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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur.
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00:00Merci d'être avec nous, Monsieur le Ministre, bonjour.
00:04Oui, bonjour à vous.
00:04Peut-être peut-on commencer par donner des nouvelles, si vous en avez, de ces deux pompiers qui sont portés disparus à l'an dans l'Aisne à la suite d'une intervention sur un incendie ?
00:12Non, ce sont deux jeunes pompiers volontaires.
00:16Actuellement, beaucoup de sapeurs-pompiers sont mobilisés pour tenter de les rejoindre parce qu'ils ont été ensevelis.
00:23Le feu, en réalité, a attaqué la structure du bâtiment et s'est affaissé sur eux.
00:28Donc, voilà, je pense à la famille, je pense à eux, mais il y a encore un espoir.
00:33Il faut absolument que la colonne des sapeurs-pompiers parvienne précisément jusqu'à eux.
00:38Je veux simplement dire que la semaine dernière, il y a exactement huit jours, à Bergerac, un sapeur-pompier est mort au moment d'un exercice.
00:46Donc, j'ai vraiment une pensée pour toute cette grande famille des sapeurs-pompiers qui passent leur temps, finalement, à donner beaucoup, beaucoup d'eux-mêmes,
00:54parfois jusqu'au sacrifice de leur vie, pour nous, pour ceux qu'ils veulent secourir.
00:58– Et c'est le quotidien du ministre, évidemment, de gérer ces circonstances, évidemment, dont on espère qu'elles ne seront pas dramatiques.
01:04– Mais ça permet quand même de rappeler, pardon, quelque chose de fondamental.
01:07C'est la force du don de soi plutôt que le chacun pour soi. C'est une leçon de civisme.
01:12– Il y a aussi dans l'actualité beaucoup de politiques, évidemment.
01:15Je voudrais vous entendre sur une petite phrase qui a fait beaucoup de bruit du président.
01:19C'était ce week-end. Il a dit à propos des... Il parlait des reculs sur les mesures écologiques.
01:23Mais il dit ceci. Certains préfèrent brainwasher, opérer un lavage de cerveau en français, sur l'invasion du pays
01:28et les derniers faits divers, la violence, les violences notamment après la victoire du PSG.
01:34Est-ce que vous reprendriez ça ? Est-ce que ce sont de simples faits divers, ces faits de violence qui touchent le pays ?
01:38– Moi je ne le pense pas. Un fait divers, c'est un fait qui surgit dans l'actualité,
01:43qui est imprévisible par définition et surtout contre lequel on ne peut rien.
01:47Et je pense que l'accumulation de faits divers, on le voit bien, crée du sens malheureusement.
01:52Ce sont des faits de société.
01:53– Et ils sont choquants ces propos du président ?
01:55– En tout cas, je suis ministre de l'Intérieur. Je vois bien l'insécurité qui monte, qui monte.
02:01Cette violence, cette ensauvagement, cette barbarie comme j'ai pu la dénoncer.
02:05On ne peut pas s'y résigner.
02:06Accepter ces faits-là comme des faits divers, ça voudrait dire qu'en fait on accepte la fatalité.
02:13Et moi je ne crois pas à la fatalité.
02:14Il faut pour les jeunes mineurs une révolution pénale.
02:17Il faut aussi pour les étrangers le désordre migratoire abouti à des désordres d'insécurité.
02:22J'ai les statistiques avec les liens malheureusement.
02:24Et je pense que précisément, il faut lutter pied à pied.
02:28C'est ce qu'attendent les Françaises et les Français de nous.
02:30– Et quand on vous entend, on a l'impression que vous pourriez reprendre exactement ces propos,
02:33même si ce ne sont pas vous qui les avez prononcés.
02:35C'est Marine Le Pen, le détachement indécent et cette indifférence aux souffrances des Français
02:39montre à quel point Emmanuel Macron s'enferme dans le déni, dans l'aveuglement
02:42et dans le mépris qui caractérise sa présidence.
02:44Est-ce que vous pourriez retirer une virgule à ça ?
02:46– Écoutez, moi je ne veux pas rentrer dans ce genre de polémique.
02:49– Non mais les termes, est-ce qu'il y a du déni ?
02:51Est-ce qu'il y a de l'aveuglement, voire du mépris du président ?
02:53– Non, je ne le pense pas.
02:54En tout cas, Marine Le Pen, je l'ai bien vu.
02:55Je suis le premier qu'elle critique, le premier qu'elle critique,
02:59parce qu'il y aura une forme de laxisme.
03:02En cela, d'ailleurs, on l'a bien vu sur le match PSG,
03:05il y a eu LFI, les Insoumis et le Rassemblement National.
03:08Ils m'ont désigné comme le fauteur de troubles, les deux.
03:11Les uns parce qu'ils me trouvent finalement trop répressif,
03:14et les autres pas suffisamment répressifs.
03:16Mais en fait, ce qu'ils ignorent, c'est que la réponse sécuritaire,
03:19c'est une chose, mais il faut aller chercher aussi ailleurs.
03:22Il faut des sanctions judiciaires qui soient beaucoup plus fermes.
03:26Il faut adopter le principe casseur-payeur.
03:29Ces jeunes ou moins jeunes qui cassent, on doit les faire payer,
03:32y compris leur famille.
03:33– Elle vous fait, c'est vrai, un procès en impuissance, Marine Le Pen.
03:37Elle dit que vous parlez beaucoup, mais vous ne faites pas grand-chose.
03:40Rien ne montre, dit-elle, que la dégradation du pays soit enrayée.
03:42On aurait pu prendre un vrai cap, des actes forts, il n'y a que des mots.
03:45Les mots n'arrêtent ni les voyous ni les criminels.
03:47Et c'est vrai que ce qui s'est passé après la victoire du PSG
03:51a permis de nourrir cette polémique et ses propos de son point de vue.
03:55En tout cas, ce soir, le préfet de police, il sera auditionné à l'Assemblée sur le sujet.
03:58Vous, ce sera le 18 juin, sauf erreur.
04:01Avec le recul, est-ce que vous diriez,
04:03on aurait dû faire les choses un peu différemment,
04:04ou bien on ne pouvait pas mieux faire ?
04:06– Non, franchement, je pense que la réponse policière,
04:08la réponse sécuritaire a été au rendez-vous.
04:11Maintenant, il faut être très, très clair.
04:12Moi, je ne m'en satisfais pas.
04:13Je ne m'en satisfais pas parce qu'on ne pourra pas demain,
04:16évidemment, placer un cordon de CRS devant chaque magasin,
04:19devant chaque vitrine.
04:20– C'est terrible ce que vous dites,
04:20parce que vous dites que la réponse policière était au rendez-vous
04:22et regardait les images.
04:23– Mais parce que…
04:25– On ne peut pas mieux faire, on ne peut pas mieux faire que ça.
04:26– Si, on peut beaucoup mieux faire, parce qu'il faut dissuader.
04:30Dissuader, c'est sanctionner.
04:32J'ai été surpris, par exemple, d'un certain nombre de sanctions
04:35qui sont beaucoup trop faibles.
04:36Quand un jeune majeur de 19 ans a un sac à dos bourré de feux d'artifice,
04:42on sait que ce sont des armes par destination,
04:44qu'il frappe à deux reprises un policier.
04:46Eh bien, je pense qu'aujourd'hui et demain,
04:48si on veut vraiment dissuader,
04:50il faudrait que dès lors qu'on s'en prend un sapeur-pompier,
04:52on parlait des sapeurs-pompiers,
04:54vous savez qu'il y a eu des sapeurs-pompiers qui ont été blessés,
04:57des gendarmes, des policiers.
04:58Eh bien, à chaque fois qu'on blesse un sapeur-pompier,
05:01quelqu'un en uniforme, c'est la case prison.
05:03Mais c'est parce que les juges sont laxistes
05:05ou c'est parce que les textes ne sont pas assez durs ?
05:07Les textes, parfois, ne sont pas assez durs.
05:09Je pense à la justice des mineurs.
05:10Je pense qu'il faut une révolution pénale sur la justice des mineurs
05:13avec des courtes peines.
05:15C'est fondamental d'une semaine, de deux semaines,
05:17dans des prisons qui ne seront pas les mêmes
05:19que là où on enferme les narcotrafiquants,
05:21qui seront des prisons appropriées.
05:23Et il faut aussi faire payer les casseurs.
05:25Et les juges.
05:26On ne fait pas payer les casseurs suffisamment.
05:28Il y a du laxisme sur les juges ou pas ?
05:30Pas tous, mais il peut y en avoir.
05:31Écoutez, quand il n'y a pas de peine de prison,
05:33alors qu'on frappe des policiers, ça n'est pas possible.
05:36Dans d'autres pays européens,
05:38on sait bien que quand on s'attaque à l'uniforme,
05:40alors c'est la case prison.
05:42Tant qu'on n'aura pas compris cela,
05:44je pourrais aligner, mais des milliers et des milliers
05:46de policiers et de gendarmes,
05:48ils seront submergés par la vague de ces barbares.
05:52Vous nous dites ça, mais on a l'impression
05:53que ce diagnostic n'est pas partagé au sein du gouvernement.
05:56On a vu les paroles du président lui-même,
05:58qui parle de faits divers.
05:59Elisabeth Borne également, elle l'entend,
06:01les mesures dont vous parlez,
06:02dont parle également Gérald Darmanin,
06:04et elle dit ce week-end dans Le Parisien,
06:05ce serait bien d'éviter la surenchère
06:07des mesures éculées qu'on trouve sur l'étagère
06:09à chaque actualité dramatique.
06:11Vous lui répondez quoi, votre collègue ?
06:13Chacun son parcours, Elisabeth Borne, vient de la gauche.
06:16Ce n'est pas mon cas.
06:17Mais je le dis aujourd'hui, il faut être aveugle
06:20pour ne pas voir l'ensauvagement d'une partie de la jeunesse,
06:23d'une partie de la France.
06:23Il y a un aveuglement chez Elisabeth Borne,
06:25chez Emmanuel Macron ?
06:26C'est ce que vous nous dites ?
06:27Pas de polémique.
06:28Écoutez, oui, vous cherchez à créer une forme de polémique
06:30entre des membres du gouvernement.
06:32Simplement, ce que je sais, moi,
06:33je suis ministre de l'Intérieur,
06:35ce que je dis, c'est qu'il y a un ensauvagement,
06:37une décivilisation.
06:38Même le président de la République l'avait reconnu.
06:40Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
06:41On reste les bras ballants, on ne fait rien.
06:44Moi, j'attends à ce que, finalement,
06:45ces sauvages-là blessent des policiers et des gendarmes.
06:49Il y en a des centaines, des milliers de blessés.
06:50Chaque année, on peut s'en satisfaire ?
06:52Non.
06:53Moi, je veux changer les règles
06:54et ce que font d'autres pays européens quand ça marche.
06:57Pourquoi est-ce que nous, on ne le ferait pas ?
06:59Pourquoi on ne le ferait pas ?
07:00Quant à Marine Le Pen, simplement, ce que je veux dire,
07:02c'est que j'ai déjà des résultats en matière de rodéo,
07:05par exemple, de confiscation des véhicules
07:07plus 50% en matière d'immigration,
07:1024% en plus d'éloignement forcé,
07:1224% de régularisation en moins,
07:1514% en moins de naturalisation,
07:17sans qu'il y ait eu d'autres lois,
07:19puisqu'on n'a pas la majorité à l'Assemblée nationale,
07:22avec les limites, les contraintes qui me sont données.
07:24Mais les Français ne sont pas fous.
07:25Ils ont du bon sens.
07:26Vous avez entendu hier que le Président a dit
07:28que la dissolution, une nouvelle dissolution,
07:30ne s'était pas complètement écartée.
07:31C'est quelque chose que vous pourriez appeler de vos voeux
07:33pour qu'il y ait une majorité, peut-être,
07:34qui vous soutienne de ce point de vue-là ?
07:36Non, je pense que la dissolution,
07:37en réalité, on l'a bien vu,
07:39la dissolution a créé une forme d'instabilité.
07:41Donc, je ne souhaite pas, évidemment,
07:43qu'il y ait à nouveau une dissolution.
07:44Demain, il faut assurer au pays
07:46une forme de stabilité,
07:48parce que sans stabilité,
07:49ce sera une crise financière,
07:50et ce sera les Français,
07:52les plus faibles, les plus vulnérables,
07:54qui trinqueront d'abord.
07:54Et on va essayer d'en dire un mot.
07:56Peut-être d'abord, dites-nous,
07:56demain, il y a l'extraction de Mohamed Amra.
07:59Vous vous êtes érigé contre cette décision.
08:00Est-ce que sur le plan sécuritaire,
08:02tout est prêt ?
08:02Est-ce que les moyens déployés
08:03seront colossaux demain ?
08:04Tout sera prêt.
08:05Tout sera prêt.
08:06Mais moi, ça me révolte,
08:08parce que ça coûte cher,
08:09alors qu'on aurait pu faire en sorte
08:10que les juges se déplacent dans la prison.
08:13La procureure dit,
08:14non, ce n'est pas possible,
08:15parce qu'il y a plein de scellés à lui présenter.
08:17Il vaut mieux qu'ils viennent
08:17dans le bureau des juges.
08:18Écoutez, les juges pour l'affaire Kim Karachan,
08:20ils sont allés aux Etats-Unis.
08:22Voilà, donc ça, c'est beaucoup d'argent,
08:24mais c'est encore plus que de l'argent.
08:26Ce sont des risques.
08:27À chaque fois qu'on extrait un individu
08:29très, très dangereux,
08:31alors ce sont des risques
08:32qu'on fait prendre aux forces de l'ordre.
08:34Et pour Amra,
08:35je pense que chacun a en mémoire
08:36les deux agents de la pénitentiaire
08:38qui ont été froidement abattus.
08:40Vous avez parlé des risques financiers.
08:42Il nous reste quelques secondes pour l'évoquer,
08:43parce que la ministre du budget,
08:44Amélie de Monchalin,
08:45va recevoir tous les ministres, dont vous.
08:46Est-ce que vous allez accepter de réduire votre budget ?
08:48Est-ce qu'il y a du gras au ministère de l'Intérieur ?
08:50Le ministère de l'Intérieur,
08:51c'est de la masse salariale.
08:52C'est des policiers, c'est des gendarmes.
08:54On ne peut pas baisser les salaires
08:55des policiers et des gendarmes.
08:57Mais je ferai des propositions aussi
08:58à la ministre du Budget.
09:00Je pense que chacun doit être mis à contribution,
09:03à une juste contribution,
09:04parce qu'il n'y a rien de pire que le rabot.
09:07La sécurité intérieure doit rester une priorité.
09:10Et en tant que président LR,
09:11quelles sont vos lignes rouges
09:12en matière de rabot,
09:14ou en tout cas d'économie,
09:15ou de nouveaux impôts, peut-être,
09:17puisque le Premier ministre a dit
09:18que tous les Français devraient faire un effort.
09:20Si vous mettez votre autre casquette,
09:22vous mettez la ligne rouge où ?
09:24Ce à quoi je crois,
09:24c'est que l'État ne doit pas faire
09:27la poche des Français
09:28avant qu'il ne se soit lui-même serré la ceinture.
09:31Voilà, et il y a du gras.
09:33Donc des économies
09:33et pas de nouveaux impôts,
09:35pour dire les choses.
09:35Est-ce que vous pourriez démissionner si...
09:37Oui, évidemment.
09:39Il faut voir où vous mettez le curseur.
09:41Où vous mettez le curseur,
09:42parce que s'il y a des nouveaux impôts,
09:43des nouvelles dépenses fiscales,
09:44par exemple, si on rabote les niches fiscales,
09:45ce sont des impôts en plus, en réalité ?
09:47Nous sommes rentrés au gouvernement
09:48pour éviter le chaos.
09:49Si la droite française avait dit non,
09:52Emmanuel Macron aurait dû se tourner
09:53vers la gauche mélenchonisée.
09:55Nous en sommes là.
09:56Nous voulons la stabilité.
09:58Mais attention,
09:59il ne faut pas que nos convictions profondes
10:00soient atteintes.
10:01Il ne faut pas que les intérêts supérieurs
10:02de la nation soient blessés.
10:05Donc c'est en fonction de ces critères-là
10:06que nous aurons à voir,
10:07à regarder au cas par cas.
10:09La réponse de Bruno Retailleau
10:10sur la phrase d'Emmanuel Macron
10:12à propos des faits divers,
10:12c'était ce matin dans les cas de vie
10:14ainsi que de nombreux sujets
10:15comme on vient de l'entendre.
10:15Merci beaucoup.
10:16Merci à vous.
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