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  • 24/05/2025
Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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Transcription
00:00Il est 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Mathieu Bocoté, cher Mathieu, bonsoir.
00:05Bonsoir.
00:06Bonsoir au recordman Arthur de Vatrigan, vous allez bien ?
00:09Ça va et vous ?
00:10Vous êtes venu en trottinette ou pas ?
00:11Evidemment.
00:12Parce que j'ai lu le message d'une de vos consoeurs.
00:15Vous vous êtes fait voler votre...
00:16Troisième fois par Mathéo et Kévin.
00:18Troisième fois en combien de temps ?
00:20En deux ans.
00:21Mais ils n'auront pas ma haine, mais ils auront toutes mes trottinettes.
00:25Le point sur l'information avec Isabelle Piboulot.
00:29Bonsoir Eliott, bonsoir à tous.
00:31Le Premier ministre prend très au sérieux l'émotion des chauffeurs de taxi.
00:35En réunion avec leurs représentants au ministère des Transports,
00:38François Bayrou a souhaité que toutes les questions soient mises sur la table
00:41pour éviter de nouvelles actions de blocage.
00:44Le conflit en cours depuis près d'une semaine est alimenté par une nouvelle convention
00:48régissant la prise en charge du transport de patients.
00:51Le palmarès du Festival de Cannes sera connu ce soir.
00:54La cérémonie de clôture doit se dérouler normalement,
00:57ce qui rassure les organisateurs.
00:59L'électricité est rétablie dans la ville et les alentours.
01:02160 000 foyers ont été privés de courant suite à des actes malveillants.
01:06D'abord un incendie la nuit dernière sur un poste électrique de très haute tension dans le Var.
01:11Puis un pylône électrique situé à Villeneuve-Loubet dans les Alpes-Maritimes a été saboté.
01:16Enfin, le mobile politique est exclu après l'attaque au couteau survenue hier à la gare de Hambourg.
01:21L'auteur présumé des faits, qui a fait 18 blessés,
01:24présente des indices concrets d'une maladie psychique, selon la police.
01:28Aucun détail n'a été communiqué sur les antécédents psychiatriques de l'Allemande de 39 ans.
01:33Elle doit être présentée à un juge qui décidera de son internement dans un hôpital psychiatrique.
01:38Merci Isabelle pour le point sur l'information.
01:41A la une de face à Mathieu Boquete, deux ans et puis tout est fini.
01:44Adieu le macronisme, c'est en substance ce qu'a laissé entendre Gérard Larcher,
01:49le président du Sénat, une fin annoncée aussi par la porte-parole du gouvernement Sophie Primat.
01:54Mais qu'est-ce que le macronisme, l'extrême-centre, a-t-il dit son dernier mot ?
01:59Élément de réponse dans cette émission.
02:01A la une, également, un mensonge d'Etat sciemment caché par l'entourage de l'ancien président américain Joe Biden,
02:07mais aussi par certains des plus grands médias.
02:10Joe Biden, pendant son second mandat, n'avait pas toutes ces facultés.
02:14Les signes se multipliaient.
02:15Mais interdiction d'en faire mention sous peine d'accusation en complotisme.
02:20Comment expliquer qu'on ait caché cette réalité pendant près de dix ans ?
02:23On en parle avec vous, Mathieu Boquete.
02:25Enfin, vous recevez ce samedi, cher Mathieu, Jean-Thomas Le Sueur,
02:29directeur général de l'Institut Thomas More, un laboratoire d'idées, libéral conservateur.
02:33Vous allez parler de la droite et de son avenir dans cette émission.
02:38Voilà le programme de face à Mathieu Boquete.
02:41Mathieu, c'est une polémique qui dure depuis près d'une semaine.
02:43Sommes-nous contemporains de la fin du macronisme ?
02:46Elle nous vient de Sophie Primat, mais elle s'est installée dans le débat public.
02:50Alors ce soir, vous reprendrez cette question à votre tour.
02:53Est-ce la fin du macronisme ?
02:55C'est une question qui peut sembler anecdotique, qui relève de la polémique facile,
02:59mais qui est beaucoup plus intéressante qu'il n'y paraît.
03:01Parce qu'elle permet de se demander ce que, collectivement, la France a vécu depuis 2017.
03:08On pourrait dire depuis 2016, depuis l'aventure présidentielle d'Emmanuel Macron.
03:12Qu'a connu la France depuis 2017 et de quoi s'apprête-t-elle, ou non, à sortir ?
03:19Alors, je vais parler de l'aventure présidentielle d'Emmanuel Macron.
03:22Je pourrais aussi parler de son aventure personnelle.
03:24C'est-à-dire que c'est un récit qui avait émerveillé la classe médiatique à l'époque,
03:28qui n'avait pas masqué son enthousiasme et son adhésion à Emmanuel Macron.
03:32Et c'était le récit d'un jeune homme inattendu qui a un destin transfiguré
03:38et qui vient créer un nouveau clivage, capable finalement de sauver la France des extrêmes qui s'annonçaient,
03:45ou de François Fillon, le catholique réactionnaire, apparemment, qui risquait de s'emparer de l'Élysée.
03:51Alors, il y a eu ce récit médiatique, mais il y avait, au-delà du récit médiatique lié à la personnalité d'Emmanuel Macron,
03:57il y avait un projet qui s'inscrivait, parce que c'était son projet, comme il le disait,
04:02qui s'inscrivait dans une histoire plus longue.
04:05Une histoire plus longue qui remonte à certains égards jusqu'à Giscard.
04:10On se souvient de l'ambition de Giscard qui était de rassembler un grand bloc central avec deux Français sur trois.
04:17Donc, il y aurait inévitablement dans les marges des insatisfaits réactionnaires ou des insatisfaits communisants,
04:23mais sinon, dans une société technique, une société dépolitisée, une société désidéologisée,
04:29une société de consensus technocratique, une société de consensus marchand,
04:33il serait possible de rassembler les gens raisonnables dans un grand bloc, et ce projet remonte à Giscard.
04:41Il a été actualisé ensuite dans les années 90, on se souvient de différentes formules.
04:45La pensée unique, on se souvient de cette formule qui était utilisée pour stigmatiser le fait que finalement,
04:50dans la classe politique, tout le monde pensait à peu près la même chose.
04:53Le cercle de la raison, dont parlait Alain Minc aussi en son temps.
04:57Donc, il y avait cette idée de trouver aujourd'hui, donc en 2017 à ce moment-là,
05:01une forme de nouvelle doctrine qui transcendrait tous les clivages, qui effacerait les antagonismes
05:08et qui permettrait à la France de se réconcilier avec elle-même, avec un jeune président.
05:12Ça, c'était la doctrine officielle.
05:14Dans les faits, Emmanuel Macron était aussi politiquement l'enfant illégitime de François Hollande.
05:20On entend par là que dans un système qui semblait épuisé, il fallait sortir un jeune homme avec de grands talents
05:27pour être capable de masquer le fait qu'il s'agissait d'une ripollinate du système politique,
05:31un système épuisé, un système technocratique, un système qui n'était plus capable de répondre aux grands enjeux de la France.
05:37Et de ce point de vue, la classe politique, l'oligarchie française, devait accoucher d'un candidat
05:42qui serait capable de faire écran et de maintenir la structure de pouvoir en place depuis si longtemps.
05:49Et si on regarde le macronisme de ce point de vue, qu'est-ce que c'était?
05:52C'était l'expression politique et idéologique de la technostructure.
05:56C'était l'expression politique et partisane d'une structure de pouvoir
06:00qui voulait conserver le monopole sur la vie nationale
06:03et qui considérait que tous ceux qui n'en étaient pas étaient les extrêmes.
06:07Alors qu'est-ce qu'il y avait dans le cœur doctrinal du macronisme?
06:10L'européisme, évidemment, le mondialisme, le diversitarisme, le multiculturalisme si on veut,
06:16le capitalisme mais au service des grands, pas un capitalisme libéral,
06:19davantage un capitalisme, on aurait dit le capitalisme d'État autrefois,
06:22mais là un capitalisme davantage au service des très grands,
06:24davantage qu'un capitalisme qui serait libéral et qui permettrait de maximiser
06:28l'initiative individuelle de chacun.
06:30C'est un projet qui a surtout servi à délégitimer, pardonnez-moi,
06:34qui a servi à délégitimer toute forme d'opposition avec une forme de réflexe
06:38qui s'est dévoilée au moment de la crise COVID, mais qui s'est confirmée ensuite
06:43avec la question russe, c'est ce que j'appelle le centrisme autoritaire ou l'extrême centre.
06:47Un centrisme autoritaire qui dit finalement nous sommes raisonnables, nous sommes modérés,
06:51nous avons d'ailleurs pour nous l'État de droit qui est aujourd'hui le cœur de notre doctrine,
06:54si vous n'êtes pas d'accord avec nous vous êtes contre l'État de droit,
06:57si vous n'êtes pas d'accord avec nous vous êtes contre la démocratie,
06:59si vous n'êtes pas d'accord avec nous vous êtes contre le libéralisme,
07:01si vous n'êtes pas d'accord avec nous vous êtes contre la vérité,
07:03si vous n'êtes pas d'accord avec nous vous êtes contre la raison,
07:05on a fini par comprendre, dès lors une délégitimation complète des oppositions.
07:10Et il y a de ce point de vue une forme de macronisme européen qui se détachait d'Emmanuel Macron.
07:15Qu'est-ce qu'on a vu ces dernières années ?
07:17On le voit régulièrement des forces d'opposition dites populistes émerger partout.
07:21Et le système a pris peur.
07:23Et le système a pris peur de telle manière qu'aujourd'hui,
07:26il n'entend plus répondre selon les règles habituelles à ses opposants,
07:30il décrète partout une forme d'état d'exception pour dire nous n'allons plus jouer selon les règles
07:35parce que les populistes qui sont devant nous sont dangereux, sont inquiétants,
07:39nous ne devons pas accepter de jouer selon les règles,
07:41et là on a vu ce que ça pouvait donner en Roumanie, en Allemagne, un peu partout,
07:45un changement des règles pour s'assurer que la caste au pouvoir s'y maintienne.
07:49Donc est-ce que c'est la fin du macronisme ?
07:51Ça reste à voir franchement, parce que le système n'a pas dit son dernier mot,
07:55le système a toujours une dernière carte à jouer,
07:58mais cela dit, si le macronisme est fragilisé aujourd'hui,
08:01c'est parce qu'on voit que le clivage gauche-droite est effectivement de retour
08:04parce qu'il correspond à de vraies polarisations anthropologiques,
08:07existentielles, idéologiques dans une société.
08:09On voit avec l'émergence de Bruno Retailleau une forme d'un moment de fragilisation du système.
08:14Est-ce que Bruno Retailleau sera le candidat de l'aile droite du Bloc central ?
08:19Ou est-ce que Bruno Retailleau sera le candidat d'une droite recomposée
08:22capable de s'allier avec le Bloc national ?
08:24Plusieurs se posent la question.
08:26On voit par ailleurs aujourd'hui l'échec de la social-technocratie.
08:28On est devant un état lourd, pesant, kleptocratique,
08:32qui s'empare de tout et qui n'est capable de rien faire efficacement
08:36sinon, bien évidemment, vous taxer.
08:38Et par ailleurs, qui consente la submersion migratoire.
08:43Donc on est dans ce moment où il est possible qu'on soit non seulement à la fin du macronisme,
08:46mais plus encore à la fin du régime.
08:48Mais tout régime a toujours une dernière carte à jouer.
08:50Vous avez parlé il y a quelques instants de «centrisme autoritaire»,
08:53une expression que vous avez pu employer précédemment dans nos précédentes émissions.
08:58Est-ce que cette formule n'est pas contradictoire dans les termes ?
09:02C'est ce qu'on voudrait nous faire croire médiatiquement.
09:05Le centrisme, par définition, c'est l'esprit d'équilibre et de bon sens.
09:07Mais ce n'est plus ça.
09:09Le centrisme, aujourd'hui, c'est la prétention au monopole du vrai, du juste et du bien,
09:13sous une forme que l'on nomme «état de droit»,
09:15mais qui n'est rien d'autre que l'alliance conjuguée des technocrates et des juges et des communicants, s'il le faut.
09:21Une forme de nouvelle alliance de la nomenclatura et de l'oligarchie
09:26pour défendre un système qui sert les intérêts d'une caste au sommet,
09:30mais dont la population est pour l'essentiel abandonnée.
09:33Et ce centrisme autoritaire s'est dévoilé cette semaine,
09:35involontairement probablement, dans une double proposition de Gérald Darmanin,
09:39un homme de qualité, personne ne dit le contraire,
09:41mais qui dit qu'au nom de la lutte contre le narcotrafic et la délinquance,
09:45il faut, et là il a fait deux propositions qui ont étonné,
09:48la fin de l'argent liquide et la reconnaissance faciale pour obtenir la sécurité en société.
09:53Donc il nous dit, pour lutter contre le narcotrafic, il faut la fin de l'argent liquide.
09:57Mais est-ce qu'on se rend bien compte qu'au-delà de la fin de l'argent liquide,
10:00officiellement c'est pour lutter contre les trafiquants, je devine que c'est dans son esprit.
10:03Dans les faits, c'est la possibilité pour l'État d'une traçabilité intégrale
10:08de tous nos achats, de toutes nos transactions,
10:11c'est la possibilité pour l'État de suivre dans le détail l'ensemble de nos vies
10:16au nom du culte d'une transparence absolue,
10:19comme si la vie privée ne voulait plus rien dire.
10:21Alors on nous dira, oui, mais si on n'a rien à se reprocher, on n'a pas à s'inquiéter de ça.
10:25Et moi, il faut répondre honnêtement,
10:27l'État trouve toujours d'une manière ou de l'autre quelque chose à nous reprocher.
10:30L'État est très inventif pour nous inventer des délits d'une manière ou de l'autre,
10:33et je confesse un scepticisme profond à l'endroit du pouvoir
10:36qui veut tout savoir, quel que soit le pouvoir.
10:39Donc il y a quelque chose dans la fin de l'argent liquide
10:41qui est énoncé comme un désir, une tentation autoritaire qui se dévoile.
10:45Ensuite, la reconnaissance faciale pour obtenir la sécurité pour tous.
10:48J'espère qu'on comprendra bien que la reconnaissance faciale, à la dernière instance,
10:52ça va moins servir à lutter contre le vrai banditisme à Kalachnikov
10:55que contre le commun des mortels qui jette son mégot dans la rue,
10:58le commun des mortels qui traverse la rue pas au feu rouge,
11:01le commun des mortels qui n'a pas un comportement exemplaire en toutes circonstances,
11:05et que la reconnaissance faciale généralisée, à bien des égards,
11:08ça ressemble davantage à la Chine qu'à la France, qu'aux États-Unis,
11:12qu'à l'Italie, autrement dit qu'à l'Occident.
11:15Donc moi, je suis très inquiet de Bertrand de Jouvenel,
11:18ce remarquable philosophe un peu oublié aujourd'hui.
11:20Il avait écrit un livre génial du pouvoir.
11:22Il disait que le propre du pouvoir, c'est toujours vouloir s'étendre,
11:25toujours vouloir en connaître davantage sur les gens,
11:27toujours vouloir contrôler davantage les rapports sociaux,
11:30toujours vouloir limiter l'option des citoyens,
11:33apparemment pour notre bien, mais assurément pour le sien.
11:36Eh bien, il serait particulier que le centrisme, qui est officiellement libéral,
11:40qui devienne dans les faits un centrisme autoritaire,
11:42au terme de son parcours, les lois qu'il nous offre,
11:45eh bien, qu'est-ce que c'est ?
11:46Ce serait la volonté d'étendre encore plus le pouvoir sur la vie des gens ordinaires.
11:50Alors, le macronisme en fin de parcours, Mathieu Boquetier,
11:53peut-il affronter frontalement les enjeux révélés par le rapport sur les frères musulmans ?
11:58Alors, ça, c'est fascinant.
11:59C'est le choc entre deux anthropologies, en quelque sorte.
12:01Le macronisme, au sens où on détache ça d'Emmanuel Macron,
12:04on parle de l'idéologie, le centre, le centrisme autoritaire, diversitaire.
12:08Qu'est-ce que c'est ?
12:09C'est une idéologie qui voit les sociétés ainsi composées.
12:12Il y a des individus, des minorités à la rigueur,
12:14et une technostructure qui régule le tout
12:17à travers le droit comme instrument d'ingénierie sociale.
12:19Mais les peuples n'apparaissent pas dans cet espace mental.
12:22Les civilisations n'apparaissent pas dans cet espace mental.
12:25Les cultures n'apparaissent pas dans cet espace mental.
12:27Donc là, qu'est-ce qu'on voit ?
12:28On a les frères musulmans, et à travers les frères musulmans,
12:31se dévoile aussi, ne l'oublions pas, un choc des civilisations
12:34qui est né de vagues migratoires à répétition.
12:37Qu'est-ce qu'on voit ?
12:38On voit tout simplement une incapacité à comprendre la nature du défi.
12:41Double incapacité.
12:42D'abord, les frères musulmans font penser à une forme de trotskisme islamiste,
12:46ou à la rigueur, s'il le faut, une forme de commune terme des temps présents,
12:49c'est-à-dire une logique de conquête explicite.
12:53Mais on peine à le comprendre, parce que quand on pense comme ça,
12:55on dit conspirationnisme.
12:57Et ensuite, il ne faut jamais oublier une chose,
12:58imaginons qu'au terme du présent siècle,
13:00les frères musulmans n'aient plus rien à voir avec nous.
13:02Plus rien à voir avec nous.
13:03On les a vaincus, ils sont terminés, ils sont finis.
13:05Mais qu'au terme du présent siècle,
13:07vient vague migratoire après vague migratoire,
13:09la France soit à 50-60 % musulmane.
13:12Eh bien, avec ou sans les frères musulmans,
13:15est-ce que la France serait encore la France dans un tel scénario ?
13:17Ça nous ramène au fait que la question des frères musulmans n'épuise pas tout.
13:20La vraie question est celle de l'immigration massive
13:22qui transforme jusqu'à la composition du pays.
13:24Ce n'est pas stigmatiser les gens selon leur croyance les uns les autres.
13:28Bien évidemment que dire ça, c'est simplement constater
13:31que quand un pays change de religion, de peuple, de culture, d'identité,
13:34ce n'est plus le même pays.
13:36Arthur de Vatrigon, est-ce que dans deux ans, on dira adieu au macronisme ?
13:41Je ne sais pas.
13:43Mais je crois en tout cas que beaucoup l'espèrent
13:45selon les différentes études qu'on peut observer depuis quelques années.
13:48Certains pensent même que ce serait une bonne chose
13:50s'il claque la porte avant 2027.
13:52Comme c'est une bonne chose pour la France, il ne va pas le faire.
13:55Il n'a pas encore fini de la dépouiller.
13:57Il a encore des choses à vendre, comme par exemple
13:59le parapluie nucléaire aux Allemands.
14:01En tout cas, ce qui est certain, c'est que le macronisme
14:03ressemble à une parenthèse, à un espèce de temps suspendu
14:07qui pour beaucoup s'apparente à un cauchemar.
14:09Mais il faut quand même rappeler que si Emmanuel Macron
14:11est arrivé au pouvoir et que nous sommes aujourd'hui
14:13dans une situation où on a une assemblée tripartite
14:16donc incompatible avec nos institutions,
14:19ce n'est pas qu'un concours de circonstances
14:21et ce n'est pas qu'une affaire de costards.
14:23Le clivage droite-gauche qui structurait
14:25tout notre régime politique s'est filoché
14:27plus rapidement qu'un gigot qu'on oublie au four.
14:29Les deux parties dits officielles, l'EPS et les LR,
14:33en oubliant leurs principes respectifs,
14:36sont évidemment les premiers responsables.
14:38Il faut quand même reconnaître que ces dernières décennies,
14:40il fallait quand même avoir une sacrée bonne vue
14:42pour avoir une différence entre les deux parties.
14:44Non pas que le taux de CSG ou le taux d'imposition
14:46soient importants ou pas importants,
14:49mais disons qu'on a connu des clivages un peu plus excitants.
14:52Et quant aux régaliens et aux sociétals,
14:54la droite a pris goût à pleurer le genou devant la gauche.
14:57Forcément, ça ne marchait pas.
14:58D'ailleurs, si vous remarquez, lorsqu'aujourd'hui
15:00on demande à des LR, comme Bruno Retailleau
15:02l'aura invoqué, les différences avec le RN,
15:04tout de suite il parle d'économie.
15:05Les différences sont uniquement économiques
15:07et on peut remarquer des différences par exemple
15:09avec Jean-Philippe Tanguy sur la question sociétale.
15:11Jean-Philippe Tanguy est quand même
15:12le pape des progressistes actuellement.
15:14Ou il pourrait aussi montrer des différences
15:16sur la civilisation ou poser la question
15:17de la compatibilité de l'islam avec la France.
15:19Mais non, en fait, c'est toujours des séjons économiques.
15:21Et pour être honnête, si on se contente du budget,
15:25ça nous fera une belle jambe d'avoir un budget à l'équilibre
15:27si on a un califat de barbus en France.
15:29Ça, c'est juste mon avis.
15:30Mais si je reviens à Emmanuel Macron,
15:32il est arrivé parce qu'il a dépassé
15:34ce clivage qui n'existait plus.
15:36Tout ce qui va en rester, évidemment,
15:37c'est le « en même temps »,
15:38ce qui a caractérisé ses deux mandats.
15:40Mais c'est aussi sa conviction,
15:42puisqu'il en avait une au moins,
15:43c'est l'émancipation des individus
15:45et du progrès humain qui passe uniquement
15:47par la technique et la science.
15:48Et c'est pourquoi Mathieu remonte à Giscard,
15:50sa filiation, pour carrément remonter à Saint-Simon.
15:52Et ça fait d'ailleurs des décennies
15:54que la littérature dystopique nous alerte sur ça
15:56et pourtant continue à foncer dans le mur.
15:58Mais pour acter la fin du macronisme,
16:00il faudra surtout des contre-projets.
16:02Et on en a un seul pour l'instant,
16:04c'est la France insoumise,
16:06c'est l'islamisme en colmao.
16:08Ça peut interroger comme projet, pourquoi pas ?
16:10Il y en a que ça ne fait pas rêver.
16:11Mais du côté de ceux qui sont sur la ligne de départ de 2027,
16:14ça reste encore un peu flou.
16:16Et l'électeur de droite ou de gauche
16:18ne reste pas d'un positionnement par opposition,
16:20d'un dégagisme, il est encore un peu ambitieux.
16:22Il attend qu'on lui propose une vision globale,
16:24c'est-à-dire un projet intégral.
16:26Si ça peut faire pleurer Libération et France Inter,
16:28c'est encore mieux.
16:29Mais néanmoins, une question se pose également,
16:31au-delà de la fin du macronisme,
16:33est-ce que c'est un régime qui témoigne de l'intérêt
16:35pour une potentielle candidature de Michel-Édouard Leclerc
16:38ou qu'il a se croire horreur berger
16:40qu'elle peut être candidate ?
16:42Est-ce que ce régime mérite encore d'exister aujourd'hui ?
16:44Autre sujet à présent,
16:46on va parler de la santé de Joe Biden
16:48qui est revenu dans l'actualité cette semaine
16:50et notamment l'entreprise de dissimulation,
16:52Mathieu, entourant son effondrement cognitif.
16:56Et ce sera le sujet de votre second édito.
16:58Je vous avouerai que je suis frappé
17:00qu'on ait aussi peu parlé finalement
17:02de la chose en France.
17:04On en a parlé un peu ailleurs dans le monde,
17:06mais en France, c'est un sujet un peu,
17:08je ne dirais pas tabou, mais laissé de côté.
17:10Or, on est devant ce qu'on a appris dans ce livre,
17:12« Le péché originel »,
17:14qui est sorti par deux journalistes américains,
17:16Jack Tapper et Alex Thompson.
17:18On a appris que finalement, nous avons été témoins
17:20d'un mensonge d'État à grande échelle
17:22sur plusieurs années.
17:24Mensonge d'État auquel se sont associés
17:26sur le mode de la complicité objective.
17:28Une bonne partie du système médiatique américain
17:30et même du système médiatique occidental,
17:32de la part de gens qui globalement,
17:34lorsqu'on nommait la réalité,
17:36nous accusaient de « fake news »
17:38pour dissimuler une réalité
17:40et nous disaient, si vous nommez cette réalité,
17:42vous êtes des menteurs.
17:44Je résume. On avait tous compris
17:46depuis un bon moment que Joe Biden
17:48était en situation d'effondrement cognitif.
17:50On l'avait tous noté.
17:52Moi, je disais en tout respect
17:54que c'était une momie brésilienne
17:56qui était au pouvoir aux États-Unis.
17:58On avait dans nous un homme qui était absent lui-même
18:00et il était encore président.
18:02Or, qu'ont fait ses conseillers?
18:04Ils ont décidé globalement
18:06de dire non, on va le couper du monde,
18:08on va le couper intégralement de la réalité
18:10et on va, autrement dit,
18:12nous dire non, mais il va très bien,
18:14il va formidablement bien et si vous pensez le contraire,
18:16en fait, vous êtes dans les fake news,
18:18il est d'une santé remarquable.
18:20Or, que les proches d'un président
18:22à la rigueur mentent pour lui.
18:24Passe encore, la politique n'est pas étrangère
18:26aux mensonges. Ce qui est fascinant,
18:28c'est que tout le système médiatique,
18:30sauf exception, a participé
18:32à ce mensonge sans gêne,
18:34en le relayant, en disant si vous n'êtes pas d'accord
18:36avec le récit de la vitalité intellectuelle
18:38remarquable de Joe Biden,
18:40vous êtes un conspirationniste.
18:42Et si, autrement dit,
18:44si vous voyez ce que vous voyez,
18:46vous êtes devant un homme
18:48en situation d'effondrement cognitif,
18:50si vous le mentionnez,
18:52vous êtes dans les fake news.
18:54Donc c'est une forme d'inversion totale
18:56de la vérité et du mensonge
18:58au service d'un régime.
19:00Certains l'ont peut-être cru, parmi les médiatiques,
19:02vous savez, les journalistes ont une capacité exceptionnelle
19:04à dire le faux en croyant le vrai,
19:06mais plus largement,
19:08on a eu beaucoup de gens qui savaient qu'ils mentaient.
19:10Ils savaient ouvertement qu'ils mentaient,
19:12mais ils préféraient mentir parce qu'ils disaient
19:14que si on ne ment pas, ça va faire le jeu de Donald Trump.
19:16Mentir pour ne pas faire le jeu
19:18du méchant. Je pense qu'on connaît ça en France
19:20aussi, hélas.
19:22Alors, le commun est mortel,
19:24c'est-à-dire que si on nous révèle tout ça,
19:26apparemment sur le mode de scoop,
19:28mais ce n'est pas un scoop, on était tous au courant,
19:30il n'y a que le système qui n'était pas au courant de ses propres mensonges.
19:32Donc là, on a ça devant nous,
19:34et moi ce qui me frappe, c'est que le commun est mortel,
19:36c'est-à-dire que si on nous a menti sur quelque chose d'aussi gros,
19:38aussi ouvertement, aussi durablement,
19:40pendant une aussi longue période,
19:42non seulement le pouvoir, une bonne partie du système médiatique
19:44qui nous mentait au visage, qui aujourd'hui avoue son mensonge,
19:46mais est-ce qu'on nous ment sur
19:48autre chose? Est-ce qu'on nous ment
19:50sur d'autres thèmes, ou est-ce qu'il y a eu un mensonge unique,
19:52inattendu, absolument,
19:54il n'y en a pas d'autre, ne vous inquiétez pas, cessez de douter,
19:56et ensuite on ose accuser
19:58le commun est mortel de douter
20:00de la valeur de la parole médiatique aujourd'hui,
20:02de douter des élites, un instant on nous ment au visage
20:04pendant des années, finalement on nous révèle le tout,
20:06et on nous dit, mais ne vous trompez pas, c'est une exception,
20:08pour le reste, on dit la vérité,
20:10mon oeil.
20:11Est-ce que c'est plus grave que la fiole
20:13devant le conseil de sécurité de l'ONU?
20:15Pour la fiole, elle a permis quand même d'entraîner une invasion d'un pays.
20:18Ah non mais jeune homme, les américains,
20:20ce que je note, c'est que par ailleurs,
20:22en maintenant au pouvoir une momie ainsi,
20:24on espérait ainsi,
20:26faire basculer autrement l'histoire politique américaine.
20:28Et on lui souhaite un prompt rétablissement,
20:30parce qu'il est aujourd'hui
20:32victime d'un cancer.
20:34Bien sûr, et je reviendrai d'ailleurs.
20:36Est-ce que les révélations entourant ce mensonge d'Etat, pardonnez-moi
20:38Mathieu, je ferme la parenthèse,
20:40abîmera durablement
20:42la confiance dans les médias?
20:44La confiance, elle est morte dans les faits aujourd'hui.
20:47Sauf pour une génération de boomers tardifs
20:49qui continuent de croire
20:51véritablement que tout ce qu'on dit
20:53sur le service public, c'est la vérité.
20:55Mais bon, vous avez à chacun ses illusions.
20:57Moi j'ai deux questions qui me viennent à l'esprit ici.
20:59La première, mais enfin, je la posais déjà
21:01à l'époque si je peux me permettre.
21:03On se faisait traiter de conspirationnistes quand on disait ça.
21:05Quand Biden était absent mentalement,
21:07qui dirigeait? Qui a dirigé la Maison Blanche?
21:09Qui a pris les décisions au moment de la guerre d'Ukraine?
21:11Qui a pris les décisions qui ont suivi?
21:13Qui a pris les décisions pendant toute cette période
21:16on nous dit que l'état profond est un concept conspirationniste.
21:18Qui gouvernait?
21:20Certainement pas Kamala Harris, il ne faut pas nous prendre pour des fous.
21:22Donc qui gouvernait? On ne le saura pas.
21:24Mais le fait est qu'il y a eu
21:26une forme de confiscation du pouvoir
21:28avec le pantin Biden dans les circonstances.
21:30Et deuxième élément qu'on doit mentionner,
21:32puisqu'on sait, parce qu'on avait compris
21:34que Biden était déjà abîmé cognitivement en 2020,
21:36qu'il l'était même auparavant, soit dit en passant,
21:38et que s'il n'avait pas eu la COVID
21:40où il a fait la campagne
21:42dans son sous-sol au Delaware,
21:44eh bien, s'il n'avait pas eu la COVID,
21:46il n'aurait probablement jamais pu être élu président.
21:48Eh bien, dans les circonstances,
21:50je dis, est-ce qu'on se rend bien compte
21:52qu'on a eu probablement
21:54toute une présidence américaine
21:56en état d'incertitude cognitive?
21:58J'ajoute une autre chose.
22:00On veut nous faire croire
22:02qu'on le découvre maintenant,
22:04il ne faut pas nous prendre pour des fous non plus,
22:06et là on nous parle du cancer très avancé de Joe Biden.
22:08Comme tous, je m'associe aux meilleurs pensées,
22:10je lui souhaite, en ces matières nous sommes tous détruits,
22:12le prompt rétablissement,
22:14le meilleur sort possible.
22:16On découvre vraiment maintenant ce cancer?
22:18C'est tout à l'heure ce qu'a dit Donald Trump.
22:20Il a dit, vous êtes sérieux?
22:22S'il est aussi avancé sous une découverte aussi tardive?
22:24Ou est-ce que le mensonge ne s'est pas étendu
22:26aussi sur la feuille de santé
22:28plus largement de Joe Biden
22:30jusqu'au fait de dissimuler un cancer à la population
22:32pour être capable de porter un candidat
22:34ainsi jusqu'au bout?
22:36Est-ce qu'il est possible aussi qu'on nous jette
22:38la question du cancer dans la vie publique
22:40en question de son effondrement cognitif
22:42et des révélations qui l'entourent?
22:44On comprend que plus le mensonge vient de haut,
22:46plus une société en vient à douter de ses élites,
22:48mais on nous dira que si nous doutons,
22:50nous sommes conspirationnistes.
22:52Arthur de Vatrigan, sur ce mensonge
22:54et effectivement la santé de Joe Biden
22:56qui a été cachée aux États-Unis,
22:58en Occident,
23:00et peut-être que si on n'en a pas beaucoup parlé cette semaine,
23:02c'est parce qu'il y a peut-être un malaise,
23:04parce que dans les médias mainstream,
23:06on hurlait au Trumpisme, au complotisme
23:08dès lors qu'on parlait un peu de la santé
23:10de Joe Biden.
23:12C'était quand même super mal caché,
23:14parce qu'on ne va pas faire semblant de découvrir
23:16que sa place était plus dans une maison de retraite
23:18qu'à la Maison-Blanche,
23:20mais sur les mensonges qu'on cache,
23:22ces déficiences quand ils étaient aux manettes,
23:24ça ne me dérange pas, je trouve ça plutôt normal.
23:26Il vaut quand même mieux éviter de proclamer partout
23:28que le type qui est à la tête de la première puissance mondiale
23:30n'a plus la lumière à tous les étages,
23:32ça peut créer quelques bouleversements.
23:34En revanche, ce qui est surprenant et effrayant,
23:36c'est qu'on présente et bien entendu qu'on cache
23:38tous ces mensonges et qu'on accuse
23:40de conspirationnistes, de complotistes, de fake news,
23:42tous ceux qui oseraient de dire
23:44on va peut-être aborder le sujet,
23:46il y a peut-être un truc à régler.
23:48En effet, tu as raison, la seule question
23:50qui vaille, c'est de qui Joe Biden
23:52était-il le pantin ?
23:54On n'a pas la réponse et on se posera
23:56ces questions dans les prochaines semaines.
23:58Merci à tous les deux. Dans un instant,
24:00vous allez recevoir Jean-Thomas Le Sueur,
24:02directeur général de l'Institut Thomas More.
24:04On va parler
24:06de l'avenir de la droite.
24:12Un peu plus de 19h30 sur CNews,
24:14la deuxième partie de Face à Mathieu Bocoté,
24:16toujours avec Mathieu bien sûr, Arthur est là.
24:18Nous avons le plaisir de recevoir Jean-Thomas Le Sueur.
24:20Merci d'être avec nous. Vous êtes directeur général
24:22de l'Institut Thomas More.
24:24Alors Mathieu Bocoté, pourquoi avoir
24:26invité ce samedi soir
24:28Monsieur Le Sueur ? Parce que la droite a
24:30souvent des slogans, comme on dit,
24:32de stratégie de communication,
24:34mais la droite ne s'intéresse pas toujours aux idées.
24:36Sauf en quelques lieux, notamment à l'Institut Thomas More,
24:38où le travail de fond, la question
24:40programmatique, disons-ça ainsi, est au cœur
24:42des réflexions depuis plusieurs années. C'est un think-tank libéral
24:44conservateur. Pour en savoir un peu plus sur la suite
24:46des choses, pour réfléchir à la situation de la droite,
24:48nous recevons Jean-Thomas Le Sueur.
24:50Jean-Thomas Le Sueur, bonsoir.
24:52Je me permets de commencer avec une boutade.
24:54La droite est-elle encore une fois
24:56de retour ?
24:58En tout cas, elle l'espère.
25:00On va dire que là, il vit son
25:02momentum, ou il vit un moment retaillot.
25:04Tout le sujet est de savoir s'il va avoir
25:06les moyens politiques,
25:08mais effectivement, on l'a dit, et c'est à nous de parler
25:10intellectuel et programmatique, de transformer
25:12ce moment en puissance,
25:14en élan, si je puis dire, politique,
25:16puissant et durable. Tout l'enjeu, il est là.
25:18Et l'enjeu, je vais rebondir sur ce qu'a dit Arthur Levatrigan
25:20tout à l'heure, il y a effectivement aujourd'hui
25:22un seul projet politique
25:24substantiel sur la table en France, c'est celui
25:26de LFI, hélas.
25:28Tout l'enjeu pour Bruno Retaillot,
25:30on va le savoir dans les mois et les années qui viennent, est-il capable
25:32de proposer quelque chose d'aussi puissant ?
25:34Parce qu'encore une fois, le travail de fond que
25:36réalise LFI est assez impressionnant.
25:38La question, c'est de savoir si
25:40Bruno Retaillot sera capable de faire la même chose
25:42pour la droite.
25:43La première question, pour la droite,
25:45en posant ensuite la question de savoir si
25:47LR incarne toute la droite aujourd'hui,
25:49est-ce que la première question consiste à établir
25:51les frontières de la droite légitimes, ou de poser
25:53la question du programme, globalement, de dire
25:55jusqu'où va la droite ? Par exemple, de Xavier Bertrand
25:57à Éric Zemmour, de Xavier Bertrand à
25:59Marine Le Pen, ou alors
26:01de poser la question programmatique, et ensuite, qui même
26:03me suivent ?
26:04Parce que c'est mon métier, et que c'est ma manière
26:06de voir la politique, c'est là, pour moi, la deuxième option.
26:08C'est-à-dire que la question que vous posez, c'est celle de l'union des droites.
26:10Moi, je la juge, aujourd'hui, un peu
26:12fallacieuse, et un peu inutile.
26:14D'abord, parce que les principaux acteurs ont déjà répondu,
26:16et il n'y a pas eu de non, et du côté du RN,
26:18et du côté de Bruno
26:20Retaillot. Ensuite, parce que
26:22Bruno Retaillot vient d'arriver, donc en fait,
26:24je n'allais pas lui demander déjà de rallier le RN,
26:26qui, en plus, effectivement, pèse 3 ou 4 fois plus
26:28que lui, aujourd'hui. Donc, aujourd'hui, lui dire
26:30qu'il faut rallier le plus puissant, il n'aura pas
26:32grand-chose. Et puis, parce qu'effectivement,
26:34et je reviens au début de ma réponse,
26:36il me semble qu'aujourd'hui, l'immense
26:38enjeu, le plus important, c'est de
26:40constituer un projet politique, une offre politique
26:42puissante, encore une fois,
26:44et sur les plans, on va parler régalien,
26:46identitaire, et sur le plan économique et
26:48social, parce que je pense qu'il ne faut pas négliger cet aspect-là,
26:50et d'ailleurs, ils sont très largement connectés, souvent.
26:52Donc, voilà, le grand enjeu est là.
26:54Moi, à mon avis, il faut d'abord redire quelque chose aux Français,
26:56quelque chose de fort et de puissant,
26:58pour réattirer l'oreille, que cette droite-là,
27:00il y a quand même un paquet de Français qui ont tiré le rideau
27:02sur ce que dit LR. Donc, l'enjeu
27:04pour Bruno Retailleau, aujourd'hui, c'est
27:06de réintéresser les Français à ce qu'il
27:08leur dit, à ses solutions, et
27:10après, effectivement, vient la question politique ou
27:12politicienne des alliances. – Alors, vous avez évoqué
27:14le cas de LFI, en disant que LFI
27:16a un programme politique bien construit.
27:18LFI, notamment au Think Tank, l'Institut de la
27:20Boétie, où on cherche à construire
27:22une forme, à théoriser une offre politique,
27:24au-delà des slogans, de la conjoncture.
27:26Donc, est-ce que vous nous diriez, peut-être,
27:28parce que je comprends mal, que LFI, paradoxalement,
27:30peut servir d'exemple
27:32à la droite, quand vient le temps de construire
27:34sa propre doctrine ? – Si, Joseph,
27:36si nous n'étions qu'entre nous, et par boutade,
27:38je vous dirais que c'est le meilleur Think Tank français aujourd'hui,
27:40hélas, mais je veux dire qu'aujourd'hui,
27:42ils mettent le travail au bon niveau,
27:44c'est-à-dire que quand ils sortent un rapport
27:46sur la 6e, enfin, sur la question institutionnelle,
27:48ils ont un projet de constitution,
27:50ils ont sorti un livre, il y a quelques temps,
27:52peut-être il y a un an, sur faut-il sortir du capitalisme ?
27:54Alors, on peut en rigoler, on se dit, ce sont des fariboles,
27:56sauf qu'ils posent la question politique
27:58au bon niveau, compte tenu
28:00de l'époque que nous vivons, c'est-à-dire, ce que j'appelle
28:02un peu maladroitement, la grande politique, c'est-à-dire que je pense
28:04que vraiment, le temps des consultants est derrière nous,
28:06sous une forme ou sous une autre,
28:08oui, c'est la fin de McKinsey, heureusement,
28:10et la fin du macronisme, heureusement,
28:12donc, s'il y a
28:14cette fin des consultants,
28:16il y a le risque
28:18du temps des furieux, si je puis dire,
28:20si la droite veut être une solution entre les deux,
28:22il faut arriver avec une proposition
28:24politique, encore une fois, substantielle, et la positionner
28:26au bon niveau, c'est-à-dire celui de la vision,
28:28alors le mot est un peu galvaudé, mais je n'en ai pas de meilleur,
28:30sur l'ensemble des sujets.
28:32Qu'est-ce que vous appelez le temps des furieux ?
28:34Le risque de
28:36donner le pouvoir à ce qu'on peut appeler
28:38des furieux, je ne suis pas
28:40un grand trumpiste dans la manière,
28:42j'entends la chambre d'écho qu'il représente
28:44une partie du peuple américain, je ne suis pas convaincu
28:46que sa manière de faire de la politique
28:48soit la plus apaisante pour des pays
28:50dont, encore une fois, la question de la fragmentation
28:52et de la société est identitaire et politique
28:54est un véritable enjeu. Je pense
28:56qu'être responsable, c'est quand même
28:58d'essayer de servir la paix civile.
29:00Alors, vous nous disiez que la question importante, c'est une question
29:02programmatique, une question de vision.
29:04Imaginons que vous soyez aux manettes pour définir un programme
29:06qui ressemble à un programme
29:08qui rassemblerait non pas l'union des partis de droit,
29:10mais qui serait capable de revitaliser
29:12intellectuellement la droite. Quel chantier,
29:14diriez-vous, nous devons les ouvrir à tout prix, si vous étiez aux manettes
29:16d'un tel programme ?
29:18Alors, ça c'est assez simple. Si vous prenez le dernier
29:20sondage paru à ma connaissance, donc Ipsos,
29:22en avril dernier, sur les principales préoccupations des Français,
29:24vous prenez les trois premières,
29:26simplement. La première, c'est sécurité
29:28et délinquance. La deuxième, c'est,
29:30ils appellent ça inflation, je dirais pouvoir d'achat,
29:32le rôle du travail,
29:34ce qui est, encore une fois, la question économique et sociale
29:36dont j'aimerais qu'on parle, parce que je pense qu'elle n'est pas mineure à droite,
29:38or on a une partie de la droite qui, de temps en temps, la mineure trop.
29:40Et la troisième, c'est l'immigration.
29:42Dix points derrière, d'ailleurs.
29:44À moins que vous la connectiez à la première.
29:46Ah, voilà, bien sûr.
29:48Donc, le sujet, c'est que moi,
29:50ces trois chantiers-là, à mon avis,
29:52peuvent tout à fait faire un début
29:54de programme, si vous voulez, avec
29:56la double idée, c'est-à-dire, encore une fois,
29:58d'arriver avec des propositions suffisamment
30:00puissantes et fortes pour changer les paradigmes,
30:02fondamentalement. C'est-à-dire que,
30:04prenez le cas de l'immigration, je crois qu'on a
30:0617 textes en 20 ans sur le sujet.
30:08On est donc arrivé, en fait, à un système politique
30:10aujourd'hui qui produit de la norme et de la loi
30:12sans changer le réel.
30:14Donc, un petit tour de boulon à droite, un petit tour de boulon à gauche,
30:16et on se contente de ça. Non, il faut changer profondément
30:18les choses sur les flux.
30:20Il y a clairement, par exemple, je vous donne des idées comme ça,
30:22l'accès à la nationalité, enfin, il y a plein de chantiers
30:24costauds qu'il faut
30:26engager.
30:28Et je pense que deux ans avant l'élection,
30:30c'est vraiment pas trop tard, pas trop tôt,
30:32il est grand temps de s'y mettre, parce que l'autre enjeu,
30:34il est quand même dans la mise en oeuvre. C'est-à-dire que vous pouvez avoir
30:36un bon texte de loi et un bon ministre
30:38au ministère.
30:40Prenons l'éducation nationale pour changer. Vous savez
30:42très bien que si vous arrivez avec une volonté
30:44vraiment réformatrice sur les programmes,
30:46sur l'autonomie scolaire, etc.,
30:48vous aurez 95%
30:50de votre ministère contre vous. Donc, la question de la mise
30:52en oeuvre de la politique publique est, en fait, aujourd'hui
30:54quasi aussi importante
30:56que le cap que vous voulez donner.
30:58Arthur de La Triguerre. Alors, les LR
31:00ont tenu l'autorisation
31:02par le système, donc pas la gauche, de se définir comme
31:04de droite. D'autres parties et d'autres personnalités
31:06se disent de droite, mais n'ont pas le droit.
31:08On dit c'est extrême-droite ou extrême-méga-droite,
31:10ce que vous voulez. Mais, en fait, il y a une petite question au départ.
31:12C'est quoi la droite, aujourd'hui ?
31:14Ah, aujourd'hui ? Où ? Même ce que c'est
31:16la droite, est-ce que sinon, autre chose que tout ce qui
31:18n'est pas de gauche ? Il y a une vraie définition, une doctrine ?
31:20Non. Aujourd'hui, d'abord,
31:22si on fait un tout petit peu d'histoire, je parle sous le contrôle de
31:24Mathieu Boccoté, la droite n'a jamais existé en France.
31:26Il y a toujours eu des droites. Donc, ça, c'est une
31:28première chose. Je vous dirais
31:34ce qu'on peut appeler le libéral-conservatisme, c'est-à-dire
31:36que je pense qu'une aspiration à la liberté,
31:38à l'autonomie, à l'initiative
31:40existe réellement dans une partie de la population.
31:42Le conservatisme sociétal-culturel,
31:44c'est-à-dire, je désire rester
31:46ce que je suis, je pense que sur ces
31:48bases-là, et incarnées dans des propositions
31:50concrètes, en matière, encore une fois, de politique économique
31:52et sociale, comme en matière de politique éducative,
31:54immigratoire ou culturelle,
31:56vous pouvez avoir, quand même, aujourd'hui
31:58une masse très significative de l'électorat
32:00qui s'y reconnaît. Alors, vous avez
32:02évoqué une question, juste avant, qui est assez importante,
32:04c'est la question de la mise en oeuvre du programme.
32:06Je résume, vous construisez un programme
32:08très fort, vous réussissez à vous faire
32:10élire très bien, vous arrivez aux
32:12commandes très bien, et là, la machine vous bloque.
32:14Trump, dont on peut dire
32:16tout le mal qu'on pense, de
32:182020 à 2024, c'est un peu le travail qu'ils ont fait à
32:20ces équipes. C'est-à-dire, ils ont dit, si on prend le pouvoir,
32:22comment on gouverne, comment on peut contourner
32:24les blocages? Est-ce que cette question se pose
32:26en France aussi? Et si oui, comment y répondre?
32:28Alors, qu'elle se pose
32:30en France, c'est une évidence. Je prenais l'exemple du
32:32ministère de l'Éducation nationale. Vous imaginez
32:34bien qu'un ministre réellement
32:36de droite arrive à l'Éducation nationale, et encore une fois,
32:38je vais reprendre ce que je disais, souhaite une
32:40réfondation profonde des programmes pour
32:42remettre de la chronologie dans l'histoire, être une pédagogie
32:44exigeante, etc. D'une part,
32:46et d'autre part, autonomie des établissements,
32:48autonomie des directeurs, travailler
32:50sur le statut des enseignants, etc.
32:52Donc, des choses assez lourdes. Vous imaginez bien
32:54qu'un ministre qui arrive comme ça doit absolument se préoccuper
32:56de, encore une fois, ce que j'appelle la mise en oeuvre, très concrète.
32:58Aujourd'hui, si vous versez
33:00100 litres dans une citerne
33:02de l'action publique en haut,
33:04il en sort quelques centilitres en bas,
33:06sur le terrain. Le grand enjeu, c'est celui-là.
33:08Je vais vous donner un autre exemple. Tout récemment,
33:10un maire d'une ville de 45 000 habitants me disait
33:12j'ai dû réformer totalement
33:14mon administration municipale, les agents municipaux.
33:16J'ai mis deux ans et demi dans une commune.
33:18Aujourd'hui,
33:20peut-être que tout en haut de l'échelle,
33:22je mettrais la question
33:24de la réforme de l'État, en tout cas au sens de
33:26redonner du pouvoir au pouvoir.
33:28Oui, c'est redonner du pouvoir aux politiques.
33:30Il y a d'immenses sujets sur
33:32certains endroits de l'administration française qui sont
33:34aujourd'hui devenus des opposants de l'intérieur.
33:36Concrètement, il y a eu
33:38récemment la tribune du secrétaire général
33:40non, le directeur du secrétaire général
33:42de la transition écologique
33:44qui critiquait
33:46chez Terra Nova la politique mise en oeuvre
33:48par le ministre en matière de gestion
33:50des forêts. C'est juste inconcevable.
33:52Il y a
33:54d'immenses sujets. Autrement dit,
33:56un haut fonctionnaire français se présenterait devant
33:58un think tank socialiste pour critiquer la politique du gouvernement.
34:00Qu'il est censé mettre en oeuvre
34:02silencieusement puisqu'il est au service de l'État.
34:04Vous avez
34:06ce type de sujet.
34:08On peut aller dans le détail. Moi, je porte la proposition
34:10je pense qu'il faut supprimer les
34:12cabinets ministériels. Il faut rappeler
34:14qu'un ministre, c'est d'abord un patron d'administration.
34:16Le rôle d'un ministre, c'est d'abord de
34:18piloter les administrations françaises.
34:20Je ne sais pas si on va le développer ici,
34:22mais il serait bon que le ministre réapprenne
34:24à travailler avec leur directeur d'administration et non pas leur cabinet.
34:26Revenons juste une étape avant cela.
34:28Cela dit, Kessel,
34:30je prends le relais d'Arthur qui nous parle
34:32qu'est-ce que la droite, dans le contexte qu'il note,
34:34avec une gauche qui se permet de dire qui est de droite
34:36et qui est d'extrême droite. Est-ce que
34:38de ce point de vue, la question de l'union des droites n'est pas pertinente?
34:40Je m'explique. Dans la mesure
34:42où Bruno Retailleau est tout à fait en droit
34:44de s'allier comme il le souhaite, par exemple,
34:46avec Xavier Bertrand, Jean-François Copé,
34:48Valérie Pécresse, et que le système dit ça
34:50c'est la bonne droite. Bien. Est-ce qu'il n'a pas
34:52intérêt, de son point de vue, à dire
34:54je fais des alliances interdites
34:56entre guillemets, en me permettant de parler
34:58à des gens qui sont marqués du saut
35:00de la bête par le système en disant
35:02je ne respecte plus vos interdictions
35:04que ce soit Sarah Knafo, Marion Maréchal,
35:06Éric Zemmour,
35:08prenez la figure que vous souhaitez,
35:10Jordan Bardella. Est-ce qu'il n'y a pas
35:12intérêt, de son point de vue, à dire je ne respecte plus
35:14vos alliances?
35:16Je vous dirais pas aujourd'hui. Bien sûr que non.
35:18Il vient d'arriver, on le disait, il bénéficie
35:20d'un moment à lui.
35:22Evidemment, il va essayer de jouer
35:24à fond sa partie pour exister. Encore une fois,
35:26le rapport de force est tellement tensé à des faveurs
35:28vis-à-vis du RN. J'entends pas à court terme.
35:30Je dis que de ne pas évacuer cette
35:32possibilité à la basse. Je vous répondrais que
35:34s'il arrive devant les Français avec ce
35:36projet puissant, etc.,
35:38il peut rallier qui il veut, bien sûr. Enfin, en tout cas, inviter
35:40qui il veut à le rallier, bien sûr. Ouais.
35:42Arthaud Latrigan. Vous avez dit que le sujet économique
35:44et social était important. On a quand même le sentiment
35:46que ces dernières décennies, c'était bien le seul sujet
35:48sur lequel la droite osait affronter
35:50la gauche. En quoi
35:52c'est différent aujourd'hui et en quoi surtout
35:54c'est lié avec les deux autres priorités,
35:56à savoir l'insécurité et l'islamisme?
35:58Deux questions.
36:00Pour répondre à la première,
36:02quand je dis l'économie, c'est évidemment pas à la
36:04manière dont on vient de le subir depuis sept ans,
36:06à la manière de McKinsey. C'est
36:08la question de
36:10la vie économique et sociale des Français.
36:12C'est l'économie dans la vie des Français.
36:14Le pouvoir d'achat, le revenu, la classe moyenne
36:16en cours d'affaissement,
36:18la formation, l'emploi, le logement.
36:20Un jeune homme de 24 ans
36:22qui habite à Romorantin ou Châteauroux,
36:24est-ce qu'il a le moyen d'y trouver un boulot,
36:26de s'y loger, de s'y marier, d'élever ses enfants?
36:28Voilà. Donc, ces questions-là.
36:30Donc, c'est à ce niveau-là que je mets la question
36:32économique et sociale. Je ne la mets pas au niveau budgétaire,
36:34évidemment, un sujet important aussi, etc.
36:36Donc, je pense qu'il faut le prendre comme ça.
36:38Il faut partir des Français. Je fais
36:40une parenthèse, d'ailleurs. Je rappelle que
36:42le dernier actif de ELR, ce sont ses élus locaux.
36:44Donc,
36:46il devrait avoir l'intelligence
36:48d'avoir un discours
36:50terrain, si je puis dire. Liberté locale,
36:52enracinement, qu'ils n'ont pas aujourd'hui.
36:54Je fais une autre parenthèse dans la parenthèse, pardonnez-moi.
36:56Les élections municipales de
36:58mars 2026, dans moins d'un an aujourd'hui,
37:00peuvent être regardées de ce point de vue comme
37:02une espèce de premier tour de l'élection présidentielle.
37:04Enfin, ELR a une carte à jouer.
37:06Voilà. Et pour répondre
37:08à votre deuxième question, évidemment que
37:10l'insécurité économique,
37:12si je puis dire, a
37:14lien, si vous voulez, avec la question migratoire.
37:16C'est-à-dire que pour l'ouvrier
37:18non diplômé français, aujourd'hui,
37:20il y a une inquiétude sur l'ouvrier
37:22non diplômé, venu d'ailleurs, qui va
37:24lui venir le concurrencer
37:26en termes de salaire, par exemple, dans son emploi.
37:28Alors, vous nous dites, il est possible
37:30de construire un programme.
37:32Vous nous dites que ce programme est nécessaire
37:34pour avoir une puissance d'attraction, peut-être.
37:36La question que je vous pose, et ça vous semblera
37:38un peu étrange, mais est-ce que la droite française
37:40dispose, aujourd'hui, des ressources intellectuelles,
37:42des historiens, des économistes,
37:44des politologues, des sociologues,
37:46à mobiliser pour être
37:48capable de porter un tel programme ?
37:50Parce qu'on a l'impression que, quelquefois, on trouve
37:52toujours un remarquable rédacteur de discours
37:54qui est là pour transfigurer notre parole.
37:56Mais quand vient le temps de construire le programme,
37:58il y a plutôt des absents.
38:00Le personnel nécessaire, il est présent.
38:02Ce qu'il faut, c'est toujours pareil.
38:04Un chef doit cheffer. Ce qu'il faut, c'est un cap,
38:06donc une commande, pardon de parler un peu boutique,
38:08mais une commande précise. Et, à mon avis, il ne faut
38:10surtout pas commander un programme avec 300 propositions
38:12précises. Ce n'est pas ça, l'enjeu, aujourd'hui.
38:14Ce n'est pas ça qui va réattirer l'oreille
38:16des Français. Et puis, après, une méthode.
38:18Et vraiment bosser. Parce que je
38:20puis dire, à la place qui est la mienne depuis 20 ans,
38:22qu'aucun parti de droite,
38:24et je dis aucun, toute droite confondue,
38:26ne travaille et ne sait vraiment travailler.
38:28Sur le fond, sur la longue durée.
38:30Alors, il y a la question du diagnostic.
38:32C'est-à-dire, il y a la tentation d'un homme
38:34politique, souvent, c'est de ne pas dramatiser
38:36à l'excès le diagnostic pour ne pas être
38:38alarmiste ou catastrophiste.
38:40Mais est-ce que, quand on voit, par exemple, le rapport
38:42sur les frères musulmans cette semaine, quand on voit
38:44la submersion migratoire, quand on
38:46voit la possibilité que se donnent certains politiques
38:48d'encore augmenter les impôts sous
38:50le signe d'une forme de kleptocratie,
38:52est-ce qu'il n'y aurait pas
38:54une légitime
38:56volonté d'un politique de dire, la situation,
38:58mes amis, il faut cesser de croire que ça va bien.
39:00Le pays est au seuil d'un affaissement,
39:02peut-être même, dirait certains, d'un effondrement.
39:04D'abord, je pense qu'aujourd'hui, ça devient difficile
39:06de le cacher.
39:08Pourtant, il le cache encore.
39:10Je crois qu'il y a quand même beaucoup de Français
39:12là où ils vivent,
39:14dans leur métier, etc., qui le voient.
39:16Enfin, pousser la porte d'un hôpital public.
39:18C'est difficile de le cacher, quand même, aujourd'hui.
39:20Et par ailleurs, il y a, aujourd'hui,
39:22des médias comme le vôtre qui permettent de faire entendre
39:24une autre voix. Il y a des acteurs intellectuels
39:26comme les think tanks, comme le nôtre et d'autres,
39:28qui essaient de faire entendre leur voix.
39:30Je crois, quand même, qu'aujourd'hui, de ce point de vue-là,
39:32je ne vous dis pas qu'on a gagné, mais on a quand même progressé.
39:34Et je vois mal, aujourd'hui...
39:36Parce que vous partez de loin ?
39:38Oui, naturellement. Je vois mal, aujourd'hui,
39:40quand même, un candidat... Alors, faire campagne
39:42sur des larmes et du sang, je ne sais pas.
39:44Mais expliquer que, en fait, tout va bien
39:46et qu'il n'y a qu'encore une fois quelques changements
39:48paramétriques à opérer. Non.
39:50Et ce serait une catastrophe pour le pays.
39:52Et ce candidat, à mon avis, ne l'emporterait pas.
39:54Arthur de La Trigue.
39:56Si on part de l'idée que ça sera Bruno Retailleau
39:58qui se présenterait pour le parti LR
40:00à la présidentielle,
40:02l'enjeu pour lui n'est-il pas de réussir
40:04à convaincre que, cette fois-ci,
40:06la droite ne trahira pas ?
40:08Parce que les discours, les programmes, il y en a toujours eu.
40:10Comment faire quand vous allez sur la photo de famille,
40:12au hasard, Xavier Bertrand,
40:14Valérie Pécresse, Jean-François Copé ?
40:16En fait, c'est son immense...
40:18À mes yeux, il a deux défis. Celui-là
40:20et un autre que je dirai après.
40:22C'est évidemment le sujet de la crédibilité. Et c'est pour ça que je disais
40:24que les Français ont tiré le rideau.
40:26Sans que la droite des sois trahis se plante.
40:28Oui. Donc, c'est aussi pour ça
40:30qu'il a un immense défi
40:32qui est au ministère de l'Intérieur.
40:34Il faut qu'il ait des résultats tangibles,
40:36mesurables et réels.
40:38Je suis d'accord avec vous. Je n'ai pas la réponse précise à votre question.
40:40C'est comment être crédible. C'est l'immense sujet pour cette droite-là
40:42aujourd'hui.
40:44Et par ailleurs, c'est quand même
40:46d'aller parler
40:48aux Français, j'y reviens, là où ils sont et comme ils sont.
40:50C'est-à-dire que Bruno Retailleau
40:52incarne une droite, sans doute
40:54un brin bourgeoise
40:56et qu'il va falloir apprendre
40:58à desserrer le nœud de la cravate.
41:00Alors, cela dit, il nous reste environ
41:02deux minutes dans l'émission.
41:04Question assez tragique, en quelque sorte.
41:06Vous nous dites que la droite n'est plus crue,
41:08aujourd'hui. Je vous demanderais depuis quand
41:10n'est-elle plus crue, selon vous ? A quel moment y a-t-il eu
41:12un bris de crédibilité ?
41:14Et à quelles conditions peut-elle
41:16renouer avec cette
41:18forme de confiance véritable ?
41:20On n'a effectivement pas le temps. Il faudrait peut-être chercher
41:22à savoir à quel moment la droite a vraiment trahi
41:24ou a déçu. Mais je dirais que la présidence Chirac
41:26a quand même été assez décevante
41:28sur pas mal de sujets. Et s'il faut retenir
41:30une date, mais ça vaut ce que ça vaut, c'est évidemment
41:32le référendum de 2005.
41:34Évidemment, il y a trahison.
41:36Je suis persuadé, moi, que ça, vingt ans après,
41:38ça demeure un cancer de la vie politique française,
41:40une trahison profonde.
41:42Et comment
41:44retrouver
41:46cette confiance ? Je vous dis,
41:48il a un pistolet à un coup, Bruno Retailleau, entre les mains.
41:50Est-ce que ça marche au ministère de l'Intérieur ?
41:52Mais est-ce que ça peut marcher ? Vous nous dites,
41:54il y a un instant, le pouvoir,
41:56le politique n'a plus le pouvoir, mais ça doit marcher
41:58au ministère de l'Intérieur. Est-ce qu'on n'est pas dans une forme
42:00de paradoxe, presque un piège ? Je ne dis pas qu'il n'a plus le pouvoir,
42:02je dis que c'est plus difficile. Alors, si on rentre dans le détail,
42:04je pense que le ministère de l'Intérieur, c'est un peu plus facile qu'au ministère
42:06de la Culture ou de l'Éducation nationale. Mais après,
42:08je suis d'accord avec vous. Sur la question, par exemple,
42:10des OQTF algériens, pour l'instant, il n'y a pas de résultat.
42:12Donc, je suis d'accord avec vous, ce n'est pas simple.
42:14Dernière question, qui me semble autale.
42:16Vous nous dites, il y a une rupture
42:18majeure autour d'un événement immense,
42:20le référendum. Est-ce qu'inversement, pour que
42:22la confiance revienne, il ne faut pas une rupture
42:24majeure, tout aussi visible à tout le monde
42:26à la doctrine, pour dire, désolé,
42:28là, il y a quelque chose qui vient de passer, une nouvelle histoire
42:30commence ? Sur l'Union Européenne, vous voulez dire ? Sur l'Union Européenne,
42:32sur l'identité, sur autre chose, sur le travail, l'abolition
42:34de l'impôt ? Bien sûr, il y aurait sans doute
42:36sur quelques sujets de politique publique,
42:38quelques décisions de rupture nette
42:40à prendre, qui soient non seulement bonnes
42:42pour le pays, mais un signal politique envoyé aux Français
42:44du ça va changer. Bien sûr.
42:46Et bien, grand merci Jean-Thomas Leusseur,
42:48directeur général de l'Institut Thomas More.
42:50Merci à Mathieu, merci à Arthur de Vatrigan.
42:52Dans un instant, c'est l'heure des pros. A tout de suite.

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