François-Xavier Bourmaud, journaliste au service politique, analyse la volonté d’Emmanuel Macron de créer une coalition allant de LR au PS pour gouverner la France… et explique pourquoi ça s’annonce compliqué
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00:00Depuis quelques temps, Emmanuel Macron repense à la coalition.
00:07C'est une idée qu'il avait eue depuis 2022,
00:09après la perte de sa majorité absolue à l'Assemblée nationale aux élections législatives,
00:13fédérer les partis de droite et de gauche dans une grande coalition
00:16susceptible de lui donner une majorité à l'Assemblée nationale
00:19et donc de pouvoir poursuivre les réformes.
00:21Cette idée de coalition a ressurgi dans la tête d'Emmanuel Macron
00:23après un voyage à Kiev en Ukraine,
00:26en compagnie du chancelier allemand Friedrich Schmers
00:28et du Premier ministre polonais Donald Tux.
00:30Ils lui ont tous les deux expliqué que dans leur pays,
00:32même s'ils n'avaient pas de majorité dans leurs assemblées respectives,
00:36ils avaient quand même réussi à créer des coalitions
00:38et des coalitions stables pour poursuivre les réformes et diriger le pays.
00:41Cette idée de coalition, il en a reparlé en ouverture du sommet de Chouze France
00:44devant un parterre d'investisseurs étrangers
00:46à qui il a expliqué que créer une coalition,
00:48c'était son objectif pour les deux ans à venir
00:50pour trouver une stabilité politique dans le pays
00:52et continuer à réformer en profondeur.
00:54Alors pourquoi est-ce que cette idée de coalition revient en ce moment ?
00:56Eh bien parce qu'il y a un contexte politique qui s'y prête.
00:58Les Républicains ont un chef, avec Bruno Retailleau,
01:01un chef légitime et incontesté,
01:02et qui a une ligne politique identifiée.
01:04Le parti socialiste va se doter lui aussi d'un chef dans quelques temps.
01:07Donc des deux côtés des partis de gouvernement,
01:10il va y avoir des interlocuteurs,
01:11comme on le dit à l'Elysée,
01:12c'est plus facile quand il y a un numéro de téléphone à appeler.
01:14Et Emmanuel Macron compte bien profiter de cette fenêtre de tir
01:17pour essayer de convaincre les partis,
01:19qui s'opposent à lui quand même malgré tout
01:20depuis sa première élection en 2017,
01:22mais il veut essayer quand même de convaincre ces partis
01:24de travailler sur un programme commun
01:25autour de quelques grands sujets
01:26pour leur permettre de continuer à avancer
01:28et ne pas rester dans une forme d'immobilisme
01:30dans les deux ans qui viennent.
01:31Ce n'est pas la première fois
01:32qu'Emmanuel Macron revient sur cette idée de coalition,
01:34il a même essayé déjà trois fois.
01:35La première, c'était en 2022,
01:37après la perte de sa majorité absolue
01:39à l'Assemblée nationale,
01:40dans la foulée de sa réélection.
01:41Mais à l'époque,
01:42il y avait été un peu sans être trop convaincu lui-même,
01:45il ne s'était pas donné tellement la peine
01:47de créer cette coalition.
01:48Il était revenu un an plus tard,
01:50en 2023,
01:51avec Elisabeth Borne.
01:52Cette fois, ça avait été un peu plus formalisé
01:55puisqu'il avait organisé les rencontres de Saint-Denis,
01:57une rencontre à huis clos
01:58avec les principaux chefs de partis,
01:59pour essayer de trouver,
02:00de dégager du consensus
02:01autour des réformes
02:02sur lesquelles ces partis,
02:03qui s'opposent pourtant régulièrement,
02:04pourraient s'accorder.
02:05Là encore, ça avait été un nouvel échec.
02:07Et puis, il était revenu une dernière fois,
02:09après la dissolution de l'Assemblée nationale
02:11où sa majorité relative
02:12s'était encore amoindrie.
02:14Cette fois, il avait écrit une lettre aux Français
02:15dans laquelle il demandait aux partis
02:17de s'accorder sur une sorte de programme commun
02:19pour poursuivre toujours le même objectif,
02:21continuer à réformer
02:22sur fond de stabilité politique.
02:23Le problème de cette coalition,
02:25c'est qu'il y a trois obstacles
02:26et qui paraissent totalement insurmontables aujourd'hui.
02:28Le premier, c'est le budget,
02:29l'examen du budget 2026.
02:31Or, c'est sur l'examen du budget
02:32que les partis définissent
02:33leur appartenance à l'opposition
02:35ou à la majorité.
02:36Sans compter que ce budget,
02:37qui doit dégager 40 milliards d'euros,
02:38va cristalliser toutes les oppositions
02:40et vraisemblablement empêcher
02:41que se dégage un consensus clair
02:43autour des pistes de réformes
02:44en profondeur
02:45à mener pour redresser le pays.
02:47Deuxième obstacle,
02:48les élections municipales
02:49qui se déroulent début 2026
02:50et pour laquelle, là encore,
02:51les partis vont retourner
02:52chacun dans leur maison
02:53et s'opposer pour essayer
02:54d'emporter des mairies,
02:55ce qui ne plaide pas
02:56pour un rapprochement
02:57futil ponctuel sur des grands sujets.
02:59Dernier obstacle, bien sûr,
03:00l'élection présidentielle de 2027
03:02pour laquelle les partis
03:03vont chacun vouloir engager un candidat
03:05et tenter de tourner la page
03:06du macronisme,
03:07macronisme qui se définissait
03:08dès 2017
03:09comme le dépassement
03:11des clivages politiques
03:12et qui s'apparentait déjà
03:13à une sorte de forme de coalition
03:15mais qui n'était pas vraiment formalisée
03:17puisqu'il n'y avait pas
03:17d'accord de gouvernement
03:18avec l'EPS et les Républicains.
03:20On voit mal aujourd'hui
03:21comment Emmanuel Macron
03:22pourrait convaincre
03:23ces deux partis
03:23qui rêvent de prendre l'oeuvre revanche
03:24de travailler ensemble
03:26pour sauver
03:26le deuxième mandat d'Emmanuel Macron.