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L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Législatives : trois blocs qui s'affrontent»
CNEWS
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26/06/2024
Dans son édito du 26/06/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]
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C'est assez intéressant parce que les journalistes attendent, c'est presque une exigence narrative
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et rhétorique chez eux, ils attendent toujours le tournant dans la campagne qui basculerait
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tout.
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Or, il se peut qu'il n'y ait pas de tournant dans cette campagne, il se peut que cette
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campagne confirme des tendances déjà repérées.
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Revenons sur le débat d'hier, en ce qu'on peut en retenir en forme de première analyse.
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D'abord, on était devant trois chefs qui ne sont pas par ailleurs les vrais chefs de
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leur camp.
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N'oublions jamais, chacun représentait une personnalité plus grande en quelque sorte.
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Jordan Bardella était là, son objectif était clair, moins prouver, quoi qu'on en dise,
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la compétence technique qui serait la sienne, tout le monde a compris que Bardella n'était
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pas un conseiller technique.
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Il s'agissait de marquer un objectif de crédibilité budgétaire à l'endroit de cet électorat
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dit de droite qui dit le RN, on ne déteste pas, mais cela dit, sur le plan économique,
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sont-ils sérieux?
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Il envoyait les signaux à répétition pour dire, regardez, en matière de crédibilité
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budgétaire, je suis là, ne vous inquiétez pas, c'était son objectif.
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Gabriel Attal, c'était le candidat dans les circonstances de l'expertise technique, chacun
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joue sa carte préférée, donc il dit je suis presque né pour gouverner, j'ai une compétence
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naturelle, j'ai une aisance naturelle à travers tout ça, et ce n'est pas faux, il a une véritable
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compétence technique chez lui, donc il s'est imposé dans le débat, il cherchait un peu
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à être celui qui coince les autres, il n'était pas mauvais, mais bon, cela dit, sur le plan
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politique, ce n'est peut-être pas la personnalité politique la plus forte des trois sur le plan
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technique, assurément.
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Et il y avait Emmanuel Bompard, qui d'abord s'est trouvé une cravate, je prends la peine
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de le dire parce qu'à l'Assemblée nationale, il ne croit pas nécessaire de la porter,
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mais lorsqu'il se présente devant tous les Français, il sort néanmoins sa cravate, il
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ne sait pas encore la nouer, mais ça viendra, mais cela dit, je me permets de le noter.
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Pour séduire, il met la cravate et une fois qu'il la séduit, il l'enlève.
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Je peine à comprendre les codes de la...
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Intéressant.
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Parce que sinon, ça veut dire quelque chose.
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Ils ont quand même fait toute une campagne pour dire qu'il la retirait, là, il la porte
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soudainement.
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Sur le plan politique, plus sérieusement, on était dans une situation plus complexe
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parce que LFI, en fait plus largement le Front populaire, dit « nous ne respectons pas vos
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règles, nous n'envoyons pas notre candidat premier ministre parce qu'on ne sait pas qui
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sera le candidat premier ministre, nous disent-ils ». Dès lors, il en envoie un et il lui donne
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une citature qu'il n'avait pas jusqu'alors, et c'était l'occasion pour Manuel Bompard,
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je crois que c'était sa force, de jouer une carte de radicalité.
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J'ai l'impression que la gauche radicale sait qu'elle ne l'emportera pas, bien qu'elle
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espère l'emporter, et il était là sur le mode de la prime à la radicalité sans avoir
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l'air d'un extrémiste.
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C'était son objectif.
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Je ne sais pas s'il a réussi.
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Ensuite, trois choses qu'on doit noter qui sont importantes, c'est que c'est la stratégie
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des trois barrages.
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On n'est que devant des ingénieurs en barrage, ou comme aurait dit Laurent Bouverd' autre
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temps, on est devant des castors.
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Donc, Bardella veut faire barrage à l'extrême gauche ou à la gauche radicale, Gabriel
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Attal veut faire barrage aux extrêmes, et Manuel Bompard veut faire barrage à l'extrême
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droite.
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Donc, on comprend qu'on n'est pas devant des gens qui sont capables même d'imaginer
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la possibilité de parler au camp d'en face, nous sommes devant des gens qui fonctionnent
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à la digue, au barrage et à la barricade.
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Tel est l'horizon de leur politique.
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Je note aussi aujourd'hui, chacun cherchait à présenter que c'est normal de son champion
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comme étant celui qui avait gagné la bataille, et il y a un petit récit médiatique qui
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s'est imposé, une forme d'une bardellophobie dans les médias du service public, mais pas
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seulement.
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Et là, on cherche à créer un récit autour de lui en ce moment, et c'est Jordan Lagaffe.
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Donc là, on dit « Ah, mais il s'est trompé sur cette déclaration, ah, il s'est révélé
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sur les retraites avec une déclaration qui apparemment serait de nature à changer la
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campagne, être le tournant de la campagne.
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» Donc là, le service public et ses adversaires poussent beaucoup pour nous dire « Jordan
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Lagaffe », pour que ça rentre dans la tête des gens.
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On y verra une forme d'acharnement politique dissimulée derrière un commentaire journalistique
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faussement objectif.
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Enfin, je pense que c'est une chose importante à noter, la question de l'immigration, encore
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une fois, était négligée, était laissée de côté.
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Je ne dis pas qu'on ne l'a pas du tout mentionnée, j'ai dit qu'on l'a présentée de telle
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manière qu'on passait à côté de l'essentiel.
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Emmanuel Bompard, je le dis, joue honnêtement, il se fait le porteur, comme Jean-Luc Mélenchon,
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du nouveau peuple français en émergence.
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C'est leur nouvel argument de campagne, un français sur quatre aurait des origines
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étrangères.
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Dès lors, un peuple nouveau émerge, les Français de souche sont le problème, et il était
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sur cette ligne.
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Donc, l'immigration est une richesse pour la France, enrichit la France, cessons de
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la critiquer, elle est positive.
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Au moins, c'est clair, c'est la ligne de la France insoumise.
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Gabriel Attal a décidé d'attaquer, c'est particulier ça, sur la simple question de
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la double nationalité.
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L'extrême-centre croit avoir trouvé avec cette question, enfin, l'argument pour
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neutraliser l'ARN, on ne parlera plus de submersion migratoire, de quartiers qui changent
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de culture, d'une France qui s'islamise, non, on va parler des quelques…
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La bi-nationalité.
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Ah là, la bi-nationalité, les postes qui ne sont plus accessibles aux bi-nationaux.
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Les quelques postes.
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Je note, sois-disant passant, que le président américain ne peut pas être élu s'il n'est
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né à l'étranger.
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Donc, si vous êtes né à l'étranger, vous êtes parfaitement assimilé aux États-Unis,
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vous ne pouvez pas être élu aux États-Unis.
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Est-ce que la Constitution américaine est d'extrême droite?
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C'est une autre question.
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Quant à Bardella, évidemment, il a fait ce qu'il fallait pour parler d'immigration
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en parlant, et là, j'insiste sur un truc qui est assez intéressant, du lien entre
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les femmes et l'insécurité et l'immigration.
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Il aborde ce thème de plus en plus clairement et il s'est fait répondre aujourd'hui
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par Hercilia Soudain, figure qui compte à sa manière dans la gauche radicale, et qui
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a dit, je la cite, « Non, Bardella, je n'ai pas peur dans les transports en commun et
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je ne m'y fais pas harceler en raison de mes tenues.
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C'est sur les réseaux et dans les médias qu'on me harcèle à ce sujet.
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Arrêtez d'instrumentaliser le féminisme à des fins racistes.
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Là, on voit probablement tout le déni dont sont capables les insoumis, qu'on soit d'accord
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ou non avec eux.
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La situation des femmes dans les transports, je ne connais pas une femme en France qui
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ne reconnaît pas avoir une inquiétude lorsqu'elle entre dans les transports, et je dirais que
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chacune pourrait, si on lui tendait le micro tout en jurant de protéger son identité,
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nous ferait le même portrait de l'inquiéteur typique.
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Or, ce qui est certain, c'est le lien que nous connaissons.
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Je note que Jordan Bardella a cherché à imposer ce thème, ce n'était pas un détail,
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mais nous en arrivons à la question la plus importante, la suite.
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La suite, effectivement, à quelle France ? Alors, au regard de tout ce que vous avez
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dit, doit-on s'attendre le 8 juillet ?
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Trois scénarios, j'essaie d'être le plus objectif possible.
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Si le RN l'emporte, je dirais double ou triple mouvement de résistance.
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Premièrement, du Conseil constitutionnel, qui a dit qu'il ferait tout ce qu'il faut
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pour empêcher le RN d'appliquer son programme.
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C'est dit, bon, on le sait.
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Ensuite, et là c'est peut-être plus important, on a entendu ce matin Manon Aubry dire qu'il
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faudrait une politique de résistance, dit-elle, je crois qu'elle se trompe d'époque, de
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désobéissance civile majeure, peut-être même la grève générale, si le RN l'emporte.
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Alors, il faut bien comprendre qu'au nom de la démocratie, LFI fera tout pour paralyser
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les résultats du jeu démocratique.
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Donc, ça nous rappelle toujours cette doctrine à gauche sur les élections, si on remporte
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les élections, on a le droit de tout faire, si on perd les élections, on a le droit de
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tout faire pour renverser le résultat des élections.
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On est seul à le dire.
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Moi, je trouve que c'est très Trumpien, parce que le mot Trumpien est souvent utilisé
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comme ça.
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On dit « Trump ne reconnaît pas les résultats des élections », mais LFI annonce qu'il
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ne reconnaîtront pas les résultats des élections si ça donne un autre résultat que le résultat
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souhaité.
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Et, de ce point de vue, si le RN veut appliquer son programme un jour, il ne faut pas l'oublier,
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il va y avoir la question de la réforme constitutionnelle qui s'imposera tôt ou tard.
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La Macronie, en deux mots, si le Bloc central l'emporte, on peut dire que l'esprit de
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révolte, de jacquerie, d'insurrection qui habite le pays sera neutralisé politiquement
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mais continuera de travailler de l'intérieur et on peut croire que la « révolte » soit
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beaucoup plus forte lorsqu'elle viendra dans quelques années.
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Si le NFP l'emporte, c'est le scénario le plus autoritaire.
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C'est une rupture radicale, elle est désirée, c'est une rupture sur laquelle on ne peut
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pas revenir, persécution fiscale au nom de la justice sociale et climatique, crise économique
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immédiate, restriction des libertés, c'est important de le dire, c'est un projet de société,
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certains peuvent l'embrasser.
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Ensuite, devant cela, je pense qu'on voit que le débat politique a changé de nature,
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on a changé d'époque, et ça refait à votre question, on a changé d'époque, nous ne
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sommes plus dans un débat où il y a de l'alternance entre deux camps qui se reconnaissent mutuellement
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comme légitimes.
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Nous sommes devant trois camps qui ne sont pas capables de se comprendre, ne voient pas
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la réalité de la même manière, ce ne sont pas trois programmes qui s'affrontent, ce
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sont trois philosophies qui s'affrontent, et quand le conflit politique devient philosophique,
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il devient très intense, et c'est à ce moment que certains se disent « faudra-t-il quitter
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la France ? ».
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Alors justement, dernier mot, et les Français dans tout ça ?
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Je pense que le commun est mortel en ce moment, regarde tout ça avec beaucoup d'inquiétude.
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Les taux de participation annoncés témoignent d'une chose, les Français accordent une
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importance majeure à ces élections qu'ils savent déjà historiques.
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Vous dites « faut-il quitter la France ? ». Certaines le font déjà, en Amérique du Nord,
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en Asie, en Grande-Bretagne, mais le commun est mortel, il n'a pas ce privilège, on
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n'a pas tous un pays en rechange, on n'a pas tous un pays dans sa mallette, on n'a
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pas tous un endroit où se cacher, on n'a pas tous un endroit où aller, la plupart
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des gens n'ont qu'un pays, le leur, la plupart des gens n'ont qu'un pays, le leur,
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et ils l'aiment profondément, et ils ne tolèrent pas l'idée d'en être expulsés
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symboliquement de leur propre pays, comme s'ils étaient déchus de leur nationalité,
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de leur citoyenneté, de leur droit comme citoyen.
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On n'a pas de pays en rechange dans la vie, et c'est pour ça normalement qu'il faut
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se battre pour lui, quel que soit l'étendard qu'on lui propose.
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