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Dans « le grand témoin » Télématin reçoit Bamba Bangaly, médiateur social au collège Travail-Langevin à Bagnolet.

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Transcription
00:00Comment l'ultra-violence est-elle arrivée dans les collèges ?
00:03C'est évidemment la question qui se pose ce matin au lendemain du meurtre d'une surveillante.
00:06Notre grand témoin, justement, il essaie de lutter contre ces violences au quotidien en milieu scolaire.
00:12Bonjour Bamba Bangali.
00:13Bonjour.
00:14Merci d'être avec nous ce matin.
00:15Vous êtes médiateur en milieu scolaire au sein du Collège Travail de l'Angevin.
00:19C'est à Bagnolet, classé en zone d'éducation prioritaire.
00:22Et d'ailleurs, vous, vous êtes arrivé à ce poste il y a 7 ans après un drame.
00:25Oui, effectivement, je suis arrivé sur ce poste-là suite à un drame d'un jeune collégien
00:33qui est décédé malheureusement lors des affrontements avec des jeunes d'une autre ville.
00:41Et c'est comme ça que le poste a été créé.
00:45Comment est-ce que vous avez appris ce qui s'est passé hier,
00:49le meurtre de cette surveillante qui s'est déroulée à Nogent ?
00:53Vous faisiez quoi à ce moment-là ?
00:54En ce moment-là, je revenais d'un événement sportif que j'organisais justement
00:57pour sensibiliser et prévenir les risques autour de 4 collèges sur le territoire.
01:06Et c'est en ce moment-là que j'ai appris la nouvelle et que je suis arrivé au collège.
01:11Comment ça a réagi autour de vous, tant au niveau des élèves qu'au niveau aussi de vos collègues ?
01:15Beaucoup d'émotions, surtout chez les surveillants.
01:18Beaucoup d'émotions, beaucoup de colère et beaucoup d'inquiétudes.
01:22On se dit, ça pourrait arriver chez nous.
01:27Ça, c'est quelque chose dont vous avez peur.
01:29Il vous arrive d'avoir peur le matin quand vous arrivez sur les lieux de votre travail ?
01:34Non, pas forcément.
01:35Mais ma plus grosse hantise, c'est qu'un conflit qui paraît anodin le matin
01:40peut dégénérer dans la journée.
01:43C'est pour ça qu'on reste vigilants sur toute la journée, aux abords et à l'intérieur du collège.
01:51Les jeunes sont-ils de plus en plus violents ?
01:53Est-ce que vous constatez au quotidien, depuis 7 ans, une sorte de violence qui monte
01:58et une ambiance un petit peu explosive dont on parle beaucoup dans les médias en ce moment ?
02:02Je ne dirais pas que c'est de la violence en soi-même au niveau des jeunes,
02:05mais il y a tout un facteur autour qui fait que cette violence prend des proportions.
02:12Ça peut être de la violence verbale.
02:14Il y a aussi les réseaux sociaux qui font beaucoup de mal à nos jeunes aujourd'hui
02:18parce que ça va très très vite.
02:20Une information est rapidement diffusée et ça peut tendre vraiment à une très très grande violence.
02:27Vous avez parfois le sentiment que ça peut devenir incontrôlable, très rapidement, sous une étincelle ?
02:32Oui, effectivement, du fait de… comme je vous disais, par rapport aux réseaux sociaux, ça va très très vite.
02:38Donc voilà.
02:40Vous parlez des réseaux, quelle est la place de la famille dans cette montée de violence ?
02:44Est-ce que les parents jouent leur rôle, selon vous ?
02:47Oui, pour moi, les parents jouent leur rôle.
02:49Ils sont au quotidien présent, sauf que les parents n'ont pas tout le contrôle.
02:54Quand les enfants ne sont pas à la maison, quand ils ne sont pas avec eux,
02:58ils traînent des fois dehors avec des copains.
03:00Donc voilà.
03:02Bon ben, nous, à notre époque, en fait, quand il y avait un dérapage dans la cour de récré et tout,
03:07on se prenait deux heures de colle et il suffisait parfois de deux heures de colle
03:10pour nous remettre dans le droit chemin, si je puis dire.
03:13Est-ce que vous avez le sentiment que les jeunes d'aujourd'hui sont moins sensibles à l'autorité,
03:18voire même qu'ils l'aient de défis ?
03:20Oui, je dirais qu'ils sont moins sensibles à l'autorité du fait que sanctionner un gamin aujourd'hui,
03:27c'est devenu quelque chose de banal.
03:28Il faut instaurer un dialogue avec eux, parce que l'élève qui est sanctionné,
03:32une heure après, il va recommencer.
03:35Ce n'est pas ça qu'il faut, en fait.
03:36Il faut instaurer vraiment un vrai dialogue avec ces jeunes-là.
03:38– On va revenir justement sur l'importance du rôle de médiateur,
03:42mais t'es gros, je vais te dégonfler avec un opinel.
03:45Ça, c'est une menace que vous avez un jour entendue lors d'un affrontement entre deux jeunes.
03:49On déplore de plus en plus d'armes blanches aujourd'hui.
03:51Vous le constatez, vous, au quotidien ?
03:53– Oui, oui, oui, je le vis au quotidien.
03:57Après, moi, du fait que je suis sur le même établissement depuis maintenant sept ans,
04:02ça fait que dès qu'il y a des élèves d'autres établissements qui viennent aux abords de mon collège,
04:09j'arrive à les identifier.
04:11Et c'est en ce moment-là que j'ai entendu cette phrase-là,
04:14et puis après, on a réussi à désamorcer le conflit rapidement.
04:19– Il y a le fait de désamorcer le conflit,
04:20mais il y a le fait aussi que les jeunes puissent avoir des couteaux dans leur sac en allant en cours.
04:25– Dans mon établissement, depuis que je suis là,
04:28je n'ai pas eu connaissance d'un élève qui est rentré avec une arme blanche.
04:32Mais effectivement, je vais raconter une anecdote, ça tombe bien,
04:35parce qu'un jour comme ça, j'effectuais une présence aux abords du collège,
04:40ça fait partie de mes missions, une présence active de proximité.
04:43Et en ce moment-là, il y a un élève extérieur qui avait un couteau,
04:46et il était venu en découdre avec un de nos élèves.
04:49– Comment vous l'avez repéré ?
04:51– Déjà, le fait que je connais quasiment tous les élèves de mon établissement.
04:55Donc du coup, quand il y a un élève qui n'est pas de mon établissement,
04:58ça m'interpelle et ça m'inquiète automatiquement.
05:01Donc c'est en ce moment-là qu'il se donne des rendez-vous un peu plus loin pour en découdre.
05:06Donc j'ai suivi les élèves et j'ai vu qu'il avait un couteau.
05:09– Et comment vous gérez alors la situation dans ces cas-là,
05:11quand vous voyez qu'un jeune extérieur au collège a un couteau sur lui ?
05:15– Alors, je travaille avec des partenaires sur le territoire,
05:19avec les centres de prévention, avec les associations sportives, etc.
05:24Donc tout de suite, j'ai prévenu la famille, j'ai appelé la famille de la victime.
05:29– Pas la police ?
05:30– Pas la police.
05:31– Pourquoi ?
05:31– Je n'ai pas appelé la police parce que, instinctivement comme ça,
05:38je pense qu'on pouvait appeler la famille qui n'était pas très loin.
05:42C'est dans ce sens-là.
05:43Mais après, derrière, je sais que nous, on incite la famille à aller porter plainte, etc.
05:47– D'accord.
05:48Ces propositions que vous avez entendues hier, vous avez dû y être censé,
05:52la proposition de François Bayrou d'installer des portiques à l'entrée des établissements,
05:56vous y croyez, vous ?
05:57– Oui et non, ça peut être une solution,
06:00mais moi, je pense que l'école est un lieu d'éducation,
06:04un lieu d'accueil pour les élèves.
06:07– Et puis la violence se fera à l'extérieur.
06:09À la limite, ils attendent à l'extérieur du lycée.
06:11– Après, j'entends bien le volet sécuritaire de maître des portiques,
06:16mais je ne pense pas que ça puisse régler.
06:18– Vous pensez que c'est le rôle d'un médiateur, justement, d'apaiser les tensions ?
06:22Vous pensez que c'est plus efficace ?
06:23– Justement, c'est là où le rôle de médiateur prend tout son sens.
06:25C'est vraiment être présent au quotidien auprès de ces jeunes-là,
06:30pour effectivement les accompagner aussi des familles.
06:33– Merci beaucoup, Bamba Bangali, d'avoir été avec nous ce matin
06:37et pour tout ce que vous faites sur le terrain.
06:38– Merci de m'avoir invité.
06:39– Sous-titrage Société Radio-Canada

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