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L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Michel Barnier : pourquoi une telle popularité ?» - partie 2
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18/09/2024
Dans son édito du 18/09/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]
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Est-ce que vous n'êtes pas un peu mauvais joueur, je vous sens peut-être un peu tristounet.
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On peut croire aussi que les Français apprécient vraiment cet homme qui semble incarner des
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valeurs tellement négligées, c'est en dernier en politique.
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Mais vous avez tout à fait raison.
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Il y a un effet, je l'ai dit, de soulagement.
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Il y a probablement un effet d'adhésion prudente, d'adhésion réfléchie, d'adhésion modérée
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à Michel Barnier.
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Ça, je crois que tout le monde peut en convenir dans une bonne partie de l'opinion.
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Qui aime Michel Barnier en ce moment ? Quelle est sa base nouvelle ? C'est 57 % d'entre
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eux enthousiastes selon les sondages.
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Alors évidemment, les LR, ça va de soi, au centre aussi, le personnage est apprécié.
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L'ERN le tolère assez bien et les communistes aussi, ne l'oublions pas.
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Il est particulièrement rejeté chez les écolos et les insoumis.
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De sorte que la gauche radicale des temps présents ne peut pas le tolérer, ne peut
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pas l'accepter.
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Mais les socialistes, les communistes, le vieux monde en fait reconnaît en lui un des
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siens et quelqu'un qui peut peut-être ramener un peu d'ordre.
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Donc, moi, ce qui m'intéresse là-dedans, ce n'est pas, encore une fois, la qualité
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de l'homme.
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C'est les techniques de construction et de manipulation d'opinion et ça nous rappelle
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à quel point les sondages dans nos sociétés ont un rôle démocratique ambigu.
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Parce que comme on le voit là, on cherche à nous imposer de manière artificielle un
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enthousiasme sorti de nulle part.
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Ça, je pense qu'on peut le dire.
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Les sondages peuvent aussi nous révéler des choses importantes quelques fois.
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Je crois que c'était hier sur notre plateau, si je ne me trompe pas, notre plateau qui
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est sur notre chaîne, c'était Florian Philippot qui dit, par exemple, rappelait
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que 36 % des Français sont favorables au Brexit et dit qu'il y a une absence complète
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de ce point de vue dans l'espace public.
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C'est intéressant.
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C'est intéressant parce qu'effectivement, les sondages nous révèlent quelques fois
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que des préférences populaires lourdes sont absentes de l'espace public.
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Donc, un décalage entre le discours public et les préférences populaires.
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Donc là, les sondages sont utiles.
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Autre exemple, j'en donnerai de différentes tendances.
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Je vérifiais ce matin, aujourd'hui, 48 % des Français sont favorables à la peine de mort.
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48 %, c'est beaucoup.
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Ça pourrait être 44.
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On parle de la peine de mort aujourd'hui, d'ailleurs.
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Très juste.
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Ça pourrait être 44, ça pourrait être 42, ça pourrait même être 35, mais il n'y
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a pas 5 % de l'opinion construite qui s'exprime dans les médias qui est favorable à cette
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option.
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Donc, je ne dis pas qu'il faudrait qu'on ait 48 % des commentateurs pour la peine de mort.
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Bien sûr que non.
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Quelquefois, il y a des préférences populaires invisibilisées dans le discours public et
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les sondages peuvent les révéler.
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Deux autres exemples pour voir comment ça touche différents segments de l'opinion.
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Sur la question de l'immigration, bien évidemment, on en parle souvent, les sondages s'accumulent,
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qui montrent d'un côté une préférence populaire massive pour en finir avec l'immigration
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massive, et de l'autre côté, le discours de préférence des élites est sur l'euthanasie.
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Ça, c'est une autre question.
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Là, on voit qu'il y a une adhésion populaire assez forte quand même, quoi qu'on en dise,
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pour le souci d'assister à l'euthanasie, et le débat public résiste à la pression
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populaire sur tout ça.
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Donc, ce n'est pas une question de gauche et de droite ici.
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C'est une question de à quoi servent les sondages dans l'espace public.
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Est-ce qu'ils ne servent pas quelquefois, plutôt qu'à révéler justement les profondeurs
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enfouies d'opinion, est-ce qu'ils ne cherchent pas quelquefois à nous conditionner d'une
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manière ou de l'autre?
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Ensuite, revenons à Michel Barnier un instant.
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Est-ce qu'il s'agira d'un amour durable?
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Est-ce que c'est une passion?
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Est-ce que c'est le début d'une histoire?
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Eh bien, on peut dire qu'il y a la controverse d'hier, la polémique d'hier sur les impôts
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laisse croire que le désamour pourrait être rapide parce qu'il faut bien comprendre que
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Michel Barnier, qui est plébiscité par le Centre et plus encore par les LR ou ce qui
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en reste, il annonce à ceux qui le soutiennent la mesure qui est la plus contradictoire avec
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leurs aspirations.
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Vous me soutenez, je vais faire exactement le contraire de ce que vous souhaitez.
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Vous espériez les baisses d'impôts, vous espériez… Eh bien, le contraire, on va
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envisager une hausse d'impôts.
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Alors là, il y a quelque chose…
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Et d'autant plus, je fais une petite parenthèse si vous permettez, d'autant plus que peu
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de temps avant, le R.A. n'avait dit que si jamais Michel Barnier augmentait les impôts,
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il ne le soutiendrait pas.
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Donc, c'est quand même assez surprenant qu'il soutienne ça.
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Ah bien, mais à toujours vouloir plaire à gauche, à moins que ce soit autre chose,
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à toujours vouloir plaire à gauche, ça finit par… Il y a un effet boomerang, quoi
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qu'on en dise.
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Donc, Michel Barnier, est-ce que s'il s'entête dans cette idée d'augmenter, que dis-je,
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les impôts, est-ce qu'il y aura un véritable soutien?
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On peut en douter.
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Par ailleurs, il y a une attente de rupture autour de Michel Barnier, une rupture triple,
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je crois, avec le personnel politique.
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Est-ce que le nouveau gouvernement ressemblera à l'ancien?
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Ou est-ce qu'on aura véritablement des figures nouvelles qui incarnent un changement
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de cap?
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Une rupture dans le style, avec la technocom des années, on pourrait dire, Macron-Attal,
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et ensuite, rupture dans les orientations politiques sur les grandes questions, qu'elles
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soient régaliennes, financières ou fiscales.
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S'il n'y a pas ces ruptures, s'il n'y a finalement qu'une parole plus apaisante
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pour exprimer le centrisme d'antan plutôt que le centrisme dit d'aujourd'hui, pour
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prendre la formule d'Alexandre en d'autres circonstances, il est possible que l'enthousiasme
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ne dure pas longtemps.
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Mais j'y reviens, mais j'y reviens, d'autres crises peuvent venir dans les prochains temps,
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et Michel Barnier pourra-t-il les affronter?
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Il se peut que la crise soit plus importante que la popularité soudaine dictée par les
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sondages.
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À travers tout cela, nous ne sommes pas déjà entrés, selon vous, dans la séquence
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de la présidentielle 2027?
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C'est ce qu'on cherchait à nous dire hier.
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Moi, je pense, c'est ce que j'appelle la présidentielle des commentateurs.
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Puisque les grandes forces politiques disponibles, on ne sait pas exactement dans lesquelles
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elles seront.
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Donc là, on parie sur l'un, on parie sur l'autre, on trouve ça amusant.
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La vraie donnée pour 2027, soit dit en passant, c'est est-ce que Marine Le Pen sera inéligible
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oui ou non?
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C'est la seule question à se poser en ce moment, le reste c'est secondaire dans le
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récit.
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Par ailleurs, il y a une trame nouvelle qui s'est imposée dans l'actualité depuis
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hier et plus encore aujourd'hui, la question des finances publiques.
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Est-ce que nous sommes devant une crise à venir dans les jours qui viennent, et de ce
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point de vue pour les décennies à venir aussi, une crise des finances publiques telle
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qui obligerait n'importe quel gouvernement, quel qu'il soit, à faire preuve de la
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plus grande rigueur budgétaire.
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Parce que la crise des finances publiques, on savait déjà que les finances publiques
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étaient en très mauvais état.
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On constate qu'elles sont en encore plus mauvais état qu'on ne le croyait.
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Quand Marine Le Pen disait au mois de juin qu'elle voulait faire un grand audit des
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finances publiques, et on se moquait d'elle en disant c'est pas nécessaire, franchement
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la responsabilité fiscale à ce moment, c'était manifestement Marine Le Pen qui
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la représentait en disant il faut le grand audit des finances publiques, et on s'en
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moquait.
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Je note qu'ensuite on accuse souvent la droite nationale d'incompétence financière, d'incompétence
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budgétaire.
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L'appel à la responsabilité budgétaire venait à ce moment de ce camp.
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Je prends la peine de le noter, il peut être dans d'autres camps, d'autres circonstances.
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Et là la crise, le problème est le suivant, si le gouvernement Barnier augmente les impôts
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pour répondre à la crise des finances publiques, c'est un peu ça le récit qui s'impose en
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ce moment, s'il le fait, il suscitera une grogne réelle et plombera l'économie.
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Il faut comprendre que quand on augmente les impôts, on plombe l'économie.
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Je sais que les économistes de gauche ne le savent pas, mais les économistes de gauche
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sont de gauche avant d'être économistes.
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Donc on plombe l'économie, on ralentit le moteur de la croissance, et au nom de la justice
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fiscale dans les faits, on en vient à punir les forces les plus productives en ce pays.
07:01
Je sais que ce vocabulaire peut être choquant, mais c'est quand même ça, les forces productives,
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la catégorie de gens qui payent les impôts, ce n'est pas si, ils ne sont pas si nombreux
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que ça.
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Si on leur tape encore plus sur la tête, l'effet à terme, c'est une baisse de l'activité
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économique.
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L'autre option évidemment, c'est s'ils décident de couper dans les dépenses.
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Plusieurs m'en invitent.
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Mais ce qu'on sait, c'est que depuis Mme Thatcher, on le sait en fait, couper dans
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les dépenses, c'est plus compliqué qu'on le dit.
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C'est-à-dire Mme Thatcher, à l'échelle de l'histoire, elle a ralenti l'augmentation,
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on pourrait dire, elle a ralenti l'augmentation des dépenses publiques, donc elle a dépensé
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moins que d'autres, mais toujours plus que son prédécesseur.
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On est dans le même scénario probablement aujourd'hui.
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Une baisse des dépenses publiques aujourd'hui, ça voudrait dire dans les faits, couper non
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seulement dans la structure bureaucratique de l'État, mais dans les dépenses nuisibles
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pour reprendre une formule qui s'impose de plus en plus.
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Mais si Michel Barnier, à la tête de son gouvernement, fait de telles coupes, on est
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certain que demain matin et après-demain et après-après-demain, il y a des manifestations
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dans la rue, une volonté de paralyser le pays, les forces qui dépendent de la subvention
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publique pour être capable de se perpétuer vont se mobiliser.
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Est-ce qu'il y aura la force politique pour être capable d'affronter la rue qui s'opposera
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à la baisse de telles dépenses ? Rares sont ceux qui croient qu'il sera capable d'engager
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un tel programme dans la configuration politique actuelle.
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De ce point de vue, je dirais la chose ici, qu'il soit de gauche, de centre, de droite,
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tous ceux qui ont de près ou de loin participé au pouvoir depuis 40 ans sont responsables,
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je ne dirais pas coupables, mais responsables assurément de la crise des finances publiques
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qui nous éclate au visage.
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Aujourd'hui, on voyait venir cette crise depuis longtemps, on savait que ça éclaterait
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un jour, on ne savait tout simplement pas que ce jour serait aujourd'hui.
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