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  • 28/05/2025
Dans son édito du 28/05/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Alors, je crois qu'il faut tenir pour acquis que le gouvernement, ou la classe politique plus largement,
00:06considère les Français, c'est une image que vous avez utilisée, comme une forme de citron fiscal qu'on peut presser jusqu'au dernier centime.
00:14Nous sommes devant une classe politique qui considère qu'il y a encore la possibilité de demander des efforts aux Français
00:21et qui ne sent pas l'indécence absolue de demander ces efforts nouveaux,
00:26comme si finalement les Français, pour l'instant, ne faisaient pas assez d'efforts pour soutenir les dépenses insensées de leur classe politique, de leur gouvernement.
00:35Alors, la première question qu'on doit se poser, c'est tout selon dans quel régime, on pourrait dire, politico-économique vivons-nous.
00:42Et la réponse, c'est que nous sommes davantage dans un régime socialisant que dans un régime libéral.
00:50Il y a quelque chose qui relève un peu de la neppe sous les lignes.
00:53Vous savez, la nouvelle politique économique, donc on avait fait un grand coup de socialisme et on constatait que le socialisme ne fonctionnait pas.
00:59Donc là, on avait dégagé un espace pour l'entreprise privée pour donner un peu d'oxygène à la population,
01:04tout en sachant qu'on reviendrait au socialisme ensuite.
01:05Et quelquefois, quand on entend la classe politique, on a cette impression, c'est un modèle d'économie relativement planifié, technocratique, étatiste.
01:13Et par ailleurs, il y a un secteur privé qu'on doit laisser vivre pour produire des richesses,
01:17qu'on doit laisser vivre pour produire les richesses, et non seulement les richesses, mais j'ajouterais, pour donner l'énergie et la vitalité au pays.
01:24Mais dès lors qu'il produit cette richesse, il faut la confisquer.
01:27Donc d'une certaine manière, c'est une classe sociale, esclavagisée en quelque sorte, par un État social vorace et tout-puissant.
01:35Il y a une formule que l'on cite souvent liée à Giscard.
01:38Giscard disait dans les années 60-70, au-delà de 40% du budget d'un pays, du PIB qui relève de la dépense de l'État,
01:47au-delà de 40%, c'est le socialisme.
01:49Aujourd'hui, nous sommes à 58% environ.
01:52Autre phrase qu'on peut citer, Gorbatchev, le dernier dirigeant de l'URSS,
01:56qui disait que la France est le seul pays communiste qui a réussi.
02:00Alors, je ne suis pas certain qu'on serait d'accord sur la réussite aujourd'hui.
02:03Mais quoi qu'il en soit, il y a ce sentiment qu'on est dans un modèle qui a eu des moments libéraux,
02:08qui évidemment, il y a des capitalistes, il y a tout ce qu'on veut,
02:11mais au final, on est dans une logique socialiste qui transforme fondamentalement
02:15la possibilité même de créer de la richesse et la liberté économique de chacun.
02:20Alors, j'ajoute, si on faisait une forme de sociologie économique française rapide, que verrons-nous ?
02:25Donc, il y a effectivement une caste d'oligarques très très riches, d'hyper méga super riches,
02:31qui existent vraiment, qui doivent négocier avec l'État en permanence.
02:35Appelons ça, ce sont les oligarques qui parlent au pouvoir.
02:38Il y a une classe bureaucratique, et celle-là est très puissante
02:41parce que ses privilèges dépendent d'une autre classe,
02:45la classe moyenne du privé, pour l'essentiel,
02:48qui, elle, produit les richesses qui seront ensuite partagées.
02:51Et vous avez, au final, aussi une dernière classe, une classe d'assistés,
02:55qui dépendent, eux aussi, de la redistribution.
02:58On peut presque dire qu'il y a un pacte en France entre la classe bureaucratique et les assistés
03:03pour pressuriser les classes moyennes qui, elles, travaillent
03:07pour qu'on redistribue la richesse qu'elles auront produite.
03:09Alors, la question qu'on peut se demander, je le disais,
03:12c'est est-ce qu'il y a encore la possibilité de demander, sans être indécent,
03:16un effort fiscal aux Français ?
03:18Qu'on se pose la question en...
03:20Le simple fait que certains se posent la question en 10 beaucoup
03:23sur leur déconnexion totale du commun des mortels,
03:27qu'ils se demandent, mais où allez-vous trouver ces quelques centimes supplémentaires
03:30que vous voulez me prendre à tout prix, ces quelques euros de plus ?
03:32Où pensez-vous les trouver ?
03:34Parce que l'État a une forme de génie quand vient le temps d'inventer
03:37de nouvelles taxes et de nouveaux impôts,
03:38et en dernière instance, il culpabilise le commun des mortels qui étouffe.
03:43Ça nous en dit beaucoup sur le rapport à l'argent
03:45dans une partie de la classe politique.
03:48La classe politique considère que votre argent ne vous appartient pas.
03:51Soyons sérieux. L'argent que vous gagnez,
03:53la plus grande part, il se donne le droit,
03:55au nom de ce qu'il appelle le bien commun,
03:57d'en prendre la plus grande part.
03:58On dit toujours le grand écart entre le net et le brut.
04:01On prend une très grande part d'abord et avant tout.
04:03Vous pourriez vous dire, au terme de cela,
04:05« Bon, le reste m'appartient. »
04:07Mais pas du tout.
04:08Parce qu'ensuite, sur ce que vous dépensez,
04:09il y a une autre part.
04:10Les taxes, ne l'oublions pas.
04:12Mais il y a aussi, imaginons, le reste.
04:13Vous pouvez vraiment faire ce que vous voulez.
04:15Mais pas du tout.
04:16Rendez-vous à la distributrice,
04:18allez dans votre salle bancaire,
04:20et dites, « Je veux retirer, en espèce,
04:22un montant significatif. »
04:23On vous dira, « Pourquoi ?
04:24Y a-t-il une raison pour cela ? »
04:26Vous pourriez répondre,
04:26« C'est mon argent, ça ne vous concerne pas. »
04:28Est-ce que je vous pose des questions
04:29sur votre vie privée, vous ?
04:30Et non.
04:31Apparemment, ça relève du droit légitime de l'État
04:34de vous dire quelle part de votre argent
04:36vous pouvez utiliser chaque semaine
04:38et vous devez justifier
04:39si vous voulez récupérer votre propre argent.
04:41Donc, il ne vous appartient pas.
04:43Et si vous voulez, par exemple, le donner.
04:44Vous savez, il y a quelquefois,
04:45on peut donner un coup de main à quelqu'un,
04:48faire un don.
04:48Eh bien, ça, vous ne pouvez pas non plus.
04:50Ou alors, vous payez deux nouveaux impôts.
04:52Et le jour où vous mourez,
04:53on vous en prend une bonne part
04:54et vous n'avez même pas le droit
04:55de le donner à qui vous voulez
04:55quand vous mourez.
04:56Donc ça, dites-vous,
04:57votre argent ne vous appartient pas.
04:59Il vous est, en quelque sorte, prêté.
05:01On nous dira, je l'ai souvent entendu,
05:02chez les gens, « Oui, mais il y a moyen,
05:03surtout pour les gens plus aisés,
05:05d'avoir des fondations, des règles,
05:07des détours qui permettent
05:08de contourner les règles. »
05:09Et là, c'est une autre chose.
05:10Premièrement, c'est un privilège réservé
05:12aux très riches de pouvoir,
05:13effectivement, contourner les règles.
05:15Et si vous êtes, par ailleurs,
05:16obligé d'avoir un système
05:18de contournement des règles
05:19pour contourner légalement les règles,
05:21c'est que vous vivez
05:21dans une forme d'arbitraire étatique.
05:23Votre argent ne vous appartient pas.
05:25Est-ce que votre épargne vous appartient?
05:27Pas du tout.
05:28Votre épargne vous appartient potentiellement,
05:30mais il se pourrait que demain,
05:31il ne vous appartienne plus.
05:32C'est la fameuse loi Sapin 2
05:34dont on a beaucoup parlé.
05:35Imaginons des circonstances
05:36qui pourraient venir.
05:37Par exemple, un choc avec la Russie.
05:39Manifestement,
05:40ça traînait dans l'actualité
05:41il y a quelque temps.
05:42On pourrait dire
05:42l'effort de guerre
05:43ou l'effort de réarmement,
05:45mais peut-être demain
05:45l'effort climatique
05:46et pourquoi pas demain
05:47l'effort pour éviter
05:48la sortie de l'Union européenne
05:50de tel ou tel pays
05:50exige qu'on saisisse
05:52une partie significative
05:53de votre épargne.
05:54On vous promet de le rembourser
05:55dans les trois prochains siècles.
05:56Ne vous inquiétez pas.
05:58Donc, on peut saisir
05:59une partie de votre épargne.
06:00Votre épargne ne vous appartient pas
06:01potentiellement.
06:02On peut le saisir potentiellement.
06:04Ce n'est pas un détail.
06:06Autre élément qui est important,
06:07le culte de la gratuité.
06:09Ça, c'est fascinant.
06:09Chaque fois qu'on entend
06:10qu'il y a
06:11tel service public est gratuit,
06:13tel HLM
06:14ou tel truc est subventionné,
06:16les trucs gratuits,
06:16ça n'existe pas.
06:17Pas en ce monde.
06:18Peut-être dans le prochain,
06:18mais pas dans ce monde.
06:19Donc, si ce n'est pas gratuit,
06:21quelqu'un paye.
06:22Et soyez certain d'une chose,
06:23si vous avez l'impression
06:24d'avoir la main sur la gorge
06:25qui vous étouffe,
06:26c'est vous qui payez.
06:27Donc, les services,
06:27que ce soit les politiques sociales
06:29les plus généreuses,
06:30les plus inspirées,
06:30les plus idiotes,
06:31les plus imbéciles,
06:32quelles qu'elles soient,
06:32bonnes ou mauvaises,
06:33rien n'est gratuit
06:35et vous finissez toujours
06:36par payer.
06:37J'ajoute qu'avec le système migratoire
06:39qui est celui qui,
06:40en fait, le non-système
06:41ou l'insystème migratoire
06:42qu'il y a en France,
06:43en ces matières,
06:44il est possible très facilement
06:45d'avoir accès
06:46à des ressources considérables
06:48sans avoir contribué
06:49à leur construction.
06:50Le commun des mortels
06:51peut se sentir exploité.
06:53Le rapport aux riches,
06:54entre guillemets,
06:55sachez, soit dit en passant,
06:56que pour l'État,
06:56vous êtes riches très rapidement.
06:57En tout, les ozos,
06:58il y en a quand même quelques-uns
06:59qui disent « Faites payer les riches,
07:01faites payer les riches ».
07:02La plupart du temps,
07:02ils oublient que ça va leur tomber
07:03sur la tomate eux aussi
07:04parce que l'État considère
07:05que vous êtes riches
07:06avec très peu d'argent.
07:07Cela dit, il y a cette idée
07:08que dès que vous avez
07:08un peu de prospérité,
07:10dès que vous avez un peu de richesse
07:11ou que vous en avez beaucoup,
07:12ça ne vous appartient pas.
07:13Vous ne l'avez pas créé
07:14par votre travail,
07:15par vos efforts.
07:16Vous avez, en quelque sorte,
07:17fraudé la société.
07:19Dès lors, il est légitime
07:19que l'État reprenne sa part
07:21parce que la richesse des uns
07:22n'est rien d'autre
07:23que la pauvreté des autres.
07:24C'est un calcul économique
07:25très limité,
07:27mais c'est le calcul
07:27qui commande chez plusieurs.
07:29Et dernier élément,
07:30et là, je mettrai le...
07:31J'étais plutôt consensuel
07:32jusqu'à présent.
07:33Un dernier élément,
07:35ce qui me frappe,
07:37c'est le rapport
07:37au fameux culte du CNR,
07:39le Conseil national de la résistance.
07:41La libération de la France
07:42est la plus belle des choses
07:43qui a pu avoir lieu
07:43au XXe siècle.
07:44Une libération, c'est formidable.
07:46Je note cela dit
07:46que les communistes
07:47ont été capables,
07:48avec le CNR,
07:48pas seulement les communistes,
07:49mais en partie,
07:50de s'emparer de la libération
07:51et de dire
07:52la vraie libération de la France
07:53culmine dans le socialisme.
07:55Et aujourd'hui,
07:55qu'est-ce qu'on voit ?
07:56On voit des gens
07:57qui considèrent que c'est
07:57trahir l'esprit de la France,
07:59trahir l'esprit de la libération
08:00et presque être pétainiste
08:01que d'exiger un peu
08:02de libéralisme économique.
08:03Voyons tout cela.
08:05Les paramètres du débat économique
08:07nous échappent
08:07dans le débat public.
08:08Sous-titrage Société Radio-Canada
08:10Sous-titrage Société Radio-Canada
08:13Sous-titrage Société Radio-Canada

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