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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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News
Transcription
00:0119h sur CNews, l'heure de face à Bocoté. Bonsoir Mathieu.
00:04Bonsoir.
00:05Émission un peu spéciale ce soir, notre invité est déjà présent, François-Olivier Gisbert. Bonsoir.
00:10Bonsoir Thomas Bonnet.
00:11Ravi d'être avec vous. Arthur Devatrigan également, bonsoir.
00:13Bonsoir.
00:14Dans quelques instants, on commence la discussion. Une heure de discussion ce soir, format un peu spécial, format exceptionnel.
00:19D'abord, le point complet sur l'actualité avec vous, Isabelle Pipolo.
00:22Bonsoir Thomas, bonsoir à tous. Elle a eu une fusillade hier soir à Nîmes.
00:25Six jeunes âgés de 15 à 20 ans ont été blessés dans le quartier de Val-de-Gour.
00:30Parmi eux, cinq sont toujours hospitalisés, dont deux dans un état préoccupant.
00:35Mais leur pronostic vital ne serait plus engagé, selon la procureure.
00:39À ce stade, aucune piste n'est privilégiée.
00:41Mais le drame s'est déroulé près du quartier de Pisse 20, gangréné par le trafic de drogue.
00:46Une enquête de flagrance a été ouverte.
00:48Le mois des fiertés se termine avec de nombreuses marches à travers le monde.
00:51Washington, Budapest ou encore Paris.
00:54Le défilé annuel est parti du Louvre.
00:56Direction Nation, avec pour mot d'ordre, protester contre l'international réactionnaire.
01:01La présidente de SOS Homophobie a fait état d'un contexte menaçant politiquement.
01:06Les droits de la communauté LGBTQIA+, sont réellement en danger, a-t-elle martelé.
01:12Et puis la trêve dans la bande de Gaza serait proche, selon Donald Trump.
01:16Après plus de 20 mois de guerre, le cessez-le-feu pourrait intervenir dès la semaine prochaine,
01:20d'après le président américain. De son côté, le Qatar, pays médiateur entre Israël et le Hamas,
01:27a fait état d'une fenêtre d'opportunité créée par le cessez-le-feu entre la République islamique d'Iran et l'État hébreu.
01:34Merci beaucoup Isabelle, et à tout à l'heure pour un nouveau point sur l'information.
01:39Mathieu, c'est à vous pour ouvrir cette discussion ce soir avec notre invité François-Lévié Gisbert.
01:43Alors, François-Lévié Gisbert, bonsoir.
01:46Bonsoir Mathieu Pocoté.
01:47Alors, c'est le plaisir, donc ce soir nous aurons une heure de conversation,
01:50non pas simplement sur votre regard sur l'actualité,
01:52il dit que nous aurons l'occasion de vous poser plusieurs questions sur cela,
01:54mais davantage sur votre œuvre, c'est-à-dire le plaisir d'un exercice d'admiration,
01:58on aurait appelé ça comme ça autrefois.
01:59Donc, votre regard, non seulement...
02:01Votre œuvre, il ne faut pas...
02:02Ah ben non, mais justement, c'est parce que vous avez une œuvre importante que...
02:04Vous ne me confondez pas avec Philippe Solaire.
02:06Mais non, surtout pas, je n'aurais pas cette idée.
02:08Je ne suis pas dans la postérité, je...
02:10Ah ben, vous l'êtes peut-être malgré vous.
02:11Malgré vous, aux personnes d'aujourd'hui.
02:12Alors, justement, mais vous vous intéressez aux personnes d'aujourd'hui,
02:14et aussi à ceux d'hier, et vous avez été comme d'autres,
02:17et vous êtes, je dirais, passionné ou à tout le monde,
02:19vous êtes un observateur fin de la politique,
02:21mais à la différence de la plupart des journalistes qui s'intéressent à la politique,
02:24vous regardez moins les politiques,
02:26et ce sera le point de départ d'un autre échange,
02:28en regardant la continuité de leurs idées,
02:30de leur fidélité à une certaine doctrine.
02:32Quand vous avez consacré des livres aux politiques,
02:34vous en avez écrit plusieurs,
02:35vous vous intéressez normalement davantage,
02:37vous me corrigerez si je me trompe,
02:39un politique, pour vous, c'est d'abord un tempérament,
02:41c'est d'abord un caractère.
02:42Donc, la première question que je vous lancerai,
02:43c'est comment abordez-vous la bête politique,
02:45les bêtes politiques, lorsque vous les rencontrez ?
02:47Je ne regarde pas trop l'idéologie, vous avez raison,
02:49c'est tout à fait ça.
02:50Il y a une très belle phrase de De Gaulle
02:51qui parle de l'idéologie comme de paravent,
02:53paravent dont les politiciens changent
02:55suivant les circonstances.
02:57Donc, ça ne m'intéresse pas beaucoup.
02:58Ce qui est intéressant en politique,
02:59c'est comme dans la vie, c'est le caractère.
03:02Vous savez, il y a des gens qui ont plein de qualités,
03:04ils sont très intelligents,
03:06par exemple en ce moment en France, à l'Elysée,
03:09des gens très très intelligents,
03:10qui savent tout sur tout,
03:12enfin, pas tout sur tout, d'ailleurs,
03:14avec une forme d'inculture aussi,
03:15mais qui prétendent tout savoir sur tout,
03:17ils peuvent disserter sur tout.
03:17En tout cas, ils parlent très bien,
03:18et puis il n'y a pas de caractère.
03:19S'il n'y a pas de caractère, ça ne marche pas.
03:22L'intelligence sans caractère, c'est rien du tout.
03:24Alors, le premier critère, le caractère.
03:26Pour moi, c'est le caractère.
03:27Oui, d'ailleurs, c'est ce qui a manqué à la France
03:29depuis déjà assez longtemps,
03:32depuis De Gaulle, je dirais.
03:33Enfin, on ne peut pas dire Jessica Pompidou
03:35n'avait pas de caractère,
03:36et Mitterrand non plus, d'ailleurs,
03:36il avait aussi du caractère.
03:38Mais je pense que ce qui est très important,
03:40c'est vraiment...
03:41Mais ce n'est pas seulement en politique,
03:42ce n'est pas seulement pour sauver un pays,
03:44ce dont nous avons besoin aujourd'hui,
03:45c'est aussi dans la vie de tous les jours.
03:47Alors, vous avez fréquenté ces politiques,
03:49encore une fois, plusieurs pratiques,
03:51le journalisme en cabinet, en quelque sorte.
03:53C'est-à-dire, on lit sur un personnage,
03:54on entend parler de lui,
03:55et finalement, on lui consacre un article.
03:57Vous, vous les avez fréquentés,
03:58vous les avez travaillés au corps.
04:00Donc, je pense à Mitterrand,
04:01je pense à Chirac.
04:02On parlera peut-être tantôt de Dominique de Villepin.
04:04Mais d'abord, Chirac, Mitterrand,
04:06quand vous travaillez les politiques comme ça,
04:08quelle relation nouez-vous avec eux
04:09pour être capable d'extraire la part d'eux-mêmes
04:12dont vous ferez un récit, ensuite un livre, un roman, un essai ?
04:14Ce n'est pas très compliqué.
04:15Je suis petit journaliste, nouvel observateur, reporter.
04:19On m'envoie faire...
04:21Je suis, à un moment donné, d'ailleurs,
04:23on appelle suivre dans le journalisme.
04:25Je suis le Parti Socialiste de François Mitterrand.
04:27Donc, je suis François Mitterrand.
04:29Je suis également Jacques Chirac.
04:31Un jour, on me charge de faire un reportage.
04:33Et dans les deux cas, je me suis attravé,
04:34c'est en 1972, je me suis dit,
04:37ces deux-là, ils seront présidents un jour.
04:39Et je leur ai dit, d'ailleurs,
04:40je vais faire un livre sur vous.
04:41Et j'ai commencé, mais à gratter,
04:42non pas pour faire un petit livre politique
04:44comme on fait souvent,
04:45c'est-à-dire à suivre ces gens-là,
04:47mais souvent pour rien.
04:48Vous voyez, parfois, ça ne sert à rien.
04:50On va ici ou là,
04:51où on écoute des discours rasoirs, etc.
04:53Mais pour aussi déjeuner avec eux,
04:56les voir dans toutes les situations.
04:56On pourrait le devenir presque amis avec eux ?
04:59Oui, bien sûr, c'est ce que je dirais.
05:00Après, le problème, c'est que, évidemment,
05:02quand on est journaliste,
05:02on est toujours un peu traître.
05:04Cela étant, ça m'arrivait d'avoir,
05:05encore aujourd'hui, des amis en politique.
05:07J'en ai très peu.
05:07Mais j'en ai eu un, d'ailleurs,
05:08je ne me suis pas caché.
05:09Je l'ai écrit.
05:11C'est quelqu'un que j'ai beaucoup aimé.
05:12Bon, on s'engueulait beaucoup politiquement,
05:14mais ça n'avait rien à voir.
05:15C'était Pierre Moroy.
05:16Pour des raisons, je ne sais pas, comme ça.
05:18Voilà, on est devenus amis.
05:19Mais puis, aujourd'hui,
05:21des personnages comme Christian Estrosi,
05:22que j'aime beaucoup aussi.
05:23Vous voyez, c'est pas...
05:24Je ne me cache pas d'amitié.
05:27Mais ça ne m'empêche pas de faire mon boulot.
05:28Jamais, jamais, jamais.
05:30Et si vous voulez,
05:31quand on approche les politiques de cette façon-là,
05:33c'est-à-dire qu'on les coince de tous les côtés,
05:36la famille, comment ils vivent, etc.,
05:38je pense qu'on apprend à les connaître.
05:39Évidemment, si vous faites ça sur le premier politique venu,
05:43c'est rasoir comme tout.
05:44Mais là, j'avais décidé,
05:46et puis finalement, il se trouve que j'avais raison,
05:48qu'ils seraient un jour tous les deux présidents.
05:50Pourquoi ?
05:50Parce qu'il y en avait un qui avait un charisme dément,
05:52qui était Chirac.
05:53C'est-à-dire, il fallait le voir en Corrèze.
05:55Vous voyez sans arrêt,
05:57par exemple, les communistes qui vous disaient,
05:59avec l'axe de Boulibola-Garriard,
06:01« Ouais, moi, je suis communiste de père en fils depuis très longtemps,
06:05mais là, je vois Chirac. »
06:07Et puis, le socialiste, vous disiez la même chose, etc.
06:10Quant à Mitterrand, c'était tout à fait autre chose.
06:12C'était une énorme culture.
06:14C'est ça qui m'avait tout de suite séduit chez lui.
06:17Et puis, culture,
06:18mais c'est un peu facile quand on dit culture.
06:20Surtout, c'était un écrivain,
06:21mais un écrivain qui n'a pas écrit de livre.
06:23Mais voilà, c'est une rencontre entre deux écrivains, vous, Mitterrand.
06:25Mais qui s'en foutait.
06:26En fait, Mitterrand, c'est votre personnage romanesque.
06:28Oui, parce qu'il me disait toujours,
06:29il se moquait de moi, toujours, parce que je voulais être écrivain,
06:31il se moquait de moi.
06:32Il me disait le célèbre mot de Rieux de La Rochelle,
06:36vous savez, l'écrivain collaborationniste des années 40,
06:39mais qui était un grand écrivain par ailleurs,
06:40qui a écrit beaucoup de bons livres.
06:41Excellent livre, d'ailleurs.
06:43Et il disait toujours,
06:45il faut être écrivain pour être riche et célèbre.
06:47Mitterrand disait,
06:48c'est la meilleure façon pour être pauvre et inconnu.
06:49Aujourd'hui, aujourd'hui.
06:50Il disait ça dans les années 80, 90.
06:54Vous voyez ce que je veux dire ?
06:55C'est-à-dire, il avait un peu d'avance.
06:57Parce qu'aujourd'hui, je crois que c'est un peu le cas.
06:58C'est très difficile, écrivain.
07:00Ça m'empêche pas d'essayer de l'être.
07:02Mathieu, vous demandez votre avis sur les hommes politiques.
07:05Moi, je demandais votre avis sur vous.
07:07Vous avez été, et vous êtes encore au cœur du pouvoir, des élites.
07:10Vous avez dirigé trois organes de presse majeurs,
07:14aux trois points cardinaux de l'échiquier politique.
07:16Je crois que vous êtes le seul, d'ailleurs.
07:17Nouvel Obs, Le Point, Le Figaro.
07:19Le Fig Mag, aussi.
07:20Le Fig Mag.
07:20J'ai passé un très bon moment.
07:21Vous avez reculé les confidences des présidents,
07:24dans le milieu où on dit qu'en le vent politique tourne,
07:26regardez ce que fait Fogg, où il va prendre la bonne route.
07:28Comment on fait pour être toujours...
07:29C'est le jaloux, vous ne les écoutez pas.
07:30On a beaucoup de jaloux, des gris dans ce métier.
07:33Non, non, mais ce n'est pas le problème.
07:34Moi, je vous demande, c'est comment on fait pour être toujours du bon côté du manche
07:37et réciciper ce qui va se passer ?
07:38C'est là, vous voyez, c'est ça, justement,
07:41que ça ne correspond pas du tout à la réalité.
07:43Je veux dire pourquoi.
07:43Vous êtes peu critiquable.
07:46On peut me critiquer, d'ailleurs.
07:47Vous êtes peu critiquable.
07:47Vous êtes peu d'ennemis.
07:49Oui, parce que je suis vieux.
07:51Mais je veux dire, j'en avais beaucoup quand j'étais jeune.
07:53Énormément aussi.
07:54Pourquoi ?
07:54Parce que je m'en foutais de tout.
07:56Parce que je ne faisais pas dans ce sens-là.
07:58J'ai toujours dit, d'ailleurs, aux petits jeunes qui viennent me dire
08:00qu'est-ce qu'il faut faire pour réussir dans le journalisme,
08:02je leur dis surtout ne faites pas carrière.
08:04Il faut faire ce qu'on pense, être presque barré à tout moment, etc.
08:08Et puis surtout, par exemple, ce que vous me dites là,
08:10dans le sens du vent,
08:12je crois que très souvent, j'étais contre le vent.
08:14Je vais vous dire pourquoi.
08:15J'étais au Nouvel Observateur.
08:17J'étais bien parti.
08:18Le journal commence à jouer la carte Mitterrand
08:22de manière, vraiment, à la fin des années 70,
08:24ce n'était plus possible.
08:25J'ai dit à Jean-Daniel, au dirigeant à l'époque,
08:27je leur ai dit, je me tire, je ne peux plus,
08:29je vais aller aux Etats-Unis, vous me payez si vous voulez,
08:32je restereusement là au journal, mais je ne peux pas.
08:34Quand Mitterrand est élu,
08:36Jean-Daniel me demande de revenir
08:38et me demande d'être chef du service politique.
08:40Or, il savait, puisque je ne m'en étais pas caché,
08:42en 80, j'ai voté Giscard.
08:44Ce n'est pas le sens du vent, en 80, je vote Giscard.
08:46Je vote souvent contre le vent,
08:48et je suis souvent contre le vent,
08:49parce que, si vous voulez,
08:50ce qui est très important dans notre métier,
08:52ce sont les idées.
08:54Moi, je ne roule pour personne.
08:56J'ai mes idées.
08:57Alors, on peut dire,
08:57mes ennemis diront,
08:59alors ça, c'est vrai,
09:00là, on peut parler, si vous voulez,
09:01je suis libéral-libertaire,
09:02mais quand même un peu d'État-providence,
09:04quand même,
09:04parce que je trouve que c'est important,
09:05l'État-providence,
09:06donc je suis un peu...
09:07Vous savez, il y a quelqu'un
09:09qui m'a résumé un jour,
09:10parce qu'il lui-même se résumait comme tel,
09:12c'est un vieux monsieur
09:13pour qui j'avais beaucoup d'admiration,
09:15qui était André Frossard,
09:16que j'ai retrouvé après au Figaro,
09:18où il écrivait un petit billet quotidien,
09:19qui était une merveille.
09:21Qu'un très bon écrivain par ailleurs,
09:23très ami du pape Jean-Paul II,
09:25et il m'avait dit un jour,
09:26je suis de Drouche.
09:27Oh non, moi,
09:28il m'avait dit que moi,
09:29j'étais de Drouche.
09:30Oui, oui, oui, vous avez conseillé...
09:31Vous avez une édition...
09:31Comme moi, disait-il.
09:33Drouche, ça veut bien dire ça.
09:34C'est-à-dire, j'ai un hémisphère gauche,
09:36j'ai un hémisphère droit,
09:36je suis pour la redistribution,
09:38parce que je pense qu'il n'y a pas de raison
09:39qu'il n'y ait pas de la redistribution,
09:40que l'État, il est là pour aider les faibles.
09:43Et puis de l'autre côté,
09:43il faut que ça marche,
09:45il faut laisser les entreprises se développer,
09:47il ne faut pas avoir peur de l'argent, etc.
09:49Donc ça veut dire,
09:50j'ai deux hémisphères.
09:52À la longue, c'est vrai,
09:53je reconnais,
09:53il y a un hémisphère qui a grossi.
09:55C'est l'hémisphère droite.
09:56Pourquoi ?
09:57Parce que la société est de plus en plus à gauche.
09:59Qu'est-ce que nous avons aujourd'hui ?
10:00Je ne parle pas des gens, des Français,
10:02je parle de la société française,
10:03de la construction française aujourd'hui.
10:06C'est quand même un pays,
10:07c'est le dernier pays communiste.
10:08Enfin, comme disait Gorbatchev,
10:11c'était un peu méchant.
10:12D'ailleurs, le seul pays où le communisme a réussi,
10:14on ne peut pas dire qu'il a réussi,
10:15vous voyez ce que je veux dire.
10:16Donc on dit la France,
10:16le pays communiste qui n'a pas réussi.
10:18Oui, mais lui disait,
10:19c'est le seul pays où le communisme a réussi.
10:21Mais enfin, c'est dans sa bouche,
10:22c'est évidemment une blague.
10:23Alors, il y a un paradoxe,
10:24je l'ai dit dans votre propos.
10:25C'est-à-dire, d'un côté,
10:25vous dites les politiques,
10:26il faut se fier à leur caractère.
10:28Leurs idées, ça va changer.
10:29Il n'y a pas vraiment de constance.
10:31Vous dites, pour les journalistes,
10:32c'est le contraire.
10:33Là, la chose à laquelle
10:33on doit faire confiance,
10:34ce qu'on doit identifier,
10:35ce que vous avez dit,
10:36ce sont les idées,
10:37il faut se fier à ces idées.
10:38Pourquoi les journalistes
10:39sont-ils davantage attachés
10:40aux idées que les politiques ?
10:43Enfin, je ne dirais pas justement
10:44qu'ils sont attachés aux idées.
10:45Je pense que la façon de faire
10:47du journalisme aujourd'hui,
10:48et ça, c'est celle que je critique
10:49depuis toujours,
10:49c'est justement d'aller
10:50dans le centre du vent,
10:51de défendre un tel,
10:52de penser quel sera
10:54le polcherin candidat
10:55à la présidence
10:55et de le soutenir.
10:56En plus, les choses ne se passent
10:58jamais comme prévu.
10:59C'est-à-dire, il y a toujours
11:00quelque chose qui brouille
11:01les cartes et tout.
11:02Vous savez bien,
11:03c'est les prévisions journalistiques.
11:04D'ailleurs, je dis toujours,
11:05pour savoir qui sera élu,
11:07il faut voir qui la presse
11:08ne soutient pas.
11:10Regardez Reagan,
11:11j'ai suivi la campagne en 1980,
11:13toute la presse
11:13était déchaînée contre lui
11:15et il est élu par un raz-de-marée.
11:17C'était la même chose
11:18les deux dernières fois
11:19avec Donald Trump,
11:20c'était la chose aussi avant
11:21avec George W. Bush.
11:22De temps en temps,
11:23il y a des exceptions.
11:24La presse a soutenu Obama
11:25qui a été élu, Clinton.
11:27En France, la presse,
11:29franchement,
11:29elle a soutenu Macron,
11:30oui bien sûr,
11:31mais par exemple,
11:32elle a combattu Chirac
11:33deux fois de suite
11:34de manière extrêmement violente.
11:36Bon, Chirac, c'est vrai,
11:36il a été battu en 1988,
11:38mais il a été élu en 1995
11:39contre les médias
11:40dans leur ensemble.
11:42Donc, ça,
11:42c'est une vraie réalité.
11:43Encore une fois,
11:44votre regard,
11:45sur la politique m'intéresse,
11:46je dirais même me passionne.
11:47La plupart,
11:48normalement,
11:48quand on fait une espèce
11:49de portrait de la vie politique,
11:51on a le regard des intellos
11:52sur la politique.
11:53J'ai l'impression
11:53que vous avez un regard,
11:54certes, de journaliste,
11:55c'est votre métier,
11:55mais surtout d'écrivain.
11:56Quel est le propre du regard
11:57de l'écrivain sur la politique ?
11:59Ah, ça, vous avez raison.
12:00C'est-à-dire que,
12:01d'abord,
12:02je ne m'intéresse pas beaucoup
12:03à l'idéologie
12:03parce que, bon,
12:04quand même,
12:05surtout quand on a un peu de bouteille,
12:07d'ailleurs,
12:07on y croit de moins en moins
12:08parce que c'est quand même
12:15qu'on dira le contraire
12:15deux ans après.
12:17De toute façon,
12:17les notes sont là
12:18pour le confirmer
12:18et c'est le principe même
12:20de la politique.
12:21Et je pense que l'écrivain,
12:23lui,
12:24il essaye de comprendre
12:25la matière de ses personnages
12:26et ses personnages
12:27vont tomber souvent
12:28sur des personnages,
12:29enfin, en politique,
12:30extrêmement romanesques
12:31et passionnants.
12:32Moi, je veux dire,
12:33les gens qui m'impressionnent,
12:35les personnages
12:36qui m'ont impressionnés
12:37dans ma vie,
12:37je reconnais.
12:38Quand j'ai reçu un jour
12:40chez moi,
12:42par exemple,
12:43Alexandre Sojenitsyn,
12:44j'étais comme un petit garçon.
12:46J'ai donné le café,
12:47j'ai l'impression,
12:47peut-être que j'avais
12:48la main qui tremblait,
12:49j'avais la bouche sèche.
12:50Pourquoi ?
12:50Parce que j'ai beaucoup
12:50d'admiration.
12:51Admirez Sojenitsyn,
12:51c'est plutôt facile.
12:52Oui, mais c'est facile.
12:53Quand vous fréquentez
12:53les politiques ordinaires,
12:55admirez le ministre
12:56de l'économie,
12:57par exemple,
12:57du moment,
12:57dont le nom m'échappe.
12:58Admirez le ministre
12:59du tourisme,
13:00le ministre des Affaires étrangères.
13:00Ça peut arriver
13:01parce que vous avez
13:02des ministres du tourisme
13:02et il y avait un ministre
13:03du tourisme
13:03qui s'appelait L'Hervé Novelli,
13:05je me souviens,
13:05qui était formidable,
13:06qui avait l'idée,
13:07qui était très courageux,
13:07très libérale.
13:09Dans le dernier gouvernement,
13:11le ministre de Logement,
13:12Guillaume Gasparian,
13:13qui s'est battu
13:14contre les squads,
13:15etc.
13:15Vous confessez
13:16vos préjugés de Véran.
13:17Ils sont petits pour l'instant.
13:22Gasparian,
13:22à mon avis,
13:22il a sûrement
13:23un bel avenir devant lui.
13:24Mais c'est des gens
13:25qui ont beaucoup de caractère,
13:27qui ont des convictions fortes.
13:28Alors ceux-là,
13:28on peut croire ces gens-là
13:30quand ils ont des convictions
13:31parce que dans leur propre métier,
13:33ils vont jusqu'au bout.
13:36Mais ce qui est vrai,
13:36c'est que très souvent,
13:37cette idéologie,
13:38elle sert à gagner les congrès.
13:40Je pense notamment à gauche.
13:41Vous savez très bien,
13:42c'est toujours,
13:43attendez,
13:43les ailes gauches,
13:44les ailes gauches
13:45du Parti Socialiste.
13:46Guy Mollet,
13:47l'aile gauche du Parti Socialiste.
13:49Bon, c'est lui
13:49qui a entraîné le parti
13:51dans la guerre d'Algérie.
13:53Quant à Paul Faure,
13:54qui était l'aile gauche
13:55du Parti Socialiste
13:56contre Léo Blum.
13:57Non, mais vous faites
13:57de l'archéologie.
13:58Oui, oui.
13:59Paul Faure,
13:59qui se présentait comme pacifiste,
14:01lui, il a fini
14:02dans la collaboration,
14:03tout simplement.
14:03Aile gauche, c'est ça.
14:04Non, mais je n'ai aucune,
14:06mais vraiment strictement,
14:07j'ai même un certain mépris
14:09pour ceux qui s'affichent
14:10en bradoulière
14:11avec leur idéologie
14:12parce qu'au fond,
14:12ils n'en ont pas.
14:13Voilà.
14:14Arthur de Batrigan.
14:14Alors, sur le personnel politique...
14:17Il faut des convictions,
14:18c'est différent.
14:19Oui.
14:19Alors justement,
14:19sur les convictions
14:20et les personnels politiques,
14:21vous dites que globalement,
14:22ils ne sont plus au niveau aujourd'hui.
14:23Non seulement,
14:24ils n'ont plus de caractère,
14:24mais en plus,
14:25ils sont dépecés intellectuellement,
14:27culturellement.
14:28Pas tous, pas tous.
14:29Non, mais en grande partie.
14:31Oui, mais pas tous quand même.
14:32Non, vous trouvez des exceptions,
14:33évidemment.
14:34Alors, et quid du personnel intellectuel
14:36aujourd'hui ?
14:37Quel est votre jugement
14:38sur le niveau des intellectuels
14:40aujourd'hui ?
14:40Est-ce qu'il y a une nouvelle génération
14:41intellectuelle ?
14:42Est-ce que d'un point de vue intellectuel,
14:43c'est mieux qu'avant ?
14:44Ou on a régressé
14:45comme au niveau politique ?
14:47On a un peu régressé aussi.
14:48Mais enfin,
14:48il y a quand même des grandes figures.
14:49Et si vous voulez,
14:50ce qui est bien par rapport à,
14:51par exemple,
14:52les périodes précédentes,
14:54vous n'avez plus des types
14:55comme Sartre.
14:56Sartre, quand même,
14:57je me souviens,
14:57quand il faisait la une
14:58d'un nouvel observateur,
14:59le journal où je travaillais
15:00à l'époque,
15:01où j'ai commencé,
15:02on faisait souvent la une dessus
15:03et j'en croyais
15:04parce que, en plus,
15:06Jean-Daniel et Jean-Paul Sartre
15:07se détestaient.
15:08Et pourquoi on le faisait ?
15:10Parce que ça vendait,
15:10on vendait comme des goinfres.
15:12Vous voyez ce que je veux dire ?
15:13C'est-à-dire,
15:13il était très populaire,
15:15Jean-Paul Sartre.
15:16Il disait que des conneries.
15:17Il s'est trompé sur tout.
15:19Il voulait tout.
15:19Il appelait au meurtre.
15:20Enfin, c'est quand même...
15:21Ça, on appelle ça un intellectuel.
15:23Vous voyez ?
15:23Alors, et Camus à côté,
15:25je ne pense pas
15:25qu'il vendait autant à l'époque.
15:27Bon, aujourd'hui, évidemment,
15:27c'est Camus qui a l'égalisé
15:28sur toute la ligne.
15:29Bon, alors, aujourd'hui,
15:30on n'a peut-être pas Sartre à Camus,
15:31mais je trouve qu'il y a
15:32beaucoup d'intellectuels
15:33de qualité.
15:34Alain Fiquel-Croate,
15:35Pascal Brutner,
15:37Michel Onfray.
15:39Enfin, il y en a toute une série.
15:40La liste est longue.
15:41Donc, on ne peut pas dire
15:42de ce point de vue,
15:43c'était mieux avant.
15:44Il y a des domaines
15:45où ça l'est,
15:45c'était mieux avant.
15:51Elisabeth Beninter,
15:52je pourrais continuer
15:53assez longtemps.
15:54Je vois le rendez-vous
15:54parlant comme ça.
15:55Première jeunesse.
15:56Est-ce que vous voyez
15:57une nouvelle génération
15:58?
15:58Oui, bien sûr.
15:59J'ai lu un livre récemment
16:00d'un dénommé
16:01Samuel Fitoussi
16:02sur les intellectuels
16:03qui se trompent.
16:05Je trouvais ça formidable,
16:06drôle, vivant.
16:07Je trouvais qu'il a
16:08la tendance fou
16:09sur les éditions
16:09de l'Observatoire.
16:10Samuel Fitoussi.
16:11Pourquoi les intellectuels
16:13se trompent ?
16:13C'est ma canne qui est tombée.
16:14Mais c'est normal.
16:15C'est comme le monde s'effondre.
16:16Alors, il y a deux types
16:17de passion, en fait,
16:18chez les observateurs
16:18de la chose politique
16:19et de la chose intellectuelle aussi.
16:21Il y a ceux qui se passionnent,
16:22appelons ça pour les figures centrales,
16:23ceux qui demain
16:24prendront peut-être le pouvoir.
16:25Vous les avez fréquentés.
16:26Vous les fréquentez encore
16:27de temps en temps.
16:28Vous en faites le portrait.
16:29Mais il existe aussi
16:30un autre type de passion
16:31et j'aimerais savoir
16:31si vous la partagez.
16:33La passion des parias,
16:34la passion des infréquentables,
16:36la passion de ceux
16:36qui sont marqués
16:37au fer rouge
16:38de l'infréquentabilité
16:38et qui sont presque satanisés.
16:41Chez les politiques,
16:42on pourrait penser
16:42à Jean-Marie Le Pen autrefois,
16:43chez les écrivains
16:44Renaud Camus
16:45ou Jean Raspail auparavant.
16:46Est-ce que ce type de personnage
16:47vous intéresse aussi ?
16:48Justement.
16:49Attendez, c'est normal.
16:51Si on est en approche
16:52de la politique
16:53ou de la vie
16:54par le romanesque,
16:55on est forcément,
16:56par exemple,
16:57très intéressé
16:58par quelqu'un
16:58comme Jean Raspail
16:59que j'ai connu
17:00et avec qui j'avais
17:00une excellente relation
17:01et qui était...
17:02Mais pendant longtemps,
17:03son livre principal
17:04se vendait comme
17:05Samizdat.
17:06Oui, mais enfin bon,
17:07il a vu quand même
17:09une certaine notoriété.
17:10Il était respecté
17:11dans les milieux
17:12même s'il provoquait
17:13parce qu'il aimait
17:13beaucoup provoquer.
17:14Bien entendu.
17:15Mais moi,
17:15je n'ai pas de problème
17:16par rapport à ça.
17:17Que ce soit
17:17les parias de gauche,
17:18les parias de droite
17:19et je veux dire,
17:20en général,
17:21quand quelqu'un
17:22est attaqué
17:23de toutes parts,
17:24si vous regardez
17:24mon curriculum,
17:25vous verrez,
17:25en général,
17:26j'arrive
17:26et je viens à son aile.
17:27Je trouve ça honteux.
17:28Notamment,
17:29il y a eu une campagne
17:29il y a plus de 10 ans
17:31très violente
17:32de toute la presse de gauche
17:33contre Michel Onfray.
17:35Là, j'étais là
17:36et j'ai toujours défendu
17:37parce que c'était
17:38une campagne abjecte.
17:39Alors, en nous...
17:40On y est en télé
17:40comme nazi
17:41ou je ne sais quoi.
17:42Alors, je retourne
17:42avec le texte.
17:42Ces gens-là
17:43n'ont plus de sens
17:44de la mesure.
17:45Alors, il y a une figure
17:46aujourd'hui
17:46qui est probablement
17:47« diabolisée »
17:48peut-être avec raison.
17:49C'est Jean-Luc Mélenchon.
17:50Est-ce qu'il vous inspire
17:51un sentiment semblable ?
17:52Puisqu'il est consumé
17:53par plusieurs,
17:54voyez-vous chez lui
17:55néanmoins une part romanesque ?
17:56Voyez-vous chez lui
17:57quelque chose
17:58qui mérite d'être sauvé ?
18:00Mérite d'être sauvé ?
18:01J'ai connu un Jean-Luc Mélenchon
18:02que je trouvais très intéressant
18:03parce que je suis depuis longtemps
18:06dans le métier.
18:06On se voyait souvent.
18:08On déjeunait.
18:09On buvait pas mal d'ailleurs.
18:11Il était aussi cultivé
18:12qu'il leur donne l'impression ?
18:14Oui, cultivé.
18:14C'est intéressant.
18:15Il était fasciné toujours
18:16par la figure de Mitterrand.
18:17Moi, je pense que
18:18le problème de Mélenchon
18:19c'est qu'à un moment donné
18:20il a peur de perdre son parti.
18:22Le parti qu'il avait créé,
18:23inventé.
18:24Et que pour le prendre,
18:26pour le garder,
18:27il a pris les idées
18:28de ceux qui allaient lui prendre.
18:29Donc même chez Mélenchon,
18:31les idées sont finalement
18:33des idées d'emprunt
18:34en fonction des nécessités politiques.
18:35Évidemment.
18:35Attendez, il ne faut pas être naïf.
18:37Il était en train de perdre son parti,
18:40la France Insoumise,
18:41après l'élection présidentielle de 2017.
18:44Il a fait, dans les années qui ont suivi,
18:47la marche contre l'islamophobie.
18:49Et là, à ce moment-là, j'ai compris.
18:50Voilà.
18:50Il avait décidé de capter
18:51l'électorat musulman
18:52qui était l'électorat
18:53qu'il n'avait pas.
18:54Puisque jusqu'alors,
18:55il était républicain, laïcard.
18:58Enfin, on connaît son passé,
19:00franc-maçon, etc.
19:01Donc, ce n'était pas du tout
19:02sa tasse de thé.
19:03Brousquement, il a changé de camp.
19:04Voilà, typiquement,
19:05l'idéologie,
19:06comme dit De Gaulle,
19:07c'est vraiment apparemment
19:08et on en change régulièrement.
19:10Ça ne veut rien dire.
19:11Et là, aujourd'hui,
19:11il est dans un plan
19:13de prise de pouvoir.
19:15Et là encore,
19:16la presse,
19:16alors là, il ne faut pas écouter
19:17les médias
19:18parce que c'est toujours
19:19la même histoire.
19:19C'est-à-dire,
19:20ils moulinent les mêmes trucs.
19:21Tous ces pauvres journalistes,
19:21ils répètent les mêmes choses
19:22les uns et les autres.
19:23On lit toujours,
19:24c'est toujours le même truc.
19:25Mélenchon, c'est fini.
19:25On annonce ça à chaque coup.
19:26Mais non, Mélenchon,
19:28ce n'est pas fini.
19:28Ça commence.
19:29Il est à 15%.
19:30Moi, j'ai entendu Mitterrand
19:31et Chirac dire tous les deux,
19:32à partir de 15%,
19:33on peut y arriver.
19:34On peut y arriver.
19:35Après, il faut faire 15%.
19:37Enfin, peut-être un peu plus
19:38au premier tour.
19:39Mais il y aurait parfois
19:40à regarder Chirac en 95,
19:42il n'a pas fait grand-chose.
19:43Il a fait 19.
19:43Et puis hop, hop,
19:44on agglomère.
19:45Bon.
19:45Et lui, il va faire son petit 20%.
19:48Après, il va essayer d'agglomérer.
19:50Ça va être un peu compliqué.
19:51Il y a peut-être Villepin
19:52qui va l'aider.
19:52Je ne sais pas,
19:53il va sûrement se présenter
19:53au premier tour.
19:54On va en parler le jour.
19:55Retourne à pause.
19:56Mais vous voyez,
19:56donc vous avez...
19:57Oui, mais il y a...
19:59Mélenchon ne le sous-estimait jamais.
20:02Il n'a rien à voir avec les autres.
20:04Il est à un niveau au-dessus.
20:05Je veux dire, c'est clair.
20:06Il n'est pas...
20:07Enfin, on ne peut pas le mettre
20:07au niveau d'Olivier Ford.
20:08Je suis désolé.
20:09C'est comme comparer
20:10une moule et un rhinocéreux.
20:14Arsour de Matrigan.
20:15Il y en a un qui est le plus grand.
20:17Donc, on comprend l'idéologie pour vous.
20:19C'est ce que vous détestez.
20:20C'est le drame.
20:21Ah non, non, je ne suis pas...
20:22Je ne suis pas anti-déologue,
20:23mais c'est vrai que...
20:23Je n'aime pas ce mot,
20:24de toute façon.
20:25De toute façon,
20:25je ne suis pas certain
20:26que quelqu'un...
20:27C'est un mot qui a tué beaucoup.
20:29Mais peut-on avoir
20:31une démocratie sans idéologie ?
20:35Ah non, mais ça,
20:36je ne suis pas d'accord.
20:37On peut avoir
20:37une démocratie sans idéologie,
20:40mais simplement,
20:40ce qu'il faut,
20:41c'est un peu de spirituel.
20:42Il faut...
20:43Quand je dis spirituel,
20:45ce n'est pas un État religieux,
20:46c'est une théocratie.
20:47Ce n'est pas ça.
20:48Non, c'est la patrie.
20:50La patrie,
20:51il faut refaire relire Péguy,
20:54voilà,
20:54et qu'on entend tous
20:55le petit son de la patrie
20:56qui est en nous.
20:58Il ne faut pas avoir peur
20:59de ce son.
20:59C'est très important,
21:00la patrie.
21:00Moi, je suis...
21:01Je crois...
21:02Par exemple,
21:02c'est une réflexion.
21:03Moi, j'ai toujours été européen.
21:04Toujours, toujours.
21:05Contre les souverainistes.
21:07Mais toujours,
21:08l'Europe des patries.
21:08Ça choquait toujours
21:09mes amis européens
21:10qui disaient,
21:10mais quoi ?
21:11Oui, l'Europe des patries,
21:11si De Gaulle a eu la bonne phrase.
21:13C'est-à-dire,
21:13la patrie passe d'abord.
21:14L'Europe, après...
21:15Le truc insensé,
21:17mais je connais bien l'Amérique.
21:19Regardez l'Amérique.
21:20Ce sont des succès...
21:21C'est un petit amas...
21:22C'est un continent.
21:23Un amas de pays.
21:25Nous, l'Europe,
21:27avec...
21:27Pourtant,
21:27il y a des langues différentes.
21:28L'Amérique,
21:29il y a les mêmes langues.
21:29Mais franchement,
21:30vous allez,
21:30vous allez, par exemple,
21:31au Kansas,
21:32au Texas,
21:34au Massachusetts,
21:34c'est pas le même pays.
21:36C'est pas la même pays.
21:36C'est presque pas la même langue.
21:37C'est pas la même culture.
21:38Ils n'ont pas les mêmes...
21:39Ils n'ont pas les mêmes ressorts.
21:41Enfin, c'est très différent.
21:42Alors, simplement,
21:42il y a le drapeau.
21:44Il y a le drapeau.
21:45Et ça, c'est très important.
21:46Nous, on a tué le drapeau
21:47et puis on a voulu
21:48tout unifier.
21:49C'est-à-dire...
21:50Mais c'est quoi le drapeau européen ?
21:52Qu'est-ce que c'est exactement ?
21:53Bon, c'est très bien de l'avoir.
21:54C'est joli.
21:54Mais qu'est-ce que ça incarne ?
21:55Qu'est-ce que l'Europe incarne ?
21:57L'Europe,
21:58elle existe à partir des patries.
22:00Et ça, moi, je crois...
22:00Je relis dès qu'on...
22:02Il faut lire De Gaulle là-dessus
22:03à chaque fois.
22:03Vous ne détruirez pas l'Europe.
22:05Pardon.
22:06Toutes les patries
22:07qui forment l'Europe.
22:08Mais vous faites l'Europe
22:09à partir de ces patries.
22:11On va arriver au bout
22:12de cette première partie.
22:13C'est passionnant.
22:13Je me perds dans vos développements.
22:15Absolument passionnant.
22:16On marque une très courte pause.
22:17On revient.
22:17On parlera à nouveau
22:18de politique avec vous,
22:19François-Olivier Gisbert.
22:20Et pas que.
22:20Et pas que.
22:26Face à Boc-Côté,
22:27la deuxième partie
22:28avec notre invité ce soir,
22:29François-Olivier Gisbert.
22:30On reprend la discussion
22:31avec vous, Mathieu.
22:32Oui, parce que depuis...
22:33Enfin, la première partie,
22:34le sujet, notre souci,
22:35c'est de comprendre
22:35la méthode de Fog
22:36pour comprendre la politique
22:37qui me passionne.
22:38Parce que des spécialistes
22:39des histoires, des idées,
22:40on les connaît.
22:40Des spécialistes des doctrines,
22:41on les connaît.
22:42Mais ceux qui comprennent
22:43la méthode politique,
22:43c'est plus rare.
22:44Alors, on a parlé de Chirac,
22:46de Mitterrand,
22:47de plusieurs de ces figures.
22:48J'aimerais vous conduire
22:49à notre actualité
22:49la plus directe.
22:50Une figure que vous avez connue,
22:52que vous avez fréquentée,
22:53je crois aussi,
22:54et qui aujourd'hui
22:54se présente à nous
22:55comme le nouvel homme providentiel
22:57de la présidentielle,
22:58Dominique de Villepin.
22:59Sommes-nous devant
23:00un personnage politique
23:01du type Chirac ou Mitterrand,
23:04un personnage romanesque,
23:06une illusion, une mystification ?
23:08On est devant un personnage romanesque.
23:10C'est indéniable.
23:11Il a du talent.
23:12Il a du courage.
23:14Il a du garac.
23:15Après, moi,
23:16j'ai toujours scopé
23:17l'en parler
23:17parce que, je ne sais pas,
23:18pour toutes sortes
23:19de raisons personnelles,
23:20on s'est vraiment éloignés.
23:21Enfin, c'est un euphémisme
23:22l'un de l'autre.
23:24Donc, voilà,
23:24je me tiens à distance.
23:26Mais...
23:26Mais comme objet politique,
23:27donc sans dévoiler
23:28votre intimité ?
23:29Non, non, mais ça,
23:29comme politique,
23:32il a indéniablement
23:33quelque chose.
23:34Mais ça n'a rien à voir
23:35avec le gaullisme.
23:36C'est une sorte
23:37de gauchisme effréné,
23:39par exemple,
23:40tout simplement.
23:41Vous connaissez
23:41la formule d'Alexandre Devecchio,
23:42il parle de l'islamo-gaullisme
23:44de Ville-Pré.
23:45Elle est bonne ?
23:46Elle vous plaît,
23:46cette formule ?
23:47Il y a toujours
23:47des bonnes formules,
23:48Alexandre Devecchio,
23:49et celle-là,
23:49effectivement,
23:50correspond tout à fait
23:51à quelque chose.
23:51Mais j'irai plus loin.
23:52On peut dire
23:53gaulo-gauchisme,
23:55vous voyez ce que je veux dire ?
23:55Puisque, par exemple,
23:57sa passion,
23:58que je trouvais très étrange
23:59à l'époque
23:59pour Hugo Chavez,
24:01qui était un pourri de première,
24:02un grand corrompu
24:03qui était le mec
24:04qui a quand même
24:05le lieutenant-colonel
24:07qui a pris le Nicaragua
24:08le pays où il y avait
24:11les plus grosses richesses
24:12naturelles du monde.
24:14C'est ça,
24:14avant l'Arabie Saoudite,
24:16et qui en a fait
24:16un coupe-gorge,
24:19tout le monde s'entretuait,
24:21appauvrissement général,
24:235 millions de réfugiés,
24:24c'est pire que la guerre
24:25en Ukraine,
24:26presque.
24:26C'est-à-dire,
24:27toutes les élites
24:28fuyant le pays,
24:29et tout le monde,
24:29d'ailleurs,
24:29fuyant le pays,
24:30affamé,
24:30la femme,
24:31etc.
24:32Ça,
24:32c'est Hugo Chavez,
24:33c'est le résultat.
24:34Sa fille,
24:34aujourd'hui,
24:35puisqu'il est mort déjà
24:35il y a longtemps,
24:36Dieu merci,
24:37sa fille est la femme,
24:38la personne la plus riche
24:40du Venezuela,
24:41et quant à Maduro,
24:42son successeur,
24:43etc.
24:43Donc ça,
24:44c'est vrai,
24:44c'est quelqu'un que
24:45le gaulo-gauchisme,
24:47ou l'islamo-gaullisme,
24:50c'est la forme de l'éviction.
24:51Mais là,
24:51on est plutôt dans
24:51le gaulo-gauchisme,
24:52c'est-à-dire,
24:53vous prenez une grande figure
24:55comme ça,
24:55enfin,
24:56une figure,
24:56parce qu'il a des femmes,
24:58parmi ces femmes,
24:59il y a d'ailleurs Mélenchon,
25:00il y a beaucoup de points communs
25:01entre Villepin et Mélenchon.
25:03D'ailleurs,
25:04Villepin donne souvent,
25:05envoie souvent des signaux.
25:07Mais justement,
25:08si vous regardez la politique,
25:09personne ne fait vraiment
25:10comme ça,
25:10moi j'ai adoré
25:11quand Villepin dit,
25:13il faudra remettre en question
25:14la retraite de 64 ans.
25:16Eh ben oui,
25:16parce que déjà,
25:17il faut préparer le deuxième tour,
25:18ils sont déjà,
25:18ils ont un peu d'avance les deux.
25:20Mais justement,
25:20quelque chose me fascine,
25:22chez ces deux personnages,
25:23vous me dites ce que vous en pensez,
25:24dans les deux cas,
25:25chez Mélenchon,
25:25on est devant une culture réelle,
25:27une culture littéraire,
25:28si française,
25:29un style politique si français,
25:30au service de ce qu'il appelle lui-même
25:33le grand emplacement.
25:34Il s'en revendique.
25:35Et dans le cas de Villepin,
25:37une culture poétique,
25:38historique,
25:38et ainsi de suite,
25:39encore une fois,
25:39la culture des apparences,
25:41la France prestigieuse,
25:42au service d'une France
25:43qui se vide d'elle-même.
25:45Lui,
25:45c'est le candidat des apparences.
25:47C'est-à-dire,
25:47effectivement,
25:47vous avez raison.
25:48Et moi,
25:49je crois qu'il faut cesser d'écouter
25:50les personnes,
25:51justement,
25:52les personnages de ce type
25:53qui vont vous parler...
25:54Les beaux-parleurs ?
25:55Oui,
25:55de généralité.
25:57Non,
25:58on a besoin de caractère
25:59et de personnes aussi
26:01qui affrontent les problèmes
26:03et qui répertorient bien
26:04les problèmes.
26:05La dette,
26:06c'est un problème fondamental.
26:07Vous voyez,
26:08tous ces gens qui nous parlent
26:09de souveraineté,
26:10comment ?
26:10Ça n'a rien à voir
26:11avec l'Europe.
26:12La France,
26:12elle a perdu ça.
26:13Tous ces connards,
26:14enfin, excusez-moi,
26:15qui ont dit
26:15qu'on est en train
26:16de perdre notre souveraineté.
26:17Mais la souveraineté,
26:18on la perd avec la dette.
26:19On ne l'a pas perdue
26:20avec le traité de Maastricht,
26:21par exemple.
26:22Un peu, quand même.
26:22Non, non, un peu.
26:23Un peu, mais ça nous a servi.
26:24Non, mais attendez.
26:25Là, il faut être raisonnable.
26:27Où serait la France
26:27s'il n'y avait pas eu
26:28le traité de Maastricht
26:28s'il n'y avait pas l'euro
26:29aujourd'hui ?
26:30C'est les Allemands
26:31qui nous...
26:31Grâce aux Allemands,
26:32on s'en sort bien
26:33parce que la France
26:34est incapable de...
26:34Vous n'avez pas l'impression
26:35que l'Allemagne
26:36s'est aussi emparée
26:36de l'Europe avec Maastricht ?
26:38Non, parce qu'elle nous nourrit
26:41d'une certaine manière.
26:42On vit sur son dos,
26:43vous savez très bien.
26:44Il suffit d'écouter
26:44les Allemands
26:45parler des Français.
26:46Voilà.
26:47Donc, c'était un...
26:48C'était un privilège.
26:49Tout le monde a trouvé
26:51des avantages
26:51dans cette affaire de Maastricht
26:52et on n'a pas perdu
26:54notre souveraineté comme ça.
26:56La vraie souveraineté,
26:57je vais vous dire,
26:58c'est justement
26:59quand on s'endette
27:00et qu'on doit
27:01beaucoup d'argent
27:01à tout le monde,
27:02et bien, justement,
27:03quand l'émir du Qatar
27:04vient à Paris,
27:05tout le monde est à quatre pattes
27:06et voilà, cher monsieur,
27:08etc., on lui laisse...
27:09Mais vous me forcez
27:10à parler politique.
27:11Quand, par exemple,
27:12la France prend une décision
27:14ex en matière d'immigration
27:15et s'est retoquée
27:15au nom des législations européennes
27:17parce que le droit européen
27:18est plus important
27:19que le droit national,
27:20parce que Mme von der Leyen
27:21avertit que si vous ne prenez
27:22pas la bonne décision,
27:22on va vous sanctionner,
27:23c'est une perte de souveraineté,
27:24ça, non ?
27:25Ça, justement, c'est...
27:28Enfin, je croyais déjà
27:29avoir répondu à ça,
27:29c'est un problème de caractère.
27:30C'est-à-dire que si la France
27:31se couche systématiquement,
27:33là, typiquement,
27:33vous avez raison,
27:34mais c'est un sujet...
27:35Il faut faire la politique
27:37de la chaise vide
27:37comme De Gaulle a su le faire.
27:38Enfin, la France,
27:39c'est la France
27:40et pas se coucher systématiquement
27:42devant le moindre
27:43petit commissaire, là,
27:45ces gens qui n'ont pas de culture,
27:47qui sont, en général,
27:48des ratés de la politique
27:49dans leur pays,
27:50qui ont trouvé une planque,
27:51là, d'ailleurs,
27:52hyper bien payée,
27:53mais c'est pas eux
27:54qui doivent décider...
27:56Enfin, ça colle pas.
27:58Enfin, vous êtes d'accord
27:59avec moi ?
27:59Bien évidemment.
28:00Donc, vous avez...
28:01Non, mais c'est tellement évident...
28:02Par ailleurs,
28:03je crois que les institutions
28:04pèsent néanmoins.
28:05J'ai l'impression que...
28:06Quand vous avez
28:07la structure de l'Union européenne,
28:08le primat constitutionnel
28:10du droit européen
28:10sur le droit national,
28:11cela ne peut pas être
28:12sans conséquences.
28:13Non.
28:13Écoutez,
28:14je ne suis pas d'accord
28:14du tout avec vous.
28:15Il suffit de regarder
28:16les dernières décisions
28:17du Conseil constitutionnel.
28:18Regardez aussi le Conseil d'État.
28:19Le Conseil constitutionnel
28:20s'est assis littéralement
28:22sur l'article 45
28:23en lui faisant dire
28:24le contraire
28:25de ce qu'il disait en réalité.
28:26C'est un article
28:26qui avait été revu
28:27et corrigé
28:28dans les années 2000
28:29et qui était...
28:31Voilà.
28:31C'était un amendement
28:32qui a été...
28:33Enfin, tout a été...
28:34Enfin, il prétend
28:35que cet article
28:36dit le contraire
28:37de ce qu'il dit.
28:38Enfin, et puis ça passe.
28:39Sauf que vous avez remarqué
28:40dans les revues juridiques
28:41ou constitutionnalistes,
28:42comme ils sont très polis,
28:43ils disent
28:43décision étrange,
28:45décision paradoxale, etc.
28:46Mais enfin,
28:47c'est une forfaiture.
28:48Et deuxièmement,
28:49encore récemment,
28:50la décision du constitutionnel
28:52sur la loi
28:53de Gabriel Attal
28:54pour...
28:55La justice des mineurs.
28:56La justice des mineurs.
28:58C'est également...
28:58Excusez-moi.
28:59Ça s'appuie sur rien.
29:01Ce sont juste
29:01ces messieurs
29:01qui décident.
29:02Et vous prenez
29:03beaucoup de décisions
29:04du Conseil d'État.
29:05C'est la même chose.
29:05Donc, le problème...
29:06Vous reprendriez
29:07la formule de Zemmour
29:08sur le coup d'État des juges ?
29:09Non, mais moi, si vous voulez...
29:10Oui, mais...
29:10Ce qui m'a toujours
29:12différencié avec Zemmour,
29:13c'est qu'il disait
29:13que tous les problèmes
29:14de la France,
29:14c'est la faute de l'Europe.
29:15Non.
29:15Les problèmes de la France,
29:16c'est la faute des Français
29:17qui sont incapables
29:18de prendre des décisions
29:19qui ont peur
29:20et qui se réfugient
29:21derrière l'Europe.
29:22Cette classe politique
29:23de faible,
29:24de lâche,
29:25de pleutre,
29:26parce que c'est le mot
29:27qui convient,
29:28elle trouve toujours
29:28rien de mieux
29:29de dire
29:29mais c'est l'Europe,
29:30on est obligé,
29:30on ne peut pas faire autrement,
29:31c'est l'Europe.
29:32Et ça, c'est absolument révoltant.
29:35Arthur Le Batrigan.
29:37Oui, mais quand même.
29:39Il n'est pas d'accord.
29:40Si, si, non,
29:41mais en fait,
29:41je vous ai dit
29:41beaucoup de choses.
29:42Mais c'est vrai
29:42que sur les partitions de l'Europe,
29:44c'est vrai,
29:45l'Allemagne est producteur
29:46et nous,
29:46on a décidé
29:47qu'on était des consommateurs.
29:48Donc, de toute façon,
29:49c'est comme ça.
29:49Mais ça n'empêche
29:49que c'est pire.
29:52Ils sont contents
29:52et nous, on pleure.
29:53Non, non,
29:53on ne pleure pas.
29:54Et c'est qu'elles sont des décisions
29:55d'hommes politiques.
29:56Mais non,
29:56parce qu'on ne gère pas.
29:57On aurait pu,
29:58non, excusez-moi,
29:59la France, elle peut produire.
30:00Elle a des élites.
30:01Mais non,
30:02c'est parce qu'on ne veut pas.
30:04C'est parce que personne
30:04ne prend une décision.
30:05Parce qu'on a laissé
30:06ce pays.
30:07Mais non, attendez,
30:08il faut être sérieux.
30:08La décision a été prise
30:09de plus produire.
30:10Non, non,
30:11ce n'est pas une décision politique.
30:12C'est la lâcheté
30:13des politiques français,
30:15de droite ou de gauche,
30:16qu'on ne trouvait rien de mieux
30:17que de faire payer
30:18la masse d'impôts
30:20qu'on a,
30:21qui est absolument considérable.
30:22Elle ne pèse pas seulement
30:22sur les Français.
30:23Elle pèse surtout
30:24sur les entreprises.
30:25Vous savez que,
30:26par exemple,
30:27les impôts sur la production,
30:28c'est-à-dire qu'ils touchent
30:29les entreprises,
30:29la force de production,
30:30le travail,
30:31nos boîtes,
30:33ces impôts,
30:34vous savez bien
30:34qu'ils étaient
30:36sept fois plus importants.
30:37il y a encore quelques années
30:39qu'en Allemagne,
30:40en France.
30:41Ils étaient sept fois
30:42plus importants
30:42en France qu'en Allemagne.
30:43C'est-à-dire,
30:44les entreprises françaises,
30:44elles ont des boulets déjà
30:45quand elles commencent.
30:46Aujourd'hui,
30:47Macron a un peu bossé,
30:49pas trop,
30:49c'est à peu près
30:49la seule chose
30:50qu'il a faite peut-être.
30:51Aujourd'hui,
30:52c'est cinq fois plus.
30:53Et s'il explique,
30:55vous voyez,
30:55parce que là,
30:56l'Europe,
30:56c'est la faute à l'Europe,
30:57il faut arrêter aussi.
30:58Pourquoi est-ce que
31:0020% des emplois industriels
31:02seulement en Allemagne
31:04ont été délocalisés
31:05et en France,
31:07vous savez très bien.
31:08Parce qu'en France,
31:09ils n'ont pas le choix.
31:10S'ils veulent que leur boîte
31:11tienne, survive,
31:12ils sont obligés
31:12de délocaliser
31:13leurs entreprises
31:15et leurs emplois industriels.
31:16Et c'est ça le problème.
31:18Il faut être un peu raisonnable.
31:19C'est-à-dire que
31:19le vrai sujet,
31:20si vous voulez,
31:21on a une dette
31:22hallucinante
31:23avec quand même,
31:24excusez-moi,
31:25ces 50 milliards
31:26à peu près tous les ans
31:27qui sont d'ailleurs,
31:29il ne faut pas le dire
31:29parce qu'il ne faut pas
31:30stigmatiser personne,
31:32mais bon,
31:33c'est quand même,
31:34ce sont les retraites
31:35des fonctionnaires
31:37et des Français
31:38qui sont des retraités
31:39du service public.
31:40Et c'est peut-être aussi
31:40un peu le coût
31:41de l'immigration ?
31:41Et ça,
31:42c'est peut-être aussi
31:43d'ailleurs.
31:44Peut-être même certainement ?
31:45Je n'ai pas dit le contraire,
31:46mais non,
31:46mais attendez,
31:47en disant peut-être
31:49après vous,
31:49ça voulait dire
31:50la même chose.
31:51Bon,
31:51donc bien entendu,
31:52mais si vous voulez,
31:53là,
31:53on ne peut pas continuer
31:55comme ça
31:55en faisant tout payer
31:57par les pauvres Français
31:59et les pauvres contribuables,
32:00mais également
32:00par les entreprises.
32:02Il faut,
32:02et ça,
32:03quand vous me dites
32:03l'Allemagne
32:05a été avantagée
32:06par rapport à la France,
32:07c'est parce que l'Allemagne
32:07elle a pris des bonnes décisions.
32:09Parce qu'elle a eu
32:10à sa tête d'ailleurs
32:10des grands chanceliers
32:11comme Gérard Schroder
32:12qui a fait une vraie politique,
32:15qui était social-démocrate
32:16et qui a fait une politique
32:16courageuse
32:17qui a mis des millions
32:18d'Allemands dans la rue,
32:20mais il a pensé
32:20que c'était une bonne chose
32:21pour l'Allemagne
32:22et d'ailleurs la preuve,
32:23l'Allemagne s'est énormément
32:23développée dans les années
32:24qui ont suivi.
32:25Après est arrivée
32:25la cloche Merkel
32:27qui avait vraiment tout planté
32:28avec toute une série
32:29de mauvaises décisions
32:30comme l'arrêt du nucléaire
32:31et puis,
32:36il y a une part politique.
32:38Mais non, justement,
32:39j'y arrive.
32:39Il y a une part politique,
32:40il y a une part donc
32:41l'essayer,
32:41vous avez le biographe
32:42et voilà, j'y arrive.
32:44Et j'y arrive.
32:45Le romancier.
32:46Il y a le romancier.
32:47Donc le fait est que
32:48de temps en temps,
32:49vous vous dérobez
32:50mentalement un peu à la cité
32:51pour faire un roman
32:52et en faire un autre.
32:53Vous avez une oeuvre
32:54significative en matière de roman.
32:56Alors j'aimerais savoir
32:56qu'est-ce qui fait en sorte
32:57qu'au même moment,
32:58dans l'année,
32:58dans la semaine,
32:59Fogg décide de se retirer
33:01des préoccupations de la cité
33:02pour écrire un roman.
33:03Ils sont souvent
33:04dans les préoccupations
33:05de la cité.
33:06Parce que si vous regardez bien,
33:07par exemple,
33:08c'est un roman
33:09autour de la montée du nazisme,
33:11le Schmock.
33:12Pourquoi j'ai écrit le Schmock ?
33:13Parce que je sentais
33:14monter l'antisémitisme en France.
33:15C'était dans les années
33:162015, 2016.
33:18J'avais déjà beaucoup
33:19travaillé sur le sujet.
33:21Mais vos romans
33:21ne sont pas que politiques.
33:22Je pense à un si grand amour,
33:23je pense à d'autres.
33:24Oui, bien sûr,
33:25il y a un très grand amour.
33:26Là, carrément,
33:26c'est une histoire d'amour.
33:28Mais ce que je veux dire,
33:29c'est que dans certains cas aussi,
33:30les romans,
33:30ils sont un peu politiques.
33:31C'est-à-dire qu'ils partent
33:33sur mes obsessions.
33:34Je fais un roman
33:35qui s'appelle
33:35La Racheuse Dedan
33:36qui se passe
33:36entre le XVIIIe
33:39et le XIXe siècle.
33:41Une espèce de truc
33:41complètement...
33:43Une aventure.
33:43Puis brusquement,
33:44je tombe sur la Révolution française.
33:45Je n'avais pas prévu le coup.
33:46Ça commence chez les Indiens,
33:47dans les guerres indiennes.
33:49Et puis,
33:50la Révolution française,
33:51je parle de mes obsessions
33:52sur la Révolution française,
33:53qui est un truc
33:54qu'on n'a pas fini de payer.
33:55Parce que quand même,
33:56on est un pays monarchiste
33:57qui a commis un régicide.
34:00Ça, on ne s'en remet pas.
34:01Vous me conduisez
34:02sur le matrigat
34:03avec une telle formulation ?
34:04Ça, je vous confirme.
34:05Alors,
34:05je vais faire le lien
34:06entre la poétique
34:06et l'écrivain.
34:07Il est traumatisé,
34:07d'ailleurs, par ça encore.
34:08Moi, ça commence
34:09par Philippe Lebel.
34:11Mais bon.
34:12Mais Louis XVI était sympa.
34:14C'était quelqu'un d'intelligent.
34:15Quand on lit son testament,
34:16j'aimerais bien
34:17que juste un président
34:18de la Sainte.
34:18C'est une belle personne.
34:19Un président
34:19fasse la moitié
34:20de ce qu'il a écrit.
34:21Il n'a peut-être pas été
34:21un bon roi
34:22parce qu'il était un peu trop gentil.
34:23Il était un peu trop gentil
34:25mais c'est une belle personne.
34:27Mais justement,
34:28le lien entre l'écrivain
34:28et le politique.
34:29Vous maniez les mots
34:30merveilleusement bien.
34:31On a vu,
34:31le rideau séros et la moule.
34:32Je vais vous donner
34:33quelques noms
34:33de personnalité
34:35et si vous avez un mot
34:36pour les qualifier.
34:37Ça permettra
34:38de vous saisir après.
34:39Oh non,
34:39j'aurais rendu problème là.
34:40Vous n'êtes pas sympa.
34:41On va commencer par
34:41notre premier ministre,
34:41François Bayrou.
34:45Vigoureux.
34:46Vous voulez un adjectif ?
34:47Je veux dire un mot.
34:48Un mot.
34:52Culotté.
34:53Retailleau.
34:53Malin.
34:59Édouard Philippe.
35:02J'ai dit un jour
35:03ectoplasme.
35:04Ce n'était pas très sympa.
35:05Parfois,
35:07j'ai la maladie
35:08de la tourette.
35:09Je commence à dire
35:10ce que je pense.
35:11Mais il a une stature
35:14mais j'espère
35:15qu'il a autre chose.
35:16Marine Le Pen.
35:18Ça finira peut-être
35:19par y arriver un jour.
35:21Éric Zemmour.
35:22Comme ça,
35:23on fait tous les candidats
35:24à la présidentielle.
35:27Éric Zemmour,
35:28écoutez,
35:31il a plein de qualités.
35:32Très courageux,
35:33notamment.
35:34Et si vous dites
35:34ce que vous pensez vraiment.
35:35Ce que je pense,
35:36c'est qu'il n'est pas politique.
35:37Moi,
35:37je lui ai dit
35:38d'ailleurs un jour,
35:39je le voyais
35:40par hasard
35:41et je lui dis
35:42j'espère que tu ne fais pas
35:43de cette connerie
35:44de te présenter
35:44à la présidentielle
35:45de la publique.
35:45C'est complètement idiot.
35:46Parce qu'il n'est pas fait
35:47pour ça.
35:47Et je veux dire,
35:48moi non plus.
35:49Donc,
35:49ce n'était pas méchant.
35:50Et puis,
35:50il y a plein de gens.
35:51Je pense que
35:52Mathieu Bocoté,
35:53ce n'est pas la peine
35:53de le présenter.
35:54D'ailleurs,
35:54il n'est même pas français.
35:55Vous êtes québécois.
35:56Bien sûr,
35:57québécois,
35:57assurément.
35:58C'est une autre manière
35:58des français.
35:59Je crois qu'il faut
36:00de nature.
36:01Vous voyez ce que je veux dire.
36:02Il est trop volcanique
36:04par moments.
36:05C'est la politique.
36:07Regardez
36:08comme il s'est planté
36:09sur l'histoire de la Russie
36:10alors que,
36:11par exemple,
36:12Mélenchon
36:12qui était presque
36:13plus engagé sur Poutine,
36:15il a fait le virage.
36:16En une nuit,
36:17il était passé
36:17de l'autre côté.
36:18Enfin,
36:18pas tout à fait,
36:19mais presque.
36:20Il nous reste six minutes.
36:21C'est le temps
36:21de revenir un peu
36:22à la politique,
36:22évidemment,
36:23avec une question
36:23toute simple.
36:24Avez-vous le souvenir
36:25de votre dernier
36:26enthousiasme politique ?
36:28Il n'est pas nécessairement
36:29en français.
36:29Peut-être que c'était
36:30Rigam.
36:31Peut-être que c'était
36:31un véritable enthousiasme
36:33politique.
36:33Vous avez dit
36:34qu'avec lui,
36:34ça peut changer.
36:36Alors oui,
36:37vous parlez de Rigam
36:37parce que c'est vrai
36:38que...
36:38Je sais que vous l'aimez bien.
36:40Ah oui,
36:40j'ai adoré
36:41et j'ai écrit
36:41le premier article sur lui,
36:43je ne l'avais pas vu
36:43et je venais d'arriver
36:45aux Etats-Unis
36:46comme correspondant
36:47du Nouvel Observateur.
36:48J'ai fait une compilation
36:48d'articles du New York Times
36:50et je me souviens,
36:51ça devait titrer
36:52sûrement une mauvaise plaisanterie
36:53ou une vieille plaisanterie,
36:54un truc comme ça.
36:55Complètement idiot,
36:56ce papier.
36:56Parce que je le vois un jour,
36:58c'était pendant la campagne
36:59des primaires
37:00dans le New Hampshire
37:00la première fois
37:01en 1980
37:04et je le vois
37:06et je...
37:07Il avait...
37:08Comment dire ?
37:09Il était très bas
37:09dans les sondages
37:10et les journalistes
37:11qui étaient avec nous
37:11ne pensaient qu'à se tirer.
37:12On devait être dans
37:13ce qu'on appelle
37:14le bus quoi
37:15parce que ça se passe
37:16dans un bus,
37:17nous sommes là.
37:17On devait être 5-6,
37:18vous voyez,
37:18personne quoi.
37:19Donc je...
37:20Puis il était là,
37:21il était très bon humain,
37:22il s'en foutait
37:22et j'étais fasciné
37:23parce que j'ai eu une conversation
37:24très longue
37:24et je me dis
37:24mais ce mec
37:25est absolument formidable.
37:26Il avait une hauteur de vue
37:27que j'aurais...
37:29Enfin...
37:30Que je vois...
37:31J'ai rarement vu
37:32chez les politiques
37:32parce qu'il m'a dit
37:33quelque chose
37:34qui m'avait tellement frappé.
37:36C'était...
37:36Je lui dis mais...
37:37Enfin, une question
37:38à la con de journaliste.
37:39Mais alors ça vous gêne pas
37:40de dire tous vos trucs
37:41sur le libéralisme
37:42alors que quand même
37:43vous avez été à la gauche
37:44du Parti démocrate,
37:45un syndicaliste
37:46vraiment très dur,
37:48etc.
37:49Et Rooseveltien en plus
37:50pour le New Deal,
37:52pour l'État de Providence.
37:53Je me dis mais attendez
37:54mais c'était
37:54ce qu'il fallait faire à l'époque.
37:56Mais attendez,
37:56moi je suis très content
37:57d'avoir fait ça.
37:58Bon, après je dis pas
37:59si ça marche
38:00ce que je vais faire.
38:01Je dérégule complètement
38:02et que ça devient
38:03un vrai cirque.
38:04Et bah si ça se trouve
38:05moi je suis encore vivant
38:06dans 20 ans ou 30 ans
38:07et je pense pas
38:09que ce sera le cas.
38:10Bah je voterai pour le type
38:11qui dira
38:12non non les gars
38:12il faut être sérieux.
38:13Il faut reprendre
38:13les bonnes recettes de Roosevelt.
38:15Alors je vous ai mis
38:16sur une piste américaine
38:18mais quand même
38:18une piste française,
38:19une admiration française,
38:20une vraie.
38:20Vous en avez eu une ?
38:22Beaucoup oui.
38:23On en a eu une en particulier.
38:24Vous êtes une lui
38:24aurait pu changer
38:25le cours de l'histoire.
38:26C'est pas un silence fin du tout.
38:35C'est que je ne me suis jamais
38:36dit ça mais j'ai eu
38:38des enthousiasmes successifs.
38:39C'est vrai, j'ai été...
38:41Enthousiasme au pluriel
38:42ça ne compte pas.
38:44Michel Rocard,
38:45je peux en citer d'autres
38:46comme ça.
38:47Non mais les enthousiasmes
38:48au pluriel ça témoigne
38:48d'une nature.
38:49Mais un enthousiasme singulier
38:50vous disiez cette fois-là
38:51on n'est pas à ça
38:51à côté de quelque chose
38:52peut-être.
38:54Non parce que oui
38:55il y a eu un personnage
38:56franchement
38:57quand on regarde bien
38:58j'ai travaillé beaucoup
38:59sur l'histoire de la Vème République
39:00il y a quelqu'un
39:01que j'admire chaque jour davantage
39:02qui est absolument
39:04à mes yeux
39:04complètement génial
39:05j'avoue
39:06c'est de Gaulle.
39:08Et je fais partie
39:08d'une génération
39:09qui était très anti-gaulliste
39:10moi même en 68
39:11j'étais pas gaulliste
39:13même si
39:14j'étais plutôt
39:15du côté de la manif
39:16du général de Gaulle
39:17j'étais anti-gauchiste
39:19pardon
39:19anti-gauchiste comme un phoque
39:21mais vraiment absolument déchaîné
39:23contre les gauchistes
39:23et ça allait d'ailleurs
39:25jusqu'à être un petit peu gaulliste
39:26vous voyez mais pas trop
39:26puis en fait c'est surtout
39:27quand de Gaulle est mort
39:28j'ai réalisé
39:29mais on a raté
39:30c'est un personnage extraordinaire
39:33quand vous pensez
39:33qu'il a pris le pays par terre
39:35et qu'au bout
39:36grâce à sa politique
39:37de rigueur
39:38parce que c'est une politique
39:39de rigueur
39:39pendant un an
39:41parce que ça n'a duré
39:42qu'un an
39:42la France après
39:43a eu une croissance
39:44de 5-6%
39:45par an
39:45à la chinoise
39:46ça c'est de Gaulle
39:47et le pays repartit
39:48le pays a repris confiance
39:49le pays a été regardé partout
39:51le pays était devenu un modèle
39:52enfin c'est un
39:54voilà
39:54voilà
39:54non mais ça c'est un enthousiasme
39:56c'est un enthousiasme
39:57disons
39:57rétrospectif
39:58vous voyez ce que je veux dire
39:59oui bien sûr
39:59ils sont plus faciles que les autres
40:00non sauf que quand il est mort
40:02j'ai vu que
40:03vous voyez je venais de lire
40:04je me souviens
40:05un livre qui s'appelle
40:06La Tradition Générale
40:07d'un journaliste
40:08qui s'appelle
40:08Jean Raymond Tournoux
40:08je venais de lire ce livre
40:10dernier livre
40:11que m'avait fait mon grand-père
40:12qui était mort
40:13à ce moment-là
40:14et je me souviens
40:15que je pleurais
40:16j'ai pleuré
40:17comme plein de Français
40:17au café
40:18j'étais dans un café
40:19je suis rentré dans un café
40:19et j'ai commencé à pleurer
40:21et il y a plein de gens
40:21qui pleuraient autour de moi
40:22pourquoi ?
40:23parce que c'était
40:24quelqu'un qui avait
40:25réinventé la France
40:27redonné confiance
40:29en elle à la France
40:30voilà c'est un des plus grands
40:31personnages de l'histoire de France
40:32et on l'a eu
40:33il était là
40:34dans notre siècle
40:34à côté de nous
40:35Arthur Levatrigan
40:36vous avez dit
40:37le plus grand personnage
40:38et la plus grande anomalie
40:39celui qui n'aurait jamais dû
40:40se retrouver à cet endroit-là
40:41pas forcément comme président
40:42ça peut être un ministre
40:43ou ailleurs d'ailleurs
40:43Macron
40:44pourquoi ?
40:46oui pourquoi c'est une anomalie
40:47parce qu'il n'était pas
40:48fait pour ça encore
40:49peut-être qu'il le sera un jour
40:50mais ce sera trop tard
40:51mais je pense que
40:53la présidence de la République
40:55mais même une entreprise
40:56une PME
40:57si vous voulez
40:57n'importe quelle entreprise
40:59parce que c'est aussi
41:00une entreprise l'Etat
41:00c'est de déléguer
41:02et je pense qu'il a
41:04une aptitude à la délégation
41:05qui me fascine
41:05vous savez moi j'ai travaillé
41:06toujours avec des grands patrons
41:07qui me disaient
41:09il faut faire ça
41:10ou ça
41:10ou c'est moi qui disais
41:11je vous oppose
41:11on va faire ça
41:12alors comment on fait
41:13c'est vous qui voyez
41:15et puis à la fin
41:16il vous regarde avec les yeux
41:17et il dit
41:17je compte sur vous
41:18vous faites ce que vous voulez
41:19et c'est ça
41:20et la politique c'est ça
41:21quand vous regardez De Gaulle
41:22c'était ça
41:22il passait son temps
41:23à voir des gens
41:24en disant
41:25vous allez faire ça
41:26je compte sur vous
41:27il nous reste une minute
41:28je reviens sur le thème
41:29qu'on a abordé
41:30la patrie
41:30vous dites l'Europe des patries
41:32d'abord les patries
41:33ensuite l'Europe
41:33est-ce que vous avez
41:34de temps en temps peur
41:35de perdre votre patrie
41:36avec l'immigration massive
41:37la perte d'identité
41:38est-ce que vous craignez
41:40qu'un jour
41:40la France devienne étrangère
41:42chez elle
41:42c'est très important
41:43le patriotisme
41:44c'est une valeur
41:44absolument fondamentale
41:45et il faut se battre
41:48c'est-à-dire
41:49il faut aimer la France
41:50faire aimer la France
41:51c'est quand même
41:51un pays formidable
41:52on est tous d'accord là-dessus
41:54et évidemment j'ai peur
41:55j'ai peur parce que
41:56si vous voulez
41:57ça se dégrade chaque année
41:58ça on voit
41:59c'est pas seulement
42:01un déclassement économique
42:02ou financier
42:03c'est général
42:03à tous les plantes
42:04on a à la tête de l'Etat
42:06des gens qui laissent tout filer
42:07je parle pas de Bayrou
42:08d'ailleurs c'est absurde
42:09parce qu'on a l'amitié
42:10pour qu'on l'attaque
42:11mais en fait
42:11il peut rien faire
42:12il a pas de majorité
42:13etc
42:13mais si vous voulez
42:14vous avez une espèce de système
42:16qui laisse tout filer
42:17bon j'espère qu'à un moment donné
42:19on se ressaisira
42:20mais moi je pense
42:21je crois que la France
42:22elle va pas mourir
42:22parce que la France
42:23ne peut pas mourir
42:24qu'elle est déjà morte
42:25des tas de fois
42:25qu'elle renaît à chaque fois
42:26de ses cendres
42:27et qu'elle est toujours refaite
42:28donc à un moment donné
42:30là c'est mon optimisme viscéral
42:31qui parle
42:32mais en plus
42:33la classe politique
42:34c'est vrai que j'étais un peu sévère
42:36mais il y a quand même
42:36des tas de gens
42:37qui sont capables
42:38de remettre les choses en ordre
42:39il faut juste
42:40des personnages
42:41avec un peu de volonté
42:43c'est la volonté
42:45qui manque depuis si longtemps
42:46on finira sur cette belle note
42:47d'optimisme
42:48merci beaucoup
42:49François-Olivier Gisbert
42:50merci Arthur de Matrigan
42:51merci Mathieu Bocoté
42:52et dans quelques instants
42:53c'est l'heure des pros
42:54sur CNews
42:55Merci à tous
42:56Merci à tous
42:57Merci à tous
42:58Merci.

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