Le burn out c’est un mot qui dit tout… et n’explique rien. Le burn-out, à l’origine, désigne un épuisement professionnel grave, aux causes bien identifiées : surcharge chronique, pression hiérarchique, perte de sens, isolement. Une réalité lourde, qui mérite la vigilance du management. Mais le mot est devenu un passe-partout. Il est aujourd’hui invoqué à tort et à travers, comme s’il suffisait de dire “burn-out” pour clore toute discussion. Derrière cette banalisation, une autre dérive : l’usage du burn-out comme alibi. [...]
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00:00Le burn-out, c'est un mot qui dit tout et qui n'explique rien.
00:12Le burn-out, à l'origine, désigne un épuisement professionnel grave, aux causes bien identifiées.
00:18Surcharge chronique, pression hiérarchique, perte de sens, isolement.
00:23Une réalité lourde, qui mérite la vigilance du management.
00:27Mais le mot est devenu un passe-partout.
00:29Il est aujourd'hui invoqué à tort et à travers, comme s'il suffisait de dire burn-out pour clore toute discussion.
00:36Derrière cette banalisation, une autre dérive, l'usage du burn-out comme alibi.
00:42La sécurité sociale française ne reconnaît pas encore le burn-out comme une maladie professionnelle au sens strict.
00:48Il peut être reconnu à titre exceptionnel, via un comité régional d'expertise,
00:52à condition que la pathologie soit essentiellement et directement causée par le travail habituel.
00:59Un parcours du combattant, semé d'embûches pour le salarié.
01:03Résultat, la plupart des cas passent par des arrêts maladie classiques,
01:07sans prise en compte des causes organisationnelles, voire strictement personnelles.
01:11Au prud'homme, les litiges se multiplient.
01:13Ainsi, des salariés contestent leur licenciement pour insuffisance professionnelle en invoquant un épuisement lié à des conditions de travail pathogènes.
01:22Parfois avec succès, parfois avec excès.
01:25Car si certains employeurs ferment les yeux trop longtemps, d'autres voient leur autorité sapée par une judiciarisation croissante des relations de travail.
01:33Alors, nombre d'employeurs préfèrent transiger.
01:37Ce flou juridique devient un levier.
01:40Pour certains salariés, c'est une sortie honorable face à l'échec ou au désengagement.
01:44Pour certains syndicats, un levier pour dénoncer l'organisation du travail.
01:49Le burn-out n'est plus seulement une souffrance, c'est une norme sociale.
01:53Et dans cette bataille d'interprétation, la frontière entre pathologie réelle et stratégie d'évitement devient floue.
02:01Les entreprises, de leur côté, surréagissent souvent par précaution ou par peur.
02:06Elles médicalisent leur management, multiplient les cellules psychologiques, forment à l'empathie.
02:11Mais à force de surprotéger, elles finissent par infantiliser.
02:16À trop vouloir prévenir, elles neutralisent toute exigence.
02:19Le management devient un exercice d'évitement.
02:22Pas d'entraînement et de mobilisation.
02:25Le vrai défi n'est pas d'aseptiser l'entreprise, mais de restaurer une culture du travail,
02:31fondée sur la responsabilité partagée.
02:33Il s'agit de redonner aux équipes non seulement les moyens d'agir,
02:36mais aussi le droit à l'effort, au conflit constructif, au désaccord productif.
02:41Cela suppose un cadre stable, des objectifs clairs, une exigence assumée,
02:45mais aussi un accompagnement exigeant, ni compassionnel, ni punitif.
02:50C'est dans ce contrat adulte, fondé sur la confiance, la réciprocité et la lucidité,
02:56que se construit la meilleure prévention du burn-out,
02:58et la plus solide défense contre son usage opportuniste.
03:02Sous-titrage Société Radio-Canada