- 23/05/2025
DB - 23-05-2025
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00:00C'est parti !
00:30La semaine dernière, vous avez vu André et Julien qui débarquaient au Havre.
01:00Ils étaient venus tous seuls du Canada pour retrouver leur oncle.
01:17Au Havre, avait dit son père à André, tu demanderas le camion Leclerc.
01:24C'est ton oncle, M. Leclerc, qui vient tous les deux jours livrer des primeurs.
01:29André et Julien ont bien retrouvé le camion Leclerc.
01:32Mais la maison Leclerc a changé de propriétaire.
01:35C'est maintenant la maison Renaud, Georges Renaud.
01:44Où se trouve maintenant M. Leclerc ?
01:48M. Renaud pourra-t-il aider les deux enfants dans leur recherche ?
01:52Nous l'apprendrons peut-être aujourd'hui, dans ce second chapitre dont la Maxime est
01:57« Comme il est facile de se faire aimer ».
02:00Sous-titrage Société Radio-Canada
02:30Le lendemain matin, dès l'aube, le camion Leclerc avait repris la route à travers la Normandie.
02:46Pardon, le camion de M. Renaud.
02:49Pour un camion, il y a l'heure, avant tout.
02:52Et le départ, c'est le départ, il faut comprendre.
02:54Pas le temps de s'attendre, de se poser des questions.
02:58Et voyez-vous qu'il se met à penser à des choses, le camionneur a deux enfants, par exemple,
03:02qui ont peut-être besoin d'une aide, d'un conseil,
03:05le temps qu'il y pense sérieusement, et hop, il est déjà à la ville suivante.
03:09Un routier, c'est un voyageur.
03:11Simplement, c'est le même voyage qu'il fait tous les jours.
03:14C'est comme s'il avait un immense appartement à lui, qui occuperait toute une région.
03:18Non, ça ne l'empêche pas d'être chez lui, de vivre.
03:21Ça ne l'empêche pas d'avoir des amis.
03:23Simplement, au lieu de les avoir tous ensemble dans la même ville, les amis,
03:27il les a tous éparpillés tout le long de sa route.
03:33Aïa !
03:34C'est vrai, croise-moi.
03:35Et pourtant, malgré l'horaire, regardez,
03:51M. Renaud leur a quand même trouvé une petite place aux deux enfants.
03:54Une petite place, je suis modeste.
03:57Il risquerait plutôt d'en avoir un peu trop de place dans ce grand camion vide,
04:00et de se sentir un tout petit peu perdu comme deux oiseaux tombés du nid dans un immense grenier.
04:06Et voyez-vous ce qu'il faisait là, accroupi dans l'odeur des primeurs ?
04:09De la géographie, mais oui.
04:11Vous n'y auriez pas pensé, ni M. Renaud, bien sûr.
04:14André est en train de donner à Julien, le livre en main et les yeux collés aux fentes du camion,
04:19une leçon de géographie très pratique et très concrète,
04:22mieux que dans la meilleure école de France ou du Canada.
04:30Pas bavard, M. Renaud, décidément.
04:35André a fini par le questionner hier soir.
04:37Il ne sait rien.
04:39Moi, je ne m'occupe pas des gens.
04:40Je n'aime pas qu'on s'occupe de mes affaires, alors je ne vais pas me mêler de celles des autres.
04:44Et comme André insistait,
04:45je sais qu'il a fait de mauvaises affaires, ton oncle, puisqu'il m'a vendu sa maison.
04:49C'est tout.
04:50Ce matin, M. Renaud a trouvé les deux enfants assis sur leur valise,
04:55et au moment de partir, comme s'il avait oublié un tout petit détail,
04:58il est revenu vers eux, il leur a dit
05:00« Eh bien, montez, qu'est-ce que vous attendez ?
05:03Parce que je vais à Lille, autant que vous en profitiez.
05:04Vous saurez peut-être quelque chose là-bas. »
05:28André observe M. Renaud du coin de l'œil.
05:37On dirait que M. Renaud cherche à éviter son regard.
05:40Est-ce parce qu'il considère André comme un enfant,
05:43ou au contraire comme un homme qui doit bien savoir lui-même ce qu'il doit faire ?
05:46Julien, lui, ne se pose pas tant de questions.
05:57Il a trouvé un ami, un frère, mais oui, un enfant perdu comme lui.
06:02Un rayon de soleil, l'air frais du matin,
06:06la scène trop large ici pour qu'on construise un pont comme un lac,
06:09qui est un lac du Canada, pourquoi pas ?
06:11Le va-et-vient du bac sur l'eau tranquille,
06:14il n'en faut pas plus pour que Julien soudain se sente heureux,
06:16pour que la journée d'hier soit effacée.
06:20Pourquoi s'inquiéter ?
06:21Qu'est-ce qu'on demande, nous, les enfants perdus, les chiens perdus ?
06:30Un tout petit peu de sécurité et d'amitié.
06:33Un petit bout de maison, un petit bout de pain,
06:35un tout petit morceau de camion.
06:37C'est fini, on n'est plus seul au monde.
06:39On pense que ça durera toute la vie.
06:48Julien !
06:51Julien et le chien ont bien compris qu'ils étaient tous pareils.
07:05Il a même si bien compris, l'enfant perdu à quatre pattes,
07:09qu'il se dépêche de rattraper son frère à deux jambes
07:11et s'en demander la permission.
07:13Ben voyons, puisqu'on est pareils.
07:21Je laisse ça ouvert, mais tenez-vous tranquille, hein.
07:27Il faudrait bien lui expliquer à ce chien, naturellement,
07:30que M. Renaud, ça n'est pas long,
07:32qu'on est déjà deux, que deux c'est beaucoup,
07:34même si le camion est grand,
07:35et que deux plus un, ça fait trois.
07:36Mais allez expliquer à un chien l'arithmétique.
07:38Il n'a rien vu.
07:58Il verra bien tout à l'heure.
07:59Tu ne pouvais pas faire attention.
08:01Il a été furieux.
08:03Pourquoi ? Il y a de la place.
08:04Il n'était déjà pas tellement content de nous prendre.
08:06Il nous a pris quand même.
08:08Mais il a bien vu qu'on était tout seul.
08:09Moi aussi, il est tout seul.
08:11Allez, au prochain arrêt,
08:12tu fais descendre ce chien-là sur la route.
08:13T'as compris ?
08:15Qu'est-ce que tu dirais, toi,
08:17si on te laissait comme ça, tout seul, sur la route ?
08:19Ben c'est ce qui va nous arriver
08:20si M. Renaud s'en aperçoit.
08:22Tu ne pouvais pas lui demander la permission, non ?
08:24Tu ne pouvais pas lui demander ?
08:26Tu es l'aîné.
08:27Écoute, si on ne retrouve pas l'oncle François,
08:30eh ben ça sera de ta faute.
08:31Ce sera de ta faute à toi
08:33si le chien, il meurt de faim.
08:35Hein, ou si ?
08:36Comment tu l'appelles ?
08:38Merci, c'est son nom.
08:40Tu te l'as dit ?
08:41Non, je l'ai inventé.
08:42D'abord, il est à mon chien.
08:45Merci, c'est pas un nom, un chien.
08:48Je suis son père,
08:49j'ai bien le droit de lui donner le nom que je veux.
08:52Hein, ou si ?
08:52Pas de chance.
09:06M. Renaud qui avait à peine commencé un sourire
09:08après le petit déjeuner.
09:10Cette fois, c'est bien fini pour la journée, les sourires.
09:13Vous n'avez qu'à le regarder.
09:15Et voilà parti à pester contre le monde entier,
09:17contre lui-même, contre la fatalité.
09:19Il va vous mettre malicieusement des clous sous les pneus
09:21et des enfants perdus sur le bord de la route,
09:23qu'on sera obligé d'embarquer.
09:24Décidément, c'est la journée des complications.
09:28Ça lui apprendra à être bon.
09:30Mais tout cela, ça n'est peut-être pas ce qu'il pense à cette heure,
09:33M. Renaud,
09:33mais du moins, c'est ce qu'André imagine
09:35qu'il est en train de penser.
09:37Il a mille raisons d'avoir des soucis, M. Renaud,
09:44comme André.
09:45Tout le monde a des soucis,
09:47et pas tous les jours les mêmes.
09:49Lui, André, il doit bien avouer, par exemple,
09:52que son souci d'aujourd'hui,
09:53ça n'est plus tellement l'oncle.
09:55Non.
09:56C'est M. Renaud.
09:57Se faire accepter par M. Renaud.
10:02Se faire un ami de M. Renaud.
10:06Mais est-ce qu'il y aura comme ça,
10:07tous les jours, un problème à résoudre,
10:09comme dans les mots croisés,
10:10mais plus cruels et chaque fois plus difficiles ?
10:13Hier, au fond, c'était simple.
10:15On cherchait une adresse,
10:15le chemin qui conduisait à l'oncle.
10:18Aujourd'hui,
10:19c'est bien une autre sorte de chemin qu'il faut trouver,
10:22le chemin de l'amitié,
10:24le chemin du cœur de M. Renaud.
10:26Un chemin bien gardé,
10:28un tout petit sentier bien dissimulé
10:29sous des tas de buissons et d'épines.
10:37Tiens, voilà une espèce de sourire à travers les buissons.
10:40Ça doit vouloir dire,
10:42eh bien, si tu veux m'aider, vas-y.
10:43Sous-titrage Société Radio-Canada
10:56Non, merci, ça va.
11:12Bon, ça va mieux.
11:30Il y a cette histoire de chien
11:32qui tracasse André,
11:33et s'il s'en aperçoit.
11:34Allons, bon, le voile qui aboie, maintenant.
11:48Et puis, autant qu'il s'en aperçoit tout de suite.
11:50Si on laisse faire Julien, c'est vrai,
11:51quand M. Renaud ouvrira la porte en arrivant à Lille,
11:54il se trouvera nez à nez avec une véritable arche de Noé.
12:00Qu'est-ce que ça veut dire ?
12:03Fulca !
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13:36Allez, viens.
13:42Cette fois, ça y est, la paix est faite.
13:44M. Renaud s'est souvenu brusquement qu'il y a de la place devant.
13:48Trois places exactement à côté du chauffeur.
13:51C'est comme un fait exprès, comme si précisément, il attendait trois aimes.
13:58Hop!
14:00Et voilà!
14:05Et le voyage reprend.
14:20Mais il semble que ce ne soit plus tout à fait le même.
14:24Voici André et Julien repartis à la découverte du monde,
14:27mais cette fois en compagnie d'un ennemi.
14:30Et du coup, tout a pris, semble-t-il, un nouveau visage,
14:34un aspect plus familier.
14:36Tous les arbres, les prés, les fleuves et les villes.
14:39Ce fleuve-là s'appelle la Seine.
14:42Et cette ville, Rouen.
14:45Et quand nous y penserons désormais,
14:47elle restera pour nous la ville de l'amitié.
14:49Le carillon de Rouen a souhaité la bienvenue à nos voyageurs
15:17de toutes ces bouches de métal.
15:20Il y en a 39 exactement.
15:23C'est ce qu'André et Julien ont expliqué fièrement à M. Renaud
15:26qui n'avaient jamais eu le temps de l'apprendre.
15:28Eux, ils l'ont appris là-bas, à l'école,
15:31de l'autre côté du monde, au Canada.
15:32Voilà nos deux petits étrangers devenus guides.
15:39Ursi, lui, qui n'apprécie que modérément l'art gothique,
15:42est promu gardien de camion.
15:44Et M. Renaud n'a pas fini de s'instruire avec ses deux professeurs.
15:48Il a appris que Corneille et les rues de la Pie
15:51et Flaubert à l'Hôtel-Dieu,
15:53et que c'est là, sur la place du Vieux-Marché,
15:55que le 30 mai 1431
15:57fut brûlé Jeanne d'Arc.
15:59Il a appris aussi l'histoire
16:00de ce peuple normand,
16:02venu du bout du monde pour conquérir cette province,
16:05et de son chef Rollon,
16:07qu'on appelait Rollon Marchand,
16:09car il était si grand que même à cheval,
16:11ses pieds touchaient terre.
16:13Et quelques siècles après,
16:16voilà les normands repartis par les mers,
16:18en train de conquérir l'Angleterre,
16:19et plus tard, de s'en aller défrécher
16:21des terres nouvelles, à la Louisiane,
16:23et au Canada.
16:25Mais les grands voyageurs ont besoin
16:27d'une halte, d'un repos.
16:29Voilà pourquoi ils ont construit Rouen,
16:31les normands.
16:32Il leur fallait, au retour du voyage,
16:34une ville où vous attend la vie toute simple,
16:37ses bonheurs tranquilles,
16:38une maison, une famille, des amis.
16:42C'est cela qu'elles semblent dire,
16:43toutes ces vieilles maisons de toutes leurs fenêtres.
16:46À quoi ça sert, une fenêtre ?
16:48À regarder passer les amis dans la rue.
16:51On dirait qu'elles se souviennent
16:52toutes ces fenêtres, de toutes les fois
16:53à travers les temps qu'on les a ouvertes pour crier
16:55« Salut les amis ! »
16:59Un ami, c'est si simple d'avoir un ami,
17:02du moins quand l'amitié est faite.
17:04Quand même !
17:07Ça fait bien deux ans que je passe par mois
17:10au moins deux fois par semaine.
17:11Et je n'avais jamais vu la place du Vieux-Marché
17:13ni la maison de Jeanne d'Arc.
17:15C'est pas la maison de Jeanne d'Arc,
17:16c'est la maison de Corneille.
17:18Excusez-moi, monsieur le professeur.
17:20Qu'est-ce que tu crois ?
17:21J'étais à l'école comme toi ?
17:22Seulement, il y a longtemps.
17:25Moi, c'est tendré qu'on fait la classe,
17:27tous les matins.
17:29Qu'est-ce que vous préfériez à l'école,
17:30vous, monsieur Renaud ?
17:31Moi ?
17:31Non, je me rappelle.
17:33C'était les sciences.
17:34Quand on met des tas de poudre et de liquide
17:36dans l'intime,
17:37et que ça saute !
17:38Moi, c'est la géographie,
17:41les sciences naturelles,
17:43l'éveil.
17:43Et toi, Henri ?
17:45Moi, c'est la récitation.
17:46J'ai une bonne mémoire.
17:47Quand on aura retrouvé l'ongle,
17:49j'y retournerai à l'école.
17:51Eh bien, je ferais bien d'y retourner avec toi,
17:53tu vois.
17:54Vous, vous êtes trop vieux.
17:56Trop vieux ?
17:57Sois poli, d'abord.
17:59Depuis l'âge, qu'est-ce que ça fait ?
18:00Et toi, tu crois que c'est de ton âge
18:01de te promener comme ça sur les routes ?
18:03Il est jeune, il est vrai,
18:04mais aux âmes bien nées,
18:05la valeur n'attend pas
18:07le nombre des années.
18:13Deux plus un plus un égale quatre.
18:16Ils étaient maintenant quatre amis
18:17dans la cabine du camion.
18:19Quatre amis qui riaient,
18:20chantaient et aboyaient à tue-tête.
18:22Et tout à leur joie,
18:24André et Julien avaient presque oublié
18:25qu'hier encore,
18:26ils étaient deux enfants perdus.
18:27Et que demain, qui sait,
18:29ils se retrouveraient peut-être à l'île
18:31à nouveau seuls au monde.
18:33Sous-titrage Société Radio-Canada
18:38Sous-titrage Société Radio-Canada
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