Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Claire Nouvian, fondatrice de l'ONG Bloom.
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00:00C'est le moment d'accueillir notre invité de 8h15 et c'est vous Claire Nouvian, bonjour.
00:04Bonjour.
00:04Vous êtes la fondatrice de l'ONG Blum qui milite pour la protection des océans.
00:08A trois jours de la conférence des Nations Unies sur l'océan, nous avions l'intention de vous recevoir dans le week-end pour parler de ce rendez-vous.
00:14Mais mercredi, on a découvert cette vidéo que vous avez postée sur les réseaux sociaux. On regarde et on en parle après.
00:21Oh non, mon cher, je suis désolée. Je suis désolée.
00:26Ne t'inquiète pas, ils peuvent rien te faire, je suis juste des connards.
00:30Voilà, donc votre porte a été aspergée de peinture noire, c'est votre domicile.
00:38On entend la voix de votre fille, de votre ado. On pleure déjà. Comment allez-vous ? Comment va-t-elle ?
00:44Ça va. Ce n'est pas très agréable de savoir qu'il y a des criminels qui peuvent rentrer dans votre immeuble comme dans un moulin, en fait.
00:51Et aussi, ça intervient dans une séquence où il y a une escalade de la pression et des menaces sur nous.
00:57Et ça se rapproche. Et donc, on se dit quand même, l'étape d'après, c'est quoi ? C'est quoi ? C'est l'assassinat ?
01:03Donc, ce n'est pas très confortable. Je ne vais pas vous dire que c'est agréable à vivre.
01:06Après, je pense qu'ils ont fait ça pour justement que je me taise, que j'ai peur et que j'arrête mon combat contre les pêches industrielles qui ravagent l'océan, détruisent la pêche artisanale et la vitalité de nos territoires.
01:21Mais on voit aussi, et on le dit depuis longtemps, posent aussi des problèmes démocratiques. Parce qu'organiser ces réseaux comme ça, mafieux, pour représenter et défendre vos intérêts économiques,
01:34vous ne le feriez pas si vous étiez quelqu'un de normal. Donc, c'est vraiment la marque de lobby industriel qui sont prêts à tout.
01:41Et je pense qu'en fait, on pourrait dire ce qu'ils ont fait sur ma porte, ce qu'ils font en fait sur terre et qui est visible, c'est ce qu'ils font en mer.
01:48Alors attendez, vous pointez des responsables. D'abord, peut-être on peut rappeler qu'il y a eu une lettre de revendication manifestement contrefaite, signée Extinction Rébellion.
01:58L'organisation a démenti auprès de nos confrères du monde, parle d'une accusation totalement délirante. Ce qu'on entend, c'est que là, vous, vous avez des soupçons assez clairs ?
02:06Alors, des soupçons avérés, en fait. On a déjà... Donc, c'est une suite. Ça fait plusieurs jours et semaines qu'on subit ce genre de menaces,
02:15que des individus se sont aussi introduits dans une projection du documentaire de Charles Villa, un journaliste d'investigation qui a enquêté justement sur les méfaits de la pêche industrielle.
02:26En association avec votre ONG sur ce film-là.
02:30Exactement. Et dans le cinéma Max Linder, où nous organisions justement la projection en avant-première, ces individus avaient placé une enceinte sous les fauteuils en amont de la projection.
02:41Ils diffusaient des sons en disant que je mentais. Donc, c'est toujours des attaques personnelles. Et on a vu, en fait, les individus.
02:46Donc, on a... Oui, en fait, tout est en place. C'est assez clair. C'est assez fléché sur eux.
02:52Ils ont déposé le même genre d'éléments de langage diffamatoires, qui sont des attaques personnelles, dans la boîte aux lettres des sénateurs, ce lundi dernier.
03:01Donc, un jour avant d'attaquer mon domicile. Donc, on voit bien, en fait, qu'ils sont en panique parce qu'ils savent que la Conférence des Nations Unies ouvre lundi.
03:09Mais qui, ils ?
03:10Donc, c'est les lobbies de la pêche industrielle. Donc, c'est... Ils organisent leur représentation à Bruxelles comme à Paris.
03:18Beaucoup sont des lobbies qui sont basés en Bretagne, qui sont soutenus par les élus bretons et souvent la presse régionale bretonne, d'ailleurs.
03:25Donc, on a toujours les mêmes éléments de langage. Ça fait des mois, en fait, qu'on subit des attaques violentes qui sont assez personnelles, y compris dans la presse, sans avoir de contradictoires.
03:33Donc, en fait, on voit qu'on leur avait dit, attention, quand vous installez les maux de la violence, vous êtes en train de préparer la violence et les agressions physiques.
03:42Vous comprenez ? Parce qu'on fait tomber, en fait, des pans entiers d'interdits.
03:47Et quand on attaque et qu'on traite les ONG d'éco-terroristes, il y a même un élu en Bretagne, Daniel Kueff, qui a traité les ONG de terroristes, carrément.
03:56Ça veut dire que, je veux dire, le terrorisme, c'est pas ça, n'est-ce pas ? C'est tuer des gens. Et quand on se bat pour la défense du vivant, quand on se bat pour...
04:04Vous avez votre travail, moi, mon travail, c'est d'assurer votre avenir, c'est de faire en sorte que le climat ne s'effondre pas.
04:10Quand on se bat pour ça, pour donc le collectif, dans des conditions assez précaires, parce que tout n'est pas simple, on n'a pas énormément d'argent.
04:17Quand on fait ça et qu'on est traité de terroriste, c'est tellement une inversion des priorités de la société qu'on prépare quand même les attaques physiques.
04:24Donc, on voit très bien d'où ça vient. On n'a peut-être pas le temps de tout développer, et je serais ravie de faire une émission entière sur le sujet.
04:30Mais on va aussi laisser la justice établir les preuves.
04:33Vous avez porté plainte ?
04:35Ah oui, on a porté plainte. Et la plainte est très longue et lourde, parce que tout est en place.
04:41Enfin, je vais vous dire, ça fait des années qu'on vit ça et qu'on a des sites anonymes, avec des faux comptes qui nous attaquent,
04:46et qui attaquent toujours sur le personnel, parce qu'ils ont peur d'aller sur le... Ils ne peuvent pas aller sur le terrain des faits.
04:54Et du débat factuel.
04:55Vous avez demandé une protection policière, vous l'avez obtenue ?
04:57Non, bien sûr que non. La protection policière, il faudrait que ce soit Emmanuel Macron, je pense, en personne,
05:02ou le préfet de police de Paris, qui demande ma protection policière,
05:05ce qui n'est pas du tout confortable de rentrer chez soi,
05:08en sachant que des criminels savent exactement où j'habite,
05:11peuvent arriver dans mon immeuble la nuit, sans aucune trace, sans aucun empêchement,
05:16et ne pas avoir de protection. J'avoue que c'est vraiment très inconfortable.
05:19Vous avez peur aujourd'hui ?
05:21Oui, je ne peux pas dire que je n'ai pas peur. Ce n'est pas confortable.
05:25Je pense que c'est un peu difficile de dire que voilà.
05:29Mais ce n'est pas la peur qui m'empêchera d'agir, en tout cas.
05:31Ils aimeraient que j'ai peur, au point d'être en panique et d'arrêter.
05:33Non, mais au contraire, je vais vous dire, je suis plus déterminée que jamais,
05:37parce que ça prouve qu'on frappe au bon endroit,
05:39et on demande deux choses qui les gênent.
05:42On demande à ce que les aires marines protégées en France,
05:44qui sont une imposture totale, soient réellement protégées,
05:47c'est-à-dire qu'elles interdisent enfin les méthodes destructrices,
05:50telles que le chalutage dans l'eau ou sur les fonds,
05:53qui détruit tous les animaux marins et les pêcheurs artisans,
05:56soient enfin interdits.
05:58Et de l'autre côté, on demande à ce que les bateaux industriels
06:00soient retirés du littoral.
06:03Donc on a des eaux côtières,
06:04où les petits pêcheurs sont en concurrence avec des monstres industriels.
06:07Et ça fait partie des arguments que j'imagine vous irez défendre aussi
06:11devant la conférence de l'ONU.
06:13Si Emmanuel Macron décide de faire alliance avec les citoyens,
06:16les petits métiers et nos intérêts collectifs,
06:18on peut gagner ça, ils le savent,
06:20et tout dépend maintenant d'Emmanuel Macron,
06:22avec une annonce peut-être lundi.
06:24On a entendu votre appel en tout cas.
06:25Merci beaucoup, Claire Nelan, d'être venu.
06:26Merci.