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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jullien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste et député de Seine-et-Marne.

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Transcription
00:00Bonjour Olivier Faure, merci d'être avec nous après un week-end qui a été long, compliqué, vous n'avez pas dû beaucoup dormir, vous étiez à Nancy pour le congrès.
00:09On va y revenir parce qu'il s'est passé plein de choses, mais d'abord évidemment l'actualité internationale, la nuit a été marquée une nouvelle fois par des frappes entre Israël et l'Iran.
00:18Quel est votre point de vue là-dessus ? Jusqu'où peut aller l'escalade et surtout comment y mettre un terme ?
00:22Le problème c'est qu'on a affaire à deux hommes, Raménaï pour l'Iran et Netanyahou pour Israël, qui sont l'un et l'autre dans des situations difficiles, contestées par leur propre opinion publique et chacun ayant intérêt en réalité à la guerre.
00:38Le but c'est la guerre elle-même. Netanyahou sait qu'il est devenu impopulaire à la fois en Israël.
00:42Ce n'est pas une guerre existentielle comme le dit Benyamin Netanyahou pour Israël ?
00:46Mais existentielle pourquoi ?
00:48C'est une guerre d'abord, une guerre politique effectivement, parce qu'en réalité il y a un acquis historique en termes de savoir-faire sur le nucléaire iranien et donc ça n'est pas simplement en détruisant aujourd'hui des infrastructures qu'on arrêtera définitivement la capacité de l'Iran à se doter de l'arme nucléaire.
01:05La réalité c'est que c'est par la négociation, par la diplomatie qu'on peut arriver éventuellement à quelque chose.
01:11Mais si ça ne marche pas, c'est ce que dit Israël et disent les Iraniens nous roulent dans la farine depuis longtemps.
01:16Mais la réalité c'est qu'aujourd'hui, l'Iran n'a pas encore l'arme nucléaire.
01:21Mais ils étaient sur le point de l'avoir, c'est ce que disent les Israéliens et les Américains.
01:25Ce n'est pas ce que dit la CIA, la CIA dit qu'il y avait de nombreuses années encore avant d'arriver à aboutir à en réalité enrichir l'uranium suffisamment pour pouvoir arriver à produire la bombe nucléaire.
01:35Et donc on est dans une situation où on a là une guerre qui a une vocation en fait à retourner l'opinion publique, faire en sorte que se choisissant un ennemi, un adversaire,
01:46qui est un adversaire que tout le monde peut détester, eh bien retrouver une forme de popularité à la fois en Israël et dans le monde.
01:53C'est-à-dire que vous nous dites que c'est un contre-feu à ce qui se passe à Gaza pour dire les choses clairement ?
01:56Et pour dire les choses clairement, je crains effectivement que, ça ne s'est pas passé à n'importe quel moment,
02:02Netanyahou ouvre le feu à la veille d'une négociation qui devait intervenir entre Iraniens et Américains.
02:08Et vous la condamnez cette intervention ou pas ? Parce que la France ne l'a pas fait.
02:11Moi je la condamne parce qu'on est là dans une forme d'embrasement de la région et je crois qu'il est utile de désescalader rapidement,
02:19éviter un embrasement complet de la région et se retrouver dans une situation impossible.
02:23Aujourd'hui on a la guerre avec l'Iran, avec le Liban, avec la Syrie, à Gaza.
02:29La colonisation qui se pose sur la Cisjordanie, ça n'est pas tout à fait responsable.
02:32On voit bien qu'après le 7 octobre, il y a eu une forme d'emballement qui conduit aujourd'hui à un génocide à Gaza
02:38et partout ailleurs à ce que le feu l'emporte sur le reste avec une région qui peut être durablement touchée.
02:45Moi ce que je cherche c'est une paix durable et on ne construit pas la paix en semant partout le désordre.
02:50Alors en attendant, même si évidemment c'est une toute autre échelle, vous essayez de construire la paix au sein du Parti Socialiste
02:55et ça n'est pas simple, vous avez passé le week-end sur le dossier, hostilité politique.
03:01Alors l'un des moments évidemment marquants de ce congrès, c'est lorsque Jérôme Gage était à la tribune.
03:05Vous étiez présent dans la salle à ce moment-là ?
03:07J'étais dans un bureau en réunion mais j'avais l'écran de télévision allumé.
03:12Et Jérôme Gage qui traite à ce moment-là, il n'avait pas prévu, a-t-il dit après, mais ça lui est venu comme ça,
03:17il le traite de salopard antisémite, évidemment les termes sont forts.
03:21Vous avez ressenti quoi quand vous avez entendu ça ?
03:24Que les histoires d'amour parfois se finissent mal.
03:27Ils se sont tellement aimés ces deux-là.
03:29Mélenchon, Gage, c'était le père et le fils et ils ont tout fait ensemble.
03:34Et donc malheureusement...
03:35Ça vous a choqué, vous vous avez dit il va trop loin, il dépasse les bornes ?
03:38Mais ce que je vois, c'est qu'en réalité, à la fois Jérôme Gage et Jean-Luc Mélenchon trouvent un intérêt commun
03:43à se taper l'un sur l'autre à un moment où nous aurions besoin au contraire de mobiliser la gauche
03:47face à la vraie menace, au vrai danger qui est aujourd'hui l'extrême droite.
03:51Quel est l'intérêt de Jérôme Gage ?
03:54Mais je ne sais pas, je ne veux pas commenter les uns et les autres.
03:56Vous dites qu'ils trouvent un intérêt, c'est quand même...
03:58Mais ce que je vois, c'est qu'en se tapant l'un sur l'autre...
04:00Autrefois, il y avait, quand on n'était pas d'accord, on prenait rendez-vous à l'aube le matin et on organisait un duel.
04:05Bon, ces deux-là, s'ils veulent se parler, ils se parlent dans un coin,
04:09mais ils ne viennent pas polluer l'ensemble du débat politique
04:12où nous avons besoin de retrouver une gauche forte face à une extrême droite qui est ultra-dominante.
04:18Comment peut-on aujourd'hui, à ce point, avoir un débat qui oppose la gauche et la gauche en permanence
04:24alors que vous avez l'extrême droite aux portes du pouvoir, non seulement en France,
04:27mais aussi en Europe et même dans le monde ?
04:29Et donc, si ces gens-là avaient, deux secondes, un intérêt pour le pays,
04:35pour ce qui se passe et aujourd'hui la menace qui est réelle partout dans le monde,
04:41eh bien, ils cesseraient, en fait, ces jeux qui sont des jeux politiques qui ne mènent nulle part.
04:47Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Bompard, coordinateur de LFI,
04:51vous ont interpellé ce week-end sur ce sujet.
04:53Et ils ont dit, on demande à Olivier Faure des excuses au nom du Parti Socialiste.
04:57Que répondez-vous à cette demande d'excuses ?
04:59Mais je viens de vous dire que je ne veux pas entendre toutes ces polémiques.
05:01Et la réalité, c'est que la France Insoumise ferait bien de balayer devant sa propre porte, elle aussi,
05:06parce que les injures, les colibés permanents, etc.,
05:10même contre Jérôme Gage, contre Emma Raffovitch, contre beaucoup d'autres,
05:15contre personne aussi, franchement, tout ça n'est pas à la hauteur.
05:19Et donc, à un moment, il faut justement prendre un peu de hauteur.
05:22et se poser la question de savoir ce que les Français ont envie de comprendre de la vie politique.
05:27Comment pouvons-nous, demain, être l'alternative à la fois à la droite et à l'extrême droite ?
05:32Comment est-ce qu'on peut réhumaniser la vie politique ?
05:35Comment est-ce qu'on peut réhumaniser la vie dans ce pays ?
05:38Comment est-ce qu'on peut réconcilier les Français ?
05:40Comment est-ce qu'on peut démarchandiser ?
05:42Comment est-ce qu'on peut faire en sorte que, demain,
05:44l'avenir ne ressemble pas, malheureusement, à ce qu'il est aujourd'hui ?
05:47Donc, pas d'excuses directes, ce matin, de votre part.
05:50On l'a bien compris.
05:52Vous nous avez parlé de duel à l'aube.
05:53Vous avez vu ce qu'a dit Sébastien Delogu.
05:55Je me languis de le croiser à l'Assemblée, Jérôme Gage.
05:57Trois petits points sous-entendus.
05:59Ça va être tendu.
05:59Est-ce que vous pensez que tout ça va mal se finir ?
06:02Non, mais je ne sais pas.
06:03Je pense que tous ces gens-là devraient prendre une bonne douche froide
06:05et se calmer.
06:06Parce que, franchement, quel est l'intérêt de venir jouer, maintenant, des muscles, etc ?
06:11Bon, la politique mérite mieux, non ?
06:14Sans doute, sans doute.
06:18Regardez ce qu'a dit Jean-Luc Mélenchon sur l'ensemble de votre Congrès.
06:21Parce que c'est vrai qu'on a l'impression que son ombre plane sur le Congrès
06:24et qu'il a pollué toute l'ambiance.
06:26Vous le dites vous-même.
06:26Il dit que votre Congrès, il est raté, Olivier Faure.
06:29Vous l'avez planté tout seul comme des grands.
06:31Consolation, vous avez déjà deux candidatures, sous-entendu la vôtre
06:33et celle de Nicolas Maillard-Rossignol.
06:35Est-ce que c'est à cause de l'EFI que vous n'arrivez pas
06:38à réussir la synthèse avec Nicolas Maillard-Rossignol ?
06:40Je ne sais pas.
06:41Ce que je sais, c'est que moi, je ne suis pas obsédé
06:44par Jean-Luc Mélenchon et par la France Insoumise.
06:46Mais est-ce qu'il ne faut pas clarifier les choses, justement ?
06:48Je me suis levé ce matin.
06:49Je n'ai pas pensé à Jean-Luc Mélenchon,
06:51à ce qu'il tweet, à ce qu'il écrit, à ce qu'il dit.
06:53Ça m'est complètement indifférent.
06:54Dans votre parti, ils y pensent, puisque ça a pollué tout le Congrès.
06:57Visiblement, il y a des gens.
06:58Non, ça n'a pas pollué tout le Congrès.
06:59Ça a pollué quelques interventions.
07:01Et malheureusement, la presse est ainsi faite
07:04qu'elle aime le buzz
07:05et qu'elle aime ce qui permet de créer du conflit, du débat.
07:08C'est pas du buzz.
07:09Mais la réalité, c'est déchiré, ce matin.
07:12Regardez cette image.
07:13Vous voyez bien que le PS n'est pas si déchiré que ça.
07:15On a des gens qui, aujourd'hui, sont capables de se parler,
07:18qui sont capables d'avancer ensemble.
07:19Et pour l'essentiel, regardez ce qui s'est passé depuis deux ans.
07:22On nous avait dit au Congrès de Marseille,
07:23c'est l'horreur, ils ne se parleront plus.
07:25Pendant deux années, j'ai fait voter à l'unanimité
07:28toutes les grandes décisions
07:29qui ont structuré la vie interne et externe du Parti Socialiste.
07:33Donc, tout ça relève de l'écume.
07:35Alors, il y a une décision qu'il va falloir trancher,
07:37une décision importante qui est en train de monter.
07:39C'est la décision de la censure au pas du gouvernement.
07:41Demain, c'est la fin du conclave.
07:43François Ballot semble optimiste.
07:46Que pensez-vous des avancées qu'on entend sur la pénibilité,
07:49les pensions pour les femmes
07:50ou une éventuelle prime senior ?
07:52Est-ce que, si tout ça est voté et accepté par la CFDT,
07:56dont vous êtes proche historiquement, au sein du PS,
07:58ça peut permettre de dire
08:00« Ok, on signe sur cette réforme-là,
08:02même si on ne change pas l'âge ? »
08:03Écoutez, pour l'instant, ce que je vois,
08:05c'est que l'accord est loin d'être conclu.
08:09Et ce que je vois aussi,
08:10vous avez dit, des efforts sur la pénibilité.
08:13Mais je vois bien qu'il y a des efforts
08:14qui sont très modestes en réalité,
08:16puisqu'il ne s'agirait même pas
08:17de permettre à des gens
08:19qui ont eu des métiers très pénibles
08:20de partir plus tôt à la retraite.
08:23Donc, on aurait là des éléments
08:25sur la reconversion, sur la prévention,
08:27mais rien pour partir plus tôt.
08:29Mais quel est l'intérêt ?
08:31Est-ce que dans les conditions actuelles,
08:32vous dites qu'il faut censurer ?
08:33Mais on verra le moment venu.
08:36Mais moi, je ne serai pas, en fait,
08:37de ceux qui considèrent
08:39que le gouvernement peut s'affranchir
08:42de l'engagement qu'il a pris.
08:43Et l'engagement qu'il a pris,
08:44c'est de dire que le Parlement
08:45aurait le dernier mot.
08:47Et donc, le Parlement,
08:48il y a une semaine,
08:49il a voté quoi ?
08:50Il a voté le retour à la retraite
08:52à 62 ans.
08:53Ça a été voté très largement.
08:56Et d'ailleurs,
08:56l'Assemblée a voté une résolution
08:59qui était déposée à l'époque
09:00par le groupe GDR.
09:01Et donc, ça a permis de dire
09:04quelle était la position de l'Assemblée.
09:05La position de l'Assemblée,
09:06elle est claire.
09:07Et même le Bloc central,
09:09les macronistes,
09:10ne sont même pas venus eux-mêmes
09:11voter contre cette résolution.
09:13Ce qui montre bien
09:14que même dans leur rang,
09:15il y a aujourd'hui,
09:16en réalité,
09:17beaucoup de distance prise
09:19par rapport à la réforme borne.
09:20Donc, à l'évidence,
09:22il faudra constater
09:24ce que sera
09:25l'issue de ce dialogue.
09:27Mais dialogue pipé aussi
09:28par le Premier ministre lui-même
09:29qui a déjà annoncé
09:31il y a plusieurs semaines,
09:32avant même que les partenaires sociaux
09:33aient pu se prononcer,
09:34qu'il était lui-même
09:35contre un retour à 62 ans.
09:36Et l'épilogue du conclave,
09:37ce sera donc demain,
09:39Olivier Faure
09:39qui ne s'excusera pas
09:40au nom du PS
09:41et qui appelle tout le monde
09:42à aller prendre une bonne douche froide
09:43ce matin dans les 4V.
09:44Merci beaucoup.
09:44Merci.
09:45Merci.

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