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  • 31/05/2025
Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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News
Transcription
00:00Bonsoir à tous, ravis de vous retrouver dans votre rendez-vous du samedi soir face à Boc-Côté.
00:05Et évidemment, comme chaque samedi, on retrouve Mathieu Boc-Côté. Bonsoir Mathieu.
00:08Bonsoir.
00:08Et Arthur de Batrigan, bonsoir.
00:10Bonsoir.
00:10Et on parle évidemment dans un instant des thèmes du jour, mais d'abord on fait le point sur l'actualité avec Isabelle Piboulot.
00:15Bonsoir Isabelle.
00:16Bonsoir Élodie, bonsoir à tous.
00:19Le ramassa a remis sa réponse à la proposition américaine faite jeudi pour une trêve dans la bande de Gaza.
00:25Selon l'accord, 10 otages israéliens vivants vont être libérés prochainement.
00:3018 corps d'otages seront également restitués en échange d'un nombre convenu de prisonniers palestiniens.
00:36Dans le même temps, l'armée israélienne indique que plusieurs projectiles tirés depuis Gaza ont atterri dans des zones non-habitées.
00:43Nouveau record dans les prisons françaises.
00:45Près de 83 700 détenus ont été enregistrés le 1er mai dernier.
00:50Selon le ministère de la Justice, une augmentation en un an de 6 000 prisonniers.
00:54La surpopulation carcérale est pour Gérald Darmanin une situation inacceptable.
00:59Seulement un peu plus de 62 000 places étaient opérationnelles au début du mois de mai.
01:04Et puis 25 suspects, dont 6 mineurs, ont été mis en examen à Paris hier,
01:09soupçonnés de tentatives et projets d'enlèvement dans le milieu des crypto-monnaies.
01:13Parmi eux, 18 personnes ont été placées en détention provisoire.
01:16Une information judiciaire a été ouverte, notamment sur la tentative d'enlèvement du 13 mai en pleine rue de la capitale.
01:23Les victimes étant la fille et le petit-fils du PDG d'une société spécialisée dans la crypto-monnaie.
01:29Merci beaucoup Isabelle pour ce tour complet de l'actualité.
01:34Au sommaire de votre émission ce soir, quel lien entre la santé mentale et le bulletin de vote ?
01:39Alors cela ne vous semble peut-être pas évident de prime abord,
01:43mais sachez que les gens de droite ont plus naturellement tendance à se déclarer heureux
01:47et seraient moins susceptibles d'avoir des problèmes psychologiques.
01:50Tout cela est très sérieux.
01:52Mathieu va nous en parler et évidemment, plus largement, on parlera de la santé mentale comme enjeu politique.
01:57Vous l'avez peut-être entendu en cette fin de semaine, la lutte contre le tabac s'intensifie.
02:01Fumer dans les parcs, les plages, près des écoles sera interdit à partir du 1er juillet.
02:06Alors Mathieu, d'abord vous nous direz ce que vous pensez de cette mesure
02:09et puis on dépassera un peu l'enjeu de santé publique pour élargir le questionnement.
02:13Jusqu'où aller d'abord dans cette interdiction de la cigarette ?
02:16Et puis quelle société voulons-nous ?
02:18Au nom de quoi veut-on nous imposer ?
02:20Ce que l'on doit ou non consommer ?
02:22Et puis enfin, l'invité en deuxième partie ce soir, nous recevrons Philippe Vall pour son livre
02:26« La gauche et l'antisémitisme » aux éditions de l'Observatoire.
02:28Je le disais Mathieu, c'est un thème récurrent de la psychologie politique.
02:48Les gens de droite ont tendance à se dire beaucoup plus heureux que les gens de gauche.
02:52Ils seraient moins susceptibles d'avoir des problèmes de santé mentale.
02:54Alors, que pensez-vous de tout cela ? Nos confrères du Point, cette semaine justement, sont revenus sur la question.
02:59C'est ce que vous allez donc faire pour ce premier édito.
03:01Alors, je répondrai à la manière d'une boutade que je me pose souvent la question.
03:04Est-ce que les gens de gauche sont malheureux parce qu'ils sont de gauche ?
03:07Ou est-ce qu'ils sont de gauche parce qu'ils sont malheureux ?
03:10Les deux peut-être ?
03:11Oui, c'est tout à fait possible.
03:12Ça peut se répondre.
03:13C'est la poule ou l'œuf.
03:15Cela dit, au-delà de la boutade, c'est une vraie question, je dirais, qui est liée à la sociologie,
03:20et à la philosophie politique, à la psycho, c'est qu'elle est l'arrière-fond psychique d'une société.
03:25C'est-à-dire, l'erreur de la sociologie depuis un siècle, c'est d'avoir cru qu'on pouvait bannir le psychique,
03:30bannir le psychologique, bannir l'imaginaire, traiter la société comme une série de mécanismes,
03:34sans tenir compte de l'arrière-fond des passions, des affects et ainsi de suite,
03:39sans tenir compte des tempéraments aussi lorsqu'on s'engage en politique.
03:43Parce que, disons-le, les idées en politique ne sont pas des idées flottantes.
03:46On ne choisit pas les idées simplement parce qu'après un calcul rationnel tout à fait fin,
03:51on dit « je préfère celle-là plutôt que celle-là ».
03:53On embrasse certaines thèses en fonction de nos affects, de nos sentiments,
03:57de notre attitude existentielle devant la vie.
04:00Et, vous avez référé à l'article Du Point, ce qui est intéressant, c'est qu'effectivement,
04:05il y a des enquêtes plus aux États-Unis qu'en France, cela dit.
04:08Mais il y a des enquêtes pour chercher à voir pourquoi, globalement,
04:10les gens de droite ont tendance à se dire moins malheureux ou, pire encore, plus heureux que les gens de gauche.
04:17Est-ce qu'il y a une raison derrière cela ?
04:20Évidemment, il y a une raison, mais il faut chercher à comprendre pourquoi.
04:23Donc, nous sommes devant différentes attitudes devant la vie,
04:25nous sommes devant différentes psychés et les explications qui circulent en sociologie,
04:30en psychologie politique, j'en avance quelques-unes.
04:33Par exemple, le rapport à la famille.
04:34Dès lors que vous êtes dans un cadre familial plus traditionnel,
04:38vous auriez tendance, dit-on, vous auriez tendance à avoir une vie plus stable,
04:43une vie avec moins d'inquiétudes existentielles,
04:46et dès lors, vous auriez moins de problèmes liés,
04:48appelons-ça les incertitudes totales de l'existence,
04:50si vous êtes du jeté seul dans la vie,
04:52la famille sera un cadre de santé mentale plus assuré.
04:56Nous dit-on, est-ce que c'est vrai, est-ce que c'est faux ?
04:58À tout le moins, c'est une hypothèse qui est avancée.
05:00Le rapport aux aspérités de la vie.
05:02L'homme de droite, globalement, considère qu'en ce monde,
05:05les injustices sont peut-être inévitables.
05:07Il se dit, en ce monde, l'essentiel est de ne pas trop souffrir.
05:11En ce monde, l'essentiel est de traverser tout cela sans s'abîmer exagérément,
05:16mais ne croit pas à la possibilité du paradis sur Terre.
05:19L'homme de droite, je dis quelquefois, c'est une référence de Janistin,
05:23le vrai critère gauche-droite, c'est le péché originel.
05:25Si vous croyez que le mal et le bien traversent le cœur de l'homme,
05:29vous savez que la patte humaine est une patte inévitablement décevante,
05:32que même le meilleur des hommes porte en lui une part d'ombre,
05:34que même le plus généreux peut être radin, que même le plus lumineux peut être sombre.
05:39Alors que si vous avez le réflexe plus à gauche de dire que le mal, en fait,
05:42est inscrit dans une institution sociale, le capitalisme, l'hétéropatriarcat,
05:47le blantriarcat, faites la liste de la bourgeoisie, le système féodal,
05:51pour ce que vous voulez, vous dites, il suffirait d'abattre ce système
05:54pour que nous soyons tous heureux, qu'on ait une société enfin égalitaire, enfin juste.
05:58Si vous vous accrochez à cette idée, eh bien évidemment, puisque le monde idéal n'advient jamais
06:03parce que nous sommes sur Terre et nous ne sommes pas au ciel,
06:06eh bien vous aurez tendance à être de plus en plus déprimé.
06:09Ensuite, une hypothèse nouvelle qui est avancée, qui est intéressante,
06:13le rapport même à la santé mentale, c'est-à-dire, puisque le mot santé mentale
06:16est aujourd'hui plutôt péjoratif, eh bien les gens disent de droite,
06:20auraient tendance à s'en méfier en disant non, non, non, nous ça va très bien,
06:22il n'y a pas de souci.
06:23On n'est pas malade.
06:24Une forme de déni.
06:25Et à gauche, il y aurait une forme d'ouverture plus grande à la fragilité de l'être humain.
06:31Mais apparemment, si on questionne les gens de manière très concrète,
06:34angoisse, dépression, comment ça va ?
06:36Eh bien, gauche comme droite, finalement, tout le monde serait malheureux.
06:38Mais, mais, mais, ce que je note, c'est qu'il y a différentes explications qui s'avancent.
06:43Une chose est certaine, il y a derrière nos idées, des attitudes devant l'existence,
06:47derrière nos philosophies, il y a des psychologies,
06:50derrière notre sociologie, il y a un arrière-fond psychique,
06:52et on aurait tout avantage à prendre cela au sérieux
06:54pour comprendre le comportement politique des uns et des autres.
06:57Mais la santé mentale est aussi devenue un enjeu politique à part entière.
07:00Comment vous l'expliquez ?
07:01Parce que la société rend fou.
07:03C'est-à-dire, alors, je pense qu'il faut le voir.
07:04C'est clair.
07:05Non, mais il y a une forme, aujourd'hui, on en est contemporain,
07:07partout en Occident, je dirais plus encore depuis la COVID.
07:09La crise COVID était un accélérateur de toutes les tendances destructrices
07:13qu'il y avait dans nos sociétés.
07:14Il y a une prédisposition, je dirais, dans notre société,
07:17enfin, disons autrement, il y a dans nos sociétés un régime
07:20qui, aujourd'hui, tend à déstabiliser psychiquement le commun des mortels.
07:27Mais on a tendance à vouloir l'oublier.
07:28On traite la santé mentale comme une stricte question psychologique,
07:32une stricte question scientifique, une stricte question psychiatrique.
07:35Donc, on se dit, globalement, si ça ne va pas bien,
07:38c'est purement psychologique, il n'y a pas d'arrière-fond politique,
07:41cette fois, à la grande détresse des temps présents.
07:44Or, les idéologies, ne l'oublions pas, nous conditionnent
07:48et nous conditionnent psychologiquement d'une manière ou de l'autre.
07:50Je vais donner quelques exemples.
07:52Le communisme, à l'Est, au temps du rideau de fer,
07:54au temps béni du rideau de fer, selon certains,
07:57poussait au dédoublement, comme tous les totalitarismes.
08:00Le communisme imposait une vision obligatoire du monde
08:03que vous deviez répéter publiquement
08:06si vous espériez faire carrière et évoluer dans le système sans être sanctionné.
08:10C'est un peu comme le service public, aujourd'hui.
08:11Donc, vous aviez une idéologie officielle
08:14et on vous obligeait à vous dédoubler.
08:17Donc, vous deviez penser une chose dans votre intimité
08:19mais vous deviez en dire une autre publiquement
08:22sinon, dis-je, vous risquez de voir votre vie s'effondrer.
08:26Donc, ça poussait au dédoublement, ça poussait à la dissimulation.
08:29Certains disent même, de ce point de vue,
08:30que ça poussait à la schizophrénie et à la paranoïa.
08:32Parce que quand vous êtes dans un système,
08:33vous êtes obligés de répéter la formule.
08:35En plus, les formules changent.
08:36Orwell l'avait bien vu.
08:37Le slogan du jour A n'est pas le slogan du jour B.
08:39Et vous ne devez pas vous tromper de slogan selon la journée.
08:42Eh bien, dès lors, vous devez répéter les bons slogans
08:45et ça pousse, en fait, à une forme de fraction,
08:47de fracture mentale, de dissociation.
08:50Le socialisme, aujourd'hui, dans les temps présents pour toujours,
08:53pousse à la sistanat et au ressentiment.
08:55Le socialisme, on pourrait dire presque inévitablement.
08:57Donc, il nous dit, ce n'est pas,
08:58je ne suis pas responsable de ma propre vie.
09:00C'est le système qui, globalement,
09:02crée les conditions de la prospérité, du bonheur, de la paix.
09:05Dès lors, si je ne vais pas bien,
09:06ce n'est pas parce que je pourrais améliorer ma situation si je le souhaitais.
09:10Je dois réparer la société dans son ensemble qui me doit quelque chose.
09:14Donc, premier élément, l'assistanat.
09:17La société me doit quelque chose, je ne m'en sortirai pas par moi-même.
09:20Et le ressentiment, je l'ai dit avec l'égalitarisme,
09:23si nous ne sommes pas tous égaux,
09:24c'est parce qu'il y a quelques salauds qui se sont appropriés des biens.
09:26C'est la prospérité des uns n'est rien d'autre que ce sont les biens spoliés aux autres.
09:31Donc, le socialisme pousse, effectivement, à l'assistanat et au ressentiment.
09:35Le multiculturalisme, aujourd'hui, très à la mode en Occident avec le racialisme,
09:39pousse à la survalorisation de l'identité raciale.
09:42On pourrait dire, tout comme la nation poussait au collectif,
09:44poussait à l'appartenance à une histoire commune, une culture commune,
09:47le multiculturalisme, dans sa version racialiste,
09:49nous dit, tu es d'abord tes origines et tu ne t'en sortiras jamais.
09:52Dès lors, ça pousse l'individu à se replier sur une identité ethnique de groupe
09:56qui devient sa seule vérité et ça l'amène aussi à développer une mentalité victimaire.
10:01Le libéralisme pousse, dans sa version positive, à l'effort individuel.
10:05C'est cette idée que je m'en tirerai par moi-même.
10:08Ceux qui sont plus antilibéraux diront que ça pousse à l'individualisme outrancier.
10:12Donc, le libéralisme nous conditionne mentalement d'une autre manière,
10:16mais ça met de l'avant cette idée que nous sommes responsables chacun de notre sort.
10:19Le conservatisme pousse évidemment à la préservation des mœurs traditionnelles,
10:22d'une certaine prudence.
10:24Donc, ça nous dit, ça peut avoir un réflexe d'immobilité,
10:26mais collectivement, ça nous conditionne à dire, il ne faut pas tout détruire,
10:30il faut ménager les institutions, il faut ménager la culture.
10:33L'écologisme radical, aujourd'hui, j'en parle parce que Greta Thunberg est de retour dans l'actualité,
10:37vous avez vu, elle passe d'une croisade à l'autre.
10:40En matière, je dirais, d'instabilité psychique possible,
10:42je pense que Greta Thunberg est un cas intéressant.
10:45Un bon exemple.
10:45Elle est passée, c'est avec un point d'interrogation, je n'oserais me prononcer sur elle,
10:49mais j'ai beaucoup de points d'interrogation à lui lancer.
10:52Donc, c'est intéressant avec ce qu'on appelle l'éco-anxiété aujourd'hui.
10:56Donc, de plus en plus de jeunes gens se présentent devant les autorités sanitaires,
11:01devant les médecins, devant les psychiatres en disant,
11:04j'ai peur que le monde brûle, j'ai peur que le monde s'effondre.
11:06Pourquoi ferais-je des enfants dans ce monde?
11:08Pourquoi me reproduirais-je dans ce monde?
11:09Pourquoi chercherais-je à faire quelque chose de neuf dans ce monde?
11:12Tout va brûler d'une manière ou de l'autre.
11:15Donc, c'est comme ça.
11:16Donc, ça pousse évidemment à l'effondrement psychique.
11:18Le déconstructionnisme, ça, ça joue un grand rôle aussi.
11:21Le déconstructionnisme qui dit, vous savez, vous n'êtes pas vraiment un garçon,
11:25vous n'êtes pas vraiment une fille,
11:26vous devez vous questionner en permanence sur toutes vos identités,
11:29vous ne devez être que des points d'interrogation permanents.
11:32Mais alors, si vous n'avez pas de repère élémentaire,
11:34c'est dans le miroir, quand vous vous regardez,
11:36vous ne savez pas si vous êtes un garçon ou une fille,
11:37c'est que le point de départ de la certitude existentielle vous manque.
11:41Alors, quand je dis tout cela, qu'est-ce que je dis?
11:42C'est que le politique, l'idéologie, conditionne notre psychologie.
11:47Et ça, on a tendance à le sous-estimer.
11:49Mais on le devrait le voir concrètement quand on regarde aujourd'hui
11:52dans les villes occidentales,
11:54quand on voit, par exemple, les hordes de cheveux bleus et de cheveux verts
11:56qui peuvent se promener d'une manière ou de l'autre,
11:58quand on voit de l'autre côté, quelquefois, d'autres hordes très en colère
12:02qui sont sur le mode vengeur,
12:03on voit qu'un type d'humanité nouvelle est produit par cette idéologie.
12:08Il y a ceux qui vivent dans un monde parallèle.
12:09On se dit qu'ils décident de leur sexe,
12:12mais à la fin, ils vont presque décider d'être des licornes s'ils le souhaitent.
12:15Mais je suis une licorne.
12:16Mais moi aussi.
12:18C'est pour ça qu'on se connaît.
12:19Je le savais, Arthur peut-être.
12:21Arthur ne veut pas, il préfère rester jambé.
12:23Je sais bien, une licorne barbu.
12:25Ensuite, il y a aussi un autre élément,
12:26je pense, qui est essentiel pour comprendre
12:28cet effondrement psychique occidental,
12:29l'effondrement esthétique des temps présents,
12:32un environnement architectural moche,
12:35un désir individuel de, sans le dire aussi souvent,
12:38le refus des codes élémentaires de l'élégance aux masculins comme aux féminins.
12:42À travers tout cela, nous avons une société qui nous pousse à l'affaissement,
12:45qui fabrique à bien des égards des désaccés culturellement.
12:48Ne soyons pas surpris ensuite que cette société soit désaxée politiquement.
12:51Est-ce que c'est vraiment au système politique, en revanche, de rendre les gens heureux ?
12:54Surtout pas. Surtout pas.
12:56Dès lors que le politique veut nous rendre heureux, jamais.
12:58Qu'il se contente de nous assurer notre liberté,
13:00comme aurait dit, je crois, Benjamin Constant, si je ne me trompe pas.
13:03Le politique qui veut se faire démiurge est inévitablement destructeur.
13:06Le politique ne doit pas fabriquer une société idéale.
13:09Il doit préserver une société libre.
13:11Il doit s'assurer que les traditions, la culture de cette société puissent être transmises.
13:15Il doit assurer l'indépendance de cette collectivité.
13:17Mais il ne doit pas chercher à nous réparer mentalement.
13:21Il ne doit pas nuire.
13:22Ça serait déjà pas mal s'il le faisait.
13:23Parce que sinon, quelle est l'autre option ?
13:25On le voit aujourd'hui avec la régulation des émotions par l'industrie pharmaceutique.
13:29Ce qui, je trouve, très inquiétant.
13:31Donc, on se dit finalement, plutôt que de penser politiquement, sociologiquement, culturellement,
13:34le rapport entre institutions, culture, idées,
13:37qu'est-ce qu'on voit ?
13:38On voit cette idée qu'on va réguler par la petite pilule, réguler par la molécule.
13:41Et on s'entend, il y a des gens qui ont besoin de molécules.
13:43Ça va de soi, je ne le conteste pas.
13:45Mais plus largement, la diffusion à grande échelle de la molécule
13:48pour être capable de réguler les émotions collectives
13:51dans une société psychiquement effondrée.
13:53C'est l'autre nom d'une forme de tyrannie.
13:55C'est l'autre nom d'une manière de dire
13:56« Ne vous questionnez pas sur ce qui vous rend malheureux.
13:59Prenez la pilule et ça ira mieux. »
14:01Et de ce point de vue, la société rend fou à quelques égards.
14:04C'est ce qu'avait compris Oxley.
14:05Oxley, dans Le meilleur des mondes, avait compris ce monde dans lequel nous vivons.
14:09Et de ce point de vue, je pense que la réponse collective est moins...
14:11Elle est nécessaire, la politique est toujours nécessaire.
14:14Mais la réponse essentielle est une réponse individuelle, à bien des égards.
14:17La possibilité pour chacun de dire
14:18« Je ne consentirai pas à mon propre affaissement. »
14:21Et je terminerai avec une réponse essentielle qui nous vient du parrain.
14:24Ce film remarquable, au tout début,
14:25quand le personnage qui représente Frank Sinatra, en quelque sorte,
14:30ça va pleurer auprès du parrain.
14:31Ça va pleurer auprès du parrain.
14:33Et il lui dit « On ne veut pas de moi, on ne veut pas de moi.
14:35La vie est terrible. Parrain, qu'est-ce que je peux faire ? »
14:37Et le parrain, le gifle méchamment, on ne ferait plus ça aujourd'hui,
14:40en faisant « You can act like a man. »
14:42Tu peux te comporter comme un homme.
14:44Redresse-toi, cesse de pleurer.
14:46Redresse-toi et tu deviendras quelqu'un d'un peu plus fort.
14:48De ce point de vue, c'est Johnny Fontaine le personnage.
14:52C'est quand même pas mal comme conseil.
14:53Merci Mathieu pour ce premier édito.
14:55Arthur Devatrigan, effectivement, c'est intéressant ce que développe Mathieu.
14:58Comment les idéologies politiques peuvent influencer ceux qui y adhèrent.
15:04Il faut reconnaître qu'être de gauche,
15:05c'est quand même s'imposer une charge mentale à ce masque.
15:07On va dire que les mères de famille peuvent aller se réhabiller.
15:11Parce qu'être de gauche, c'est autre chose que de se réveiller la nuit
15:13en disant « Ah zut, j'ai oublié le goûter dans le cartable de Mathéo »
15:16ou « Zut, Myrtille n'a pas pris son bol de quinoa
15:18avant d'aller aux cours de danse. »
15:21Parce que le type de gauche, il porte le sort de l'homme sur ses épaules.
15:23C'est Bruce Foulis qui a lui Deleuze et Foucault en même temps.
15:25Donc forcément, ça fatigue un peu.
15:27Et puis il avance et plus ses yeux commencent à ressembler à celui d'un basset.
15:30Donc il est vraiment très fatigué.
15:32Et donc on pourrait dire, moi je les appelle Léon,
15:33les hommes de gauche, vous pouvez l'appeler Jean-Jacques ou Carlin, si vous voulez.
15:35C'est Léon, vas-y, pense à ta santé, sois un peu moins égoïste.
15:38Je veux dire, occupe-toi de ta voisine, du clochard en bas de chez toi.
15:41Elle lui dit « Ben non, moi je m'occupe du monde entier. »
15:43Et sans exception, même le dernier papou en Nouvelle-Guinée,
15:46il faut que je m'en occupe.
15:47Voilà, c'est comme ça qu'il t'a laissé ma santé,
15:49puis surtout la vôtre, parce qu'au pire, ça c'est pas grave.
15:51Puis comme il n'y arrive pas trop, il monte d'un cran.
15:53Parce que c'est ça aussi l'homme de gauche.
15:54C'est quand on n'y arrive pas, on va encore plus loin.
15:56Donc là, il dit « C'est plus l'homme que je veux sauver,
15:58c'est carrément la planète. »
16:00Donc on y va.
16:01Sauf que là, je ne vous raconte pas ces nuits blanches,
16:02parce que depuis qu'on a supprimé les aides de feu,
16:04l'homme de gauche, ça réveille la nuit en cauchemardant,
16:06en disant « Ah, avec mon ronflement, j'ai explosé mon quota de CO2,
16:10comment je vais faire ? »
16:11Bon, voilà, il n'est pas très bien.
16:13Parce que la qualité première de l'homme de gauche, c'est l'humilité.
16:16Le type, il est humble, il a un seul objectif facile,
16:18c'est « Je vais installer le paradis sur Terre ».
16:20Voilà, ça a toujours été comme ça.
16:21Donc c'est le jardin d'Éden, où il veut que les LGBTs se marraient
16:24avec les islamistes, le Kéfié et la Kippa fassent plus qu'un.
16:27Il y a Emre Caron qui va faire la danse des kangourous,
16:30puis Grottentenberg qui sera présidente de l'univers, pourquoi pas ?
16:33Mais le problème, c'est que pour mettre tout ça en place,
16:35il faut un peu salir la main, parce que vous n'y allez pas
16:36à coup de politesse et s'il vous plaît.
16:38Vous aplanissez le terrain, vous éliminez l'adversaire,
16:40vous dégagez les obstacles.
16:42Bref, comme on dit en Cambodge ou en Vendée,
16:44il n'y a que ceux qui n'ont pas fait la révolution,
16:46qui n'ont pas d'élite de sang sur les mains, si vous voulez.
16:48Et donc parfois, ça dérape en génocide.
16:49C'est un peu le problème.
16:50Donc forcément, ça le fait un peu souffrir.
16:52Et donc là, l'homme de gauche, il y a trois options.
16:54La première, c'est que vous faites tendance d'avoir oublié.
16:56Quoi ? Coménie, les Khmers rouges, brigades rouges,
16:59je ne connais pas, je n'ai jamais entendu parler.
17:00La deuxième, vous allumez des contrefeux,
17:02donc vous débusquez les nazis sur Facebook,
17:04ou dès que vous voyez un type en costume de lin beige,
17:06« Ah, un colon, c'est affreux ! »
17:07Et puis vous en profitez pour lui coller tous vos crimes sur le dos.
17:09Et la troisième, qui est de plus en plus présente aujourd'hui,
17:11c'est de vous assumer.
17:12Alors on peut encore s'appeler communiste, ça ne dérange personne.
17:14Et puis il y en a même qui se tatouent la tête de Robespierre
17:16sur l'épaule ou ailleurs, selon leur goût.
17:18Et puis ils assument tous leurs crimes en disant
17:19« Peut-être qu'il faudrait recommencer,
17:20parce qu'on n'est pas assez loin, forcément. »
17:22Et donc ça le fait un peu souffrir de l'intérieur.
17:24Et là, il souffre encore plus, il devient encore plus dingue,
17:26parce qu'il voit ses enfants qui commencent à le juger.
17:28Il dit « Papa, tu n'as pas tenu ta promesse,
17:30il y a eu encore des barbecues, il y a eu des frontières,
17:32il n'y a pas d'égalité, ça ne va pas. »
17:33Et puis il se fait traiter de centriste, forcément,
17:35il engendrait des monstres.
17:37Et on lui dit « L'égalité, maintenant, on ne veut pas,
17:39on veut une absolution, mais une absolution sans pardon. »
17:41C'est-à-dire que le réel, il est coupable.
17:42Bon, on va abolir le réel, parce que le principe de papa,
17:45c'est qu'il pensait que débarrasser des structures mauvaises,
17:47l'homme, il redeviendrait bon.
17:49Le principe de l'enfant, du papa, c'est
17:51« L'homme, surtout occidental, est mauvais et pervers,
17:53donc on va l'éliminer, et puis on va passer
17:55par rien engendrement, en fait, on rembobine
17:57jusqu'à la création pour se recréer nous-mêmes,
17:58on va se greffer des cheveux bleus au passage,
18:00puis on va s'appeler Yel, et puis comme ça, on fera un homme nouveau. »
18:03Forcément, la tâche, elle est un peu compliquée.
18:05Pourtant, il existe une troisième option, mais ça, ils l'ont oublié,
18:07c'est qu'on peut penser aussi
18:09que nous ne sommes pas à même de réinventer
18:11tous les fondements, qu'on ne sommes pas à l'origine
18:13de toute chose. Alors, c'est moins ambitieux, c'est moins glorieux,
18:15je vous l'accorde.
18:16C'est peut-être concret et terre-à-terre.
18:17On essaie juste de poursuivre gentiment,
18:19d'améliorer petitement ce qui nous a dépassé,
18:22ce qui nous a précédé, et je vous promets
18:23que ça rendra les gens peut-être moins malheureux
18:25et peut-être même heureux.
18:26Au moins, on rend peut-être les gens heureux
18:28grâce à ces conseils d'Arthur Devatrigan.
18:30Le deuxième édito, on en parlait,
18:33cette semaine, la cigarette va être interdite
18:34à partir du 1er juillet dans un certain nombre d'endroits,
18:37parmi ceux-là, les parcs publics.
18:39Alors, évidemment, tout cela se fait au nom de la lutte
18:41contre le tabagisme et pour la santé publique.
18:44Est-ce que c'est une décision de bon sens, Mathieu?
18:47Non. Non, bien sûr que non.
18:49Merci, Mathieu.
18:50J'y vois le signe de la société hygiéniste
18:53telle qu'annoncée dans les années 90,
18:55en 1993, plus précisément,
18:57par Demolition Man, ce film essentiel
18:58avec Célérateur Stallone.
19:00J'y reviendrai.
19:01Mais, donc, la question, évidemment,
19:02que mieux vaut ne pas fumer que fumer.
19:04Ça va de soi.
19:06Personne, ici, ne fait la promotion du tabagisme.
19:08Ça va de soi.
19:08Non.
19:09L'enjeu est autre.
19:10Est-ce que la santé publique
19:12n'est pas en train de nous fabriquer
19:13au nom d'une société
19:14qui apparemment serait parfaitement en santé,
19:16serait sans aucune aspérité,
19:20est-ce qu'on n'est pas, en fait,
19:21devant une idéologie,
19:22un discours qui justifie
19:23un contrôle social
19:25de plus en plus étendu
19:27et qui cherche à créer
19:28une société formalisée,
19:30une société où seront ballis
19:32à peu près tous les plaisirs,
19:33une société où, finalement,
19:34tous les, on pourrait dire,
19:36les plaisirs qui transgressent
19:39les codes de la bonne morale puritaine
19:41des temps présents,
19:42seront interdits.
19:43Est-ce qu'on basculera, par exemple,
19:45comme certains en rêvent,
19:46dans une société sans alcool ?
19:47On le voit chaque année
19:48avec le fameux « Dry January »
19:50auquel répondent,
19:50dans l'autre côté de l'Atlantique,
19:51le février sans alcool,
19:53cette idée que l'alcool est ce poison
19:54dont on doit se garder
19:55et non pas un marqueur de civilisation.
19:58Une société qui se méfie
19:59de la viande chienne,
19:59ou alors qui nous dit
20:02qu'on va plutôt manger
20:02de la viande cellulaire
20:04fabriquée en laboratoire,
20:05ou alors on va s'en détourner
20:07complètement parce qu'apparemment,
20:08que le carnivore serait au seuil
20:10d'un génocide à l'endroit
20:11du monde animal.
20:12Donc on a cette espèce de névrose,
20:14c'est la peur panique
20:15devant le barbecue,
20:16rendue célèbre
20:17par une figure politique
20:18bien connue.
20:19C'est une société
20:19qui, au nom de l'hygiénisme,
20:20veut nettoyer les pensées
20:21et les paroles impures
20:22et qui nomme discours haineux
20:24toute forme de discours
20:26qui contredit le discours officiel,
20:28mais qui voudrait aussi
20:28nettoyer nos émotions.
20:31Il est normal,
20:31de temps en temps,
20:32d'être en colère.
20:32Il est normal
20:33de ne pas aimer quelque chose.
20:34Il est normal
20:34de ne pas aimer certaines personnes.
20:36On n'est pas tous voués
20:37à se aimer dans une forme
20:38de paradis vivant bizarre
20:40où on serait tous frères.
20:41Non, non, non.
20:42Qu'on se respecte comme citoyens,
20:43qu'on se respecte comme individus,
20:44mais on n'a pas tous vocation
20:45à se aimer.
20:46Mais aujourd'hui,
20:46derrière les mots empathie,
20:48empathie, empathie,
20:49bienveillance, bienveillance,
20:49bienveillance,
20:50on veut quelquefois neutraliser
20:51les sentiments fort légitimes
20:52qui peuvent s'exprimer
20:53dans différentes situations.
20:55C'est une société
20:55qui pousse chacun
20:56à se croire victime
20:57de la société
20:57en toutes circonstances.
20:58C'est une société
20:59qui aussi nous incite
21:00à nous méfier
21:01de la passion amoureuse,
21:02de ses complications.
21:03Je pense ici au livre
21:04de Noémie Alioua,
21:05La terreur jusqu'à sous les draps.
21:08Aujourd'hui,
21:08tout ce qui relève
21:09de la passion,
21:10de l'amour,
21:10du désir,
21:10de la sexualité,
21:11on voudrait le cadrer,
21:13le normer,
21:13le neutraliser.
21:15Et c'est une société
21:15qui finalement a peur de la vie
21:16et n'a que la sécurité
21:18à la bouche.
21:18C'est une société
21:19à bien des égards pharmaceutique,
21:20je le disais.
21:21Vous avez cité tout à l'heure
21:22le film Demolition Man.
21:24Quelle société,
21:25justement,
21:25il annonçait ?
21:26Un très grand film.
21:27D'abord et en tout,
21:27je tiens à le redit.
21:28On le redit donc ?
21:291993 s'annonce
21:31à un monde
21:31qui est autour de 2020,
21:32je crois,
21:322030,
21:33quelque chose comme ça.
21:34Alors,
21:34c'est une société,
21:35par exemple,
21:35sans viande
21:36et où d'ailleurs,
21:36l'alimentation se tient
21:37essentiellement de mémoire
21:38avec des petites pilules
21:39qu'on ingère
21:40pour avoir la bonne dose
21:41de protéines,
21:42de vitamines,
21:42de ci,
21:43de ça.
21:43C'est un ennui mortel.
21:45C'est une société
21:46où lorsque les gens
21:46s'accouplent,
21:47parce qu'apparemment
21:47qu'il faut encore
21:48de temps en temps
21:48s'accoupler pour l'espèce humaine,
21:49normalement,
21:49ils le font sans fluide.
21:51Si je me rappelle
21:52du visage terrifié
21:53de Sarah Bollock,
21:54Sandra Bollock,
21:55lorsque Silver Star Stallone
21:56veut l'embrasser,
21:57et là,
21:58il dit,
21:58ah,
21:58des fluides,
21:59oh,
21:59l'horreur des fluides.
22:00Donc,
22:00il y a cette idée,
22:01donc là,
22:01ils doivent se connecter
22:03par des casques
22:03de connexion psychique
22:04pour se désirer
22:05sans se toucher.
22:06On y arrivera bientôt.
22:07Je vous épargne
22:08la scène des coquillages,
22:09mais même dans le traitement
22:10des matières organiques,
22:10on a trouvé une manière
22:11d'être absolument hygiénique.
22:13C'est une société
22:14très autoritaire,
22:15par ailleurs,
22:16totalitaire,
22:16qui se croit
22:17la meilleure sur Terre.
22:18C'est une société qui,
22:19ah oui,
22:19quand vous avez une mauvaise pensée,
22:20une mauvaise expression,
22:21une formule injuste,
22:22vous avez une contravention
22:23qui arrive immédiatement,
22:24vous avez utilisé
22:24un mot interdit,
22:25vous avez eu une pensée
22:26interdite,
22:27sanction.
22:28C'est une société
22:28qui a cru bannir la violence,
22:30mais qui la retourne
22:31dans les faits
22:31contre ses membres
22:32pour les transformer
22:33en petits tourçons
22:34aseptisés insignifiants.
22:36Mais c'est une société
22:37qui,
22:37dans ses catacombes,
22:38dans ses sous-sols,
22:39il y a encore des gens
22:40qui y vivent,
22:40et qui vivent, eux,
22:41dans la transgression permanente.
22:43Donc,
22:47aura devient quelque chose.
22:48Pourquoi pas ?
22:48C'est peut-être mieux
22:49que le quinoa pour certains.
22:50C'est sûr.
22:51Mais quoi qu'il en soit,
22:52on voit cette espèce
22:53d'une société qui,
22:54parce qu'elle est aseptisée
22:55totalement,
22:56provoque dans ses sous-sols
22:57de l'outrance,
22:58de l'outrance,
22:59de la transgression
22:59à tout prix,
23:00car on ne comprime pas
23:01totalement la nature humaine.
23:03Toujours,
23:03elle ressort quelque part.
23:05Ça me fait penser d'ailleurs
23:05au lien avec les pays communistes,
23:07ne les oublions pas,
23:08où il fallait bannir
23:08la foi et la propriété,
23:10mais les hommes prient encore
23:11et se réfugient
23:12dans le marché noir.
23:12Merci Mathieu-Arthur de Vatrigan.
23:14Effectivement,
23:15il y a l'enjeu
23:16de santé publique
23:16qui n'est pas question
23:17de remettre en cause,
23:18mais on voit aussi
23:19tous les interdits
23:21ou les tendances aux interdits.
23:22On commence à nous dire
23:23effectivement de manger
23:24un peu moins de viande,
23:25de ne pas trop faire ceci,
23:26de ne pas trop voyager,
23:27de ne pas consommer ceci,
23:28de ne pas consommer cela.
23:29Il y a des petites contraintes
23:30comme ça qui nous arrivent dessus.
23:31Déjà que le fumeur
23:32était contraint
23:33de faire le trottoir
23:34pour pouvoir fumer,
23:34même ça on lui interdit aujourd'hui.
23:37Alors sur le principe,
23:38ça se discute,
23:38mais j'ai quand même
23:39le sentiment que l'État
23:40ne cesse d'élargir
23:41le champ des interdictions.
23:43Je ne suis pas certain
23:44que la société aille mieux.
23:45Je pense même
23:45que ça va être pire en pire.
23:47C'est à l'heure
23:47de changer la face du monde.
23:49Sur les enfants,
23:50je pense qu'il y a
23:50d'autres menaces
23:51que la fumée.
23:52Par exemple,
23:52le dealer au coin de l'école
23:54ou le QTF du coin,
23:55ça ne fait un peu plus peur
23:56qu'une fumée.
23:58Fumer tue,
23:58ça on l'aura compris,
24:00mais le propriétaire
24:01de Machette aussi est tue.
24:02Donc règlons d'abord
24:03ce problème-là.
24:04Et puis je pense
24:04qu'il y a une dérive
24:04un peu plus profonde,
24:05c'est que les préoccupations
24:07humaines sont quand même
24:08considérablement rétrécies
24:09et au point que
24:10ce qui l'intéresse maintenant
24:12et ce qui est organisé,
24:13ce qui organise la société,
24:14c'est la santé.
24:15On l'a vu évidemment
24:16pendant le Covid,
24:17c'était l'apothéose.
24:19Et on sait qu'il y a
24:20quand même dans tout homme
24:20et surtout dans tout gouvernement
24:22un désir de contrôle.
24:23Or, qu'est-ce qu'il y a
24:24plus docile qu'une population
24:26dont la seule préoccupation
24:27est la santé ?
24:28Il n'y en a pas
24:28et on l'a vu pendant le Covid
24:29où on a été
24:30une majorité de personnes
24:31dont je le rappelle
24:32fait des auto-attestations
24:33pour pouvoir sortir.
24:35On va marquer une pause
24:37évidemment dans ce Face à Bocoté.
24:39On revient d'ici
24:39quelques petites secondes
24:41avec Philippe Val,
24:42je vous le disais pour son ouvrage
24:43La gauche et l'antisémitisme.
24:44A tout de suite.
24:48De retour pour Face à Bocoté.
24:50Mathieu, ce soir,
24:51vous avez choisi de recevoir
24:52Philippe Val.
24:53On va rappeler évidemment
24:54le livre La gauche et l'antisémitisme
24:56aux éditions de l'Observatoire.
24:58Mathieu, pourquoi avoir choisi
24:59de le recevoir ce soir ?
25:00Parce que cette question
25:01est essentielle,
25:02c'est le moins qu'on puisse dire.
25:03Et c'est une question
25:03trop souvent tue
25:04ou laissée dans les marges
25:05du débat public
25:06et il est nécessaire
25:07d'y revenir pour comprendre
25:08en fait comment l'antisémitisme
25:09dans nos sociétés
25:10arrive ou revient
25:11ou posera la question.
25:12Philippe Val, bonsoir.
25:13Bonsoir Mathieu.
25:14Alors, question première,
25:15justement sur la bonne manière
25:16de nommer les choses.
25:18Certains disent
25:18l'antisémitisme revient.
25:21D'autres diraient plutôt
25:22l'antisémitisme arrive
25:23de l'extérieur.
25:24Laquelle des deux formules
25:25vous semble la plus adéquate ?
25:27Je pense que l'antisémitisme
25:28ressurgit, je dirais.
25:30Parce qu'au fond,
25:31il n'a jamais vraiment disparu.
25:33Il a des hauts et des bas.
25:35Alors, pour l'extrême droite catholique,
25:37ça s'est gâté pour eux
25:38à partir de Vatican II
25:39en 1964
25:40puisque dans la religion catholique,
25:42maintenant, l'antisémitisme
25:43est un péché.
25:44Donc là, il y a quelque chose
25:47qui est devenu groupusculaire,
25:49pas anecdotique,
25:51c'est jamais anecdotique,
25:52mais quand même très groupusculaire
25:53est très marginal.
25:54L'antisémitisme de gauche,
25:56lui, il a prospéré,
25:57il a prospéré très vite
25:58après la Seconde Guerre mondiale,
26:00bien que, entre-temps,
26:03tout le monde ait pu prendre connaissance
26:05de l'extermination des Juifs d'Europe
26:07par les nazis.
26:08C'est néanmoins,
26:09au moment du complot des blouses blanches,
26:11notamment l'assassinat des médecins juifs
26:13en Union soviétique par Staline,
26:14c'est à ce moment-là
26:16que nos grands intellectuels,
26:19certains de nos grands intellectuels,
26:21dominant la vie intellectuelle française,
26:23se sont tus.
26:24D'habitude, ils sont très bavards,
26:25mais là, ils n'ont rien dit.
26:27Ils n'ont vraiment rien dit, quoi.
26:28C'est hallucinant,
26:29cette pariée extérieure.
26:30Il ne fallait pas faire le jeu
26:31des ennemis de l'Union soviétique.
26:32Il ne fallait pas faire le jeu
26:33de la bonne cause,
26:35celle des travailleurs,
26:36donc il ne fallait pas faire le jeu de ça.
26:38Et par la suite,
26:42il y a eu le soutien indéfectible
26:44de cette même partie du monde intellectuel
26:47à la faction la plus radicale
26:49des indépendantistes algériens,
26:51la garde d'indépendance d'Algérie.
26:53Le FNL a eu le soutien inconditionnel
26:58de cette partie de la gauche.
27:01Alors, la cause était évidemment justifiée,
27:04mais certainement pas,
27:05au point de se taire là aussi
27:07sur les accointances
27:08violemment antisémites du FLN,
27:11qui étaient payées à l'époque
27:12financées par le banquier Genoux,
27:14qui était l'exécuteur testamentaire
27:17de Hitler et de Goebbels,
27:19mine de rien, c'est quand même lourd,
27:21et financier régulier de Vergès,
27:24qui était proche
27:27à cette époque-là
27:28de Sartre et de la bande
27:29après-guerre.
27:31Donc, cet antisémitisme a prospéré,
27:33et puis,
27:34les luttes anticoloniales
27:36s'étant asséchées,
27:40faute de colonies,
27:41la dernière colonie au monde
27:42sur laquelle ils ont pu planter
27:44leur regard,
27:46c'était Israël.
27:48Donc, ils ont pris fait et cause
27:50pour le peuple palestinien,
27:52beaucoup d'entre eux auraient eu du mal
27:54sans doute à situer la Palestine
27:56sur la carte,
27:56mais enfin bon,
27:57et ils se sont rangés du côté
28:00des Palestiniens
28:01par haine de l'État d'Israël
28:04et par solidarité
28:06avec leurs anciens amis
28:08arabes,
28:09algériens,
28:10notamment,
28:11le pouvoir algérien,
28:12le pouvoir égyptien,
28:14violemment antisémites,
28:15et ils se sont rangés
28:18du côté des Palestiniens
28:19dès 1972,
28:21au moment de l'assassinat
28:22des athlètes israéliens
28:24aux Jeux olympiques.
28:26Sartre et Dwy Plenel,
28:27bon, c'est un peu anecdotique,
28:29Dwy Plenel,
28:30mais enfin,
28:30Sartre, c'était important,
28:32avait approuvé
28:34cette utilisation du terrorisme
28:36contre Israël.
28:39Après,
28:40suite à la grosse colère
28:42de Claude Lanzmann,
28:43très proche de Sartre,
28:44Sartre a fait machine arrière,
28:46a accepté de faire
28:47un voyage en Israël,
28:48mais néanmoins,
28:49cette gauche radicale
28:51a continué
28:52à prospérer
28:55avec son antisémitisme
28:56jusqu'à aujourd'hui
28:57de façon spectaculaire.
28:59Alors,
29:00vous dites cette gauche radicale,
29:01mais est-ce qu'on ne pourrait
29:02pas étendre le propos
29:03parce qu'une partie
29:04de la gauche modérée
29:05accepte désormais
29:06de s'allier
29:07avec cette gauche radicale
29:09en traitant l'antisémitisme,
29:11permettez l'image
29:11comme un point de détail.
29:12Donc,
29:13l'antisémitisme
29:13ne compte pas
29:14si l'union de la gauche
29:15l'exige.
29:16C'est vrai.
29:17Et en réalité,
29:19je pense que cette gauche radicale,
29:21cette gauche modérée,
29:23pardon,
29:24c'est parce que
29:24c'est son inexistence
29:26qui l'a conduit
29:27à s'allier
29:28avec la gauche radicale.
29:31C'est parce qu'elle n'existait plus
29:32comme une force politique.
29:33Parce que tant qu'elle a existé
29:34comme une force politique,
29:36avec Rocard,
29:37par exemple,
29:38elle a toujours été
29:39exempte
29:40de tout antisémitisme.
29:41Et d'ailleurs,
29:42c'est intéressant
29:42parce que dès la...
29:44Je pense que la gauche antisémite
29:47est toujours liée,
29:50je veux dire,
29:51d'une façon génétique,
29:52à la terreur,
29:53à l'épisode.
29:54Pour cette gauche-là,
29:56la révolution française
29:57commence en 92
29:58avec les massacres de septembre
30:00et s'arrête
30:01à la chute de Robespierre.
30:03Et c'est cette gauche
30:04pour laquelle cette période
30:05est référente,
30:06cette gauche qui va,
30:07au 19e siècle,
30:08prospérer
30:10avec des penseurs
30:11à nard
30:12comme Proudhon
30:13ou des gens comme ça
30:14et Blanqui,
30:16qui sont tous antisémites,
30:18qu'on va retrouver
30:18au moment de l'affaire Dreyfus
30:20anti-Dreyfusard.
30:21C'est une gauche
30:21anti-Dreyfusard.
30:23Et c'est cette gauche encore
30:25qui va quitter
30:25la gauche
30:26de Léon Blum
30:27en 1920.
30:28C'est toujours
30:29cette même gauche
30:30qu'on va retrouver
30:31en 1930
30:32qui va quitter de nouveau.
30:33Il y a une fracture
30:35encore à gauche
30:36qui va créer
30:37le Parti Populaire Français
30:39avec Doriot
30:40qui avait une relation
30:43camicale avec Lénine.
30:45Donc il ne venait pas
30:45vraiment de l'extrême droite
30:47Doriot.
30:47C'était vraiment
30:47un type de gauche
30:48qui est parti par la gauche
30:49et on le retrouve
30:50comme persécuteur des Juifs
30:51dans la France de Vichy
30:54dix ans plus tard.
30:55Donc là,
30:56une longue histoire
30:57indéfective,
30:58intimement liée,
30:59génétiquement liée
31:00puisque Marx lui-même
31:01qui était d'origine juive
31:03mais d'une famille
31:04convertie au protestantisme
31:06luthérien,
31:06lui-même très antisémite,
31:09ce protestantisme-là,
31:10en tous les cas luthère.
31:12Marx a écrit
31:13son premier essai important
31:15sur la question juive
31:16qui est un essai antisémite
31:18où il dit
31:19le seul dieu des Juifs
31:21c'est l'argent, etc.
31:22Donc il invente
31:24en quelque sorte
31:25une nouvelle,
31:27une résurrection
31:28de l'antisémitisme.
31:29L'antisémitisme religieux
31:31va prendre bientôt fin.
31:32C'est un antisémitisme
31:33politique
31:34qui prend le relais
31:35avec ses penseurs
31:36du 19ème.
31:37Arthur de Matrigan.
31:38Alors vous dites
31:39que pour expliquer
31:40pourquoi la gauche
31:41dite modérée
31:42s'allie avec la gauche radicale,
31:44c'est parce qu'ils sont
31:45inexistants.
31:46Alors que penser
31:47d'Emmanuel Macron
31:48qui refuse de se rendre
31:49à la marche contre l'antisémitisme ?
31:50Que penser
31:51de l'extrême centre
31:52qui s'allie avec
31:52le NFP ?
31:54Donc pas directement
31:55avec LFI
31:56mais avec des gens de gauche
31:57qui sont alliés
31:58avec LFI ?
31:59A l'époque on savait déjà
32:00qu'il y avait
32:00des incointances
32:02avec les antisémites
32:03en France.
32:03Alors comment expliquer ça ?
32:04Parce que la raison
32:05c'est pas qu'ils sont
32:05inexistants
32:06vu qu'ils sont au pouvoir.
32:06Oui mais en même temps
32:07des gens comme Cazeneuve
32:09ou comme Valls
32:10viennent de cette gauche
32:11rocardienne
32:12et sont des militants
32:14de la cause juive.
32:18Mais ils sont inexistants
32:18pour le coup.
32:19Alors oui
32:19bien sûr politiquement
32:21mais ceux qui sont
32:22alors pourquoi ?
32:23Ils ont la grande alliance
32:24qui va de Manuel Valls
32:25à Jean-Luc Mélenchon ?
32:26Pardonne-moi Gabriel Attal.
32:29Est-ce que Gabriel Attal
32:31je pense pas
32:31qu'il soit soupçonnable
32:33mais en revanche
32:34il y a quelque chose
32:36de dégradé
32:38comme un dégradé
32:39en peinture
32:39parce que
32:41la pensée de gauche
32:43a été
32:44cette pensée de gauche
32:45radicale
32:45qui a été très forte
32:46à l'université
32:47très forte dans la formation
32:48des élites
32:49a dépeint
32:50d'une certaine façon
32:51sur des gens
32:53qui sont pas antisémites
32:55mais qui sont compatibles
32:56avec l'antisémitisme.
32:57Or le vrai danger
32:58dans une société
32:59ce n'est pas l'antisémite
33:01avec son bonnet d'âne
33:02et puis son panneau
33:03antisémite
33:04marqué sur la poitrine.
33:05C'est pas lui
33:05qui est dangereux.
33:06Celui qui est dangereux
33:07c'est ce qui est compatible
33:08avec l'antisémitisme.
33:09C'est pour ça que je pense
33:10que Macron a fait une erreur
33:11très grave
33:12une erreur européenne
33:14je pourrais dire
33:15une faute
33:15contre la culture européenne
33:17quand il a refusé
33:17de défiler
33:18de se joindre
33:19dans la manifestation
33:20contre l'antisémitisme.
33:21Je pense qu'il a fait
33:22une faute grave
33:22je pense profondément à cela.
33:24Mais je me permets
33:25de prendre le relais
33:25de ce que dit Arthur
33:26à propos de l'extrême-centre
33:27parce qu'on a évoqué
33:28la gauche
33:28l'extrême-centre
33:29au moment des dernières
33:30législatives
33:31dit c'est notamment
33:32au nom de la lutte
33:32contre l'antisémitisme
33:33prêtée au Front National
33:35au Rassemblement National
33:36qu'il faut s'allier
33:37avec LFI
33:38à qui on lui reprochait
33:41depuis des mois
33:42on l'accusait
33:43de complicité antisémite
33:44c'est-à-dire
33:45des reproches publiques
33:46et là soudainement
33:46ça ne comptait plus
33:47à cause d'un antisémitisme
33:48apparemment ontologique
33:49et profond
33:50mais dissimulé au RN
33:51j'essaie de comprendre
33:52le raisonnement.
33:53Oui il n'y a rien
33:54à comprendre
33:54quand on a un but
33:57on trouve des arguments
34:00non pas pour que ce but
34:02parce que le but est juste
34:03parce que le but
34:04doit être défendu
34:05donc on a des arguments
34:06on a des arguments
34:07pour une conclusion fausse
34:09on trouve des arguments brillants
34:10et je pense que c'est très grave
34:13parce que
34:14ce que nous aimons
34:17appelons ça
34:19l'esprit européen
34:20c'est l'esprit
34:21des lumières
34:22de la grande culture européenne
34:23l'Europe de Platon
34:27de la Bible
34:28de Homer
34:29de Shakespeare
34:29de Montaigne
34:30de Mozart
34:31de Freud
34:32de Proust
34:33de tout ce que vous voulez
34:34c'est ce grand esprit européen
34:36il est profondément
34:38judéo-chrétien
34:39et quand on s'attaque
34:40aux juifs
34:40on s'attaque
34:41enfin
34:42quand l'Europe
34:43devient antisémite
34:44elle se suicide
34:45parce qu'elle est faite
34:46en partie
34:48de cette culture juive
34:49qui s'est hybridée
34:50indéfectiblement
34:51et pour toujours
34:52avec l'esprit européen
34:54donc quand on y touche
34:55on touche
34:56à ce qui fait peut-être
34:57notre bonheur
34:58sans le savoir
34:59c'est-à-dire notre liberté
35:00d'aller et de venir
35:00le respect qu'on peut avoir
35:01les uns envers les autres
35:02cette espèce de politesse
35:04de culture
35:05qui rend
35:05le bonheur
35:06en quelque sorte possible
35:07et quand on touche
35:09à ça
35:10on touche
35:11à notre perte
35:11d'ailleurs
35:12un des grands leaders politiques
35:14qui a touché à ça
35:15c'est Hitler
35:15Hitler avait une haine profonde
35:17de cette Europe judéo-chrétienne
35:19et on a vu le résultat
35:20donc
35:20on doit se méfier
35:22de l'antisémitisme
35:23c'est pas un racisme
35:23comme les autres
35:24le racisme
35:26qui n'aime pas
35:28des gens
35:29nouveaux venus
35:30dans un pays
35:31qui est un rejet
35:32presque instinctif
35:34qui date
35:34de tous les siècles
35:35et qui ensuite
35:36s'arrange
35:37parce que les gens
35:38s'intègrent
35:39les gens
35:39ou qui n'aiment pas
35:40les gens
35:40qui sont dans ce pays
35:41depuis toujours
35:41sont le mode
35:42du racisme anti-blanc
35:43aujourd'hui
35:43oui bien sûr
35:44bon
35:44mais l'antisémitisme
35:46c'est autre chose
35:47c'est une haine de soi
35:48c'est un suicide
35:49c'est le suicide
35:50de ce qui nous
35:51de ce qui nous rend
35:52peut-être meilleurs
35:53que les autres
35:53parce qu'au fond
35:54attends
35:55est-ce que c'est un péché
35:56est-ce que c'est d'une faute
35:57de dire qu'en Europe
35:59on vit mieux qu'ailleurs
36:01on vit mieux qu'ailleurs
36:02en Chine
36:04dans des pays
36:05d'Asie
36:06dans des pays
36:07d'Amérique du Sud
36:08on vit mieux
36:09la vie est plus douce
36:10les gens sont plus libres
36:11le corps de chacun
36:12d'entre nous
36:12est plus respecté
36:14alors c'est pas des pays parfaits
36:15mais c'est mieux
36:16on a accès
36:17vous voyez donc
36:18quand l'antisémitisme
36:20quand le vent d'antisémitisme
36:21souffle
36:22c'est tout ça
36:22qui est menacé
36:24Arthur de Batrigan
36:24alors vous dites
36:25l'antisémitisme
36:27est un suicide
36:27parce qu'on a des racines
36:28qui sont ancrées profondément
36:29et donc on parlait aussi
36:30de culture
36:31mais dans ce cas là
36:31on pourrait dire
36:32c'est pareil pour la chrétienté
36:34c'est pareil pour le catholicisme
36:35pourtant ça a été
36:37mais ça n'existe plus aujourd'hui
36:39alors vous savez
36:40quand Giscard d'Estaing
36:41en 2005
36:42a voulu mettre en préambule
36:44du traité constitutionnel
36:45européen
36:46les racines judéo-chrétiennes
36:48tout le monde a gueulé
36:49moi-même à l'époque
36:50je disais
36:50oui bon pourquoi allumer
36:51cette querelle
36:52je pense que j'ai eu tort
36:54je pense que j'ai eu tort
36:55parce que c'est nier
36:56une évidence
36:57et la politique
36:58ne doit jamais
36:59nier l'évidence
37:00les racines de l'Europe
37:01sont judéo-chrétiennes
37:03c'est comme ça
37:03et le christianisme
37:05vient du judaïsme
37:06profondément du judaïsme
37:08et vient aussi profondément
37:09de la culture grecque
37:13puisque les premiers évangélistes
37:15étaient des lecteurs de Platon
37:17voilà
37:18alors vous parlez du rapport
37:20entre la gauche
37:21et l'antisémitisme
37:21c'est le coeur de votre ouvrage
37:22mais on pourrait dire
37:23que cet antisémitisme de gauche
37:25serait aujourd'hui
37:25sans troupe
37:26s'il ne trouvait pas
37:27dans certains quartiers
37:28qu'on dit
37:29marqués par l'islamisme
37:30des troupes nouvelles
37:31qui s'enthousiasment
37:32pour cette passion
37:33quand on dit par exemple
37:34certains accusent
37:35les filles en disant
37:35ils ont un antisémitisme cynique
37:37on nous dit
37:39en gros
37:39eux-mêmes ne le seraient pas vraiment
37:41mais ils prêtent
37:42un antisémitisme réel
37:43à une certaine population
37:44et dès lors
37:44on va jouer sur cet affect
37:45de ce point de vue
37:46est-ce qu'on peut détacher
37:47complètement
37:48l'antisémitisme
37:49des transformations
37:51démographiques de l'Europe
37:52non
37:53évidemment non
37:54je ne pense pas
37:56que l'antisémitisme
37:57de cette gauche
37:57soit cynique
37:58je pense qu'il est sincère
37:59et
38:00le lien
38:03avec
38:04une partie
38:05de l'immigration
38:06musulmane
38:07qui viennent de pays
38:09où la culture
38:10une partie des gens
38:12sont profondément
38:13antisémites
38:14pour des raisons religieuses
38:15et ensuite politiques
38:16parce que
38:16c'est vrai
38:17que leurs gouvernants
38:18se sont engagés
38:19d'une façon solidaire
38:23bien que n'y mettant
38:24pas trop les mains
38:25dans le conflit
38:26israélo-palestinien
38:26contre Israël
38:27parce qu'il y a une chose
38:28qu'il faut voir
38:29c'est que
38:29le premier antisémitisme
38:31religieux
38:31les écrits polyniens
38:33etc
38:34une partie
38:35même des évangiles
38:36et tout ça
38:37a été remis en cause
38:38par Vatican II
38:39je le répète
38:39et c'est très important
38:41mais
38:41l'antisémitisme religieux
38:43a commencé à reculer
38:44pour faire place
38:46à l'antisémitisme
38:46politique
38:47idéologique
38:48au 19ème siècle
38:49avec
38:50une partie
38:51de la gauche
38:51et de l'extrême droite
38:53de l'ultra-nationalisme
38:55catholique
38:55de cette époque-là
38:56et ensuite
38:57après la seconde guerre mondiale
38:59l'antisémitisme
39:00étant quelque chose
39:00d'indicible
39:01d'inavouable
39:03il s'est transformé
39:05en antisémitisme
39:06géopolitique
39:07il n'est plus
39:08ni religieux
39:09ni idéologique
39:10mais géopolitique
39:11le juif
39:12l'allemand juif
39:14l'anglais juif
39:14le français juif
39:15l'italien juif
39:16il est connu
39:17pour comptable
39:18des crimes supposés
39:20de l'état d'Israël
39:21et c'est toujours
39:22le même antisémitisme
39:23avec un déguisement différent
39:25plus moderne
39:26plus acceptable
39:27puisque
39:28si on arrive à convaincre
39:30que la cause politique
39:31d'Israël
39:32est une mauvaise cause
39:33à ce moment-là
39:33tous les juifs font tort
39:34c'est un raisonnement
39:38typiquement antisémite
39:40puisque
39:41ce qui
39:42ce qui définit
39:43souvent l'antisémite
39:45c'est qu'il a
39:46c'est qu'il a
39:46une tendance incroyable
39:47et ça c'est Orwell
39:48qui disait ça
39:49à croire n'importe quoi
39:50l'antisémitique
39:52l'antisémite
39:52c'est celui
39:53qui croit n'importe quoi
39:54voilà
39:54il y a un truc comme ça
39:55qui est typique
39:56de l'antisémitisme
39:57alors c'est une question
39:58qui revient souvent
40:00dans l'analyse
40:00de la chose aujourd'hui
40:01c'est la nazification
40:02de l'état d'Israël
40:03donc est-ce qu'on peut
40:04considérer qu'aujourd'hui
40:05le point culminant
40:06de cet antisémitisme
40:07consiste en fait
40:08à nazifier l'état d'Israël
40:10en disant qu'il reproduit
40:11les crimes
40:12du troisième Reich
40:13et pire encore
40:13il les reproduit
40:14sachant qu'il les reproduit
40:16ce qui le rendra encore
40:16plus coupable
40:17que le troisième Reich
40:18et ça ce discours-là
40:19est-ce qu'il n'est pas présent
40:20au-delà même
40:21de la gauche radicale
40:22est-ce qu'il ne flotte pas
40:23un peu dans le débat public
40:24jusqu'à maintenant
40:25non
40:26il ne flottait pas
40:27dans le débat public
40:27évidemment
40:30ce que vous décrivez
40:31a été très bien dénoncé
40:33et très bien analysé
40:35par Jean Kélévitch
40:36dès le milieu
40:37des années 70
40:38cette nazification
40:40du juif
40:41qui est un tour
40:43de passe-passe
40:44monstrueux
40:45parce que c'est
40:46quelque part
40:46vouloir que ça recommence
40:49parce qu'on sait très bien
40:52celui qui dit ça
40:53sait qu'il dit n'importe quoi
40:54on a assez répété
40:56et répété
40:57et montré
40:58que le nazisme
41:00et l'extermination
41:00des juifs d'Europe
41:01avaient sa spécificité
41:03tout le monde sait
41:03qu'il y a une spécificité
41:04qui n'a rien à voir
41:05avec une guerre
41:06de territoire
41:08interminable
41:10comme celle d'Israël
41:11et des palestiniens
41:13donc on sait très bien
41:14que c'est faux
41:14mais on y croit
41:15on veut y croire
41:16parce que c'est un moteur
41:18c'est une motivation
41:19c'est absolument
41:21il faut combattre ça
41:22il faut le combattre
41:23pied à pied
41:23ça ne flotte pas encore
41:26ça ne flotte pas encore
41:27dans l'air
41:27comme vous le dites
41:28mais quand on accuse
41:29Israël de pratiquer
41:29un génocide
41:30pas crime de guerre
41:32moi je peux entendre
41:33crime de guerre
41:34je peux entendre
41:34la guerre est absolument
41:35en troce
41:35je peux entendre
41:36la stratégie désastreuse
41:37de Netanyahou
41:38tout ça j'entends
41:38mais génocide
41:40c'est autre chose
41:40génocide
41:41la nazification
41:42commence avec ce terrain
41:42inaudible
41:43la nazification
41:44commence avec génocide
41:45absolument
41:46et ça
41:46c'est quelque chose
41:48évidemment
41:49de totalement inacceptable
41:50inacceptable
41:51parce que c'est faux
41:52quelle que soit
41:53la barbarie de cette guerre
41:55ce n'est pas cela
41:56on sait très bien
41:57il y a eu des génocides
42:00c'est exact
42:00après la seconde guerre mondiale
42:02il y a eu
42:02au Cambodge
42:03il y en a eu
42:04au Rwanda
42:06bien évidemment
42:07mais là
42:08il s'agit tout à fait
42:09d'autre chose
42:10et
42:11jusqu'à maintenant
42:12vous avez raison
42:14peut-être que
42:16commence à flotter
42:17dans l'air
42:17une banalisation
42:18de ces fables
42:20qui sont
42:20une fois de plus
42:21les fables
42:22qui vont conduire
42:23à notre propre suicide
42:24si nous n'arrêtons pas
42:26cette folie
42:27cette popularisation
42:28de ces idées-là
42:30par LFI
42:31qui a encore
42:32malgré
42:32bien que tous
42:34les grands intellectuels
42:35qui peut-être
42:36disaient des choses
42:38extrêmement erronées
42:39mais les disaient
42:40avec énormément
42:41d'intelligence
42:42ces grands intellectuels
42:43aujourd'hui sont morts
42:44Barthes
42:45Foucault
42:46Deleuze
42:47d'autres
42:49Sartre
42:49ils sont tous morts
42:50aujourd'hui
42:50on a
42:51Sandrine Rousseau
42:52Mathilde Panot
42:54c'est pas la même chose
42:55c'est pas le même niveau
42:57donc néanmoins
42:58il y a
42:59dans l'université
43:00notamment
43:01et dans certains
43:02grands médias
43:03une tendance
43:05à se rendre
43:07compatible
43:07avec cette
43:09antisémitisme
43:09et à flirter
43:11avec ces notions
43:12de génocide
43:13et de nazification
43:14des juifs
43:14et ça
43:15c'est extrêmement grave
43:16quand on voit
43:17par exemple
43:18certains articles
43:19qui ont été publiés
43:20par Le Monde
43:21depuis le 7 octobre
43:22il y a de quoi
43:23s'effrayer
43:24parce que
43:25évidemment
43:25Le Monde
43:26n'est pas
43:26un journal
43:27nazi
43:28antisémite
43:29ni rien de tout ça
43:30le Monde
43:30est tendancieux
43:31il est extrêmement
43:32tendancieux
43:33et ce qui est
43:34sur ces questions-là
43:35certains articles
43:36sont
43:37à mon sens
43:38inacceptables
43:39d'autant plus
43:40inacceptables
43:40qu'ils sont
43:41ils donnent
43:42ils donnent un là
43:44de ce qu'il faut
43:45penser
43:45alors
43:47l'audiovisuel public
43:49pense
43:50selon Le Monde
43:51beaucoup de médias
43:52pensent
43:53selon Le Monde
43:54Libé pense
43:55selon Le Monde
43:56mais ça fait beaucoup
43:57ça fait beaucoup
43:58parce que
43:59ça veut dire
43:59qu'une partie
44:00de l'université
44:00pense
44:01selon Le Monde
44:02et une partie
44:02de l'université
44:03ce sont les élites
44:04une dernière question
44:05pour un soir
44:06de Matrigan
44:06donc vous avez dit
44:07qu'il y a une gauche
44:08qui est sincèrement
44:09de ses mythes
44:10vous avez
44:10une autre
44:11grande partie
44:12des proxys
44:13on va appeler ça
44:13comme ça
44:13qui sont compatibles
44:14qui va donc
44:14de l'extrême centre
44:15à l'extrême gauche
44:16qui aujourd'hui
44:17le parti rempart
44:18contre le symétisme
44:19en France
44:19qui aujourd'hui
44:20le parti rempart
44:21je pense que
44:23les français
44:25alors je parle
44:26les français
44:27pourquoi j'en parle
44:28d'abord parce que
44:29j'ai passé 25 ans
44:30de ma vie
44:30à sillonner la France
44:31dans tous les sens
44:32petites grandes villes
44:34moyennes villes
44:34villages
44:35j'ai connu des gens
44:36partout
44:36et je peux dire
44:39vraiment que
44:39ce pays
44:40n'est pas un pays
44:41antisémite
44:42profondément
44:42la France
44:43n'est plus
44:43un pays antisémite
44:44c'est le pays
44:45où Dreyfus a gagné
44:47les juifs sont
44:47chez eux
44:48c'est leur pays
44:49c'est le pays
44:51voilà
44:51ils ont
44:52il y a quelque chose
44:53qui déteste
44:55l'antisémitisme
44:55je vais en vacances
44:57dans un village
44:58où pendant la guerre
44:59ils ont sauvé
45:01autant de juifs
45:02que d'habitants
45:02j'ai bien connu
45:04enfin bien connu
45:04j'ai eu la chance
45:05de connaître
45:06Raymond et Lucie Aubrac
45:07qui m'ont raconté
45:08que pendant la guerre
45:08ils étaient traqués
45:09par la Gestapo
45:10ils ont toujours trouvé
45:11des français de souche
45:13comme on dit
45:14pour les cacher
45:15dans toute la France
45:16ils ont été cachés
45:17qui m'ont raconté
45:19pour les cacher
45:19qui m'ont raconté
45:21pour les cacher

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