Chroniqueur : Vincent Valinducq
Boule au ventre, mains moites, sueurs froides, gorge serrée… Nous avons tous déjà eu ces sensations désagréables liées au stress qui peuvent s’amplifier lors d’une crise d’angoisse. Cette peur brutale et intense qui s’apparente à une attaque de panique est souvent associée à des symptômes psychiques et physiques que décryptent le docteur Vincent Valinducq. Aujourd’hui, il nous explique comment éviter et calmer nos petites et grosses angoisses qui peuvent nous empoisonner l’existence.
Boule au ventre, mains moites, sueurs froides, gorge serrée… Nous avons tous déjà eu ces sensations désagréables liées au stress qui peuvent s’amplifier lors d’une crise d’angoisse. Cette peur brutale et intense qui s’apparente à une attaque de panique est souvent associée à des symptômes psychiques et physiques que décryptent le docteur Vincent Valinducq. Aujourd’hui, il nous explique comment éviter et calmer nos petites et grosses angoisses qui peuvent nous empoisonner l’existence.
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00:00 - Oui. - Très bien, on va passer à la consulte ce matin.
00:04 On a tous eu déjà une boulot-vente, la gorge serrée, les mains moites avant un rendez-vous important,
00:08 ça c'est le fameux coup de stress, parfois ça peut être plus important.
00:11 Et là on parle de la crise d'angoisse. Comment est-ce qu'on reconnaît d'abord une vraie crise d'angoisse ?
00:16 - La crise d'angoisse c'est une peur brutale et intense. D'ailleurs on appelle ça également une attaque de panique.
00:21 Et ça va être associé à des symptômes psychiques et aussi physiques.
00:23 Alors psychique c'est la peur de mourir, la sensation de devenir fou, de sortir un peu de son corps.
00:30 Et puis au niveau physique ça va être des palpitations, une douleur dans la poitrine,
00:33 parfois un problème à respirer, les patients vont vous dire "J'ai du mal à faire rentrer l'air dans ma poitrine,
00:37 des tremblements, des fourmis dans les bras, dans les jambes".
00:40 C'est vraiment le tableau, l'ensemble de ce qu'on appelle une attaque de panique.
00:44 Et en fait ce genre de symptôme c'est un peu un cercle vicieux.
00:47 Et ça va aggraver encore plus la sensation de mourir imminente.
00:50 Et on voit ça dure à peu près 20-30 minutes, c'est ça ?
00:53 Ça apparaissait rapidement, en moyenne 20-30 minutes, parfois même une heure.
00:56 Mais en moyenne effectivement on est sur 20-30 minutes de durée sur les symptômes.
00:59 Docteur, c'est quoi l'élément déclencheur de cette crise ?
01:01 Souvent, parfois même, plutôt que souvent, il n'y en a pas.
01:04 Il n'y a pas de facteur déclencheur, mais parfois ça peut être effectivement un accident de voiture,
01:09 ça va faire déclencher la crise, des médicaments, la prise d'alcool, de toxiques.
01:13 Il peut y avoir différentes choses, mais je vous le disais, parfois ça apparaît d'un coup comme ça,
01:18 une petite crise d'angoisse aiguë qui survient.
01:20 Il faut juste savoir que lorsque la crise est isolée, qui n'a pas non plus de facteur déclencheur,
01:24 c'est sans gravité sur la santé, il ne va pas y avoir de répercussions.
01:28 Il n'y a pas de tachycardie ?
01:29 Ça c'est le symptôme, effectivement, les paires vont se mettre à battre,
01:32 mais en termes de conséquences sur votre santé, si c'est une forme isolée, non, il n'y en a pas.
01:38 En revanche, si on en fait plusieurs à la suite, ou si ça devient régulier, là ça pose peut-être plus un problème.
01:43 Oui, parce que là on va être sur un vrai tableau de maladie.
01:46 En réalité, on va parler de troubles panique.
01:48 Le fait d'avoir des crises qui se répètent, ça c'est plutôt un argument pour une trouble panique.
01:52 Et le deuxième point pour parler de troubles panique, c'est qu'entre ces crises,
01:55 c'est des patients qui vont tellement avoir peur de déclencher la crise,
01:59 qu'en fait ça va générer un état d'anxiété permanent entre les crises,
02:02 à tel point que parfois même ces patients qui ont des troubles panique peuvent souffrir également d'agoraphobie,
02:07 parce qu'ils ont peur que la crise arrive dans un bus ou au centre commercial,
02:11 du coup ils ne vont plus oser sortir du sol.
02:13 Donc ils sujolent.
02:14 Ils mettent en place des stratégies d'évitement.
02:16 Exactement, stratégies d'évitement.
02:17 Donc se trouve le panique sur lui, sur la santé.
02:19 En revanche, il peut avoir des conséquences, parce que vous imaginez bien,
02:22 la peur de sortir peut engendrer aussi des pressions, parfois risque suicidaire,
02:26 un abus de médicaments toxiques, alcool, donc ça, ça peut avoir vraiment des conséquences sérieuses.
02:30 C'est une maladie qui peut durer 10, 20 ans avec des phases de rémission et puis d'acalmie.
02:34 Donc c'est vraiment à un autre niveau que la crise d'angoisse isolée.
02:37 Alors côté chiffres, ça touche beaucoup de monde, Vincent ?
02:39 1 à 3% de la population française fait un trouble panique au cours de sa vie.
02:43 Au cours de sa vie, ça, effectivement, c'est quand même assez conséquent.
02:46 Et du coup, on va consulter son médecin quand ? Dans quel cas de figure ?
02:49 La crise d'angoisse isolée, quand c'est la première, ça arrive très souvent que vous arrivez aux urgences,
02:53 parce qu'effectivement, vous avez la sensation de peur imminent, de difficulté à gonfler les poumons,
02:58 donc c'est assez stressant.
02:59 Parfois, c'est des peurs de crise cardiaque ?
03:02 Effectivement, on peut avoir une douleur dans la poitrine, parfois ça peut simuler un tabou.
03:05 C'est pour ça que lorsque vous venez aux urgences, sur la première crise, ou parfois vous appelez le 15,
03:09 on essaie de faire le point avec vous, savoir si c'est une apparition brutale,
03:12 si vous avez déjà fait ou pas fait.
03:13 Et quand on vous reçoit aux urgences, on va pouvoir faire un extra-cardiogramme, une prise de sang.
03:17 En fait, on va rechercher s'il y a vraiment une autre cause, une cause physique,
03:20 qui pourrait expliquer les symptômes.
03:21 En revanche, quand on parle du trouble panique,
03:24 on va chercher les deux éléments dont je vous ai rapporté il y a quelques minutes,
03:26 c'est-à-dire des crises qui se répètent, et puis un niveau d'anxiété entre les crises,
03:30 ce qui permet de poser le diagnostic.
03:31 Et comment on fait quand on est face à une personne qui est en train de faire une attaque de panique,
03:35 ou une crise d'angoisse ?
03:36 Quand vous la faites vous-même, c'est assez...
03:39 En fait, la personne qui est proche de vous va essayer déjà de vous calmer.
03:42 La première chose, ça peut paraître un peu logique,
03:44 mais en fait, ça veut dire qu'il n'y a pas de meurtre, de danger vital.
03:47 Rassurer, il faut rassurer.
03:49 Et d'aider le patient à se calmer.
03:52 C'est assez compliqué, d'ailleurs ça prend beaucoup de temps,
03:54 parce que même quand on est témoin, on se sent un peu impuissant.
03:56 Mais il faut essayer de calmer au maximum.
03:58 La chose sur laquelle il faut travailler, c'est vraiment la respiration.
04:01 Lorsque vous êtes en état de crise d'angoisse, il y a souvent cette hyperventilation.
04:05 Ça respire vite, donc le patient absorbe un maximum d'oxygène,
04:09 mais il recrache beaucoup de dioxyde de carbone, de CO2.
04:12 Et le fait de recracher beaucoup de CO2 au niveau du sang,
04:14 le cerveau se dit "ouh là là, il y a un truc qui n'est pas normal au niveau des gaz".
04:17 Et en fait, ça va auto-alimenter encore plus ce système de symptômes.
04:21 Donc parfois, on peut utiliser un sac en papier.
04:24 Parce qu'en fait, quand vous mettez un sac en papier,
04:26 quelques minutes, n'abusez pas non plus du sac,
04:28 vous allez recracher du CO2 dans ce sac,
04:30 et du coup, vous allez de nouveau réinspirer le CO2 que vous avez recraché.
04:33 Ce qui fait que ça va rééquilibrer le système.
04:35 - Rééquilibre le circuit. - Exactement.
04:37 Donc voilà, ça permet de rééquilibrer.
04:39 Faites bien la ventilation, souvent un peu plus profonde,
04:41 ventrale, pour essayer de calmer et de s'apaiser.
04:43 Mais encore une fois, c'est de rassurer au maximum en cas de crise d'angoisse.
04:46 - Et pour faire un lien avec la chronique de la semaine dernière,
04:48 quand vous mettez le sac en papier, vous vérifiez l'état de votre haleine.
04:51 - Exactement. - Voilà, docteur.
04:53 - Mais n'avez pas mes angoissés, là, quand même.
04:55 - Mais vous nous dites qu'il y a des phases quand on souffre vraiment de troubles,
04:59 quand ça s'installe, qu'il y a des phases de rémission,
05:01 qu'on peut replonger, mais on peut en guérir aussi ?
05:03 - On arrive... En fait, ça va être une prise en charge multidisciplinaire,
05:06 avec les médecins, le psychologue, le psychiatre aussi,
05:08 puis certainement un traitement de fond.
05:10 Donc oui, effectivement, vous arrivez parfois, ça peut durer 20 ans.
05:12 - Stabilise, en tout cas. - Mais on peut quand même s'en sortir.
05:14 Voilà. - Merci, docteur.