- 30/05/2025
DB - 30-05-2025
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00:00Sous-titrage MFP.
00:30Sous-titrage MFP.
01:00Quelle tristesse, quel tourment caché s'était donc réveillé en lui comme un appel qui tout à coup monte des abîmes du passé.
01:08Après, après les années ont passé, et vous pensez bien que j'avais d'autres soucis en tête que ce gamin qui n'avait fait que traverser ma vie comme un éclair.
01:16Alors, pourquoi après tant d'années, soudainement...
01:20Et vous pensez, s'est mise à m'obséder.
01:23Bon, c'est très simple.
01:25Depuis 40, il ne se passait pas de jour que la presse n'évoque le drame douloureux de ses enfants perdus au cours de la guerre.
01:32Puis retrouvés, et puis arrachés à leur famille adoptive.
01:36Venez, regardez toutes ces coupures de presse.
01:38Si vous saviez toutes les tragédies qu'elle comporte, tous ses avis de recherche, rendez-moi ça.
01:46Oui, oui.
01:46Alors, il pensait...
01:48Et s'est mise tout d'un coup à m'obséder.
01:51Pourquoi, enfin, le petit garçon de Narvik, lui, n'aurait-il pas retrouvé son pays natal, sa famille ?
02:04Et c'est alors que j'ai écrit au maire de Narvik.
02:10Oui, tu as reçu une lettre il n'y a pas tellement longtemps de... de Narvik.
02:14Oui, oui, oui, c'était la réponse du maire.
02:16Et quelle réponse, capitaine ?
02:17Eh bien, l'enfant n'a jamais été retrouvé.
02:18Oui, tout le monde, même sa famille, croit qu'il a été tué dans le bombardement.
02:22Mais moi, moi je sais qu'il était bien liéant.
02:26Sain et sauf après Narvik.
02:28Je le sais, moi.
02:31Alors, tu connais sa famille, maintenant, non ?
02:34Enfin, du moins le nom de sa famille.
02:36Oui.
02:39Mais alors, pourquoi as-tu gardé ce secret si longtemps ?
02:44Il y a des jours où cela devait être étouffé.
02:46Oui.
02:47Et alors, tant de fois, tu nous as parlé de Narvik et de la guerre,
02:50et jamais de ce petit garçon que tu avais sauvé.
02:52Pourquoi ?
02:53Ben, justement, parce que je ne l'avais pas complètement sauvé.
02:56Puisqu'il n'était jamais revenu chez lui.
02:58Ben, tu lui as tout de même sauvé la vie.
03:02Toute espoir n'est peut-être pas perdue.
03:06C'est justement parce que j'en suis persuadé
03:08que j'ai demandé qu'on m'envoie à Ingvild.
03:13Ingvild ?
03:14Oui.
03:16Ingvild.
03:16Mais pourquoi Ingvild ?
03:18Parce qu'ils sont tous les deux Norvégiens ?
03:21Signe avec ça.
03:24Il y a quelque chose d'autre ?
03:26Eh bien, il y a qui sont frères et sœurs.
03:29Frères et sœurs ?
03:30Oui.
03:32Ingvild est la sœur du petit garçon
03:34que nous avions recueilli sur le Sirius.
03:37Attention, elle ignore qu'elle a un frère.
03:39Oui, ses parents ont préféré ne rien lui dire.
03:42Enfin, toi, comment as-tu appris l'existante, Ingvild ?
03:45Eh bien, par le beau-frère de Nielsen.
03:48Le seul à être dans le secret, d'ailleurs.
03:50Et avec qui j'ai tenu un rapport par le maire de Narvie.
03:53D'ailleurs, je vais vous lire la dernière lettre
03:57que je lui avais adressée.
04:01Cher monsieur, je vous remercie.
04:05Voilà.
04:05Je n'ai pas la certitude absolue de retrouver Jeff vivant.
04:09Je ne veux donc pas révéler aux parents d'Ingvild
04:11le vrai motif de son séjour en France.
04:13Cependant, ce ne serait pas la première fois
04:17qu'une jeune Norvégienne viendrait passer une année
04:19dans une famille française.
04:22Trouvez un prétexte auprès de ses parents
04:24et faites tout votre possible pour m'envoyer Ingvild.
04:28Oui, mais alors pourquoi ici, à Fauvenberg et au cadran solaire ?
04:32Vous pensez bien, mes enfants, que je ne l'ai pas fait venir en France
04:36sans avoir de sérieuses raisons de penser
04:40que son frère est toujours vivant.
04:42Mais oui, d'accord, en France.
04:44Mais pourquoi au cadran solaire, justement ?
04:46Ai-je besoin de vous en dire plus ?
04:52Il me semble bien qu'en ce moment,
04:55nous avons tous les trois la même intuition.
04:59Hein ?
05:00Beau.
05:02Rien qu'une intuition.
05:03Une intuition.
05:05Une intuition.
05:11Nous n'avions pas revu Yann depuis le soir de Noël.
05:14Et voilà que, sans façon,
05:16il réapparaissait au cadran solaire,
05:18s'y retrouvait comme chez lui,
05:19faisait de nouveau chanter le piano sous ses doigts.
05:22Jetez-vous, Rien, des yeux.
05:25Serait-ce possible qu'il fût l'enfant de Narvik ?
05:27Ou bien mon grand-père se laissait-il tout bonnement
05:29emporté par une série de coïncidences ?
05:32Pourtant, il faudrait bien qu'un jour la vérité éclate.
05:36Mais le souhaitais-je tellement ce jour-là ?
05:39Ingvild, elle aussi, venait de Narvik.
05:42À l'idée qu'elle pourrait ramener Yann avec elle en Norvège,
05:45et pour toujours,
05:46je ne pus m'empêcher d'être saisie d'une sorte de panique.
05:49À quoi pensez-vous donc ?
06:11Mais on écoute ?
06:12Non, pour m'observer.
06:14Alors là, mon garçon, tu te trompes.
06:16Je te dirais même qu'en écoutant cette musique,
06:18je ne pensais plus à toi.
06:20Je t'avais complètement oublié.
06:21Tu étais loin, très loin.
06:22J'aime mieux ça.
06:23Non.
06:24J'étais en train de lire des vers,
06:26alors je trouvais que ça allait très bien
06:28avec la musique que tu jouais.
06:29Mais tu devrais nous en faire profiter.
06:31Allez, lis-les-nous, ces vers.
06:32Pas si tu veux.
06:35Je revois les montagnes et les vallées
06:37comme je les ai vues au temps de ma première jeunesse.
06:40Le même vent souffle sur mes joues.
06:44C'est la voix de mon enfance qui rêve.
06:48C'est la voix de mon enfance qui rêve.
06:53Et j'écoute, joyeux et pensif.
06:58Oh, je trouverai bien un abri pour le soir.
07:02Quand sonnera l'heure pour moi de rentrer à la maison ?
07:06Quand sonnera l'heure pour moi de rentrer à la maison ?
07:09Excusez-moi, capitaine.
07:15Je ne sais pas ce qui s'est passé dans ma tête.
07:17Je ne sais pas ce qui s'est passé dans ma tête.
07:47Je ne sais pas si vos enfants sont comme les miens.
07:50Ils sont terribles.
07:52Il ne se passe pas une semaine
07:53et ils perdent toutes leurs appels.
07:59Parce que la dernière, ils ont perdu les gants.
08:01Et cette semaine, ils oublient leur cachet.
08:03Vous savez, c'est un peu pareil.
08:06Je ne sais pas s'ils sont en star
08:07ou si c'est ma montre qui avance.
08:09Mais le dentiste ne va plus nous prendre.
08:11Oh, mais j'y pense.
08:12J'ai oublié mon rati chez le boulanger.
08:14Je te vois là, toi.
08:18Ils ont une mazère.
08:19C'est le mal.
08:22Vous êtes pas me.
08:24Vous m'en connaissez, n'est-ce pas ?
08:26Je suis bien contente que vous soyez seule.
08:28J'ai à vous parler.
08:29Viens avec moi.
08:30C'est de Yann que je veux vous parler.
08:40Mais pourquoi me raconter tout ça ?
08:42Parce que le faux, le faux.
08:43Voilà.
08:43Je ne suis que sa mère adoptive.
08:46Vous le saviez ?
08:47C'est Yann ?
08:49Non.
08:51Il faut que je vous explique comment tout ça s'est fait.
08:54Il faut que je vous raconte.
08:55Voilà.
08:56J'ai eu un fils, un vrai,
08:58qui est mort accidentellement
09:00en 1940.
09:04Il avait trois ans et demi.
09:07Je l'avais confié à mes parents
09:08qui vivaient en Bretagne près de Pontavel.
09:11Mon petit garçon était courageux
09:13et désobéissant comme le pasain.
09:15Il a profité d'un moment
09:16d'inattention de ma mère
09:17et il s'est sauvé vers la rivière.
09:20Il a disparu.
09:22On n'a plus rien retrouvé de lui
09:24que son petit jouet,
09:25un petit camion rouge.
09:28Oui, je sais, je ne suis pas assez claire.
09:32Vous allez me comprendre.
09:36Mon fils s'appelait Yann.
09:38Yann ?
09:41Je l'avais confié à mes parents
09:42parce que c'était la guerre
09:43et que j'avais pris du service
09:46dans la Croix-Rouge.
09:48La Croix-Rouge française ?
09:49Bien sûr, mon travail me prenait
09:51de plus en plus et puis
09:52il y a eu cet hiver abominable pour moi.
09:58Mon mari est tué dans l'Assa
09:59en décembre 1939
10:00et deux mois après,
10:03je perdais mon enfant.
10:06À cette époque-là,
10:07j'ai cru que je ne me consolerais jamais.
10:09Et puis en mai 40,
10:12pendant l'Exode,
10:14sur la route de Tours,
10:16au milieu de tous ces malheurs
10:18que je côtoyais,
10:20il y a eu un geste de la Providence
10:23qui m'a sauvée.
10:25qui m'a sauvée.
10:55Ça va ? Ça va ?
11:01Ça va ?
11:03Pas t'écrishe, hein ?
11:05Pas t'écrisé, hein !
11:07Ça va ?
11:09Ça va ?
11:11Pas t'écris !
11:13Oh !
11:15Bien !
11:25Vous êtes blessés, hein ?
11:43Ah, c'est rien, un éclair dans le mollet.
11:45Vous étiez dans cette voiture ?
11:46Oui, ce sont des artistes étrangers, ils m'ont pris avec eux en cours de route.
11:51Ils sont morts, et leurs gosses aussi.
11:53Oh, mon dieu, mademoiselle, attendez, attendez, il faut arriver à tour, doucement.
11:56Appuyez-vous sur moi, doucement.
11:58On n'y arrivera jamais.
11:59Si, si, il faut.
11:59On sera morts avant.
12:00Prenez-le, s'il vous plaît, prenez-le.
12:03Bon.
12:23Viens, viens.
12:42Viens, viens.
12:56Viens, viens.
12:59Allez, viens.
13:00Allez, viens.
13:01Viens.
13:06Vous avez vendu la route de Tours ?
13:14Oui, au sud de Tours.
13:18Ses parents étaient avec lui ?
13:20Oui, c'est le blessé que j'ai recueilli,
13:22m'a dit la vérité, bien sûr.
13:24Mais on n'est jamais sûr de ce qu'on voit quand.
13:25Surtout au milieu d'une telle pagaille, d'un tel désordre.
13:29Ah oui, mon grand-père m'a déjà raconté toutes ces choses.
13:32À propos de Yann ?
13:33Ah non, non.
13:34Non, il garde des souvenirs terribles de cette époque.
13:37Il m'en a parlé.
13:38Oui.
13:40Moi, j'ai recueilli l'enfant.
13:42Je l'ai installé chez moi.
13:44Tout naturellement, j'ai continué à l'appeler Yann.
13:48Il devait mon fils.
13:50Vous comprenez ?
13:52Mon fils.
13:55Sous-titrage Société Radio-Canada
13:56Sous-titrage Société Radio-Canada
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