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Dans l’interview d’actualité de Télématin, Maya Lauqué reçoit Antoine Basbous, politologue et directeur de l'observatoire des pays arabes, pour parler de l'éventualité d'une guerre de grande ampleur au Liban.
Dans l’interview d’actualité de Télématin, Maya Lauqué reçoit Antoine Basbous, politologue et directeur de l'observatoire des pays arabes, pour parler de l'éventualité d'une guerre de grande ampleur au Liban.
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00:008h15, c'est le moment de l'interview d'actualité.
00:02Maïa, vous recevez ce matin Antoine Basbous,
00:04politologue franco-libanais,
00:05directeur de l'Observatoire des Pays Arabes
00:07et associé chez Forward Global.
00:10Bonjour Antoine Basbous.
00:11Bonjour madame.
00:11Merci d'être avec nous ce matin.
00:13En ce 12 octobre, comment décririez-vous la situation au Liban ?
00:18Elle est catastrophique.
00:21En fait, un million et demi de réfugiés, le quart de la population,
00:26tout ça c'est en fait parce que l'État a abandonné ses missions au Hezbollah,
00:31qui est un mercenaire de l'Iran.
00:34L'Iran a inoculé ce cancer au Liban, qui a pris.
00:38Et aujourd'hui, le Hezbollah a déclaré la guerre il y a un an à Israël.
00:42Israël réplique aujourd'hui en faisant déplacer un million et demi de Libanais.
00:47Qui sont essentiellement dans le sud du pays et qui remontent,
00:51qui se dispatchent un peu à l'intérieur du pays, c'est ça ?
00:54C'est pas que dans le sud.
00:56La banlieue sud de Beyrouth, la Dahrieh aussi, est le centre nerveux du Hezbollah.
01:03C'est là où son chef et ses dirigeants politiques et militaires ont été assassinés
01:08par des frappes ciblées de Sahal.
01:12Mais de là viennent 600 000 réfugiés et du sud à peu près l'équivalent.
01:19Est-ce que le pays a basculé aujourd'hui dans une guerre de haute intensité ?
01:23Vous évoquiez les premières attaques il y a un an et ce bruit de fond.
01:27Est-ce qu'on a passé un cap aujourd'hui ?
01:29Oui, c'est-à-dire, dès le 17 septembre dernier,
01:34Israël a mené des opérations très sophistiquées.
01:38Avec un bip, ils ont éliminé 5 000 cadres du Hezbollah.
01:44Et du coup, après, il y a eu en dix jours la décapitation du parti
01:50et la destruction d'un grand stock de munitions et d'armes.
01:55Donc du coup, le Hezbollah est déstabilisé.
01:58Il n'a plus le moral, mais quand même, il tient.
02:00Il y a toujours des tirs de missiles sur Israël.
02:04Ce matin encore, le Hezbollah indique avoir…
02:05Tous les jours, il y a des dizaines, parfois des centaines de missiles
02:09qui sont tirés sur Israël.
02:11Et il n'y a pas de solution si le Hezbollah ne désarme pas.
02:14Le Hezbollah n'a pas vocation à être l'armée du Liban.
02:17Il faut qu'il remette son armement à l'armée libanaise
02:21et qu'il cesse d'être le mercenaire de l'Iran au Liban.
02:25On va parler de l'organisation du Liban aujourd'hui.
02:27Juste un mot de la population.
02:28J'imagine que vous avez des proches au Liban.
02:30Qu'est-ce qu'ils vous disent en ce moment du climat qui règne,
02:34notamment à Beyrouth, qui a été visé il y a deux jours
02:37par des missiles dans le centre ?
02:40Cette catastrophe humanitaire qui intervient
02:45arrive à un moment où l'État est en faillite depuis cinq ans,
02:49où aucune infrastructure ne tient,
02:52où le pays est vraiment dans la pauvreté,
02:55où l'administration, l'État, le gouvernement
02:58sont vraiment décrédibilisés.
03:03Le gouvernement, ce sont des petits télégraphistes
03:06qui sont habitués, qui ont été habitués à recevoir des instructions
03:10et à obéir.
03:11Vu d'ici, on ne l'entend pas, le gouvernement libanais ?
03:15Est-ce qu'au Liban, on l'entend davantage ?
03:18Il dit des choses qui ne signifient rien.
03:21Ce n'est pas un gouvernement qui incarne le pays.
03:23Ce n'est pas un gouvernement qui a l'ambition
03:26de stabiliser le pays, de retrouver des solutions.
03:29Il était habitué à recevoir des instructions du Hezbollah.
03:32Le Hezbollah est décapité et aujourd'hui il est perdu.
03:35Donc il va falloir créer une nouvelle structure
03:38et lire un président de la République
03:40parce que le Liban, parce que le Hezbollah ne le voulait pas,
03:43n'a pas de président de la République.
03:45Il faut commencer par reconstituer l'État
03:48autour d'un président élu et à partir de là,
03:52qu'il y ait une vision, qu'il y ait un plan d'attaque
03:55pour stabiliser le pays, désarmer les milices.
03:58On peut parfois se dire que ce qui se passe au Liban,
04:02c'est loin, mais je crois qu'il y a 20 000 Français
04:05qui vivent dans ce pays si proche de nous.
04:08700 casques bleus français sur 10 000 hommes de la finule,
04:13cette force des Nations unies dans le pays.
04:15Est-ce que la France a un rôle à jouer auprès du Liban ?
04:19Elle a un rôle historique, elle l'a toujours joué,
04:21plus ou moins avec habileté, plus ou moins avec efficacité.
04:26Évidemment, les relations historiques sont là,
04:29les relations humaines sont là.
04:32L'intérêt de la France pour le Liban
04:34et réciproquement, c'est toujours été le cas.
04:37Donc, l'efficacité de la démarche, c'est ça qui est important.
04:41Aujourd'hui, la seule chose, la première chose qu'il faudrait faire,
04:44c'est reconstituer les institutions.
04:46Après l'élection d'un président public, il faut faire ça tout de suite.
04:50Et en même temps, il faut désarmer le Hezbollah
04:53pour qu'il n'y ait plus de milices mercenaires
04:56à la solde d'un État étranger.
04:59Je vous entends dire le Hezbollah décapité,
05:01alors Hassan Nafrala a été tué,
05:05le Hezbollah qui est à terre, mais il y a l'Iran derrière.
05:09On peut vraiment éliminer le Hezbollah ?
05:12L'Iran, il est dans ses petits souliers.
05:15L'Iran attend avec angoisse une attaque israélienne
05:20qui est en train d'être négociée entre Washington et Tel Aviv.
05:23Donc, l'Iran pousse le Hezbollah à l'affrontement,
05:28mais lui se garde bien de participer à cet affrontement.
05:32Que sont devenues les promesses iraniennes
05:34d'aller prier à Jérusalem, de prendre Israël,
05:38de faire tomber l'État hébreu ?
05:40Aujourd'hui, l'Iran avait créé des essais de frelons autour d'Israël,
05:46engagé une guerre d'usure qui a duré les dix premiers mois.
05:50Israël était en difficulté.
05:52Après dix mois, c'est-à-dire à partir de juillet,
05:54c'est Israël qui a repris la main
05:56en assassinant le chef d'état-major de la milice à Beyrouth
06:00et six heures après, Haniyeh à Téhéran.
06:02Donc, du coup, il y a eu un renversement de la situation au profit d'Israël.
06:06Aujourd'hui, l'Iran attend une attaque israélienne,
06:12on ne sait pas quand,
06:13mais Israël promet que l'attaque sera difficile.
06:16Ce qui veut dire que, tout de même,
06:18on est dans une dynamique de guerre régionale avec une forte intensité.
06:24Est-ce qu'Israël est en mesure de mener sept fronts à la fois
06:28pendant si longtemps une guerre d'usure,
06:30alors que ça fait 13 mois que la guerre a été déclenchée le 7 octobre dernier ?
06:35C'est la grande question.
06:36Merci beaucoup Antoine Vasson pour cet éclairage.
06:39Ce matin, je précise que Paris va accueillir le 24 octobre
06:41une conférence internationale pour soutenir le Liban.
06:44Elle vise à mobiliser la communauté internationale
06:47pour secourir la population libanaise.
06:48Merci.
06:49Merci à vous.