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Les débats de l'été avec Romain Boulet, Avocat, co-président de l’Association des avocats pénalistes

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##FAIT_DU_JOUR-2025-07-29##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, les débats de l'été, 10h-13h, Maxime Liedot.
00:05Vous êtes bien sur Sud Radio, on va prendre le temps de se pencher sur ce qui se passe du côté de Vendin-le-Vieil,
00:10cet endroit qui a été choisi pour les prisons de haute sécurité,
00:15où sont déjà arrivés la plupart des détenus dits dangereux.
00:19Ils sont arrivés, ils ont été transférés ces derniers jours,
00:22et l'association des avocats pénalistes a saisi en urgence ce lundi,
00:25c'est-à-dire hier, le Conseil d'État pour obtenir la suspension du décret
00:29qui encadre précisément ces nouveaux quartiers très sécurisés.
00:32Bonjour, Romain Boulet.
00:34Bonjour, Maxime Liedot.
00:35Vous êtes avocat, coprésident de l'association des avocats pénalistes, merci beaucoup.
00:40Qu'est-ce qui justifiait de prendre de telles mesures ou d'alerter le Conseil d'État ?
00:44Qu'est-ce qui ne va pas dans ces transferts de prisonniers dont on a vu,
00:48on a vu les nombreuses images ces derniers jours, opération signée évidemment Gérald Darmanin ?
00:54Alors d'abord, vous dites que la plupart des détenus sont arrivés,
00:56ce n'est pas tout à fait exact, puisque si le ministre nous a annoncé 100 ou 200 détenus,
01:01on en est pour l'instant à 17, et les premières conditions de transfert
01:04et les premières décisions prises au monde sur ces transferts sont particulièrement inquiétantes,
01:09pas forcément évidemment au premier chef pour les gens qui sont concernés
01:12et qui ont été transférés, mais pour ceux à venir,
01:14et peut-être plus généralement sur la situation actuelle de notre législation.
01:18Il y a eu les premiers transferts, vous avez raison.
01:21Du coup, l'association des avocats pénalistes, en fait, on a eu les premiers cas
01:26et on s'est rendu compte que les critères de placement sont extrêmement flous,
01:30les critères de sélection, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
01:33on est bien incapable de comprendre ce qui permet au ministre
01:37de désigner des individus pour demander leur transfert dans ces quartiers,
01:41dont on rappelle que les conditions de détention sont particulièrement lourdes.
01:45Ensuite, on s'est aperçu avec les premiers débats
01:48qu'en réalité, il n'y avait pas vraiment de débat contradictoire,
01:51que des pièces étaient retirées du dossier,
01:53que les délais étaient trop courts pour que véritablement
01:55des décisions contradictoires puissent être prises
01:58et on s'est rendu compte plus largement qu'en réalité,
02:01les droits de la défense étaient quasiment inexistants dans ces décisions.
02:04C'est-à-dire avant le transfert des prisonniers, c'est cela ?
02:07Absolument. On a aujourd'hui un vrai risque,
02:09et on se rend compte en l'état de la législation,
02:12on a un vrai risque d'arbitraire,
02:13puisque les critères et les conditions
02:15qui permettent au ministre de désigner des individus
02:18ne sont pas suffisamment explicites
02:20et aujourd'hui permettent, dans le cadre d'une décision administrative,
02:24il faut comprendre que c'est une décision prise par l'administration,
02:26ça ne fait pas une décision judiciaire,
02:28ce n'est pas un magistrat qui contradictoirement
02:30examine des éléments à charge ou à décharge.
02:32Dans le cadre d'une décision administrative,
02:34on se rend compte que ces critères sont trop flous
02:35et donc trop dangereux
02:37pour qu'aujourd'hui, on puisse laisser prospérer ce décret
02:39et c'est pour ça qu'on a saisi en urgence le Conseil d'État.
02:42Et alors, qu'est-ce que vous attendez de ce Conseil d'État
02:44qui retire le décret,
02:45parce qu'on a du mal à imaginer les conséquences ?
02:47Alors, le Conseil d'État n'en a pas le pouvoir.
02:49Ce qu'on souhaite, c'est que le Conseil d'État
02:51constate que ces critères étant trop flous,
02:55que le décret mérite un certain nombre de précisions
02:57et donc suspende l'application de ce décret.
02:59On a aujourd'hui 17 personnes qui ont été transférées,
03:02mais on le sait,
03:03la volonté du ministre et plus largement
03:04l'administration pénitentiaire,
03:05c'est plusieurs centaines de personnes.
03:07On demande que le décret soit suspendu
03:08pour que la procédure soit améliorée,
03:10pour qu'un certain nombre de garanties soient apportées,
03:12pas simplement à ces gens,
03:14mais plus largement aux citoyens français,
03:16et qu'effectivement,
03:17ce soit dans des conditions acceptables
03:19de contradictoire et de défense,
03:22ou plus exactement de préservation
03:24des droits de la défense,
03:25que ces décisions soient prises,
03:26ce qui n'est pas du tout le cas actuellement.
03:28– Robin Boulet, vous êtes avocat coprésident
03:30de l'Association des avocats pénalistes.
03:32Dans les derniers chiffres que je suis en train de vérifier,
03:34c'est déjà en effet plus d'une quarantaine de détenus
03:36parmi les plus dangereux,
03:37mais quand bien même le Conseil d'État vous donnerait raison
03:39et dirait « bon, vous avez raison,
03:41les critères sont beaucoup trop flous »,
03:44qu'est-ce que ça changerait ?
03:45C'est-à-dire quoi ?
03:45On va interrompre le transfert des détenus ?
03:48– On espère que ça va interrompre le transfert des détenus,
03:50parce que moi, je peux vous le dire,
03:51mais ça ne changera pas grand-chose.
03:52Je vous dis qu'actuellement,
03:53il y a des gens qui ont été transférés avant d'un levier,
03:55qui n'ont rien à faire avant d'un levier,
03:57qui ne font pas partie du haut du spectre,
03:59qui vont se retrouver confrontés
04:00à des conditions de détention absolument épouvantables
04:02et qui vont supporter une étiquette,
04:03parce qu'il faut bien comprendre
04:04qu'au-delà de la question des conditions de détention
04:07dans lesquelles ces individus vont se retrouver,
04:09la condition dans lesquelles ils vont être jugés postérieurement,
04:11parce que vous dites « les détenus les plus dangereux »,
04:13mais qu'est-ce qui vous permet de dire
04:14que ce sont les détenus les plus dangereux ?
04:15Ce sont des gens qui sont présumés innocents ?
04:18– Leur casier judiciaire ou leur précédent de condamnation ?
04:20– Sauf que ces gens-là sont présumés innocents,
04:24figurez-vous qu'il y a des gens aujourd'hui
04:25qui ont un casier judiciaire néant ?
04:27– Bien sûr, mais ce sont ceux qui font pour la…
04:29Pas tous, certainement, même parmi vos clients,
04:31je suis certain que certains sont présumés innocents
04:34et bien sûr qu'on respecte cela,
04:36mais dans les premiers transferts,
04:37oui, bien sûr, pour les nouveaux actes,
04:39mais quand ils sont en prison,
04:40on sait que ça a parfois été du crime,
04:44ça a été de l'assassinat,
04:45ça a été de la gestion de drogue,
04:46certains sont reliés au désert mafia,
04:48dans les premiers détenus aussi.
04:50– Vous confondez ce qui est une mise en examen
04:53et ce qui est reproché à un individu
04:55et ce pourquoi il a été condamné.
04:57Aujourd'hui, je vous dis, il y a des gens
04:59qui n'ont pas été condamnés.
04:59– Oui, il y a des gens,
05:00mais parmi ceux qui sont dans cette prison,
05:01certains ont déjà été condamnés pour certains motifs.
05:04– Ah mais, il se trouve,
05:05c'est le propre de la justice,
05:06la justice s'applique à tous,
05:08les principes doivent être les mêmes pour tous,
05:09il suffit que dans l'Etat,
05:11il y en ait un qui soit innocent
05:13pour que le système dans son ensemble soit problématique.
05:15– Je ne vous dis pas que des gens,
05:18qu'un certain nombre de personnes qui y sont
05:19n'y ont pas leur place dans la logique du ministre,
05:22je vous dis que les critères aujourd'hui arbitraires
05:24qui permettent de placer ces individus-là
05:26ne nous permettent pas, à nous avocats,
05:28mais plus largement à vous journalistes,
05:29et à nous tous citoyens français,
05:31de garantir que des gens qui n'ont pas leur place là-bas
05:33ne s'y retrouvent pas.
05:35Or, les conséquences sont dramatiques.
05:36On pourrait dire, mais ce n'est pas grave,
05:37de toutes les façons,
05:38s'il y a des méchants garçons qui y sont,
05:40ce n'est pas grave s'il y a des débordements.
05:41Les conséquences pour ces gens-là, c'est dramatique.
05:43Au niveau, évidemment, de leurs conditions de détention,
05:45vous le savez, sur l'implication que ça peut avoir
05:47sur leur santé physique et leur santé psychique,
05:49mais plus largement, il s'agit de gens qui sont présumés innocents,
05:52qui un jour vont être jugés dans des plaies aux ministres
05:54de façon contradictoire par des magistrats.
05:56Or, ces gens-là vont se présenter avec une étiquette,
05:58on va dire, l'administration pénitentiaire
06:00et le ministre de la Justice a considéré
06:01que vous apparteniez au haut du spectre,
06:03avant même que vous ayez été jugés.
06:04On va dire que vous êtes particulièrement dangereux.
06:06Comment pouvez-vous être jugés de façon équitable
06:09si vous arrivez avec cette étiquette devant un tribunal ?
06:11Bien sûr. Est-ce qu'on peut aussi entendre,
06:13Romain Boulay, avocat, co-président de l'Association des avocats pénalis,
06:15si on prend votre cas ?
06:16Dans ce cas-là, quelqu'un et une personnalité
06:18comme Mohamed Amra était en prison
06:19en attendant d'être définitivement jugé, c'est un fait.
06:22Et on sait ce qui est arrivé.
06:23Est-ce qu'on peut comprendre aussi que ces individus
06:25qui avaient des profils similaires pour des faits similaires
06:29puissent être mis à l'isolement ?
06:31Est-ce que ça, c'est audible,
06:32même si tous les critères ne sont pas respectés ?
06:34C'est évidemment...
06:36Non, mais non, à condition que tous les critères soient respectés.
06:38Pourquoi voulez-vous que les critères ne soient pas respectés ?
06:40Pourquoi voulez-vous que la France...
06:41Mais moi, je ne veux rien du tout, je vous pose la question.
06:44Il ne me semble pas qu'on soit dans un état policier encore, Romain Boulay.
06:47Je ne suis pas l'avocat de Mohamed Amra.
06:49Mais pourquoi considérez-vous aujourd'hui que Mohamed Amra,
06:52dans le cadre d'un examen contradictoire à équilibrer
06:54des charges qui pèsent contre lui et de son passé,
06:57n'irait pas dans un centre de dédention
06:58et dans un quartier de lutte contre la criminalité organisée ?
07:01À condition que la procédure soit respectée
07:02et à condition que la procédure soit équitable,
07:04je n'y vois aucun problème.
07:05Mon problème, c'est les gens qui n'ont rien à y faire
07:07et pour lesquels les avocats de la Défense
07:10ne peuvent pas agir parce qu'aujourd'hui,
07:12les critères sont flous et les procédures contradictoires
07:14ne permettent pas une effectivité des droits de la Défense.
07:17Après, sur le bien fondé de ces cartes de lutte
07:19contre la criminalité organisée,
07:21c'est un autre débat qu'on peut avoir si vous voulez.
07:23Pour ma part, je considère qu'il est dommage
07:25que c'est un peu un aveu d'échec.
07:27On constate finalement que la détention ordinaire
07:29aujourd'hui ne permet pas de préserver de liens extérieurs.
07:32J'ai bien conscience, le citoyen que je suis
07:34le déplore tous les jours,
07:35qu'il y ait des trafics qui continuent,
07:36qu'il y ait des gens qui continuent leur activité criminelle
07:38ou délinquante en détention,
07:40c'est évidemment lamentable.
07:41Qu'il y ait de la corruption en détention,
07:42c'est évidemment regrettable.
07:44C'est dommage que le propre chef de l'administration pénitentiaire,
07:47à savoir le ministre,
07:48plutôt que d'essayer d'améliorer la situation dans les prisons,
07:50crée de nouvelles prisons,
07:51de super prisons haute sécurité,
07:53en abandonnant d'ailleurs tous les autres gens
07:55et tous les autres agents pénitentiaires
07:56à ce qu'est leur quotidien
07:57et un quotidien qui est difficile.
07:59Je crois qu'il y a un problème de moyens.
08:00Le ministre a considéré que ce n'était pas une question de moyens,
08:02que c'était une question d'affichage et de coup de menton,
08:05au moins que juridiquement,
08:06puisqu'il est garde des sceaux,
08:07il en tire les conséquences
08:08et qu'il se rappelle que la France est un pays
08:10où les droits de la défense
08:11et l'équité des droits doivent être préservés.
08:13Si seulement, merci beaucoup Romain Boulay,
08:15avocat, co-président de l'Association des avocats pénalistes.
08:17On vous a entendu ce midi au micro de Rue de Radio.
08:19Merci de Sud Radio.
08:20Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
08:22Oui, Rue de Radio, vous ne connaissez pas.
08:23Je vois la régie, une partie des équipes qui rigolent.
08:26Écoutez, ça arrive.
08:27Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
08:29Et en effet, on suivra la décision du Conseil d'État
08:31concernant ce décret
08:32qui ne serait pas suffisamment précis
08:33sur les prisons de haute sécurité
08:35là où sont transférées une partie des détenus
08:37estimés excessivement dangereux
08:39par le ministre de la Justice.
08:40Gérald Darmanin, dans un instant,
08:42un grand entretien avec Henri Guénaud,
08:43conseiller spécial de Nicolas Sarkozy,
08:45pour répondre notamment à cette grande question.
08:47Est-ce que la droite est prête pour la victoire ?
08:50Terrain idéologique, réforme à mener,
08:52grandeur mine de rien, politique et philosophique.
08:55Est-ce qu'on a peut-être, à un moment,
08:56l'espoir en France
08:57de retrouver des personnalités
08:58aussi puissantes
08:59qu'il y avait le sens de la France ?
09:01Et plus ensuite que, bien sûr,
09:03on va dire, le sens de la France,
09:04aussi le sens de l'État.
09:06On en parle dans quelques instants.
09:07A tout de suite sur Sud Radio.

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