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  • 23/05/2025
DB - 23-05-2025

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00:00Musique
00:30A travers les routes de France, voici André et Julien, les deux orphelins du Canada, lancés à la recherche de leur oncle introuvable, M. Leclerc.
01:00Du Havre à l'île où l'oncle habite peut-être encore, la route est longue, même si on l'a fait dans un camion ultra-moderne.
01:13M. Renaud, le camionneur, et les enfants ont eu tout le temps de l'apprécier.
01:18On s'était d'abord regardé un peu en chien de taillance.
01:25Mais ça n'a pas duré bien longtemps.
01:30A propos de chien, il y en a un, un vagabond, que Julien a fait monter dans le camion sans prévenir personne.
01:39Et ça a bien failli tout gâcher.
01:42M. Renaud, le camionneur, et les enfants ont eu tout le temps de l'apprécier.
01:44Mais tout s'est arrangé heureusement, et le passager clandestin est devenu passager à part entière.
01:52Entre-temps, André s'est montré mécanicien assez adroit à l'occasion d'un pneu crevé.
01:58Et Julien a été un guide très averti au cours de la visite de Rouen.
02:07Si bien que ce sont quatre amis maintenant qui se dirigent vers l'île.
02:19L'île où ils ont rendez-vous avec le destin.
02:22Quel destin !
02:27Vous le saurez peut-être bientôt.
02:31Mais n'oublions pas la maxime d'aujourd'hui.
02:33Le frère aîné doit instruire le plus jeune par son exemple et ses leçons.
02:39De la tour Péret d'Amiens à la cathédrale, il y a 700 mètres et 700 ans.
03:07700 années pleines d'invasions, de guerres, de sièges et de libérations, de destructions et de résurrections.
03:14Les villes ne meurent jamais, comme l'espérance.
03:18L'espérance !
03:19Nos deux enfants s'en sentaient tout gonflés ce soir-là,
03:22dans ce relais routier où M. Renaud avait décidé qu'on passerait la nuit.
03:28Pardon, nos trois enfants.
03:34À demain, les affaires sérieuses.
03:36À demain, l'île, les visages inconnus, les portes closes, les angoisses nouvelles, la solitude peut-être.
03:41Oublions un instant le voyage.
03:55Cet hôtel tranquille avait un petit air de vacances.
03:58On avait envie d'un peu de paix et de silence.
04:02On avait encore tant de choses à se dire.
04:05Monsieur !
04:14Pardon ?
04:15Vous croyez qu'on va le retrouver à Lille, l'oncle François ?
04:18On le retrouvera.
04:20J'en fais mon affaire.
04:23Et, quand on l'aura retrouvé,
04:26tu pourras écrire à ton père au Canada que c'est grâce à Georges Renaud.
04:28Mon père est mort, monsieur.
04:33Il y a longtemps ?
04:35Un mois. C'est pour ça qu'on est ici.
04:39Là-bas au Canada, on était bien heureux tous les trois.
04:43Papa avait un bon métier depuis qu'il avait immigré.
04:45Papa, il était charpentier.
04:46Un après-midi,
04:51un agent de police est venu me chercher à l'école.
04:54Papa était tombé d'un toit pendant son travail.
04:57Il pouvait encore parler,
04:59pas pour longtemps.
05:01Il m'a fait venir tout près de lui,
05:02il m'a dit
05:02André,
05:05vous voilà tous les deux seuls.
05:07C'est le moment de montrer que tu es un grand.
05:10Maintenant, le père,
05:10il faut que ce soit toi.
05:13Il n'y a qu'une chose à faire,
05:14c'est que vous allez retrouver mon frère,
05:17ton oncle François Lille.
05:18Tu lui diras ce qui est arrivé.
05:19Je suis sûr qu'il ne nous a pas oubliés.
05:21Oui.
05:22Mais tu ne lui écrivais jamais.
05:24Ils étaient un peu fâchés tous les deux.
05:27Pour des bêtises,
05:28depuis qu'on était venus s'installer au Canada.
05:30Ce n'était pas de la faute de papa.
05:32Qu'est-ce que tu en sais, toi ?
05:33Tu n'étais pas né.
05:34On me dit que tu n'étais pas né.
05:36Moi, je ne suis jamais né.
05:38Ce n'était pas bien grave, cette brouille.
05:41Aucun des deux ne voulait t'écrire le premier.
05:42Ça pouvait durer longtemps.
05:44Et alors,
05:44papa n'avait pas beaucoup d'argent.
05:47Mais il m'a dit que tu en auras bien assez
05:49pour prendre le bateau jusqu'au Havre avec ton frère.
05:53Au Havre, tu es sauvé.
05:54Tu demandes le camion Leclerc.
05:56Il est là tous les deux jours pour apporter des primeurs.
05:58Il arrive le soir et il reparle à l'armée.
06:00Et voilà.
06:02Le soir, papa était mort.
06:05Et on est partis à la recherche de l'oncle.
06:08Et puis l'oncle, c'était moi.
06:10Oui.
06:10C'est un oncle d'orchange, quoi.
06:13Oui.
06:14Ça peut toujours servir.
06:16C'est comme une roue d'orchange.
06:19Voilà.
06:20Je suis la roue de secours.
06:22Une bonne roue de secours.
06:23Et à part l'oncle,
06:26vous n'avez plus personne ?
06:28Plus de famille ?
06:29Personne.
06:31Et votre mère ?
06:32Elle est morte quand j'étais tout petit.
06:33Julien ne l'a même pas connue.
06:35Je n'étais pas née.
06:36Ah si, cette fois, je crois que tu étais née.
06:38Elle est morte en mettant Julien au monde.
06:41Alors si je comprends bien,
06:43je suis toute la famille,
06:44et moi tout seul.
06:45Je suis l'oncle, la mère, le père.
06:47Ah non, pas le père.
06:49Le père, c'est moi.
06:50N'est-ce pas, Julien ?
06:52Tandis que nos voyageurs sont montés se coucher,
07:09le patron a pris sa faction nocturne derrière le comptoir.
07:13La vie ne s'arrête jamais dans l'air les routiers.
07:15Pas plus que les pendules.
07:17Pas plus que les routiers eux-mêmes.
07:19Routiers de jour, routiers de nuit.
07:20On finit par les confondre.
07:22C'est comme les gens heureux et les gens malheureux.
07:25Tout le monde passe par ici.
07:26On n'a pas le temps de les distinguer.
07:29Au matin, il y a la relève, comme pour la garde.
07:33La patronne se lève, le patron va dormir.
07:35Et en avant pour la nouvelle journée.
07:37Même pas le temps d'échanger une remarque sur les clients d'hier.
07:42Et pourtant, des voyageurs comme ceux de la chambre 7,
07:45on ne doit pas en avoir tous les jours.
07:47Regardez, à quoi ils s'occupent des 8 heures du matin
07:49à faire une dictée.
08:00Bonjour, Henri.
08:03Qu'est-ce que c'est que ça?
08:06C'est bien, ça.
08:08C'est bien.
08:09Je les attends tous les trois devant le camion.
08:11Après la géographie, il a dicté.
08:18Et savez-vous ce qu'André est en train de dicter?
08:21Hier, vendredi 12 juillet 57,
08:24nous avons visité Rouen
08:25en compagnie de notre ami M. Renaud.
08:28Venez-moi lier, s'il vous plaît.
08:39Oui.
08:54Allô? Allô?
08:56Allô, oui.
09:01Comme le capitaine du navire,
09:03c'est André qui rédige chaque matin,
09:05avant de le dicter à son frère,
09:06le journal de bord des deux enfants.
09:08D'accord.
09:18Une serviette, s'il vous plaît.
09:21Merci.
09:26Oui, voilà, j'arrive.
09:27Sous-titrage Société Radio-Canada
09:40Sous-titrage Société Radio-Canada
10:10Le marché d'Amiens est un marché au bord de l'eau,
10:26au bord de la Somme.
10:28Le seul marché de France où toute la marchandise,
10:30avant de repartir par tous les chemins de terre
10:32vers les villes et les villages,
10:34n'arrive que par ce seul chemin,
10:37la rivière.
10:37C'était ainsi à l'époque où les acheteurs avaient des carrosses
10:41et les routes dépavées.
10:43Cela se fait toujours à l'époque des autoroutes et des camions.
10:48C'est là que le camion de M. Renaud
10:50vient se faire charger au bord de la Somme paresseuse.
10:53Somme si paresseuse qu'elle se perd plus loin en mille bras
10:58qui s'amusent à en serrer des centaines d'îlots,
11:01à nourrir la terre grasse des jardins maraîchers
11:03où poussent les légumes du marché.
11:06Jardins si fertiles
11:07qu'ils donnent quatre récoltes par an.
11:10Ce sont les ortillonnages d'Amiens.
11:12Après le tumulte des villes et des grandes routes,
11:23André et Julien redécouvraient le silence.
11:26Un étrange paysage de silence,
11:29comme une parenthèse dans la vie du monde,
11:31une halte bienfaisante dans la course des deux enfants.
11:35Au Moyen-Âge, les ortillonnages s'étendaient jusqu'à la cathédrale
11:39et ce sont précisément les ortillons,
11:42c'est-à-dire les maraîchers d'Amiens,
11:44qui offrirent à leur ville un carré de leurs artichauts
11:46pour y planter cet arbre géant,
11:48cette forêt de pierres fabuleuses.
11:51Rien n'a changé, ou presque, depuis ce temps.
11:56Ce sont les mêmes barques, à cornet, comme on dit,
12:00c'est-à-dire dont le pont se relève
12:01comme celui des gondoles à Venise.
12:05Ce sont les mêmes alignements de légumes,
12:08les mêmes saluts des maraîchers quand ils se croisent.
12:13Chaque ortillon a son air, son champ,
12:16où poussent les légumes et les fruits.
12:18Ici, on ne circule que par eau,
12:21que l'on aille au travail, à l'école ou en visite.
12:28En s'embarquant, il faut laisser sur la berge
12:30toute impatience, toute angoisse.
12:34Les plus bavards ne peuvent que se taire,
12:43les plus agités s'arrêtent,
12:46les moins curieux regardent.
12:47Regarde.
12:48Sous-titrage Société Radio-Canada
12:53Sous-titrage Société Radio-Canada
12:58Sous-titrage Société Radio-Canada
13:03Sous-titrage Société Radio-Canada
13:04Sous-titrage Société Radio-Canada
13:05C'est parti.
13:35C'est parti.
14:05C'est parti.
14:35C'est parti.
15:05C'est parti.
15:35Et de fait, devant cette eau calme, ces gestes lents des bâteliers inchangés depuis des siècles, André et Julien pouvaient croire que le temps s'était arrêté.
15:46C'est parti.
16:58C'est parti.
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