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  • 24/05/2025
Dans son édito du 24/05/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Est-ce la fin du macronisme ?
00:01Alors, c'est une question qui peut sembler anecdotique,
00:04qui relève de la polémique facile,
00:06mais qui est beaucoup plus intéressante qu'il n'y paraît.
00:08Parce qu'elle permet de se demander
00:09ce que, collectivement, la France a vécu
00:12depuis 2017, on pourrait dire depuis 2016,
00:16depuis l'aventure présidentielle d'Emmanuel Macron.
00:19Qu'a connu la France depuis 2017
00:22et de quoi s'apprête-t-elle ou non à sortir ?
00:26Alors, j'ai parlé de l'aventure présidentielle d'Emmanuel Macron,
00:28je pourrais aussi parler de son aventure personnelle,
00:31c'est-à-dire que c'est un récit qui avait émerveillé
00:33la classe médiatique à l'époque,
00:35qui n'avait pas masqué son enthousiasme
00:36et son adhésion à Emmanuel Macron.
00:39Et c'était le récit d'un jeune homme inattendu
00:43qui a un destin transfiguré
00:45et qui vient créer un nouveau clivage,
00:48capable finalement de sauver la France
00:50des extrêmes qui s'annonçaient,
00:52ou de François Fillon, le catholique réactionnaire apparemment,
00:55qui risquait de s'emparer de l'Élysée.
00:57Alors, il y a eu ce récit médiatique,
00:59mais il y avait, au-delà du récit médiatique
01:01lié à la personnalité d'Emmanuel Macron,
01:04il y avait un projet qui s'inscrivait,
01:06parce que c'était son projet, comme il disait,
01:09qui s'inscrivait dans une histoire plus longue.
01:12Une histoire plus longue, pardonnez-moi,
01:13qui remonte à certains égards jusqu'à Giscard.
01:17On se souvient de l'ambition de Giscard
01:19qui était de rassembler un grand bloc central
01:21avec deux Français sur trois.
01:23Donc, il y aurait, inévitablement,
01:26dans les marges des insatisfaits réactionnaires
01:28ou des insatisfaits communisants,
01:30mais sinon, dans une société technique,
01:32une société dépolitisée,
01:34une société désidéologisée,
01:35une société de consensus technocratique,
01:38une société de consensus marchand,
01:40il serait possible de rassembler
01:41les gens raisonnables dans un grand bloc
01:43et ce projet remonte à Giscard.
01:47Il a été actualisé, ensuite,
01:49dans les années 90,
01:50on se souvient de différentes formules,
01:52la pensée unique,
01:53on se souvient de cette formule
01:54qui était utilisée pour stigmatiser
01:56le fait que, finalement,
01:57dans la classe politique,
01:57tout le monde pensait à peu près
01:58la même chose,
01:59le cercle de la raison,
02:01dont parlait Alain Minc aussi en son temps.
02:03Donc, il y avait cette idée
02:04de trouver aujourd'hui,
02:06donc en 2017, à ce moment-là,
02:08une forme de nouvelle doctrine
02:10qui transcendrait tous les clivages,
02:12qui effacerait les antagonismes
02:14et qui permettrait à la France
02:15de se réconcilier avec elle-même,
02:17avec un jeune président.
02:18Ça, c'était la doctrine officielle.
02:20Dans les faits,
02:21Emmanuel Macron était aussi
02:23politiquement l'enfant illégitime
02:25de François Hollande.
02:26On entend par là que,
02:27dans un système qui semblait épuisé,
02:30il fallait sortir un jeune homme
02:31avec de grands talents
02:33pour être capable de masquer
02:34le fait qu'il s'agissait
02:35d'une ripollinade du système politique,
02:37un système épuisé,
02:39un système technocratique,
02:40un système qui n'était plus capable
02:41de répondre aux grands enjeux de la France.
02:43Et de ce point de vue,
02:44la classe politique,
02:45l'oligarchie française,
02:47devait accoucher d'un candidat
02:48qui serait capable de faire écran
02:50et de maintenir la structure
02:52de pouvoir en place
02:53depuis si longtemps.
02:55Et,
02:56si on regarde le macronisme,
02:57de ce point de vue,
02:57qu'est-ce que c'était?
02:58C'était l'expression politique
03:00et idéologique de la technostructure.
03:02C'était l'expression politique
03:03et partisane
03:04d'une structure de pouvoir
03:06qui voulait conserver
03:08le monopole sur la vie nationale
03:09et qui considérait
03:10que tous ceux qui n'en étaient pas
03:11étaient les extrêmes.
03:12Alors,
03:13qu'est-ce qu'il y avait
03:13dans le cœur doctrinal
03:14du macronisme?
03:16L'européisme,
03:17évidemment,
03:18le mondialisme,
03:19le diversitarisme,
03:20le multiculturalisme,
03:21si on veut,
03:22le capitalisme,
03:23mais au service des grands,
03:24pas un capitalisme libéral,
03:25davantage un capitalisme,
03:26on aurait dit
03:27le capitalisme d'État autrefois,
03:28mais un capitalisme davantage
03:29au service des très grands,
03:30davantage qu'un capitalisme
03:32qui serait libéral
03:33et qui permettrait
03:33de maximiser
03:34l'initiative individuelle
03:35de chacun.
03:36C'est un projet
03:37qui a surtout servi
03:38à délégitimer,
03:39pardonnez-moi,
03:40qui a servi à délégitimer
03:41toute forme d'opposition
03:42avec une forme de réflexe
03:44qui s'est confirmé,
03:46en fait,
03:46qui s'est dévoilé
03:46au moment de la crise COVID,
03:48mais qui s'est confirmé
03:49ensuite avec la question russe.
03:51C'est ce que j'appelle
03:51le centrisme autoritaire
03:52ou l'extrême-centre.
03:53Un centrisme autoritaire
03:55qui dit finalement
03:55nous sommes raisonnables,
03:56nous sommes modérés,
03:57nous avons d'ailleurs
03:58pour nous l'État de droit
03:59qui est aujourd'hui
03:59le cœur de notre doctrine.
04:01Si vous n'êtes pas d'accord
04:02avec nous,
04:02vous êtes contre l'État de droit.
04:03Si vous n'êtes pas d'accord
04:04avec nous,
04:04vous êtes contre la démocratie.
04:05Si vous n'êtes pas d'accord
04:06avec nous,
04:06vous êtes contre le libéralisme.
04:07Si vous n'êtes pas d'accord
04:08avec nous,
04:08vous êtes contre la vérité.
04:09Si vous n'êtes pas d'accord
04:10avec nous,
04:10vous êtes contre la raison.
04:11On a fini par comprendre.
04:12Dès lors,
04:13une délégitimation complète
04:14des oppositions.
04:16Et il y a de ce point de vue
04:18une forme de macronisme européen
04:19qui s'est détachée
04:20d'Emmanuel Macron.
04:21Qu'est-ce qu'on a vu
04:22ces dernières années?
04:23On le voit régulièrement,
04:24des forces d'opposition
04:25dites populistes
04:32Ils n'entendent plus répondre
04:33selon les règles habituelles
04:35à ses opposants.
04:36Ils décrètent partout
04:37une forme d'État d'exception
04:39pour dire
04:40nous n'allons plus jouer
04:40selon les règles
04:41parce que les populistes
04:42qui sont devant nous
04:43sont dangereux,
04:44sont inquiétants,
04:45nous ne devons pas accepter
04:46de jouer selon leurs règles.
04:47Et là,
04:48on a vu ce que ça pouvait donner
04:49en Roumanie,
04:49en Allemagne,
04:50un peu partout.
04:51Un changement des règles
04:52pour s'assurer
04:52que la caste au pouvoir
04:53s'y maintienne.
04:55Donc,
04:56est-ce que c'est la fin
04:56du macronisme?
04:58Ça reste à voir,
04:59franchement,
04:59parce que le système
05:00n'a pas dit son dernier mot.
05:02Le système a toujours
05:02une dernière carte à jouer.
05:04Mais cela dit,
05:05si le macronisme
05:06est fragilisé aujourd'hui,
05:07c'est parce qu'on voit
05:08que le clivage gauche-droite
05:09est effectivement de retour
05:10parce qu'il correspond
05:11à de vraies polarisations
05:12anthropologiques,
05:13existentielles,
05:14idéologiques dans une société.
05:16On voit avec les mérechances
05:16de Bruno Retailleau
05:17une forme de moment
05:19de fragilisation du système.
05:20Est-ce que Bruno Retailleau
05:21sera le candidat
05:22de l'aile droite
05:23du Bloc central
05:25ou est-ce que Bruno Retailleau
05:26sera le candidat
05:27d'une droite recomposée
05:28capable de s'allier
05:29avec le Bloc national?
05:31Plusieurs se posent la question.
05:32On voit par ailleurs aujourd'hui
05:33l'échec de la social-technocratie.
05:35On est devant un État
05:35lourd, pesant,
05:37kleptocratique
05:38qui s'empare de tout
05:40et qui n'est capable
05:40de rien faire efficacement
05:42sinon, bien évidemment,
05:44vous taxer.
05:45Alors on est par ailleurs
05:46qui consent
05:47à la submersion migratoire.
05:49Donc on est dans ce moment
05:50où il est possible
05:50qu'on soit non seulement
05:51à la fin du macronisme
05:52mais plus encore
05:53à une fin de régime.
05:54Mais tout régime
05:54a toujours une dernière carte à jouer.
05:56Vous avez parlé
05:57il y a quelques instants
05:58de centrisme autoritaire.
05:59une expression
06:00que vous avez pu
06:01employer précédemment
06:02dans nos précédentes émissions.
06:04Est-ce que cette formule
06:05n'est pas contradictoire
06:07dans ces termes,
06:08dans les termes?
06:08Alors c'est ce qu'on voudrait
06:09nous faire croire
06:10médiatiquement.
06:11Le centrisme par définition
06:12c'est l'esprit d'équilibre
06:13et de bon sens.
06:14Mais ce n'est plus ça.
06:15Le centrisme aujourd'hui
06:16c'est la prétention
06:17au monopole du vrai,
06:18du juste et du bien
06:19sous une forme
06:20que l'on nomme état de droit
06:21mais qui n'est rien d'autre
06:22que l'alliance conjuguée
06:24des technocrates
06:25et des juges
06:26et des communicants
06:27s'il le faut.
06:28Une forme de nouvelle alliance
06:29de la nomenclatura
06:31et de l'oligarchie
06:32pour défendre un système
06:34qui sert les intérêts
06:35d'une caste au sommet
06:36mais dont la population
06:37est pour l'essentiel abandonnée.
06:38Et ce centrisme autoritaire
06:40s'est dévoilé cette semaine
06:41involontairement probablement
06:43dans une double proposition
06:44de Gérald Darmanin.
06:45Un homme de qualité,
06:46personne ne dit le contraire
06:47mais qui dit
06:48au nom de la lutte
06:49contre le narcotrafic
06:50et la délinquance
06:51eh bien il faut
06:52et là il a fait deux propositions
06:53qui ont étonné
06:54la fin de l'argent liquide
06:56et la reconnaissance faciale
06:58pour obtenir la sécurité
06:59en société.
07:00Donc il nous dit
07:00pour lutter
07:01contre le narcotrafic
07:02il faut la fin de l'argent liquide.
07:04Mais est-ce qu'on se rend bien compte
07:05qu'au-delà de la fin
07:05de l'argent liquide
07:06officiellement c'est pour lutter
07:07contre les trafiquants ?
07:08Je devine que c'est dans son esprit.
07:09Dans les faits,
07:10c'est la possibilité
07:11désormais pour l'État
07:12d'une traçabilité intégrale
07:14de tous nos achats,
07:15de toutes nos transactions.
07:17C'est la possibilité
07:18pour l'État
07:18de suivre dans le détail
07:20l'ensemble de nos vies
07:22au nom du culte
07:23d'une transparence absolue
07:25comme si la vie privée
07:26ne voulait plus rien dire.
07:28Alors on nous dira
07:28oui mais si on n'a rien
07:29à se reprocher
07:29on n'a pas à s'inquiéter de ça.
07:32Et moi il faut répondre
07:32un instant.
07:33L'État trouve toujours
07:34d'une manière ou d'autre
07:35quelque chose
07:35à nous reprocher.
07:36L'État est très inventif
07:38pour nous inventer
07:38des délits
07:39d'une manière ou de l'autre
07:40et je confesse
07:40un scepticisme profond
07:42à l'endroit du pouvoir
07:43qui veut tout savoir
07:44quel que soit le pouvoir.
07:45Donc il y a quelque chose
07:46dans la fin de l'argent liquide
07:47qui est énoncé
07:48comme un désir,
07:49une tentation autoritaire
07:50qui se dévoile.
07:52Ensuite la reconnaissance faciale
07:53pour obtenir la sécurité
07:54pour tous.
07:55J'espère qu'on comprendra bien
07:56que la reconnaissance faciale
07:57à la dernière instance
07:58ça va moins servir
07:59à lutter contre
08:00le vrai banditisme
08:01à Kalachnikov
08:02que contre le commun des mortels
08:03qui jette son mégot
08:04dans la rue,
08:04le commun des mortels
08:05qui traverse la rue
08:06pas au feu rouge,
08:07le commun des mortels
08:08qui n'a pas un comportement
08:09exemplaire en toutes circonstances
08:12et que la reconnaissance faciale
08:13généralisée
08:13à bien des égards
08:14ça ressemble davantage
08:15à la Chine
08:15qu'à la France
08:16qu'aux États-Unis
08:19qu'à l'Italie
08:20autrement dit
08:20qu'à l'Occident.
08:21Donc moi je suis très inquiet
08:23de ce...
08:23Bertrand de Jouvenel
08:24ce remarquable philosophe
08:25un peu oublié aujourd'hui
08:26avait écrit un livre génial
08:27du pouvoir
08:28il disait
08:28le propre du pouvoir
08:29c'est toujours vouloir s'étendre
08:30toujours vouloir en connaître
08:32davantage sur les gens
08:33toujours vouloir contrôler
08:35davantage les rapports sociaux
08:36toujours vouloir limiter
08:37l'option des citoyens
08:39apparemment pour notre bien
08:40mais assurément pour le sien
08:41et bien il serait particulier
08:43que le centrisme
08:44qui est officiellement libéral
08:46qui devient dans les faits
08:47un centrisme autoritaire
08:48au terme de son parcours
08:49les lois qu'il nous offre
08:50et bien qu'est-ce que c'est ?
08:51Ce serait la volonté
08:52d'étendre encore plus
08:53le pouvoir
08:54sur la vie des gens ordinaires.
08:56Alors le macronisme
08:57en fin de parcours
08:58Mathieu Bouquetier
08:59peut-il affronter frontalement
09:01les enjeux révélés
09:02par le rapport
09:03sur les frères musulmans ?
09:04Alors ça c'est fascinant
09:05c'est le choc
09:06entre deux anthropologies
09:06en quelque sorte
09:07le macronisme
09:09au sens
09:09et là on détache ça
09:10d'Emmanuel Macron
09:10on parle de l'idéologie
09:11le centre
09:12le centrisme autoritaire
09:13diversitaire
09:14qu'est-ce que c'est ?
09:15C'est une idéologie
09:16qui voit les sociétés
09:17ainsi composées
09:18il y a des individus
09:19des minorités à la rigueur
09:20et une technostructure
09:22qui régule le tout
09:23à travers le droit
09:24comme instrument
09:25d'ingénierie sociale
09:26mais les peuples
09:27n'apparaissent pas
09:27dans cet espace mental
09:28les civilisations
09:30n'apparaissent pas
09:30dans cet espace mental
09:31les cultures
09:32n'apparaissent pas
09:32dans cet espace mental
09:33donc là on a
09:34qu'est-ce qu'on voit
09:35on a les frères musulmans
09:35et à travers les frères musulmans
09:37se dévoilent aussi
09:38ne l'oublions pas
09:39un choc des civilisations
09:40qui est né
09:40de vagues migratoires
09:42à répétition
09:43et bien qu'est-ce qu'on voit
09:44on voit tout simplement
09:45une incapacité
09:46à comprendre
09:46la nature du défi
09:47double incapacité
09:48d'abord les frères musulmans
09:49font penser
09:50à une forme de trotskisme
09:51islamiste
09:52ou à la rigueur
09:53s'il le faut
09:53une forme de commune terme
09:54des temps présents
09:55c'est-à-dire
09:55une logique de conquête
09:57qui cherche
09:57une logique de conquête
09:59explicite
09:59mais on peine à le comprendre
10:00parce que quand on pense
10:01comme ça
10:01on dit conspirationnisme
10:02et ensuite
10:03faut jamais oublier une chose
10:04imaginons qu'au terme
10:05du présent siècle
10:06les frères musulmans
10:07n'aient plus rien à voir
10:08avec nous
10:08plus rien à voir avec nous
10:09on les a vaincus
10:09ils sont terminés
10:10ils sont finis
10:10mais qu'au terme du présent siècle
10:13vit une vague migratoire
10:14après vague migratoire
10:15la France soit à 50-60% musulmanes
10:18et bien
10:19avec ou sans les frères musulmans
10:21est-ce que la France
10:21serait encore la France
10:22dans un tel scénario
10:23ça nous ramène au fait
10:24que la question des frères musulmans
10:25n'épuise pas tout
10:26la vraie question est celle
10:27de l'immigration massive
10:28qui transforme jusqu'à
10:29la composition du pays
10:30ce n'est pas stigmatiser
10:32les gens selon leurs croyances
10:33les uns les autres
10:34bien évidemment que de dire ça
10:35c'est simplement
10:36constater que quand un pays
10:37change de religion
10:38de peuple
10:39de culture
10:40d'identité
10:40ce n'est plus le même pays

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