"On dirait qu’il y a des drames de droite et des drames de gauche" dénonce Elisabeth Lévy

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Nous sommes avec Elisabeth Lévy, bonjour Elisabeth.

00:06Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:08Souvenons-nous des assassinats dans un lycée de Nantes,

00:12assassinat d'une jeune fille à coup de couteau,

00:14de l'assassinat dans la mosquée de La Grande Combe, près d'Alès.

00:20Ces deux faits divers ont entraîné interprétation hâtive

00:24et instrumentalisation de tous côtés.

00:28Oui, j'ai voulu revenir là-dessus.

00:30D'abord, ce sont deux crimes qui sont spectaculaires par leur lieu.

00:34Le lieu où ils ont lieu, quand même un lycée et une mosquée,

00:37deux lieux qui devraient évidemment être épargnés par le fracas du monde.

00:41C'est pour ça que ça frappe l'opinion.

00:43Donc c'est normal, dans le fond, que tout le monde essaye de comprendre.

00:47Mais il y a eu aussi ce que j'appellerais un emballement interprétatif,

00:51peut-être poussé par cette soif de comprendre.

00:53On cherche des explications.

00:55Donc après Nantes, cette lycéenne assassinée, Bruno Retailleau a parlé de l'ensuvagement de la société.

01:01Beaucoup de commentateurs ont embrayé.

01:03Bon, ça n'a pas été très loin.

01:05Alors après, à l'Est, en revanche, tout le monde,

01:08mais évidemment, tout le monde de droite à gauche,

01:10il sent à penser à un crime musulman.

01:11Quelqu'un tué dans une mosquée, ça semblait presque évident.

01:16Il faut se méfier parfois des évidences.

01:17La gauche, alors là, est parti en fanfare sur la supposée islamophobie de la France en général

01:23et de Bruno Retailleau en particulier,

01:25qui est devenu le responsable de ce crime raciste,

01:28ou pas, de ce crime compensé raciste,

01:32jusqu'à cette manifestation honteuse dont Jérôme Gage a été expulsé.

01:36Or, dans les deux cas,

01:37et là, je vais être très prudente,

01:39mais je m'appuie sur ce que dit aujourd'hui la justice.

01:42– Bien sûr.

01:42– Voilà. Dans les deux cas, ce sont des actes qui paraissent plutôt relevés

01:46de parcours individuels.

01:49Alors, dans l'affaire de Nantes, évidemment,

01:51il exprimait dans ce texte une sorte de haine du capitalisme,

01:54de la modernité, etc.

01:55Mais si vous avez des pulsions meurtrières,

01:59vous allez sans doute piocher dans ce qui se passe autour de vous

02:02pour essayer de l'enrober, votre acte.

02:05Dans tous les cas, c'est toujours ce que moi, je m'appuie sur la justice.

02:08Mais de toute façon, ça n'est pas imputable

02:10à ce qu'on appelle la crise de l'autorité,

02:13si vous voulez.

02:13Ce n'est pas un moment d'hérence, ce n'est pas ça.

02:17On est dans une configuration très, très spécifique.

02:21Et tout ça, si vous voulez,

02:23ce n'est pas des aspects politiques, à mon avis,

02:26qui expliquent le passage à l'acte.

02:28En tous les cas, c'est toujours la justice.

02:31À l'aise, d'après la procureure de Nîmes,

02:32c'est un crime sans revendication idéologique, je la cite.

02:36Les faits paraissent, à ce stade, évidemment,

02:38à ce stade, ça peut tout à fait changer dans l'enquête,

02:42construits autour de l'envie obsessionnelle

02:44de tuer une personne.

02:46Donc, le tintouin sur l'islamophobie,

02:49en l'occurrence, semble tout à fait

02:50à côté de la plaque.

02:51Peut-être a-t-il choisi une mosquée,

02:53parce que c'est ouvert.

02:54Mais, évidemment, ça n'arrange pas

02:56tous ceux qui veulent, de tous les côtés,

02:59si vous voulez,

02:59servir de ces éléments

03:02à l'appui de leur thèse.

03:04– Évidemment, alors, qu'au conclure de ces exemples ?

03:06– Alors, on dirait quand même

03:07qu'il y a des drames de droite

03:08et des drames de gauche,

03:09que ce qui est un fait divers pour les uns

03:10doit être un fait de société pour les autres,

03:12et vice-versa.

03:13Et dans le fond,

03:14j'y vois là le signe de la fragmentation

03:16ultime de notre société,

03:18comme si on ne pouvait pas pleurer

03:20les mêmes victimes.

03:21Alors, ce n'est évidemment pas vrai pour tout le monde.

03:23Je pense qu'il y a des tas de gens,

03:24Françoise ou moi,

03:25pour quelqu'un qui est gauche

03:27et quelqu'un qui ne l'est pas,

03:28qui vont pleurer.

03:29Évidemment, qui pleure Lola,

03:31qui pleure toutes les victimes,

03:32qui pleure Thomas, Crépaule.

03:33Mais, dans les camps politiques,

03:35il y a quand même,

03:36si vous voulez,

03:37c'est un peu chacun les siennes.

03:38Et d'ailleurs,

03:39tout le monde en France a pleuré,

03:41si c'est,

03:41mais je suis désolé de vous le dire, Françoise,

03:43c'est pour ça que je ne renvoie pas

03:44tout le monde dos à dos dans cette affaire.

03:45Tout le monde n'a pas pleuré Lola.

03:47Ça n'est pas vrai.

03:49Et dans l'affaire Sissé,

03:51franchement,

03:52là, pour le coup,

03:53ça n'est pas toujours vrai.

03:54Mais là, le pompon du cynisme

03:56et de l'instrumentalisation

03:57revient à la gauche.

03:58Eh bien, quand même,

03:59on a du mal.

04:00Je comprends,

04:01parce que moi aussi,

04:02on a du mal à admettre

04:03que certains crimes sont individuels.

04:05On veut des explications sociales, politiques,

04:08la nature humaine,

04:09si vous voulez,

04:09et sa capacité à faire le mal.

04:11Ça ne nous suffit pas.

04:13L'avocat de la famille Sissé

04:14nous dit

04:15que c'est un crime terroriste.

04:17et il braille

04:17parce que le PNAT

04:18ne s'est pas saisi.

04:22Eh bien,

04:22oui,

04:23ça arrive.

04:24Par exemple,

04:24ça arrive qu'il y ait

04:25des explications politiques.

04:26Par exemple,

04:27si un crime est commis

04:28par un migrant

04:29sous OQTF,

04:30ça ne veut pas dire

04:31que les migrants

04:31ont plus de propension

04:32à commettre des crimes.

04:33Ça veut dire que l'État

04:34est défaillant

04:34parce que s'il n'avait pas été là,

04:36eh bien,

04:37il n'aurait pas pu

04:38commettre son crime.

04:39Refuser de le dire,

04:40ce n'est pas lutter

04:40contre l'instrumentalisation,

04:42c'est mentir,

04:43c'est cacher la vérité.

04:44En tous les cas,

04:44tout cela devrait inciter

04:46les politiques,

04:47et là,

04:47je le dis,

04:48de tous bords,

04:49à la décence,

04:50à la retenue,

04:51quand il se passe

04:52une chose pareille.

04:53Et quant aux commentateurs,

04:55nous,

04:55ça devrait nous inciter

04:56à la prudence

04:57quand on ne sait pas.

04:59Cher Jean-Jacques,

05:00eh bien,

05:00il vaut mieux se taire.

05:02Alors là,

05:02je suis totalement d'accord

05:03avec votre chronique,

05:05Elisabeth,

05:05mais alors totalement d'accord.

05:07Je vous le dis tout de suite,

05:08le commentaire,

05:10pour le commentaire,

05:11il faut remplir

05:12des heures d'antenne,

05:12pardon,

05:13mais sur les chaînes info,

05:14par exemple.

05:15Vous êtes méchant,

05:16parce qu'il y a aussi

05:16un bon...

05:17Non,

05:18excusez-moi,

05:18d'abord,

05:19la famille...

05:19On commente avant d'analyser,

05:20de comprendre,

05:21et d'expliquer.

05:22Pardon.

05:23Déjà,

05:24Elisabeth,

05:24elle braille pas.

05:26Elle a perdu...

05:26Il a parlé de l'avocat.

05:27Oui,

05:28l'avocat,

05:28oui.

05:29Moi,

05:29je trouve quand même que...

05:30Vous trouvez,

05:31moi,

05:31je trouve qu'il braille.

05:32Je vous laisse finir.

05:34Je vais répondre,

05:37je vais répondre,

05:38je trouve que vous décortiquez ça.

05:41Je vous ai entendu,

05:43pas vous,

05:44parce que vous avez l'art de la nuance quand même,

05:46contrairement peut-être aux apparences,

05:47vous et moi,

05:47nous sommes deux personnes nuancées.

05:49J'ai quand même entendu,

05:50je n'ai jamais entendu autant de bémols

05:53sur Abou Bakar Sissé,

05:55qui est assassiné dans une mosquée,

05:57voilà,

05:57et autant de défense en ligne

05:59d'un ministre de l'Intérieur

06:00qui juge même pas utile

06:01de venir sur les lieux,

06:03j'ai entendu des arguments délirants,

06:06alors que,

06:06mais ça aurait été un ministre

06:08de l'Intérieur de gauche,

06:09moi,

06:10je vous assure,

06:10je n'aurais pas accepté

06:11que Manuel Valls

06:12ne se rende pas à la mosquée,

06:13par exemple,

06:14ou Bernard Cazeneuve

06:15ne se rende pas à la mosquée.

06:16Il n'y a aucune excuse.

06:17Il avait entièrement du pape.

06:18Non,

06:19mais...

06:19Il avait entièrement du pape,

06:21il n'y avait rien du tout.

06:21Écoutez-moi,

06:22on va pas polémique.

06:22Je vais terminer,

06:24soyez sympa,

06:24vous êtes tous accord avec ce truc-là.

06:26Moi,

06:27je ne pense pas d'abord

06:28qu'on peut comparer les deux.

06:30Là où je vous rejoins à 100%,

06:32rien n'est comparable.

06:33Là où je vous rejoins à 100%,

06:34Elisabeth,

06:35vraiment,

06:36c'est la polarisation.

06:37Et c'est-à-dire que ça,

06:38et je rejoins Jean-Jacques,

06:39je ne sais pas si c'était sa pensée,

06:41moi,

06:41je n'en peux plus

06:41d'avoir une information monomaniaque

06:45qui ne parle que du matin au soir

06:47d'immigrés,

06:49d'OQTF

06:49ou dans l'autre sens d'ailleurs

06:50d'anti-immigrés ou clients,

06:52c'est insupportable.

06:53Et le piège dans lequel

06:55tombent tous les politiques,

06:56et je vous rejoins,

06:57et tout le monde doit se maîtriser maintenant

06:58parce qu'on rentre dans une séquence électorale

07:00très importante,

07:01c'est celui-là,

07:02la polarisation ultime,

07:04c'est ça qui nous tue en réalité.

07:05C'est les commentateurs qui nous tuent.

07:06Oui,

07:07et puis pardon,

07:07les réactions des politiques

07:09qui se précipitent,

07:10qui se précipitent

07:12pour réagir,

07:14pour commenter,

07:15sur ce qui c'est le déferlement

07:16de communiquer,

07:17elle est fils.

07:18Si vous voulez,

07:19tous au Tibet,

07:19les autres d'ailleurs,

07:21ils accusent au lieu

07:22de se recueillir,

07:23au lieu de faire part

07:24de leur compassion,

07:25mais ça en une heure,

07:27en une heure,

07:28il y a eu 50 communes.

07:29Non mais je suis d'accord avec vous,

07:30mais ça on le sait,

07:31de la part de la France Insoumise.

07:33Mais l'exploitation,

07:35l'exploitation des faits divers,

07:36de liens,

07:37ce comptable...

07:38Bon, écoutez,

07:38on va pas repolémiquer sur le Tibet.

07:40Non, non, on est pas d'accord,

07:42mais on est d'accord,

07:43en tout cas,

07:44sur le fait qu'on peut pas

07:45polariser tout le temps comme ça.

07:46Il est quelle heure ?

07:46Toujours pas papesse,

07:47vous n'êtes pas rentre

07:48pour le conclave.

07:49Non, mais je le manipule

07:51de l'extérieur,

07:52qu'est-ce que vous croyez ?

07:53À propos du conclave,

07:54demain matin,

07:55je vais recevoir

07:55Mgr Rouget,

07:56mais auparavant,

07:58nous allons consacrer

07:59la matinée au conclave.

08:01Est-ce que vous pouvez...

08:01Est-ce qu'on peut faire des paris ?

08:03Est-ce qu'on peut faire des paris ?

08:03Tiens, faisons le vote de Paris.

08:04Non, je m'engage pas,

08:05non, non, pas de Paris.

08:06Moi, je fais un pari, vous.

08:08En politique, papa,

08:09je vous prie de m'excuser,

08:10mais je passe mon tour.

08:11Moi aussi, moi aussi.

08:13Moi, un protestant aussi,

08:14je vous le dis tout de suite.

08:15Oui, bien sûr,

08:16je suis obligé à passer mon tour.

08:17Les protestants et les juifs

08:17sont tout à fait qualifiés

08:18pour désigner le pape des catholiques.

08:20Moi, je suis catholique officiellement,

08:22mais je suis bouddhiste dans la pratique,

08:23mais quand même,

08:24je m'occupe du conclave.

08:25Je suis désolé de vous dire,

08:26je m'en occupe.

08:26Vous êtes en conclave, vous, Françoise.

08:27Je suis en conclave, personnellement,

08:29avec des gens qui s'en occupent aussi.

08:31Ça vous aurait bien.

08:31Petit bonnet rouge sur la veille.

08:33Oui, il y en a eu une seule femme,

08:34papesse, une seule femme, papesse.

08:36Ah, une femme, papesse.

08:37C'est la seule, la seule femme.

08:39C'est vrai, c'est vrai.

08:398h20.

08:40Je vous vois bien, papesse.

08:41Trois-et-Sud Radio, le grand matin.

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