Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 23/06/2025
Stéphanie Roy, journaliste à l’AGEFI, reçoit le contre-amiral Cédric Chetaille, membre de l’Etat-major de la Marine et coordinateur central pour la maîtrise des fonds marins en direct de la 16e édition de ParisMat à la Maison de la chimie

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Musique
00:00Bonjour à tous, nous sommes à Paris-Math, à la Maison de la Chimie,
00:18plus précisément en compagnie du contre-amiral Cédric Chetaille.
00:21Bonjour.
00:22Bonjour.
00:23Merci d'être avec nous, amiral.
00:24Vous êtes coordonnateur central pour la maîtrise des fonds marins.
00:27On va parler avec vous des câbles, des câbles sous-marins.
00:30Qui sont devenus au fil des années, on l'a vu avec l'actualité,
00:33un véritable enjeu de souveraineté, qu'il s'agisse de câbles pour les données,
00:36les télécoms ou pour l'énergie.
00:39Comment la France aborde-t-elle cet enjeu de souveraineté ?
00:42Alors effectivement, vous l'avez bien fait remarquer,
00:44l'infrastructure sous-marine en règle générale,
00:48câbles de télécommunication, câbles de transport d'énergie,
00:52pipelines, gazoducs, oléoducs,
00:54sont essentiels à l'activité économique et à la vie de tous les jours de nos concitoyens.
00:58Donc la Marine Nationale, c'est un contributeur avec le ministère des Armées,
01:03au sein du ministère des Armées,
01:04à une stratégie de maîtrise des fonds marins,
01:07une stratégie câble, qui est une stratégie interministérielle,
01:11qui vise à la fois à promouvoir l'attractivité de notre pays
01:15dans l'architecture mondiale de ces réseaux,
01:17et en même temps à protéger cette infrastructure,
01:21qui on le sait est l'objet d'accidents,
01:24et pourrait être l'objet de sabotages.
01:27Alors justement, est-ce qu'il faut redouter un accroissement de ces accidents,
01:31de ces dommages, qu'ils soient suite à des actes de malveillance, ou pas d'ailleurs ?
01:35Alors, on voit qu'effectivement, chaque année,
01:38il y a à peu près 200, soit les câbles de télécommunication,
01:42200 incidents qui impliquent une rupture de ces télécommunications.
01:45C'est relativement indolore pour l'usager,
01:48parce que le système est suffisamment maillé, suffisamment résilient.
01:53Il y a des réparations, dont de nombreux navires,
01:56ce sont pour les lions français d'ailleurs,
01:57qui sont capables d'intervenir à des endroits très variés dans le monde,
02:00pour réparer ces réseaux.
02:02Pour autant, ce qui nous intéresse aussi,
02:05au-delà de cette activité quotidienne,
02:07c'est le risque de ciblage volontaire,
02:10qui s'accroîtrait en nombre et en intensité
02:14avec l'éventualité ou l'hypothèse d'une escalade d'une crise
02:20qui impliquerait la France.
02:24Donc, c'est tout au long de ce spectre de conflictualité possible
02:28que la marine nationale doit être capable d'agir avec ses partenaires.
02:32Donc, ces partenaires, c'est à la fois des entreprises civiles
02:36qui sont déjà dans le secteur,
02:38et puis ce sont aussi des partenaires étrangers,
02:41comment est-ce que nos alliés,
02:42comment est-ce que les nations d'Europe,
02:43comment est-ce que dans le monde,
02:44les nations qui dépendent de cette infrastructure comme nous,
02:47veulent s'organiser pour protéger cette infrastructure.
02:51Quelles évolutions majeures vous présentez pour le secteur ?
02:54Un secteur plus fort, plus maillé, plus sécurisé ?
02:58Alors, il y a des recommandations qui sont faites,
03:01notamment des recommandations récentes par l'Union européenne,
03:04en février 2025,
03:05et qui, effectivement, anticipe à la fois une transformation lente
03:10de toute cette infrastructure.
03:13Quand on parle de transformation,
03:14en fait, il faut bien comprendre que demain,
03:16ce sera une plus grande dépendance.
03:18Une plus grande dépendance parce que l'énergie électrique
03:20va être transportée entre pays
03:22sur des beaucoup plus longues distances
03:23qu'elle ne l'est aujourd'hui,
03:25parce qu'il va y avoir des champs électriques en mer,
03:27ce sont les éoliennes en mer,
03:28et puis parce que le système des câbles de télécommunication
03:31probablement également va évoluer
03:33sous le joug de l'installation de data centers,
03:39sur un modèle assez centralisé,
03:41qui va faire que des liaisons qui n'existent pas aujourd'hui
03:44vont demain être mises en place dans le fond des océans.
03:47Donc, un réseau qui sera plus dense,
03:49qui sera tout aussi stratégique,
03:51et pour lequel il y a des recommandations
03:53de développer le maillage,
03:54de développer la résistance passive,
03:56c'est-à-dire enfouir les câbles,
03:59faire des tracés,
04:01doubler certains tracés, etc.
04:02Tout ça, ça a un coût.
04:04Ça résout un certain nombre de problèmes.
04:07Grosso modo, ça résout
04:08des problèmes d'accidents non volontaires,
04:11liés à l'activité humaine,
04:12une action de pêche, par exemple,
04:15dans un mauvais endroit.
04:17Mais ça ne résoudra pas
04:19des actions de sabotage volontaire.
04:21Pour ça, pour faire face à cette menace-là,
04:23qui est une menace réelle,
04:25qui doit être prise en compte,
04:27on devra faire,
04:29comme pour toute opération militaire,
04:31en fait, anticiper la menace,
04:34fixer le cadre juridique de l'action.
04:37C'est-à-dire qu'il faut être capable
04:38d'attribuer à une nation,
04:41à un navire, un pavillon,
04:44comme on dit, un drapeau,
04:44c'est-à-dire un drapeau,
04:46l'action qui a été malveillante,
04:49et développer tout un système de parade,
04:52à la fois de protection
04:53et à la fois de dissuasion,
04:55pour empêcher qu'un acteur malveillant,
04:57étatique ou non,
04:59veuille s'en prendre à cette infrastructure.
05:01Merci beaucoup pour cet éclairage
05:02très concret, Amir.
05:03Merci.
05:04Merci.

Recommandations