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Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Alicia Combaz, directrice générale de make.org 

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Transcription
00:00C'est donc une pétition qui bat tous les records lancés par une étudiante contre la loi Duplon.
00:04Elle a dépassé déjà 1,565,000 signatures actuellement sur le site de l'Assemblée nationale.
00:10Cette loi qui prévoit notamment la réintroduction d'un pesticide de la famille des néonicotinoïdes,
00:15interdit en France mais autorisé dans le reste de l'Europe.
00:17En tout cas, ça montre effectivement une nouvelle forme de mobilisation.
00:20Et on va en parler avec notre invité de 8h15, directrice générale de Make.org.
00:24C'est un site qui organise des consultations citoyennes sur des grands enjeux de société.
00:27Bonjour Alicia Combaz. Autant de succès. C'est vrai que c'est du jamais vu. C'est un record.
00:32Comment est-ce qu'on explique cet engouement pour cette pétition sur le site de l'Assemblée nationale ?
00:37Vous l'avez dit, c'est inédit. On n'avait jamais vu ça. C'est un nombre très, très élevé.
00:41Moi, ça fait 9 ans, 10 ans que j'organise des mobilisations en ligne.
00:45De la mobilisation, des conversations en ligne.
00:48Et obtenir ces chiffres-là, c'est difficile.
00:50Parce que souvent, on dit que les citoyens, avec leurs institutions, le lien est un peu coupé.
00:55C'est un peu difficile. Et moi, ce que j'essaie de faire, c'est de faire en sorte que les gens s'expriment.
01:00Et là, les gens, ils ont quelque chose à dire. C'est inédit.
01:02Les gens, ils ont quelque chose à dire. Ils le font dans un cadre qui est institutionnel, c'est-à-dire sur le site de l'Assemblée.
01:08Et donc, c'est la première fois que ça arrive. Et donc, ça ne laisse pas indifférent.
01:12En tout cas, moi, ça ne me laisse pas indifférent. J'ai l'impression que ça ne laisse pas la classe politique indifférente.
01:15Et ça ne laisse pas l'ensemble de la société civile indifférente.
01:18Mais alors, si ça prend, s'il y a autant de citoyens qui se mobilisent, c'est pourquoi ?
01:20C'est parce qu'ils espèrent une concrétisation que ce n'est pas juste une pétition, quelque chose qu'ils vont signer en ligne et que ça n'aura pas de suite ?
01:27Oui, oui. Effectivement. Les 1,565,000 et peut-être plus, parce que la pétition, elle va rester en ligne.
01:33Ça fait à peine deux semaines.
01:34Voilà, ça fait à peine deux semaines. Ça a vraiment beaucoup accéléré.
01:37On ne sait pas jusqu'où on va aller. On peut peut-être aller à 2 millions, 3 millions, 4 millions.
01:41On ne sait pas jusqu'où ça va aller.
01:42Mais c'est sûr que les personnes qui s'expriment, à un moment donné, elles font cette irruption citoyenne et elles espèrent qu'il va y avoir une réponse.
01:49Et c'est là qu'il est très important qu'il y ait une réponse, qu'il y ait un dialogue qui s'installe.
01:53C'est ça, la démocratie. La démocratie, c'est un dialogue.
01:56Donc là, il y a des gens, une partie de la population. On n'est pas sur l'ensemble de la population.
02:00On est une partie de la population.
02:01Ça reste une minorité par rapport aux 68 millions français.
02:02Ça reste une minorité. Aujourd'hui, on a une démocratie, une démocratie représentative.
02:07Il y a des députés qui ont été élus. Ils ont voté dans le cadre d'un processus démocratique dans le cadre de l'Assemblée nationale.
02:13En face d'eux, il y a une partie de la population qui s'exprime.
02:15Je crois que c'est une opportunité à saisir parce qu'une nouvelle fois, c'est très rare d'avoir même une minorité qui s'exprime.
02:23Et cette minorité, elle commence quand même à prendre un volume très conséquent.
02:29Qu'est-ce que ça veut dire, justement ? Qu'est-ce que ça révèle de la société, toutes ces personnes qui se mobilisent sur un sujet, donc de l'écologie ?
02:35Est-ce que ce sont des personnes qui ont un profil marqué politiquement ?
02:39Ou est-ce que c'est vraiment tout type de personnes, tout type de citoyens qui a participé et qui continuent de participer, d'ailleurs ?
02:44A priori, le mouvement, il est né de manière assez naturelle, sans lien avec un parti politique.
02:51Ce n'est pas une militante politique ?
02:53Non, ce n'est pas une militante. Elle s'appelle Eleonore. Elle ne veut pas passer à la télé. Elle ne se rattache pas à un parti politique.
02:58Il s'avère que la démocratie, à un moment donné, c'est aussi des institutions, des corps intermédiaires, etc., qui se saisissent de ce sujet.
03:06Mais voilà, ce que ça dit, c'est qu'à un moment donné, il existe, dans notre Constitution, une manière de s'exprimer.
03:13Ça dit que peut-être qu'il s'est passé des choses qui n'étaient pas parfaites avant, dans la manière dont la loi a été faite.
03:18Mais je crois que la démocratie, nouvelle fois, c'est un espèce de dialogue.
03:20La démocratie, ce n'est pas uniquement mettre un bulletin de vote tous les cinq ans.
03:23C'est aussi avoir ce sentiment, comme dit Pierre-Eureux Invalon, de démocratie permanente.
03:29Et donc là, une nouvelle fois, il va falloir qu'on crée cet espace de dialogue.
03:32Je pense qu'il est intéressant pour Eleonore, qui a 23 ans, qui est étudiante, c'est son âge.
03:35Est-ce que ça veut dire que cette jeune population, qui est déjà mobilisée sur ces questions environnementales et écologiques,
03:40elle a tendance justement à vouloir davantage de la part du politique ?
03:44Alors, elle est certain que la jeunesse est très engagée sur les sujets d'écologie.
03:47Mais là, j'ai la sensation, quand même, c'est assez transgénérationnel.
03:49J'ai la sensation qu'il faudrait étudier qui sont ces personnes qui ont participé.
03:56Nous, ce qu'on voit dans nos consultations, qui sont plus des dialogues.
03:58Nous, on n'est pas dans la pétition et le référendum chez McPower.
04:00On est plus dans la consultation, le dialogue.
04:03On se méfie d'ailleurs un petit peu du côté binaire du référendum,
04:07parce qu'il ne faut pas que ce soit une fin en soi.
04:09Il faut créer des espaces où on dialogue, où on trouve le consensus,
04:12où on va un petit peu plus loin que le oui ou non.
04:14En tout cas, là, il est certain que ça a l'air d'être transgénérationnel.
04:18Ça a l'air d'être à travers l'ensemble de la société.
04:24Je suis très, presque enthousiaste de cette opportunité
04:27que l'on pourrait avoir de reconnecter les citoyens et leurs institutions.
04:30Vous êtes enthousiaste pour une pétition, l'engouement qu'elle suscite ?
04:33Je suis très enthousiaste.
04:33À un moment donné, nos démocraties, elles ne fonctionnent plus
04:36quand les citoyens ne prennent plus leur place de citoyens,
04:39quand ils ont l'impression que les institutions sont tellement éloignées
04:41qu'ils se désintéressent de la politique.
04:43Là, à un moment donné, il y a des gens qui se disent
04:46« Nous, on n'est pas d'accord et on veut dialoguer. »
04:49Vous êtes enthousiaste, mais c'est vrai qu'il y a plein d'initiatives,
04:51notamment lancées dans les mairies, pour essayer de faire participer les citoyens,
04:53construire un budget.
04:54Regardez l'une de l'opinion ce matin qui titre
04:56« Sur l'impasse de la démocratie participative ».
04:59C'est toute la question, c'est « Qu'est-ce qu'on en fait ? »
05:01Et c'est vrai que jusque-là, l'initiative, elles n'ont pas donné grand-chose.
05:04C'était quelque chose qu'on faisait à la marge, comme ça.
05:06Il y a beaucoup d'initiatives qui fonctionnent.
05:09Vous parlez des mairies.
05:13Oui, mais il y a souvent 5-10% de la population qui participe au budget.
05:17Alors ça, c'est effectivement un élément clé de la démocratie participative.
05:20C'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'incompréhension sur ce qu'est la démocratie participative.
05:24Ce n'est pas de la démocratie directe.
05:25Ce n'est pas parce que le peuple dit qu'il faut mettre en place.
05:27C'est un espace, une fois, de dialogue.
05:29Et pour que ça soit légitime et que ça fonctionne,
05:32il faut qu'il y ait du monde qui participe.
05:34Et c'est ça, nous, qu'on a travaillé depuis 9 ans.
05:36Quand on lance, nous, une consultation citoyenne,
05:39on a 1 million, 2 millions, 3 millions de personnes qui participent.
05:41La masse, la diversité donnent de la légitimité au processus.
05:46Très rapidement, est-ce qu'il y a déjà des pétitions qui ont permis de changer des lois ou pas ?
05:50C'est une bonne question.
05:52Je ne crois pas.
05:53Je ne crois pas que des pétitions aient permis de changer des lois.
05:56Moi, ce que j'ai observé et ce que je fais,
05:59c'est qu'en amont des projets de loi,
06:01on a lancé, par exemple, sur la loi Influencer,
06:03on a travaillé avec le ministère pour, en amont du projet de loi,
06:07lancer un grand dialogue, un grand débat sur comment structurer ce projet de loi,
06:11qu'est-ce qui doit être pris en compte dans ce projet de loi.
06:13On a mis toutes les parties prenantes autour de la table
06:16et on est allé chercher les consensus et les controverses
06:19pour que la loi, elle soit rédigée en n'ayant pas raté des dix signaux faibles, etc.
06:25Et du coup, tout s'est bien passé.
06:27Le processus, ensuite, avance très, très bien.
06:29Merci, en tout cas, Lyssa Grombeau, d'être venu dans Télématin.
06:31Le titre dont vous êtes la cofondatrice et directrice générale.
06:35Merci d'avoir été avec nous.

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