Amar Saidani (ANFR): «Une fréquence est une ressource rare, elle est convoitée dès qu’elle s’arrête»

Lopinion.fr

24/06/2025

Cécile Desjardins reçoit Amar Saidani, responsable des fréquences satellites à l'ANFR, en direct de la 16e édition de ParisMat à la Maison de la chimie.

Organisé par le CESAM en étroite collaboration avec le Comité d’organisation, le Rendez-vous ParisMat a pour objet de mettre en valeur les savoir-faire et les connaissances de l’ensemble des acteurs de l’Assurance Maritime, Transports et Aviation évoluant sur le marché français.

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00:00Musique

00:00Bonjour à tous, toujours en direct du rendez-vous Parima 2025,

00:20je suis très heureuse d'accueillir sur le plateau télé de l'Opinion, Amar Saïdani.

00:24Bonjour Amar.

00:25Bonjour Cécile Degerman.

00:26Amar, vous êtes responsable des fréquences satellites à l'Agence Nationale des Fréquences.

00:31Alors, tout le monde est passé à la fibre aujourd'hui, ça me paraît assez généralisé.

00:36Quand on parle fréquence aujourd'hui, de quoi parle-t-on exactement ?

00:40Alors, ce dont on parle, c'est le support des communications sans fil.

00:45Naturellement, on passe à la fibre aujourd'hui, mais si vous vous baladez avec votre téléphone

00:49raccroché à une fibre, on ne parle plus de mobilité.

00:52Donc, la fréquence, c'est le support qui permet de communiquer en mobilité, depuis

00:59un avion, depuis un bateau, mais également avec son téléphone portable.

01:05Quels sont les risques qui pèsent sur ces fréquences ?

01:08Alors, les risques qui pèsent sur ces fréquences, ils reposent principalement sur la compétition

01:13que les gens vont vouloir avoir pour bénéficier de ces fréquences-là.

01:19Ça reste une ressource rare et dès qu'une fréquence s'arrête, elle est convoitée.

01:25Par exemple, quand on retire la fréquence d'une chaîne de télé, on peut s'imaginer

01:30qu'une autre chaîne de télévision va vouloir utiliser cette fréquence.

01:33Mais pas seulement.

01:34Il y a d'autres usages qui se disent « la place est vide, je veux la prendre ».

01:38Voilà la première.

01:39Le deuxième risque, c'est que les fréquences servent en mobilité et aussi dans des conflits.

01:45Et là, l'usage veut que ce que vous utilisez, le Wi-Fi chez vous, ou le Bluetooth sur vos

01:53téléphones, peut servir à piloter des drones, par exemple.

01:57Et malheureusement, pour empêcher ou pour contrer des attaques de ce type-là, des entités

02:03développent des matériels de brouillage et qui empêchent la communication.

02:08Vous n'allez pas être visé par un brouilleur d'un conflit.

02:11Malheureusement, vous pouvez être visé par les effets collatéraux de ces brouilleurs-là.

02:16Ils ne vous visent pas, mais ils émettent des ondes dans l'environnement et ils vont

02:20gêner votre bateau ou votre avion sans pour autant le viser.

02:25On entend aussi le mot « leurage » parfois.

02:27Ça veut dire quoi, le leurage des fréquences ?

02:29Tout à fait.

02:30Alors, c'est une autre technique qui est issue des conflits, qui n'est pas du brouillage.

02:39Le brouillage, c'est quand je vous parle, si quelqu'un parle plus fort que moi, vous

02:44ne m'entendez plus.

02:45C'est du brouillage.

02:46Le leurage, c'est juste que vous ne parlez pas à la bonne personne.

02:50C'est-à-dire que quelqu'un a imité ma voix, quelqu'un a imité ma fréquence,

02:54quelqu'un a imité ma communication et vous envoie des fausses informations.

02:57Alors, il est vrai que cette question du leurage est apparue.

03:02Bien souvent, aujourd'hui, le leurage des avions, c'est le résultat de ce que je vous décrivais

03:09juste avant, c'est-à-dire que le leurage du GPS des avions qui lui permet de se localiser,

03:16à la base, le GPS a été développé pour guider des armes.

03:20Et ceux qui doivent s'en défendre, ce qu'ils font, c'est qu'ils envoient des fausses coordonnées

03:25pour essayer d'empêcher ces armes de les atteindre.

03:28Malheureusement, ces signaux sont aussi reçus par des avions qui sont dans l'environnement

03:32et peuvent modifier la position.

03:34C'est ce qui en fait un élément dangereux aujourd'hui et qu'on cherche à circonscrire.

03:39Il y a eu le week-end dernier, je crois, une collision entre deux navires.

03:49Est-ce que c'était le fait de brouillage, de leurage ?

03:51Ce n'est peut-être pas encore assez clair, mais est-ce que c'est possible ?

03:54Je n'ai pas vu les résultats ou les examens qui ont donné lieu.

03:59C'est possible.

03:59Il y a beaucoup de raisons qui peuvent être à l'origine de collisions.

04:06Si, effectivement, vous basez votre navigation uniquement sur la réception des signaux

04:10qui viennent des satellites américains, du GPS,

04:14et que ces signaux ne sont pas disponibles pour quelque raison que ce soit,

04:17parce qu'on vous les a leurrés ou parce qu'on vous les a brouillés,

04:20le risque est là.

04:20Le risque est là.

04:22Alors, j'allais vous demander justement, qu'est-ce que vous conseillez

04:23aux spécialistes de la mer, mais même à tout un chacun,

04:28pour faire face à ce nouvel univers ?

04:33Moi, je crois qu'on doit faire confiance à ce que les générations précédentes

04:37ont préparé pour nous.

04:39Si les États-Unis d'Amérique ont développé un système formidable,

04:43qui est le GPS, l'ont offert au monde entier,

04:46à la base, il a quand même été construit pour guider des armes.

04:50La disponibilité de ce signal, elle n'est pas garantie,

04:55elle n'a jamais été garantie,

04:57et c'est pour ces raisons que dans les années 90,

04:59les Européens ont développé Galiléo,

05:01pour avoir notre propre constellation souveraine.

05:04Je pense qu'aujourd'hui, si on veut s'affranchir de ces difficultés,

05:07on doit reprendre la main sur la radionavigation

05:10et la façon dont on l'a fait,

05:12et pousser notre Commission européenne

05:15à nous assurer et nous délivrer des signaux Galiléo

05:19qui nous permettent de remplacer la radionavigation

05:22basée sur des signaux qu'on maîtrise moins bien.

05:25En tout cas, les services de Galiléo doivent permettre

05:28de mieux authentifier les signaux,

05:31donc de savoir à qui on parle,

05:33d'être sûr de parler à ces bons satellites.

05:35Je pense que c'est par ce biais

05:37qu'on doit continuer à assurer la souveraineté

05:39de nos propres transports

05:41en utilisant notre propre constellation.

05:43Merci beaucoup Ammar.

05:44Merci.

05:45Merci.

05:46Merci.

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