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"Le rêve français, c’est : tous retraités !" dénonce Elisabeth Lévy
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00:00
Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04
Il est 8h15, Elisabeth Lévy, bonjour.
00:07
Bonjour Jean-Jacques.
00:08
Alors, dites-moi, est-ce que nous sommes entrés dans une forme de guerre ?
00:12
J'ai horreur de ce mot parce que la guerre, elle est ailleurs.
00:16
Elle n'est pas chez nous, la guerre.
00:17
Ce n'est pas une guerre.
00:18
On peut employer les mots dans un sens.
00:20
Un conflit de génération.
00:22
Sur les réseaux sociaux, en tous les cas, il y a une bataille rangée.
00:25
C'est comme l'art de résumé, Eugénie Bastier, dans son émission sur Figaro TV.
00:30
C'est boomer contre Nicolas.
00:32
Alors, les boomers, c'est nous, les enfants du baby boom.
00:35
Donc, vous, au début, nous, à la fin, je crois.
00:38
C'est ça, c'est ça.
00:39
Et donc, c'est les gens qui sont aujourd'hui en fin de vie active ou déjà retraités.
00:45
Et Nicolas, c'est Nicolas qui paye.
00:47
C'est le nom d'un compte sur X.
00:50
Alors, c'est Nicolas qui paye.
00:52
C'est un jeune actif, un contribuable bonne poire.
00:54
Et il est devenu un running bagag.
00:56
Les JO ont coûté trois fois plus que prévu, selon la Cour des comptes.
01:00
Pas grave, c'est Nicolas qui paye.
01:01
Tweet, siotie.
01:02
Je vous donne un exemple.
01:03
Mais Nicolas, il est mis à toutes les sauces.
01:05
Il paye pour Bernard et Chantal, qui sont des retraités abonnés au Costa Croisière.
01:10
Et il paye aussi pour Karim, immigré, qui vit au frais du système social.
01:14
Ça, c'est sur un autre compte, qui est le compte de Bully.
01:17
Alors, il y a beaucoup de mauvaises lois, beaucoup d'humour.
01:19
La jeunesse de droite adore.
01:20
Mais derrière les blagues, tout de même, il y a une forme de colère.
01:23
Pour beaucoup de jeunes, le boomer, c'est un 68ards qui a joui sans entrave,
01:28
acheté son appartement grâce à l'inflation, joué à la Révolution
01:31
et qui aujourd'hui se paye des croisières
01:33
pendant que ses enfants et petits-enfants peinent à se loger.
01:36
Évidemment, c'est caricatural parce que...
01:39
S'il n'y avait pas les boomers pour aider les petits-enfants ou les enfants...
01:42
C'est caricatural car, bien sûr, il y a beaucoup de disparités.
01:56
Il n'empêche que si on fait une moyenne, je sais, c'est un peu à la louche,
02:01
mais si on fait une moyenne, le revenu des moyens des retraités est inférieur de seulement 10%
02:07
à celui des actifs.
02:08
Or, les retraités, ils n'ont plus d'enfants à charge, normalement,
02:11
en tous les cas, plus obligatoirement, je sais.
02:14
Sauf les tanguis.
02:14
Voilà, sauf les tanguis.
02:16
Et le plus souvent, en tous les cas, souvent, ils sont propriétaires de leur logement.
02:20
Donc, en réalité, ce qu'on appellerait le revenu disponible est souvent supérieur.
02:25
De plus, les retraites sont revalorisées quand les salaires stagnent,
02:28
parce que les retraités, c'est la première clientèle électorale.
02:31
On est un pays de vieux, c'est comme ça.
02:33
Donc, on les caline.
02:35
Oui, on les caline.
02:36
Les jeunes ont raison de se révolter ?
02:38
Alors, d'abord, écoutez, pas de bras, pas de chocolat.
02:41
Vous êtes moins nombreux, vous avez moins de pouvoir.
02:43
C'est comme ça, c'est la loi de la démographie.
02:46
Non mais, je dis ça en plaisantant, évidemment, dans un pays où les gens sont plus vieux,
02:50
les jeunes ont moins d'influence, en fait.
02:53
Mais la réalité, c'est que quand une écrasante majorité des Français
02:57
refuse de travailler un peu plus, toujours cette fichue réforme des retraites,
03:01
eh bien, quelqu'un doit travailler pour eux.
03:03
Et ce quelqu'un, ce n'est pas leurs enfants, c'est les enfants des autres,
03:06
dans leur imaginaire.
03:08
Les enfants, les jeunes doivent travailler plus longtemps
03:11
pour que nous, on puisse un peu se la couler douce.
03:13
Résultat, vous avez des jeunes qui doivent cotiser plus,
03:16
retarder leur deuxième ou troisième enfant,
03:18
l'achat de leur logement, se loger loin de leur boulot.
03:21
C'est quand même pas facile de démarrer aujourd'hui.
03:23
Vous me direz que les retraités ont cotisé
03:25
et que c'était dans le contrat, la retraite.
03:27
Oui, mais est-ce que vivre plus vieux, c'était dans le contrat ?
03:30
Ben non !
03:31
Donc, il faut bien un moment qu'on arrive à se sortir de là.
03:36
En réalité, je dirais que le problème n'est pas entre les générations,
03:40
parce que, comme l'a dit Jean-Jacques,
03:42
il y a une énorme redistribution au sein des familles.
03:45
Les gens, les parents aient leurs enfants,
03:47
leurs petits-enfants, souvent.
03:49
C'est vraiment, maintenant, vous ne pouvez plus...
03:51
Quasiment, enfin, les gens qui n'ont pas des parents
03:52
qui peuvent les aider sont désavantagés, d'une certaine façon.
03:57
Mais je dirais que le problème, c'est quand même notre rapport à l'État.
04:00
L'État nous doit quelque chose, d'où l'inflation de droits,
04:02
y compris le droit au bonheur,
04:04
que le gouvernement va certainement nous garantir.
04:07
On vous demandera à M. Bayrou de vous garantir votre bonheur,
04:09
chère François.
04:10
S'il reste longtemps !
04:12
S'il reste une semaine de plus !
04:15
Non, le problème, si vous voulez, c'est que l'État,
04:19
évidemment, l'État, c'est les autres.
04:22
Et ça, on l'a un peu oublié.
04:24
C'est-à-dire que si vous demandez quelque chose à l'État,
04:26
vous le demandez à votre voisin ou à votre copine Françoise.
04:29
En fait, nous sommes devenus un peuple de créanciers.
04:32
On nous doit quelque chose, et ce n'est même pas une question d'âge.
04:34
On est un peu tous comme ça.
04:35
Et c'est peut-être ça le plus triste.
04:37
L'opposition à la réforme des retraites,
04:39
si on réfléchit depuis deux ans,
04:41
c'est la seule cause,
04:43
c'est le seul programme sur lequel un Premier ministre
04:46
aurait pu rester des mois,
04:48
c'est dire je ne réformerai pas les retraites,
04:50
on ne travaillera pas plus longtemps.
04:52
Et ça, franchement, ça transcende les générations et les opinions.
04:57
Partout ailleurs, en Europe notamment,
04:59
on a vu augmenter l'âge de la retraite sans polémique.
05:01
C'est quasiment une question de calcul.
05:04
En Israël, d'ailleurs, c'est comme ça.
05:05
Je veux dire, il y a un organisme qui calcule
05:07
l'âge augmente, vous augmentez, puis c'est tout.
05:11
En Europe, on est souvent en 66, 67, 68.
05:14
Nous, on est quand même, franchement,
05:16
on est sur le dossier depuis dix ans.
05:19
Le rêve français, on dirait que c'est tous retraités,
05:21
mais à part ça, à part ça, on est un grand pays.
05:24
Bon, non mais ce n'est pas faux ce que dit.
05:27
Un pays mobile, un pays d'épargne,
05:29
un pays qui n'investit pas.
05:32
Les Français n'investissent pas dans leurs entreprises.
05:35
On a déjà eu la discussion la semaine dernière.
05:36
Je vous laisse me contredire ce truc.
05:39
Oui, sur les retraites, vous savez très bien ce que je pense.
05:41
D'abord, ça ne fait pas dix ans, depuis 95,
05:43
c'est Rocard qui dit, il y a de quoi faire tomber
05:44
400 gouvernements sur les retraites.
05:47
Non, parce que la retraite n'est pas que la retraite,
05:49
et je vous le redis à chaque instant,
05:51
la retraite, c'est évidemment
05:52
liberté, égalité, fraternité.
05:55
C'est évidemment le modèle social.
05:56
C'est évidemment autre chose.
05:58
C'est la passion de l'égalité des Français
06:00
qui se joue toujours sur les retraites.
06:02
Et vous le savez très bien,
06:03
les sociologues ne disent pas que des conneries,
06:05
et ils expliquent ça très bien.
06:07
Ils en disent beaucoup.
06:07
Oui, d'accord.
06:08
Mais ils expliquent très bien les mécaniques.
06:11
Vraiment, les mécaniques qui sont à l'œuvre
06:13
en ce qui concerne la question des retraites.
06:16
Ça n'est pas simplement...
06:16
Mais au-delà des retraites,
06:18
ce qui m'intéresse, moi, c'est la génération.
06:20
C'est ce conflit de génération.
06:21
Vous y croyez ou pas ?
06:22
Moi, je crois que le conflit de génération,
06:24
il est plutôt sur le conflit des valeurs.
06:25
Il est vrai que moi, et vous, c'est pareil, Elisabeth,
06:28
dans ma tribu, quand je parle,
06:29
j'ai 60 ans, donc je suis vraiment la boumeuse.
06:31
On est en plein dedans, vous et moi.
06:33
Si vous voulez.
06:34
Et quand je parle avec la génération qui a la Z,
06:37
qui a 30 ans,
06:38
et celle d'avant qui en a 20,
06:40
eh bien, je dois dire que leurs valeurs
06:43
sont plus tout à fait les mêmes que les miennes.
06:44
Mais j'arrête de critiquer cette génération.
06:46
Ça n'est pas parce qu'ils pensent le monde autrement.
06:49
Ça n'est pas parce qu'ils ont envie de vivre autrement que nous.
06:52
Que ce sont des feignasses, des assistés.
06:54
C'est ce que vous n'avez pas dit, Elisabeth.
06:56
Mais ils ont dans deux minutes.
06:58
Ils ont d'autres valeurs que nous.
06:59
Ce n'est pas un problème de valeurs de travail.
07:01
C'est un problème de vision du monde.
07:04
Ils ont des véritables angoisses.
07:06
Ce n'est pas des trucs à prendre à la légère.
07:07
Comme nous, les boomers, nous faisons,
07:09
disons, c'est des trucs de môme, de feignasse.
07:11
Ça n'est pas vrai.
07:11
Non mais, très vite, d'abord,
07:14
je comprends les jeunes qui se disent,
07:15
moi, je vais devoir travailler jusqu'à pas d'âge.
07:18
Peut-être pas avoir de retraite, etc.
07:20
Et qui voient, effectivement, regarder ces fameux bateaux de croisière.
07:24
Il n'y a que des retraités.
07:25
Donc, effectivement, je crois, si vous voulez,
07:30
qu'on n'est pas juste avec les jeunes pour cela.
07:33
Et que pour ça, ça veut dire qu'on doit accepter de travailler plus.
07:36
On vit plus.
07:37
On doit travailler plus.
07:38
Et je voulais vous répondre quand même,
07:40
vous dites, c'est l'égalité, frère.
07:41
Bon, apparemment, dans les autres pays,
07:43
ils n'aiment pas l'égalité.
07:44
C'est des pays vraiment dégoûtants.
07:45
Non, je trouve, si vous voulez, qu'en fait,
07:47
ça dénote une espèce de stérilisation.
07:50
Parce que vous ne m'avez pas répondu sur une chose,
07:53
si vous voulez, qui est.
07:54
On ne vit plus.
07:55
Pardon, je vois que j'ai...
07:56
On ne vit plus vieux.
07:57
On ne vit plus vieux.
07:58
Donc, il vaut mieux partager.
07:59
Il vaut mieux embaucher plus de seniors.
08:01
Mais vous savez très bien.
08:03
Si vous faites l'égalité des salariales, par exemple,
08:06
avec les femmes, vous gagnez beaucoup d'argent.
08:08
Si vous embaussez des seniors,
08:10
vous gagnez beaucoup d'argent.
08:11
Parce que vous gagnez...
08:12
Mais c'est la réalité.
08:13
Si les entreprises arrêtent de décider
08:14
qu'à partir de 45 ans, on est vieux,
08:16
eh bien déjà, ça changera beaucoup de choses.
08:18
Moi, je veux bien que ce soit les Français
08:19
qui soient désassistés
08:21
ou qui ont besoin d'une nounou.
08:23
Mais franchement, est-ce que vous croyez
08:24
que les entreprises, je ne parle pas des PME,
08:27
jouent vraiment le jeu ?
08:28
Je ne crois pas.
08:28
Sur les seniors, c'est flagrant.
08:31
8h23.
08:32
8h23.
08:33
On en parle dans un instant avec Benjamin Glaze.
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