- 27/05/2025
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00:00Comment un pays qui a ses racines chrétiennes peut-il adopter cette loi qui aide à mourir ?
00:00:07Pauvre France qui perd son identité chrétienne.
00:00:10C'est un tweet que je lis à l'instant de Joker, qui est un fidèle de Face à l'info.
00:00:15On en parle dans un instant. D'abord, bonsoir à tous et bonsoir ma belle Sandra.
00:00:19Bonsoir, bonsoir à tous. Les députés français, vous le disiez, ont voté en faveur du droit à l'aide à mourir.
00:00:26305 voix pour, 199 contre. Cette réforme sociétale majeure franchit une étape décisive depuis 2022.
00:00:34La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, espère qu'elle sera enterrée avant la présidentielle de 2027.
00:00:39Plus tôt, l'Assemblée nationale a approuvé à l'unanimité un texte sur les soins palliatifs.
00:00:44François Bayrou demande un effort à tous les Français et ouvre la porte à une TVA sociale.
00:00:49Objectif, redresser les finances publiques. Le gouvernement cherche 40 milliards d'euros d'économie début juillet.
00:00:54Le premier ministre proposera un plan sur trois ou quatre ans. Il le promet, il ne ciblera pas une catégorie de Français à l'exclusion des autres.
00:01:02Et puis le roi Charles III s'est dit profondément choqué et attristé par le drame survenu hier soir à Liverpool.
00:01:08Un automobiliste sous l'emprise de drogue, selon la police, a foncé sur la foule.
00:01:12Elle célébrait la victoire du club de foot de la ville en première ligue, bilan près de 50 blessés, dont quatre graves.
00:01:18Le conducteur, un britannique de 53 ans, a été arrêté.
00:01:23Merci beaucoup Sandra. Et au sommaire ce soir, Patrick Sébastien est notre invité.
00:01:29Il a été et reste l'un des personnages les plus populaires de la télévision.
00:01:34Ses émissions réunissaient la famille, ils étaient près de 10 millions à le regarder toutes les semaines.
00:01:39Son nom, Patrick Sébastien, artiste populaire au sens premier du terme, aimant son public, aimant la gaudriole.
00:01:46Une façon d'être tout à fait français, à savoir le sens de la dérision, de la camaraderie, de la solidarité, de la joie de vivre.
00:01:53Cette France des fêtes de famille ou encore cette France de la liberté.
00:01:57Il est l'artiste de toutes les subtilités, jouant des cordes comme un bourvil.
00:02:01Qu'est-ce qu'être français ? Est-il le symbole du dernier des mouhikans ?
00:02:06Qu'est devenue la France selon lui ? Patrick Sébastien est notre invité ce soir.
00:02:11La France va sans doute basculer ce 27 mai 2025.
00:02:16Cette date, vous vous en souviendrez, et vos parents aussi, et tous ceux qui sont en situation de fragilité également.
00:02:22Le texte sur le droit à mourir a été voté à l'Assemblée nationale.
00:02:26307 voix pour, 199 voix contre.
00:02:30Beaucoup soutiennent ce texte sans comprendre les conséquences.
00:02:33Une autre partie de la population dénonce le basculement de notre société.
00:02:37La rupture profonde couvre cette loi historique.
00:02:40Que représente cette rupture ? L'édito de Mathieu Beaucoupté.
00:02:44Abris sur Marne, près de Paris, une statue à l'effigie d'Arnaud Beltrame, héros de la nation, a été inaugurée en présence de Bruno Rotailleau.
00:02:52Souvenez-vous, ce gendarme qui a pris la place d'une otage afin de la laisser vivre, quitte à perdre la sienne, perdre sa vie.
00:03:00Notre pays est capable d'enfanter des fils et des filles de France qui se dressent comme lui devant l'ennemi.
00:03:06Pourquoi cette inauguration prend-elle un sens tout particulier en ce moment ?
00:03:10L'analyse de Gabrielle Cluzel.
00:03:13« Qu'allas-tu, elle et ses enfants, cette chienne ? »
00:03:17Voici les propos tenus en France par un étudiant contre une de ses enseignantes à l'université d'Aix-Marseille.
00:03:24Le procureur a été saisi, une procédure disciplinaire a été engagée.
00:03:29Ces cas se multiplient pourtant quand la vie d'enseignant devient impossible face aux menaces perpétuelles et aux exigences communautaristes.
00:03:37Le regard de Marc Menand.
00:03:40Bruno Rotailleau est la cible depuis la sortie du rapport des Frères Musulmans.
00:03:44Beaucoup cherchent à décrédibiliser des faits, des chiffres, des données officielles qui avaient été réclamées par Gérald Darmanin, Emmanuel Macron et Gabriel Attal.
00:03:52Le ministre de l'Intérieur a déclaré cet après-midi à l'Assemblée nationale que cette intransigeance qu'il veut avoir pour la France,
00:03:58il observe qu'au niveau mondial, ce ne sont pas les démocraties qui l'ont, ce sont les pays musulmans.
00:04:06Le ministre de l'Intérieur avait annoncé ses mesures hier et notamment une phrase forte,
00:04:11qu'il veut inscrire dans la Constitution qui protégerait la France, le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:04:18Et puis nous vous avions alerté depuis des années d'en face à l'info sur ces fraudes au régime de retraite à l'étranger.
00:04:25Plusieurs médias de gauche avaient crié à la désinformation de notre émission alors que nous citions la Cour des Comptes.
00:04:31Et bien ce soir, la Cour des Comptes alerte.
00:04:33De nouveau, les fraudes sur les retraites versées à l'étranger ne sont pas assez contrôlées.
00:04:39Elle appelle à les sanctionner plus fermement, l'édito de Mathieu Boquete.
00:04:44Une heure avec nos mousquetaires pour tout se dire et sans tabou.
00:04:48Et Patrick Sébastien, c'est parti.
00:05:02Patrick Sébastien et Marc Menand, va falloir parler pendant toute l'émission parce que vous n'arrêtez pas pendant mon sommaire.
00:05:08Non mais je vais vous déplacer, attention.
00:05:12En femme d'homme.
00:05:15Patrick Sébastien, c'est un honneur de vous recevoir ce soir.
00:05:18Moi aussi ça me fait plaisir Christine.
00:05:19Vraiment, un honneur.
00:05:20Alors on va parler de votre dernier album.
00:05:23Olé, osé, chanson interdite et inédite.
00:05:2653 millions de vues, on parlera de votre spectacle, hommage et dessert.
00:05:29Vous cartonnez partout où vous passez.
00:05:32Non, pas exagéré non plus.
00:05:33Non mais bon, c'est moi qui le dis.
00:05:34Mais ça se passe plutôt bien.
00:05:37Je n'ai jamais coupé le fil avec ce que vous évoquez ici.
00:05:40La France profonde à laquelle je tiens tant et de laquelle je viens.
00:05:44Et dont je suis très fier.
00:05:46J'écoutais un petit peu les polémiques ces derniers temps-là.
00:05:48C'était assez amusant.
00:05:49C'est à la fois dramatique et amusant.
00:05:51J'ai entendu Spiksy qui disait que...
00:05:54Français de souche.
00:05:55Les français de souche, oui.
00:05:56Il se trouve que j'ai trois enfants aujourd'hui.
00:05:58Ne bougez pas, ne bougez pas.
00:05:59J'ai envie d'avoir votre regard là-dessus.
00:06:02On va se poser pour l'interview dans un instant.
00:06:04Mais français de souche, c'est très intéressant que vous rebondissiez là-dessus.
00:06:08On marque une...
00:06:09Non, non, je veux vous entendre.
00:06:10D'abord Mathieu.
00:06:11Non mais...
00:06:12D'abord Mathieu et ensuite je vous interroge là-dessus.
00:06:15Mathieu, c'est à toi.
00:06:16Mathieu, de votre côté, la France connaît un moment aujourd'hui historique
00:06:23pour le meilleur et pour le pire.
00:06:25Avec le vote de la loi sur l'aide active à mourir.
00:06:28En quoi est-ce une loi historique ?
00:06:30En quoi marque-t-elle une rupture ?
00:06:32En quoi marque-t-elle un avant et un après ?
00:06:35On pourrait dire que c'est une loi historique
00:06:37parce qu'elle marque un changement dans la conception de l'être humain
00:06:40à partir duquel nous pensons la mort,
00:06:42mais non seulement la mort, mais aussi la naissance,
00:06:44en fait, l'ensemble de l'existence.
00:06:46Ce qu'on pourrait appeler une révolution anthropologique
00:06:48ou même une révolution religieuse,
00:06:50si on décidait d'aller jusqu'au bout de notre pensée.
00:06:52La conception de l'être humain sur laquelle repose le système va basculer.
00:06:56Alors, point de départ, la France ne s'engage pas dans cette loi
00:07:00sans savoir ce qui s'est passé à l'étranger.
00:07:02On a eu l'occasion d'en parler.
00:07:04Elle n'est pas sur le mode « nous sommes la nation qui se lance la première
00:07:08dans cette loi révolutionnaire ».
00:07:10On a vu ce que ça a donné au Canada.
00:07:12On a vu ce que ça a donné en Belgique.
00:07:14On a vu ce que ça a donné en Suisse.
00:07:16Et le résultat est toujours le même.
00:07:18Même si on nous annonce au début des mesures, des normes,
00:07:21un cadre contraignant pour limiter l'aide active à mourir.
00:07:25Et qu'il ne l'est pas tant que ça en France.
00:07:27Mais on nous dit que néanmoins, il y a des cadres.
00:07:30Ce qu'on voit partout, c'est que dès que ces cadres sont posés,
00:07:33ils sont faits pour être démantelés.
00:07:35Donc, ces cadres, partout, on les inscrit dans le débat avec l'idée suivante.
00:07:41« Ne vous en faites pas. C'est une loi pour quelques cas exceptionnels.
00:07:44Consentez au principe et cela n'ira pas trop loin. »
00:07:48Mais nous avons vu que dans tous les cas où l'aide active à mourir s'est imposée,
00:07:52partout, les cadres, les limites, les contraintes ont fini par tomber assez rapidement.
00:07:57Et ça ne changera pas.
00:07:59Ça va être la même chose en France, on peut en être absolument certain.
00:08:02D'ici quelques jours, quelques semaines, quelques mois, quelques années,
00:08:05je rêve quelques mois, on va nous dire « D'accord, une fois qu'on a accepté l'aide à mourir pour certains,
00:08:09est-ce qu'on pourrait élargir l'accès à l'aide à mourir ? »
00:08:13Je note que, par exemple, au Québec, en ce moment, le débat, c'est pour les cas de dépression.
00:08:17Si vous êtes très malheureux dans l'existence, si vous êtes dépressif,
00:08:19est-ce que vous n'êtes pas en droit de réclamer votre droit à l'aide à mourir ?
00:08:23Donc, sachons que ça existe en Belgique aussi, c'est le cas.
00:08:26C'est une loi révolutionnaire, je l'ai dit, qui se cache derrière une loi pragmatique.
00:08:30On dit que c'est une loi pragmatique, on a aujourd'hui des gens qui souffrent terriblement.
00:08:33« Vous n'êtes pas pour la souffrance, Christine. Si vous n'êtes pas pour la souffrance,
00:08:36pourquoi vous n'acceptez pas l'idée que ces quelques personnes, qui ne sont pas nombreuses,
00:08:39puissent quitter ce monde dignement en cessant de souffrir ? »
00:08:42Ça, c'est l'argument pragmatique.
00:08:44Dans les faits, c'est une loi qui vient changer notre rapport à la médecine, à la mort, aux soins, et ainsi de suite.
00:08:50Premier point qu'on doit rappeler, changement de rapport à la médecine.
00:08:54La médecine n'a pas pour vocation de donner la mort, normalement.
00:08:58Comment on a réussi à contourner ça dans le débat public ?
00:09:01C'est une expression qui vient d'ailleurs dans le monde francophone.
00:09:04On parle des soins de fin de vie.
00:09:06Donc, des soins de fin de vie, c'est une manière tout à fait délicate de dire des soins de mort, en quelque sorte.
00:09:11Donc, les soins de fin de vie, on a renversé le rapport à la médecine.
00:09:14Il ne s'agit plus de sauver, il s'agit tout simplement, quelquefois, d'accélérer la mort.
00:09:18Deuxièmement, et c'est une chose importante, c'est au triomphe d'une anthropologie de l'individu absolu.
00:09:24Plus rien ne doit entraver ses désirs.
00:09:27Si le désir est celui de mourir, je précise que le suicide est une option qui existe dans toutes les sociétés,
00:09:32dans toutes les civilisations, à toutes les époques, ça existe comme possibilité.
00:09:36Et qu'il n'est pas interdit.
00:09:37Déjà, donc, chacun, en son âme et conscience, c'est une question philosophique de toujours.
00:09:41Mais là, on parle d'autre chose ici.
00:09:43On parle du droit réclamé que l'État me donne la mort si je le souhaite,
00:09:49selon des circonstances qui, pour l'instant, sont limitées, mais demain ne le seront pas.
00:09:53Quand je parle d'une nouvelle anthropologie, c'est une conception de l'individu absolu.
00:09:58Et je reviendrai dans un instant.
00:09:59On est dans un monde où l'individu veut presque s'autocréer en toutes circonstances.
00:10:03Il rêve de s'extraire de toute filiation.
00:10:05Il rêve de s'extraire de sa biologie.
00:10:07Il rêve de s'extraire de son sexe.
00:10:09Il rêve de s'extraire de sa famille.
00:10:10Il rêve de s'extraire de sa culture.
00:10:12Et bien, il veut aussi maîtriser, et je reviendrai dans un instant, maîtriser sa mort, tout simplement,
00:10:17comme s'il s'agissait d'une décision parmi d'autres dans une existence.
00:10:20C'est aussi une technicisation de la mort.
00:10:22C'est-à-dire, c'est une technicisation de la mort qui perd toute sa part de mystère.
00:10:25J'ajouterai que c'est une déspiritualisation intégrale de la mort,
00:10:28que l'on soit croyant, que l'on ne soit pas croyant.
00:10:30Le fait de traiter la mort comme un fait divers biologique parmi d'autres dans une trajectoire humaine
00:10:35n'est peut-être pas la saine manière d'aborder ce mystère tragique.
00:10:39Vous avez parlé de la révolution religieuse de notre temps.
00:10:42Qu'est-ce que vous entendez parler, Mathieu ?
00:10:44On me pardonnera de me faire un peu philosophe sur ça, mais je pense que l'enjeu est philosophique.
00:10:48Sur le fond des choses, c'est une conception de l'être humain.
00:10:50L'anthropologie chrétienne, pour l'essentiel, disait que l'être humain est un être incarné.
00:10:54C'est un être de filiation.
00:10:56Il a un père, il a une mère.
00:10:58D'ailleurs, il devrait les honorer, ton père et ta mère.
00:11:00Il s'inscrit dans une filiation.
00:11:01Il doit transmettre le monde qu'il reçoit à la naissance.
00:11:04Il doit l'améliorer.
00:11:05Il doit quelquefois le réformer.
00:11:07Il doit laisser des choses de côté, en apporter des nouvelles.
00:11:10Mais il est responsable d'un monde qui lui le précède et qui lui survivra.
00:11:14C'est un individu sous le signe de la finitude.
00:11:17Et c'est une finitude qui est créatrice pour l'individu.
00:11:20C'est parce qu'il sait quelque chose de dépasse qu'il peut s'inscrire dans ce qu'il dépasse.
00:11:24La révolution religieuse, je le dis, c'est le fantasme de l'homme-dieu.
00:11:27C'est un homme qui décide, je me veux absolument tout-puissant en ce monde.
00:11:33Rien ne doit me limiter jamais.
00:11:36Donc, c'est une anthropologie de la toute-puissance.
00:11:39Une anthropologie de l'illimité.
00:11:41C'est la volonté pour l'être humain, et je reviens sur cette toute-puissance.
00:11:45C'est la volonté pour l'être humain de dire, puisque la mort me dépasse,
00:11:49ma manière de maîtriser la mort, pour l'instant, ça va consister à en décider.
00:11:54Je serai maître de ma propre mort.
00:11:56C'est une forme de prise de pouvoir au dernier moment de son existence.
00:11:59Je note, soit dit en passant, que c'est une étape.
00:12:02Parce que dans le fantasme aujourd'hui techno-progressiste,
00:12:05le fantasme techno-scientifique,
00:12:07le fantasme d'un homme qui pourrait un jour ne pas mourir,
00:12:10c'est le fantasme non plus de l'éternité qui appartient aux chrétiens,
00:12:13mais le fantasme de l'immortalité qui appartient aux esprits de la science-fiction.
00:12:17Mais il y a cette idée qu'à défaut d'être immortel,
00:12:19au moins je déciderai de ma propre mort intégralement,
00:12:22quelque chose ne m'échappera pas.
00:12:24Et c'est vraiment le propre des temps présents,
00:12:26cette anthropologie, cette nouvelle révélation, en quelque sorte.
00:12:29La nouvelle révélation, c'est cette idée qu'en ce monde, tu seras Dieu en toutes circonstances.
00:12:34Le résultat, c'est que je le dis, on veut être maître de sa naissance,
00:12:37s'extraire de ses parents, congédier la filiation,
00:12:41on veut s'extraire de ses déterminations biologiques, le sexe,
00:12:44de ses déterminations culturelles, l'identité, l'histoire, la culture.
00:12:47On veut s'extraire jusque dans la mort pour ce que c'était,
00:12:49c'est-à-dire ce moment où le monde se dérobe à nous
00:12:52et peut-être l'homme s'incline devant l'éternité en se disant « qu'est-ce que c'est exactement tout cela ? »
00:12:56Plus du tout, c'est un moment qu'on veut banaliser intégralement,
00:12:59croyant par là libérer l'homme de l'angoisse.
00:13:02Je ne suis pas certain qu'on le libère ainsi de l'angoisse.
00:13:05C'est le rapport au corps aussi qui est révélateur dans tout cela.
00:13:09C'est-à-dire le corps avec sa part de souffrance,
00:13:11je précise que personne ne veut souffrir en ce monde,
00:13:13et moi le premier, je ne l'ai pas envie du tout.
00:13:15Mais une fois que c'est dit, la question du rapport à la souffrance,
00:13:17le rapport au corps, on nous explique qu'un corps souffrant n'est plus digne.
00:13:20On nous explique qu'un corps qui n'est plus en pleine jeunesse n'est plus digne.
00:13:24On nous explique qu'un corps incomplet, un corps insuffisant,
00:13:27un corps qui ne peut plus jouir à tout moment est un corps qui n'est plus digne.
00:13:31Mais cette conception du corps, c'est-à-dire si je ne suis plus une espèce d'hyper jouisseur de 42 ans
00:13:37capable d'avoir une vie de boomer éternelle,
00:13:41eh bien, si je ne suis pas cet hyper jouisseur, il ne vaut plus la peine de vivre en ce monde.
00:13:46Parce qu'évidemment, on nous prend le cas d'abord des handicapés dans des formes les plus graves,
00:13:51mais ne nous trompons pas, les éligibles seront plus nombreux.
00:13:54Il y a quelque chose, cette formule, les éligibles, c'est terrible.
00:13:57Vous noterez qu'il y a quelque chose là-dedans qui relève du darwinisme.
00:13:59Il faut dire les choses telles qu'elles sont.
00:14:01Il y a une part de l'humanité qui mérite de vivre parce qu'elle a une vie digne,
00:14:04et si vous êtes à l'extérieur de la toute-puissance, d'une maîtrise du corps et de la jeunesse,
00:14:07pour l'instant, ce sont les plus abîmés de l'existence.
00:14:10Ne doutons pas, demain, que la catégorie des abîmés risque de s'étendre.
00:14:14Donc oui, révolution religieuse, je crois.
00:14:17Et François Bayraud a dit qu'il n'aurait pas, lui, voté le texte, il se serait abstenu.
00:14:21Là, Emmanuel Macron, il a salué une étape importante.
00:14:25Il insiste sur le respect des sensibilités.
00:14:27Dans le respect des sensibilités, des doutes et espoirs,
00:14:31le chemin de la fraternité que je souhaitais s'ouvre, peu à peu, avec dignité et humanité.
00:14:36Au Québec, on a connu ça, si je peux me permettre.
00:14:38On avait eu ce débat où il y avait deux options possibles.
00:14:41Pour et pas encore pour.
00:14:43Pour et je respecte ceux qui ne sont pas encore pour.
00:14:46Mais si vous êtes vraiment contre, là, vous êtes hors débat.
00:14:49Probablement anti-républicain.
00:14:52Dernière question, Mathieu.
00:14:54S'il s'agit d'une loi révolutionnaire, comme vous l'expliquez, d'une révolution religieuse,
00:14:59n'est-ce qu'il n'est pas vain, finalement, de s'y opposer ?
00:15:02J'ai l'impression que c'est le sentiment de tant de Français et plus largement de tant d'Occidentaux
00:15:05qui, devant ces lois-là, se disent « on n'y peut rien ».
00:15:07C'est tellement fort, puissant.
00:15:09On a l'impression que le progrès nous tombe dessus, que l'histoire nous emporte avec elle.
00:15:13On n'y peut rien devant la puissance qu'offre cette religion de l'individu absolu.
00:15:17Mais ça pose la question du rapport à la loi et le rapport au législateur.
00:15:21La loi, dans une société, n'est pas la simple traduction de l'humeur et du désir du moment.
00:15:26La fonction du politique, ne l'oublions pas, c'est aussi de protéger l'homme de lui-même.
00:15:31J'entends par là, la tentation de l'homme, c'est l'espèce de régression permanente dans l'adolescence.
00:15:35Je voudrais que tous mes désirs deviennent des droits.
00:15:38C'est ce que j'appelle la conversion des désirs en besoins, les besoins en droits et les droits en droits fondamentaux.
00:15:43Le désir absolu, que rien n'entrave mon désir, que rien n'entrave ma pulsion du moment,
00:15:48c'est l'être humain tel qu'il est, on pourrait dire, c'est notre part adolescente.
00:15:51Le politique, dans sa meilleure part, consiste à poser les digues, protéger les digues,
00:15:57faire en sorte que l'homme ne s'abîme pas lui-même, que l'homme ne se transforme.
00:16:01Donc, croyant se prendre pour Dieu et faire le paradis sur Terre, il fait l'enfer sur Terre.
00:16:06On est dans une société, hélas, où le politique détruit les digues, détruit les murs porteurs,
00:16:11détruit les fondements de la société, croyant libérer l'individu.
00:16:14Mais je l'ai dit, je ne suis pas certain que cette société soit celle de l'émancipation, de la liberté,
00:16:18peut-être un peu, de temps en temps, d'en faire sur Terre.
00:16:21Charlotte Dorn, hélas.
00:16:24Moi, ce qui me dérange beaucoup, c'est que, par ailleurs, le texte qui vient d'être voté est inconnu de tous,
00:16:29et même de beaucoup de députés qu'on a entendu parler.
00:16:32Parce que personne ne sait ce qu'il y a dans ce texte, apparemment, dans les débats qu'on a entendus.
00:16:36Or, ce texte repose sur beaucoup de mensonges.
00:16:39Et je pèse mes mots, c'est-à-dire que, déjà, on n'a pas eu le droit, subitement,
00:16:43de prononcer les mots « suicide », « assister », « euthanasie ».
00:16:46Personne n'a voulu assumer ce dont il était question.
00:16:49La deuxième chose, c'est que tout le monde a répété, parce que, probablement,
00:16:52la ministre l'avait dit, elle a dépêché AFP qu'on portait les termes,
00:16:55que les critères étaient stricts.
00:16:57C'est faux. Les critères ne sont pas stricts, ils sont beaucoup moins stricts
00:17:00que dans beaucoup d'autres pays qui ont élargi les critères au fur et à mesure.
00:17:04Et, par ailleurs, cette idée de critères stricts, j'aimerais juste m'attarder dessus.
00:17:08Pourquoi est-ce que ça rassurerait tout le monde que les critères soient stricts ?
00:17:13Qu'est-ce que ça veut dire, des critères stricts ?
00:17:15Ça veut dire que, dans la loi, on dit la prévention du suicide,
00:17:19ça continue à tenir pour la plupart des gens,
00:17:22parce qu'on considère, nous, législateurs, et donc la société tout entière,
00:17:26que vous, vous avez encore des raisons de vivre.
00:17:29Et les gens qui sont éligibles à la loi aujourd'hui, c'est quoi le message, du coup ?
00:17:34C'est que nous, société, on considère que vous, vous avez des raisons de mourir.
00:17:38J'appelle pas ça exactement une définition de la fraternité, honnêtement.
00:17:41Surtout avec une loi qu'on appelle encore loi fin de vie,
00:17:44et qui ne concerne pas uniquement la fin de vie,
00:17:47puisque beaucoup de personnes éligibles, justement,
00:17:49ont encore, potentiellement, des années à vivre.
00:17:52Donc, juste appeler ça une loi de liberté,
00:17:55liberté qui n'est pas définie dans le texte, et j'en termine avec ça.
00:17:58La liberté, dans le texte, on dit qu'il faut une liberté, vous savez, éclairée,
00:18:02qu'il faut être capable, librement, de prendre la décision.
00:18:05Et quelques mots plus tard, dans le même texte de loi,
00:18:08il est écrit que sont exclus du texte,
00:18:11les personnes dont le discernement est gravement altéré.
00:18:15Est-ce que quelqu'un peut me donner une définition d'un discernement gravement altéré ?
00:18:18Et un discernement un peu altéré, c'est quoi, c'est libre ou pas ?
00:18:21Un discernement moyennement altéré, c'est libre ou pas ?
00:18:24Quelle est la liberté dans ce texte ?
00:18:26Donc, il y a un flou absolu sur tous les mots,
00:18:28et par ailleurs, un refus d'utiliser les mots
00:18:30que désignent exactement la réalité que viennent de voter les députés.
00:18:33J'appelle pas ça une société responsable,
00:18:35et en plus, on a vu des débats avec 15 députés sur 577,
00:18:39on a l'habitude, mais sur un texte aussi grave,
00:18:41c'est quand même pas sérieux, en fait.
00:18:43Patrick Sébastien.
00:18:45J'écoute toutes vos digressions philosophiques, législatives,
00:18:50qui sont très intéressantes.
00:18:52Après, il y a le ressenti de la réalité.
00:18:54Moi, je l'ai vécu, ça, avec ma mère.
00:18:56Je l'ai vécu, et ça a été certainement le moment le plus difficile de ma vie.
00:19:00Je suis pas sûr qu'il va falloir une loi pour ça.
00:19:03Il y a des ressentis.
00:19:05On m'a ramené ma mère avec le cerveau mort.
00:19:08Le toubib m'a expliqué qu'on attendait que le coeur s'arrête.
00:19:12Je lui ai dit, est-ce qu'elle souffre ?
00:19:14Il m'a dit non. Comment tu peux le savoir ?
00:19:16Et donc, il n'y avait plus rien, elle revenait pas.
00:19:19Et donc, j'ai pris la décision,
00:19:21avec quelqu'un qui était à côté de moi,
00:19:23de le faire moi-même, avec un oreiller.
00:19:25Je te rassure, j'ai tenu 10 secondes.
00:19:27Et je m'en veux...
00:19:29Je sais pas si je m'en veux plus d'avoir fait le geste
00:19:32ou de ne l'avoir pas fini,
00:19:34parce que ma mère m'avait fait promettre de faire ce geste-là.
00:19:37Tout ça, ça échappe à la loi,
00:19:39ça échappe aux lois,
00:19:41ça échappe à tout ce qu'on peut dire de la philo,
00:19:44effectivement, que je comprends très bien.
00:19:46Il y a un ressenti, sur l'instant,
00:19:48c'était la femme de ma vie,
00:19:50c'est la femme que j'aimais le plus au monde.
00:19:52C'est terrible de voir souffrir,
00:19:55de ne pas savoir d'ailleurs si on souffre ou si on ne souffre pas.
00:19:58Je crois qu'au cas par cas...
00:20:00Êtes-vous pour la loi, du coup ?
00:20:02Êtes-vous pour une loi, pour autant ?
00:20:04Pas vraiment. Je crois que ça serait aux médecins,
00:20:06à la famille et à la personne
00:20:08de décider ensemble.
00:20:10Je vous rassure, ça existe.
00:20:12Énormément.
00:20:14Ça existait dans les zones de gris,
00:20:16si je peux me permettre.
00:20:18Il y a une différence entre connaître une zone de gris
00:20:20où quelquefois on a un médecin, une famille,
00:20:22il y a une forme d'arrangement inavoué qui s'opère,
00:20:24tout ne doit pas être transparent dans une société.
00:20:26Quand on décide d'institutionnaliser
00:20:28les soins de fin de vie,
00:20:30c'est autre chose, il y a un basculement.
00:20:32Le basculement est là dans l'institutionnalisation.
00:20:34Il y a une obligation d'eux.
00:20:36On marque une pause, on revient.
00:20:38Beaucoup de questions à vous poser, Patrick Sébastien.
00:20:40Dans un instant, on parlera d'Arnaud Beltrame,
00:20:42un héros.
00:20:44Un héros national.
00:20:46Il s'est passé quelque chose dans sa mémoire.
00:20:48Aujourd'hui, on en parle.
00:20:52Abrissure Marne, dans le Val-de-Marne,
00:20:54une statue en bronze représentant
00:20:56Arnaud Beltrame
00:20:58vient d'être officiellement dévoilée
00:21:00en présence de la famille et du ministre de l'Intérieur.
00:21:02Pourquoi cette inauguration
00:21:04prend-elle un sens tout particulier en ce moment ?
00:21:06Je vous pose la question,
00:21:08Gabrielle Cluzel.
00:21:10Voici quelques secondes des mots
00:21:12prononcés par Bruno Retailleau tout à l'heure.
00:21:14Arnaud Beltrame s'est sacrifié
00:21:16parce qu'il croyait.
00:21:18Il croyait qu'une vie
00:21:20ne se termine jamais
00:21:22vraiment.
00:21:24Qu'elle continue à résonner dans l'éternité.
00:21:26Il croyait que le sens de l'existence
00:21:28est d'aimer, de donner.
00:21:30Il a aimé son prochain, oui.
00:21:32Et il a aimé sa patrie.
00:21:34Alors il a donné sa vie.
00:21:36Et ce don est pour nous une leçon.
00:21:38En quoi est-ce une leçon
00:21:40pour nous, Gabrielle, aujourd'hui ?
00:21:42Déjà, on peut parler
00:21:44de cette statue qui est magnifique.
00:21:46On le voit en uniforme, en train de saluer.
00:21:48On se dit que ça devrait faire
00:21:50consensus. Le maire LR
00:21:52de Brissur-Marne, Charles Aslangul,
00:21:54explique qu'il y a un demi-millier
00:21:56de communes.
00:21:58C'est intéressant quand même de voir ce
00:22:00mouvement qui ont déjà
00:22:02rendu hommage à Arnaud Beltrame.
00:22:04Il dit que ce n'était jamais arrivé
00:22:06après la Seconde Guerre mondiale.
00:22:08Le Parisien titre ce matin en disant qu'il y a
00:22:10une polémique autour de la statue
00:22:12en hommage au colonel Arnaud Beltrame.
00:22:14Localement, l'opposition
00:22:16s'intéresse sur ce choix du maire LR.
00:22:18Il dénonce le fait du prince
00:22:20et parce qu'on leur a proposé de voter
00:22:22au dernier conseil municipal, mais que ce n'était pas
00:22:24à l'ordre du jour et qu'il n'était pas originaire
00:22:26du coin, disent-ils.
00:22:28Le maire parle de réactions incroyables
00:22:30et de bassesse, sachant que la statue et l'installation
00:22:32sont entièrement financées par des dons.
00:22:34C'est quand même intéressant.
00:22:36François Béraud a dit ce matin
00:22:38que nous devons vivre ensemble.
00:22:40Dans notre pays fracturé, on n'est même pas capable
00:22:42de tomber d'accord là-dessus sur une figure aussi
00:22:44exemplaire et en principe consensuelle
00:22:46que celle
00:22:48d'Arnaud Beltrame.
00:22:50Pourtant, cette statue tombe
00:22:52rudement bien parce que le
00:22:54rapport sur les frères musulmans vient d'être
00:22:56déclassifié et ceux qui ne sont
00:22:58pas dans le déni se grattent la tête,
00:23:00sont d'un pied sur l'autre.
00:23:02Ils font un catalogue de rustines
00:23:04comme l'interdiction de la baïa à l'école,
00:23:06des cotères sur des jambes de bois,
00:23:08des coups d'épée dans l'eau dérisoire,
00:23:10car le fond du sujet
00:23:12est ailleurs. Vous savez,
00:23:14il y a une citation qu'on attribue souvent
00:23:16à Senghor, en fait, et il paraît qu'elle n'est pas de Senghor,
00:23:18elle est de l'intellectuel algérien
00:23:20indépendantiste Malek Benhami.
00:23:22Il dit que pour être colonisé, il faut être
00:23:24colonisable. Vous voyez, on peut
00:23:26le décliner avec la volonté de conquête des frères
00:23:28musulmans, des salafistes et affidés
00:23:30pour être islamisé,
00:23:32il faut être islamisable.
00:23:34La seule question à se poser,
00:23:36c'est celle de l'islamisabilité
00:23:38de la France, comme Malek Benhami
00:23:40s'était posé la question de la
00:23:42colonisabilité.
00:23:44Pourquoi cette conquête semble-t-elle
00:23:46parfois entrer comme dans du beurre
00:23:48sans rencontrer de résistance ?
00:23:50On a l'impression. Parce que nos esprits sont
00:23:52mûrs pour cela. Vous savez,
00:23:54c'est Régis Debray dans son bouquin
00:23:56L'Éloge des frontières qui disait
00:23:58qu'un pays, c'est des compteurs
00:24:00et des contours, mais c'est aussi un contenu,
00:24:02on pourrait lui dire. Un contenu que les
00:24:04compteurs puissent compter. Il n'y a plus
00:24:06de contours, il n'y a plus de compteurs, il n'y a plus
00:24:08de contenu, c'est-à-dire de figures tutélaires,
00:24:10de pages de gloire,
00:24:12de raisons d'être fiers.
00:24:14Alors, les héros d'hier sont
00:24:16présentés comme les salauds d'aujourd'hui,
00:24:18on les déboulonne. Ils ne tombent pas seulement
00:24:20sous les coups de boutoir du wokisme. Il faut se rendre
00:24:22compte que la cancel culture a commencé
00:24:24il y a des dizaines d'années.
00:24:26Et franchement,
00:24:28comment notre pays qui
00:24:30ne croit plus en lui, qui passe son temps
00:24:32à battre sa coulpe, qui brade
00:24:34sa nationalité comme un vieux rossignol
00:24:36en solde, qui n'a plus d'enfants,
00:24:38qui s'apprête à tuer ses vieux, qui ne sait plus
00:24:40distinguer un homme d'une femme, qui laissait
00:24:42sandiller ses quartiers, piller ses magasins,
00:24:44violer ses gamines et ses vieilles dames,
00:24:46pourrait s'opposer à l'islamisation.
00:24:48Il n'en a ni l'envie, ni l'enforce.
00:24:50Qu'a-t-il au fond à défendre ?
00:24:52Pas ses enfants, pas ses anciens,
00:24:54pas son histoire, pas ses frontières.
00:24:56Et vous savez, moi, emblématique de cette
00:24:58détestation de soi, je vais donner un
00:25:00exemple récent, l'hommage d'Emmanuel
00:25:02Macron à Ho Chi Minh, hier, au Vietnam.
00:25:04Vous savez, nous parlions le 7 mai dernier
00:25:06avec Jean-Pax Méfrais, des pauvres soldats
00:25:08tombés à Dien Bien Phu, dont certains sont
00:25:10encore portés disparus.
00:25:12Mais autant aller cracher sur
00:25:14leur tombe, en fait, ça irait plus
00:25:16vite. Et ça me rappelle Darmanin,
00:25:18qui était allé fleurir le monument du
00:25:20FLN en Algérie. Vous savez, même Mitterrand
00:25:22et Hollande sont allés au Vietnam, mais ils sont
00:25:24allés
00:25:26rendre hommage à Ho Chi Minh.
00:25:28C'est le premier président, sauf erreur
00:25:30de ma part. Alors, on me
00:25:32dit, ah oui, mais c'est un passage obligé
00:25:34pour qui veut faire du commerce avec
00:25:36le Vietnam, vous voyez ? Alors, pour faire
00:25:38du commerce, vous êtes obligés d'aller cracher
00:25:40sur les soldats français. Mais moi,
00:25:42c'est quand même curieux. Je vous dis, pour faire
00:25:44du fric, vous n'allez pas
00:25:46fleurir la tombe de l'assassin de votre
00:25:48grand-mère. Et je n'ai jamais vu un
00:25:50membre du gouvernement algérien aller
00:25:52fleurir les tombes des soldats français
00:25:54tombés en Algérie, des harkis,
00:25:56des pieds noirs. Et pourtant, ça ne nous
00:25:58empêche pas de faire du commerce avec
00:26:00l'Algérie, soyons très clairs. Alors,
00:26:02pourquoi nous sommes-nous obligés
00:26:04de faire ce que nous n'exigeons pas
00:26:06des autres ? Alors, on peut à nouveau
00:26:08décliner cette phrase de Malek Benabi,
00:26:10nous sommes méprisés par les autres
00:26:12pays parce que nous sommes méprisables.
00:26:14Arnaud
00:26:16Beltrame, justement,
00:26:18a été bercé par le
00:26:20récit de guerre de son grand-père
00:26:22en Indochine. Et c'est
00:26:24là qu'il a puisé sa vocation.
00:26:26Oui, on le découvre dans le livre de ses deux
00:26:28frères, Cédric et Damien, ça s'appelle Au nom du
00:26:30frère. Parce qu'Arnaud
00:26:32Beltrame, il n'est pas tombé de la lune, il
00:26:34s'inscrit dans une lignée. Voyez, on parlait de Jean-Pierre
00:26:36Sméfresse, il était aussi un grand fan de Jean-Pierre Sméfresse.
00:26:38Je suis putée, mais j'en ai eu la confirmation.
00:26:40Mais comment voulez-vous faire émerger d'autres
00:26:42Arnaud Beltrame si vous ne faites pas connaître
00:26:44l'héros français
00:26:46ou simplement pour leur cracher dessus ?
00:26:48Vous savez, Arnaud Beltrame, c'est un concentré
00:26:50de tous les antidotes, voyez, pour
00:26:52le rapport qui vient de sortir.
00:26:54Pour lutter, il faut sécuriser nos
00:26:56frontières. Nous sommes d'accord, hein, et notre sécurité
00:26:58intérieure. Beltrame
00:27:00est gendarme, c'est la mission du gendarme.
00:27:02Il faut montrer à ceux qui
00:27:04veulent installer la charia que notre
00:27:06modèle est tout autre. Arnaud Beltrame,
00:27:08il a donné sa vie
00:27:10pour une femme.
00:27:12Voyez, y a-t-il plus beau point d'orgue
00:27:14et plus beau symbole de notre civilisation
00:27:16chevaleresque face à la charia qui
00:27:18infériorise la femme.
00:27:20Pour lutter contre l'antrisme des
00:27:22frères musulmans qui se sert de la laïcité
00:27:24et de l'égalité, hein, voyez, dans notre
00:27:26devise pour réclamer la même visibilité
00:27:28et donc la même présence sensible sur notre sol
00:27:30que le christianisme, il aurait fallu
00:27:32inscrire les racines chrétiennes dans notre Constitution.
00:27:34Eh bien, parce que la civilisation,
00:27:36comme l'a dit Malraux, c'est ce qui s'agrège
00:27:38autour d'une religion. Quand la religion
00:27:40s'en va, la civilisation se désagrège.
00:27:42C'est un phénomène inverse.
00:27:44Arnaud Beltrame, qui venait de se convertir, est mort en chrétien.
00:27:46Il a donné sa vie pour son prochain
00:27:48et celle qui l'a sauvée
00:27:50l'a même si bien compris qu'ensuite elle a demandé
00:27:52le baptême. Et en fait, il l'a montré,
00:27:54peut-être que l'islamiste, sur le coup,
00:27:56a pensé avoir vaincu, mais il l'a montré
00:27:58par son geste, sa supériorité
00:28:00sur celle de l'islamiste qu'il a tué.
00:28:02Il a donné sa vie pour son prochain.
00:28:04Lui, le terroriste, a pris la vie de son prochain.
00:28:06C'est les civilisations de l'amour
00:28:08contre la civilisation de la mort.
00:28:10Arnaud Beltrame, je parle à côté
00:28:12de quelqu'un qui a été Jeanne d'Arc
00:28:14à Orléans, c'est un peu Jeanne d'Arc.
00:28:16Mutatis, mutandis.
00:28:18Il va voir le roi Charles VII, qui est Molasson,
00:28:20puis il y anime.
00:28:22Il lui dit qu'il faut croire en la France.
00:28:24Moi, je vous dis, pour lutter contre
00:28:26les frères musulmans et Tutti Canti,
00:28:28ériger des statues
00:28:30de Beltrame, ce sera bien plus utile
00:28:32que toutes les circulaires de droite et de gauche
00:28:34pour interdire
00:28:36tel ou tel micro-élément.
00:28:38Patrick Sébastien, dans un instant,
00:28:40on va se poser pour votre interview, mais là,
00:28:42je vous sens captivé.
00:28:44Non, j'écoute, j'écoute, j'écoute.
00:28:46Vous ne pouvez qu'être admiratif du travail.
00:28:48Après, les hommages,
00:28:50c'est un peu la sacralisation
00:28:52de nos défaites, les hommages.
00:28:54On ne fait que ça.
00:28:56Les pluges, les hommages.
00:28:58Peut-être que ce serait bien qu'on travaille
00:29:00un peu plus à ce que ça n'arrive pas
00:29:02plutôt que
00:29:04tout cet étalage après.
00:29:06Je suis toujours gêné, moi, par ça.
00:29:08Je ne dis pas... Je respecte la mémoire, déjà.
00:29:10Mais avoir de belles figures, ça...
00:29:12Mais quelque part, ça prolonge
00:29:14aussi la terreur que ces gens-là
00:29:16veulent installer. C'est un rappel.
00:29:18Patrick Sébastien, vous qui êtes
00:29:20un symbole de la France,
00:29:22un symbole... Non, mais...
00:29:24D'une certaine France. Oui, d'une certaine France,
00:29:26mais de la France, pour moi.
00:29:28Quelles sont les valeurs, à la lumière
00:29:30de ce qu'elle disait tout à l'heure,
00:29:32disparues de la France, aujourd'hui ?
00:29:34Déjà, tout à l'heure, je voulais
00:29:36revenir sur ce que j'ai entendu, sur les Français
00:29:38de souche, tu sais, les fins de race.
00:29:40Moi, il me reste trois enfants.
00:29:42J'en ai deux qui sont blancs et ma fille
00:29:44qui est métisse. Je me vois mal expliquer à deux
00:29:46de mes enfants que vous êtes des fins de race et expliquer
00:29:48à l'autre, non, non, t'es supérieur.
00:29:50Ça ne tient pas debout.
00:29:52Je vois
00:29:54évoluer ce...
00:29:56Je vois évoluer ce pays. Moi, j'ai grandi
00:29:58dans des valeurs... J'ai grandi dans la campagne.
00:30:00J'ai grandi avec une mère qui travaillait à l'usine. J'ai grandi
00:30:02avec des valeurs. J'ai grandi avec des paysans.
00:30:04J'ai grandi avec des gens qui transpiraient. C'est pour ça, mon goût
00:30:06de la fête. Parce qu'on avait besoin d'un exutoire.
00:30:08Parce qu'on travaillait beaucoup.
00:30:10Donc, il nous fallait...
00:30:12Et c'est ma culture. Voilà, c'est comme ça.
00:30:14Les valeurs qu'on m'a apprises, c'est des valeurs de partage,
00:30:16des valeurs de tolérance autour
00:30:18de moi. Moi, je suis...
00:30:20Je suis soutien LGBT.
00:30:22J'accepte
00:30:24tout le monde.
00:30:26Ce que je reproche à la société qu'on nous propose,
00:30:28c'est de nous parler de
00:30:30de se lever droit
00:30:32contre l'exclusion et m'exclure, moi.
00:30:34C'est bien d'accepter toutes les différences,
00:30:36mais accepter la mienne aussi.
00:30:38Et là, je me sens...
00:30:40Je me sens presque plus chez moi.
00:30:42Je savais pas quand j'étais petit qu'un jour,
00:30:44on me reprocherait d'être blanc.
00:30:46Je savais pas quand j'étais... J'ai quand même
00:30:48été viré du service public, c'est-à-dire
00:30:50avec votre pognon, en disant
00:30:52qu'il y a trop d'hommes blancs de plus de 50 ans.
00:30:54Hommes, c'est pas ma faute. Blancs, c'est pas ma faute.
00:30:56Et plus de 50 ans, c'est pas ma faute.
00:30:58Et ça, ça me choque.
00:31:00Aujourd'hui, être un homme et blanc,
00:31:02c'est suspect.
00:31:04Alors que je suis tout sauf suspect.
00:31:06Je suis tolérant, je suis ouvert,
00:31:08je suis ouvert à tout.
00:31:10Je pense qu'il y a une minorité de gens
00:31:12qui veut imposer aux autres.
00:31:14C'est terrible.
00:31:16Votre témoignage est puissant.
00:31:18Continuez à en parler dans un instant.
00:31:20Juste ajouter une chose. La dame du service public,
00:31:22elle a été claire.
00:31:24Elle a dit, je ne veux pas montrer la France telle qu'elle est,
00:31:26mais telle que je voudrais qu'elle soit.
00:31:28Ça veut dire, on va vous imposer votre manière d'être.
00:31:30On va créer quoi ?
00:31:32Une race supérieure ?
00:31:34Ça fait peur, ça. C'est des mots qui m'effraient, moi, ça.
00:31:36On va se poser des bonnes questions.
00:31:38On va continuer à en parler.
00:31:40Votre témoignage est très fort de ce que vous ressentez.
00:31:42On regarde un petit extrait.
00:31:44Est-ce que vous êtes le dernier des Mohicans ?
00:31:46On regarde un extrait parce que votre album cartonne.
00:31:48Non, on est plein de Mohicans.
00:31:50On ne se pliera jamais,
00:31:52on est des résistants.
00:31:54On ne cédera jamais,
00:31:56on est des Mohicans.
00:31:58Pas question de renoncer à nos fêtes
00:32:00et à nos plaisirs.
00:32:02Pas question de se priver de baiser,
00:32:04de boire et de rire.
00:32:06Et on chante,
00:32:08chante, chante, chante, chante
00:32:10dans le vent de mer.
00:32:12On parle de votre album dans un instant.
00:32:14On parle de cette joie de vivre dans un instant.
00:32:16On parle de cette France qui disparaît dans un instant.
00:32:18Je ne disparais pas vraiment.
00:32:20Voilà, c'est ce que vous allez nous dire.
00:32:22Il y avait Mathieu autour de la table.
00:32:24Vous l'avez vu ?
00:32:26Non, ce n'est pas Mathieu,
00:32:28c'est Benoît.
00:32:30C'est ce qu'il veut, le curandant.
00:32:32J'ai passé un extrait,
00:32:34j'ai perdu mes trous.
00:32:36J'ai pas aimé que ça intervienne.
00:32:38Parce que votre sujet, Patrick Sébastien,
00:32:40j'aurais dû vous prendre uniquement à 19h50.
00:32:42Mais un peu de bonne humeur, c'est ça.
00:32:44Oui, mais on a des sujets graves.
00:32:46On va en parler de la bonne humeur,
00:32:48mais il y a des sujets graves.
00:32:50Vous allez me dire ce que vous en pensez.
00:32:52Lorsque vous êtes une enseignante,
00:32:54à Aix-Marseille,
00:32:56et que vous faites...
00:32:58Vous voyez ce que je veux dire ?
00:33:00C'est ce dont va nous parler Marc, ça c'est grave.
00:33:02Il y a la joie de vivre et il y a la réalité.
00:33:04Comment faire pour garder la joie de vivre face à une telle réalité ?
00:33:06Alors déjà, prenons le document en tant que tel.
00:33:08On va le regarder.
00:33:10Comment cette femme a découvert
00:33:12ce qui lui était
00:33:14asséné comme menace
00:33:16terrifiante ?
00:33:18Je vais chercher son arbre généalogique,
00:33:20je l'éblase,
00:33:22et ensuite je vais tous les insulter.
00:33:24A chaque fois que j'envoie un mail, c'est mépris sur mépris.
00:33:26Cette femme n'aime pas les Arabes,
00:33:28cette femme ne s'aime pas elle-même.
00:33:30Elle se déteste, elle se trouve sale, elle se trouve inférieure.
00:33:32Connasse.
00:33:34Il la tue. Regardez ses enfants.
00:33:36On est dans un pays
00:33:38où on a connu
00:33:40les drames de Samuel Paty,
00:33:42de Dominique Bernard.
00:33:44On a une école
00:33:46qui est rongée
00:33:48par cette discrimination
00:33:50laïque,
00:33:52si je puis dire.
00:33:54On a des professeurs qui, chaque jour,
00:33:56sont terrorisés lorsqu'ils se dressent
00:33:58devant leurs élèves. Pourquoi ? Simplement
00:34:00parce qu'éventuellement, aujourd'hui,
00:34:02mes chers enfants, nous allons parler
00:34:04de la reproduction. Il n'est pas question
00:34:06de parler de reproduction.
00:34:08Si vous êtes sur un terrain de sport,
00:34:10il faut faire attention
00:34:12de ne pas avoir une attitude
00:34:14qui courrousserait
00:34:16les instances supérieures.
00:34:18Vous ne pouvez pas saluer
00:34:20votre adversaire. On ne salue
00:34:22qu'à là. Et donc, les professeurs,
00:34:24aujourd'hui, sont prêts
00:34:26à tout accepter, c'est-à-dire
00:34:28le silence, plutôt que
00:34:30de diffuser le savoir
00:34:32pour ne pas subir
00:34:34ce que nous venons d'entendre.
00:34:36Voilà où nous en sommes.
00:34:38Alors, quelle est la réaction du monde politique ?
00:34:40Quelle est la réaction
00:34:42des uns et des autres, surtout quand on a eu
00:34:44– et Charlotte va y revenir dans une seconde –
00:34:46ce
00:34:48fameux document
00:34:50produit par Bruno Rataillot ?
00:34:52Eh bien, il suffit d'avoir une oreille
00:34:54attentive ou même distraite
00:34:56d'une radio à une télévision
00:34:58ici et là. Vous entendez quoi ?
00:35:00Eh bien, les uns et les autres qui disent
00:35:02« Mais quand même, il ne faut pas charrier ! »
00:35:04J'ai entendu,
00:35:06hier, sur France Info,
00:35:08j'ai entendu cinq
00:35:10journalistes qui étaient en petit
00:35:12comité traiter
00:35:14Gabriel Attal de
00:35:16fasciste et d'être
00:35:18plus intolérant
00:35:20que le FN de Rennes
00:35:22tout simplement parce qu'il
00:35:24veut que les femmes ne puissent
00:35:26pas porter le voile avant 15 ans. Déjà, c'est
00:35:28une absurdité. Il n'y a pas de voile en France.
00:35:30On est dans un pays. Eh bien, ça,
00:35:32ça vous vaut l'étiquette
00:35:34de fachos. Comment,
00:35:36dans ces conditions, ne pas avoir
00:35:38pour un professeur à supporter ça ?
00:35:40Et puis, souvenons-nous. Il y a quoi ?
00:35:42Un mois et demi, le maire
00:35:44de Marseille socialiste
00:35:46Benoît Payan,
00:35:48il disait sans les musulmans
00:35:50« Marseille
00:35:52ne serait pas Marseille ». Mais il allait encore
00:35:54plus loin. Beaucoup de ceux
00:35:56qui donnent des leçons aux musulmans
00:35:58et on les voit sur les chaînes de télévision
00:36:00se déchaînent tous les jours
00:36:02devraient apprendre
00:36:04ce qui est écrit dans les sourates
00:36:06et qui peuvent nous éclairer
00:36:08les sourates sur le monde.
00:36:10Voilà où nous en sommes.
00:36:12À partir de là, dans les facultés,
00:36:14vous avez Mathieu Boccoté qui éventuellement
00:36:16pourrait être invité
00:36:18par des professeurs pour retenir
00:36:20une conférence.
00:36:22Eh bien, aussitôt, on s'érigerait
00:36:24contre la présence
00:36:26de Mathieu Boccoté, cet homme
00:36:28d'extrême droite. Donc, voilà
00:36:30où nous en sommes avec des menaces
00:36:32qui ne se sont pas résumées
00:36:34à une seule position
00:36:36de cet homme-là. Il a dit
00:36:38en d'autres circonstances
00:36:40« J'en appelle à la bouillave
00:36:42des Blancs ». C'est-à-dire
00:36:44à trucider les Blancs.
00:36:46Il faut casser la gueule
00:36:48à ces sales Blancs.
00:36:50Tuer des flics,
00:36:52tuer des flics, c'est le début
00:36:54du bonheur.
00:36:56Qu'est-ce qu'a dit ça, toujours l'auteur ?
00:36:58L'auteur, ce monsieur qu'on a
00:37:00entreaperçu tout à l'heure
00:37:02et il continue donc, puisque ça c'était
00:37:04il y a quelques jours, après
00:37:06il y a le message contre sa professeure
00:37:08et là on a une enquête
00:37:10qui est menée, et puis le cœur,
00:37:12le cœur politique
00:37:14qui estime que l'on est dans
00:37:16l'intransigeance, dans le manque de tolérance
00:37:18si on n'admet pas
00:37:20que ce soit la loi
00:37:24religieuse
00:37:26venue d'ailleurs, qu'il l'emporte
00:37:28et qu'ils ont droit de se manifester
00:37:30en fonction de leur sensibilité.
00:37:32Voilà où nous en sommes alors que la laïcité
00:37:34c'est de pouvoir éviter
00:37:36ce genre de drame,
00:37:38ce genre d'intolérance,
00:37:40ce genre de propos odieux.
00:37:42C'est intéressant parce que
00:37:44vous avez écrit une pièce de théâtre,
00:37:46vous cherchez un théâtre
00:37:48et vous êtes considéré,
00:37:50vous aussi, comme un facho.
00:37:52Ah oui, je suis devenu facho, oui.
00:37:54Vous, homme de gauche,
00:37:56et vous cherchez un théâtre
00:37:58pour reproduire. Intéressant.
00:38:00Hier, Bruno Retailleau,
00:38:02ou Charles O'Donnellas, a annoncé
00:38:04dans un instant,
00:38:06je suis à vous, Patrick, c'est parce que
00:38:08je me sens très concentré.
00:38:10Je bois vos paroles.
00:38:12On a beaucoup de questions à vous poser aussi,
00:38:14avant de tout boire. Bruno Retailleau,
00:38:16hier, a annoncé son plan de bataille
00:38:18après la publication d'un rapport sur les frères musulmans,
00:38:20tandis que François Bayreau et Emmanuel Macron
00:38:22ont semblé vouloir temporiser
00:38:24alors que le débat fait rage.
00:38:26Qu'en faut-il en retenir,
00:38:28à l'heure qu'il est ?
00:38:30Ce qu'on constate, en tout cas, c'est que plus nous parlons de ce rapport,
00:38:32moins nous savons exactement de quoi nous parlons.
00:38:34Et moins nous savons exactement de quoi parlent
00:38:36ceux qui nous parlent du rapport,
00:38:38et qui sont censés
00:38:40prendre des mesures
00:38:42après la publication de ce rapport.
00:38:44Donc, ça génère un flot de paroles
00:38:46relativement incompréhensible, en raison du grand
00:38:48flou autour duquel elle tourne
00:38:50inlassablement depuis quelques jours.
00:38:52Alors, on va commencer par Bruno Retailleau,
00:38:54qui a fait des annonces, il a porté le rapport il y a quelques jours,
00:38:56on s'en souvient, il a fait des annonces.
00:38:58Lui dit vouloir lutter contre une mouvance, je cite,
00:39:00qui pratique le double discours
00:39:02et utilise nos principes démocratiques
00:39:04contre la démocratie. Il citait
00:39:06hier Youssef Al Kardaoui, qui est l'un des
00:39:08idéologues de la mouvance des frères musulmans,
00:39:10avec cette phrase, l'alerte de
00:39:12Kardaoui lui-même était relativement
00:39:14claire, ouvrez les guillemets,
00:39:16« Avec vos lois, nous vous coloniserons, avec nos lois,
00:39:18nous vous dominerons ». Fermez les guillemets,
00:39:20c'est vrai que le projet est relativement transparent.
00:39:22Et contre quoi exactement
00:39:24se battre ? Bruno Retailleau dit
00:39:26la progression de l'antrisme islamiste
00:39:28est profonde, peu l'ont vu venir,
00:39:30elle est au cœur d'un combat républicain,
00:39:32alors combat républicain,
00:39:34vraiment, il faudrait, Bruno Retailleau, comme les autres,
00:39:36il faut préciser, parce que désormais,
00:39:38c'est un mot qui est utilisé quand même pour
00:39:40beaucoup, beaucoup de choses, et on ne peut
00:39:42répondre à la taquilla, à la dissimulation
00:39:44par l'omerta, c'est-à-dire le silence, donc il appelle
00:39:46clairement à ouvrir les yeux.
00:39:48Il dit, un, on va entraver des cibles
00:39:50qui sont toutes connues et déjà
00:39:52bien identifiées, en coordonnant
00:39:54l'action au niveau national, notamment l'unification
00:39:56du travail des renseignements,
00:39:58vigilance au niveau local contre les
00:40:00écosystèmes islamistes, et ouverture
00:40:02des sources d'avertissement, en gros,
00:40:04prendre en considération les avertissements
00:40:06des clubs de sport, des associations,
00:40:08des écoles, etc.
00:40:10Ensuite, frapper au portefeuille,
00:40:12puisque Bruno
00:40:14Retailleau dit, on ne peut pas vraiment interdire,
00:40:16parce que ce n'est pas tant une organisation de masse
00:40:18qu'un courant de pensée,
00:40:20donc intensification du gel des avoirs,
00:40:22interdiction de transférer l'argent quand vous
00:40:24dissolvez une association,
00:40:26vous ne pouvez pas transférer vos
00:40:28fonds à l'étranger quand vous êtes l'association,
00:40:30très bien, frapper au portefeuille.
00:40:32Troisièmement, facilitation des dissolutions.
00:40:34Alors là, je sais que c'est le sujet préféré de Mathieu,
00:40:36les gens qui nous écoutent
00:40:38souvent, mais là, il y a deux trucs, je ne sais pas très bien
00:40:40ce qu'on va en faire, franchement. La création d'une atteinte
00:40:42à la cohésion nationale.
00:40:44Pour les raisons que nous venons d'évoquer,
00:40:46on se retrouvera tous devant un tribunal pour
00:40:48atteinte à la cohésion nationale, ça dépend qui décide
00:40:50de qui incarne la cohésion nationale.
00:40:52Donc tout le monde peut être un peu accusé
00:40:54de ça, et Bruno Retailleau
00:40:56nous dit qu'il va mettre en place une sorte de parquet administratif
00:40:58au sein du ministère de l'Intérieur
00:41:00pour accélérer les dissolutions
00:41:02de tel ou tel, et il a rappelé
00:41:04un projet de loi ancien, et la
00:41:06volonté qu'il avait pour volonté d'inscrire
00:41:08dans la constitution l'idée que
00:41:10« nul individu ou nul groupe
00:41:12ne peut se prévaloir de son origine ou de sa
00:41:14religion pour s'exonérer du
00:41:16respect de la règle commune ». Alors par
00:41:18exemple, avec cette phrase dans la constitution, il n'y a plus
00:41:20de clause de conscience.
00:41:22Juste pour information.
00:41:24Et par ailleurs, ce serait bien,
00:41:26c'est un peu moins sérieux que l'exemple
00:41:28que je viens de prendre, mais
00:41:30quand on avait Christophe Castaner, son prédécesseur,
00:41:32qui nous expliquait,
00:41:34au moment de, après la mort
00:41:36de George Floyd, aux Etats-Unis, et qu'on avait le
00:41:38comité Traoré ici, qui nous
00:41:40expliquait que l'émotion dépassait parfois la loi.
00:41:42On nous explique aussi en France
00:41:44régulièrement qu'il faut faire évoluer la loi parce que ça
00:41:46existe déjà. Si ça existe déjà,
00:41:48c'est bien que ça enfreint la loi. Au nom de quoi ?
00:41:50Donc il n'y a que les gens qui ont la foi, en fait, qui n'ont pas le droit
00:41:52d'avoir des convictions. C'est les seuls.
00:41:54Ça va être un peu compliqué à
00:41:56expliquer. Et il veut,
00:41:58enfin, Bruno Retailleau, conscientiser
00:42:00les Français, et il précise lui-même, parce que
00:42:02je pense que Bruno Retailleau sait que beaucoup de
00:42:04Français sont conscients, et il
00:42:06prend comme exemple, et ça j'ai trouvé ça très intéressant,
00:42:08les décideurs qui se taisent par
00:42:10peur du procès en islamophobie.
00:42:12Décideurs qui sont cités notamment dans le rapport
00:42:14à les administrations qui n'interviennent pas
00:42:16par peur du procès en islamophobie.
00:42:18Mais ce matin, François
00:42:20Bayrou a semblé le contredire,
00:42:22tout comme Emmanuel Macron, qui relativise
00:42:24on l'a vu déjà, la menace
00:42:26qu'il jugeait pourtant grave.
00:42:28Voilà quelques jours. On peut comprendre.
00:42:30Alors en effet, on a François Bayrou,
00:42:32c'était ce matin, qui relève des faits inquiétants,
00:42:34entre guillemets, mais
00:42:36précise toutefois qu'il n'a, je cite encore,
00:42:38pas envie de faire de l'islam un sujet de fixation
00:42:40de la société française. Alors le rapport, il est sur
00:42:42les frères musulmans. Tout le monde nous explique que ça n'a rien à voir,
00:42:44que c'est l'islam politique, ou l'islamisme, ça n'a rien
00:42:46à voir avec l'islam. Mais en même temps,
00:42:48les faits sont inquiétants. On ne sait pas très bien pourquoi,
00:42:50mais il ne faut pas faire de l'islam un sujet de fixation.
00:42:52Franchement, à la fin de cette phrase, bon courage
00:42:54pour savoir exactement de quoi on parle,
00:42:56où on en est, qu'est-ce qui est inquiétant,
00:42:58qu'est-ce qui ne l'est pas, de quoi on parle.
00:43:00Emmanuel Macron, lui, il s'inquiétait
00:43:02au moment de la sortie du rapport, souvenez-vous, de la gravité
00:43:04des faits, et il explique que
00:43:06les phénomènes d'antrisme sont identifiés
00:43:08dans certains quartiers,
00:43:10mais il ajoute, il ne faut pas pour autant
00:43:12penser qu'il y en a partout, ce que personne
00:43:14n'a dit, par ailleurs, donc c'est une manière, vous savez, de déminer
00:43:16le sujet. Il ne faut pas penser qu'il y en a
00:43:18partout, parce que ça peut rendre
00:43:20complotiste ou paranoïaque le mot préféré
00:43:22de la semaine. Bon alors, on aimerait
00:43:24que ces personnes nous parlent clairement.
00:43:26Emmanuel Macron, François Bayrou.
00:43:28Qu'est-ce qui est grave ?
00:43:30Depuis trois jours, qu'est-ce qui est grave exactement ?
00:43:32On ne sait pas, en fait. Qu'est-ce qui est inquiétant ?
00:43:34On ne sait pas non plus, concrètement, je parle.
00:43:36En quoi consiste cet antrisme dont tout le monde
00:43:38parle ? Antrisme dans quoi ? De qui ?
00:43:40Pourquoi faire ? On ne sait pas très bien.
00:43:42Quelle est la définition exacte de l'islamisme
00:43:44dont on parle ces derniers jours ?
00:43:46Parce qu'il est entendu dans le rapport
00:43:48qu'on le sépare du terrorisme. Donc le terrorisme,
00:43:50on sait tout ce que c'est, la volonté de tuer
00:43:52pour terroriser et implanter son
00:43:54modèle, et l'islamisme,
00:43:56ça commence quand ? Ça s'arrête quand ?
00:43:58Ça se reconnaît comment ? Je ne sais pas non plus.
00:44:00Et personne ne parle ni ne répond
00:44:02clairement parce que nous refusons de clarifier
00:44:04le sujet, parce que cette frontière-là,
00:44:06nous n'arrivons pas à la dessiner, parce que nous
00:44:08n'arrivons pas à savoir exactement de quoi nous parlons.
00:44:10Et l'autre nom de la menace, c'est
00:44:12l'islam politique. On l'entend aussi
00:44:14beaucoup. C'est-à-dire,
00:44:16c'est-à-dire l'islam politique, c'est-à-dire
00:44:18que ce n'est pas le ressort de la foi
00:44:20des musulmans. En effet, les musulmans sont hors de cause
00:44:22dans cette histoire, ce n'est pas le sujet.
00:44:24C'est l'islam politique, c'est-à-dire un projet
00:44:26politique qui, dans un système démocratique,
00:44:28doit pouvoir convaincre
00:44:30pour prendre le pouvoir.
00:44:32C'est comme ça que fonctionne à peu près tout
00:44:34projet politique en France.
00:44:36Et donc, dans le détail, ça se décline.
00:44:38Ça se décline dans la vie associative, sociale,
00:44:40collective, sport. On parle en permanence,
00:44:42on a fait mille chroniques ici sur
00:44:44les associations, sur les subventions,
00:44:46sur les clubs de sport,
00:44:48la vie professionnelle,
00:44:50une vision de la vie, du monde, de la société, des règles
00:44:52qui la régissent. Bref, les frères musulmans
00:44:54ont entamé un processus d'assimilation
00:44:56qui fonctionne extrêmement bien
00:44:58et nous n'avons rien à y répondre.
00:45:00Or, comment s'impose en démocratie
00:45:02une telle entreprise politique ?
00:45:04Par le nombre.
00:45:06Par le nombre, toujours, il faut écouter Mathieu Bocoté,
00:45:08ça aidera à clarifier son propos.
00:45:10C'est ce que font absolument
00:45:12tous les courants politiques
00:45:14et c'est le versant politique
00:45:16de l'islamisation culturelle,
00:45:18celle dont personne ne prononce le nom.
00:45:20Or, le problème que nous avons,
00:45:22c'est que dans ce projet politique,
00:45:24il y a une chose qu'il ne reconnaît pas,
00:45:26c'est précisément le seul outil
00:45:28avec lequel nous arrivons à lui parler, à savoir la laïcité.
00:45:30Ça n'existe pas
00:45:32dans la mentalité islamique,
00:45:34cette fois-ci, dans le monde musulman,
00:45:36c'est un concept
00:45:38qui n'existe pas.
00:45:40Et c'est notre religion à nous,
00:45:42si je voulais pousser la provocation jusqu'au bout,
00:45:44nous ne leur répondons que ça
00:45:46et nous ne le définissons pas.
00:45:48Auquel s'ajoute évidemment la dimension
00:45:50islamiste pure, celle-ci,
00:45:52qui refuse l'altérité une fois qu'elle est
00:45:54instaurée.
00:45:58Alors, simplement
00:46:00pour terminer, on nous dit
00:46:02en l'occurrence que ce sont nos valeurs
00:46:04et nos lois qui sont attaquées
00:46:06par le projet des frères musulmans.
00:46:08Vous savez, c'est une phrase qu'on a également beaucoup
00:46:10entendue. Alors là, c'est pareil, il faudrait peut-être
00:46:12préciser que sont nos valeurs
00:46:14et que sont nos lois. Parce que, un,
00:46:16nos valeurs, on nous explique tout le reste de l'année
00:46:18qu'elles sont en perpétuel mouvement,
00:46:20que la France est une construction, que c'est sans cesse
00:46:22en mouvement et qu'elle s'enrichit en permanence de la différence
00:46:24de l'extérieur, voire qu'elle n'est bonne qu'à ça.
00:46:26Donc c'est quoi nos valeurs
00:46:28qui sont si importantes à ce moment-là ?
00:46:30Par ailleurs, nos valeurs sont changeantes.
00:46:32Hier, je reprends l'exemple de la fin de vie,
00:46:34hier, qui pratiquait l'euthanasie
00:46:36était en effet passible du code pénal,
00:46:38demain, potentiellement, ce sera un serviteur de la liberté.
00:46:40C'est au nom de ça
00:46:42qu'on vote cette loi. Donc sans polémique aucune de ma part,
00:46:44les valeurs et ce qu'elles recouvrent
00:46:46sont changeantes, évidemment.
00:46:48Elles sont changeantes au gré des lois.
00:46:50Et nos lois, on dit que ça contrevient à nos lois.
00:46:52Mais n'importe quel député
00:46:54qui a des convictions,
00:46:56et c'est en raison de ces convictions
00:46:58qu'il devient député pour faire changer la loi.
00:47:00Donc nos lois, elles changent,
00:47:02elles changent toute la journée à l'Assemblée.
00:47:04Alors qu'est-ce qui nous gêne dans cette affaire
00:47:06des frères musulmans, qu'est-ce qui nous gêne
00:47:08dans le projet politique et dans le projet civilisationnel ?
00:47:10Et bien c'est tout simplement
00:47:12qu'au sein d'une élite qui relativise sa culture,
00:47:14qui bannit son histoire, culpabilise son passé,
00:47:16dilue ses mœurs et juge l'assimilation
00:47:18comme une violence depuis des années,
00:47:20il est difficile de dire, tout simplement,
00:47:22que nous craignons que la France ne soit plus chez elle.
00:47:24C'est aussi simple que ça
00:47:26le problème que nous avons depuis une semaine,
00:47:28mais personne n'arrive à le dire aussi simplement que ça.
00:47:30Je pense que ça nous éviterait bien
00:47:32des circonvolutions
00:47:34et la peur de discriminer quoi que ce soit,
00:47:36parce que vous conviendrez que défendre la France
00:47:38dans ce qu'elle est depuis 1500 ans,
00:47:40il n'y a pas grand-chose de discriminant.
00:47:42Vous rejoignez exactement ce que Patrick Sébastien,
00:47:44qui est notre invité ce soir, nous disait tout à l'heure
00:47:46que parfois il ne se sent plus tout à fait chez lui.
00:47:48Patrick Sébastien,
00:47:50vous représentez ?
00:47:52La plupart des gens que je rencontre
00:47:54Je peux poser une question ?
00:47:56La plupart des gens que je rencontre disent,
00:47:58pour te résumer en une phrase,
00:48:00ça ne nous gêne pas de cohabiter,
00:48:02mais on ne veut pas se faire virer de la maison.
00:48:04C'est ce que j'entends le plus autour de moi.
00:48:06Vous représentez la France,
00:48:08je disais la joie de vivre,
00:48:10la France populaire,
00:48:12la France qu'on a oubliée,
00:48:14la France qu'on a perdue.
00:48:16Vous avez sorti un album.
00:48:18On ne l'a pas tant oublié que ça.
00:48:20Qu'est-ce qu'elle est devenue cette France aujourd'hui ?
00:48:22Je prends l'exemple,
00:48:24vous êtes au théâtre en ce moment.
00:48:26Je suis à la fois au théâtre,
00:48:28je vais démarrer mon tournée d'été dans les festivals.
00:48:30On va voir la fiche de votre tournée.
00:48:32C'est deux spectacles différents.
00:48:34Sur hommage et dessert.
00:48:36C'est un spectacle nostalgique,
00:48:38ça c'est plus pour une génération de mon âge,
00:48:40un peu plus jeune même.
00:48:42Par contre l'été,
00:48:44c'est des festivals.
00:48:46Là, il y a 10 000 personnes.
00:48:48Et dedans, il y a tous ces jeunes
00:48:50qui ne sont pas des blaireaux ringards
00:48:52comme on croit.
00:48:54Il y a beaucoup d'étudiants qui seront plus tard
00:48:56chefs d'entreprise, chirurgiens, etc.
00:48:58Dans mon public, j'ai beaucoup de ces gens-là
00:49:00qui ont besoin d'une soupape.
00:49:02La France aujourd'hui,
00:49:04il y a beaucoup d'interdits,
00:49:06il y a beaucoup trop de lois.
00:49:08Je vois tous les politiques qui arrivent
00:49:10en disant on va faire des lois.
00:49:12Mais des lois, il ne faut pas en faire.
00:49:14Il faut en enlever des lois.
00:49:16Il y a une espèce de chape de plomb sur chacun.
00:49:18Et puis il y a la réalité de tous les jours
00:49:20où ça devient de plus en plus difficile financièrement.
00:49:22Moi j'ai des potes qui sautent un repas par jour
00:49:24parce qu'ils n'ont pas les moyens de se le payer.
00:49:26La réalité, elle est là.
00:49:28Après l'échappatoire,
00:49:30moi c'est le plus sympa des échappatoires
00:49:32parce que c'est de la fête, etc.
00:49:34La cam est partout.
00:49:36La cam, l'alcool,
00:49:38il y en a partout.
00:49:40Moi j'habite en province, il y en a partout.
00:49:42C'est ça l'échappatoire.
00:49:44Peut-être qu'en donnant aux gens un peu plus d'espoir,
00:49:46un peu plus de raison d'espérer,
00:49:48en faisant quelque chose de moins anxiogène,
00:49:50on arriverait aussi à faire aigraisser ça.
00:49:52C'est très difficile d'expliquer aujourd'hui
00:49:54à des mômes que l'avenir est beau.
00:49:56Qu'est-ce que l'avenir est beau ?
00:49:58Et nous on parle souvent justement
00:50:00du narcotrafic.
00:50:02On parle aussi de cette France
00:50:04qui ne se sent pas toujours représentée.
00:50:06Qu'est-ce qu'ils viennent vous dire,
00:50:08ces jeunes ?
00:50:10Ils sont exclus.
00:50:12Ils se sentent exclus du système.
00:50:14Je ne te dis pas ce qu'ils pensent des politiques.
00:50:16De tous bords.
00:50:18Mais alors, de tous bords.
00:50:20Il faut dire que là on a une classe qui est...
00:50:22Moi j'ai 71 ans.
00:50:24Quand on a vu passer
00:50:26De Gaulle, Pompidou, etc.
00:50:28Je n'ai jamais été aussi déçu
00:50:30par la classe politique en général.
00:50:32Par le show.
00:50:34Parce qu'ils nous ont pris notre place.
00:50:36On regardait Johnny Hallyday à la télé.
00:50:38Maintenant on regarde Marine Le Pen
00:50:40qui va faire cette émission-là, demain celle-là.
00:50:42Et j'ai un ministre. Mais ce n'est pas ça qu'on veut.
00:50:44C'est pas ça qu'on veut.
00:50:46On veut qu'on s'occupe de nous.
00:50:48On veut qu'on nous donne de l'espoir.
00:50:50On veut qu'on n'entreprenne pas nos besoins d'entreprendre.
00:50:52Moi, mon truc, à mon humble niveau,
00:50:54c'est de les détendre. Point.
00:50:56Ça ne va pas au-delà de ça.
00:50:58La fête, cette joie de vivre,
00:51:00on voit régulièrement qu'elle est ciblée.
00:51:02Dans le foot, on ne peut plus rigoler.
00:51:04Dans les concerts, on ne peut plus rigoler.
00:51:06On le voit régulièrement.
00:51:08Il y a souvent des attaques, des bousculades,
00:51:10souvent de la violence.
00:51:12Question par rapport à l'album que vous avez sorti.
00:51:14Aux éoliens, chansons interdites.
00:51:16Oui, un album provocateur.
00:51:18Mais 53 millions de vues, quand même.
00:51:20Oui, 53 millions de vues.
00:51:22On ne s'y attendait pas, d'ailleurs.
00:51:24Mais c'est la tradition des chansons paillardes.
00:51:26Tu te rappelles que les chansons paillardes,
00:51:28c'était surtout les médecins du corps de garde.
00:51:30C'est-à-dire les gens qui vivaient au contact
00:51:32de la douleur,
00:51:34qui avaient besoin d'extérioriser ça
00:51:36avec des chansons de cul, etc.
00:51:38Et nous, on a été surpris
00:51:40parce qu'on ne s'attendait pas à un tel raz-de-marée.
00:51:42Parce que je pense que ça correspond
00:51:44à une soupape actuelle
00:51:46où les gens ont besoin,
00:51:48on en marque, on leur impose ça.
00:51:50Ça va de tout à tout.
00:51:52Ça va du particulier aux terrasses de café
00:51:54qui ne peuvent pas bouger leur chaise de ça
00:51:56sinon ils vont avoir des amendes.
00:51:58Il y a un moment, c'est ras-le-bol.
00:52:00Et ras-le-bol, on ne peut plus rire de tout.
00:52:02On ne peut plus chanter.
00:52:04Évidemment, on ne va pas passer des extraits.
00:52:06Malheureusement, un petit extrait quand même.
00:52:08On va passer un petit extrait qui est diffusable.
00:52:10Non, mais je peux garder le titre.
00:52:12Est-ce que tu l'as vu mon cul ?
00:52:14On va passer l'extrait qu'on a soigneusement sélectionné,
00:52:16mon cher Patrick.
00:52:18La société évolue.
00:52:20Ah, ça c'est une chanson spéciale, ça.
00:52:22C'est pas la plus festive.
00:52:24Qui est papa ?
00:52:26Qui est maman ?
00:52:28Oui, j'ai déjà mordu
00:52:30il y a quelques problèmes sociaux.
00:52:32Avec toute l'adhérence.
00:52:36Mais le truc, il faut un carton.
00:52:38Quand on s'ouvre à la quéquette à rien,
00:52:40ça fait tourner l'équilibre.
00:52:42C'est sûr que ce n'est pas très philosophique.
00:52:44Ça fait rigoler les gosses.
00:52:46Non, mais Patrick Sébastien, c'est intéressant.
00:52:48C'est pas là, parce que maintenant on ne peut pas diffuser
00:52:50ce genre de chansons paillardes.
00:52:52Non, mais pour dire tout simplement
00:52:54comment la société a changé.
00:52:56Que les chansons paillardes, c'était
00:52:58par exemple, c'est rablaisien.
00:53:00Avec Marmenant, on en parlait.
00:53:02Tout le monde les chantait à la sormone.
00:53:04Aujourd'hui, c'est Antonio Frédéricard,
00:53:06qui est un génie de l'écriture.
00:53:08Je ne sais pas s'il ne serait pas censuré.
00:53:10Parce qu'il y a du sexisme, parce qu'il y a de la grossierté.
00:53:12C'est cette société-là qui disparaît.
00:53:14Elle existe
00:53:16en résistant.
00:53:18On est dans un pays où il y a des collaborateurs.
00:53:20On est en guerre.
00:53:22On est dans une guerre idéologique.
00:53:24On a une guerre de société.
00:53:26Et il y a des collaborateurs et il y a des résistants.
00:53:28Et moi, je fais partie des résistants.
00:53:30Et on le paye cher.
00:53:32Notre liberté, cette liberté-là,
00:53:34on la paye très très cher.
00:53:36Mais elle existe.
00:53:38Moi, je l'ai payée en me faisant chier.
00:53:40Moi, il y a plein d'endroits dans les médias
00:53:42où je n'ai pas le droit de passer.
00:53:44Moi, j'ai passé
00:53:464 ans sur le service public
00:53:48à être interdit d'être invité
00:53:50pour parler, tout simplement.
00:53:52J'étais interdit.
00:53:54On a dit non, non.
00:53:56Et il y a des gens qui voulaient me recevoir.
00:53:58C'est à vous tout ça. Mais on leur disait non.
00:54:00Et au prétexte de quoi ?
00:54:02Je n'ai rien fait d'illégal.
00:54:04Au prétexte que je suis ce que je suis.
00:54:06Mais je préfère rester ce que je suis.
00:54:08Vous aurez le mot de la fin dans un instant.
00:54:10On écoute Mathieu Bocoté. C'est très intéressant.
00:54:12On a une double page dans la presse écrite de gauche
00:54:14nous disant qu'on faisait de la fausse information.
00:54:16La Cour des comptes réitère
00:54:18et elle constate
00:54:20que les fraudes au régime de retraite
00:54:22demeurent un problème grave.
00:54:24C'était une chronique de Dimitri Pavlenko à l'époque.
00:54:26Notamment les fraudes
00:54:28à destination de l'étranger.
00:54:30Elle appelle à prendre au sérieux ce problème.
00:54:32Est-ce que ce tour de vie sera suffisant, Mathieu Bocoté ?
00:54:34Bien sûr que non.
00:54:36Mais notons une première chose.
00:54:38J'aborderai le problème à la manière de l'histoire d'un déni.
00:54:40La question de la fraude sociale
00:54:42est une question majeure
00:54:44et le système médiatique, plus largement le système politique
00:54:46officiel, a tout fait
00:54:48pour nous expliquer que ce n'était pas
00:54:50un problème pendant longtemps.
00:54:52Le point de départ, c'est simplement de nous dire
00:54:54qu'il n'y a pas de fraude sociale
00:54:56ou alors ça relève, c'est des grenailles, ça ne compte pas,
00:54:58c'est secondaire, circulez, il n'y a rien à voir.
00:55:00Ensuite on a dit bon, d'accord.
00:55:02Et un peu comme pardon l'Elysée
00:55:04mais que c'est de la fausse information.
00:55:06C'est une vieille méthode.
00:55:08Deuxième argument, on a dit oui, il y a de la fraude sociale
00:55:10mais c'est rien comparé à la fraude fiscale
00:55:12qui est la fraude vraiment dangereuse, celle-là.
00:55:14Donc parlons de la fraude fiscale
00:55:16et si vous y tenez à tout prix, on parlera un peu de la fraude sociale
00:55:18à la fin, mais pourquoi?
00:55:20Ensuite on nous a dit oui, c'est vrai, il y a de la fraude sociale
00:55:22mais il n'y a aucun lien entre ça et l'immigration.
00:55:24Il n'y a aucun lien entre la fraude sociale et l'immigration.
00:55:26Il n'y a aucun lien entre la fraude sociale
00:55:28et l'étranger dans des circonstances.
00:55:30Donc oui, on veut bien en parler à condition de ne pas,
00:55:32comme on dit, stigmatiser aujourd'hui
00:55:34parce que nommer les problèmes spécifiques
00:55:36causés par l'immigration, ça relèverait
00:55:38de la stigmatisation apparemment.
00:55:40Et là maintenant, on dit oui, effectivement,
00:55:42il y a une fraude sociale, c'est particulier
00:55:44et elle est en plus connectée à certains pays.
00:55:46L'Algérie en profite notamment.
00:55:48Donc oui, tout cela existe.
00:55:50Bon, ça a pris du temps quand même pour l'avouer
00:55:52mais à tout moins, on vient de le faire.
00:55:54Ce qui est intéressant par ailleurs,
00:55:56c'est qu'on apprend que depuis 2017,
00:55:58les autorités, c'est ce que nous dit le Figaro aujourd'hui,
00:56:00depuis 2017, les autorités
00:56:02prenaient cela au sérieux.
00:56:04Mais donc il y avait un écart manifestement
00:56:06en deux côtés, les autorités
00:56:08qui cherchaient à traquer la fraude sociale
00:56:10en n'ayant pas les moyens, en n'étant pas capables
00:56:12de l'évaluer suffisamment, en n'étant pas
00:56:14capables de voir jusqu'où
00:56:16cette fraude se déployait, mais
00:56:18objectivement reconnaissaient qu'elle existait.
00:56:20Mais au même moment, le discours public,
00:56:22j'y reviens, est un discours de déni.
00:56:24Donc encore une fois, on nous demande de croire toujours
00:56:26en la parole de l'État, de croire toujours à la parole
00:56:28de l'Élysée, de croire toujours à la parole des médias
00:56:30mais que se passe-t-il quand l'État pratique une chose,
00:56:32dit le contraire et explique
00:56:34que ceux qui s'en inquiètent sont probablement
00:56:36des racistes ou à tout le moins des passionnés de la discrimination.
00:56:38De quelles fraudes parle-t-on
00:56:40aujourd'hui, notamment, parce que c'est dans
00:56:42plusieurs pays, notamment l'Algérie, pas seulement,
00:56:44mais l'Algérie, premièrement, il y a
00:56:46évidemment, notamment au niveau de retraite,
00:56:48les fraudes identifiées
00:56:50l'usurpation d'identité.
00:56:52On s'en doutait, bien évidemment.
00:56:54Il y a aussi les départs à l'étranger
00:56:56non signalés, alors que pour certaines prestations
00:56:58il faut avoir des conditions minimales
00:57:00d'habiter en France.
00:57:02Mais la fraude la plus courante, et ça,
00:57:04ça m'a charmé, c'est
00:57:06l'omission de déclaration d'un décès.
00:57:08Ce qui veut dire que vous avez des gens qui sont morts,
00:57:10théoriquement, lorsqu'on est mort, c'est la retraite définitive.
00:57:12On n'est pas censé recevoir de petits chèques.
00:57:14Bon, mais le fait est que la mort,
00:57:16finalement, est une mort qui est peut-être
00:57:18biologique, mais pas administrative,
00:57:20et en ne la déclarant pas, on peut continuer, pour les proches,
00:57:22de continuer de réclamer
00:57:24des chèques à la France dans les circonstances.
00:57:26La dimension, et comment ne pas
00:57:28avoir l'impression devant cela
00:57:30qu'on est devant des gens. Pas tous les gens,
00:57:32évidemment, faut-il le rappeler mille fois, mais on est devant
00:57:34des gens qui, par rapport, considèrent que la France
00:57:36est celle-là d'un guichet vers lequel on peut tout simplement
00:57:38se tourner, en profiter, sans gêne,
00:57:40sur le Mahaud, on prépare
00:57:42de certains, et ce n'est pas tous, du pillage
00:57:44contre-colonial, c'est-à-dire,
00:57:46puisqu'on a été pillé autrefois, disent-ils, maintenant
00:57:48c'est notre tour de piller, nous réclamons
00:57:50notre part, et nous ne voulons surtout pas
00:57:52qu'on nous en parle. Alors, encore
00:57:54une fois, je dis ça, ça touche une partie de la population,
00:57:56pas tous, c'est un important
00:57:58pas tous, mais ça existe
00:58:00et désormais l'État est obligé de l'avouer.
00:58:02Les sommes ne sont
00:58:04pourtant pas considérables,
00:58:06est-ce qu'elles ne relèvent pas
00:58:08indirectement le caractère
00:58:10limité de la fraude sociale ?
00:58:12Alors, 40 à 80 millions d'euros en Algérie
00:58:14notamment, 12 millions d'euros au Maroc,
00:58:16oui, ce n'est pas des
00:58:18trilliards de trilliards, mais je
00:58:20dirais que, premièrement, il n'existe pas de
00:58:22petite somme, parce qu'au final, cet argent-là,
00:58:24il est quand même détourné, donc
00:58:26j'ajoute qu'on nous dit que c'est sous-évalué,
00:58:28c'est probablement sous-évalué,
00:58:30ajoutons ça à notre raisonnement,
00:58:32ensuite, quoi qu'il en soit, les Français doivent
00:58:34toujours payer. Au final, on a un État qui
00:58:36dit, je crois que c'est François Bayrou, qui dit que tout le monde
00:58:38va devoir faire un effort, encore une fois,
00:58:40tout le monde est fraudeur, un peu moins.
00:58:42Donc, le commun est mortel, c'est toujours
00:58:44quand on entend le mot « effort », ça ne veut pas
00:58:46dire qu'on va faire des efforts pour améliorer sa vie,
00:58:48dire qu'on va faire des efforts pour améliorer le train de vie de l'État,
00:58:50et dernier élément, j'y reviens,
00:58:52pour certains, les fonds publics sont tout simplement des fonds
00:58:54appuyés, et les Français, à la fin, devront
00:58:56payer.
00:58:58— Et les Français devront payer à la fin.
00:59:00Patrick Sébastien, vous avez été notre
00:59:02invité, en quelques secondes,
00:59:04peut-être une dernière question ? — J'étais ravi de participer
00:59:06à l'émission de gauche, parce que ça fait longtemps
00:59:08que j'en rêvais.
00:59:10— Excusez-nous, mais c'est une émission
00:59:12juste qui aime les Français. — Ouais,
00:59:14je sais, je sais. — Pardon, de gauche,
00:59:16je ne sais pas, mais une émission qui aime la France.
00:59:18— Pour moi, il n'y a pas de gauche, il n'y a pas de droite, il n'y a pas tout ça, je suis un humaniste.
00:59:20— Qu'est-ce qu'être Français, en deux mots et en termine ?
00:59:22Deux mots seulement.
00:59:24— Être Français, c'est être fier
00:59:26de ses racines et de ses valeurs. Je suis fier
00:59:28de mes racines, moi. Je suis fier de mes ancêtres.
00:59:30Je suis fier de ma culture.
00:59:32J'ai pas envie qu'on débaptise
00:59:34Cyrano de Bergerac pour l'appeler Cyrano
00:59:36d'Aubervilliers. Voilà, j'aime
00:59:38Cyrano de Bergerac. J'aime les mots.
00:59:40J'aime mon pays.
00:59:42J'aime pas tout. J'aime pas tout.
00:59:44Et j'engage tous
00:59:46les gens à être
00:59:48le plus ouvert possible, à être le plus
00:59:50tolérant. La racaille, comme vous,
00:59:52elle m'emmerde. Elle me
00:59:54gonfle. Mais en même temps, j'ai toujours
00:59:56la phrase de Goldman dans ma tête
00:59:58quand il chante « Si j'étais né en 17 à
01:00:00Leidenstadt », et je me dis que si j'étais né
01:00:02dans les conditions où naissent certaines,
01:00:04peut-être que je me conduirais comme eux. Donc ça
01:00:06me donne beaucoup... Je veux un petit peu
01:00:08plus de force et de
01:00:10vigueur, mais en même temps
01:00:12j'essaie de comprendre les choses.
01:00:14Je pense que si chacun faisait un petit peu
01:00:16un pas vers l'autre, en étant intransigeant
01:00:18quand même, ça serait vachement mieux.
01:00:20Patrick Sébastien était
01:00:22notre invité, symbole de la
01:00:24France, la France qu'on
01:00:26aime. Tout de suite, Pascal
01:00:28Praud, L'Heure des Prodeux. Merci à tous.
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