- 07/07/2025
C'est l'un des plus gros scandales de violences scolaires, des 60 dernières années : l'affaire Betharram.
Un détonateur qui aurait pu couter sa place au premier Ministre François Bayrou et dont l'Assemblée Nationale a décidé de se saisir en créant une commission d'enquête sur le contrôle de l'Etat et la prévention des violences en milieu scolaire.
Les députés vont finalement découvrir un dossier tentaculaire qui va les bouleverser. Des victimes de violences physiques et sexuelles dans plus 260 établissements scolaires dans toute la France.
Une défaillance de l'Etat à chaque niveau de la hiérarchie. Des écoles contrôlées une fois tous les 1500 ans en moyenne.
Auditions, contrôles surprises, pendant 4 mois, nous avons suivi le travail de Violette Spillebout et Paul Vannier les co-rapporteurs de la commission d'enquête.
Pour briser la loi du silence.
Un magazine réalisé par Hélène Bonduelle, Pierre-Yves Deheunynck et Maxime Riou
Chaque mois, LCP le Mag vous plonge dans l´application des lois, les grands dossiers d´actualité qui font débat à l´Assemblée nationale ou les coulisses des campagnes électorales.
Un détonateur qui aurait pu couter sa place au premier Ministre François Bayrou et dont l'Assemblée Nationale a décidé de se saisir en créant une commission d'enquête sur le contrôle de l'Etat et la prévention des violences en milieu scolaire.
Les députés vont finalement découvrir un dossier tentaculaire qui va les bouleverser. Des victimes de violences physiques et sexuelles dans plus 260 établissements scolaires dans toute la France.
Une défaillance de l'Etat à chaque niveau de la hiérarchie. Des écoles contrôlées une fois tous les 1500 ans en moyenne.
Auditions, contrôles surprises, pendant 4 mois, nous avons suivi le travail de Violette Spillebout et Paul Vannier les co-rapporteurs de la commission d'enquête.
Pour briser la loi du silence.
Un magazine réalisé par Hélène Bonduelle, Pierre-Yves Deheunynck et Maxime Riou
Chaque mois, LCP le Mag vous plonge dans l´application des lois, les grands dossiers d´actualité qui font débat à l´Assemblée nationale ou les coulisses des campagnes électorales.
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NewsTranscription
00:00C'était l'audition la plus attendue de la commission d'enquête sur les violences scolaires.
00:07Celle qui aurait pu coûter son poste de Premier ministre à François Bayrou pour son rôle dans l'affaire Bétarame.
00:15Qu'est-ce qui explique qu'en 7 jours, vous faites varier à 4 reprises votre version concernant votre ignorance
00:23ou manifestement votre connaissance des faits de violences physiques et sexuelles à Bétarame ?
00:28Vous m'interrogez, vous, en montant à la tribune, pour m'accuser d'avoir protégé des pédocriminels.
00:35Vous, dans ma vie, on m'a accusé de beaucoup de choses.
00:39Rarement de faits aussi ignominieusement graves.
00:46Un moment politique finalement presque anecdotique face à ce que la commission d'enquête parlementaire a révélé.
00:53Des violences scolaires systémiques dans certains établissements privés catholiques et une défaillance de l'État à tous les niveaux de la hiérarchie.
01:03Cette commission d'enquête, elle est forte, elle est utile, elle dérange.
01:06Et oui, on va faire des propositions de changement assez fortes.
01:09On n'est pas là non plus pour se faire balader.
01:11Au fil des jours, des centaines de victimes brisent le silence un peu partout en France, dans les établissements privés et aussi publics.
01:20Je crois vraiment que littéralement le silence tue parce qu'il y a des élèves qui ont voulu se suicider plusieurs fois.
01:26Peut-être qu'il y en a qui l'ont fait et on ne le sait même pas.
01:28C'est horrible de dire ça, mais j'ai l'impression que ma vieille s'est terminée à un moment donné où, de toute façon, je pensais y rester.
01:34Vous savez, ici, l'éducation autrefois n'était pas la même que celle qui est maintenant.
01:39C'est un dossier tentaculaire qui a bouleversé la commission d'enquête.
01:44Ces violences ne sont pas des violences qui renvoient à un passé révolu.
01:48Ce sont aussi des violences de notre présent et dans l'intérêt des enfants, des 12 millions d'élèves qui sont scolarisés en France.
01:54Il faut très rapidement prendre les mesures qui s'imposent.
01:58Audition, contrôle surprise.
02:00Pendant quatre mois, nous avons suivi le travail de Violette Spilbout et Paul Vannier
02:05pour en finir avec la loi du silence.
02:08Au bord du Gave, encaissée au pied des montagnes pyrénéennes, Notre-Dame de Bétarame.
02:26C'est dans cet établissement privé catholique aux murs imposants que le scandale a éclaté.
02:31Un détonateur pour la commission d'enquête qui va se plonger dans des décennies de violences physiques et sexuelles.
02:43Le chemin des sanctuaires de Bétarame, Alain Esquer l'emprunte chaque jour depuis son enfance.
02:51C'est un peu son chemin de croix.
02:52C'est vraiment immense parce qu'il faut imaginer 5-6 dortoirs de 50-60 enfants en enfilade sur les premiers et deuxièmes étages.
03:07Quand je les regarde, j'y vois la peur, la terreur, les années passées, à pleurer sur moi-même
03:21parce qu'effectivement, nous n'avions que nos yeux pour pleurer.
03:27Alain Esquer a laissé 6 ans de son enfance dans cette école.
03:32Ceux qui étaient pensionnaires dénoncent des violences sexuelles.
03:36Lui était externe et il se souvient des châtiments corporels,
03:42des punitions à répétition dont le supplice tant redouté, celui du perron.
03:48Un chuchotement provoquait la mise sur le perron.
03:52La mise sur le perron, c'est ce petit promontoire qu'il y a au-dessus des escaliers.
03:57Et donc, sous le regard de la Vierge, on était collés nés au mur pour attendre la punition qui arrivait.
04:07Alors, au mieux, c'était une paire de gifles par le surveillant général
04:10ou au pire, vous alliez dans son bureau et là, il vous passait à tabac.
04:15Sachant que vous aviez déjà été punis puisque vous restiez debout parfois pendant des heures
04:19et malheureusement pour les internes, ils y passaient une grande partie de leur nuit.
04:28L'ancien élève vit toujours à quelques pas de Bétarame.
04:33Pendant longtemps, il s'y tue.
04:35Et puis, il y a deux ans, il croise un de ses anciens tortionnaires.
04:38C'est le déclic.
04:40Il lance un appel sur Facebook
04:42pour recueillir les témoignages d'autres victimes, comme lui.
04:51Je ne peux imaginer à aucun moment ce que je vais découvrir
04:55et l'immensité de ce dossier.
04:58Je suis sidéré par l'immensité de ce dossier qui est tentaculaire
05:04par le nombre d'agresseurs, par le nombre de victimes.
05:09En quelques semaines, des centaines de témoignages affluent.
05:15À la recense, 32 agresseurs présumés, dont 18 prêtres.
05:20Des agressions qui remontent pour les plus anciennes à 1957.
05:24Il les a toutes classées.
05:28Donc, en jaune, on a les violences physiques.
05:33Certains, c'est des piqures à l'eau.
05:35D'autres, ça va être des coups de cravache.
05:37Des coups à perdre connaissance, des humiliations.
05:43Ça peut être des fessées, des fessées à derrière nous.
05:49Et puis, après, vient évidemment en rouge
05:51les violences sexuelles avec les attouchements
05:56et plus les viols parfois répétés ou en bande organisée.
06:04Au moment où nous tournons, Alain a répertorié 212 plaintes.
06:11Parmi elles, celles de Jean-Rémy Arruyer.
06:15Pensionnaire du CM2 à la classe de première à la fin des années 70,
06:20il a enfermé ses souvenirs et ses photos de classe dans une malle
06:23pendant 40 ans.
06:24Pour nous, il accepte de les ressortir.
06:28Il s'agit d'une procession quand je suis en classe de sixième.
06:39Vous êtes où ?
06:40Je suis ici et là.
06:44Il y a beaucoup de têtes que je reconnais.
06:47Monsieur Caricard, il m'a agressé sexuellement à plusieurs reprises.
06:52Quand je revois ses photos, c'est immédiatement glaçant pour moi.
06:58C'est la machine à souvenirs qui remonte.
07:00Mais alors ?
07:01Pierre-Sylvé Caricard est à l'époque le père directeur
07:07de Notre-Dame de Bétarame.
07:09Pour tenter de s'en protéger,
07:12Jean-Rémy va adopter un stratagème pendant près de 3 ans.
07:15Dans la classe de sixième, classe de cinquième, quatrième,
07:21tous les dimanches soirs,
07:23ici, j'enfilais un gant de toilette
07:25que je mettais autour de mon sexe.
07:30Pourquoi ?
07:31Pour moi, ça semblait être une petite armure dérisoire.
07:36Je me disais, de toute façon,
07:39je vais prendre des mains aux fesses ou ailleurs.
07:41Que je peux faire ?
07:43Je vais pas aller en parler à un adulte à Bétarame.
07:46Ils sont tous plus larmés que les uns que les autres,
07:50plus pervers.
07:51Ils en jouissent, la situation des enfants.
07:54Et vos parents, c'était trop difficile d'en parler ?
07:57C'était pas possible d'en parler.
07:59Bétarame, c'est une institution éminemment respectable.
08:05En 1998,
08:07le père Caricard est mis en examen pour viol,
08:11puis libéré.
08:11Il se suicide alors qu'une nouvelle plainte
08:15vient d'être déposée contre lui.
08:18Déjà en 1996,
08:21les violences physiques à Bétarame
08:22faisaient la une des journaux télévisés.
08:25Polémique,
08:26à l'Estelle Bétarame,
08:27près de Pau,
08:28le père d'un lève de 14 ans,
08:29inscrit dans un collège privé,
08:31a déposé plainte pour coups et blessures volontaires
08:33et traitements inhumains et dégradants.
08:35Notre-Dame de Bétarame est réputée
08:37pour sa sévérité,
08:38mais il semble cette fois-ci que certains élèves aient été victimes de sévices
08:42qui vont au-delà de la simple punition.
08:44Des parents viennent de porter plainte pour coups et blessures.
08:46Ils dénoncent, je cite,
08:47des méthodes barbares et des punitions moyenâgeuses.
08:51Parmi les parents d'élèves de Bétarame à cette époque,
08:54l'un d'eux est très connu.
08:56Il est même ministre de l'Éducation nationale,
08:59François Bayrou.
09:00Il va diligenter une inspection
09:03expresse de l'établissement.
09:06Malgré les plaintes,
09:08le rapport conclut à l'absence
09:09de dysfonctionnement.
09:12Toutes les informations que le ministre
09:13pouvait demander, il les a demandées.
09:16Toutes les vérifications ont été favorables
09:18et positives. Le reste suit son cours.
09:20Le poids du silence
09:21retombe sur l'institution
09:23pendant 25 ans.
09:26C'est une enquête de Mediapart
09:27qui va relancer l'affaire Bétarame
09:29en février 2025
09:31et mettre en cause
09:33celui qui est depuis devenu
09:35Premier ministre.
09:37Le média d'investigation
09:38accuse François Bayrou
09:40d'avoir menti pour la défendre.
09:42C'est en lisant cet article
09:44que le député Paul Vannier
09:46découvre le scandale de Bétarame.
09:50J'ai compris que, à nouveau,
09:52la question du contrôle
09:53des établissements privés
09:54était posée à travers cette affaire Bétarame.
09:56J'ai proposé à mon groupe parlementaire
09:57d'interpeller le Premier ministre
09:59sur cette question.
10:01Monsieur le Premier ministre,
10:04pourquoi n'avez-vous pas protégé
10:06les élèves de l'école Notre-Dame de Bétarame
10:09victimes de violences pédocriminelles ?
10:11Alors j'affirme
10:14que j'ai, évidemment,
10:18je n'ai jamais été informé
10:20de quoi que ce soit
10:21de violences
10:23ou de violences a fortiori sexuelles.
10:27Jamais.
10:27Et à la suite de ces questions,
10:30je fais la proposition de création
10:31d'une commission
10:31d'enquête parlementaire
10:32à la présidente
10:33de la commission des affaires culturelles
10:35et de l'éducation.
10:36Cette proposition est mise au vote.
10:37Elle est votée.
10:38Et quelques jours plus tard encore,
10:39c'est bien co-rapporteur.
10:41Donc tout ça est allé très vite.
10:43La commission d'enquête
10:44sur les modalités
10:45du contrôle de l'État
10:46et la prévention
10:47des violences scolaires
10:48est lancée.
10:51Le député insoumis
10:52va travailler
10:52aux côtés
10:53de la macroniste
10:54Violette Spilbout.
10:56Deux rapporteurs
10:57que tout oppose politiquement,
10:59mais qui vont faire
11:00front commun.
11:01Et ça commence
11:02par un déplacement surprise
11:04au ministère
11:05de l'Éducation nationale.
11:06Bonjour Monsieur Vanille.
11:07Bonjour Madame.
11:08Bonjour Madame.
11:08Aujourd'hui,
11:10on a un certain nombre
11:11de documents
11:11que nous allons pouvoir analyser
11:13parce que c'est le premier jour
11:14de travail
11:15de cette commission d'enquête
11:16et nous souhaitons préparer
11:17très sérieusement
11:18l'audition des victimes.
11:20Nous avons découvert
11:20qu'il n'existe pas,
11:22et c'est très étonnant,
11:23qu'il n'existe pas
11:24de dossier Betaram.
11:25Et donc,
11:25nous allons poursuivre
11:26nos investigations
11:27pour comprendre
11:28à quel moment
11:28ces faits ont été détectés
11:30ou n'ont pas été détectés
11:31en effet par l'Éducation nationale.
11:33Les archives,
11:35ils vont aller les chercher
11:36directement à la source.
11:38un contrôle sur pièce
11:40et sur place
11:40à Notre-Dame
11:41de Betaram.
11:45Ils vont découvrir
11:46que l'institution
11:47n'a quasiment
11:48jamais été contrôlée,
11:50comme la plupart
11:50des établissements privés.
11:52Un contrôle en moyenne
11:54tous les 1500 ans.
11:58Betaram,
11:59l'arbre qui cache
12:00la forêt des violences scolaires
12:01et de l'omerta
12:03qui les entoure.
12:03En quelques jours,
12:06des dizaines
12:07de collectifs
12:08de victimes
12:08se constituent
12:09un peu partout
12:10en France.
12:12Violette Spilbout
12:13et Paul Vannier
12:14sont submergés
12:15de témoignages.
12:17Ils choisissent
12:17de consacrer
12:18leur première audition
12:20aux victimes.
12:21On a découvert
12:25le 3 mars
12:27qu'un des tortionnaires
12:28de Betaram
12:28avait poursuivi
12:30sa carrière
12:31directement de Betaram
12:32à Neuilly-sur-Seine
12:33à Saint-Dominique-de-Neuilly.
12:34À Neuilly-sur-Seine
12:35mais aussi
12:36au Bon Pasteur
12:37à Angers.
12:38Il y a des milliers
12:40et des milliers
12:41de filles
12:41qui n'ont jamais
12:42rien dit
12:43et qui sont
12:43dans la nature.
12:44Trop honte,
12:45trop culpabilisées,
12:47trop humiliées
12:48et ça vous démolit
12:51pour la vie entière.
12:53Au collège
12:54Saint-Pierre
12:55du Relais-Cérouon
12:56en Bretagne.
12:57De bas en haut,
12:58je dirais,
12:59à part les femmes
12:59qui nous servaient
13:00à la cantine,
13:01tout le monde
13:02était dans la violence.
13:03qu'a fait l'État
13:04pendant ce temps-là.
13:05Il n'y a pas eu,
13:06en 30 ans,
13:07un signalement.
13:09Et encore
13:09dans le Pas-de-Calais
13:10au village d'enfants
13:11de Riomont.
13:12Le père Revet
13:13assumait le fait
13:14d'embrasser les enfants
13:15sur la bouche.
13:16Le père Revet
13:16assumait
13:17d'enfermer les enfants
13:19au pain sec à l'eau
13:20pendant 5 jours
13:21nus dans des douches
13:22frappés
13:22à coups de ceinturon
13:23côté boucle.
13:26Albert Revet
13:27c'est le père fondateur
13:29de la communauté
13:30de Riomont.
13:31Un foyer d'accueil
13:32pour enfants
13:33puis une école privée
13:34hors contrat
13:35tenue par des religieux
13:37catholiques
13:37traditionnalistes.
13:41Les violences
13:43auraient débuté
13:43dans les années 60.
13:46Les enfants
13:46auraient même été
13:47contraints
13:47à des travaux forcés
13:48pour construire
13:50les bâtiments.
13:50Riomont
13:56semble aujourd'hui
13:58encore figé
13:59dans le temps.
13:59à l'abri des regards
14:01sur cette colline
14:03boisée
14:03du Pas-de-Calais.
14:05C'est cet édifice
14:06austère
14:07que les deux parlementaires
14:09sont venus contrôler.
14:10Je pense qu'il faut
14:15qu'on aille vite
14:16tout de suite
14:17en leur disant
14:18tout de suite
14:18ce qu'on veut
14:18et on peut peut-être
14:19commencer par
14:20la question des archives
14:22et de l'internat
14:24tout de suite.
14:25Archive,
14:25internat.
14:26Le ton est donné,
14:41la visite s'annonce
14:42tendue.
14:43Bonjour.
14:44Alors c'est une commission
14:44d'enquête parlementaire,
14:45monsieur.
14:46Je vais l'expliciter
14:47moi-même.
14:47Je suis le co-rapporteur
14:48de cette commission d'enquête.
14:49Donc si vous voulez bien,
14:50on va rentrer.
14:55Il a l'air efficace.
14:56Il m'a déjà bien dégoûté
15:00le gars-là.
15:02Il est très sale.
15:03Dégueulasse.
15:04T'as vu
15:04cette tache-là ?
15:05Dégueulasse.
15:06Ici, ici.
15:08À l'entrée,
15:10le père tabourin
15:11tente de défendre
15:12son établissement
15:13avant d'être interrompu.
15:1580% de nos anciens
15:16disent qu'ils ont été heureux ici.
15:1810% sont ni chauds ni froids
15:20et 10% sont mécontents.
15:21Voilà, il faut écouter
15:22les 10% de mécontents.
15:23Enfin, il ne faut pas exagérer.
15:24Tu me permets
15:25de être dans les 10%
15:25de mécontents
15:26qui ont reçu une baffe
15:27ce jour de la fin de l'année.
15:29Pourquoi ?
15:30Tu te souviens ?
15:31Tu te souviens
15:32que tu m'as mis une baffe ?
15:33Non, c'est pas moi,
15:33c'est le frère Olivier.
15:34Tu mélanges.
15:34Pardon ?
15:35Tu mélanges avec le frère Olivier.
15:36Non, non, je ne mélange pas
15:37avec le frère Olivier.
15:38Je me souviens très bien
15:38que tu m'as mis une baffe
15:39en fin d'année,
15:40un jour avant la fin
15:40de l'année scolaire
15:41pour justement,
15:42parce que j'ai refusé
15:43de ramasser des feuilles mortes.
15:44Trois victimes
15:46ont profité de la visite
15:48des députés
15:48pour revenir
15:49sur les lieux
15:50de leur souffrance.
15:51J'ai eu du mal à monter,
15:54je ne rentrerai pas.
15:56C'est ce que je disais à Bruno,
15:57c'est ma prison
15:57et j'en suis sorti,
15:58je ne veux plus y rentrer.
15:59Je suis quasiment prêt
16:01à pleurer tellement
16:01ça me fait mal
16:02de revenir ici.
16:04Je pense qu'un enfant
16:05de 9 ans
16:06qui se prend des coups
16:06de rangers,
16:07des claques,
16:07des coups de poing
16:08ou autres sévices,
16:10j'ai l'impression
16:10d'être mort ici en fait.
16:12C'est horrible de dire ça
16:12mais j'ai l'impression
16:13que ma vieille s'est terminée
16:15à un moment donné
16:15où de toute façon
16:16je pensais y rester.
16:18Notre caméra
16:19est finalement autorisée
16:21à visiter l'institution
16:22sous bonne escorte.
16:25On va faire la visite
16:26ceux qui sont restés.
16:28L'école a fermé
16:29en 2019
16:30et depuis janvier dernier,
16:32Riumont n'a plus
16:33l'autorisation
16:33d'accueillir deux mineurs.
16:35C'était quoi là ?
16:36C'était les salles
16:37de classe.
16:39On peut rester en l'état.
16:41On a deux classes
16:42qu'on peut vous montrer.
16:45Les moines
16:45sont toujours là
16:47et ils assument
16:48leurs méthodes éducatives.
16:51qui sont en train
16:52de se faire.
16:52Voilà, ici c'était
16:53la classe la plus difficile
16:55à tenir.
16:56Ce n'était pas évident
16:57de donner un enseignement.
16:59On faisait beaucoup plus
17:00de discipline,
17:02faire en sorte
17:02que les enfants
17:04restent assis
17:05à leur chaise
17:06et soient attentifs.
17:09Vous n'y avez
17:10toutes ces formes
17:11de...
17:11Mais oui,
17:12le but n'était pas
17:13de faire pleurer
17:14les enfants.
17:15Le but était...
17:16Non, non, pas du tout.
17:18C'est très dur pour nous
17:19d'entendre dire
17:21que nous sommes
17:22des torsionnaires.
17:23Vous vous rendez compte
17:23du mot ?
17:24En mettant des...
17:25Sur un coeur,
17:26vous, vous avez mis
17:27des classes, des cours...
17:28Il y a une discipline
17:28à faire respecter.
17:31Il fallait...
17:32Voilà, quand vous êtes
17:34avec une classe...
17:35Voilà, il faut bien
17:36ce que j'ai dit tout à l'heure.
17:36C'est dans la classe
17:37la plus difficile.
17:39Vous étiez bien.
17:40Si vous voulez faire
17:41votre cours,
17:41vous essayez de mettre
17:42de l'ordre.
17:44Alors que nous achevons
17:45la visite,
17:46dans la cour,
17:47la tension monte.
17:49C'est ça ?
17:49Vous venez me voir
17:50dans une classe
17:51et je me demandais
17:51pourquoi je faisais tout ça.
17:52Je ne veux pas
17:53tellement parler.
17:54Pourquoi je parlerais ?
17:55Allez-y,
17:56maintenant, j'ai fini.
17:58Françoise Lobédèze,
17:5980 ans,
18:00a bien connu
18:01le père Argoach
18:02à ses côtés.
18:04Dans les années 70,
18:05elle enseignait le français
18:06à des collégiens
18:07pensionnaires à Rio-Mont
18:08et elle a tenté d'alerter.
18:11Moi, je fais
18:12mon devoir de prof,
18:13je signale
18:13quand ça ne va pas.
18:14Et c'était vous, monsieur ?
18:15C'était vous ?
18:16Je ne sais pas,
18:17je ne crois pas.
18:17Allez, la vérité,
18:18vous ne vous souvenez pas ?
18:19Non, je ne me souviens pas, non.
18:20Mais quand madame nous dit
18:22voilà, moi j'avais des élèves
18:23qui venaient,
18:23qui souffraient,
18:24qui avaient des bleus,
18:25qui étaient malheureux,
18:25vous n'avez jamais vu
18:27d'élèves malheureux
18:28ou qui souffraient ?
18:30Je suis religieux,
18:33voilà,
18:34je n'ai jamais vu
18:35quelqu'un de persécuté
18:36ici,
18:37voilà, c'est tout.
18:38Après, le reste,
18:39elle racontait
18:40ce qu'elle voulait.
18:42Les victimes nous disent,
18:42moi je me souviens,
18:43je me suis pris des claques,
18:44des coups,
18:45des coups de poing,
18:46tout ça, vous contestez ?
18:47Vous savez, ici,
18:50l'éducation autrefois
18:52n'était pas la même
18:52que celle qui est maintenant.
18:54Ce n'est pas si facile que ça.
18:56Vous, vous avez été confronté
18:57à devoir donner des claques,
18:59des coups,
18:59faire des travaux forcés ?
19:01Les travaux forcés,
19:02donc, ça n'existe pas.
19:02J'ai connu des enfants
19:03d'âge de collège.
19:04Il y avait, quand vous étiez là,
19:06Françoise,
19:06des garçons extrêmement difficiles.
19:08Avec vous, peut-être.
19:09Après, que vous disiez,
19:11quand vous étiez...
19:12Je crie parce que c'est inadmissible
19:14que vous vous attaquiez comme ça.
19:16Je ne peux pas parler
19:16avec madame parce que...
19:18Non, mais nous,
19:18on ne veut pas
19:19que vous vous fâchiez.
19:20On va vous laisser.
19:20C'est inadmissible,
19:21je ne peux pas parler avec elle.
19:22Deux mois de vacances chez moi
19:23parce que je l'ai pris
19:24pour deux mois de vacances.
19:25Au revoir, monsieur.
19:26L'atmosphère est plus que pesante.
19:30C'est aussi ce que vont ressentir
19:32les députés tout au long
19:33de leur visite.
19:35Ils ressortent un peu sonnés.
19:37D'accord.
19:39Et ils préfèrent s'éloigner
19:40pour nous donner leurs impressions.
19:43Ici, vous êtes sûrs ?
19:44Ici, comme ça ?
19:46Il y avait comme un climat de défiance
19:56qui peut-être traduit quelque chose
19:59et qui peut-être nous rappelle
20:01et nous sortions d'un rendez-vous
20:03avec les victimes,
20:04ce qu'a pu être pour des enfants,
20:06des adolescents, une vie ici.
20:08Pour les victimes,
20:09c'est une histoire
20:10qu'elles ont largement déjà partagée
20:12elles-mêmes,
20:12une histoire de souffrance,
20:14de travaux forcés,
20:15de travaux nocturnes dans le froid.
20:19Comme à Bétaram,
20:20les députés veulent comprendre
20:22comment ces dysfonctionnements
20:23ont pu perdurer.
20:25Ils espèrent obtenir des réponses
20:27à la préfecture d'Arras.
20:29Toute la partie archive nationale
20:30s'arrête à 1981 jusqu'en 2017.
20:33Donc ça, on doit vraiment demander
20:34à la préfecture les choses.
20:36Ce qu'on peut aussi demander
20:37à la préfecture en plus,
20:38du coup,
20:39c'est parce que les préfectures
20:40valident les délibérations municipales.
20:42C'est toutes les délibérations municipales
20:44de soutien au village d'enfants.
20:48Voilà.
20:52Je crois qu'on est au complet.
20:53On y va ?
20:55Ils vont découvrir
20:59que des contrôles,
21:01des alertes,
21:02il y en a eu à Riaumont.
21:03Bonjour.
21:04Et pourtant,
21:05rien n'a changé.
21:06Bonjour.
21:09Nous avons commencé
21:10à reconstituer
21:11ces dysfonctionnements.
21:13Dysfonctionnement
21:13d'un rapport de la DAS
21:14qui n'a pas été suivi des faits
21:16en 2001.
21:18Dysfonctionnement
21:18de rapports d'inspection
21:20de l'éducation nationale
21:22en 2012
21:23qui ont finalement
21:24à plusieurs reprises
21:25été étudiés
21:26et donné un avis favorable
21:28à la reprise d'activité
21:30alors qu'on était
21:30en pleine plainte
21:32de crimes
21:33pour des faits
21:34de violences physiques
21:35et sexuelles
21:35au sein de Riaumont.
21:37À chaque fois,
21:39c'est une chaîne entière
21:40de responsabilités
21:41qui a failli.
21:43Une institution,
21:44l'éducation nationale,
21:46souvent incapable
21:47de réagir
21:48face aux violences scolaires.
21:50Dans les établissements privés,
21:52mais aussi
21:53dans les écoles publiques.
21:58Bon, allez, hop.
21:59On se re-saisit.
22:01Marie-Pierre Jacquard
22:02est une lanceuse d'alerte.
22:05Cette professeure
22:05a osé dénoncer
22:06un de ses collègues
22:07accusé de harcèlement
22:09et d'agression sexuelle
22:10pendant 25 ans
22:11sur ses élèves.
22:13Non seulement,
22:14elle n'a pas été entendue,
22:16mais en plus,
22:16elle a été mutée.
22:19Je me dis,
22:20mais en fait,
22:20on est à l'école,
22:21on est prof,
22:22on est cadre
22:22dans l'éducation nationale,
22:23pour les élèves,
22:24en fait,
22:24pour les protéger,
22:25parce qu'on s'intéresse à eux,
22:26parce que...
22:27Et finalement,
22:28je me dis,
22:29tout le monde s'en fout,
22:30en fait,
22:31c'est vraiment...
22:32Le nœud du problème,
22:33c'est ça,
22:33c'est l'écoute de l'enfant.
22:35Ouais,
22:35je crois qu'il y a
22:35une espèce de hiérarchisation
22:36des personnes,
22:37en fait,
22:38qui se sentent supérieures
22:38à des autres.
22:39Alors moi,
22:39forcément,
22:40je suis dans la strate inférieure
22:41où on est prof.
22:42Et alors les élèves,
22:42c'est comme s'ils n'existaient pas,
22:43en fait,
22:44ils n'ont rien à dire,
22:44on ne les croit pas,
22:46alors qu'on ne les écoute pas.
22:48Marie-Pierelle
22:49les a écoutés.
22:51Elle a même recueilli
22:52leurs témoignages.
22:54C'était en 2021.
22:59Il y a des élèves
23:00qui m'ont écrit
23:01qui ont aujourd'hui
23:01plus de 40 ans.
23:02Il y en a un qui me dit,
23:03voilà,
23:03j'étais là-bas
23:04entre 2003 et 2006.
23:06Si vous saviez
23:06depuis combien de temps
23:07il agissait,
23:07c'était déjà quelque chose.
23:08Mais je préférerais
23:09vous en parler de vive voix.
23:10Nous sommes appelés
23:11par la suite.
23:11Et il y a quelqu'un
23:13qui m'a dit aussi,
23:14c'est vraiment passé
23:15pas loin pour moi.
23:16Je suis allée chez lui,
23:16j'ai bu son coca,
23:17j'ai été sur son matelas,
23:19je l'ai vu ouvrir sa chemise.
23:20Je ne me rendais pas compte
23:21à quel point j'étais proche
23:21de l'enfer absolu.
23:23Je revois Pascal
23:24se vanter auprès de moi
23:25d'avoir couché
23:26avec un élève.
23:28Mais pour sa hiérarchie
23:29à l'époque,
23:30ses écrits
23:30ne sont pas suffisants.
23:35J'ai alerté ma proviseure
23:36qui a alerté
23:37les inspectrices.
23:37Ensuite,
23:38on a une réunion ensemble.
23:39Et là,
23:39on m'a dit
23:40qu'il n'y avait pas de preuves,
23:41pas de plaintes,
23:42qu'il n'y avait rien
23:43à lui reprocher.
23:46Donc moi,
23:46j'ai dit,
23:46je crois que c'est grave,
23:47vraiment,
23:48il faut vraiment
23:48faire quelque chose.
23:49Et je me suis dit,
23:50ça va se faire.
23:51Et en fait,
23:51ça ne s'est pas fait.
23:53Pendant deux ans,
23:54Pascal Vey
23:54continue d'enseigner
23:56jusqu'à ce que la justice
23:58se saisisse du dossier.
24:00Il se suicide,
24:01la veille de sa garde à vue.
24:03Il n'y aura pas de procès.
24:04Paul Vannier
24:06et Violette Spilbout
24:08ont découvert
24:09l'affaire du lycée
24:10Bayen
24:10pendant leur commission
24:11d'enquête.
24:13Ils ont tenu
24:13à saluer
24:14Marie-Pierre Jacquard.
24:15Et nous voulons
24:17d'être là devant
24:18le lycée.
24:20Merci à vous.
24:22On vous en prie,
24:23suivez nos travaux,
24:24on vous informe,
24:25bien sûr.
24:26Et bon courage à vous.
24:27Merci beaucoup
24:27pour la démarche
24:28parce que je pense
24:28que c'est vraiment important.
24:30Les auditions sont publiques,
24:31les conclusions sont publiques.
24:33Voilà,
24:33donc ça nous permettra
24:34aussi avec les auditions
24:35de continuer le chemin.
24:37Tout le monde aussi.
24:38Voilà.
24:38Tout le monde,
24:39j'espère.
24:40Merci beaucoup à vous.
24:41Désirons.
24:41Au revoir.
24:42A bientôt.
24:44Les députés veulent comprendre
24:45pourquoi les signalements
24:47n'ont pas été pris en compte.
24:48Bonjour.
24:50Vérifiez aussi que depuis,
24:52le lycée a mis en place
24:53des protocoles d'alerte.
24:56Pour les co-rapporteurs,
24:58ces contrôles sur pièce
24:59et sur place
24:59sont essentiels.
25:02Les archives qu'ils récupèrent
25:03permettent d'enrichir
25:05les auditions,
25:06de confronter
25:07les protagonistes
25:08à la vérité.
25:09T'as tout pris ?
25:10Merci, regarde.
25:12Hop.
25:13A l'Assemblée nationale,
25:14c'est dans cette salle
25:16que Violette Spilbout
25:17et Paul Vannier
25:18passent la plupart
25:18de leur temps
25:19pour débriefer
25:21ces contrôles
25:21et préparer
25:22leurs auditions.
25:25Là, c'est le matériel.
25:27Voilà à quoi servent
25:27les contrôles
25:28sur place et sur pièce.
25:30À aller chercher
25:30des documents,
25:31des documents
25:32qui sinon
25:32seraient restés
25:34bien méconnus,
25:35inconnus.
25:36Et ils sont essentiels,
25:37ces documents.
25:38Alors, c'est vraiment
25:38des milliers et des milliers
25:39de pages, là.
25:39Il y a près de 10 000 pages
25:40de documents.
25:41Il y a beaucoup de documents
25:42qui nous arrivent aussi,
25:43des archives nationales,
25:44parce qu'on a fait
25:44un certain nombre
25:44de requêtes,
25:45notamment sur les échanges
25:46entre les ministres,
25:48les cabinets ministériels,
25:48les administrations,
25:49les associations.
25:51Comme cette lettre,
25:52envoyée par le secrétaire général
25:54de l'enseignement catholique
25:55en novembre 2024
25:57au ministère
25:58de l'Éducation nationale.
26:01Un document crucial.
26:02C'est un courrier très important
26:03parce que ce secrétaire général,
26:06M. Delorme,
26:07publiquement a affiché,
26:09souvent a revendiqué
26:10son souhait
26:10de voir les contrôles
26:11être généralisés
26:12dans les établissements
26:13qui relèvent de son réseau.
26:14Et dans ce courrier,
26:15il dit les choses
26:15de façon très différente.
26:17On peut constater
26:17dans ce courrier
26:18qu'il s'oppose
26:19au renforcement du contrôle,
26:21des contrôles
26:22et un guide du contrôle
26:23qu'il qualifie,
26:24par exemple,
26:24de manuel de l'inquisiteur.
26:27Ce courrier,
26:28Paul Vannier va l'utiliser
26:30face à Philippe Delorme.
26:31Dans ce courrier,
26:35vous indiquez notamment
26:37que, je vous cite,
26:38c'est vous, M. Delorme,
26:39qui signez ce courrier,
26:40les établissements privés
26:41associés à l'État
26:42par contrat
26:43ne peuvent être contrôlés
26:45comme les établissements
26:46hors contrat.
26:47Ils ne peuvent pas non plus
26:48être contrôlés
26:49comme le public.
26:50L'organisation de la vie scolaire
26:52nous est propre
26:53et fait partie
26:53de notre liberté.
26:55Vous qualifiez ce guide
26:56dans ce courrier,
26:57je vous cite,
26:57M. Delorme,
26:58de manuel de l'inquisiteur
27:00et vous considérez
27:01que ce guide participe,
27:03je vous cite encore,
27:03d'un système de délation.
27:05Je vous pose des questions
27:06très directes,
27:07M. le secrétaire général.
27:08Est-ce que vous considérez
27:08que les inspecteurs
27:09de l'éducation nationale
27:10sont des inquisiteurs ?
27:12Non, ils ne sont pas
27:12des inquisiteurs,
27:13M. le rapporteur.
27:15Très bien,
27:15c'est pourtant ce que vous avez
27:16écrit dans ce courrier.
27:17Nous n'écririons pas forcément
27:19la même chose aujourd'hui.
27:22Confronté à son courrier
27:23qui date d'à peine six mois,
27:25le secrétaire général
27:26de l'enseignement catholique
27:28a changé de discours.
27:30C'est un point
27:31que nous considérons
27:32comme un point d'avancée,
27:33signe de l'utilité
27:34de notre commission d'enquête.
27:35Ça met des personnalités
27:37qui ont des responsabilités
27:38en face, sous serment,
27:40en face d'un public
27:41qui attend des réponses,
27:42par exemple,
27:43sur le sujet
27:43des violences sexuelles
27:45dans des établissements
27:46privés sous contrat.
27:47On n'est pas là
27:48pour piéger qui que ce soit,
27:50mais on n'est pas là non plus
27:51pour se faire balader.
27:52Et ces documents
27:53nous garantissent
27:54qu'on ne le sera pas.
27:55La commission
27:57a réalisé 140 auditions.
28:00Mais l'une d'elles
28:01est particulièrement attendue.
28:03Ce 14 mai,
28:05les rapporteurs
28:05s'apprêtent à entendre
28:06le Premier ministre,
28:08François Bayrou.
28:09L'ambiance promet
28:10d'être électrique.
28:12Le député LFI
28:13Paul Vannier
28:14a réclamé sa démission
28:16trois mois plus tôt
28:17et l'accuse toujours
28:18d'avoir menti.
28:19Je vous invite donc,
28:20Monsieur le Premier ministre,
28:21à lever la main droite
28:22et à dire
28:23je le jure.
28:23Le duel peut commencer
28:26et cette fois sous serment.
28:31Monsieur le Premier ministre,
28:32le 11 février dernier,
28:34ici même à l'Assemblée nationale,
28:37vous avez déclaré,
28:37je vous cite,
28:39je n'ai jamais été informé
28:41de quoi que ce soit
28:42de violence
28:43ou de violence
28:44a fortiori sexuelle.
28:46Jamais.
28:48Monsieur le Premier ministre,
28:49maintenez-vous aujourd'hui
28:51sous serment
28:52devant notre commission
28:54d'enquête
28:54cette déclaration.
28:56Celui qui ment ce jour-là,
28:59le 11 février,
29:02ce n'est pas celui
29:03qui répond à la question,
29:04c'est celui qui pose la question.
29:06C'est-à-dire vous.
29:07Vous n'avez pas répondu
29:08à ma question,
29:09je la repose donc à nouveau.
29:11Je maintiens
29:12que les seules informations
29:13que j'ai eues
29:14étaient celles
29:14qui étaient dans le journal.
29:15Je n'en ai pas eu d'autres.
29:18Et la passe d'armes
29:19entre la commission
29:20et François Bayrou
29:21continue.
29:24Monsieur Vanier,
29:25j'ai déjà décrit
29:26votre méthode
29:26qui consiste
29:28à essayer
29:29de tirer
29:30la réalité
29:32pour nourrir
29:34un procès
29:35en scandale.
29:36Excusez-moi,
29:36juste,
29:38je pense
29:39qu'il faut
29:40prendre aussi
29:41le pli,
29:42c'est-à-dire
29:43répondre à la question
29:44qu'on vous a posée.
29:44Je n'ai rien caché,
29:46madame,
29:47et je vous demande
29:47d'adopter
29:48une formulation
29:49qui respecte
29:51ce que vous
29:52convoquez
29:53devant cette commission.
29:55Il se trouve
29:56que je n'ai pas eu
29:57le sentiment
29:58que la commission
29:59était totalement objective.
30:01Nous savons
30:02que nous avons
30:02le Premier ministre
30:03en face de nous
30:03et c'est très important
30:05d'être juste
30:05et factuel
30:06dans les questions
30:06que nous vous posons.
30:08Mais à l'inverse,
30:09je vous demanderais
30:10effectivement
30:10de ne pas considérer
30:12que tout ce travail
30:13est à charge
30:13contre vous.
30:14Eh bien,
30:15je crois
30:16que nous avons
30:16terminé
30:17cette longue audition
30:19de M. le Premier ministre.
30:21Nous vous remercions
30:22et nous arrêtons là.
30:23Merci beaucoup.
30:255h30.
30:255h30 de bras de fer
30:29pendant lesquelles
30:31chacun campera
30:32sur ses positions.
30:34Un Premier ministre
30:35qui se défend
30:35d'avoir menti
30:36et une commission d'enquête
30:38qui pointe
30:39ses approximations.
30:45Alors que les auditions
30:47s'enchaînent
30:47à l'Assemblée nationale,
30:49en parallèle,
30:50la justice avance.
30:51Le tribunal de Béthune
30:54doit rendre
30:55une décision importante
30:56concernant
30:57Riaumont.
30:58Adrien Bonnel,
30:59l'une des victimes
31:00que nous avions rencontrées
31:01devant le village d'enfants,
31:03ne veut pas rater
31:04ce moment.
31:04L'homme qui l'interpelle,
31:13c'est le père Alain Hochmiller.
31:15Il comparait
31:16pour détention
31:17et consultation
31:17d'images
31:18pédopornographiques.
31:20Adrien retrouve la journaliste
31:36Hichelle Delaporte.
31:38C'est elle qui a révélé
31:39le scandale de Riaumont
31:41et retrouvé
31:42une cinquantaine de victimes.
31:44Il y a aussi Françoise,
31:45l'ancienne professeure de français.
31:50C'est le premier procès.
31:52Alors forcément,
31:52c'est très symbolique
31:53pour les victimes.
31:55C'est très symbolique
31:57parce qu'ils ne se sont jamais
31:58retrouvés à devoir
31:59rendre des comptes
32:00devant la justice,
32:02à l'État,
32:02à des victimes.
32:03Là, c'est une première étape,
32:06mais d'une longue liste.
32:11L'ancien prieur
32:12écope de deux ans
32:14de prison avec sursis
32:15et interdiction
32:16d'exercer
32:17avec les mineurs
32:18pendant cinq ans.
32:19Son avocat
32:20a fait appel.
32:24Alors,
32:24comment vous accueillez
32:25se délibérer ?
32:26Concrètement,
32:26ce n'est pas ce que j'espérais.
32:27Il y a d'autres procès
32:28à venir
32:28dans lesquels
32:29il fait partie.
32:31Donc,
32:32on va attendre.
32:33On espère
32:34qu'avec le fait
32:35qu'il soit en sursis,
32:36que ça le fasse tomber
32:37sur du ferme
32:38dans ce cas-là.
32:40Le parcours judiciaire
32:41ne fait que commencer
32:42pour le village
32:43d'enfants de Riaumont.
32:44les membres du collectif
32:47de victimes
32:48suivent aussi
32:49le travail
32:50de la commission
32:50d'enquête
32:51et ils en attendent
32:53beaucoup.
32:56Non,
32:56mais ce qui est certain,
32:57c'est que grâce
32:58à la commission parlementaire,
33:00on voit tous les aspects
33:01du problème,
33:02toutes les administrations,
33:04toutes les parties
33:05prenantes
33:05qui ont dissimulé
33:08ou qui n'ont pas
33:09dissimulé
33:10toutes ces maltraitances
33:12et tout ce scandale
33:14en quelque sorte.
33:16Cette commission,
33:17elle est salvatrice
33:17parce que
33:18c'est la première fois
33:19que l'État
33:20met le nez
33:21dans toutes
33:22les déviances
33:24structurelles
33:24et institutionnelles
33:26qui ont permis
33:27ce silence,
33:29qui ont permis
33:29ces omertas,
33:30qui ont permis
33:30ces crimes,
33:31parce qu'on peut parler
33:31de crimes,
33:32de ce qui a été commis
33:33auprès d'enfants.
33:34Et donc,
33:34finalement,
33:35ils ont été là
33:36pour entendre,
33:37pour écouter,
33:37pour dire
33:38cette fameuse phrase
33:39qu'on aimerait
33:40entendre plus souvent
33:41qui est
33:41« je t'écoute »
33:42et donc « je te crois »
33:43en fait.
33:44Et le « je te crois »
33:45il a été fait
33:46par des gens
33:46qui représentent
33:48quelque chose
33:48et donc rien que ça
33:49déjà,
33:50c'est une reconnaissance
33:51finalement du statut
33:52de victime
33:53que les victimes
33:54elles-mêmes
33:54ont mis du temps
33:55à s'accorder
33:56en quelque sorte.
33:58Mais comment être
33:59reconnue victime
34:00devant la justice ?
34:02Les violences
34:03sont souvent anciennes
34:04et de nombreuses plaintes
34:05comme celles
34:06d'Adrien
34:06sont prescrites.
34:10Ce que je voudrais
34:10pour ma part
34:11mais je pense
34:12que c'est beaucoup
34:12de monde
34:13c'est la levée
34:15de la prescription
34:16dans le cas
34:17des faits
34:18qui se sont produits
34:19sur les mineurs.
34:20Que la loi change là-dessus.
34:22Ces attentes,
34:26Violette Spilbout
34:27et Paul Vannier
34:28les ont en tête
34:29au moment
34:29de présenter
34:30leur rapport.
34:33Ils ont élaboré
34:3450 recommandations
34:36pour mettre fin
34:37aux violences scolaires
34:38et pour que les victimes
34:40soient enfin reconnues.
34:41Il y a des recommandations
34:42extrêmement importantes
34:44pour les victimes.
34:45Je pense en particulier
34:45à la création
34:46d'un fonds
34:47d'indemnisation
34:48qui permettra
34:49individuellement
34:50de reconnaître
34:51chaque victime
34:52fonds d'indemnisation
34:54par l'État
34:55parce que c'est bien
34:55l'État
34:56qui a été défaillant
34:57dans le contrôle
34:58des établissements scolaires
34:59qu'ils soient privés
35:00ou publics
35:01dans notre pays
35:01pendant des années.
35:03Face à cette situation
35:04face à cette carence
35:05insupportable
35:06inacceptable
35:07nous appelons
35:08à une révolution
35:09dans des moyens
35:10du contrôle
35:10qu'il faut renforcer
35:11conforter
35:12clarifier
35:13dans des procédures
35:14de signalement
35:15qui doivent être
35:16beaucoup plus robustes
35:17c'est la création
35:18de signalés d'upes
35:19comme cellules nationales
35:21de signalement
35:21et puis des mesures
35:22de prévention
35:23très nombreuses
35:24qui doivent être
35:25mises en place
35:26pour empêcher
35:27que le pire
35:27ne se propose.
35:29Les députés
35:30proposent des contrôles
35:32dans les établissements
35:33privés
35:33tous les 5 ans
35:34au minimum.
35:36Ils déposeront
35:37une proposition
35:37de loi à l'automne
35:38regroupant
35:39la plupart
35:40de leurs préconisations.
35:42Quant à la levée
35:43de la prescription
35:44réclamée par les victimes
35:46elle fera l'objet
35:47d'une mission
35:48transpartisane
35:49à l'Assemblée nationale.
35:52Si la commission
35:53a permis
35:54que la parole
35:54se libère
35:55les députés
35:56souhaitent à présent
35:57une prise de conscience
35:58collective
35:59pour protéger
36:00les enfants
36:01et s'assurer
36:02que les violences scolaires
36:04appartiennent
36:05au passé.
36:05et s'assurer
36:07à l'Assemblée nationale.
36:08Sous-titrage Société Radio-Canada
36:09Sous-titrage Société Radio-Canada
36:15Sous-titrage Société Radio-Canada
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