbert obtient son divorce
11:40grâce à la condamnation
11:42de son ex-conjoint.
11:43Pourtant, parfois,
11:45les deux époux sont d'accord
11:46pour se séparer.
11:47Là aussi, ils doivent se plier
11:48à l'exercice humiliant de l'accusation,
11:51même quand ils n'ont pas grand-chose
11:52à se reprocher.
11:53Je vous l'ai dit au téléphone, maître.
11:55Ma femme et moi ont l'intention de divorcer.
11:57Quelles sont les formalités à remplir
11:59pour être divorcés le plus rapidement possible ?
12:01Rapidement, rapidement.
12:03Vous savez, le divorce,
12:03ce n'est pas très rapide.
12:05Mais on est d'accord.
12:06Il n'y a absolument aucune...
12:07Vous êtes d'accord, vous êtes d'accord.
12:09Mais le divorce d'accord n'existe pas.
12:11En France, c'est interdit.
12:12En fait, il faudra une mise en scène
12:15pour le tribunal.
12:16Il faudra que votre femme prenne un avocat
12:19qu'avec mon confrère,
12:21nous mettions au point...
12:23Alors, c'est une conédie, en fait.
12:25Mettons une petite mise en scène.
12:27Vous allez échanger des lettres d'injure
12:29en gardant précieusement les enveloppes.
12:32Des voix s'élèvent
12:33pour dénoncer l'archaïsme
12:34d'une société moralisatrice.
12:36Elles sont relayées par un chanteur à succès.
12:38Si tu voyais mon avocat
12:40Ce qu'il veut me faire dire de toi
12:43Il ne te trouve pas d'excuses
12:46Les jolies choses de ma vie
12:50Il fallait que je les oublie
12:53Il a fallu que je t'accuse
12:56Début 1975,
13:01les députés démarrent une discussion
13:02sur le divorce par consentement mutuel.
13:05La loi doit-elle accompagner les nouvelles mœurs
13:07ou protéger la bonne moralité et la famille ?
13:11La société est écartelée
13:12entre un vent de liberté
13:13et des traditions tenaces.
13:16Un époux
13:18qui n'a rien à s'approcher de grave,
13:21on ne peut pas lui imposer le divorce.
13:23L'époux coupable ne peut pas l'obliger au divorce.
13:25Il a le droit, s'il le veut,
13:27de rester marié.
13:29De rester marié dans l'intérêt des enfants d'abord
13:32pour des convictions religieuses aussi peut-être.
13:36Également parce qu'il y a chez lui
13:39il reste un espoir tenace
13:40que les choses s'arrangeront.
13:42J'ai une autre conception de la famille que vous monsieur.
13:45Je pense que la famille c'est une communauté de vie.
13:48On vit ensemble quelque chose.
13:50On se réunit ensemble parce qu'on a un but commun,
13:54on a un idéal commun,
13:55il y a des liens de solidarité.
13:57C'est une conception de la famille
13:58qui est tout à fait différente de celle de 1880.
14:01La famille, c'était l'œil du cyclone du féminisme.
14:10C'est-à-dire que le féminisme dénonçait la famille.
14:13Mais en même temps, on avait des familles,
14:15on aimait nos enfants,
14:16si on avait des enfants, nos parents.
14:18Il y avait quelque chose,
14:19un espèce d'écart énorme entre le discours anti-famille
14:22et l'expérience vécue par chacune de nous.
14:24Et ce qu'on a sous les yeux,
14:26ça va être une famille qui va essayer de se réinventer.
14:28On ne va pas supprimer la famille,
14:29on ne va pas élever les enfants en batterie dans des orphelinats.
14:33Et en plus, on est très attaché à la famille.
14:36Mais ce qu'on veut, c'est une autre famille.
14:39Une nouvelle famille quitte à bouleverser l'ancienne.
14:42Car la loi sur le divorce par consentement mutuel
14:44est adoptée en juillet 1975.
14:48Elle crée un nouveau juge
14:49qui va se consacrer aux affaires dites matrimoniales.
14:53Il vérifie le véritable consentement des ex-époux
14:55et valide l'arrangement qu'ils ont négocié
14:57et qui organise leur vie d'après.
15:01Il ne s'agit pas, comme certains peuvent le penser,
15:04d'augmenter le nombre des divorces,
15:07de faciliter le divorce.
15:10Le mariage est une institution solide en France.
15:14Est-ce qu'il ne peut pas y avoir des conséquences,
15:15par exemple, sur la famille ?
15:16Je ne le crois pas.
15:18Mais contrairement à ce que prévoyait le ministre de la Justice,
15:22dès l'année suivante,
15:23le nombre de divorces augmente brusquement,
15:26soulageant un bon nombre de procédures en cours
15:28ou de ménages qui hésitaient à s'y engager.
15:31Seulement deux ans après l'adoption de la loi,
15:33la proportion de divorces se situe autour d'un mariage sur six.
15:37Ce chiffre continuera de grimper pendant les 30 années qui suivent,
15:40jusqu'à un pic de 155 000 divorces en 2005.
15:44Que se passe-t-il dans les couples et dans la famille ?
15:48J'avais un mari prof de fac, beau garçon.
15:52Il avait beaucoup de succès.
15:53Après coup, j'ai dit méchamment,
15:55j'avais un mari couche-toi là.
15:57Bon.
15:58Et c'est vrai qu'il était très sollicité
15:59et qu'il avait une propension, je crois, à être infidèle.
16:04Moi, j'étais malheureuse.
16:05C'est vrai.
16:05À cette époque-là, je n'ai pas été heureuse.
16:07Pendant quelques années, j'ai dû beaucoup pleurer.
16:09Mais j'avais une petite fille.
16:11On ne divorçait pas comme ça.
16:13Mais il est arrivé un moment, j'ai dit stop à la souffrance.
16:16Et donc, je l'ai mis pratiquement dehors.
16:19Vous avez connu d'autres femmes depuis votre mariage ?
16:23Oui, beaucoup.
16:24J'en ai connu beaucoup.
16:26Et votre femme connaît d'autres hommes ?
16:28Ça, j'en sais rien.
16:29Et très franchement, je ne préfère pas le savoir.
16:33Bien que mariée et bien qu'aimant votre femme,
16:35de ça, vous n'avez pas voulu vous priver.
16:38Oui, alors là, c'est un peu ce qu'on appelle
16:41l'égoïsme naturel de l'homme.
16:44Est-ce que vous lui dites que vous la trompez ?
16:46Non, je crois qu'elle me quitterait.
16:48En fait, c'est ça que vous voulez éviter ?
16:50Un peu.
16:51Alors, à l'époque, beaucoup de gens me disaient
16:53mais il ne faut pas divorcer par consentement mutuel.
16:55Il faut divorcer pour faute.
16:57Et notamment une amie qui connaissait une avocate
16:59qui disait « va la voir, elle va te faire divorcer pour faute,
17:02mais tu vas voir, tu récupères la maison,
17:05tu auras des avantages, tu auras une prestation compensatoire,
17:07il a un salaire de prof de fac,
17:10toi tu as un salaire de prof de lycée. »
17:14Non, je ne voulais pas de ça.
17:15Ça a dû me tourmenter un peu.
17:18C'est toujours pénible,
17:20tout ce qui précède le divorce.
17:22Quand on ne s'entend plus, quand on ne s'aime plus,
17:24on se bagarre quand même,
17:25même si ça avait été correct entre nous quand même.
17:29Je n'avais pas envie de continuer à me battre
17:31et à faire la guerre.
17:32J'avais une petite fille,
17:34je ne voulais pas qu'elle ait une image dégradée
17:35de son père ou de sa mère.
17:38Vous avez une photo de votre femme, monsieur ?
17:39Oui, oui.
17:41Et contractez-vous, vous avez l'habitude,
17:43on fait ça toute la journée,
17:45c'est notre métier, donc il ne faut pas être...
17:48Même si les procédures de consentement mutuel
17:50représentent vite la moitié des cas de divorce
17:53traités par les tribunaux,
17:54le divorce pour faute fait de la résistance,
17:57notamment quand il s'agit d'adultère.
17:59Le divorce pour faute,
18:01d'abord, c'était important pour beaucoup de personnes symboliquement.
18:05« Elle m'a trompée, il m'a trompée, c'est lui, c'est sa faute ».
18:08Ce divorce était très présent, très prégnant.
18:12Et puis surtout,
18:13il avait des conséquences parfois dramatiques
18:15sur les enjeux financiers.
18:17Une femme qui trompe son mari
18:20et qui se voit prononcer le divorce
18:22à ses torts exclusifs,
18:24elle a été mariée 25 ans,
18:25elle n'a pas travaillé,
18:26elle a nourri la carrière de l'autre,
18:28elle a élevé les enfants
18:28et elle n'a pas le droit à une compensation financière
18:32parce qu'elle a fauté.
18:34En 2005, la loi sur le divorce pour faute est réformée.
18:38Elle n'est plus associée à une perte sèche
18:40pour l'une des deux parties.
18:41En plus, celui qui avait les moyens financiers,
18:43donc en général l'homme à l'époque,
18:45qui avait les torts exclusifs,
18:46ça ne changeait rien et ne payait pas plus cher.
18:48Donc ça ne pénalisait,
18:51pour résumer, que les femmes.
18:54Avec le consentement mutuel,
18:55les époux peuvent divorcer
18:57sans étaler leur vie privée.
18:59Pourtant, le jugement social perdure
19:01et les divorcés sont encore montrés du doigt.
19:03Quand je me suis séparée,
19:07je m'en souviens bien,
19:08j'ai été mal acceptée chez les couples.
19:11Je me souviens d'une soirée de Nouvel An
19:14où je n'ai pas été invitée
19:16parce qu'il n'y avait que des couples.
19:18Et cette amie,
19:20à qui j'en ai beaucoup voulu,
19:21m'a dit,
19:21« Tu sais, je ne peux pas te faire inviter
19:23parce qu'il n'y a que des couples. »
19:25Je ne lui ai jamais pardonné.
19:26Qu'on avait peur de moi.
19:28Surtout qu'à l'époque, je pense,
19:30j'avais 40 ans,
19:31j'étais une belle femme.
19:32J'étais un danger.
19:33Je représentais un danger pour les couples.
19:35Et une autre amie aussi m'avait dit,
19:36« Tu sais, moi, les divorcés,
19:39je ne les fréquente pas, c'est dangereux.
19:41Peu de temps après, son mari est parti. »
19:43J'ai dit, « Bien fait. »
19:45C'est compliqué,
19:49les débuts du mariage.
19:51Moi, je travaillais,
19:52ils travaillaient,
19:53je partais à 7h,
19:54je rentrais à 7h30 le soir.
19:57Quand je rentrais le soir,
19:59je n'avais pas à manger.
20:00Je me mettais à la cuisine le soir,
20:02je faisais ma gamelle,
20:04je faisais la vaisselle,
20:05je débarrassais la table et tout.
20:06Et lui, il était dans son salon
20:08à regarder la télévision.
20:10Puis après, la vie, elle s'installe.
20:12Et puis après, moi, j'ai pris
20:14le dessus, ce n'est pas ça.
20:17Mais je me suis affirmée.
20:20La société française a encouragé
20:22le modèle familial traditionnel.
20:25Un père, une mère, des enfants
20:26et le sourire de façade.
20:28Les allocations familiales
20:30encouragent la natalité,
20:31valorisant la naissance
20:32d'un troisième enfant.
20:34Les enquêtes sociologiques démontrent
20:36que plus les femmes sont engagées
20:37dans une vie maritale et familiale,
20:39plus la probabilité de divorcer est faible.
20:42Pour les enfants,
20:43ce qu'on avait décidé,
20:45mais ça, on l'avait décidé
20:46avant de les avoir.
20:50Déjà en se mariant,
20:52parce que c'était pareil,
20:53c'était dans une sorte de tradition
20:54de culture familiale.
20:57Quand on aura des enfants,
20:58tu ne travailleras plus.
21:00Voilà.
21:01Et sur le coup,
21:03c'est vrai que ça,
21:05dans ma tête,
21:06voilà,
21:06c'était comme ça.
21:07et puis après,
21:09le bébé est là.
21:10Un bébé,
21:10c'est du travail.
21:12Bon,
21:12je me suis occupée
21:13de ma fille.
21:14Après,
21:15je me suis retournée
21:15en scène de Franck très tôt,
21:17parce qu'ils ont juste
21:18deux ans de différence.
21:19Donc après,
21:20avec deux enfants,
21:21ben voilà.
21:21La maison,
21:22c'était moi à 100 %.
21:23Le budget,
21:24c'était à moi 100 %.
21:25Il m'a laissé
21:26tous les rênes.
21:27Voilà.
21:28C'était,
21:29voilà,
21:29j'étais vraiment
21:30la femme au foyer,
21:33mais je gérais.
21:34C'est bête,
21:35ce que je vais dire.
21:35C'est maintenant
21:36que je me rends compte
21:37comme ma mère.
21:39Je gérais tout.
21:46Comme j'ai toujours dit
21:47avec Gérard,
21:49je n'étais pas heureuse,
21:50mais je n'étais pas malheureuse.
21:52Un an après le vote
21:54de la loi
21:54sur le consentement mutuel,
21:56les caméras des journalistes
21:57se posent
21:58chez les ex-conjoints
21:59pour comprendre
22:00ce qui, peu à peu,
22:01devient un phénomène
22:02de société.
22:03Les hommes évoquent
22:04plus librement
22:05leur désarroi.
22:06Vous êtes divorcé
22:07depuis combien de temps ?
22:09Eh bien,
22:10ça fait six ans.
22:11La séparation,
22:12cinq ans de divorce.
22:14On en parle un petit peu
22:15avant,
22:15on n'y croit pas.
22:16Premier jour,
22:17vous êtes un peu assommé.
22:20Il faut le temps de réaliser.
22:25C'est après
22:26que c'est plus dur.
22:27Alors je survis.
22:29C'était pas si mal.
22:30Est-ce que vous avez
22:34un sentiment
22:35d'échec
22:36par rapport à
22:37une certaine idée
22:38que vous faisiez ?
22:38Ah oui,
22:39certainement.
22:40C'est même
22:41l'échec
22:43le plus important,
22:44à mon avis,
22:44qu'on puisse
22:45subir.
22:50Oui.
22:53Vous savez,
22:54ces choses-là,
22:54il faut être deux.
22:54C'est un échec.
22:59Pour moi,
23:00c'était un échec.
23:01Je m'étais mariée,
23:01c'était pour
23:02avoir des enfants,
23:04avoir une vie famille
23:04et que ça se passe bien
23:06comme je le voyais
23:06autour de moi
23:07dans beaucoup de couples.
23:09Donc ça a été
23:09effectivement très douloureux.
23:13Je me suis mariée
23:14parce que finalement,
23:15les copines
23:15étaient toutes mariées.
23:18Mais j'avais quand même
23:1924 ans.
23:20Je me disais
23:20que c'était peut-être
23:21temps que je le fasse
23:22pour avoir des enfants,
23:23une famille.
23:24je rêvais
23:25du prince charmant.
23:27Quand j'étais petite,
23:28je lisais beaucoup
23:28des romans
23:29qu'on lisait à l'époque
23:30sur les princes charmants,
23:32les belles histoires
23:32où ça finit
23:34par avoir
23:34on se marie
23:35et on a beaucoup
23:35d'enfants.
23:37Mon ex-mari
23:37était plus ou moins
23:39volage,
23:39même volage,
23:40on va dire.
23:41J'avais toujours
23:42l'espoir
23:42que ça puisse changer.
23:45Et en fait,
23:46rien n'a changé.
23:49Jusqu'au jour
23:49où je me suis aperçue
23:50que ma fille
23:51subissait du harcèlement
23:54sexuel,
23:55qu'elle m'en a parlé.
23:58Moi,
23:58je ne me rendais pas compte
23:59de ce qui se passait.
24:01Au début,
24:01elle n'était pas bien,
24:02elle se plaignait,
24:03mal au ventre,
24:04angoissée.
24:05C'est un médecin
24:06qui m'a alertée,
24:07qui m'a dit
24:07« Mais vous savez,
24:09moi, je pense
24:09qu'il y a quelque chose. »
24:11Je tombais vraiment
24:12des nues,
24:13bien qu'il y avait
24:13quand même des choses
24:14que j'avais remarquées,
24:15mais après coup,
24:17ça m'est revenu
24:17où il était
24:18beaucoup plus proche d'elle.
24:20Et d'ailleurs,
24:20au début,
24:21je disais
24:21« Tiens,
24:22c'est bien,
24:22il sera proche d'elle,
24:23il a l'air d'être… »
24:26d'avoir un comportement
24:27un peu plus
24:28comme un père
24:29avec sa fille.
24:30Il prenait la main,
24:31enfin,
24:32un peu comme
24:32s'il était amoureux d'elle,
24:33sauf que moi,
24:34je ne me rendais pas compte
24:35que c'était à ce point-là
24:36que ça allait débaucher
24:38sur un harcèlement sexuel.
24:40Je me sentais
24:41responsable de ça,
24:42quelque part,
24:43même coupable,
24:44de ne m'être pas aperçue
24:46qu'elle subissait
24:47ce harcèlement
24:48et qu'elle était malheureuse.
24:53La honte,
24:54c'est le terreau
24:54fabuleux du silence.
24:56Ça précède toujours
24:57le silence,
24:58la honte.
24:58La honte du viol,
24:59la honte de la violence conjugale.
25:01C'est quand même
25:01les seules infractions,
25:02le viol et la violence conjugale,
25:04où la victime
25:05se sent coupable,
25:06quand même.
25:07Dans la sphère familiale,
25:09civile,
25:10c'était la grande muette,
25:13la grande invisible.
25:14Ça n'existait pas.
25:15Je n'ai pas rencontré,
25:17effectivement,
25:17que je divorçais
25:19par rapport
25:19à ce qui s'était passé
25:21avec ma fille
25:21et qu'elle avait été
25:22harcelée sexuellement.
25:24Non, je ne l'ai pas pu
25:25parce que c'était douloureux
25:26pour moi à l'époque.
25:27C'était douloureux
25:28d'en parler.
25:30Je savais qu'on pouvait divorcer
25:32par consentement mutuel.
25:35Et par contre,
25:36par mesure d'économie,
25:37après, je regrettais,
25:38on avait pris le même avocat.
25:40Je n'avais pas forcément
25:40envie de parler
25:41devant mon ex-mari,
25:42de mettre mal à l'aise
25:43devant l'avocate.
25:44J'ai demandé
25:46l'autorité parentale.
25:47Demandais surtout
25:48que ma fille
25:49ne voit plus son père
25:50parce qu'il y avait
25:51effectivement,
25:53pour moi,
25:53un danger pour elle.
25:55Et je me trouvais
25:56face à un juge
25:57qui n'était
25:58pas forcément
25:59très avenant.
26:01J'ai vu
26:01qu'il avait
26:02très rapidement
26:03compris
26:04que je tenais vraiment
26:06à ce que ma fille
26:06ne voit plus son père.
26:08J'étais tellement contente
26:09qu'on lui a enlevé
26:09l'autorité parentale
26:10et qu'il n'allait
26:11continuer
26:12à ne pas l'avoir.
26:14On lui avait accordé
26:15quand même le droit de visite
26:15pour les deux enfants.
26:17Mais vu qu'il n'a jamais
26:20demandé à l'avoir
26:21et qu'il n'a jamais exigé
26:23qu'elle parte en vacances
26:25avec lui,
26:27après,
26:27j'ai accepté
26:28ce qui se passait
26:29et le jugement
26:30tel qu'il était.
26:31Je me suis dit
26:31que ce n'est pas la peine
26:32de revenir là.
26:34J'ai gagné
26:35ce que je voulais gagner.
26:37Dans les années 90,
26:39un mariage sur trois
26:40se terminait par un divorce.
26:41En consentement mutuel,
26:43les époux pouvaient alors
26:44partager le même avocat
26:45et le juge homologuait
26:47la convention de divorce
26:48après deux audiences,
26:49souvent menées
26:50en un temps record
26:51puisque les époux
26:52étaient d'accord
26:53sur leur séparation
26:54et ses conséquences,
26:55quitte à mettre
26:55les problèmes sous le tapis
26:57pour se séparer plus vite.
26:59Dans ce tribunal de province,
27:00les audiences s'enchaînent.
27:01déjà comparus
27:02au mois de juin.
27:05À cette époque,
27:06le juge aux affaires matrimoniales
27:07avait homologué
27:08une convention temporaire
27:09dans le cadre
27:09d'un divorce
27:10par consentement mutuel.
27:12Est-ce que depuis cette date,
27:14il y a eu
27:14des difficultés particulières ?
27:17Non.
27:19Il y a une angoisse aujourd'hui.
27:20C'est le fait de se dire
27:23qu'on a un stock
27:25ou un flux qui arrive
27:26et on ne peut plus le traiter.
27:28Les juges ayant tellement
27:29de dossiers à traiter,
27:30ils et elles ne peuvent pas
27:31rentrer dans le détail
27:32de chaque dossier,
27:33creuser les intimités familiales.
27:35À la fois,
27:35ça paraît très intrusif
27:36de la vie privée,
27:37mais par ailleurs,
27:38c'est complètement impossible
27:41à gérer pour eux
27:42et pour elles
27:42quand on a 15 dossiers
27:44par exemple par matinée.
27:45Devant la massification
27:46du divorce,
27:47la justice manque de moyens.
27:50Donc il va y avoir
27:50ce qu'on peut appeler
27:51une prime à l'accord.
27:52Par exemple,
27:53on va passer en début de matinée,
27:55en début de rôle,
27:57les procédures de divorce
27:58par consentement mutuelle
27:58parce qu'on sait
27:59que ça va pouvoir aller vite.
28:00Cinq minutes d'audience
28:01en moyenne
28:01à la fin des années 2000.
28:03On va en fait
28:04faire moins attendre
28:05les personnes
28:07qui ont réussi
28:08à se mettre d'accord
28:08et entre guillemets
28:09celles qui n'ont pas réussi,
28:10celles qui sont encore
28:11en situation de désaccord.
28:12Elles vont attendre
28:13plus longtemps
28:14pour avoir leur audience
28:15dans une demi-journée donnée
28:16mais elles vont aussi
28:16attendre beaucoup plus de temps,
28:18plusieurs mois,
28:19voire plusieurs années
28:20quand on est
28:21dans des divorces contentieux.
28:23À partir de 1993,
28:25les législateurs
28:26n'ont cessé
28:27de simplifier
28:27la procédure
28:28de consentement mutuel
28:29au profit
28:30de la négociation
28:31entre conjoints
28:31sur les volets financiers
28:33et des gardes d'enfants.
28:34Depuis 50 ans,
28:35les discussions
28:36post-séparation
28:37parfois difficiles
28:38vont faire évoluer
28:39les lois.
28:41En 1975,
28:43presque 9 fois sur 10,
28:44c'est la mère
28:45qui obtient
28:45la garde des enfants,
28:46souvent parce qu'elle a
28:48au sein de la famille
28:48adapté son temps
28:50pour s'en occuper.
28:51Le père, lui,
28:52se contente
28:52d'un droit de visite
28:53et d'hébergement,
28:54souvent un week-end
28:55sur deux.
28:57Vous allez souhaiter
28:57garder vos enfants ?
29:02Souhaiter les garder,
29:03quelque part, oui.
29:04Dans la pratique,
29:06non.
29:07Je pense que j'étais
29:08assez armé, pourtant,
29:09dans le quotidien
29:10pour vivre avec eux,
29:11m'en occuper,
29:12ce que je faisais avant,
29:13d'ailleurs.
29:15Mais je pense que
29:17je n'aurais pas vraiment
29:18été capable,
29:19quelque part, d'ailleurs,
29:19parce que ça me gênait
29:20un peu dans mon quotidien
29:21et c'est une forme
29:22d'égoïsme, en fait.
29:24Parce que c'est sûr
29:25que ça chamboule tout,
29:26qu'on se retrouve seul
29:27avec trois enfants.
29:28On ne peut plus avoir
29:29la même liberté
29:30pour faire un certain
29:31nombre de choses.
29:32J'avais à l'époque
29:32beaucoup d'activités,
29:34bon, de toutes sortes,
29:35syndicales notamment,
29:37et que je n'aurais
29:38sûrement pas pu exercer.
29:40On commence à avoir
29:41une autre idée
29:42des divorcés
29:43quand on sait
29:44que tout à fait consciemment,
29:45ils prennent des risques.
29:47Alors, ils ne prennent pas
29:47les mêmes risques
29:48quand ils sont des hommes
29:49ou des femmes.
29:50Les femmes, on le sait,
29:52elles prennent principalement
29:53le risque d'avoir
29:54la garde des enfants
29:55l'immense majorité du temps,
29:57qui peut les empêcher
29:58d'avoir une vie affective,
30:01par exemple,
30:02de refaire une union, etc.
30:04Et puis surtout,
30:05elles vont connaître
30:05un appauvrissement
30:06très important.
30:07Et elles risquent aussi
30:08que le mari,
30:10le père des enfants,
30:11ne disparaisse,
30:13ne respecte pas
30:14ses devoirs, même minimaux.
30:16Alors que du côté des hommes,
30:18le risque,
30:19il est très différent.
30:19Le risque de ne plus
30:21avoir le lien aux enfants
30:22pour ceux
30:23qui souhaitaient le maintenir,
30:25il y en a beaucoup
30:25et de plus en plus
30:26qui considèrent
30:28qu'il y a une égalité
30:29croissante
30:30dans l'implication
30:31affective et matérielle
30:33des hommes et des femmes
30:35dans les liens aux enfants
30:36et pour lesquels
30:37ce serait insupportable
30:38que la séparation signifie
30:40qu'ils ne sont plus des pères.
30:41Vous voyez souvent
30:42vos enfants ?
30:43Oui, oui, je les ai
30:44heureusement tous les samedis,
30:47tous les dimanches,
30:48toutes les vacances.
30:49Je les vois encore le mardi
30:52très régulièrement, le soir,
30:54et mon fils aîné vient déjeuner
30:56avec moi chaque fois qu'il en a envie
30:58ou la possibilité.
31:01Je me sens presque un peu coupable
31:02avec eux,
31:03avec les avis d'eux,
31:04de ne pas avoir su
31:06leur conserver
31:07un foyer uni,
31:12mais autrement
31:13je me sens parfaitement bien.
31:15Jusqu'en 1987,
31:17l'autorité parentale
31:18est donnée aux seuls parents
31:19qui a la garde principale
31:20des enfants.
31:21Des associations de pères
31:22se forment alors
31:23pour questionner une justice
31:24qu'ils considèrent
31:25favoriser les mères.
31:27Ils brandissent le concept
31:28de garde conjointe
31:29ou alternée.
31:30Les pères estiment
31:31que les juges
31:32devraient essayer
31:34prioritairement
31:35de réaliser
31:36une sorte de garde
31:38conjointe
31:39de façon que l'enfant
31:40puisse vivre
31:41pratiquement
31:42une égale durée de temps
31:43chez son père
31:45et chez sa mère
31:46parce que l'enfant
31:48ne doit pas entrer
31:49dans le conflit
31:50de ses parents.
31:51Il a besoin
31:51de ses deux parents
31:53et d'une cellule
31:54familiale maintenue.
31:56Le grand changement
31:57c'est qu'on commence
31:58à se dire
31:58qu'il y a un droit
32:01des adultes
32:01de divorcer
32:02mais qu'on ne divorce
32:04pas de ses enfants
32:04et donc
32:06tout le monde
32:08a intérêt
32:09à ce qu'un divorce
32:10se passe bien
32:11de façon à ce que
32:12le couple parental
32:13puisse survivre
32:15c'est la formule
32:16qu'on emploie
32:17à la fin
32:18du couple conjugal.
32:19Aujourd'hui
32:20on va dire
32:20qu'il y a un seul lien
32:21dans tous les liens
32:23qu'on peut avoir
32:24qui est idéalement
32:25indissoluble
32:26c'est le lien
32:27dans nos imaginaires
32:29collectifs
32:29c'est le lien
32:30aux enfants.
32:32Celui qu'on pense
32:33qu'il devrait durer
32:33toute la vie
32:34quoi qu'il arrive.
32:36Dans la pratique
32:37et encore aujourd'hui
32:38peu de pères
32:39demandent la garde
32:39des enfants.
32:40La monoparentalité
32:42maternelle
32:42s'impose donc
32:43naturellement
32:44dans les salles
32:44d'audience.
32:46Pourtant la figure
32:46de la mère isolée
32:47est longtemps
32:48l'oubliée
32:48du débat public.
32:49Au fil des années
32:50elle va émerger.
32:52Son quotidien
32:53exige une organisation
32:54sans faille
32:55sa subsistance
32:56le bon versement
32:57de la pension alimentaire.
32:58Il était une fois
33:00l'histoire de Claire.
33:04On partait en vacances
33:05fin août
33:06avec des amis
33:07en Corse
33:08et
33:09c'est vrai que
33:12l'été
33:13s'était pas bien passé
33:14on se disputait pas mal
33:16donc on est tous partis
33:18donc eux
33:18ils avaient trois enfants
33:19moi aussi
33:20trois enfants
33:20et tout de suite
33:21j'ai senti
33:22qu'il se passait
33:23quelque chose.
33:24Ils partaient
33:24en haut de la montagne
33:25téléphoner tous les soirs
33:26et il venait se coucher
33:28très très tard
33:28donc un jour
33:30je me suis dit
33:30je vais aller voir
33:30ce qu'il fait
33:31et donc il était
33:32au téléphone
33:33avec une femme
33:34et il m'a dit
33:35dégage dégage
33:36alors là je me suis dit
33:37waouh
33:37qu'est-ce qui se passe
33:38jamais il m'a parlé
33:39comme ça
33:40et donc quand il est revenu
33:41il m'a dit
33:42qu'il était tombé amoureux
33:43d'une autre personne
33:44donc là j'ai complètement
33:46je me suis mise à pleurer
33:48ça a été super dur
33:50j'ai plus dormi
33:51donc mes amis
33:52ils étaient super mal
33:52parce que
33:53eux aussi
33:53ils étaient en vacances
33:54avec nous
33:56donc un matin
33:57je me suis levée
33:57j'ai dit
33:57écoute
33:58s'il faut que tu t'en ailles
33:58va-t'en
34:00et il est parti
34:00donc je me suis retrouvée
34:03avec mes amis
34:04toute seule
34:04dans ma maison
34:05de vacances
34:06Pierre
34:07mon fils aîné
34:07me dit
34:08mais papa
34:09il sera là
34:09quand on va rentrer
34:10je lui ai dit
34:11mais je ne sais pas
34:12et quand je suis rentrée
34:13il avait déjà
34:14tout déménagé
34:14ses affaires dans la maison
34:15il est réapparu
34:16dix jours après
34:17il est venu me voir
34:19donc il était tout heureux
34:21je lui ai dit
34:22je lui ai demandé
34:23le divorce
34:23donc on a été
34:24au départ
34:25on a pris un avocat
34:26en commun
34:27ça s'est super mal passé
34:28il avait pensé
34:29prendre les enfants
34:30à mi-temps
34:31parce qu'il pensait
34:33qu'il n'allait pas
34:33me payer de pension alimentaire
34:35et donc elle a dit
34:36mais si
34:37même s'il y a une compensation
34:39pour les enfants
34:39et tout ça
34:40donc du coup
34:40il ne voulait plus
34:41prendre les enfants
34:41de toute façon
34:42moi je ne l'aurais pas laissé
34:43parce qu'en fait
34:44sans les enfants
34:45je n'aurais pas pu tenir
34:45et donc j'ai décidé
34:49de prendre un avocat
34:50qui m'a bien défendue
34:51j'étais complètement
34:52anéantie encore
34:53donc je ne me suis pas
34:55je ne me suis pas battue
34:57c'est vraiment mon avocat
34:58qui a décidé
34:59qu'il fallait demander ça
35:00moi je n'étais pas
35:01j'étais prête
35:02je ne me rendais pas compte
35:05du tout
35:05je ne réalisais pas du tout
35:06de ce que ça allait être
35:07plus tard
35:07donc j'avais noté
35:09toutes les dépenses
35:09pour les enfants
35:10donc je lui avais donné
35:14elle a dit
35:14on va demander ça
35:15en pension alimentaire
35:16bon c'était correct
35:17parce qu'il gagnait
35:18bien sa vie
35:19quand je suis arrivée
35:21au tribunal
35:22il était furax
35:24parce qu'il ne voulait pas
35:25donner cette pension alimentaire
35:26donc elle l'a pris
35:27dans les couloirs
35:28et elle lui a dit
35:29si vous ne voulez pas
35:30donner ça
35:31je demande plus
35:32donc quand je me suis retrouvée
35:33avec la pension alimentaire
35:35qui était confortable
35:36et moi
35:36je n'avais plus rien
35:37pour vivre
35:38donc ça a été
35:38quelques années difficiles
35:40se séparer
35:41c'est aussi se séparer
35:43d'un point de vue financier
35:44c'est aussi séparer ses comptes
35:46dans l'année
35:47qui suit un divorce
35:48le niveau de vie moyen
35:50des femmes
35:50diminue de 20%
35:52quand celui des hommes
35:54diminue de 2%
35:56à peu près
35:57et puis quand on prend
35:57un petit peu de recul
35:58quand on regarde
35:59ce qui se passe
35:59un an, deux ans, trois ans
36:01quatre ans après le divorce
36:03on s'aperçoit
36:04que les hommes
36:04en moyenne là encore
36:05retrouvent assez vite
36:06le niveau de vie
36:08qu'ils avaient avant le divorce
36:09alors que les femmes
36:10mettent beaucoup plus
36:11de temps
36:12pour le retrouver
36:13après j'ai retravaillé
36:15à mi-temps
36:15alors là
36:16c'était une galère
36:17parce que j'étais nommée
36:19à l'autre bout de Reims
36:21pour faire garder
36:21les enfants
36:22avant qu'ils aillent
36:23à l'école
36:23et tout ça
36:24c'était affreux
36:25donc j'ai eu des filles
36:26qui venaient
36:27qui ne venaient pas
36:28donc le matin
36:29à 7h30
36:30elles appellent
36:30en disant
36:31non on ne peut pas venir
36:32alors j'emmenais mes enfants
36:33je me souviens
36:33parce que quand j'arrivais
36:34à l'école
36:34j'avais déjà fumé
36:35trois cigarettes
36:36dans ma voiture
36:36tout était chronométré
36:39avec un stress permanent
36:41dans ma tête
36:43ça n'arrêtait pas
36:44de réfléchir
36:45à tout ce que j'avais à faire
36:46j'anticipais
36:46j'anticipais
36:47j'anticipais
36:48et donc je suis allée
36:49voir le médecin
36:50qui m'a dit
36:51faites une dépression
36:52il faut aller voir
36:53un psychiatre
36:54je pense que c'était
36:55huit ans après mon divorce
36:56là c'est le corps
36:58qui n'en pouvait plus
36:59qu'est-ce que je vais devenir
37:01est-ce que je vais arriver
37:04à vivre
37:05avec mes enfants
37:07est-ce que je vais y arriver
37:07et si les pères
37:18devenaient des mères
37:19comme les autres
37:19et si les mères
37:20prenaient du temps
37:21pour leur carrière
37:22ou pour elles
37:22l'aspiration
37:24à plus d'égalité
37:25entre les sexes
37:26a responsabilisé
37:27certains pères
37:27désormais plus impliqués
37:29au sein de leur foyer
37:30en fin de journée
37:31on est complètement vidés
37:32je trouve qu'on a l'impression
37:34d'être totalement absorbés
37:36on est très isolés
37:37en fait
37:37en étant à la maison
37:39qui on rencontre
37:40la boulangère
37:41les gens
37:43à la sortie de l'école
37:44oui ma puce
37:50en 2002
37:52les députés
37:52votent la légalisation
37:53de la résidence alternée
37:55et tentent de rebattre
37:56à nouveau
37:57les cartes du couple
37:58après la séparation
37:59pourtant la garde alternée
38:07ne s'est pas imposée
38:08dans les procédures
38:09son recours augmente
38:10peu à peu
38:11pour ne représenter
38:12en 2020
38:12que 12%
38:14des modes de garde
38:14choisis
38:15mais jusqu'à 20%
38:16lorsque le couple
38:17divorce par consentement mutuel
38:19je me souviens
38:22qu'à la sortie
38:23de l'audience
38:24on est repartis ensemble
38:26avec mon ex-mari
38:27du coup
38:27et je l'ai remercié
38:29que ça se passe bien
38:30parce que
38:30c'est jamais
38:31très drôle
38:32de se séparer
38:33et finalement
38:34je pense que
38:35et le divorce
38:35par consentement mutuel
38:36et lui
38:37on simplifiait les choses
38:41et on fait
38:41que ça a pu être
38:42quelque chose
38:42de pas trop douloureux
38:44on commençait
38:46à entendre parler
38:47que la garde alternée
38:48c'était pas mal
38:49pour les enfants
38:50il commençait
38:51à y avoir
38:51des positionnements
38:52aussi
38:53de psychologues
38:55qui trouvaient
38:56que c'était
38:56une bonne façon
38:57de faire
38:58et moi après
38:59j'ai trouvé
38:59que dans ma vie
39:01de femme
39:01c'était quand même
39:02une sacrée respiration
39:04de pouvoir
39:04pendant une semaine
39:06ne pas avoir
39:09la charge mentale
39:10des repas
39:11de l'organisation
39:12des conduites
39:13personnellement
39:15c'était aussi
39:16un bon choix
39:17après coup
39:17après une séparation
39:19la plupart des parents
39:20parviennent à s'entendre
39:21sur la résidence
39:22des enfants
39:22les sociologues relèvent
39:24que les disputes
39:24les plus fréquentes
39:25portent en réalité
39:26sur le montant
39:27et le versement
39:28de la pension alimentaire
39:29déjà lors du vote
39:30de la loi
39:31en 1975
39:32les députés constataient
39:33que 60% d'entre elles
39:35n'étaient pas honorés
39:36est-ce qu'il paie régulièrement
39:37la pension ?
39:38depuis une année
39:40oui
39:40mais le montant
39:41qu'il a fixé lui-même
39:42le tiers
39:45de ce qu'il y était
39:46de ceux
39:48que le tribunal
39:49l'avait obligé
39:50à payer
39:50pourtant
39:52la pension alimentaire
39:54vise à protéger
39:54les enfants
39:55de la précarité
39:56liée au divorce
39:57j'étais à mon compte
39:59déjà rien que le fait
40:00de racheter la maison
40:01pour une banque
40:02en tant qu'auto-entrepreneur
40:03j'avais aucune chance
40:04d'être soutenue
40:06par ma banque
40:07et heureusement
40:08du coup
40:08que mes parents
40:09ont proposé
40:10cette copropriété
40:13finalement
40:14j'ai envie de dire
40:15enfin achat
40:15en commun
40:16sinon ça aurait été
40:18impossible
40:18toutes les charges
40:20elles étaient
40:20portées que par moi
40:23même si la CAF
40:27a mis en place
40:28ce qu'on appelle
40:29l'allocation
40:29de parents isolés
40:30donc du coup
40:31j'avais aussi
40:32un soutien financier
40:35de la CAF
40:35en plus
40:36de la pension alimentaire
40:37qui n'était quand même
40:38pas très très élevée
40:39parce que comme
40:40on était en garde alternée
40:41on estimait que
40:42les frais étaient
40:43partagés de moitié
40:44mais comme il y avait
40:45une différence
40:46de salaire
40:46entre le papa
40:48et la maman
40:49du coup
40:50j'avais 80 euros
40:51par enfant
40:51donc forcément
40:53avec 80 euros
40:54160 euros par mois
40:56j'allais pas très loin
40:57donc effectivement
40:58dans ce cas là
40:59j'ai fait aussi
41:00une demande de RSA
41:02les pensions alimentaires
41:04dans notre pays
41:04quand on compare
41:05aux pays européens
41:06comparables
41:07elles sont en France
41:08relativement rares
41:09il y a un tiers
41:10des dossiers
41:11dans lesquels
41:11il n'y a pas du tout
41:12de pension alimentaire
41:13et quand il y en a une
41:14c'est un montant
41:15relativement bas
41:16en gros
41:16quand l'enfant
41:17vit la plupart du temps
41:18chez sa mère
41:19c'est un montant moyen
41:21de 200 euros par mois
41:23et la troisième
41:24caractéristique
41:25c'est que
41:26ces pensions
41:26régulièrement
41:27dans un tiers
41:28des cas à peu près
41:29elles ne sont pas versées
41:31soit elles sont versées
41:32seulement en partie
41:32soit elles sont versées
41:33irrégulièrement
41:34ce qui crée une incertitude
41:35très forte
41:36pour les enfants
41:37et les parents concernés
41:38et ce qui diminue
41:39finalement leur niveau de vie
41:41et à un moment
41:42je ne sais plus
41:44pourquoi lui
41:45il était en difficulté
41:46ou comment c'est arrivé
41:47mais il ne paye plus
41:48la pension
41:49donc un mois
41:50deux mois
41:51trois mois
41:51moi je commence
41:52à devoir payer
41:54des agios
41:55parce que du coup
41:56je me retrouve
41:57aussi en difficulté
41:58et je ne sais pas
42:03trop trop quoi faire
42:03mais je finis par
42:04aller porter plainte
42:06contre le père
42:08de mes enfants
42:08et j'ai trouvé
42:10que ça c'était
42:10hyper désagréable
42:12lui il a été convoqué
42:13je pense qu'une convocation
42:16à la police
42:17ça fait un peu peur
42:18et donc
42:19bon très vite
42:21il a réagi
42:21et puis il m'a expliqué
42:23qu'après il y avait
42:24une prime
42:25qui allait arriver
42:26pour son travail
42:26et puis ça s'est régularisé
42:28mais bon
42:29entre deux
42:30c'est la CAF
42:31qui a compensé
42:33la pension alimentaire
42:34et c'est la CAF
42:35qui s'est fait rembourser
42:37auprès du papa
42:39pour régulariser
42:41les frais
42:42et ça
42:42c'est grâce
42:43à la mise en place
42:44par la CAF
42:44d'une agence
42:45de recouvrement
42:46des pensions alimentaires
42:47elle a permis
42:48une véritable amélioration
42:50des situations
42:50car depuis 2021
42:52l'organisme avance
42:53les sommes non payées
42:54puis les réclame
42:55aux débiteurs
42:56elle sort ainsi
42:57les ex-conjoints
42:58de la confrontation
42:59la question du partage
43:01du patrimoine
43:02traverse le divorce
43:03les économies
43:04une voiture
43:04une maison
43:05une entreprise
43:05quand on est marié
43:07sous le régime
43:07de la communauté
43:08le patrimoine construit
43:09doit être également réparti
43:11le juge aux affaires familiales
43:14peut aussi valider
43:15le versement
43:15d'une prestation compensatoire
43:17à la différence
43:18de la pension alimentaire
43:19elle indemnise
43:20le conjoint
43:21qui s'est consacré
43:22à la vie du foyer
43:22la prestation compensatoire
43:25elle vient
43:26compenser
43:27comme son nom l'indique
43:28la perte de niveau de vie
43:31qu'occasionne
43:32ou que peut occasionner
43:33le divorce
43:34pour un
43:35ou plus souvent
43:36une épouse
43:37les divorces
43:38ils rendent visibles
43:39des inégalités
43:41qui ne l'étaient pas
43:42pendant la vie commune
43:43mais par ailleurs
43:44ils accroient aussi
43:45ces inégalités
43:47on n'avait rien
43:48on a commencé avec rien
43:50d'ailleurs
43:50je me souviens
43:52à Paris
43:52on vivait dans un 35 mètres carrés
43:54un matelas au sol
43:55et un plateau
43:56vous savez
43:58les grands plateaux
43:59de thé marocains
44:00voilà
44:00que je l'avais apporté
44:01et c'était notre
44:02voilà
44:03mais on était très heureux
44:04je suis devenue
44:05assistante de direction
44:06mais j'avais aussi
44:07un projet artistique
44:09et ça c'était très important
44:10pour moi
44:10et très présent déjà
44:11donc je lui avais dit
44:12écoute pour moi
44:13le théâtre par exemple
44:14c'est important
44:15donc ok
44:16investissement
44:19d'abord t'y vas
44:21et ensuite
44:22une fois que ce sera lancé
44:23pour toi
44:24ta carrière
44:25ce sera mon tour
44:27et c'était assez naturel
44:28parce que
44:29voilà
44:30j'allais avoir aussi
44:32des enfants
44:32donc je savais
44:33que je ne pouvais pas
44:34tout mener de front
44:36j'ai pensé divorce
44:38à chaque fois
44:39que j'ai écrit ma pièce
44:39parce que je réalisais
44:40qu'à chaque fois
44:41que je commençais
44:43à vouloir m'occuper
44:44de moi
44:44et de ce qui était
44:45important pour moi
44:46ça a semé
44:47de la tension
44:49importante
44:50et malgré les sentiments
44:52que j'avais pour lui
44:52je me disais
44:54bon ben
44:54on arrête là
44:56il pensait que je ne serais
44:57pas capable
44:58de quitter
45:01de le quitter
45:02ou de demander le divorce
45:03et de quitter
45:04une situation confortable
45:06une grande maison
45:08une maison belle
45:09maison de mètres
45:11300 mètres
45:11et un mari
45:13qui gagne
45:14de l'argent
45:16et moi qui finalement
45:17n'ai rien
45:18développé de concret
45:19professionnellement
45:20finalement
45:20juste des prémices
45:22de quelque chose
45:23j'étais mariée
45:25depuis 34 ans
45:27c'est pas facile
45:31non plus
45:31c'est pas facile
45:33non plus
45:33surtout qu'il y avait
45:34il y avait 34 ans
45:37de mariage
45:37il y avait 34 ans
45:39de souvenirs
45:3934 ans de famille
45:41aussi
45:41il ne faut pas croire
45:4234 ans d'amis
45:43et puis il y avait
45:46les enfants
45:46malgré qu'ils étaient
45:48adultes
45:49il y avait la maison
45:50il y avait oui
45:52aussi
45:52le patrimoine
45:54qu'on avait construit
45:55ensemble
45:55moi l'argent
46:00n'est pas mon roi
46:01j'étais voir
46:02un avocat
46:03quand même avant
46:04et elle m'avait dit
46:05vu votre situation
46:06vous aurez droit
46:07si vous la demandez
46:09à une indemnité
46:10compensatoire
46:10donc elle a demandé
46:12100 000 euros
46:14Jégé il a fait
46:16des bons comme ça
46:16il a posé la question
46:19à l'avocat
46:20est-ce que
46:20c'était obligatoire
46:22cette compensation
46:23et elle lui a répondu
46:24non
46:25non
46:26c'est pas obligatoire
46:27si vous la contestez
46:29si le juge
46:30que madame
46:31n'en a pas besoin
46:32ou n'en a pas le droit
46:34elle ne l'aura pas
46:35mais mince
46:36je crois que
46:38j'ai travaillé
46:39assez
46:39au sein de ma famille
46:41pour avoir quelque chose
46:42même si c'était moi
46:43qui voulais en partir
46:44ça
46:45ça m'a blessée
46:47Gérard m'avait
46:48il demandait
46:49s'il pouvait
46:52me la donner
46:53tous les mois
46:53chose que la justice
46:54n'aime pas
46:55mais moi je savais
46:56que je pouvais
46:57lui faire confiance
46:58donc j'ai dit oui
46:59donc il me l'a donné
47:00sur 8 ans
47:01puis il avait retrouvé
47:02moi qui étais la femme
47:03de sa vie
47:04il avait déjà retrouvé
47:06quelqu'un
47:06pour me remplacer
47:07ça me fait rire
47:09tout ça
47:10les grandes déclarations
47:13une prestation compensatoire
47:19est versée
47:19dans un divorce
47:20sur 5
47:21donc 20% des divorces
47:22c'est vraiment devenu
47:23très minoritaire
47:25et puis le montant moyen
47:26est de 20 000 euros
47:28ce qui est
47:29là encore
47:29limité
47:30en gros
47:31pour beaucoup
47:32la prestation compensatoire
47:34est justifiée
47:35quand
47:35la femme
47:37est restée au foyer
47:38pour s'occuper des enfants
47:39or on sait
47:40que c'est une situation
47:41qui est de moins en moins fréquente
47:43la situation la plus courante
47:45c'est les carrières
47:45hachées féminines
47:46et les carrières
47:47des mères en particulier
47:48qui s'arrêtent
47:49de travailler
47:50quelques années
47:50après la naissance des enfants
47:51ce que permet le congé parental
47:53puis qui vont reprendre
47:54leur activité professionnelle
47:55mais à temps partiel
47:56alors que les hommes
47:57eux vont augmenter
47:58leur temps de travail
47:59après la naissance des enfants
48:00et ça
48:01notre système de justice
48:02il est bien en difficulté
48:05pour le compenser
48:06pour organiser
48:07une redistribution
48:08entre les anciens conjoints
48:10et ce d'autant plus
48:11que beaucoup de couples
48:12ne se marient plus
48:13ne se marient pas
48:15or la prestation compensatoire
48:16elle est réservée
48:17aux couples mariés
48:18quand on n'est pas marié
48:20en quelque sorte
48:20on ne se doit rien
48:21les législateurs
48:23décident en 2017
48:24la déjudiciarisation
48:26du divorce
48:27par consentement mutuel
48:28désormais
48:29les couples
48:29qui veulent divorcer
48:30à l'amiable
48:31devront se passer de juge
48:32c'est un quart
48:33de l'activité
48:34des tribunaux
48:35de la famille
48:35qui est ainsi allégé
48:36les avocats
48:38de chacune des parties
48:39négocient et rédigent
48:40une convention de divorce
48:41qui est désormais
48:42enregistrée par un notaire
48:43je suis vent debout
48:45contre ce divorce
48:46parce que j'estime
48:47que l'ombre portée
48:48du juge
48:49c'est quelque chose
48:50d'important
48:50que justement
48:51cette possibilité
48:53pour le juge
48:53de dire ça
48:54ça va pas du tout
48:54c'est pas équilibré
48:56c'était quelque chose
48:57que je trouvais
48:58absolument essentiel
48:59et j'étais
49:00très inquiète
49:01et puis
49:02finalement
49:04j'ai changé d'avis
49:06avec l'expérience
49:08et la pratique
49:08d'abord
49:09parce que finalement
49:10le fait que chacun
49:12ait son avocat
49:13c'est beaucoup plus
49:14une garantie
49:14que le fait
49:16qu'il y ait un juge
49:16pardon
49:17je dis pas ça
49:18pour les juges
49:18mais les juges
49:18ils vont passer
49:19une heure maximum
49:21sur la convention
49:22de divorce
49:22l'audience
49:22etc
49:23donc il y a des choses
49:24qui vont pas voir
49:25ce qui ne se dit pas
49:26les moteurs silencieux
49:27des violences
49:28dont on ne parle pas
49:29quand il y a deux avocats
49:30là le job
49:31il commence vraiment
49:32et là on peut tout dire
49:33et donc ce divorce là
49:35par consentement mutuel
49:36avec deux avocats
49:37chacun son avocat
49:38c'est un vrai
49:40c'est beaucoup plus
49:41un consentement
49:42je dirais
49:42qu'avant
49:43mais deux avocats
49:46ne suffisent pas toujours
49:47pour démêler
49:48des situations familiales
49:49complexes
49:49la déjudicialisation
49:51a ses limites
49:52c'est mon ex-mari
49:54qui me conseille
49:55le consentement mutuel
49:57je prends une avocate
49:58elle me montre
50:00un certain nombre
50:01de droits
50:01auxquels je peux prétendre
50:03notamment parce qu'il a développé
50:05sa carrière professionnelle
50:06et pas moi
50:07donc sur la base
50:09de nos avis d'impôts
50:10et de ses revenus
50:11elle estime
50:12une pension alimentaire
50:15à mon temps
50:15qu'il va négocier
50:16ensuite avec moi
50:17en la baissant
50:19en me disant
50:19mais je peux pas plus
50:20etc
50:21comment tu peux
50:22et ceci et cela
50:22etc
50:23et je cède
50:24mon avocate
50:26donne une estimation
50:27une fourchette
50:28de la prestation
50:29qu'on pense à quoi
50:29sans avoir
50:30les bilans de la société
50:31entre 80 000
50:33et 150 000 euros
50:34et il m'accuse
50:35de vouloir lui voler
50:36de l'argent
50:36je dis mais moi
50:37je veux juste
50:37ma liberté
50:38je recule
50:39et pourtant mon avocate
50:41vous êtes allumée
50:43en noir
50:44en gras
50:44vous allez être
50:47dans une situation
50:48de précarité
50:48vos droits
50:49ne sont pas respectés
50:50elle estimait
50:51que j'allais être lésée
50:52et que
50:53aujourd'hui
50:54j'ai envie de dire
50:55l'emprise
50:55mais à l'époque
50:56j'en étais pas consciente
50:57mais l'emprise
50:57qu'avait mon ex-mari
50:59sur moi
51:00était en train
51:01de défavoriser
51:02complètement
51:03mes droits
51:04et donc
51:06il fallait
51:06l'intervention
51:07d'un tiers
51:08donc le juge
51:09on passe devant
51:12le notaire
51:13on signe
51:14la liquidation
51:15j'accepte finalement
51:16toutes les conditions
51:17de cet ex-époux
51:19quelle est la valeur
51:21dans un couple
51:23d'une femme
51:24ou d'un homme
51:25qui va s'investir
51:26pour l'harmonie
51:28la vie de famille
51:30pour le temps passé
51:31dans la maison
51:32ou dans les conduites
51:33ou dans tout ce qui concerne
51:36une vie de famille
51:37qui n'est pas que
51:38vie professionnelle
51:39tout ça
51:40ça a de la valeur
51:40aujourd'hui
51:41j'ai l'impression
51:42qu'il m'a volé
51:42un certain nombre
51:43de mes années
51:44Peut-on divorcer
51:46sans se déchirer ?
51:48La procédure
51:49de consentement mutuel
51:50a réussi en partie
51:51à dédramatiser
51:52le divorce
51:53sans empêcher
51:54les inégalités
51:55de perdurer
51:55Le couple
51:57est devenu incertain
51:58et aujourd'hui
51:59la famille multiplie
52:00ses modèles
52:00grâce aux hommes
52:01et aux femmes
52:02qui la réinventent
52:03génération après génération
52:04Toujours plus égalitaire
52:06et plus libre
52:07elle n'en est que
52:08d'autant plus précieuse
52:09Sous-titrage Société Radio-Canada
52:14Sous-titrage Société Radio-Canada
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1:33:08
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À suivre