Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/ Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Terry Lourties à l'occasion de la journée nationale de réflexion sur le don d'organes et de la greffe.
00:00S'arrêter sur un chiffre, 22 585, 22 585, c'est le nombre de patients inscrits sur la liste nationale d'attente pour une greffe d'organes au 1er janvier dernier.
00:10Demain, 22 juin, c'est la journée nationale de réflexion sur le don d'organes et de la greffe pour inviter chacun à en parler et avoir une position.
00:19On a choisi à Télématin, Lucie, d'inviter un jeune homme qui a été greffé adolescent.
00:23Bonjour Thierry Lourty, pardon je vais y arriver, Thierry Lourty, soyez bien, merci d'être avec nous.
00:28Vous allez nous raconter votre histoire, que vous racontez par ailleurs dans un livre qui s'appelle « À cœur vaillant ».
00:33À votre naissance, vous êtes diagnostiqué, on vous diagnostique une maladie génétique très rare.
00:37Vous avez frôlé la mort plusieurs fois et en plus de cela, vous avez eu un cancer du foie qui a été diagnostiqué, je crois, à 13 ans.
00:44C'est à cause de ce cancer que vous avez dû être greffé ?
00:48Exactement, oui, c'est dû à ce cancer que j'ai dû être greffé.
00:53Où était placé le cancer, je ne pouvais pas faire de chimiothérapie ou de rayon.
00:56Et la seule solution, c'était la greffe ou la mort.
01:00Et c'est elle qui vous a sauvé la vie ?
01:01C'est elle qui m'a sauvé la vie.
01:02Comment ça s'est passé ? Comment vous avez appris ça ? Et combien de temps après ça s'est passé ?
01:07Chaque année, je faisais des examens de santé.
01:09J'ai fait une RM qui m'a permis de voir que j'avais un cancer du foie.
01:12Et on m'a mis du coup sur liste de super urgence, parce que j'étais adolescent.
01:16Et grâce à cette liste de super urgence, j'étais du coup dans les trois premiers.
01:21Je n'avais pas de virus sur moi, parce que si on a un virus, on ne peut pas être greffé.
01:25Et ils m'ont appelé du coup le 31 décembre 2010.
01:28On a quatre heures pour monter sur Paris, donc c'était au Kremlin Bicêtre.
01:31Vous venez d'où, pardon ?
01:32Je viens de l'allier vers Vichy.
01:34D'accord, allier.
01:35Donc voilà, j'ai pu du coup être greffé ce jour-là, le 31 décembre 2010.
01:40Donc nouvelle année en belle préparation.
01:43Quand on est greffé à cet âge-là, donc aussi jeune, est-ce qu'on se rend compte de ce qui se passe ?
01:46Est-ce que vous comprenez tout de suite l'enjeu ?
01:48Je comprends l'enjeu, mais vu que depuis tout petit, on me disait que je pouvais mourir jeune,
01:53j'avais déjà ce mindset un petit peu en me disant que si je réussis, c'est très bien.
01:58Si je ne réussis pas, ce n'est pas grave.
02:00Moi, je me serais battu jusqu'au bout.
02:01En 2024, 6034 greffes d'organes ont été réalisées en France, c'est plus qu'en 2023.
02:08Est-ce qu'on sait tout de suite si la greffe prend, si ça fonctionne ?
02:13Alors, on fait beaucoup de tests tout au début, on fait beaucoup de prises de sang à peu près tous les jours
02:17pour savoir si notre corps ne rejette pas notre greffon,
02:20parce qu'on doit prendre des médicaments à vie pour cela.
02:23Et au fur et à mesure que les mois passent, c'est là où on peut comprendre que si ça se passe bien ou pas.
02:29Ça met du temps quand même à être valide.
02:30Est-ce qu'on peut être validé et être sûr en fait ?
02:32Oui, exactement.
02:33Ça peut prendre du temps, tout peut bien fonctionner pendant 10 ans
02:38et d'un coup, passer de l'autre côté aussi.
02:41Mais il faut faire attention, ne pas boire beaucoup d'alcool par exemple
02:44ou bien s'hydrater, bien manger.
02:46Qu'est-ce qui a été le plus difficile après cette greffe de foie pour vous ?
02:49Au quotidien, j'ai envie de dire.
02:50Au quotidien, alors moi j'ai eu un petit souci après la greffe, j'ai été paralysé des deux jambes,
02:55j'avais que 5% de chance de remarcher.
02:57Aujourd'hui tout va très bien, donc ça a été plus ça qui a été un peu compliqué pour moi de remarcher.
03:03Mais par la suite, tout s'est bien passé, j'ai pu faire des études, j'ai pu voyager, j'ai un travail aujourd'hui, j'ai une copine.
03:10Donc je vis comme une personne normale.
03:12Comment vous avez vécu le fait de recevoir un organe de quelqu'un d'autre ?
03:16Parfois il s'agit de personnes décédées, parfois non.
03:18Je ne sais pas comment ça s'est passé dans votre cas et est-ce que vous avez le droit de nous en parler par ailleurs ?
03:23Bien sûr.
03:24Donc moi c'est une personne décédée car je l'avais besoin d'un greffon entier, donc un foie entier.
03:29Donc je ne connais pas la provenance de ce greffon.
03:32Ça peut être une femme, ça peut être un homme, ça peut être un enfant aussi.
03:35Donc je tenais aussi à remercier cette famille parce que ce n'est pas facile de dire oui après un décès aussi.
03:42Donc voilà.
03:44On a la présence sur ce plateau du docteur Damien Masquer.
03:46Une réaction peut-être Damien ?
03:47Oui parce que c'est vrai qu'on entend souvent les receveurs remercier les donneurs.
03:53Mais je pense que plus largement toute la société doit remercier les donneurs.
03:55Ce n'est pas une démarche facile de se dire qu'en cas de décès, je pense en particulier quand on a un enfant qui décède,
04:00on peut sauver d'autres vies parce qu'on sait que plusieurs vies vont être sauvées avec les organes.
04:05Donc c'est vraiment important d'avoir cette discussion, cette réflexion, y compris avec des enfants,
04:08pas des enfants de 5 ans mais des enfants un peu plus âgés, pour savoir leur avis à eux.
04:12C'est important.
04:12On peut peut-être rappeler comment ça se passe si on est donneur, si on est implicitement donneur,
04:18sauf si on s'y oppose, comment ça se passe Damien ?
04:20Oui, alors c'est vrai qu'on est implicitement donneur,
04:22mais les équipes médicales ont gardé quand même l'habitude de prendre l'avis.
04:25Oui, mais si vous avez manifesté votre avis, vous pouvez effectivement vous enregistrer,
04:28vous pouvez vous désenregistrer après évidemment, mais vous pouvez vous enregistrer,
04:32même si vous n'avez pas choisi d'en parler à vos proches, vous pouvez dire que vous êtes donneur.
04:36Et ça c'est important parce que l'équipe médicale va pouvoir accéder à cette base
04:39et regarder ce que vous aviez, votre intention à vous, c'est quand même crucial.
04:43Et ça peut d'ailleurs aider les proches aussi à dire qu'ils voulaient ou elles voulaient.
04:46On respecte sa volonté.
04:47C'est extrêmement important d'en parler, de faire connaître sa position.
04:51On va regarder une photo ensemble que vous-même vous avez publiée, Thierry,
04:54sur vos réseaux sociaux le 1er juin.
04:57Vous êtes devenu champion de France des Jeux Nationaux des Transplantés
05:00dans la catégorie 5000 m et médaille d'argent en simple et double en tennis.
05:05Qu'est-ce que ça, qu'est-ce que cette photo, est-ce que vous avez accomplie, ça représente pour vous ?
05:09Ça représente déjà beaucoup et je tenais à remercier Transform d'organiser ces Jeux Nationaux
05:14qui se passent chaque année.
05:15Pour moi, c'est une volonté de vaincre, de combat perpétuel.
05:20Et me dire que 14 ans avant, j'étais dans un fauteuil roulant, je ne pouvais plus marcher.
05:2414 ans après, j'ai pu faire ces Jeux et remporter le 5000 m, très content.
05:30Et je vois qu'il y a aussi Rodrigo qui était mon partenaire de double aussi.
05:33Donc voilà, merci.
05:35Thierry, qu'avez-vous envie de dire aux personnes qui n'ont jamais réfléchi au dos d'organes
05:38ou qui n'en ont jamais parlé avec leurs proches ?
05:41Ils vous regardent devant la télé ce matin.
05:42Un message à leur faire passer ?
05:44Parlez-en, c'est très important, ça peut sauver des vies, ça a sauvé beaucoup d'enfants
05:49quand j'étais à l'hôpital, mais j'ai vu aussi beaucoup d'enfants mourir, malheureusement.
05:54Et pensez-y, parlez-en, vous pouvez toucher en tant que receveur ou donneur aussi.
06:00Ne pas hésiter à en parler.
06:01Ne pas hésiter à en parler, exactement.
06:02C'est très important et ce sera demain, donc, la journée nationale de réflexion sur le don d'organes et de la greffe
06:09et aussi de reconnaissance des donneurs.
06:12C'est aussi ça, cette journée, demain, et c'est important de le dire.
06:14Merci beaucoup, Thierry, d'avoir été avec nous.
