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  • 19/05/2025
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Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Noémie Kohler, sœur de Cécile Kohler, otage française en Iran.

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Transcription
00:00Ce mois de mai marque les trois ans de détention en Iran de Cécile Collère et son compagnon Jacques Paris.
00:05Les deux Français ont été emprisonnés pour espionnage.
00:08La France tente une nouvelle mobilisation. On en parle, Maya, avec notre invitée.
00:12Bonjour Noémie Collère. Merci d'être avec nous ce matin.
00:14Vous êtes la sœur de Cécile qui est donc otage depuis trois ans.
00:19Hier matin, sur ce plateau, le ministre des Affaires étrangères a lancé une initiative.
00:24On l'écoute et on en parle juste après.
00:25Aujourd'hui, je dépose plainte devant la Cour internationale de justice contre l'Iran
00:30pour violation de cette protection, de son obligation de donner droit à la protection consulaire.
00:37Donc on parle des conditions de détention de Cécile et de Jacques Paris.
00:41On va y revenir. D'abord, est-ce que cette annonce de Jean-Noël Barraud vous redonne, vous ajoute de l'espoir aujourd'hui ?
00:49Oui, pour nous, c'est une annonce extrêmement importante.
00:51C'est vrai que depuis trois ans, on voit très peu d'évolution, voire aucune évolution dans la situation de Cécile et Jacques.
00:58Donc on se rend bien compte des limites de la diplomatie.
01:01Donc pour nous, c'est important d'utiliser tous les outils juridiques à notre disposition
01:08pour pouvoir faire bouger les choses et mettre les autorités iraniennes face à leurs responsabilités, à leurs obligations.
01:15Et donc porter plainte contre l'Iran devant la Cour internationale de justice, ça peut changer la donne en quoi, selon vous ?
01:21Eh bien, c'est encore une fois mettre les autorités iraniennes face à leurs obligations.
01:25On espère que ça va faire bouger les choses jusqu'à la libération qu'on espère la plus urgente possible.
01:32Mais en tout cas, voilà, c'est de montrer qu'il y a des outils juridiques dont on peut se saisir
01:37pour leur rappeler qu'en fait, elle viole le droit international dans le cas de ma sœur et de son compagnon.
01:45Jean-Noël Barreau explique que votre sœur et Jacques Paris, qui sont détenus à Téhéran,
01:51n'ont pas accès à des visites consulaires, c'est-à-dire une visite de l'ambassade de France,
01:56qui est possible pour les personnes détenues.
01:58En trois ans, ils n'ont jamais reçu de visite ou très peu ?
02:02Alors, ils en ont reçu quatre, en fait, en trois ans, à savoir qu'en fait,
02:07ils n'ont aucun moyen eux-mêmes de contacter leur ambassade.
02:11Et les visites qu'ils ont reçues ont été très courtes, entre 10 et 20 minutes.
02:15Se sont déroulées sous très haute surveillance, avec interdiction d'évoquer certains sujets,
02:19comme notamment la procédure judiciaire, ce qui en soit une violation, en fait,
02:23de la Convention de Vienne en la matière, puisque les visites consulaires servent
02:27à s'assurer que le détenu va bien et bien traiter, mais aussi à l'assister dans sa défense.
02:31Or, si on ne peut pas évoquer la procédure en cours, voilà, c'est une violation.
02:35Donc, ça veut dire que vous, n'avez-vous, famille, ou même la France,
02:38n'a aucun élément sur ce que l'on reproche à votre sœur et à Jacques Paris ?
02:42Ils ont été arrêtés pour espionnage, entre guillemets, et vous n'en savez pas plus ?
02:47Non, puisque le droit à la défense est complètement bafoué.
02:50Nous, on a engagé des avocats iraniens sur place dès le départ.
02:54Ils n'ont toujours pas pu accéder au dossier ni à Cécile et Jacques,
02:58et il n'y a absolument aucune information qui filtre, en fait.
03:01Tout est filtré.
03:02Les seuls contacts que ma sœur et son compagnon ont avec l'extérieur,
03:05c'est ces rares appels qui peuvent nous passer,
03:07mais c'est pareil, sous haute surveillance,
03:09avec un discours extrêmement cadré à l'avance,
03:12avec une pression psychologique qui est absolument terrible,
03:15qui ressort aussi, d'ailleurs, des visites consulaires.
03:17Les agents de l'ambassade qui ont pu voir Cécile et Jacques
03:20se sont rendus compte qu'effectivement,
03:22il y avait une pression psychologique extrêmement forte
03:24qui les poussait à s'auto-censurer,
03:27à ne pas parler de leurs conditions de détention
03:28et de leur état de santé réel.
03:30Donc, on est dans le flou total.
03:32Ils sont absolument coupés du monde extérieur,
03:35sous la coupe de leurs geôliers,
03:36et dans des conditions qui sont absolument destructrices.
03:40Donc, on est absolument terrifiés, en fait,
03:42de l'impact que ça va avoir sur leur santé.
03:44– Justement, ces conditions,
03:46donc, ils sont à l'isolement dans une prison de Téhéran,
03:48ils sont seuls en cellule,
03:49ils ont droit à des balades ?
03:51Que savez-vous de leur quotidien ?
03:52– Ce qu'on sait, c'est qu'ils ont fait au moins trois mois
03:54d'isolement cellulaire complet,
03:57ce qu'on appelle la torture blanche,
03:58qui a été d'ailleurs documentée,
03:59notamment par le prix Nobel de la peine,
04:01Arguez Mohamedi.
04:03Donc, on sait aujourd'hui qu'ils ont des co-détenus,
04:06mais que ça change très régulièrement.
04:07Ils sont dans des cellules très exiguës,
04:10sans lumière du jour direct, sans fenêtre,
04:12mais qui sont éclairées 24 heures sur 24
04:14par la lumière artificielle,
04:15sans doute sous vidéosurveillance également,
04:1724 heures sur 24,
04:19et c'est des cellules dont ils ne peuvent sortir
04:20que trois fois par semaine,
04:22dans le meilleur des cas,
04:23pendant une demi-heure, dans une petite cour.
04:27Donc, ça veut dire qu'en fait,
04:28ils ne voient la lumière du jour
04:30que ces rares moments par semaine.
04:33Ils n'ont pas droit à du courrier.
04:35La dernière fois que ma sœur a appelé
04:37mes parents, elle leur a dit
04:38qu'elle écrivait des poèmes dans sa tête
04:40et qu'elle les répétait tous les soirs
04:42avant de dormir pour être sûre
04:43de ne pas les oublier,
04:44ce qui nous indique
04:45qu'elle n'a toujours pas de quoi écrire
04:47au bout de trois ans.
04:48Enfin, c'est lunaire, en fait.
04:51C'est complètement lunaire
04:53et en fait, ils sont vraiment soumis
04:57à cette torture psychologique extrêmement forte
04:59depuis trois ans.
05:00Et depuis trois ans,
05:01on ne voit aucune évolution,
05:03aucune amélioration
05:04et on n'a toujours aucune perspective
05:06de libération.
05:07La dernière fois que Cécile a appelé vos parents,
05:09c'était quand ?
05:10C'était le 5 mai.
05:12Donc, c'est un appel qui a duré
05:13huit minutes.
05:16Donc, c'est toujours des visios WhatsApp
05:18qu'on reçoit.
05:19Donc, on ne voit que le visage de Cécile,
05:21parfois de Jacques,
05:22parce qu'ils sont parfois ensemble
05:23lors des appels.
05:26Vous arrivez quand même à voir son visage, alors ?
05:27On voit son visage.
05:29On sent qu'elle est surveillée,
05:30qu'il y a des gens autour.
05:31Parfois, on entend des murmures.
05:32On voit qu'elle est très attentive
05:34à ce qui se passe autour d'elle.
05:35Donc, on sent vraiment
05:36cette pression psychologique encore.
05:39Elle a le visage entouré par un voile,
05:42vraiment très serré.
05:44On voit qu'elle est très tirée,
05:45qu'elle est pâle.
05:48En ce qui concerne Jacques,
05:49on se rend compte,
05:51appel après appel,
05:52que son visage est de plus en plus marqué.
05:54On sent vraiment le poids
05:56de la détention sur son visage.
05:57et c'est terrifiant pour nous,
05:59pour sa famille,
06:00pour ses proches.
06:03Voilà.
06:03Et ce qui ressort, en fait,
06:04très régulièrement
06:05lors des derniers appels
06:06depuis quelques mois,
06:07c'est qu'ils nous disent
06:09qu'on nous annonce
06:11un verdict extrêmement sévère.
06:13Le jugement va bientôt tomber.
06:14Le verdict va bientôt tomber.
06:16Il sera extrêmement lourd.
06:18Ils nous annoncent ça
06:19dans une ou deux semaines.
06:20Et en fait,
06:20à chaque fois qu'ils nous appellent,
06:22il y a une nouvelle échéance
06:23qui ne se réalise pas.
06:24Et c'est vraiment une manière
06:26de les maintenir
06:27dans cet état de terreur,
06:28en fait,
06:29dans lequel ils évoluent
06:30depuis trois ans.
06:31Merci beaucoup,
06:32Noémie Collère,
06:32d'être venue nous voir.
06:34Et on espère que cette initiative
06:35et cette splinte
06:37contre l'Iran
06:37devant la Cour internationale
06:38de justice
06:39va permettre d'accélérer
06:41le retour de Cécile et de Jacques.
06:44Merci.
06:44Merci.

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