Cécile Desjardins, rédactrice en chef adjointe de l’Opinion, reçoit Florence Berthelot, déléguée générale de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), en direct de la 16e édition de ParisMat à la Maison de la chimie
00:00Bonjour à tous, on se retrouve en direct du rendez-vous Paris Mat 2025
00:19et j'ai le plaisir d'être en compagnie de Florence Bertelot.
00:23Bonjour Florence.
00:23Bonjour.
00:24Florence, vous êtes déléguée générale de la FNTR, la Fédération Nationale des Transports Routiers.
00:30Alors on va parler des carbonations, que représente aujourd'hui Florence le transport routier dans les émissions de carbone ?
00:37Alors là il y a un chiffre qui circule qui est toujours le même,
00:40à savoir que le transport routier représenterait 30% des émissions de GES dans notre pays.
00:46Sauf que quand on parle de ce transport routier, on parle de tous les modes de transport routier,
00:50que ce soit la voiture, le camion, la mobilette, le véhicule utilitaire, les jets, les caravanes, etc.
00:56Nous on ramène ça au niveau notamment des poids lourds, qui en fait aujourd'hui représentent un peu plus de 7% des gaz à effet de serre dans notre pays,
01:07auxquels il faut rajouter effectivement aussi celles des véhicules utilitaires légers qui font du transport routier de marchandises.
01:13Et avec les deux, on arrive globalement à combien ?
01:15Alors on arrive à environ 15%.
01:16Vous êtes fixé une feuille de route pour diminuer quand même ces gaz à effet de serre sur ces 15%.
01:22Est-ce que vous pouvez nous la décrire en quelques mots ?
01:25Alors c'est une feuille de route qui avait été établie à l'instar du ministère des Transports,
01:32en application d'une loi qui s'appelle la loi Climat et Résilience,
01:35où beaucoup de secteurs ont travaillé sur leurs feuilles de route pour réduire leurs émissions.
01:41Et c'est un travail qui a été très intéressant puisqu'il a été mené avec évidemment les opérateurs que nous sommes,
01:47mais également avec les énergéticiens et avec les constructeurs.
01:51Et au final, on s'est un peu fixé des objectifs de décarbonation,
01:55donc surtout de nouvelles immatriculations de véhicules dits propres à horizon 2025, 2030 et 2040.
02:02Ce qui est intéressant, c'est que cette feuille de route a permis quand même de constater
02:05qu'en termes de surcoût sur la partie verdissement des flottes,
02:09le coût serait très important pour notre secteur sur la partie véhicules lourds,
02:13puisque les estimations basses à horizon 2040 sont d'un surcoût de 53 milliards d'euros
02:20et les hypothèses hautes de 80 milliards d'euros.
02:23Donc toute la question qui va se poser, c'est celle du financement de ce verdissement des flottes.
02:28Et c'est possible de le financer ?
02:30C'est tout le travail que nous menons maintenant, y compris dans la conférence Ambition France Transports,
02:36qui elle parle de financement des infrastructures de mobilité,
02:39mais également de financement des mobilités.
02:41Et dans l'atelier 4, nous parlons de décarbonation à nouveau et de repas modal,
02:47qui d'ailleurs est un levier important de décarbonation,
02:50mais qui est différent du vernis du fret.
02:52Et l'enjeu, c'est de savoir qui peut payer.
02:55Et ce coût ne peut être que partagé.
02:56Les transporteurs ne peuvent pas l'assumer seuls.
03:00Et donc, il faudra bien entendu que les clients du transport soient partenaires
03:04dans le financement de cette transition énergétique
03:06et que les constructeurs aussi puissent, un peu à un moment donné, baisser le prix de l'hélicule.
03:11C'est la principale difficulté, le financement, il y a d'autres sujets ?
03:13Il y a principalement la question du financement, notamment pour les plus petites entreprises.
03:19Car s'il y a les grands champions du secteur des transports,
03:22en fait le secteur des transports routiers et de marchandises,
03:24c'est un secteur composé principalement de PME, TPE.
03:27Et quand vous avez cinq camions, aller acheter cinq véhicules électriques,
03:32c'est inimaginable si vous n'avez pas un client qui peut suivre.
03:37Sachant qu'on parle beaucoup de l'électrique, mais il y a d'autres énergies alternatives
03:41qui pour nous sont des énergies de transition,
03:43le temps que même l'électrique devienne encore plus performant.
03:47Et c'est pour ça qu'on peut aujourd'hui avoir une transition énergétique
03:50en gardant des camions qui ont une motorisation diesel,
03:53mais avec des carburants liquides bas carbone,
03:56qui sont beaucoup plus vertueux que le diesel fossile.
04:00Si on ne doit retenir qu'une chose, Florence ?
04:02Si on ne doit retenir qu'une chose, c'est que, oui, il y a le verdissement des flottes,
04:06mais il y a aussi ce qu'on appelle le verdissement du fret,
04:09qui consiste à regarder les autres solutions pour optimiser finalement le transport routier.
04:14C'est particulièrement le report modal sur le ferroviaire ou sur le fluvial.
04:19Et nous avons beaucoup de transporteurs qui utilisent aussi ces solutions.
04:23C'est la formation de nos conducteurs à l'éco-conduite.
04:26C'est aussi l'aérodynamique de nos véhicules.
04:28Nous, on estime que cette décarbonation va compter pour au moins 50%
04:32cette décarbonation du fret par rapport au celui du verdissement.
04:36Et c'est autant plus important que la part modale aujourd'hui
04:38du transport routier de marchand 10 en France est de 89%.
04:41Et puis, les 11% qui restent se partagent entre le ferroviaire 9% et le fluvial 2%.
04:47L'ambition est de doubler la part modale du ferroviaire et du fluvial.
04:50Et nous sommes totalement favorables.
04:52Mais ça veut dire que nous resterons demain encore très largement majoritaires en part modale.
04:56Et c'est donc chez nous qu'il faut trouver les solutions.
04:58Et nous, nous avons l'habitude, nous sommes la solution.