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  • 20/04/2024
Avec Jean-Eric Branaa, chercheur en sciences politiques et spécialiste de la civilisation américaine, maître de conférences à l’Université Paris 2, auteur de “Géopolitique des Etats-Unis” (PUF)

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Transcription
00:00 Et on essaye de décrypter ce nouveau, si j'ose dire, ce énième procès Trump qui défrait la chronique aux Etats-Unis.
00:09 On en parle avec notre invité Jean-Éric Branat. Bonjour à vous.
00:12 Bonjour Jean-Marie.
00:14 Bienvenue sur Sud Radio. Chercheur en sciences politiques, spécialiste de la civilisation américaine,
00:19 maître de conférences à l'université Paris II et auteur notamment de ce livre "Géopolitique des Etats-Unis"
00:24 aux presses universitaires françaises. Je le disais, un nouveau procès de Donald Trump se tient en ce moment.
00:30 Mais avant ça, j'aimerais qu'on revienne sur cette image absolument dramatique qu'on a pu voir hier.
00:35 Un homme, c'est épouvantable, a tenté de mettre fin à ses jours en s'immolant par le feu devant le tribunal.
00:42 Est-ce qu'on en sait plus d'abord sur son état de santé et ensuite sur son profil ?
00:46 Non, mais en réalité, on se pose beaucoup de questions sur les motivations de cet homme qui ne semble plus déranger qu'autre chose.
00:55 C'est vrai que c'était une image assez terrible. On se souvient d'immolation au moment de 68.
01:02 Ça date très loin, ça fait toujours des images assez dingues à la télé.
01:06 C'est ce qui s'est passé encore hier soir.
01:08 On va se dire que c'est une péripétie qui se trouve être devant le tribunal où se passe l'affaire Trump.
01:17 Mais pour l'instant, on va rester là.
01:19 Parlons justement de cette nouvelle affaire Trump.
01:23 Elle n'est pas nouvelle, pas d'aujourd'hui, mais en tout cas, c'est un nouveau procès, un de plus.
01:26 C'est un procès avec une histoire rocambolesque dans laquelle est citée, d'une part,
01:33 on a le président de la République, l'ancien président des États-Unis, Donald Trump,
01:36 et d'autre part, une ancienne actrice porno du nom de Stormy Daniels.
01:41 Qu'est-ce que la justice reproche à Donald Trump ?
01:43 Ce que la justice reproche à Donald Trump, ce n'est pas d'avoir eu une relation avec une star du porno,
01:49 après tout, il fait ce qu'il veut, et elle aussi.
01:52 Ce qu'on lui reproche, c'est d'avoir essayé de cacher cette relation en détournant de l'argent,
01:58 ou plutôt en faisant des écritures comptables fausses dans ses comptes de campagne.
02:02 Et là, par contre, c'est assez grave, puisque les comptes de campagne sont scrutés à la loupe,
02:07 que l'argent est contrôlé et qu'on ne peut pas, par exemple, donner au-delà d'une certaine somme quand on est un particulier.
02:14 Donc tout ça permet de mettre les candidats à égalité dans le cadre d'une élection,
02:19 et c'est vrai que si chacun commence à traficouter ses comptes comme il veut, on ne peut pas s'en sortir.
02:24 C'est ça la réalité du procès, donc c'est une affaire comptable, et de fraude comptable.
02:30 L'affaire Stormy Daniels, c'est pour le décor, c'est l'excuse de fraude,
02:37 et maintenant on va essayer d'avancer sur cette affaire de fraude, comprenant les pourquoi et les comments,
02:44 et si Donald Trump a fait pression, notamment sur son ancien avocat, pour qu'il y ait cette affaire comptable,
02:52 et pour qu'il nous mente, puisqu'il a été condamné, lui, en justice pour cette fraude.
02:57 Et maintenant on va essayer de voir le degré de responsabilité de l'ancien président dans cette affaire.
03:02 Qu'est-ce qu'il risque Donald Trump dans cette affaire-là ?
03:06 Alors sur le papier, comme toujours, il risque gros,
03:09 puisqu'il y a 34 chefs d'accusation, que chacun d'entre eux porte jusqu'à 4 ans de prison possible,
03:16 qu'aux États-Unis il est possible de les servir soit tous ensemble, groupés, donc ça se dilue,
03:23 ou alors les uns derrière les autres, on peut arriver à 20 ans.
03:26 En réalité, la réponse un peu plus courte, c'est rien,
03:31 puisque Donald Trump n'a jamais été condamné au pénal, que c'est une première fois,
03:35 et mis à part une mise à l'épreuve, un peu de sursis et une amende, c'est en gros ce qu'il risque.
03:42 Pour une affaire de ce genre, qui n'est qu'une affaire de classe E, classe 5, c'est-à-dire délictuelle,
03:51 pour tout un chacun ça ne serait rien, pour le président aux États-Unis ou l'ancien président,
03:55 c'est la même chose, c'est-à-dire pas grand-chose.
03:57 En d'autres termes, on peut dire qu'il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard,
04:01 est-ce que ça veut dire que malgré tout il y a un certain acharnement judiciaire contre Donald Trump ?
04:07 C'est ce que l'on lui dit et c'est ce que ses partisans disent.
04:10 Alors je n'ai pas dit par contre qu'il n'y avait pas de quoi casser trois pattes à un canard,
04:14 parce qu'en réalité on a affaire à un ancien président,
04:17 et que l'ancien président est quand même porteur de la loi et de l'ordre,
04:22 qu'il a suffisamment répété.
04:23 Donc s'il était accusé au pénal et reconnu coupable,
04:27 on aurait donc un président qui aurait un casier judiciaire.
04:30 Et il me semble que ce n'est pas rien d'avoir un casier judiciaire,
04:34 les 99% des auditeurs n'ont pas de casier judiciaire,
04:39 et donc ils considèrent que ceux qui en ont un ont fait quelque chose de grave.
04:44 Et c'est le cas généralement quand on a un casier judiciaire,
04:48 c'est qu'on a fait quelque chose de grave et que le juge a estimé qu'il n'y avait pas lieu du tout
04:52 d'empêcher l'inscription de ce qu'on a fait si on est passé devant lui dans ce casier.
04:58 C'est donc quand même sérieux pour cet ancien président.
05:03 Alors maintenant est-ce qu'il y a acharnement ?
05:05 Je viens de répondre en partie, puisqu'il y a quand même un procès au pénal,
05:09 donc avant de juger d'un acharnement il va falloir attendre le résultat
05:13 et voir si le jury reconnaît les poursuites.
05:19 N'oublions pas quand même que pour en arriver là,
05:21 il a fallu que Alvin Bragg, le procureur, ait suffisamment de charges dans son dossier,
05:27 parce qu'on n'attaque pas un ancien président avec des cataracts.
05:32 Et puis il a fallu passer devant un jury là aussi,
05:35 puisqu'aux Etats-Unis la mise en examen et les charges sont décidées par un jury populaire,
05:41 qui ont eux estimé que les preuves qu'on leur présentait,
05:45 et qui sont pour l'instant les seules à avoir vues,
05:47 étaient grave et concordantes.
05:50 Donc parler d'acharnement c'est un peu compliqué,
05:53 mais c'est bien ce que fait Donald Trump,
05:55 qui dit que la date même du procès est suspecte,
05:59 que le fait de le poursuivre pour autant d'affaires en même temps c'est suspect,
06:03 je vais quand même un petit peu dans son sens en disant que
06:06 cette affaire là en particulier, maintenant, n'avait pas lieu d'être.
06:10 On est en campagne électorale et c'est vrai que là on est en train de faire un dérivatif.
06:15 Il y a d'autres affaires au pénal qui doivent arriver,
06:17 qui elles auraient mérité d'être devant les juges actuellement,
06:22 en particulier la taxe sur le 6 janvier.
06:24 Pourquoi ? Parce que les Américains vont voter à nouveau pour un président,
06:28 et si Donald Trump était impliqué ou coupable dans cette affaire là,
06:32 ils ont le droit de le savoir.
06:33 Exactement, et on sera amené en reparler avec vous Jean-Éric Branat.
06:36 Merci beaucoup.
06:37 Je rappelle votre livre "Géopolitique des Etats-Unis",
06:39 publiée aux presses universitaires françaises. On en reparlera avec plaisir avec vous.

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