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  • 13/06/2025
Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Anthony Bellanger, journaliste spécialiste des questions internationales.

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Transcription
00:00Nous allons à présent revenir sur l'inquiétude internationale après l'attaque israélienne contre les infrastructures nucléaires et militaires iraniennes.
00:07Ça s'est passé cette nuit, l'attaque est toujours en cours.
00:10On va en parler avec vous, Anthony Bélanger. Merci d'être là. Bonjour, Anthony.
00:13Bonjour.
00:13On le rappelle, éditorialiste France Info et spécialiste des questions internationales.
00:17Anthony, est-ce que cette attaque est une surprise d'abord ou elle était plus ou moins prévisible ?
00:23Alors, oui et non. Oui, parce que depuis hier, en fait, on commença à s'inquiéter pour une raison très simple.
00:28C'est que l'AIEA, vous savez, l'agence internationale de l'énergie atomique, a émis pour la première fois depuis 20 ans une condamnation de l'Iran en expliquant que l'Iran n'était pas sincère.
00:39Que depuis des semaines et même des mois, elle développait un troisième site d'enrichissement d'uranium, alors même qu'elle négociait avec les Américains une sorte de traité de paix, en tout cas de vision d'avenir sur ce que pouvait être le nucléaire iranien.
00:52Cette condamnation, et encore une fois, je le rappelle exceptionnelle, et surtout, elle concernait tous les Occidentaux, c'est-à-dire que les Français, les Anglais, les Américains, mais aussi les Allemands unis, ont approuvé cette condamnation.
01:06Ce qui signifiait en fait que les négociations qui devaient encore reprendre un dimanche, après-demain, à Oman, tombaient à l'eau.
01:15Et le président américain avait expliqué que si l'Iran ne revenait pas à de meilleures intentions, elle pourrait s'exposer à des frappes israéliennes.
01:23Deuxièmement, on sait que les Israéliens attendaient l'occasion depuis très longtemps, l'occasion de détruire sur place l'ensemble des installations nucléaires iraniennes.
01:32Elles en avaient été retenues jusqu'à présent, à la fois par Donald Trump, mais aussi par les Américains en général, qui ne voulaient pas mettre de l'huile sur le feu et continuent à négocier avec l'Iran.
01:39Sauf que ce n'est plus le cas, puisque Donald Trump, sur Fox News, ce matin, a indiqué qu'il avait été prévenu de cette attaque par l'armée israélienne.
01:47Ça veut dire qu'il a implicitement ou explicitement approuvé ?
01:52Non, ce n'est pas si évident. En fait, il a été prévenu, parce que quand même, on prévient son meilleur allié quand on fait ce genre de choses.
01:58Je rappelle quand même que cette attaque est absolument inédite. Jamais depuis 40 ans, l'Iran n'avait été attaqué aussi fortement.
02:05200 avions militaires ?
02:07C'est très important à avoir en tête, parce que 200 avions militaires, ça signifie la moitié de la flotte aérienne israélienne.
02:13Pour vous donner une idée, la France a 200 avions, justement, dans sa flotte aérienne militaire.
02:17C'est-à-dire que ce serait l'ensemble des armées, des forces aériennes françaises qui auraient été engagées, si la France avait été engagée dans l'affaire.
02:24Donc 200 avions militaires, une centaine de sites visés, Mohamed Bagheri, chef d'état-major, qui auraient été tués, ainsi que 6 experts nucléaires.
02:32Ça, c'est ce qu'indiquent des médias il y a quelques instants.
02:34Et surtout le général Salami, qui est le général en chef, le commandant en chef des passes d'Aran, des gardiens de la Révolution.
02:41Ce qu'a fait Israël, c'est trois choses.
02:43D'une part, viser les installations nucléaires.
02:45On l'a vu ensemble, il y en a probablement à travers tout le pays, de cette façon, qui ont été visées.
02:50Deuxièmement, de frapper des bases militaires israéennes, pardon, iraniennes, capables de répliquer d'une certaine façon.
02:57Il y en a 6 autour de l'Iran qui auraient été affectés.
02:59Et puis, troisièmement, de frapper, c'est l'armée israélienne, l'armée iranienne et les passes d'Aran à leur tête.
03:07Rappelons deux choses.
03:08Il y a deux armées en Iran.
03:10L'armée régulière, bon, et puis il y a les passes d'Aran qui sont un peu les, comment dire, la garde prétorienne du régime.
03:16Celle qui est la mieux équipée, celle qui a aussi le plus de moyens.
03:18C'est elle qui, normalement, est censée garder les frontières et répondre à ces frappes israéliennes.
03:25En frappant à la tête, ils ont décidé de briser la chaîne de commandement.
03:28Ils avaient fait un petit peu la même chose au Liban.
03:30Ça avait très bien fonctionné puisque ça avait totalement désorganisé le Hezbollah.
03:33Ils essayent de faire la même chose aujourd'hui en Iran.
03:35Vous diriez que c'est grave, c'est très grave ce qui se passe, ce qui s'est passé cette nuit ?
03:39Franchement, pour tous ceux qui commentent l'actualité internationale, on en est effectivement à retenir les commentaires.
03:44On essaye d'être un peu raisonnable, mais objectivement, c'est très, très grave.
03:47On peut être un tournant.
03:48On est vraiment un tournant.
03:49Israël, c'est vrai, se préparait à ce type de frappe depuis longtemps, notamment avait expliqué par le biais de Benjamin Netanyahou
03:54que c'était une menace existentielle, ce programme nucléaire iranien.
03:58On pouvait en parler ou pas, mais ce qui est clair, c'est que vraiment, il faut que nos téléspectateurs aient en tête
04:03que depuis 40 ans, jamais l'Iran n'avait subi une telle attaque.
04:06Et qu'en plus, cette attaque ne va pas s'arrêter là.
04:08Elle va durer plusieurs jours.
04:09Ce qui signifie en fait que l'Israël est non seulement préparé à frapper une première fois, mais en vagues successives.
04:18Pourquoi ils peuvent le faire ?
04:19Avec l'aide de Dieu, disait Benjamin Netanyahou tout à l'heure, nous allons accomplir bien plus encore.
04:25Oui, bien sûr, parce qu'en fait, d'abord, ils ont fait la chose en trois temps.
04:28Entre octobre et décembre, vous savez, lorsque l'Iran avait tenté de frapper Israël avec des missiles et des drones,
04:36l'armée israélienne avait lui aussi répliqué sur l'Iran et avait détruit l'ensemble des défenses aériennes iraniennes.
04:42Autrement dit, l'Iran est nu face à des vagues d'attaques aériennes de la part d'Israël.
04:48D'ailleurs, ça se voit même à la façon dont l'Iran a commencé à répondre.
04:52Je vais vous donner une petite idée.
04:53Alors, oui, envoyer des drones, une centaine de drones, c'est ça ?
04:56Ils ont envoyé une centaine de drones qui mettront plusieurs heures avant de toucher le territoire israélien
05:01parce qu'un drone iranien, ça va à 185 km heure.
05:04Donc, c'est 200 km heure, on va dire.
05:06Donc, grosso modo, il y a 2000 km entre Israël et l'Iran, ça mettra 10 heures pour joindre Israël.
05:13Donc, on n'est pas du tout dans la réplique qu'on pouvait attendre à des attaques extrêmement violentes
05:22comme celles que vient de commettre Israël.
05:23Parce que l'Iran n'en a pas les capacités ou parce qu'il y a une volonté de retenue pour l'instant ?
05:27Non, non. Pour l'instant, l'Iran répond avec ce qu'elle peut.
05:30C'est-à-dire qu'elle a une centaine de drones, elle en a encore beaucoup à donner.
05:33Mais pour donner une idée, l'Iran a livré à la Russie quelque chose comme 8000 drones depuis 3 ans.
05:37Donc, elle a les capacités d'en envoyer plus de drones que la centaine qui a envoyé.
05:41C'est une première réplique.
05:42On sait aussi qu'elle a dans ses arsenaux quelque chose comme 3000 missiles balistiques de moyenne et longue portée.
05:50Est-ce qu'elle va les utiliser ? Est-ce qu'elle pourra le faire ?
05:52Justement, c'est ce que les Israéliens ont tenté de faire dans cette première attaque.
05:56C'est attaquer les capacités de production et aussi de stockage de ces missiles moyennes et longue portée.
06:02De façon à ce que l'Iran ne puisse pas les utiliser contre Israël.
06:05Les pays limitrophes ont tous fermé leur espace aérien.
06:08On commence à avoir des réactions de la Grande-Bretagne, des États-Unis, d'appels au calme et à la retenue.
06:16Comment est-ce que vous voyez, vous, les choses en tant qu'observateur et expert ?
06:20Si l'Iran ne parvient pas à lancer une attaque massive contre Israël,
06:24et je pense qu'elle n'y parviendra pas, en tout cas pas de façon coordonnée,
06:28on a vu que lors des dernières fois que l'ensemble de ces missiles et drones avaient été interceptés par le dôme de fer iranien,
06:33elle pourrait être tentée d'utiliser une autre arme, qui est l'arme économique.
06:36Je rappelle que l'Iran est bordé par le détroit d'Hormuz, par lequel passe un cinquième du pétrole mondial.
06:43Si demain, l'Iran décidait, comme une réplique, de fermer le détroit d'Hormuz,
06:48tout simplement en coulant un bateau au milieu du détroit d'Hormuz, ou en empêchant les bateaux d'en sortir,
06:52ce serait immédiatement une flambée immense des prix du baril de pétrole sur le marché mondial.
06:58Et du gaz, parce que passe là aussi 20% du gaz liquéfié mondial.
07:02Donc ça veut dire qu'on peut s'attendre.
07:03Gros enjeux.
07:04Gros enjeux économiques.
07:05Donc, même si les installations pétrolières d'Iran n'ont pas été atteintes,
07:09ça c'est probablement une exigence de Donald Trump,
07:12qui a tout de même pu exprimer une volonté, celle-là.
07:15On peut s'attendre dans les jours ou les semaines qui viennent
07:18à une très forte montée des prix du baril de pétrole, et donc à la pompe.
07:24Merci beaucoup Anthony.
07:25Merci.

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