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  • 07/07/2025
Il y a 50 ans, le 11 juillet 1975, était votée la loi instaurant le divorce par consentement mutuel. Le divorce, même s'il reste une décision difficile à prendre, devient alors plus accessible, moins dramatique. Cette évolution a-t-elle transformé notre conception du couple et de l'engagement ? Le modèle du couple unique, de sa formation au décès, a-t-il définitivement vécu ?Pour en débattre, Jean-Pierre Gratien reçoit : Michelle Dayan, avocate spécialiste du droit de la famille ; Philippe Brenot, psychiatre, thérapeute du couple et sexologue et Cécilia Commo, psychanalyste, thérapeute du couple et sexologue. LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:00Bienvenue à tous dans Débat Doc, mariage, piège à cons, scandale et féministe en mai 68 et 7 ans plus tard,
00:00:22sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, une loi créait le divorce par consentement mutuel.
00:00:28Une révolution à bas bruit qui allait pourtant profondément et durablement modifier en France l'idée de la famille.
00:00:36Voilà ce dont témoigne le documentaire exclusif qui va suivre, une histoire du divorce, réalisé par Béatrice Béac.
00:00:43Je vous laisse tout de suite le découvrir et je vous retrouverai juste après sur ce plateau,
00:00:48en compagnie de l'avocate Michel Dayan, du psychiatre Philippe Brenaud et de la thérapeute Cécilia Comeau.
00:00:54Avec eux, et 50 ans après cette loi, nous nous interrogerons sur les nouveaux modes de fonctionnement des couples en France.
00:01:02Bon Doc.
00:01:03Si traditionnellement, c'est plutôt l'homme qui fait la demande en mariage, oui, la demande de divorce est initiée trois fois sur quatre par les femmes.
00:01:17Comme il rentrait très tard, parfois il sortait, il avait une relation que je connaissais d'ailleurs, il en a eu plusieurs.
00:01:24Moi, j'ai dit, c'est fini, tu ne rentres plus dans cette maison.
00:01:29Je voulais absolument qu'il y ait quelque chose qui soit de mon fait et pour montrer à mes enfants que je n'allais pas rester comme ça,
00:01:35une femme qui n'allait plus ennicher et puis qui subissait.
00:01:40Donc c'est moi qui ai demandé le divorce, oui.
00:01:42Effectivement, ça craque.
00:01:44Ça craque.
00:01:45Parce que c'est des toutes petites blessures à chaque fois.
00:01:49Et tu te souviens plus des petites blessures que des grandes déclarations d'amour en fin de compte.
00:01:55Il y a 50 ans, en juillet 1975, une loi bousculait les foyers français en créant le divorce par consentement mutuel.
00:02:06Personne ne s'attend alors à la révolution de la famille qui va se vivre.
00:02:10Car le consentement mutuel veut dédramatiser le divorce et il est célébré par François Truffaut dans son film L'amour en fuite.
00:02:17Mais qu'est-ce que c'est ? Mais qu'est-ce que c'est que toutes ces personnes-là ?
00:02:19Ça n'est sûre, ce sont des gars de la radio.
00:02:20Vous êtes le premier couple à divorcer par consentement mutuel.
00:02:23Les femmes vont être en première ligne de cette métamorphose
00:02:27qui va transformer durablement les liens qui nous unissent
00:02:30à ceux et celles que l'on aime ou que l'on n'aime plus.
00:02:36Ce qui se produit avec le divorce par consentement mutuel,
00:02:40c'est qu'on reconnaît que finalement savoir si ce mariage est toujours un mariage ou pas
00:02:45appartient aux concernés eux-mêmes.
00:02:48On est déjà dans l'idée qui va prospérer ensuite.
00:02:51La meilleure et la plus importante des raisons de divorcer, c'est quand on ne s'entend plus,
00:02:57quand le mariage est devenu une coquille vide.
00:03:01Longtemps, le mariage était indissoluble.
00:03:04La société, infusée de catholicisme, en avait fait un socle préalable
00:03:08avant de fonder sa famille et d'accueillir des enfants.
00:03:10On s'aime, on s'épouse.
00:03:14C'est une conclusion normale.
00:03:16Ils ont pris un engagement, ils partent pour plusieurs dizaines d'années de vie commune.
00:03:21Ils auront des enfants à élever dans un foyer heureux.
00:03:26Et pourtant, combien y'en a-t-il de foyers vraiment heureux ?
00:03:33Sur les photos de fêtes, les mines sont plutôt graves et fermées.
00:03:37Elles nous laissent imaginer des quotidiens emprunts de difficultés, loin des contes de fées.
00:03:41À l'époque où la séparation n'est pas de mise, les hommes et les femmes avaient intérêt à tirer le mon numéro.
00:03:54Tu vois, ça devait être un beau jour.
00:03:58C'est des souvenirs qui nous projettent 55 ans en arrière.
00:04:05Mais bon, quand on regarde maintenant avec le recul, on n'a plus les mêmes passements au cœur, on va dire.
00:04:10J'ai commencé à travailler à 14 ans, aux prises uniques.
00:04:14Et après, je voulais travailler dans quelque chose de plus valorisant.
00:04:19Et je me suis présentée seule au comptoir Bétunois, qui était un magasin assez huppé.
00:04:26J'ai travaillé 14 ans.
00:04:28Et c'est là qu'après, j'ai connu le père de ma fille.
00:04:32Il était venu acheter une chemise.
00:04:34Et puis, bon, apparemment, la chemise, je lui avais vendue trop petite.
00:04:38Et puis, bon, il est revenu à la charge.
00:04:40Et puis après, tu sais, tu vas dans la famille de l'un, de l'autre.
00:04:44Et puis, tu te retrouves, comment dire, je ne vais pas dire piégé.
00:04:49C'est un bien grand mot, mais bon, tu as du mal après à faire marche arrière, je pense.
00:04:55Nos parents nous disaient qu'il fallait que si tu connaissais quelqu'un, c'était une fois.
00:05:00Le jour où il y avait un garçon qui rentrait, c'est parce que tu savais que tu allais faire ta vie avec.
00:05:04J'ai rencontré mon mari, très jeune, j'avais 19 ans.
00:05:11Et je vois ce jeune homme de 17 ans, magnifique.
00:05:15Bon, est-ce que c'est ça le coup de foudre ? Je ne me souviens plus très bien.
00:05:18Et on a commencé à se voir.
00:05:20Et à l'époque, on était vite fiancés, entre guillemets, je dirais.
00:05:24Et donc, on s'est fréquentés, comme disait ma belle-mère, pendant trois ans.
00:05:29Et elle disait, mais que vont dire les gens ?
00:05:31Vous vous connaissez depuis trois ans.
00:05:34Il faut se marier.
00:05:35À l'époque, on était victime de la pression sociale aussi.
00:05:38On ne pouvait pas avoir un studio, vivre à deux si on n'était pas mariés.
00:05:43Ma photo de mariage, on fait une drôle de tête l'un et l'autre.
00:05:46On ne se sentait peut-être pas tout à fait près.
00:05:49On a donc vécu à Lille, dans un petit studio, sans salle de bain.
00:05:56Ça ne nous dérangeait pas.
00:05:57Et en 1966, ma fille s'est annoncée.
00:06:01Je pense qu'on devait pratiquer la méthode au Gino.
00:06:03À l'époque, ça ne marchait pas, ce long.
00:06:06Moi, j'étais en licence.
00:06:07Je terminais ma licence.
00:06:09Mais lui, il avait eu un poste à la fac.
00:06:11Moi, cas à un cas, les femmes sont toujours défavorisées, bien sûr,
00:06:14quand elles sont enceintes et quand elles sont étudiantes.
00:06:17Donc, j'ai eu ce bébé en décembre 1966.
00:06:20À l'époque, on ne sortait pas les bébés l'hiver.
00:06:23Donc, j'étais coincée.
00:06:24Et un jour, je lui ai demandé s'il pouvait garder le bébé un samedi après-midi
00:06:28pour que je puisse sortir un peu, sans la poussette, sans le bébé.
00:06:32Mais qu'est-ce que tu crois ?
00:06:34Tu me prends pour une bonne d'enfant ?
00:06:36Mais ça, c'est terrible.
00:06:37Ça aussi, ça forgé mon côté féministe qui s'est développé peu à peu.
00:06:41Mai 68 couvre.
00:06:45Depuis plusieurs mois à Nanterre,
00:06:47des étudiants réclament la liberté de circulation et de visite
00:06:50entre les bâtiments de garçons et de filles.
00:06:54Étudiants et étudiantes aspirent à une société plus libre.
00:06:57Ils engagent une révolution des morts.
00:06:59Mais celle-ci se propage lentement au reste du pays,
00:07:02où la famille traditionnelle reste un modèle central
00:07:05et rassurant de la vie sociale.
00:07:07J'ai commencé à travailler, comme beaucoup de notre époque, à 17 ans.
00:07:15On avait envie de travailler parce que, quelque part,
00:07:18c'était un petit peu l'indépendance.
00:07:21Mais c'était tout ce que c'était ma vie,
00:07:22parce que je ne sortais pas.
00:07:25Maman avait peur du tout.
00:07:26Je dirais qu'elle était possessive, maman.
00:07:28Il fallait qu'on soit sous son regard.
00:07:32J'avais le droit, le matin, de partir à 7h du matin,
00:07:35l'hiver qui faisait noir, toute seule dans les rues d'Aulnois.
00:07:39Mais le soir, en rentrant à 7h30 le soir,
00:07:42je n'avais pas le droit d'aller rencontrer quelqu'un,
00:07:46de discuter avec, parce que tout de suite, elle s'inquiétait.
00:07:49De toute façon, on était prévenus.
00:07:53En fait, pas des enfants hors du mariage.
00:07:56C'était...
00:07:57Il fallait être courageux pour être filmaire à l'époque.
00:07:59Parce que tu étais montré du doigt.
00:08:03Même par rapport à la famille, c'était la tâche.
00:08:06Et tu n'avais pas peur d'attendre un enfant ?
00:08:08Je crois qu'au début, c'était de l'inconscience.
00:08:10J'y pensais même pas.
00:08:12Au début, ça ne m'a jamais effleurée.
00:08:14Disons, les premières années,
00:08:15je n'ai jamais eu de problème jusqu'à ce qu'il arrive la catastrophe.
00:08:19Et tes parents, dans tout ça ?
00:08:20Vis-à-vis de moi-même, je ne me sentais pas coupable.
00:08:22Mais vis-à-vis d'eux, oui,
00:08:23parce que ma mère et mon père
00:08:25voyaient pour moi un très grand avenir.
00:08:29Et en fin de compte,
00:08:30tout a été détruit.
00:08:33Ça est arrivé à ma soeur aînée.
00:08:35Mes parents n'ont pas dit...
00:08:38Non, mais la première chose qu'ils ont dit,
00:08:40vous vous mariez.
00:08:43Comment j'ai rencontré mon futur mari ?
00:08:45Je dirais que j'ai traversé l'arrivée.
00:08:50Tout simplement.
00:08:51De toute façon, je ne pouvais pas faire autrement
00:08:54puisque je ne pouvais pas sortir.
00:08:56C'est compliqué, hein ?
00:08:57Et puis forcément, à partir du moment que...
00:09:00Eh bien voilà, on nous mariait, quoi.
00:09:02Ça a été...
00:09:03Ça a été assez rapide.
00:09:06Je n'ai pas eu tellement de choix, en fin de compte.
00:09:11On sortait de chez papa et maman
00:09:13et on rentrait chez quelqu'un.
00:09:17Enfin, chez son mari.
00:09:18Le chef de famille, c'était le mari.
00:09:21Toi, tu n'étais que sa femme.
00:09:27Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale,
00:09:30on ne s'est jamais autant mariés.
00:09:33Plus de 90% des gens sont mariés.
00:09:35Dans le passé, il y avait beaucoup de gens
00:09:36qui restaient célibataires.
00:09:38Les religieux, les domestiques, etc.
00:09:42Donc, on ne s'est jamais autant mariés.
00:09:45Il y a une période de famille nombreuse,
00:09:46c'est-à-dire la baisse de la fécondité s'interrompt.
00:09:49Famille nombreuse.
00:09:50Et on divorce très peu.
00:09:53Un mariage sur dix,
00:09:55susceptible de se terminer par un divorce.
00:09:57Donc, le mariage restait une institution
00:09:59vouée à l'indissolubilité.
00:10:01Monsieur, s'il vous plaît.
00:10:02Vous êtes pour ou contre le divorce ?
00:10:04Je suis contre le divorce quand il y a des enfants.
00:10:06Pourquoi ?
00:10:06Parce que ce sont tous qui en souffrent.
00:10:08Contre le divorce, monsieur.
00:10:09Pourquoi, monsieur ?
00:10:10Parce que je suis marié depuis 38 ans,
00:10:12je suis heureux que le divorce brise les familles,
00:10:13brise les foyers.
00:10:14Je suis pour le divorce.
00:10:15Pourquoi ?
00:10:16Je pense qu'il va pas en divorce,
00:10:18et puis on recommence.
00:10:20L'ennui, c'est quand il y a des enfants,
00:10:21qu'on se fait en mettant.
00:10:22Monsieur, madame, vous êtes marié ?
00:10:23Oui.
00:10:24Madame, vous êtes pour ou contre le divorce ?
00:10:26Pour le divorce.
00:10:27Pourquoi, madame ?
00:10:28Quand deux êtres ne s'entendent plus,
00:10:31pourquoi se mener la vie impossible ?
00:10:33Monsieur, vous êtes pour ou contre le divorce ?
00:10:35Je suis pour le divorce.
00:10:36Aussi ?
00:10:37Et pour quelle raison ?
00:10:38Les mêmes raisons que ma femme.
00:10:39C'est la raison pour laquelle
00:10:41ils sont en dégâts, nous les deux.
00:10:42C'est pas ça.
00:10:44Certes, dans les années 60,
00:10:45on peut divorcer,
00:10:46mais c'est compliqué.
00:10:47La loi Naquet, votée en 1884,
00:10:51régite encore les modalités du divorce
00:10:53et veille à l'intégrité de la famille.
00:10:56Les Françaises et les Françaises
00:10:57doivent prouver une faute du conjoint.
00:11:00Il faut un coupable,
00:11:01sur l'un des motifs suivants,
00:11:03sévice, injure, condamnation ou adultère.
00:11:06Divorcer, oui, d'accord,
00:11:08mais seulement en cas d'événements graves,
00:11:10somme le législateur aux familles françaises.
00:11:13On avait loué une maison,
00:11:14une petite maison,
00:11:15puis on n'a vécu un an et demi là.
00:11:17C'est là où ma fille est née,
00:11:19et c'est là que tous les problèmes ont commencé.
00:11:21Ça devient quelqu'un de violent,
00:11:23ça devient quelqu'un qui peut partir huit jours
00:11:26sans me dire où il va.
00:11:28C'est quelqu'un qui sort le soir
00:11:29avec ses copains, qui fait la brinque.
00:11:31Quand j'étais à la maternité,
00:11:32il avait ramené des femmes
00:11:33de pas de très bonne vie chez moi.
00:11:37Moi, je les suis par les voisins.
00:11:39Les voisins avaient fait intervenir la police
00:11:41parce qu'il y avait du chambard chez moi.
00:11:44Je ne peux pas dire qu'il me frappait,
00:11:45mais bon, il m'a attrapé, il me secouait.
00:11:47Moi, quand je me suis séparée,
00:11:48c'était le jour de la fête des mères,
00:11:50il avait bu, là, c'est chez moi, tu vois.
00:11:52J'étais enfermée, il est venu m'ouvrir, tu vois.
00:11:54J'ai vu comment c'était, il m'a dit
00:11:56« Tu peux foutre le camp ».
00:11:57J'ai pris ma fille, mon chien,
00:11:58puis je suis partie.
00:12:01Je suis allée voir un avocat,
00:12:03puis j'ai expliqué ma situation.
00:12:05C'est moi qui ai demandé
00:12:05à avoir une procédure de divorce.
00:12:07Alors, il faut amener des preuves.
00:12:09Ça, c'est compliqué.
00:12:10Les gens ne témoignent pas.
00:12:17Parce qu'ils ont peur.
00:12:18Les gens ont peur.
00:12:21Ils ne veulent pas être embêtés.
00:12:23Non.
00:12:24Moi, je sais que mes voisins,
00:12:25j'ai demandé « Est-ce que vous pouvez me faire
00:12:26une infestation de ce qui s'est passé ? »
00:12:28Ouvertement, ils m'ont dit « Non ».
00:12:29Le déclic, c'est parce qu'il était recherché.
00:12:33Il avait volé dans des conteneurs.
00:12:35Enfin, j'ai été à plusieurs avoir volé dans des conteneurs.
00:12:38Enfin, bref.
00:12:40Donc, voilà.
00:12:41C'est comme ça que je peux avoir mon divorce.
00:12:42Gilbert obtient son divorce
00:12:44grâce à la condamnation de son ex-conjoint.
00:12:48Pourtant, parfois,
00:12:49les deux époux sont d'accord pour se séparer.
00:12:51Là aussi, ils doivent se plier
00:12:53à l'exercice humiliant de l'accusation,
00:12:55même quand ils n'ont pas grand-chose à se reprocher.
00:12:57Je vous l'ai dit au téléphone, maître.
00:12:59Ma femme et moi ont l'intention de divorcer.
00:13:01Quelles sont les formalités à remplir
00:13:03pour être divorcées le plus rapidement possible ?
00:13:05Rapidement, rapidement.
00:13:07Vous savez, le divorce,
00:13:08ce n'est pas très rapide.
00:13:09Mais on est d'accord.
00:13:10Il n'y a absolument aucune...
00:13:12Vous êtes d'accord, vous êtes d'accord.
00:13:13Mais le divorce d'accord n'existe pas.
00:13:15En France, c'est interdit.
00:13:17En fait, il faudra une mise en scène pour le tribunal.
00:13:20Il faudra que votre femme prenne un avocat
00:13:23et qu'avec mon confrère,
00:13:25nous mettions au point.
00:13:26Alors, c'est une comédie, en fait.
00:13:29Mettons une petite mise en scène.
00:13:32Vous allez échanger des lettres d'injure
00:13:33en gardant précieusement les enveloppes.
00:13:36Des voix s'élèvent pour dénoncer l'archaïsme
00:13:38d'une société moralisatrice.
00:13:40Elles sont relayées par un chanteur à succès.
00:13:42Si tu voyais mon avocat
00:13:44Ce qu'il veut me faire dire de toi
00:13:47Il ne te trouve pas d'excuses
00:13:50Les jolies choses de ma vie
00:13:55Il fallait que je les oublie
00:13:57Il a fallu que je t'accuse
00:14:00Début 1975,
00:14:05les députés démarrent une discussion
00:14:07sur le divorce par consentement mutuel.
00:14:09La loi doit-elle accompagner les nouvelles mœurs
00:14:11ou protéger la bonne moralité et la famille ?
00:14:14La société est écartelée entre un vent de liberté
00:14:18et des traditions tenaces.
00:14:21Un époux qui n'a rien à s'approcher de grave
00:14:24on ne peut pas lui imposer le divorce.
00:14:27L'époux coupable ne peut pas l'obliger au divorce.
00:14:29Il a le droit, s'il le veut,
00:14:31de rester marié.
00:14:33De rester marié dans l'intérêt des enfants d'abord
00:14:36pour des convictions religieuses aussi peut-être.
00:14:40Également parce que chez lui
00:14:43il reste un espoir tenace
00:14:44que les choses s'arrangeront.
00:14:47J'ai une autre conception de la famille que vous, monsieur.
00:14:49Je pense que la famille c'est une communauté de vie.
00:14:52On vit ensemble quelque chose.
00:14:54On se réunit ensemble
00:14:55parce qu'on a un but commun.
00:14:58On a un idéal commun.
00:14:59Il y a des liens de solidarité.
00:15:01C'est une conception de la famille
00:15:02qui est tout à fait différente de celle de 1880.
00:15:06Marriache, Pierre-Jacques !
00:15:08Marriache, Pierre-Jacques !
00:15:10Marriache, Pierre-Jacques !
00:15:11La famille, c'était l'œil du cyclone du féminisme.
00:15:14C'est-à-dire que le féminisme dénonçait la famille.
00:15:17Mais en même temps, on avait des familles.
00:15:19On aimait nos enfants.
00:15:20Si on avait des enfants, nos parents...
00:15:22Il y avait quelque chose,
00:15:23un espèce d'écart énorme
00:15:24entre le discours anti-famille
00:15:26et l'expérience vécue par chacune de nous.
00:15:29Et ce qu'on a sous les yeux,
00:15:30ça va être une famille
00:15:31qui va essayer de se réinventer.
00:15:32On ne va pas supprimer la famille.
00:15:34On ne va pas élever les enfants en batterie
00:15:35dans des orphelinats.
00:15:37Et en plus, on est très attaché à la famille.
00:15:39Mais ce qu'on veut, c'est une autre famille.
00:15:43Une nouvelle famille,
00:15:44quitte à bouleverser l'ancienne.
00:15:46Car la loi sur le divorce par consentement mutuel
00:15:49est adoptée en juillet 1975.
00:15:52Elle crée un nouveau juge
00:15:53qui va se consacrer aux affaires dites matrimoniales.
00:15:57Il vérifie le véritable consentement des ex-époux
00:15:59et valide l'arrangement qu'ils ont négocié
00:16:02et qui organise leur vie d'après.
00:16:03Il ne s'agit pas, comme certains peuvent le penser,
00:16:08d'augmenter le nombre des divorces,
00:16:11de faciliter le divorce.
00:16:15Le mariage est une institution solide en France.
00:16:18Est-ce qu'il ne doit pas y avoir des conséquences,
00:16:19par exemple, sur la famille ?
00:16:20Je ne le crois pas.
00:16:23Mais contrairement à ce que prévoyait
00:16:25le ministre de la Justice,
00:16:26dès l'année suivante,
00:16:27le nombre de divorces augmente brusquement,
00:16:30soulageant un bon nombre de procédures en cours
00:16:32ou de ménages qui hésitaient à s'y engager.
00:16:35Seulement deux ans après l'adoption de la loi,
00:16:38la proportion de divorces se situe
00:16:39autour d'un mariage sur six.
00:16:41Ce chiffre continuera de grimper
00:16:43pendant les 30 années qui suivent,
00:16:45jusqu'à un pic de 155 000 divorces en 2005.
00:16:49Que se passe-t-il dans les couples et dans la famille ?
00:16:53J'avais un mari prof de fac, beau garçon.
00:16:56Il avait beaucoup de succès.
00:16:58Après coup, j'ai dit méchamment,
00:17:00j'avais un mari couche-toi là.
00:17:01Bon.
00:17:02Et c'est vrai qu'il était très sollicité
00:17:04et qu'il avait une propension, je crois,
00:17:07à être infidèle.
00:17:08Moi, j'étais malheureuse, c'est vrai.
00:17:10À cette époque-là,
00:17:10je n'ai pas été heureuse pendant quelques années.
00:17:12J'ai dû beaucoup pleurer.
00:17:14Mais j'avais une petite fille.
00:17:15On ne divorçait pas comme ça.
00:17:17Mais il est arrivé un moment,
00:17:18j'ai dit stop à la souffrance.
00:17:20Et donc, je l'ai mis pratiquement dehors.
00:17:23Vous avez connu d'autres femmes depuis votre mariage ?
00:17:27Oui, beaucoup.
00:17:28J'en ai connu beaucoup.
00:17:30Et votre femme connaît d'autres hommes ?
00:17:32Ça, j'en sais rien.
00:17:33Et très franchement, je ne préfère pas le savoir.
00:17:37Bien que mariée et bien qu'aimant votre femme,
00:17:39de ça, vous n'avez pas voulu vous priver.
00:17:42Oui, alors là, c'est un peu ce qu'on appelle l'égoïsme naturel de l'homme.
00:17:47Est-ce que vous lui dites que vous la trompez ?
00:17:50Non, je crois qu'elle me quitterait.
00:17:52En fait, c'est ça que vous voulez éviter ?
00:17:54Un peu.
00:17:55Alors, à l'époque,
00:17:56beaucoup de gens me disaient
00:17:57mais il ne faut pas divorcer par consentement mutuel.
00:18:00Il faut divorcer pour faute.
00:18:01Et notamment une amie qui connaissait une avocate
00:18:03qui disait va la voir.
00:18:05Elle va te faire divorcer pour faute.
00:18:07Mais tu vas voir, tu récupères la maison.
00:18:09Tu auras des avantages.
00:18:10Tu auras une prestation compensatoire.
00:18:12Il a un salaire de prof de fac.
00:18:14Toi, tu as un salaire de prof de lycée.
00:18:18Non, je ne voulais pas de ça.
00:18:20Ça a dû me tourmenter un peu.
00:18:22C'est toujours pénible.
00:18:24Tout ce qui précède le divorce.
00:18:27Quand on ne s'entend plus, quand on ne s'aime plus,
00:18:28on se bagarre quand même,
00:18:29même si ça avait été correct entre nous quand même.
00:18:33Je n'avais pas envie de continuer à me battre
00:18:35et à faire la guerre.
00:18:37J'avais une petite fille.
00:18:38Je ne voulais pas qu'elle ait une image dégradée
00:18:40de son père ou de sa mère.
00:18:42Vous avez une photo de votre femme, monsieur ?
00:18:43Oui, oui.
00:18:44Et contractez-vous, vous savez, on a l'habitude.
00:18:48On fait ça toute la journée.
00:18:50C'est notre métier.
00:18:51Donc, il ne faut pas être...
00:18:52Même si les procédures de consentement mutuel
00:18:54représentent vite la moitié des cas de divorce
00:18:57traités par les tribunaux,
00:18:59le divorce pour faute fait de la résistance,
00:19:01notamment quand il s'agit d'adultère.
00:19:04Le divorce pour faute,
00:19:05d'abord, c'était important pour beaucoup de personnes,
00:19:09symboliquement.
00:19:10Elle m'a trompée, il m'a trompée,
00:19:12c'est lui, c'est sa faute.
00:19:13Ce divorce était très présent, très prégnant.
00:19:16Et puis surtout,
00:19:17il avait des conséquences parfois dramatiques
00:19:19sur les enjeux financiers.
00:19:22Une femme qui trompe son mari
00:19:24et qui se voit prononcer le divorce
00:19:26à ses torts exclusifs,
00:19:28elle a été mariée 25 ans,
00:19:29elle n'a pas travaillé,
00:19:30elle a nourri la carrière de l'autre,
00:19:32elle a élevé les enfants
00:19:33et elle n'a pas le droit
00:19:35à une compensation financière
00:19:36parce qu'elle a fauté.
00:19:38En 2005,
00:19:39la loi sur le divorce pour faute est réformée.
00:19:42Elle n'est plus associée
00:19:43à une perte sèche
00:19:44pour l'une des deux parties.
00:19:45En plus,
00:19:46celui qui avait les moyens financiers,
00:19:48donc en général l'homme à l'époque,
00:19:49qui avait les torts exclusifs,
00:19:50ça ne changeait rien,
00:19:51il ne payait pas plus cher.
00:19:53Donc ça ne pénalisait,
00:19:55pour résumer,
00:19:56que les femmes.
00:19:58Avec le consentement mutuel,
00:20:00les époux peuvent divorcer
00:20:01sans étaler leur vie privée.
00:20:03Pourtant,
00:20:04le jugement social perdure
00:20:05et les divorcés
00:20:06sont encore montrés du doigt.
00:20:10Quand je me suis séparée,
00:20:11je m'en souviens bien,
00:20:12j'ai été mal acceptée
00:20:14chez les couples.
00:20:15Je me souviens
00:20:16d'une soirée de Nouvel An
00:20:18où je n'ai pas été invitée
00:20:21parce qu'il n'y avait que des couples.
00:20:23Et cette amie
00:20:23à qui j'en ai beaucoup voulu
00:20:25m'a dit
00:20:26« Tu sais,
00:20:26je ne peux pas te faire inviter
00:20:27parce qu'il n'y a que des couples. »
00:20:29Je ne lui ai jamais pardonné.
00:20:31On avait peur de moi.
00:20:32Surtout qu'à l'époque,
00:20:34je pense,
00:20:34j'avais 40 ans,
00:20:35j'étais une belle femme.
00:20:37J'étais un danger.
00:20:37Je représentais un danger
00:20:38pour les couples.
00:20:40Et une autre amie aussi
00:20:40m'avait dit
00:20:41« Tu sais,
00:20:42moi, les divorcés,
00:20:44je ne les fréquente pas,
00:20:44c'est dangereux. »
00:20:45Un peu de temps après,
00:20:46son mari est parti.
00:20:47J'ai dit « Bien fait. »
00:20:49C'est compliqué,
00:20:54les débuts du mariage.
00:20:55Moi, je travaillais,
00:20:56ils travaillaient,
00:20:57je partais à 7h,
00:20:58je rentrais à 7h30 le soir.
00:21:02Quand je rentrais le soir,
00:21:03je n'avais pas à manger.
00:21:04Je me mettais à la cuisine le soir,
00:21:06je faisais ma gamelle,
00:21:08je faisais la vaisselle,
00:21:09je débarrassais la table et tout.
00:21:10Et lui,
00:21:11il était dans son salon
00:21:12à regarder la télévision.
00:21:14Puis après,
00:21:15la vie,
00:21:15elle s'installe.
00:21:16Et puis après,
00:21:17moi,
00:21:18j'ai pris le dessus,
00:21:20ce n'est pas ça.
00:21:21Mais je me suis affirmée.
00:21:24La société française
00:21:25a encouragé
00:21:26le modèle familial traditionnel.
00:21:29Un père,
00:21:29une mère,
00:21:30des enfants
00:21:30et le sourire de façade.
00:21:32Les allocations familiales
00:21:34encouragent la natalité,
00:21:36valorisant la naissance
00:21:37d'un troisième enfant.
00:21:38Les enquêtes sociologiques
00:21:39démontrent que
00:21:40plus les femmes
00:21:41sont engagées
00:21:41dans une vie maritale
00:21:42et familiale,
00:21:43plus la probabilité
00:21:44de divorcer
00:21:45est faible.
00:21:47Pour les enfants,
00:21:48ce qu'on avait décidé,
00:21:49mais ça,
00:21:49on l'avait décidé
00:21:50avant de les avoir,
00:21:54déjà en se mariant,
00:21:56parce que c'était pareil,
00:21:57c'était dans une sorte
00:21:58de tradition
00:21:59de culture familiale,
00:22:01qu'on aura des enfants,
00:22:02tu ne travailleras plus.
00:22:04Voilà.
00:22:05Et sur le coup,
00:22:07c'est vrai que ça,
00:22:09dans ma tête,
00:22:10voilà,
00:22:10c'était comme ça.
00:22:12Et puis,
00:22:13après,
00:22:13le bébé est là,
00:22:14un bébé,
00:22:14c'est du travail.
00:22:16Bon,
00:22:17je me suis occupée
00:22:17de ma fille.
00:22:19Après,
00:22:19je me suis retournée
00:22:19en scène de Franck
00:22:21très tôt,
00:22:21parce qu'ils ont juste
00:22:22deux ans de différence.
00:22:23Donc après,
00:22:24avec deux enfants,
00:22:25ben voilà.
00:22:26La maison,
00:22:26c'était moi à 100%,
00:22:27le budget,
00:22:28c'était à moi 100%.
00:22:29Il m'a laissé
00:22:30tous les rênes.
00:22:32Voilà.
00:22:32j'étais vraiment
00:22:34la femme au foyer,
00:22:37mais je gérais,
00:22:38c'est bête ce que je vais dire,
00:22:40c'est maintenant
00:22:40que je me rends compte,
00:22:42comme ma mère.
00:22:43Je gérais tout.
00:22:44Comme j'ai toujours dit
00:22:52avec Gérard,
00:22:53je n'étais pas heureuse,
00:22:54mais je n'étais pas malheureuse.
00:22:57Un an après le vote
00:22:58de la loi sur le consentement mutuel,
00:23:00les caméras des journalistes
00:23:01se posent chez les ex-conjoints
00:23:03pour comprendre
00:23:04ce qui, peu à peu,
00:23:05devient un phénomène de société.
00:23:07Les hommes évoquent
00:23:08plus librement
00:23:09leur désarroi.
00:23:10Vous êtes divorcée
00:23:11depuis combien de temps ?
00:23:14Eh bien, ça fait six ans.
00:23:15La séparation,
00:23:16cinq ans de divorce.
00:23:18On en parle un petit peu avant,
00:23:19on n'y croit pas.
00:23:20Le premier jour,
00:23:21vous êtes un peu assommé.
00:23:25Il faut le temps de réaliser.
00:23:29C'est après que c'est plus dur.
00:23:31Alors je survis.
00:23:33C'était pas si mal.
00:23:38Est-ce que vous avez
00:23:38un sentiment d'échec
00:23:40par rapport à
00:23:41une certaine idée
00:23:42que vous faisiez ?
00:23:43Ah oui, certainement.
00:23:45C'est même
00:23:45l'échec le plus important,
00:23:48à mon avis,
00:23:48qu'on puisse
00:23:49subir.
00:23:54Oui.
00:23:57Et vous savez,
00:23:58ces choses-là,
00:23:58il faut être deux.
00:24:02C'est un échec.
00:24:04Pour moi,
00:24:04c'était un échec.
00:24:05Je m'étais mariée,
00:24:06c'était pour
00:24:06avoir des enfants,
00:24:08avoir une vie famille
00:24:09et que ça se passe bien
00:24:10comme je le voyais
00:24:11autour de moi
00:24:11dans beaucoup de couples.
00:24:13Donc ça a été
00:24:13effectivement très douloureux.
00:24:17Je me suis mariée
00:24:18parce que finalement,
00:24:19les copines
00:24:20étaient toutes mariées.
00:24:21j'avais quand même 24 ans.
00:24:24Je me disais
00:24:25que c'était peut-être
00:24:25temps que je le fasse
00:24:27pour avoir des enfants,
00:24:28une famille.
00:24:29Je rêvais du prince charmant.
00:24:31Quand j'étais petite,
00:24:32je lisais beaucoup
00:24:33des romans
00:24:34qu'on lisait à l'époque
00:24:35sur les princes charmants,
00:24:36les belles histoires
00:24:37où ça finit
00:24:38par avoir un se mari
00:24:39et on a beaucoup d'enfants.
00:24:41Mon ex-mari
00:24:42était plus ou moins volage,
00:24:44même volage,
00:24:45on va dire.
00:24:45J'avais toujours
00:24:46l'espoir
00:24:46que ça puisse changer.
00:24:49Et en fait,
00:24:50rien n'a changé.
00:24:53Jusqu'au jour
00:24:54où je me suis aperçue
00:24:55que ma fille
00:24:56subissait du harcèlement sexuel,
00:24:59qu'elle m'en a parlé.
00:25:02Moi, je ne me rendais pas compte
00:25:03de ce qui se passait.
00:25:05Au début,
00:25:05elle n'était pas bien,
00:25:06elle se plaignait,
00:25:07mal au ventre,
00:25:09angoissée.
00:25:10C'est un médecin
00:25:10qui m'a alertée,
00:25:11qui m'a dit
00:25:12« Mais vous savez,
00:25:13moi je pense
00:25:13qu'il y a quelque chose. »
00:25:15Je tombais vraiment des nues,
00:25:17bien qu'il y avait
00:25:17quand même des choses
00:25:18que j'avais remarquées,
00:25:20mais après coup,
00:25:21ça m'est revenu
00:25:22où il était
00:25:23beaucoup plus proche d'elle.
00:25:24Et d'ailleurs,
00:25:25au début,
00:25:25je disais
00:25:25« Tiens, c'est bien,
00:25:26il sera proche d'elle,
00:25:28il a l'air d'être... »
00:25:30D'avoir un comportement
00:25:31un peu plus
00:25:32comme un père
00:25:33avec sa fille.
00:25:34Il prenait la main,
00:25:35un peu comme
00:25:37s'il était amoureux d'elle,
00:25:38sauf que moi,
00:25:38je ne me rendais pas compte
00:25:39que c'était à ce point-là
00:25:40que ça allait débaucher
00:25:42sur un harcèlement sexuel.
00:25:44Je me sentais responsable
00:25:46de ça,
00:25:47quelque part,
00:25:47même coupable,
00:25:48de ne m'être pas aperçue
00:25:50qu'elle subissait
00:25:52ce harcèlement
00:25:53et qu'elle était malheureuse.
00:25:57La honte,
00:25:58c'est le terreau fabuleux
00:25:59du silence.
00:26:00Ça précède toujours
00:26:01le silence, la honte.
00:26:02La honte du viol,
00:26:04la honte de la violence conjugale,
00:26:05c'est quand même
00:26:05les seules infractions,
00:26:06le viol et la violence conjugale,
00:26:09où la victime
00:26:09se sent coupable quand même.
00:26:11Dans la sphère familiale,
00:26:13civile,
00:26:14c'était la grande muette,
00:26:17la grande invisible.
00:26:18Ça n'existait pas.
00:26:19Je n'ai pas rencontré,
00:26:21effectivement,
00:26:21que je divorçais
00:26:23par rapport à ce qui s'était passé
00:26:25avec ma fille
00:26:26et qu'elle avait été harcelée
00:26:27sexuellement.
00:26:28Non, je ne l'ai pas pu
00:26:29parce que c'était douloureux
00:26:30pour moi à l'époque.
00:26:31C'était douloureux
00:26:32d'en parler.
00:26:35Je savais qu'on pouvait divorcer
00:26:36par consentement mutuel.
00:26:39Et par contre,
00:26:40par mesure d'économie,
00:26:41après, je regrettais,
00:26:42on avait pris le même avocat.
00:26:44Je n'avais pas forcément envie
00:26:45de parler devant mon ex-mari,
00:26:47de mettre mal à l'aise
00:26:48devant l'avocate.
00:26:49J'ai demandé
00:26:50de l'autorité parentale.
00:26:51Demandais surtout
00:26:52que ma fille ne voit plus son père
00:26:54parce qu'il y avait effectivement
00:26:56pour moi un danger pour elle.
00:26:59Et je me trouvais face à un juge
00:27:01qui n'était pas forcément
00:27:04très avenant.
00:27:05J'ai vu qu'il avait très rapidement
00:27:08compris que je tenais vraiment
00:27:10à ce que ma fille
00:27:11ne voit plus son père.
00:27:12J'étais tellement contente
00:27:13qu'on lui a enlevé
00:27:14l'autorité parentale
00:27:15et qu'il n'allait pas
00:27:16continuer à ne pas la voir.
00:27:18On lui avait accordé
00:27:19quand même le droit de visite
00:27:20pour les deux enfants.
00:27:22Mais vu qu'il n'a jamais
00:27:24demandé à la voir
00:27:26et qu'il n'a jamais exigé
00:27:28qu'elle parte en vacances
00:27:29avec lui,
00:27:31après, j'ai accepté
00:27:32ce qui se passait
00:27:33et le jugement tel qu'il était.
00:27:35Je me suis dit
00:27:36que ce n'est pas la peine
00:27:36de revenir là.
00:27:38J'ai gagné
00:27:39ce que je voulais gagner.
00:27:41Dans les années 90,
00:27:43un mariage sur trois
00:27:44se terminait par un divorce.
00:27:46En consentement mutuel,
00:27:47les époux pouvaient alors
00:27:48partager le même avocat.
00:27:50Et le juge homologuait
00:27:51la convention de divorce
00:27:52après deux audiences,
00:27:54souvent menées
00:27:54en un temps record
00:27:55puisque les époux
00:27:56étaient d'accord
00:27:57sur leur séparation
00:27:58et ses conséquences,
00:27:59quitte à mettre
00:28:00les problèmes sous le tapis
00:28:01pour se séparer plus vite.
00:28:03Dans ce tribunal de province,
00:28:05les audiences s'enchaînent.
00:28:06déjà comparus
00:28:07au mois de juin.
00:28:09À cette époque,
00:28:10le juge aux affaires matrimoniales
00:28:11avait homologué
00:28:12une convention temporaire
00:28:13dans le cadre
00:28:13d'un divorce
00:28:14par consentement mutuel.
00:28:17Est-ce que depuis cette date,
00:28:18il y a eu
00:28:18des difficultés particulières ?
00:28:22Non.
00:28:23Il y a une angoisse aujourd'hui.
00:28:25C'est le fait de se dire
00:28:27qu'on a un stock
00:28:29ou un flux qui arrive
00:28:30et on arrive
00:28:31et on ne peut plus le traiter.
00:28:32Les juges ayant
00:28:33tellement de dossiers
00:28:34à traiter,
00:28:34ils et elles ne peuvent pas
00:28:35rentrer dans le détail
00:28:36de chaque dossier,
00:28:37creuser les intimités familiales.
00:28:39À la fois,
00:28:39ça paraît très intrusif
00:28:40de la vie privée,
00:28:42mais par ailleurs,
00:28:43c'est complètement impossible
00:28:45à gérer pour eux
00:28:46et pour elles
00:28:46quand on a 15 dossiers
00:28:48par matinée.
00:28:49Devant la massification
00:28:50du divorce,
00:28:51la justice manque de moyens.
00:28:54Donc il va y avoir
00:28:55ce qu'on peut appeler
00:28:55une prime à l'accord.
00:28:56Par exemple,
00:28:58on va passer en début de matinée,
00:28:59en début de rôle,
00:29:00les procédures de divorce
00:29:02par consentement mutuelle
00:29:03parce qu'on sait
00:29:03que ça va pouvoir aller vite.
00:29:04Cinq minutes d'audience
00:29:05en moyenne
00:29:06à la fin des années 2000.
00:29:08On va en fait
00:29:08faire moins attendre
00:29:10les personnes
00:29:11qui ont réussi
00:29:12à se mettre d'accord
00:29:12et entre guillemets
00:29:13celles qui n'ont pas réussi,
00:29:14celles qui sont encore
00:29:15en situation de désaccord.
00:29:17Elles vont attendre
00:29:17plus longtemps
00:29:18pour avoir leur audience
00:29:19dans une demi-journée donnée
00:29:20mais elles vont aussi
00:29:20attendre beaucoup plus de temps,
00:29:23plusieurs mois,
00:29:24voire plusieurs années
00:29:25quand on est dans
00:29:26des divorces contentieux.
00:29:27À partir de 1993,
00:29:29les législateurs
00:29:30n'ont cessé
00:29:31de simplifier
00:29:31la procédure
00:29:32de consentement mutuel
00:29:33au profit
00:29:34de la négociation
00:29:35entre conjoints
00:29:36sur les volets financiers
00:29:37et des gardes d'enfants.
00:29:38Depuis 50 ans,
00:29:40les discussions
00:29:40post-séparation
00:29:41parfois difficiles
00:29:42vont faire évoluer
00:29:43les lois.
00:29:45En 1975,
00:29:47presque 9 fois sur 10,
00:29:49c'est la mère
00:29:49qui obtient la garde
00:29:50des enfants,
00:29:51souvent parce qu'elle a
00:29:52au sein de la famille
00:29:53adapté son temps
00:29:54pour s'en occuper.
00:29:55Le père, lui,
00:29:56se contente
00:29:56d'endroits de visite
00:29:57et d'hébergement,
00:29:58souvent un week-end
00:29:59sur deux.
00:30:01Vous allez souhaiter
00:30:02garder vos enfants ?
00:30:06Souhaiter les garder,
00:30:07quelque part, oui.
00:30:09Dans la pratique,
00:30:10non.
00:30:11Je pense que j'étais
00:30:12assez armé pourtant
00:30:13dans le quotidien
00:30:14pour vivre avec eux,
00:30:15m'en occuper,
00:30:16ce que je faisais avant,
00:30:17d'ailleurs.
00:30:19Mais je pense
00:30:21que je n'aurais pas
00:30:22vraiment été capable,
00:30:23quelque part,
00:30:23d'ailleurs,
00:30:23parce que ça me gênait
00:30:24un peu dans mon quotidien
00:30:25et c'est une forme
00:30:27d'égoïsme, en fait.
00:30:28Parce que c'est sûr
00:30:29que ça chamboule tout,
00:30:30qu'on se retrouve seul
00:30:31avec trois enfants.
00:30:32On ne peut plus avoir
00:30:33la même liberté
00:30:34pour faire un certain
00:30:35nombre de choses.
00:30:36J'avais à l'époque
00:30:37beaucoup d'activités,
00:30:38bon, de toutes sortes,
00:30:39syndicales notamment,
00:30:41et que je n'aurais
00:30:42sûrement pas pu exercer.
00:30:45On commence à avoir
00:30:46une autre idée
00:30:46des divorcés
00:30:47quand on sait
00:30:48que tout à fait consciemment,
00:30:49ils prennent des risques.
00:30:51Alors, ils ne prennent pas
00:30:52les mêmes risques
00:30:52quand ils sont des hommes
00:30:53ou des femmes.
00:30:54Les femmes, on le sait,
00:30:56elles prennent principalement
00:30:58le risque d'avoir
00:30:59la garde des enfants
00:31:00l'immense majorité du temps,
00:31:02qui peut les empêcher
00:31:02d'avoir une vie affective,
00:31:05par exemple,
00:31:06de refaire une union, etc.
00:31:08Et puis surtout,
00:31:09elles vont connaître
00:31:09un appauvrissement
00:31:11très important.
00:31:12Et elles risquent aussi
00:31:12que le mari,
00:31:14le père des enfants,
00:31:15ne disparaisse,
00:31:17ne respecte pas
00:31:18ses devoirs, même minimaux.
00:31:20Alors que du côté des hommes,
00:31:22le risque,
00:31:23il est très différent.
00:31:24Le risque de ne plus
00:31:25avoir le lien aux enfants
00:31:26pour ceux
00:31:27qui souhaitaient le maintenir,
00:31:29il y en a beaucoup
00:31:29et de plus en plus
00:31:31qui considèrent
00:31:32qu'il y a une égalité
00:31:34croissante
00:31:34dans l'implication
00:31:35affective et matérielle
00:31:37des hommes et des femmes
00:31:39dans les liens aux enfants
00:31:40et pour lesquels
00:31:41ce serait insupportable
00:31:43que la séparation signifie
00:31:44qu'ils ne sont plus des pères.
00:31:46Vous voyez souvent
00:31:46vos enfants ?
00:31:47Ah oui, oui.
00:31:48Je les ai heureusement
00:31:49tous les samedis,
00:31:51tous les dimanches,
00:31:52toutes les vacances.
00:31:54Je les vois encore
00:31:55le mardi très régulièrement,
00:31:57le soir,
00:31:58et mon fils aîné
00:31:59vient déjeuner avec moi
00:32:01chaque fois qu'il en a envie
00:32:03ou la possibilité.
00:32:04Je me sens presque
00:32:06un peu coupable
00:32:07avec eux
00:32:07de ne pas avoir su
00:32:10leur conserver
00:32:11un foyer uni
00:32:16mais autrement
00:32:17je me sens parfaitement bien.
00:32:19Jusqu'en 1987,
00:32:21l'autorité parentale
00:32:22est donnée
00:32:22aux seuls parents
00:32:23qui a la garde principale
00:32:24des enfants.
00:32:25Des associations de pères
00:32:26se forment alors
00:32:27pour questionner
00:32:28une justice
00:32:29qu'ils considèrent
00:32:30favoriser les mères.
00:32:31Ils brandissent
00:32:31le concept de garde conjointe
00:32:33ou alternés.
00:32:34Les pères estiment
00:32:35que les juges
00:32:36devraient essayer
00:32:38prioritairement
00:32:39de réaliser
00:32:40une sorte de garde
00:32:42conjointe
00:32:43de façon que l'enfant
00:32:44puisse vivre
00:32:45pratiquement
00:32:46une égale durée de temps
00:32:48chez son père
00:32:49et chez sa mère
00:32:50parce que l'enfant
00:32:52ne doit pas entrer
00:32:53dans le conflit
00:32:54de ses parents.
00:32:55Il a besoin
00:32:56de ses deux parents
00:32:57et d'une cellule
00:32:58familiale maintenue.
00:33:00Le grand changement,
00:33:01c'est qu'on commence
00:33:02à se dire
00:33:03qu'il y a un droit
00:33:05des adultes
00:33:06de divorcer
00:33:07mais qu'on ne divorce
00:33:08pas de ses enfants
00:33:09et donc
00:33:10tout le monde
00:33:13a intérêt
00:33:13à ce qu'un divorce
00:33:14se passe bien
00:33:15de façon à ce que
00:33:16le couple parental
00:33:18puisse survivre,
00:33:19c'est la formule
00:33:20qu'on emploie,
00:33:22à la fin
00:33:22du couple conjugal.
00:33:24Aujourd'hui,
00:33:24on va dire
00:33:24qu'il y a un seul lien
00:33:26dans tous les liens
00:33:27qu'on peut avoir
00:33:28qui est idéalement
00:33:30indissoluble,
00:33:31c'est le lien
00:33:31dans nos imaginaires
00:33:33collectifs,
00:33:34c'est le lien
00:33:35aux enfants,
00:33:36celui qu'on pense
00:33:37qui devrait durer
00:33:38toute la vie
00:33:38quoi qu'il arrive.
00:33:40Dans la pratique
00:33:41et encore aujourd'hui,
00:33:42peu de pères
00:33:43demandent la garde
00:33:44des enfants.
00:33:45La monoparentalité
00:33:46maternelle
00:33:47s'impose donc
00:33:47naturellement
00:33:48dans les salles
00:33:49d'audience.
00:33:50Pourtant,
00:33:50la figure de la mère
00:33:51isolée est longtemps
00:33:52l'oubliée
00:33:52du débat public.
00:33:54Au fil des années,
00:33:54elle va émerger.
00:33:56Son quotidien
00:33:57exige une organisation
00:33:58sans faille,
00:33:59sa subsistance,
00:34:00le bon versement
00:34:01de la pension alimentaire.
00:34:04Il était une fois
00:34:04l'histoire de Claire.
00:34:08On partait en vacances
00:34:09fin août
00:34:10avec des amis
00:34:11en Corse.
00:34:13Et c'est vrai
00:34:16que l'été
00:34:17ne s'était pas bien passé.
00:34:19On se disputait pas mal.
00:34:21Donc on est tous partis.
00:34:22Donc eux,
00:34:23ils avaient trois enfants,
00:34:23moi aussi,
00:34:24trois enfants.
00:34:25Et tout de suite,
00:34:26j'ai senti
00:34:26qu'il se passait
00:34:27quelque chose.
00:34:28Il partant
00:34:29de la montagne
00:34:29téléphoner
00:34:30tous les soirs
00:34:30et il venait
00:34:32se coucher
00:34:32très très tard.
00:34:33Donc un jour,
00:34:34je me suis dit
00:34:34je vais aller voir
00:34:35ce qu'il fait.
00:34:36Et donc il était
00:34:36au téléphone
00:34:37avec une femme
00:34:38et il m'a dit
00:34:39dégage, dégage.
00:34:40Alors là,
00:34:41je me suis dit
00:34:41qu'est-ce qui se passe ?
00:34:43Jamais il m'a parlé
00:34:44comme ça.
00:34:45Et donc quand il est revenu,
00:34:46il m'a dit
00:34:46qu'il était tombé
00:34:47amoureux
00:34:47d'une autre personne.
00:34:49Donc là,
00:34:50j'ai complètement,
00:34:51je me suis mise
00:34:51à pleurer.
00:34:52Ça a été super dur,
00:34:54je n'ai plus dormi.
00:34:55Donc mes amis,
00:34:56ils étaient super mal
00:34:57parce qu'eux aussi,
00:34:58ils étaient en vacances
00:34:58avec nous.
00:35:00Donc un matin,
00:35:01je me suis levée,
00:35:01j'ai dit
00:35:02écoute,
00:35:02s'il faut que tu t'en ailles,
00:35:03va-t'en.
00:35:04Et il est parti.
00:35:06Donc je me suis retrouvée
00:35:07avec mes amis
00:35:08toute seule
00:35:09dans ma maison
00:35:09de vacances.
00:35:11Pierre,
00:35:11mon fils aîné,
00:35:12me dit
00:35:12mais papa,
00:35:13il sera là
00:35:14quand on va rentrer ?
00:35:15Je lui ai dit
00:35:15mais je ne sais pas.
00:35:16Et quand je suis rentrée,
00:35:17il avait déjà
00:35:18tout déménagé
00:35:19ses affaires dans la maison.
00:35:20Il est réapparu
00:35:21dix jours après,
00:35:22il est venu me voir,
00:35:24donc il était tout heureux.
00:35:26Je lui ai dit
00:35:27je vais demander le divorce.
00:35:28Donc on a été,
00:35:29au départ,
00:35:30on a pris un avocat
00:35:31en commun,
00:35:32ça s'est super mal passé.
00:35:33Il avait pensé
00:35:34prendre les enfants
00:35:35à mi-temps
00:35:35parce qu'il pensait
00:35:37qu'il n'allait pas
00:35:38me payer
00:35:38de pension alimentaire.
00:35:40Et donc elle a dit
00:35:41mais si,
00:35:41même s'il y a une compensation
00:35:43pour les enfants
00:35:44et tout ça,
00:35:44donc du coup,
00:35:44il ne voulait plus
00:35:45prendre les enfants.
00:35:46De toute façon,
00:35:46moi,
00:35:46je ne lui aurais pas laissé.
00:35:48Parce qu'en fait,
00:35:49sans les enfants,
00:35:49je n'aurais pas pu tenir.
00:35:51Et donc j'ai décidé
00:35:53de prendre un avocat
00:35:54qui m'a bien défendue.
00:35:56J'étais complètement
00:35:56anéantie encore.
00:35:58Donc je ne me suis pas
00:35:59battue.
00:36:01C'est vraiment mon avocat
00:36:02qui a décidé
00:36:03qu'il fallait demander ça.
00:36:05Moi,
00:36:05je n'étais pas,
00:36:06j'étais prête à,
00:36:08je ne me rendais pas compte
00:36:09du tout,
00:36:09je ne réalisais pas du tout
00:36:10de ce que ça allait être
00:36:11plus tard.
00:36:12Donc j'avais noté
00:36:13toutes les dépenses
00:36:14pour les enfants.
00:36:17Donc je lui avais donné,
00:36:18elle a dit
00:36:19on va demander ça
00:36:19en pension alimentaire.
00:36:20bon, c'était correct
00:36:21parce qu'il gagnait
00:36:23bien sa vie.
00:36:25Quand je suis arrivée
00:36:26au tribunal,
00:36:27il était furax
00:36:28parce qu'il ne voulait pas
00:36:29donner cette pension alimentaire-là.
00:36:31Donc elle l'a pris
00:36:31dans les couloirs
00:36:32et elle lui a dit
00:36:33si vous ne voulez pas
00:36:34donner ça,
00:36:35je demande plus.
00:36:37Donc quand je me suis retrouvée
00:36:38avec la pension alimentaire
00:36:39qui était confortable,
00:36:40moi,
00:36:41je n'avais plus rien
00:36:42pour vivre.
00:36:42Donc ça a été
00:36:43quelques années difficiles.
00:36:44se séparer,
00:36:46c'est aussi se séparer
00:36:47d'un point de vue financier.
00:36:49C'est aussi séparer ses comptes.
00:36:51Dans l'année qui suit un divorce,
00:36:53le niveau de vie moyen des femmes
00:36:54diminue de 20%
00:36:57quand celui des hommes
00:36:59diminue de 2% à peu près.
00:37:01Et puis quand on prend
00:37:02un petit peu de recul,
00:37:03quand on regarde ce qui se passe
00:37:04un an, deux ans, trois ans,
00:37:05quatre ans après le divorce,
00:37:07on s'aperçoit que les hommes,
00:37:09en moyenne là encore,
00:37:10retrouvent assez vite
00:37:11le niveau de vie
00:37:12qu'ils avaient avant le divorce,
00:37:14alors que les femmes
00:37:14mettent beaucoup plus de temps
00:37:16pour le retrouver.
00:37:18Après, j'ai retravaillé
00:37:19à mi-temps.
00:37:20Alors là,
00:37:20c'était une galère
00:37:21parce que j'étais nommée
00:37:23à l'autre bout de Reims
00:37:25pour faire garder les enfants
00:37:26avant qu'ils aillent à l'école
00:37:28et tout ça.
00:37:28Enfin, c'était affreux.
00:37:29Donc j'ai eu des filles
00:37:31qui venaient,
00:37:31qui ne venaient pas.
00:37:33Donc le matin,
00:37:33à 7h30,
00:37:34elles appellent en disant
00:37:35« Non, on ne peut pas venir. »
00:37:36Bon, alors j'emmenais mes enfants.
00:37:37Je me souviens
00:37:38parce que quand j'arrivais à l'école,
00:37:39j'avais déjà fumé 3 cigarettes
00:37:40dans ma voiture.
00:37:43Tout était chronométré
00:37:44avec un stress permanent.
00:37:47Dans ma tête,
00:37:47ça ne m'arrêtait pas
00:37:48de réfléchir
00:37:49à tout ce que j'avais à faire.
00:37:50J'anticipais,
00:37:51j'anticipais, j'anticipais.
00:37:53Et donc,
00:37:53je suis allée voir le médecin
00:37:54qui m'a dit
00:37:55« Faites une dépression.
00:37:57Il faut aller voir un psychiatre. »
00:37:59Je pense que c'était
00:37:598 ans après mon divorce.
00:38:02Là, c'est le corps
00:38:02qui n'en pouvait plus.
00:38:05Qu'est-ce que je vais devenir ?
00:38:07Est-ce que je vais arriver
00:38:08à vivre avec mes enfants ?
00:38:11Est-ce que je vais y arriver ?
00:38:12Et si les pères
00:38:22devenaient des mères
00:38:23comme les autres ?
00:38:24Et si les mères
00:38:25prenaient du temps
00:38:25pour leur carrière
00:38:26ou pour elles ?
00:38:27L'aspiration
00:38:28à plus d'égalité
00:38:29entre les sexes
00:38:30a responsabilisé
00:38:31certains pères,
00:38:32désormais plus impliqués
00:38:33au sein de leur foyer.
00:38:34En fin de journée,
00:38:36on est complètement vidés.
00:38:37Je trouve qu'on a l'impression
00:38:38d'être totalement absorbés.
00:38:40On est très isolés,
00:38:41en fait,
00:38:42en étant à la maison
00:38:43qui on rencontre,
00:38:45la boulangère,
00:38:46les gens à la sortie
00:38:48de l'école.
00:38:54Oui, ma puce.
00:38:55En 2002,
00:38:56les députés votent
00:38:57la légalisation
00:38:58de la résidence alternée
00:38:59et tentent de rebattre
00:39:00à nouveau
00:39:01les cartes du couple
00:39:02après la séparation.
00:39:10Pourtant,
00:39:10la garde alternée
00:39:11ne s'est pas imposée
00:39:12dans les procédures.
00:39:14Son recours augmente
00:39:14peu à peu
00:39:15pour ne représenter
00:39:16en 2020
00:39:17que 12%
00:39:18des modes de garde
00:39:19choisis,
00:39:20mais jusqu'à 20%
00:39:21lorsque le couple
00:39:21divorce par consentement mutuel.
00:39:26Je me souviens
00:39:26qu'à la sortie
00:39:27de l'audience,
00:39:28on est repartis ensemble
00:39:30avec mon ex-mari,
00:39:31du coup,
00:39:32et je l'ai remercié
00:39:33que ça se passe bien
00:39:34parce que
00:39:34c'est jamais
00:39:35très drôle
00:39:36de se séparer
00:39:37et finalement,
00:39:38je pense que
00:39:39et le divorce
00:39:39par consentement mutuel
00:39:41et lui
00:39:41ont simplifié
00:39:45les choses
00:39:45et ont fait
00:39:45que ça a pu être
00:39:46quelque chose
00:39:47de pas trop douloureux.
00:39:49On commençait
00:39:51à entendre parler
00:39:52que la garde alternée
00:39:53c'était pas mal
00:39:53pour les enfants.
00:39:55Il commençait
00:39:55à y avoir
00:39:56des positionnements
00:39:56aussi
00:39:57de psychologues
00:39:59qui trouvaient
00:40:00que c'était
00:40:00une bonne façon
00:40:01de faire.
00:40:02Et moi,
00:40:03après,
00:40:03j'ai trouvé
00:40:04que dans ma vie
00:40:05de femme,
00:40:06c'était quand même
00:40:07une sacrée respiration
00:40:08de pouvoir,
00:40:09pendant une semaine,
00:40:11ne pas avoir
00:40:13la charge mentale
00:40:14des repas,
00:40:16de l'organisation,
00:40:17des conduites.
00:40:19Personnellement,
00:40:19c'était aussi
00:40:20un bon choix
00:40:21après coup.
00:40:22Après une séparation,
00:40:23la plupart des parents
00:40:24parviennent à s'entendre
00:40:25sur la résidence
00:40:26des enfants.
00:40:27Les sociologues relèvent
00:40:28que les disputes
00:40:29les plus fréquentes
00:40:29portent en réalité
00:40:30sur le montant
00:40:31et le versement
00:40:32de la pension alimentaire.
00:40:34Déjà,
00:40:34lors du vote de la loi
00:40:35en 1975,
00:40:37les députés constataient
00:40:38que 60% d'entre elles
00:40:39n'étaient pas honorées.
00:40:40Est-ce qu'il paie régulièrement
00:40:41la pension ?
00:40:42Depuis une année,
00:40:44oui,
00:40:45mais le montant
00:40:45qu'il a fixé lui-même.
00:40:49Le tiers de ce qu'il lui était,
00:40:52de ceux que le tribunal
00:40:53l'avait obligé à payer.
00:40:56Pourtant,
00:40:57la pension alimentaire
00:40:58vise à protéger
00:40:59les enfants
00:40:59de la précarité
00:41:00liée au divorce.
00:41:02J'étais à mon compte,
00:41:03déjà rien que le fait
00:41:04de racheter la maison
00:41:05pour une banque
00:41:06en tant qu'auto-entrepreneur,
00:41:07j'avais aucune chance
00:41:09d'être soutenue
00:41:10par ma banque
00:41:11et heureusement,
00:41:13du coup,
00:41:13que mes parents
00:41:13ont proposé
00:41:14cette copropriété,
00:41:18finalement,
00:41:18j'ai envie de dire,
00:41:19enfin,
00:41:19achat en commun.
00:41:21Sinon,
00:41:22ça aurait été impossible.
00:41:23Toutes les charges,
00:41:24elles étaient
00:41:25apportées que par moi.
00:41:30Même si la CAF
00:41:31a mis en place
00:41:32ce qu'on appelle
00:41:33la location
00:41:34de parents isolés.
00:41:35Donc, du coup,
00:41:36j'avais aussi
00:41:36un soutien financier
00:41:39de la CAF
00:41:39en plus de la pension alimentaire
00:41:41qui n'était quand même
00:41:42pas très, très élevée
00:41:43parce que comme on était
00:41:44en garde alternée,
00:41:45on estimait que
00:41:46les frais étaient
00:41:47partagés de moitié.
00:41:49Mais comme il y avait
00:41:49une différence de salaire
00:41:51entre le papa
00:41:53et la maman,
00:41:53du coup,
00:41:54j'avais 80 euros
00:41:55par enfant.
00:41:57Donc, forcément,
00:41:58avec 80 euros,
00:41:59160 euros par mois,
00:42:00je n'allais pas très loin.
00:42:02Donc, effectivement,
00:42:03dans ce cas-là,
00:42:03j'ai fait aussi
00:42:05une demande de RSA.
00:42:07Les pensions alimentaires
00:42:08dans notre pays,
00:42:09quand on compare
00:42:09aux pays européens comparables,
00:42:12elles sont en France
00:42:12relativement rares.
00:42:14Il y a un tiers
00:42:14des dossiers
00:42:15dans lesquels
00:42:15il n'y a pas du tout
00:42:16de pensions alimentaires.
00:42:18Et quand il y en a une,
00:42:19c'est un montant
00:42:19relativement bas.
00:42:20En gros,
00:42:21quand l'enfant
00:42:21vit la plupart du temps
00:42:23chez sa mère,
00:42:24c'est un montant moyen
00:42:25de 200 euros par mois.
00:42:27Et la troisième caractéristique,
00:42:30c'est que ces pensions,
00:42:31régulièrement,
00:42:32dans un tiers des cas à peu près,
00:42:34elles ne sont pas versées,
00:42:35soit elles sont versées
00:42:36seulement en partie,
00:42:37soit elles sont versées
00:42:38irrégulièrement,
00:42:39ce qui crée une incertitude
00:42:39très forte pour les enfants
00:42:41et les parents concernés
00:42:43et ce qui diminue
00:42:43finalement leur niveau de vie.
00:42:45Et à un moment,
00:42:47je ne sais plus pourquoi,
00:42:49lui,
00:42:49il était en difficulté
00:42:50ou comment c'est arrivé,
00:42:51mais il ne paye plus
00:42:52la pension.
00:42:54Donc,
00:42:54un mois,
00:42:55deux mois,
00:42:55trois mois,
00:42:56moi,
00:42:56je commence à devoir payer
00:42:58des agios
00:42:59parce que, du coup,
00:43:00je me retrouve aussi
00:43:01en difficulté
00:43:02et je ne sais pas
00:43:07trop trop quoi faire,
00:43:08mais je finis par
00:43:09aller porter plainte
00:43:10contre le père
00:43:12de mes enfants
00:43:13et j'ai trouvé
00:43:14que ça,
00:43:14c'était hyper désagréable.
00:43:16Lui,
00:43:16il a été convoqué,
00:43:19je pense qu'une convocation
00:43:20à la police,
00:43:21ça fait un peu peur
00:43:22et donc,
00:43:24bon,
00:43:24très vite,
00:43:25il a réagi
00:43:26et puis il m'a expliqué
00:43:27qu'après,
00:43:28il y avait une prime
00:43:29qui allait arriver
00:43:30pour son travail
00:43:31et puis ça s'est régularisé.
00:43:33Mais,
00:43:33bon,
00:43:34entre deux,
00:43:35c'est la CAF
00:43:36qui a compensé
00:43:37la pension alimentaire
00:43:39et c'est la CAF
00:43:40qui s'est fait rembourser
00:43:41auprès du papa
00:43:43pour régulariser
00:43:45les frais.
00:43:46Et ça,
00:43:47c'est grâce à la mise en place
00:43:48par la CAF
00:43:49d'une agence de recouvrement
00:43:50des pensions alimentaires.
00:43:52Elle a permis
00:43:52une véritable amélioration
00:43:54des situations
00:43:55car depuis 2021,
00:43:57l'organisme avance
00:43:58les sommes non payées
00:43:59puis les réclame
00:43:59aux débiteurs.
00:44:00Elle sort ainsi
00:44:01les ex-conjoints
00:44:02de la confrontation.
00:44:04La question du partage
00:44:05du patrimoine
00:44:06traverse le divorce.
00:44:07Des économies,
00:44:08une voiture,
00:44:09une maison,
00:44:09une entreprise.
00:44:10Quand on est marié
00:44:11sous le régime
00:44:11de la communauté,
00:44:13le patrimoine construit
00:44:14doit être également réparti.
00:44:17Le juge aux affaires familiales
00:44:18peut aussi valider
00:44:19le versement
00:44:20d'une prestation compensatoire.
00:44:22À la différence
00:44:22de la pension alimentaire,
00:44:24elle indemnise
00:44:24le conjoint
00:44:25qui s'est consacré
00:44:26à la vie du foyer.
00:44:28La prestation compensatoire,
00:44:29elle vient compenser,
00:44:31comme son nom l'indique,
00:44:33la perte de niveau de vie
00:44:35qu'occasionne
00:44:36ou que peut occasionner
00:44:37le divorce
00:44:38pour un,
00:44:39ou plus souvent,
00:44:40une épouse.
00:44:42Les divorces,
00:44:43ils rendent visibles
00:44:44des inégalités
00:44:45qui ne l'étaient pas
00:44:46pendant la vie commune,
00:44:48mais par ailleurs,
00:44:48ils accroient aussi
00:44:49ces inégalités.
00:44:51On n'avait rien.
00:44:53On a commencé avec rien,
00:44:54d'ailleurs.
00:44:55Je me souviens,
00:44:56à Paris,
00:44:56on vivait dans un 35 mètres carrés,
00:44:59un matelas au sol
00:44:59et un plateau,
00:45:01vous savez,
00:45:02les grands plateaux
00:45:03de thé marocains,
00:45:04voilà,
00:45:04que je vais apporter.
00:45:06Et c'était notre,
00:45:07voilà,
00:45:07mais on était très heureux.
00:45:09Je suis devenue
00:45:09assistante de direction,
00:45:10mais j'avais aussi
00:45:11un projet artistique
00:45:13et ça,
00:45:13c'était très important
00:45:14pour moi
00:45:14et très présent déjà.
00:45:16Donc,
00:45:16je lui avais dit,
00:45:17écoute,
00:45:17pour moi,
00:45:18le théâtre,
00:45:18par exemple,
00:45:19c'est important.
00:45:20Donc,
00:45:20OK,
00:45:22investissement,
00:45:24d'abord,
00:45:25t'y vas
00:45:25et ensuite,
00:45:27une fois que ce sera
00:45:27lancé pour toi,
00:45:29ta carrière,
00:45:30ce sera mon tour.
00:45:31Et c'était assez naturel
00:45:33parce que,
00:45:34voilà,
00:45:34j'allais avoir aussi
00:45:36des enfants,
00:45:37donc je savais
00:45:38que je ne pouvais pas
00:45:39tout mener de front.
00:45:41J'ai pensé divorce
00:45:42à chaque fois
00:45:43que j'ai écrit ma pièce
00:45:44parce que je réalisais
00:45:45qu'à chaque fois
00:45:46que je commençais
00:45:47à vouloir m'occuper
00:45:48de moi
00:45:49et de ce qui était
00:45:49important pour moi,
00:45:51ça a semé
00:45:52de la tension importante
00:45:54et malgré les sentiments
00:45:56que j'avais pour lui,
00:45:57je me disais,
00:45:58bon,
00:45:58ben,
00:46:00on arrête là.
00:46:01J'ai pensé
00:46:01que je ne serais pas capable
00:46:02de quitter,
00:46:05de le quitter
00:46:06ou de demander le divorce
00:46:08et de quitter
00:46:08une situation confortable.
00:46:11Une grande maison,
00:46:12belle,
00:46:14maison de mètre,
00:46:15300 mK
00:46:16et un mari
00:46:17qui gagne
00:46:18de l'argent
00:46:20et moi qui finalement
00:46:21n'ai rien développée
00:46:23de concret professionnellement
00:46:24finalement,
00:46:25juste des prémices
00:46:26de quelque chose.
00:46:27j'étais mariée
00:46:30depuis 34 ans
00:46:31et
00:46:33ouais,
00:46:34ce n'est pas facile
00:46:35non plus,
00:46:36ce n'est pas facile
00:46:37non plus,
00:46:38surtout qu'il y avait
00:46:38le,
00:46:40il y avait 34 ans
00:46:41de mariage,
00:46:42il y avait 34 ans
00:46:43de souvenirs,
00:46:4434 ans de famille
00:46:45aussi,
00:46:46il ne faut pas croire,
00:46:4634 ans d'amis
00:46:47et puis il y avait
00:46:50les enfants,
00:46:51malgré qu'ils étaient
00:46:52adultes,
00:46:53il y avait la maison,
00:46:56il y avait aussi
00:46:57le patrimoine
00:46:58qu'on avait construit
00:46:59ensemble.
00:46:59Moi,
00:47:04l'argent
00:47:04n'est pas mon roi.
00:47:06J'étais vers un avocat
00:47:07quand même avant
00:47:08et elle m'avait dit
00:47:09vu votre situation,
00:47:11vous aurez droit
00:47:12si vous la demandez
00:47:13à une indemnité
00:47:14compensatoire.
00:47:15Donc,
00:47:16elle a demandé
00:47:17100 000 euros.
00:47:20J'ai dit,
00:47:20il a fait des bons
00:47:20comme ça.
00:47:22Il a posé la question
00:47:23à l'avocat,
00:47:24est-ce que
00:47:25c'était obligatoire
00:47:26cette compensation ?
00:47:28Et elle,
00:47:28elle lui a répondu
00:47:29non.
00:47:30Non.
00:47:31Ce n'est pas obligatoire
00:47:32si vous la contestez.
00:47:33Si le juge
00:47:34que madame
00:47:35n'en a pas besoin
00:47:37ou n'en a pas le droit,
00:47:39elle ne l'aura pas.
00:47:39Mais mince,
00:47:41je crois que
00:47:42j'ai travaillé
00:47:43assez au sein
00:47:44de ma famille
00:47:45pour avoir quelque chose,
00:47:46même si c'était moi
00:47:47qui voulais en partir.
00:47:50Ça,
00:47:50ça m'a blessée.
00:47:52Gérard m'avait demandé
00:47:53s'il pouvait
00:47:56me la donner
00:47:57tous les mois,
00:47:58chose que la justice
00:47:59n'aime pas.
00:48:00Mais moi,
00:48:00je savais que je pouvais
00:48:01lui faire confiance.
00:48:02Donc,
00:48:03j'ai dit oui.
00:48:03Donc,
00:48:04il me l'a donné
00:48:04sur huit ans.
00:48:05Puis,
00:48:05il avait retrouvé,
00:48:07moi qui étais
00:48:07la femme de sa vie,
00:48:09il avait déjà retrouvé
00:48:10quelqu'un
00:48:10pour me remplacer.
00:48:11ça me fait rire tout ça.
00:48:16Les grandes déclarations
00:48:17d'amour.
00:48:22Une prestation compensatoire
00:48:23est versée
00:48:24dans un divorce
00:48:25sur cinq.
00:48:2520% des divorces,
00:48:27c'est vraiment devenu
00:48:27très minoritaire.
00:48:30Et puis,
00:48:30le montant moyen
00:48:31est de 20 000 euros,
00:48:32ce qui est là encore
00:48:33limité.
00:48:35En gros,
00:48:35pour beaucoup,
00:48:37la prestation compensatoire
00:48:38est justifiée
00:48:39quand la femme
00:48:41est restée au foyer
00:48:42pour s'occuper des enfants.
00:48:44Or,
00:48:44on sait que c'est une situation
00:48:45qui est de moins en moins
00:48:47fréquente.
00:48:48La situation la plus courante,
00:48:49c'est les carrières
00:48:50hachées féminines
00:48:51et les carrières
00:48:52des mères en particulier,
00:48:53qui s'arrêtent
00:48:54de travailler
00:48:54quelques années
00:48:55après la naissance
00:48:55des enfants,
00:48:56ce que permet
00:48:56le congé parental,
00:48:57puis qui vont reprendre
00:48:58leur activité professionnelle
00:48:59mais à temps partiel,
00:49:00alors que les hommes,
00:49:01eux,
00:49:02vont augmenter
00:49:03leur temps de travail
00:49:03après la naissance
00:49:04des enfants.
00:49:04Et ça,
00:49:05notre système de justice
00:49:06est bien en difficulté
00:49:09pour le compenser,
00:49:11pour organiser
00:49:11une redistribution
00:49:12entre les anciens conjoints.
00:49:14Et ce,
00:49:15d'autant plus
00:49:15que beaucoup de couples
00:49:16ne se marient plus,
00:49:18ne se marient pas.
00:49:19Or,
00:49:19la prestation compensatoire,
00:49:21elle est réservée
00:49:22aux couples mariés.
00:49:23Quand on n'est pas marié,
00:49:24en quelque sorte,
00:49:25on ne se doit rien.
00:49:27Les législateurs
00:49:27décident en 2017
00:49:29la déjudiciarisation
00:49:30du divorce
00:49:31par consentement mutuel.
00:49:33Désormais,
00:49:33les couples
00:49:34qui veulent divorcer
00:49:34à l'amiable
00:49:35devront se passer
00:49:36de juge.
00:49:37C'est un quart
00:49:38de l'activité
00:49:38des tribunaux
00:49:39de la famille
00:49:40qui est ainsi allégée.
00:49:41Les avocats
00:49:42de chacune des parties
00:49:43négocient et rédigent
00:49:44une convention de divorce
00:49:45qui est désormais
00:49:46enregistrée par un notaire.
00:49:48Je suis vent debout
00:49:49contre ce divorce
00:49:50parce que j'estime
00:49:52que l'ombre portée
00:49:53du juge,
00:49:53c'est quelque chose
00:49:54d'important.
00:49:55Que justement,
00:49:56cette possibilité
00:49:57pour le juge
00:49:57de dire ça,
00:49:58ça ne va pas du tout,
00:49:59ce n'est pas équilibré,
00:50:00c'était quelque chose
00:50:01que je trouvais
00:50:02absolument essentiel.
00:50:04Et j'étais
00:50:04très inquiète.
00:50:06Et puis,
00:50:07finalement,
00:50:09j'ai changé d'avis
00:50:11avec l'expérience
00:50:12et la pratique.
00:50:13D'abord,
00:50:14parce que finalement,
00:50:15le fait que chacun
00:50:16ait son avocat,
00:50:17c'est beaucoup plus
00:50:18une garantie
00:50:19que le fait
00:50:20qu'il y ait un juge.
00:50:21Pardon,
00:50:21je ne dis pas ça
00:50:22pour les juges,
00:50:22mais les juges,
00:50:23ils vont passer
00:50:23une heure maximum
00:50:25sur la convention de divorce,
00:50:26l'audience,
00:50:27etc.
00:50:27Donc,
00:50:28il y a des choses
00:50:28qui ne vont pas voir,
00:50:29ce qui ne se dit pas,
00:50:30les moteurs silencieux,
00:50:32des violences
00:50:32dont on ne parle pas.
00:50:34Quand il y a deux avocats,
00:50:35là,
00:50:35le job,
00:50:36il commence vraiment.
00:50:36Et là,
00:50:37on peut tout dire.
00:50:38Et donc,
00:50:38ce divorce-là,
00:50:40par consentement mutuel
00:50:40avec deux avocats,
00:50:42chacun son avocat,
00:50:43c'est un vrai,
00:50:45c'est beaucoup plus
00:50:45un consentement,
00:50:46je dirais,
00:50:47qu'avant.
00:50:49Mais deux avocats
00:50:50ne suffisent pas toujours
00:50:51pour démêler
00:50:52des situations familiales complexes.
00:50:54La déjudicialisation
00:50:55a ses limites.
00:50:56C'est mon ex-mari
00:50:58qui me conseille
00:50:59le consentement mutuel.
00:51:01Je prends une avocate,
00:51:03elle me montre
00:51:05un certain nombre de droits
00:51:06auxquels je peux prétendre,
00:51:08notamment parce qu'il a développé
00:51:09sa carrière professionnelle
00:51:11et pas moi.
00:51:12Donc,
00:51:12sur la base
00:51:13de nos avis d'impôts
00:51:15et de ses revenus,
00:51:16elle estime
00:51:17une pension alimentaire
00:51:19à mon temps.
00:51:20Qu'il va négocier
00:51:21ensuite avec moi,
00:51:22en la baissant,
00:51:23en me disant
00:51:24« Mais je ne peux pas plus,
00:51:25etc.
00:51:25comment tu peux
00:51:26associer cela, etc. »
00:51:28Et je cède.
00:51:30Mon avocate
00:51:30donne une estimation,
00:51:31une fourchette
00:51:32de la prestation
00:51:33qu'on pense à quoi ?
00:51:34Sans avoir
00:51:35les bilans de la société
00:51:36entre 80 000
00:51:37et 150 000 euros.
00:51:39Et il m'accuse
00:51:40de vouloir lui voler
00:51:40de l'argent.
00:51:41Je lui dis
00:51:41« Mais moi,
00:51:41je veux juste ma liberté.
00:51:43Je recule. »
00:51:45Et pourtant,
00:51:45mon avocate,
00:51:46vous êtes,
00:51:47elle le met
00:51:48en noir,
00:51:48en gras.
00:51:50Vous allez être
00:51:51dans une situation
00:51:52de précarité.
00:51:53Vos droits
00:51:53ne sont pas respectés.
00:51:54Elle estimait
00:51:55que j'allais être lésée
00:51:56et que l'emprise,
00:51:58aujourd'hui,
00:51:59j'ai envie de dire
00:51:59l'emprise,
00:51:59mais à l'époque,
00:52:00je n'en étais pas consciente,
00:52:01mais l'emprise
00:52:02qu'avait mon ex-mari
00:52:04sur moi
00:52:04était en train
00:52:06de défavoriser
00:52:07complètement
00:52:07mes droits.
00:52:10Et donc,
00:52:10il fallait
00:52:11l'intervention
00:52:11d'un tiers,
00:52:12donc le juge.
00:52:13on passe devant
00:52:17le notaire,
00:52:18on signe
00:52:18la liquidation,
00:52:19j'accepte finalement
00:52:20toutes les conditions
00:52:21de cet ex-époux.
00:52:24Quelle est la valeur
00:52:25dans un couple
00:52:27d'une femme
00:52:29ou d'un homme
00:52:29qui va s'investir
00:52:30pour l'harmonie,
00:52:33la vie de famille,
00:52:34pour le temps passé
00:52:35dans la maison
00:52:37ou dans les conduites
00:52:38ou dans tout
00:52:40ce qui concerne
00:52:40une vie de famille
00:52:41qui n'est pas
00:52:42que vie professionnelle.
00:52:44Tout ça,
00:52:44ça a de la valeur.
00:52:45Aujourd'hui,
00:52:45j'ai l'impression
00:52:46qu'il m'a volé
00:52:47un certain nombre
00:52:47de mes années.
00:52:50Peut-on divorcer
00:52:51sans se déchirer ?
00:52:53La procédure
00:52:53de consentement mutuel
00:52:54a réussi en partie
00:52:56à dédramatiser
00:52:57le divorce
00:52:57sans empêcher
00:52:58les inégalités
00:52:59de perdurer.
00:53:01Le couple
00:53:01est devenu incertain
00:53:02et aujourd'hui,
00:53:03la famille multiplie
00:53:04ses modèles
00:53:04grâce aux hommes
00:53:05et aux femmes
00:53:06qui la réinventent
00:53:07génération après génération.
00:53:09Toujours plus égalitaire
00:53:10et plus libre,
00:53:11elle n'en est
00:53:12que d'autant plus précieuse.
00:53:15Mariage,
00:53:15piège à conscandelle
00:53:16et féministe
00:53:17en mai 68
00:53:18et sept ans plus tard,
00:53:20sous la présidence
00:53:20de Valéry Giscard d'Estaing,
00:53:22une loi créait donc
00:53:23le divorce
00:53:24par consentement mutuel,
00:53:25une révolution
00:53:26à bas bruit
00:53:27qui allait dédramatiser
00:53:28le divorce
00:53:29et par là même
00:53:30profondément modifiée
00:53:31en France,
00:53:32l'idée de la famille
00:53:33comme vient
00:53:34de nous le démontrer
00:53:35à l'instant
00:53:35ce documentaire
00:53:37réalisé par Béatrice De Haag.
00:53:38Et 50 ans plus tard,
00:53:40à quoi ressemblent
00:53:41les nouveaux modes
00:53:42de fonctionnement
00:53:42des couples ?
00:53:43Eh bien,
00:53:43nous allons nous poser
00:53:44la question
00:53:45avec nos invités présents
00:53:46maintenant sur ce plateau
00:53:47de débats d'oc.
00:53:49Michel Daillant
00:53:50est tout d'abord avec nous.
00:53:51Bienvenue à vous.
00:53:52Michel Daillant,
00:53:52vous êtes avocate spécialiste
00:53:54du droit de la famille.
00:53:55Nous vous avons vu,
00:53:56entendu,
00:53:57dans le film
00:53:58que nous venons de voir.
00:53:59Vous avez passé 30 ans
00:54:00à accompagner des couples
00:54:01qui se séparent
00:54:02et vous êtes l'auteur
00:54:03de « Nous, nous sommes tant aimés ».
00:54:05Ça me rappelle
00:54:06le nom d'un film, ça.
00:54:07Un film d'Eterescolat,
00:54:09oui.
00:54:09Qui date d'avant
00:54:11la loi de 75,
00:54:12je crois.
00:54:12« Nous, nous sommes tant aimés ».
00:54:15« Les Français et le divorce,
00:54:16une histoire d'amour ».
00:54:18C'est le titre de cet ouvrage.
00:54:19Il est publié
00:54:19aux éditions
00:54:20de l'Observatoire.
00:54:21C'est un ouvrage
00:54:21où vous nous racontez
00:54:23la famille française
00:54:23vue à travers
00:54:24les séparations
00:54:26et aussi l'évolution
00:54:27des mœurs en France.
00:54:29Philippe Brenaud
00:54:30est également avec nous.
00:54:31Bienvenue à vous.
00:54:32Avec plaisir, merci.
00:54:33Vous êtes psychiatre,
00:54:34thérapeute de couple
00:54:36et sexologue
00:54:37et vous êtes l'auteur
00:54:38de « Pourquoi c'est si compliqué
00:54:39l'amour ? »
00:54:40J'espère qu'on aura la réponse
00:54:41avec vous sur ce plateau.
00:54:42C'est un ouvrage
00:54:43qui est publié aux éditions
00:54:44Les Arènes.
00:54:44Merci à vous
00:54:45d'avoir accepté
00:54:46notre invitation.
00:54:47Et puis enfin avec nous,
00:54:47Cécilia Comeau.
00:54:48Bienvenue à vous.
00:54:49Vous êtes psychanalyste,
00:54:51thérapeute de couple
00:54:52et sexologue
00:54:52et vous êtes l'auteur
00:54:54de « J'ai envie,
00:54:55moi non plus,
00:54:55la délicate question
00:54:57de la libido dans le couple.
00:54:58Un ouvrage disponible
00:55:00chez Alba Michel. »
00:55:01Nous venons de voir ce film,
00:55:02c'est l'histoire du divorce.
00:55:03Nous commémorons
00:55:04d'une certaine manière
00:55:05le cinquantenaire
00:55:06de cette loi
00:55:07qui a créé le divorce
00:55:09par consentement mutuel.
00:55:11Il y a plusieurs chiffres
00:55:11principaux qui ressortent,
00:55:13notamment celui-ci.
00:55:1445% des mariages
00:55:16se finissent aujourd'hui
00:55:17en divorce.
00:55:19Alors on a découvert
00:55:19dans ce film
00:55:20qu'avant le vote
00:55:22de cette loi
00:55:22il y a 50 ans,
00:55:23c'était environ
00:55:24un couple sur dix
00:55:26qui divorçaient.
00:55:2650 ans plus tard,
00:55:29c'est presque
00:55:30un couple sur deux
00:55:31qui divorcent.
00:55:32Autrement dit,
00:55:33est-ce qu'on n'a pas assisté
00:55:34tout bêtement
00:55:34à la banalisation
00:55:35du divorce ?
00:55:36C'est ce que disaient
00:55:37d'ailleurs à l'époque
00:55:38les conservateurs,
00:55:39les plus conservateurs
00:55:40dans l'hémicycle
00:55:40de l'Assemblée nationale
00:55:41au moment du vote
00:55:42de cette loi.
00:55:43J'ai eu la curiosité
00:55:44de relire
00:55:44quelques moments
00:55:47de ce qu'avait été
00:55:48ce débat à l'époque
00:55:48et effectivement
00:55:49les conservateurs,
00:55:50les plus conservateurs
00:55:51disaient
00:55:51« Attention, attention,
00:55:52ça va être
00:55:53la banalisation
00:55:53du divorce,
00:55:55cette loi. »
00:55:56Est-ce que ce n'est pas
00:55:56le cas au vu des chiffres
00:55:57tout de même ?
00:55:59Alors, c'est une vraie question
00:56:00et puis c'est un serpent
00:56:02de mer
00:56:02parce que les conservateurs,
00:56:04toujours,
00:56:04quand une loi libère,
00:56:06les femmes en général,
00:56:08parce que finalement,
00:56:09c'est les femmes
00:56:09que ça libère
00:56:10la possibilité
00:56:11de divorcer
00:56:12plus facilement
00:56:13et ça,
00:56:14on le voit
00:56:14parce que 80%
00:56:16des divorces
00:56:16sont demandés aujourd'hui
00:56:17par les femmes,
00:56:18je pense qu'on y en a.
00:56:19Et on va y revenir.
00:56:20Donc, les conservateurs,
00:56:21quand on libère les femmes
00:56:22soit pour le divorce,
00:56:23que ce soit
00:56:23pour la liberté
00:56:25d'avorter,
00:56:26disent que ça va banaliser.
00:56:28Donc, en réalité,
00:56:29ça met en danger
00:56:30ces conservateurs-là
00:56:31plus que ça ne banalise.
00:56:32Moi, je ne crois pas du tout.
00:56:34Vous préférez le terme
00:56:34dédramatiser ?
00:56:36Ça dédramatise
00:56:37mais surtout,
00:56:37ça facilite.
00:56:39Faciliter
00:56:39ne banalise pas forcément.
00:56:41C'est un facilitateur
00:56:43d'assumer
00:56:45et de mettre en action
00:56:46son choix,
00:56:47son désir,
00:56:48que ce soit d'avoir un enfant
00:56:49ou de ne pas en avoir
00:56:49ou que ce soit en l'occurrence
00:56:50de divorcer
00:56:52et de ne pas rester
00:56:52dans un couple
00:56:53de façon malheureuse,
00:56:56parfois violente
00:56:57et absolument insatisfaisante
00:56:59sachant que
00:57:00avant 75
00:57:02et on le voit un peu
00:57:03dans ce documentaire,
00:57:04avant 75,
00:57:05quand on veut divorcer,
00:57:07on divorce.
00:57:07Les femmes,
00:57:07quand elles voulaient avorter,
00:57:08pardon de ce parallèle
00:57:09mais il me semble,
00:57:10c'est concomitant,
00:57:1175, 74,
00:57:12quand les femmes voulaient avorter,
00:57:14elles avortaient,
00:57:15péril de leur vie souvent.
00:57:16Quand on voulait divorcer,
00:57:18on divorçait,
00:57:19avec une comédie judiciaire,
00:57:20des faux témoignages,
00:57:22des espèces
00:57:23d'histoires inventées
00:57:26qu'on donnait au juge,
00:57:27tout le monde
00:57:27était complice
00:57:28de cette comédie,
00:57:29tout le monde.
00:57:30Donc aujourd'hui,
00:57:31ce n'est pas qu'on a banalisé,
00:57:32c'est qu'on est plus
00:57:32dans une vérité
00:57:34et dans une liberté.
00:57:36Et moi,
00:57:36je ne pense pas
00:57:37et je n'observe pas
00:57:38que le fait
00:57:39que le divorce
00:57:40soit rendu plus facile
00:57:42donne des idées
00:57:44aux gens
00:57:46de divorcer.
00:57:47C'est juste
00:57:47que ça leur donne
00:57:48les moyens
00:57:49de réaliser
00:57:50leurs désirs.
00:57:51Je vais vous donner
00:57:52la parole
00:57:52dans un instant,
00:57:53mais restons encore
00:57:54un tout petit moment
00:57:55avec vous
00:57:55sur le terrain législatif.
00:57:57Est-ce que
00:57:58la réforme du divorce
00:57:59pour faute
00:58:00intervenue en 2005,
00:58:01d'une part,
00:58:02et d'autre part,
00:58:02la déjudiciarisation
00:58:04du divorce,
00:58:05intervenue cette fois
00:58:06en 2017,
00:58:07ont eux aussi
00:58:08contribué à accélérer
00:58:09le nombre de divorces
00:58:09en France ?
00:58:10Je ne pense pas
00:58:11encore une fois
00:58:11que ça a accéléré
00:58:12parce que depuis 1975,
00:58:14il y a eu vraiment
00:58:15un bond après 1975
00:58:16que ça a facilité.
00:58:19En revanche,
00:58:192005,
00:58:20ce n'est pas 2015,
00:58:21c'est 2005,
00:58:22le divorce pour faute
00:58:24existe toujours.
00:58:25En 2005,
00:58:26il n'est pas supprimé,
00:58:27on peut toujours
00:58:28divorcer pour faute.
00:58:29En revanche,
00:58:30le divorce pour faute
00:58:31est déconnecté aujourd'hui
00:58:32de ses conséquences
00:58:33notamment financières
00:58:34qui pénalisaient les femmes.
00:58:35C'est-à-dire que
00:58:35pour nos téléspectateurs,
00:58:38avant 2005,
00:58:38je trompe mon mari,
00:58:41je n'ai pas
00:58:41de situation professionnelle,
00:58:43je suis dépendante
00:58:43économiquement
00:58:44et je décide de divorcer,
00:58:46je peux tout perdre.
00:58:48Depuis 2005,
00:58:49je trompe mon mari,
00:58:50je décide de divorcer,
00:58:53je divorce à mes torts
00:58:55ou pas,
00:58:56ça dépend ensuite
00:58:56de la décision
00:58:57du juge,
00:58:58de plein de choses,
00:58:58mais je ne perds pas tout
00:58:59et je ne perds pas
00:59:00notamment mes droits
00:59:00à prestations compensatoires.
00:59:03Donc ça n'a pas...
00:59:04Et 2017,
00:59:04déjudiciarisation du divorce,
00:59:07ça a facilité,
00:59:07mais il faut quand même
00:59:09dire pour les téléspectateurs
00:59:10que le divorce
00:59:11reste en France
00:59:12quelque chose
00:59:13de pas si facile.
00:59:14Et moi,
00:59:14j'ai beaucoup de clients
00:59:15dans mon cabinet
00:59:16qui me disent
00:59:16que c'est très facile
00:59:17de se marier
00:59:17et c'est très difficile
00:59:18de divorcer.
00:59:19Parce que si on n'est pas d'accord,
00:59:21ça peut durer des mois,
00:59:22voire des années,
00:59:23que c'est des procédures longues,
00:59:25coûteuses et éprouvantes.
00:59:26Donc en réalité,
00:59:28ce n'est pas du tout banalisé.
00:59:28C'est vrai que toutes les études
00:59:31le disent,
00:59:31ça reste un moment
00:59:32très éprouvant,
00:59:34un divorce,
00:59:35mais ce n'est peut-être
00:59:36plus l'échec absolu
00:59:37tel qu'il pouvait être vécu
00:59:39avant cette fameuse loi,
00:59:40notamment de 60 ans.
00:59:41Vous avez raison.
00:59:42Moi, je crois que la proportion
00:59:43que vous soulignez
00:59:44qui va être dans l'esprit
00:59:46de tout le monde
00:59:47et notamment des jeunes
00:59:48parce qu'aujourd'hui,
00:59:48ils se projettent.
00:59:49Je fonde, tiens,
00:59:50je suis dans une relation amoureuse.
00:59:52Qu'est-ce qui va se passer ?
00:59:54Je crois qu'il est
00:59:55beaucoup plus important que ça.
00:59:56Il y a 45% parmi les mariages,
00:59:58mais il y a de moins en moins
00:59:59de mariages.
01:00:00Il y a le nombre
01:00:02de séparations de Pâques
01:00:03qui sont à peu près
01:00:04la même proportion.
01:00:05Par contre,
01:00:06il y a énormément
01:00:07de couples de fées,
01:00:09c'est-à-dire des gens
01:00:09qui se mettent ensemble,
01:00:10qui ne sont pas recensés.
01:00:11tellement dans les statistiques.
01:00:14Regardez le nombre de gens,
01:00:15notamment parmi les jeunes,
01:00:16qui vont être ensemble
01:00:17pendant 2, 3, 5 ans,
01:00:19qui vont avoir une rupture.
01:00:20Le nombre de ruptures
01:00:21dans la vie,
01:00:22alors ça,
01:00:22on s'est intéressé à ça,
01:00:23au-delà du divorce,
01:00:25parce que c'est traumatisant,
01:00:26ça touche à l'idéal de soi.
01:00:28Qu'est-ce que va être mon union ?
01:00:30Comment faire durer ?
01:00:31D'ailleurs,
01:00:32la question que nous avons tous
01:00:34de tous les journalistes
01:00:36qui se font l'écho du public,
01:00:38c'est comment faire durer le couple ?
01:00:40Ça fait 30 ans
01:00:40qu'on se pose la question.
01:00:41Il n'y a pas de réponse univoque.
01:00:44Mais il y a énormément de séparations.
01:00:46Les modalités de divorce
01:00:48sont quand même meilleures,
01:00:49elles sont améliorées.
01:00:51C'est évident,
01:00:51et notamment pour les femmes.
01:00:53Parce que toutes les séparations
01:00:54sont toujours délétères,
01:00:56plus pour les femmes
01:00:56que pour les hommes.
01:00:57Ça, on le sait.
01:00:57Ça a été dit et répété,
01:00:59et justifiées, étayées.
01:01:03Et c'est même dans ce qu'on recueille des gens,
01:01:06il y a les chiffres,
01:01:07mais c'est encore plus,
01:01:08parce qu'il y a vraiment
01:01:09beaucoup plus de difficultés.
01:01:11Avec simplement un dernier mot
01:01:12par rapport à ça,
01:01:13quelque chose qu'avait montré
01:01:14Jean-Claude Kaufmann,
01:01:15il écrit en 95 ou 18,
01:01:19je ne sais plus,
01:01:20il écrit un livre qui s'appelle
01:01:21« La femme seule est le prince charmant ».
01:01:25Et Jean-Claude,
01:01:26qui est un très fin observateur
01:01:27de la société,
01:01:28avait remarqué
01:01:28qu'il y avait un chiffre
01:01:29qui augmentait chaque année.
01:01:32Et il parlait dans les années 90,
01:01:33et c'est toujours vrai aujourd'hui.
01:01:35C'est le nombre de femmes seules
01:01:36avec enfants qui augmente.
01:01:38C'est la seule catégorie qui augmente.
01:01:40Il y a beaucoup plus de détresse féminine
01:01:42parce que c'est plus compliqué.
01:01:43Autre chiffre très marquant,
01:01:45lorsqu'on s'intéresse
01:01:46un tant soit peu à ce dossier,
01:01:48les trois quarts des demandes de divorce
01:01:51sont initiés par les femmes.
01:01:53C'est ce que vous constatez aussi
01:01:55à travers les couples
01:01:57que vous pouvez recevoir.
01:01:58Alors vous êtes peut-être un peu en amont.
01:02:00Juste avant.
01:02:03Oui, mais moi j'ai une explication
01:02:05qui n'est pas sociologique ou d'avocat.
01:02:07Je pense que le fait
01:02:08qu'une femme travaille
01:02:09et a les moyens de s'assumer
01:02:12change tout
01:02:13parce que je vois, à contrario,
01:02:15celles qui songent à se séparer,
01:02:18qui ont fait un peu les comptes
01:02:20et qui se sont rendus compte
01:02:22que ça allait être extrêmement compliqué.
01:02:24Et donc, elle m'expose tout ça
01:02:27pour ensuite reculer,
01:02:28pour dire simplement
01:02:29que ça ne va pas être possible.
01:02:31C'est-à-dire que...
01:02:32Ou alors, ça va être incroyablement compliqué
01:02:35et je ne vois pas très bien
01:02:37comment ça va s'articuler.
01:02:39D'ailleurs, sur le consentement mutuel,
01:02:42moi je constate deux choses
01:02:43pour celles qui ont été divorcées,
01:02:45celles qui sont en plein milieu.
01:02:46c'est que maintenant,
01:02:50sans le juge,
01:02:51il y a beaucoup de recours
01:02:52à la médiation
01:02:53et que pour peu
01:02:55que ce soit vous
01:02:55qui ayez décidé,
01:02:57que la femme ait décidé
01:02:58et que son mari ne soit pas d'accord,
01:03:01ça va être long
01:03:02et compliqué
01:03:04parce qu'à travers, finalement,
01:03:05ces médiations,
01:03:07il va s'arranger
01:03:09pour faire comprendre
01:03:10qu'il est assez en colère
01:03:12et qu'il est contre.
01:03:13Et je vois bien
01:03:13qu'elles arrivent avec,
01:03:14elles demandent quelque chose
01:03:16qui constitue 100%.
01:03:17Première médiation,
01:03:19il va arriver avec 30.
01:03:21Deuxième médiation,
01:03:22avec 50.
01:03:24Troisième...
01:03:24Et en fait,
01:03:25à la fin,
01:03:26souvent,
01:03:26ce que j'entends,
01:03:27et c'est ce qu'il y avait
01:03:27dans le documentaire,
01:03:29Fatima le disait,
01:03:31de guerre lasse,
01:03:32elles vont céder
01:03:33en disant
01:03:34combien vaut ma liberté
01:03:36et mon repos.
01:03:38Eh bien, ok.
01:03:39Alors ça,
01:03:39c'est ennuyeux.
01:03:40La deuxième chose,
01:03:41c'est que sur les gardes alternés
01:03:43que je rencontre quand même
01:03:44énormément,
01:03:45ça pose le problème
01:03:47des revenus financiers
01:03:48de la femme
01:03:49parce que quand vous êtes alternés,
01:03:50vous êtes obligés
01:03:51d'habiter proche
01:03:52et pour peu
01:03:53que vous ayez été
01:03:54avant dans un quartier
01:03:55où les loyers
01:03:56coûtent cher,
01:03:58eh bien,
01:03:58celle,
01:03:59en général,
01:04:00qui va être défavorisée
01:04:01et n'aura peut-être pas
01:04:02les moyens de se loger
01:04:03dans le même quartier
01:04:04pour la même école
01:04:06des enfants,
01:04:06ce sont les femmes.
01:04:07On va revenir sur le problème
01:04:08de la garde alternée
01:04:09dans un instant.
01:04:10Vous voulez rajouter tout de suite
01:04:11quelque chose ?
01:04:11À votre question,
01:04:13les femmes,
01:04:14dans 80% des cas,
01:04:16sont celles
01:04:16qui demandent le divorce
01:04:17et moi,
01:04:18j'ai autant d'hommes
01:04:18que de femmes
01:04:19dans mon cabinet.
01:04:21Je n'ai pas eu
01:04:22une explication.
01:04:24Ce qui est certain,
01:04:25ce qui est certain,
01:04:26c'est que ce que j'ai observé,
01:04:28je sais que
01:04:28quand je dis ça,
01:04:30j'ai ensuite des commentaires
01:04:31très désagréables
01:04:32sur les réseaux,
01:04:33mais 32 ans d'exercice,
01:04:3710 hommes sont partis
01:04:38sans qu'il n'y ait
01:04:39personne d'autre
01:04:40dans le paysage,
01:04:41c'est-à-dire sans qu'il y ait
01:04:42au moins la possibilité
01:04:44d'une histoire.
01:04:45Une autre femme
01:04:46ou un autre compagnon.
01:04:46Une autre femme,
01:04:47un autre compagnon,
01:04:48une maîtresse,
01:04:50un amant,
01:04:51etc.
01:04:52Mais qu'il y ait
01:04:53quelque chose d'autre
01:04:53de possible
01:04:54ou en tout cas
01:04:55d'existant.
01:04:56Alors que j'ai vu
01:04:5780% des femmes
01:04:59qui demandent le divorce,
01:05:00elles ne partent
01:05:01pour personne.
01:05:02Donc forcément,
01:05:03quand on n'est pas obligé
01:05:04d'attendre quelqu'un,
01:05:05c'est un peu plus facile,
01:05:06c'est très basique,
01:05:07c'est un peu plus facile
01:05:08de demander le divorce.
01:05:10Et la deuxième explication
01:05:11que j'ai,
01:05:11c'est que d'abord,
01:05:12elles sont quand même
01:05:12aujourd'hui,
01:05:13peut-être qu'on en reparlera,
01:05:14victimes de violences
01:05:15majoritairement
01:05:16par rapport aux hommes.
01:05:17Toutes les femmes
01:05:18ne sont pas victimes
01:05:19de violences.
01:05:19Oui, ça fait partie
01:05:19des motifs de demande
01:05:20de divorce.
01:05:21C'est de plus en là.
01:05:22Donc forcément,
01:05:24elles sont à l'origine
01:05:24de cette demande.
01:05:26Et puis, je crois
01:05:27que c'est lié aussi
01:05:30au fait que,
01:05:32de toute éternité,
01:05:34l'homme,
01:05:35sa place n'était pas
01:05:35à l'intérieur du foyer,
01:05:37elle était à l'extérieur.
01:05:38Et que, de toute éternité,
01:05:39la place de la femme
01:05:40était à l'intérieur.
01:05:41Et que donc,
01:05:41elle a une intolérance
01:05:43plus grande
01:05:43à l'insatisfaction
01:05:44à l'intérieur du foyer,
01:05:46alors que l'homme,
01:05:47il a toujours trouvé
01:05:49satisfaction un peu ailleurs.
01:05:51Et quand ça devient
01:05:51intolérable émotionnellement
01:05:53pour la femme,
01:05:54alors ça devient intolérable
01:05:55de rester dans ce mariage.
01:05:57En tout cas,
01:05:57c'est ce qu'on me raconte.
01:05:59Moi, je ne suis que
01:06:00la dépositaire.
01:06:00Vous êtes en train de nous dire
01:06:01que quand les hommes
01:06:02demandent le divorce,
01:06:03c'est souvent parce qu'ils ont
01:06:04un plan B,
01:06:05pour dire les choses rapidement.
01:06:06B ou, oui,
01:06:07ça peut être une autre lettre.
01:06:08Des femmes qui, très souvent,
01:06:10demandent un divorce
01:06:11sans pour...
01:06:11Voilà, parce qu'elles sont...
01:06:13Et imaginer de se remettre
01:06:14en couple immédiatement après.
01:06:15Parce qu'elles sont mal
01:06:16dans leur mariage
01:06:17ou dans leur couple.
01:06:19Exactement,
01:06:19il n'y a pas une seule
01:06:20explication.
01:06:22Ce chiffre qui, quand même,
01:06:23impressionne tout le monde.
01:06:24Oui.
01:06:2485%,
01:06:25mais c'était pareil
01:06:26en 1950
01:06:26et aujourd'hui.
01:06:29Moi, quand je les interroge,
01:06:30par exemple,
01:06:30j'ai une stratégie particulière
01:06:32où je vois les couples
01:06:33séparément et ensemble.
01:06:36On va parler, par exemple,
01:06:37notamment du plan affectif.
01:06:39Et je me rends compte
01:06:40qu'en fait,
01:06:42la plupart du temps,
01:06:43les femmes savent
01:06:44bien avant les hommes
01:06:45quand le couple est terminé.
01:06:47Je me dis,
01:06:48mais le couple est terminé.
01:06:49Et lorsque on le fait
01:06:51dans la séance conjointe,
01:06:52ah bon,
01:06:53je ne savais pas.
01:06:54bien entendu.
01:06:55Et je me mets
01:06:56dans la même catégorie.
01:06:57Nous sommes très aveugles
01:06:58du vécu féminin.
01:07:00Je crois,
01:07:00moi,
01:07:00j'attribue beaucoup
01:07:01de cette asymétrie
01:07:03au fait
01:07:06de l'insatisfaction féminine.
01:07:08Vous avez raison,
01:07:09sur tous ces plans-là.
01:07:10Mais qui va être aussi
01:07:11que je me rends bien compte
01:07:13que des tas de choses
01:07:14qui sont dans notre plan de vie,
01:07:17et ainsi de suite,
01:07:17ne sont plus là.
01:07:19Le couple est terminé.
01:07:20Alors,
01:07:21revenons sur les motifs
01:07:21de divorce.
01:07:23Premier motif,
01:07:23aujourd'hui en France,
01:07:2533%,
01:07:25un tiers.
01:07:27L'infidélité.
01:07:29L'infidélité.
01:07:30Et ensuite,
01:07:31deuxième motif,
01:07:32malheureusement,
01:07:32les violences conjugales.
01:07:34On en dira un mot.
01:07:35À propos de l'infidélité,
01:07:36ça reste tout de même
01:07:38le motif numéro un
01:07:40d'un divorce
01:07:41aujourd'hui en France.
01:07:42Oui,
01:07:42mais alors,
01:07:42ça me surprend vraiment énormément
01:07:43parce que c'est aussi
01:07:45le motif numéro un
01:07:46des consultations
01:07:47en thérapie de couple.
01:07:49Or,
01:07:49si vous regardez
01:07:49ce qui s'est passé
01:07:50sur les 15 dernières années,
01:07:52les thérapeutes de couple
01:07:54et les cabinets
01:07:54de thérapie de couple
01:07:55ont à peu près
01:07:57triplé en nombre
01:07:58et sont complets.
01:08:00Donc,
01:08:01ça veut dire,
01:08:02et je le vois,
01:08:03je ne vois pas
01:08:03les gens divorcés
01:08:05à cause de l'infidélité.
01:08:07Je les vois venir
01:08:08en courant
01:08:08en thérapie de couple
01:08:10pour comprendre
01:08:11parce que comprendre...
01:08:12L'infidélité,
01:08:13c'est peut-être
01:08:13l'arbre qui cache la forêt
01:08:14très souvent,
01:08:15c'est ce que j'ai lu aussi.
01:08:16Alors ça,
01:08:16c'est plus compliqué,
01:08:17mais là,
01:08:17il faudrait toute une émission
01:08:18que j'avais déjà,
01:08:20il y a plusieurs raisons.
01:08:21On va être responsable
01:08:21sur l'infidélité.
01:08:22Mais du coup,
01:08:23en tous les cas,
01:08:24ce n'est pas du tout
01:08:25ce que je constate.
01:08:26Je ne pense pas
01:08:26que ce soit
01:08:27ce que constatent
01:08:28les thérapeutes de couple
01:08:29puisqu'on a des gens
01:08:30qui veulent à tout prix...
01:08:32Ça coûte de l'argent
01:08:33une thérapie de couple,
01:08:34de l'argent et du temps.
01:08:36Et ils arrivent avec,
01:08:38très souvent,
01:08:39une histoire d'infidélité,
01:08:41voire des histoires
01:08:42d'infidélité
01:08:43parce que quand ils tirent un peu,
01:08:44ils en découvrent
01:08:45plein d'autres.
01:08:46Et pourtant,
01:08:47même moi,
01:08:47je peux être étonnée,
01:08:49et pourtant,
01:08:50ils vont vouloir comprendre,
01:08:51vouloir que ça change
01:08:53et pas du tout
01:08:54pour autant séparer.
01:08:56Les séparations
01:08:57sont surtout,
01:08:58dans moi,
01:08:59ce que j'entends,
01:09:00liées à l'ennui,
01:09:01à ma lettre,
01:09:03dire je ne vis plus,
01:09:05en fait,
01:09:05il n'y a plus de vivants
01:09:06dans ce couple,
01:09:07on est des amis.
01:09:09J'entends beaucoup ça,
01:09:10en fait.
01:09:10On n'est plus
01:09:11un couple sentimental,
01:09:12on est des bons partenaires
01:09:13de vie,
01:09:14mais ça ne me suffit pas.
01:09:16Donc voilà.
01:09:16Quand on se marie,
01:09:17on s'engage
01:09:17à la fidélité aujourd'hui.
01:09:19Alors,
01:09:19vous en arrivez
01:09:20à une autre conclusion.
01:09:22Vous dites,
01:09:23finalement,
01:09:24il faut troquer la fidélité
01:09:25pour la loyauté
01:09:26dans l'engagement
01:09:27dans le coup.
01:09:28Alors,
01:09:28moi je suis quand même
01:09:29toujours marquée,
01:09:30alors c'est vrai
01:09:30qu'il y a la phase 1
01:09:32qui est le thérapeute
01:09:33de coup pour essayer
01:09:33de dépasser
01:09:34la blessure
01:09:35de l'infidélité,
01:09:36mais il peut y avoir
01:09:36la phase 2
01:09:37qui est le divorce.
01:09:38Et ça,
01:09:38vous ne les voyez pas
01:09:39après.
01:09:40Donc je remarque
01:09:40que c'est quand même
01:09:41très présent,
01:09:42l'infidélité,
01:09:43en tout cas dans ce qui
01:09:43se raconte
01:09:44dans le secret
01:09:45de mon cabinet.
01:09:45et je remarque aussi
01:09:48que bien que,
01:09:49je crois qu'Esther Pérel
01:09:50était à Paris
01:09:51il n'y a pas longtemps
01:09:51et elle nous le dit très bien,
01:09:53de toute éternité
01:09:54on s'est juré fidélité
01:09:55et de toute éternité
01:09:56on s'est tous trompés.
01:09:57Il faut quand même le dire,
01:09:58c'est très intéressant
01:09:59et ce n'est pas
01:10:00depuis 1975,
01:10:01avant 1975,
01:10:01le divorce pour faute,
01:10:02pas le divorce pour faute,
01:10:03ça n'a jamais empêché
01:10:05personne de désirer ailleurs,
01:10:07d'aimer ailleurs
01:10:08le fait de se jurer fidélité.
01:10:10Et c'est pourquoi,
01:10:11et on remarque pourtant,
01:10:12y compris chez des très jeunes,
01:10:13des gens d'une génération
01:10:15où ils ont,
01:10:17on pourrait penser
01:10:17que les mœurs
01:10:18se sont peut-être
01:10:18un peu plus libérées,
01:10:19on remarque qu'il y a toujours
01:10:20une blessure narcissique,
01:10:22enfin je laisse ce terme
01:10:23pour les psychologues,
01:10:24mais une blessure très forte
01:10:26de trahison
01:10:27lorsque l'on se trompe,
01:10:29ne serait-ce que le mot
01:10:30de se tromper,
01:10:31il est péjoratif.
01:10:32Et donc,
01:10:33– Or la loyauté,
01:10:34selon vous,
01:10:34le réciment du couple
01:10:36d'aujourd'hui,
01:10:36ça serait celui-là.
01:10:37– Voilà,
01:10:37la conclusion à laquelle
01:10:39j'essaie d'arriver
01:10:40dans mon livre,
01:10:41après 32 ans
01:10:42d'exercice professionnel
01:10:44et 32 ans d'histoire
01:10:46de trahison
01:10:46qui font mal,
01:10:48c'est que peut-être,
01:10:49peut-être en effet,
01:10:50la fidélité
01:10:51n'est pas une valeur cardinale
01:10:52du couple qui dure,
01:10:53d'abord,
01:10:53est-ce qu'on a envie
01:10:54que le couple dure ?
01:10:55Ça c'est aussi une question,
01:10:56on parlait d'amour,
01:10:56l'émission elle est sur l'amour,
01:10:58est-ce que c'est une fin en soi
01:11:00que le couple dure ?
01:11:00Enfin,
01:11:01quand l'espérance de vie
01:11:01était de 35 ans,
01:11:02oui,
01:11:02mais quand elle est de 85 ans,
01:11:03peut-être pas,
01:11:04mais peut-être qu'en effet,
01:11:07et on le voit d'ailleurs
01:11:08dans des couples dits libres
01:11:09ou dans des couples dits libertins,
01:11:10moi j'ai divorcé
01:11:11des couples libertins,
01:11:13la fidélité est beaucoup
01:11:14moins importante,
01:11:15mais l'union
01:11:16n'en est pas moins
01:11:18solide,
01:11:19durable,
01:11:20parce qu'il y a une transparence,
01:11:21il y a une loyauté,
01:11:23alors je vais peut-être
01:11:23me faire huer
01:11:24quand je dis ça,
01:11:25je ne suis pas en train
01:11:25de prôner l'infidélité,
01:11:27mais je dis que peut-être
01:11:28il faut réfléchir à cela.
01:11:29Alors,
01:11:30est-ce qu'on en serait
01:11:30à retrouver certaines vertus
01:11:32du côté de l'union libre ?
01:11:33C'est ce que j'ai lu aussi,
01:11:35l'union libre
01:11:35reviendrait
01:11:38à l'ordre du jour
01:11:39des couples aujourd'hui
01:11:40pour des couples
01:11:40qui marchent,
01:11:41qui durent ?
01:11:42Vous avez raison,
01:11:42parce qu'on ne va pas mettre,
01:11:44c'est vrai que si on entend parler,
01:11:46alors on ne dit plus le terme,
01:11:47vous voyez,
01:11:47on ne l'a pas prononcé,
01:11:49l'adultère n'existe plus,
01:11:51il n'a pas été prononcé,
01:11:52on va parler d'infidélité,
01:11:54et alors si on met en avant
01:11:55l'infidélité,
01:11:56c'est que ça peut être puni
01:11:57par la loi,
01:11:58mais que le couple soit terminé,
01:11:59ce n'est pas puni par la loi,
01:12:01que s'il n'y a pas de violence
01:12:02et que c'est dans l'insatisfaction,
01:12:04ce n'est pas puni par la loi
01:12:05et ce n'est pas une raison de divorce.
01:12:07Donc peut-être que c'est pour ça
01:12:08que ça vient beaucoup plus en avant.
01:12:10Alors le couple est en train
01:12:11totalement d'évoluer,
01:12:13le couple existe depuis très peu de temps,
01:12:15le mariage précédent,
01:12:17ça fait une cinquantaine d'années
01:12:18qu'il existe ce qu'on appelle le couple,
01:12:20et on voit de quelle façon
01:12:22il est en train de profondément changer
01:12:24avec des jeunes générations
01:12:25où l'infidélité n'est plus vécue
01:12:28de la même façon.
01:12:29Il y a un nouveau mot,
01:12:30j'ai une de mes étudiantes
01:12:31qui va me faire un très beau travail
01:12:32sur les relations extra-couple,
01:12:35on ne parle plus d'adultère,
01:12:36c'est extra-couple.
01:12:38Et c'est très dédramatisé,
01:12:40un petit peu comme si ça devenait
01:12:41un petit peu banal.
01:12:43Alors je suis d'accord avec vous
01:12:44que le terme de loyauté
01:12:45peut être intéressant derrière,
01:12:47parce que oui,
01:12:48il y a des...
01:12:50On parlait d'accro au contrat auparavant,
01:12:53des choses comme ça.
01:12:54Le couple est en train d'évoluer,
01:12:55l'union libre,
01:12:57je n'en sais rien.
01:12:57Cette nouvelle génération,
01:12:59le mariage, pour eux,
01:13:00ça veut dire peut-être
01:13:01mettre un terme
01:13:01à ses phases d'expérimentation,
01:13:03de rencontres...
01:13:05On s'est posé aussi la question
01:13:06depuis longtemps.
01:13:07Mais le mariage,
01:13:08ce n'est pas aujourd'hui...
01:13:10Voilà, on s'engage
01:13:11parce que justement,
01:13:12on veut mettre un terme
01:13:12à ses expériences,
01:13:13on s'engage dans autre chose.
01:13:15Mais vous avez raison.
01:13:15C'est aussi ce que vous constatez ?
01:13:16Mais oui,
01:13:17parce qu'on se rend compte
01:13:17que souvent,
01:13:18c'est d'ailleurs pour fonder une famille,
01:13:21lorsqu'on veut faire un enfant,
01:13:22très souvent,
01:13:22les gens vont se paxer
01:13:23ou se marier,
01:13:24dès qu'il va y avoir
01:13:25un événement comme ça.
01:13:26Mais c'est vrai
01:13:27que le couple est en train
01:13:28d'évoluer vers une autre forme,
01:13:30je ne sais pas laquelle.
01:13:30Mais pour rebondir
01:13:32sur ce que vous disiez,
01:13:33c'est vrai qu'on entend
01:13:33beaucoup maintenant
01:13:34les jeunes dire
01:13:35qu'on est dans une relation
01:13:36exclusive ou non exclusive.
01:13:37Ils se posent comme ça
01:13:38cette question.
01:13:40Mais une fois...
01:13:40C'est l'expression
01:13:41qu'on entend chez les jeunes.
01:13:42Exactement.
01:13:43Mais une fois qu'ils se marient,
01:13:44c'est vrai,
01:13:45d'abord,
01:13:46ce sont dans les obligations
01:13:47du Code civil.
01:13:48Les époux se doivent mutuellement,
01:13:50communauté de vie,
01:13:51etc.
01:13:51Respect,
01:13:52respect,
01:13:52c'est depuis 2006 seulement,
01:13:54et fidélité.
01:13:56Alors, fidélité,
01:13:57est-ce qu'on connaîtra
01:13:58le moment où le Code civil
01:14:00remplacera fidélité
01:14:01par loyauté ?
01:14:02Est-ce que les mariés,
01:14:02ils font attention
01:14:03lorsqu'ils entendent ces...
01:14:05Moi, je pense que
01:14:05quand on se marie,
01:14:06on pense à la fidélité,
01:14:07en tout cas quand ils divorcent,
01:14:08l'infidélité...
01:14:09Ah oui.
01:14:10S'ils divorcent
01:14:10à cause de l'infidélité,
01:14:12là, c'est une trail.
01:14:13C'est d'ailleurs
01:14:14ce qui pourrait expliquer
01:14:15qu'on se marie
01:14:15de plus en plus tard.
01:14:16En moyenne,
01:14:17une femme se marie
01:14:18aux alentours de 37 ans
01:14:20et un homme
01:14:20aux alentours de 39 ans.
01:14:22Là aussi,
01:14:23on voit à quel point
01:14:24notre société a évolué
01:14:25sur ce plan-là.
01:14:26Les violences conjugales
01:14:28au sein du couple,
01:14:29ça serait la deuxième raison,
01:14:31le deuxième motif de divorce.
01:14:32Ça aussi,
01:14:32vous avez pu l'observer
01:14:33à travers la parole
01:14:34peut-être de victime
01:14:36dans votre cabinet ?
01:14:37Oui, alors,
01:14:37ce qui est intéressant,
01:14:38ce que j'ai observé,
01:14:39mais je pense que c'est vraiment
01:14:40une micro-observation
01:14:42parce que c'est un biais.
01:14:44Il y a un biais
01:14:44à les gens
01:14:44qui viennent me voir,
01:14:45etc.
01:14:46c'est que j'ai des femmes
01:14:50qui vivent des violences
01:14:53souvent verbales,
01:14:57d'ailleurs,
01:14:58qui s'offusquent moins
01:14:59quand c'est verbal,
01:15:02alors que, bon,
01:15:03c'est quand même
01:15:03extrêmement destructeur
01:15:05pour l'estime de soi,
01:15:06mais qui, de fait...
01:15:08Un manque de respect,
01:15:09peut-être,
01:15:09de ce point de vue-là ?
01:15:10C'était une notion
01:15:11qu'on avait...
01:15:11C'est plus qu'un manque
01:15:12de respect,
01:15:13c'est vraiment une attaque
01:15:14à l'intégrité
01:15:15qui est l'autre
01:15:15quand on se met
01:15:16à l'insulter,
01:15:17quand on l'empêche
01:15:20de faire des choses
01:15:21ou qu'on essaye
01:15:23de la manipuler un peu
01:15:25pour qu'elle n'ait pas
01:15:26envie de faire des choses.
01:15:28C'est clairement
01:15:28une maltraitance psychologique.
01:15:31Mais...
01:15:32Et de ce point de vue-là,
01:15:32vous avez le sentiment
01:15:33que la parole s'est libérée,
01:15:34qu'il y a eu, par exemple,
01:15:36un apprenu tout...
01:15:36Je ne sais pas
01:15:37si elle s'est libérée
01:15:38à l'extérieur.
01:15:39Elle s'est libérée
01:15:40dans les cabinets.
01:15:41Et encore, franchement,
01:15:43ce n'est pas quelque chose
01:15:44qui arrive d'emblée.
01:15:45c'est...
01:15:46Je vais tiquer sur...
01:15:48En parlant des relations,
01:15:49ça va être toujours
01:15:51un peu étouffé.
01:15:52Oh, quand il est énervé.
01:15:54Et je vais être obligée
01:15:55de demander
01:15:55mais c'est comment,
01:15:56concrètement,
01:15:57quand il est énervé ?
01:15:58Il dit quoi ?
01:15:59Pour me rendre compte
01:16:00que la ligne rouge
01:16:02a déjà été dépassée.
01:16:03Mais j'ai aussi des couples
01:16:04où c'est les hommes
01:16:06qui sont bousculés
01:16:08par leur femme,
01:16:09voire plus,
01:16:10et de la même façon,
01:16:11je suis obligée
01:16:12de leur tirer
01:16:12les verres du nez
01:16:13pour apprendre
01:16:14que ça va être une claque,
01:16:16que ça va être
01:16:16un coup de pied.
01:16:18Et alors,
01:16:19eux, pour le coup,
01:16:20j'ai la sensation
01:16:21de ne demanderont jamais
01:16:22le divorce pour ça.
01:16:24Lorsqu'on est victime
01:16:25de violences conjugales,
01:16:27qu'on en arrive
01:16:27à un divorce,
01:16:28et à divorcer,
01:16:29ça peut être très long,
01:16:31parce qu'il y a
01:16:32une libéralisation de parole
01:16:33qui est évidemment
01:16:34très difficile.
01:16:35une femme obtiendra
01:16:38davantage dans un divorce.
01:16:40Il y a une réelle prise
01:16:42en compte aujourd'hui
01:16:42de ce phénomène
01:16:43de violences conjugales
01:16:44lorsqu'on demande le divorce ?
01:16:45Il y a un avant
01:16:46et un après,
01:16:47peut-être pas Me Too,
01:16:48mais un avant et après
01:16:49Grenelle sur les violences
01:16:50conjugales.
01:16:50Il y a un avant 2019,
01:16:51un après 2019.
01:16:53C'est vrai que dans votre cabinet,
01:16:54ils viennent à deux.
01:16:55La parole se libère
01:16:56un peu moins facilement.
01:16:58Moi, dans mon cabinet,
01:16:59elles viennent seules.
01:17:00Donc évidemment,
01:17:01la parole se libère
01:17:02plus facilement.
01:17:03Il y avait d'abord,
01:17:05avant 2019,
01:17:06on n'en parlait pas,
01:17:08on parlait de femmes battues.
01:17:10Déjà, le mot de femmes battues,
01:17:11les femmes pensent
01:17:12que quand elles ne sont pas battues
01:17:14avec la main sur le visage
01:17:16ou sur le corps,
01:17:17elles ne sont pas victimes
01:17:18de violences.
01:17:18C'est pour ça que notre job,
01:17:20c'est de leur poser
01:17:20des questions systématiques.
01:17:22Est-ce que vous êtes victime
01:17:22de violences ?
01:17:23Non, pas vraiment.
01:17:24Alors attendez,
01:17:25la violence, je vous explique,
01:17:25ce n'est pas seulement être battue,
01:17:26c'est vous serrez les poignets,
01:17:28vous poussez,
01:17:28jetez des objets,
01:17:30tapez dans les portes,
01:17:31à ça, à 2 mm de vous
01:17:32pour vous faire peur, etc.
01:17:34Il faut déjà conscientiser.
01:17:36Ça commence à être conscientisé.
01:17:37Après, c'est un long processus.
01:17:39La honte,
01:17:40elle précède toujours le silence
01:17:41et elle est toujours
01:17:42très prégnante,
01:17:43la honte, quand même,
01:17:44il faut le dire.
01:17:45Et c'est beaucoup plus difficile,
01:17:48évidemment,
01:17:49de prendre une décision
01:17:50quand on est victime de violences
01:17:51parce qu'il y a des phénomènes
01:17:52d'emprise neuropsychique,
01:17:54etc.
01:17:55Mais une fois qu'elle est prise,
01:17:56c'est un parcours de la combattante
01:17:57qui est libéré aujourd'hui,
01:17:59depuis 2019.
01:18:00les avocats,
01:18:01les juges,
01:18:02tout le monde est là,
01:18:03les policiers,
01:18:04on a observé des...
01:18:06Vraiment,
01:18:06alors,
01:18:07c'est disparate sur le territoire,
01:18:08quand même,
01:18:09mais on a observé
01:18:09des avancées incroyables.
01:18:12Elles n'obtiennent pas plus ou moins,
01:18:14c'est-à-dire que...
01:18:14Oui, c'était ma question.
01:18:15Alors, plus ou moins,
01:18:16ça dépend quoi ?
01:18:17Elles obtiennent la liberté,
01:18:18déjà.
01:18:18Oui, c'est sûr.
01:18:19Elles ont des...
01:18:19On peut avoir des décisions,
01:18:21il y a un outil fabuleux
01:18:22qui s'appelle
01:18:22l'ordonnance de protection.
01:18:23En six jours,
01:18:24on peut obtenir l'expulsion
01:18:25du conjoint violent,
01:18:26la garde des enfants,
01:18:28les pensions alimentaires
01:18:29mises en place
01:18:29en six jours.
01:18:30Donc, évidemment,
01:18:32ça peut être
01:18:32beaucoup plus rapide.
01:18:34Et aujourd'hui,
01:18:35le juge,
01:18:36au terme de la loi,
01:18:38doit prendre en considération
01:18:39les violences
01:18:40d'un parent sur l'autre,
01:18:42du père, par exemple,
01:18:43sur la mère,
01:18:44pour la garde des enfants.
01:18:45On ne sépare plus
01:18:46l'homme de l'artiste,
01:18:46vous voyez.
01:18:47Il n'y a plus une paroi vitrée
01:18:48entre le mauvais mari
01:18:50et le bon père.
01:18:51Alors,
01:18:52la garde des enfants,
01:18:53je vais rebondir là-dessus
01:18:54parce que,
01:18:55évidemment,
01:18:55la garde alternée
01:18:56instaurée par
01:18:57Ségolène Royal,
01:18:59c'était en 2002,
01:19:00sur votre contrôle.
01:19:02La prise en compte
01:19:03du sort des enfants
01:19:04après un divorce,
01:19:07là aussi,
01:19:07a beaucoup évolué.
01:19:08À ma grande surprise,
01:19:10et malgré cette loi
01:19:11de 2002,
01:19:1285% des enfants
01:19:14de couples divorcés
01:19:16vivent aujourd'hui encore
01:19:18d'abord chez nos mères.
01:19:20Comment on l'explique, ça ?
01:19:21Là, je ne l'explique pas
01:19:22parce que je l'ai découvert
01:19:23aussi dans ce reportage
01:19:25parce qu'effectivement,
01:19:26je croyais que c'était
01:19:27beaucoup plus partagé.
01:19:29Par contre,
01:19:30il y a une chose
01:19:30qui est importante à souligner
01:19:31et qui a été rappelée,
01:19:33c'est le fait que
01:19:34les enfants ne souffrent pas
01:19:35du divorce,
01:19:37surtout quand,
01:19:38maintenant,
01:19:38on se sépare
01:19:39beaucoup plus tôt
01:19:39qu'on ne le faisait.
01:19:41Et c'est très vrai
01:19:41que si c'est très clair
01:19:42des côtés des deux parents,
01:19:44un enfant est construit
01:19:45moitié papa,
01:19:46moitié maman.
01:19:48Si les avis sont très divergents,
01:19:50c'est vrai qu'il va être écartelé.
01:19:52Et je crois qu'il y a
01:19:53beaucoup plus aujourd'hui
01:19:54d'ententes.
01:19:56Alors, il y a tous les couples
01:19:58possibles, bien entendu,
01:19:59vous les voyez.
01:20:00Mais je crois qu'il y a
01:20:01quelque chose qui a quand même
01:20:02beaucoup évolué.
01:20:03D'abord, dans une classe,
01:20:05je me souviens,
01:20:07il y a un petit peu longtemps,
01:20:08il y avait des gens
01:20:09qui étaient traumatisés
01:20:10parce qu'enfant,
01:20:12j'étais seul divorcé.
01:20:13les parents étaient...
01:20:15Et j'ai entendu ensuite
01:20:16des enfants qui me disaient
01:20:16« Moi, dans ma classe,
01:20:17ils sont tous divorcés. »
01:20:19Et c'est très vrai
01:20:20qu'il y a une banalisation
01:20:22de la séparation
01:20:23et les enfants ne souffrent pas
01:20:25si les parents font
01:20:27cette séparation
01:20:28très clairement pour eux.
01:20:30À propos du sort des enfants...
01:20:33Alors, pareil, je constate...
01:20:35C'est une préoccupation
01:20:37chez ceux et celles
01:20:38qui se séparent.
01:20:38Moi, je vois énormément
01:20:40de gardes alternées,
01:20:41donc j'ai été stupéfaite
01:20:42par le chiffre,
01:20:43je n'arrêtais pas
01:20:44de me dire
01:20:44« Waouh, c'est incroyable,
01:20:47j'ai connu un temps
01:20:48où les Pères se battaient
01:20:50bec et ongles
01:20:51et maintenant,
01:20:52mais c'est...
01:20:53J'ai une grande majorité
01:20:55de gardes alternées,
01:20:57ce qui pose le problème ensuite
01:20:58de comment chacun,
01:21:01leur futur,
01:21:02ça veut dire
01:21:02qu'ils vont devoir
01:21:03toujours vivre à côté,
01:21:05quand même.
01:21:06Donc, ça pose...
01:21:07Moi, je trouve ça
01:21:07assez fantastique,
01:21:08mais ça pose d'autres questions.
01:21:10Vivre à côté,
01:21:11est-ce que les deux
01:21:12ont les moyens
01:21:12de vivre au même endroit,
01:21:14etc., etc.
01:21:16Moi, je vois quand même
01:21:17énormément de Pères
01:21:18ultra concernées
01:21:20et là, pour le coup,
01:21:21c'est flagrant
01:21:22parce que je trouve ça
01:21:23assez nouveau quand même.
01:21:25C'est vrai qu'on aurait pu penser
01:21:26que cette gale-là,
01:21:27le détenait,
01:21:27aurait d'une certaine manière
01:21:29libéré aussi
01:21:30les femmes
01:21:31qui avaient choisi le divorce.
01:21:32La garde alternée,
01:21:33ces chiffres ont tendance
01:21:34à ne pas le laisser penser.
01:21:36Et c'est ce que je dis
01:21:37d'ailleurs dans le livre.
01:21:40Je crois que le chapitre
01:21:41s'appelle
01:21:41La liberté en alternance.
01:21:43Pour moi,
01:21:432002,
01:21:44la garde alternée,
01:21:45c'est vraiment
01:21:46la libération
01:21:47des femmes
01:21:48qui ne sont pas
01:21:49seulement des mères
01:21:50dans le cadre
01:21:51d'un divorce.
01:21:52Évidemment,
01:21:52c'est aussi pour les pères
01:21:54enfin l'occasion
01:21:55de s'investir
01:21:56au quotidien,
01:21:57mais c'est un atout
01:21:58fabuleux,
01:21:59un fabuleux facteur
01:22:01d'expansion professionnelle
01:22:05des femmes,
01:22:06professionnelles,
01:22:07amoureuses,
01:22:08personnelles,
01:22:08etc.
01:22:10Concernant ces chiffres,
01:22:11il ne m'étonne
01:22:11qu'à moitié.
01:22:13Parce que d'abord,
01:22:13nous,
01:22:13on est parisiens quand même
01:22:14et grande ville.
01:22:16Donc,
01:22:16il faut voir que
01:22:17pour faire une garde alternée,
01:22:19il faut avoir les moyens.
01:22:20Et quand les gens
01:22:20n'ont pas les moyens
01:22:21d'avoir deux appartements,
01:22:22deux maisons,
01:22:23il n'y a pas de garde alternée
01:22:24possible.
01:22:24Il y a beaucoup d'hommes
01:22:25qui s'autocensurent,
01:22:25de pères qui ne la demandent pas.
01:22:27Il y a beaucoup,
01:22:28beaucoup de ça
01:22:29et il y a encore
01:22:29beaucoup de résistance.
01:22:30Et quand même,
01:22:31finalement,
01:22:35une justice de femme,
01:22:36une justice féministe,
01:22:37en réalité,
01:22:38le fait de confier
01:22:39prioritairement
01:22:40la garde des enfants
01:22:41aux mères,
01:22:42c'est une manifestation
01:22:43d'une société patriarcale.
01:22:45Ça veut dire
01:22:45que la femme,
01:22:47c'est une mère.
01:22:48Et ça veut dire
01:22:48que les enfants,
01:22:49ils ne sont pris en charge
01:22:51véritablement
01:22:52qu'auprès de leur mère.
01:22:53Et donc,
01:22:53ça veut dire
01:22:54qu'on n'a pas encore...
01:22:55Alors après,
01:22:55on parlait papa-maman,
01:22:57mais il y a aussi
01:22:57papa-papa,
01:22:58maman-maman.
01:22:59Maintenant,
01:22:59il y a aussi
01:22:59plein de formes
01:23:00de couples
01:23:01et de parentalité.
01:23:03Et d'ailleurs,
01:23:04hélas,
01:23:05et c'est assez désespérant,
01:23:06moi j'ai longtemps pensé
01:23:07quand même
01:23:08que le problème,
01:23:08c'était les hommes,
01:23:09parce que je suis très féministe,
01:23:10mais en réalité,
01:23:11le problème,
01:23:11c'est le pouvoir,
01:23:12tout simplement.
01:23:13Parce que quand il y a
01:23:14deux papas ou deux mamans
01:23:15ou un papa et une maman,
01:23:16mais que le pouvoir est inversé,
01:23:17on retrouve les mêmes travers
01:23:18et les mêmes enjeux.
01:23:20Je voulais qu'on dise un mot
01:23:21sur les sites de rencontres.
01:23:2260% aujourd'hui
01:23:24des rencontres en France
01:23:26se font via
01:23:26ces fameux sites de rencontres.
01:23:28que faut-il en penser
01:23:30dans ce que sont
01:23:31les couples
01:23:32en France
01:23:33en 2025 ?
01:23:36Est-ce que ça n'a pas
01:23:37un peu débanalisé
01:23:39l'engagement
01:23:41dans le couple ?
01:23:42C'est aussi
01:23:43la nouvelle société
01:23:44parce que c'est
01:23:44beaucoup plus
01:23:45que ça en proportion
01:23:46puisqu'il y en a
01:23:47énormément
01:23:47qui se rencontrent
01:23:49parce qu'ils ont été
01:23:50amis sur Facebook,
01:23:51ce n'est pas directement
01:23:52des sites.
01:23:53Maintenant,
01:23:53il y a LinkedIn,
01:23:54c'est-à-dire sur des liens.
01:23:55Et en définitive,
01:23:57on se rencontre plus
01:23:58sur le net
01:23:58parce qu'on passe
01:23:59notre journée
01:24:00sur Internet
01:24:01que dans la vie de relation.
01:24:03Quand je demandais
01:24:03à quelqu'un
01:24:04qui est en difficulté
01:24:05pour faire des rencontres,
01:24:06surtout des femmes,
01:24:07combien de personnes
01:24:08avez-vous rencontré
01:24:09dans l'année précédente
01:24:10avec qui vous auriez pu
01:24:12matcher ?
01:24:13Dans la vie courante,
01:24:15c'est moins des doigts
01:24:16d'une main.
01:24:17C'est deux,
01:24:18trois personnes.
01:24:18Il y a eu un stagiaire
01:24:19qui m'intéressait
01:24:20et puis on ne s'est plus revus.
01:24:23Alors,
01:24:23c'est tout le paradoxe.
01:24:25Ce sera le mot de la fin.
01:24:26C'est tout le paradoxe des sites.
01:24:27C'est qu'ils étaient là,
01:24:29les sites,
01:24:30les applis de rencontres
01:24:31pour que ce soit facile
01:24:33de rencontrer quelqu'un.
01:24:35Et en fait,
01:24:35si vous regardez aussi
01:24:36les sondages
01:24:37sur les célibataires,
01:24:39ce n'est pas du tout
01:24:40plus facile pour eux.
01:24:41Les trentenaires,
01:24:42et ça,
01:24:43je l'entends,
01:24:43à longueur de temps,
01:24:44ont beaucoup de mal.
01:24:46Finalement,
01:24:46sont apparus
01:24:47avec ces applis
01:24:48des comportements
01:24:50comme le ghosting
01:24:51qui abîment énormément
01:24:53l'estime de soi.
01:24:54Les célibataires
01:24:55n'ont pas plus trouvé
01:24:57chaussures à leurs pieds
01:24:59de manière,
01:25:00comment dire,
01:25:02évidente
01:25:02grâce à ces applis.
01:25:05Ce qui est assez surprenant
01:25:06parce que tout le monde
01:25:06attendait ça
01:25:07de ces applications.
01:25:08C'est malheureusement
01:25:10la fin de cette émission.
01:25:11Vraiment un grand merci
01:25:12à tous les trois
01:25:13d'y avoir participé aujourd'hui
01:25:14après ce documentaire
01:25:16qui nous a retracé
01:25:17l'histoire du divorce
01:25:19et puis qui nous a permis
01:25:20de commémorer ensemble
01:25:21les 50 ans
01:25:22du divorce
01:25:24par consentement mutuel.
01:25:25C'était sous la présidence
01:25:26de Valéry Giscard d'Estaing.
01:25:28Vos réactions,
01:25:29ça sera sur hashtag
01:25:29DébatDoc.
01:25:30Merci à Félicité Gavalda,
01:25:32Yasmine Benahissa
01:25:33qui m'ont aidé
01:25:33à préparer cette émission.
01:25:35Et puis je vous donne
01:25:36tout simplement rendez-vous
01:25:37pour un prochain DébatDoc.
01:25:38Ça sera bien sûr
01:25:39avec son documentaire
01:25:40et son débat.
01:25:42À très bientôt.

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