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  • 25/05/2025
DB - 25-05-2025

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00:00C'est parti !
00:30A travers la Guyenne, les deux frères séparés par le destin courtent à toute vitesse.
00:44André, en hélicoptère, poursuit Marcel, le jeune voyou retrouvé à Toulouse,
00:51qui s'est enfui avec la précieuse valise de l'oncle.
01:00Julien, seul dans le wagon qui roule vers Bordeaux,
01:13essaie d'échapper à l'homme en noir, change de train, monte au hasard dans un convoi
01:18et se retrouve le soir, sauvé et perdu à la fois, dans une petite gare du Périgord,
01:24accueillie par Sylvie, la fille du chef de gare.
01:35Amitié nouvelle, angoisse nouvelle,
01:39c'est ce que nous annonce ce trentième épisode,
01:42dont la Maxime nous rappelle,
01:44il n'est point de cœur que la douceur d'un enfant ne puisse toucher.
01:47Au matin, dans la douce lumière du Périgord,
02:14Julien avait oublié ses angoisses de la veille.
02:19Il avait assez à faire, à jouer pour quelques heures au chef de gare.
02:23Un chef de gare minutieux
02:40qui traquait impitoyablement les voyageurs sans billet.
02:45Julien avait décidément la mémoire courte.
02:53Pour quelques heures, tout lui appartenait,
03:00y compris l'amitié.
03:01Le Périgord
03:31Au Périgord, il arrive souvent qu'un trou énorme brusquement s'ouvre au milieu d'un champ,
03:52découvrant tout un univers souterrain.
03:54Un monde de couloirs, de voûtes, de salles,
03:57qu'on dirait bâtis par un architecte un peu fou
03:59et que la nature a modelé secrètement.
04:02L'eau des rivières qui ronge obstinément le rocher
04:05ou qui, goutte à goutte, seconde après seconde,
04:08édifie patiemment au long des siècles
04:10ces longs cierges de pierres appelées stalactites ou stalagmites,
04:14selon qu'ils pendent ou qu'ils se dressent vers le plafond.
04:16Là, vivaient les hommes de la préhistoire
04:25qui ont laissé sur les parois de ces cavernes
04:28l'image des bêtes qui peuplaient leurs forêts
04:30comme si de les représenter ainsi
04:33tels que leurs yeux effrayés les contemplaient
04:35était pour eux une manière de les vaincre.
04:38Pendant ce temps, André, ayant quitté Parentis,
05:06continuait sa route vers Bordeaux à travers les Landes.
05:09...
05:15...
05:21...
05:30Le lendemain, c'était dimanche, et à la petite gare, l'arrivée de la marraine.
05:57Sylvie, ne mords pas ta bouche comme ça.
05:59Oui, papa.
06:00Tu as les mains propres, au moins, oui ?
06:06Il se passe que je l'avais deux fois.
06:08Bon.
06:10Et toi, Julia ?
06:11Oui, monsieur.
06:14Et puis, l'air naturel, surtout, ayez l'air naturel.
06:16Vous faites des grimaces, comme si vous étiez chez le dentiste.
06:18Est-ce que je suis nerveux, moi ?
06:21Oui, monsieur.
06:24Tu ne veux pas regarder si mon col est bien attaché, là ?
06:25J'ai l'impression que tu voles dans le dos.
06:27Non, ça va, monsieur.
06:29Bon.
06:29Ça va être l'heure.
06:36Et s'il est en retard ?
06:38Alors, on le saurait.
06:39Et s'il a manqué le train ?
06:40Mais non, elle aura télégraphié.
06:42Et s'il oublie de s'arrêter ?
06:43C'est impossible.
06:44Et s'il déraille ?
06:45Tais-toi, Sylvie.
06:46Tais-toi, Sylvie !
06:47C'est parti.
07:17C'est parti.
07:47Vous avez fait un bon voyage.
07:50Je fais un voyage à fond, vous voulez dire. Donnez-moi une chaise. Je suis morte.
07:55Qu'est-ce que c'est que là ? Vous avez un chien maintenant ? Il ne manquait plus que ça.
08:07Il n'est pas à nous, c'est...
08:09C'est un chien de Julien.
08:10Il ne mord pas au moins.
08:11Non, soyez tranquille.
08:12Qu'avez-vous ?
08:15Que voulez-vous bouger ? J'ai une poussière dans l'œil, naturellement.
08:19Vous permettez ?
08:22Pour une fois, au moins, vous ne direz pas que c'est une escarbille. Vous ne direz pas que c'est ma faute ?
08:35C'est votre faute.
08:37Ça n'a pas idée d'habiter au bout du monde.
08:42Bon, laissez-moi.
08:43Regardez plutôt dans mon sac de voyage si vous trouvez un flacon.
08:47Non, là, dans celui-ci. Non, celui-là. Non.
08:50Enfin, un flacon d'essence de menthe. Vite, vite.
08:53Je sens que je vais m'évanouir.
08:55Je vais chercher ma reine.
08:57Tu as les mains propres pour moi ?
08:58Oui, ma reine.
08:59Oh, dépêche-toi. J'ai le cœur qu'il est.
09:04Je croyais justement que le cœur, c'était le train.
09:07Mais la voiture, c'est le foie.
09:09Ah, bon, alors vous préférez le foie, si je comprends bien.
09:12Mon cher Léon, je ne préfère rien du tout.
09:14Je fais des efforts pour venir vous voir dans votre trou, au mépris de mon confort,
09:20et de ma santé.
09:24Comment tu la trouves ?
09:26Elle est chichiteuse.
09:28Mais elle est belle.
09:29Elle est belle, mais elle est chichiteuse.
09:31Alors, ce flacon ?
09:34Laissez ça, je vais vous faire voir quelque chose de durmontant.
09:37Un peu de mon mar de pays.
09:39Vous êtes fou, vous me prenez pour un charretier.
09:41Ne vous inquiétez pas.
09:42Tout à l'heure, je te dirai un secret.
09:45Un secret ?
09:46À propos de ma marraine.
09:48Mon cher Léon, quand donc vous déciderez-vous à venir habiter la ville comme tout le monde ?
09:53Quand on voudra bien transporter ma gare sur la presse de Périeux.
09:57Ça me fait rire.
09:59Alors, toujours vos quatre malheureux voyageurs et vos trois trains par jour ?
10:04Deux seulement, cher Madeleine.
10:07Ça reste du temps.
10:08J'ai assez à faire avec le jardin et Sylvie.
10:12Je vous ferai voir quelques poiriers au fond du jardin que je grève moi-même.
10:16Toujours aussi peu d'ambition, mon pauvre Léon.
10:21Décidément, il faudrait changer beaucoup de choses à votre existence.
10:25Il ne tient qu'à vous, chère Madeleine.
10:28Mon cher Léon, je vous prédiens que si vous m'avez fait venir pour me reparler de ces projets chimériques,
10:33je repars à l'instant.
10:39Même par le train.
10:44Je suis désolé, Madeleine.
10:46En parlant plus.
10:48Tu n'as pas dérangé mon sang pour moi ?
10:50Oh, nous avons tout remis en place.
10:54Et celui-là, qui est-ce ?
10:55C'est un ami de Sylvie, le maître du chien.
10:58Bonjour, madame.
10:59Un petit berger, sans doute.
11:02Bonjour, mon enfant.
11:04Pas aussi, naturellement.
11:05Tu n'as jamais mis les pieds à la ville.
11:07Quelle ville, madame ?
11:08Quelle ville.
11:09C'est rigueux, bien sûr.
11:10Je ne connais pas.
11:12Je connais Joulouse,
11:15Marseille,
11:17Lyon,
11:19Le Hors,
11:20Montréal,
11:21Et Québec.
11:22C'est un voyageur.
11:24Nous l'avons recueilli pour deux jours.
11:26Il a voulu rester pour assister Sylvie
11:28dans cette circonstance solennelle.
11:31Je vois.
11:33Il est charmant.
11:36Dites-moi,
11:37qu'est-ce que vous chuchotiez là-bas,
11:39tous les deux ?
11:40Je n'entendais pas, mais...
11:42On disait...
11:45On disait que vous êtes belle.
11:47Oh, l'honte et toi,
11:48je dois être affreuse après ce voyage.
11:50Je vois que vous appréciez
11:54mon art du Périgord.
11:56Comment j'ai vu ?
11:58C'est un trou.
12:03Pendant ce temps dans les Landes,
12:05André découvrait
12:06d'étranges spectacles.
12:20Sous-titrage Société Radio-Canada
12:34Sous-titrage Société Radio-Canada
12:47Le lendemain matin,
13:10tandis qu'ils prenaient le petit déjeuner
13:11au fond du jardin,
13:12Julien et Sylvie ne parlaient que de la marraine.
13:17Elle était belle comme les dames de la ville.
13:20Elle avait des bagages
13:21pleins de choses étranges et merveilleuses.
13:23Sous-titrage Société Radio-Canada
13:53Tu as raison.
13:54Tu crois qu'il est réveillé ?
13:57Dis,
13:58ton strap au bout de ta marraine.
14:01Eh bien,
14:02je l'ai vu mais.
14:03Ah,
14:04il faut voir.
14:05Tu veux que ton papa...
14:07Tais-toi !
14:08Si tu en parles à quelqu'un,
14:10je t'arrache ses cheveux.
14:11Je ne dis rien,
14:12je suis ton ami.
14:14Et ton papa,
14:15qu'est-ce qu'il en dit ?
14:16Papa est trop timide.
14:17Alors ?
14:19Alors il faut l'aider.
14:22Non,
14:22elle n'est pas timide,
14:23elle les frappe.
14:25Je ne pense pas.
14:29Entrez.
14:31Bonjour ma reine.
14:33Bonjour madame.
14:34Bonjour les enfants.
14:38Encore une fois.
14:41Si tu veux.
14:42Qu'est-ce que ça sent ?
14:46Le parfum.
14:47Ça sent bon.
14:51Et ça ?
14:53Oh, mais ça,
14:54c'est encore du parfum,
14:55des...
14:56des produits de beauté.
14:58Je peux toucher ?
14:59J'ai les mains propres.
15:01Fais attention,
15:01c'est fragile.
15:04Vous m'en mettrez ?
15:05De quoi ?
15:06De la beauté.
15:07C'est moi.
15:10C'est pour te plaire.
15:12Aïe !
15:14Qu'est-ce que tu as fait ?
15:16J'ai failli le faire tomber.
15:18Laisse ça,
15:18je te prie Sylvie.
15:19J'ai failli.
15:21Je te défends
15:22d'y toucher Sylvie,
15:23tu entends ?
15:24Tu ne seras jamais
15:24qu'une gosse de la campagne.
15:33Sylvie.
15:34Sylvie,
15:35où vas-tu ?
15:37On laisse là,
15:38c'est une sauvage,
15:39elle reviendra.
16:00Elle a de la peine ?
16:02Tu crois ?
16:04Elle vous aime tellement.
16:07S'en dis-moi un peu.
16:12Tu as voyagé comme ça ?
16:14Oh, c'est pour finir.
16:15Tu connais Lyon,
16:18Loire ?
16:19Marseille aussi.
16:20Marseille ?
16:21Oh, c'est pour mal.
16:23Je pense.
16:25Les lumières le soir,
16:27les beaux magasins,
16:28les grands cafés,
16:29la foule.
16:30La foule,
16:31il y en a un pot de pro.
16:32Justement,
16:33on s'y perd.
16:34Où ça, oui ?
16:35Personne ne vous connaît.
16:37Où sommes ?
16:39Voilà,
16:40nous n'imaginerons jamais eux.
16:43Je comprends toi.
16:47Non, madame.
16:49Imagine un peu
16:50qu'on te demande
16:50d'épouser quelqu'un
16:52de la campagne.
16:53Est-ce que tu te rends compte ?
16:55Non, madame.
16:55Oui, toi,
16:57je suis bête naturellement.
16:59Mais imagine
17:00que ta maman,
17:01par exemple,
17:02n'a pas épousé
17:03n'importe qui.
17:04Maman a épousé
17:05papa ?
17:07Oui.
17:08Justement,
17:08un homme
17:09qui savait
17:10ce qui plaît
17:11aux femmes
17:11et qui l'a emmené
17:13vivre à la ville.
17:14Ou ça,
17:15non, madame.
17:15Il doit acheter
17:16une maison
17:16à la campagne.
17:18Il dit que c'est ça
17:18le bonheur.
17:20Le bonheur.
17:21Une maison isolée
17:24avec des arbots fruitiers.
17:27Il les greffait lui-même.
17:30Des greffes ?
17:31Encore des greffes ?
17:32Mais qu'est-ce que vous avez
17:33tous à me parler de greffes ?
17:34Qu'est-ce que c'est d'abord,
17:35des greffes ?
17:36Je ne sais pas, madame.
17:37Tu ne sais pas.
17:39Où as-tu ?
17:41Je veux voir où est-ce qu'il dit.
17:48Des greffes.
17:49Des greffes.
17:51Des greffes.
18:04Entrez.
18:07Oh, excusez-moi,
18:08je croyais que les enfants
18:09étaient là.
18:09Ils étaient il y a un instant.
18:11Ils doivent être
18:12dans le jardin.
18:13Attendez.
18:14Ils n'ont pas besoin de vous.
18:15Je ne vous dérange pas.
18:17Essayez-vous un instant.
18:18Julia est à la recherche
18:34de Sylvie
18:34qui nous a quittés
18:35un peu brusquement.
18:37Ah.
18:40C'est petite et bien nerveuse.
18:41c'est un peu l'émotion
18:44de votre arrivée.
18:46Je crois qu'elle aurait
18:47surtout besoin
18:48de voir des gens.
18:51Elle aurait surtout besoin
18:52d'une maman.
18:55Oh, excusez-moi.
18:56Oh, non.
18:57Ne croyez surtout pas.
18:59Je n'ai pas dit ça.
18:59Ça m'a échappé.
19:00Non, je ne savais pas
19:03de plus vous parler de ça.
19:05Et puis,
19:05je veux tellement
19:06que vous soyez heureuse
19:07ici et tranquille.
19:08C'est tout, quoi.
19:09Et puis,
19:10que vous restiez
19:10le temps que vous voudrez.
19:16Léon.
19:18Oui, Madeleine.
19:21Vous m'emmèneriez
19:22voir vos fameux poiriers
19:23greffés
19:24au fond du jardin.
19:26Oui.
19:27Oui.
19:30Sylvie avait gagné
19:42sa grotte.
19:43C'était son refuge
19:44pour les grandes joies
19:45que l'on savoure seul
19:46comme pour les peines.
19:49Julien était sûr
19:49de l'y retrouver,
19:51mais où?
19:53Dans ce monde
19:53terrifiant
19:54de cavernes souterraines,
19:56peuplées de colonnes
19:57de pierre,
19:58habitées par la voix
19:58des sources qui chantent
20:00ou gémissent
20:00doucement dans les ténèbres.
20:03Julien appelait Sylvie
20:04à tous les échos.
20:16Ursi finit par retrouver
20:17sa trace.
20:20Sylvie s'était blottie
20:21dans un coin.
20:22Plus loin qu'elle n'avait
20:23jamais été dans la caverne,
20:25incapable de retrouver
20:26la sortie,
20:27transie de froid.
20:28Oui, oui.
20:37Oh, oh, oh, oh, oh!
20:39Oh, oh, oh!
20:40Oh, oh, oh!
20:45La petite fille,
20:46cette fois,
20:47avait eu peur
20:48pour de bon.
20:48...
21:18On imagine le retour triomphal de Julien qui avait retrouvé, sauvé, consolé la petite Sylvie.
21:38Chacun lui fit fait. Léon et Madeleine avaient eu si peur.
21:42Et on ménagea à Julien un départ digne d'un héros.
21:48Et Julien, en gage d'amitié, donna à Sylvie, son amie, la tourterelle apprivoisée des Pyrénées.
22:04Au revoir, madame.
22:21Bonne chance.
22:28Nous écrira, Julien, je t'ai promis.
22:32Au revoir, Julien.
22:37Oh, bah, Sylvie, tu ne dis rien à Julien ?
22:40Il est bien à lui seul.
22:42C'est un secret.
22:43Tiens.
22:45Tiens.
22:49Ça fait plus merci.
22:52Ça n'est rien.
22:54Pas seulement pour ça.
22:55Tu lui dis merci, la soeur.
22:58Tu crois que ça va changer ?
23:02Eh bien, Julien, et le train ?
23:05Vous avez un métier merveilleux, Julien.
23:22Tous ces trains, tous ces gens que le destin vous envoie,
23:25ce petit garçon, par exemple,
23:27ils ne se doutent même pas que sans lui,
23:29ce petit garçon, en effet,
23:36qui, depuis des mois, courait derrière le bonheur,
23:38le long des routes de France,
23:40venait sans tout à fait s'en rendre compte
23:42d'assurer le bonheur de Sylvie.

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