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  • 02/02/2023

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00:00 *Musique*
00:05 Bonjour Thierry Marx.
00:06 Bonjour.
00:07 Vous êtes l'un des chefs étoilés les plus connus et reconnus de France.
00:10 Vous êtes aussi depuis quelques mois le président de l'UMI,
00:12 c'est le principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration,
00:15 secteur qui, on le sait, manque de main d'œuvre, 200 000 emplois vacants.
00:19 Pour y remédier, le gouvernement propose dans sa loi Immigration qui a été présentée hier,
00:24 un titre de séjour métier en tension.
00:26 Vous dites banco.
00:28 Je dis banco mais je dis mettez-nous dans les métiers en tension.
00:31 250 000 postes à pourvoir dans nos métiers,
00:35 on n'est toujours pas sur la liste des métiers en tension.
00:38 Donc là, il y a déjà une première chose à réparer et puis effectivement, je dis banco,
00:43 déjà pour les gens qui sont sur le sol français, qui travaillent dans nos métiers
00:47 et qui par moment se retrouvent dans l'illégalité parce qu'il y a une lenteur administrative
00:50 sur le renouvellement de leur titre de séjour.
00:53 Vous connaissez, vous, des restaurants ou des hôtels qui ont embauché des clandestins
00:57 en connaissance de cause ces dernières années ?
00:59 Tout le monde fait ça aujourd'hui dans le métier ?
01:01 – Non, non, non, d'abord je dis que non, tout le monde ne fait pas ça.
01:05 D'abord, quand on recrute, on n'est pas agent de police,
01:08 on ne peut pas vérifier quand on a une carte d'identité ou un titre de séjour sous le nez,
01:11 on ne peut pas vérifier sa validité, ça ce n'est pas notre rôle.
01:15 Mais globalement, la profession fait très attention à être dans la légalité,
01:19 pas dans l'illégalité.
01:21 Après, il y a ceux qui emploient des personnes qui sont en fragilité,
01:23 qui n'ont pas de papier, ça c'est de la délinquance.
01:26 Donc ça, moi je ne cautionne pas ça du tout.
01:28 – Mais ça existe aussi ?
01:29 – Mais ça existe bien sûr, mais regardez ceux qui pédalent
01:32 pour amener des repas à domicile, bien souvent ils sont clandestins
01:36 et ils n'ont pas de titre de séjour.
01:39 Et ça, par contre, il faut le dénoncer, toutes ces plateformes utilisent des personnels
01:44 qui ne sont pas déclarés, voire qui sont dans l'illégalité sur le sol français.
01:47 – Vous dénoncez les autres, mais dans les cuisines des restaurants parisiens,
01:50 par exemple, est-ce que vous avez connaissance d'une certaine proportion
01:53 de sans-papier dans les cuisines ou pas ?
01:54 – Non, non, pas du tout, c'est-à-dire qu'encore une fois,
01:56 on fait très attention à vérifier l'égalité des gens que nous recrutons.
02:01 S'il y a des gens qui sont contrevenants là-dessus,
02:04 ce n'est pas un syndicat professionnel de le défendre ou de les dénoncer,
02:08 ce n'est pas notre métier.
02:09 Mais en tout cas, il faut lutter contre ça, ce n'est pas normal.
02:13 – Reste que dans vos métiers, dans les métiers de la restauration,
02:15 il y a une part importante d'étrangers, pourquoi vous avez besoin
02:19 d'embaucher des étrangers à des postes particuliers dans la restauration ?
02:22 – D'abord, je vais ramener ça à des chiffres,
02:25 c'est 17% sur 1,3 millions de salariés, c'est pas non plus…
02:29 Et nous ne recrutons pas des étrangers, nous recrutons des pâtissiers,
02:33 des boulangers, des cuisiniers, du personnel de service,
02:36 du personnel de nettoyage, mais absolument pas des étrangers.
02:39 Si nous ne trouvons pas sur le sol français des gens à recruter,
02:44 que des gens viennent de l'extérieur de l'Hexagone
02:46 et qu'ils sont en toute l'égalité sur le sol français,
02:48 nous les recrutons bien évidemment, mais ce n'est pas nouveau.
02:51 Il y a une espèce d'opacité quand on parle d'immigration,
02:54 mais moi l'immigration je l'ai toujours connue,
02:56 je l'ai toujours connue dans nos métiers,
02:58 dans les métiers du bâtiment aussi, dans les métiers de la logistique,
03:01 ce n'est pas uniquement sur les métiers d'hôtellerie et de restauration.
03:04 – Hier c'est une opposante à cette mesure qui était à votre place Thierry Marc,
03:07 c'est Marine Le Pen, chef de file des députés du Rassemblement National,
03:11 voici comment elle expliquait son refus de ces titres de séjour.
03:15 – Ça fait 40 ans qu'on a 300 000 emplois non pourvus en France,
03:19 ça fait 40 ans qu'on nous vend le fait de faire venir
03:22 des travailleurs étrangers pour les remplir,
03:25 et ça fait 40 ans qu'on a toujours les 300 000 emplois en question.
03:28 Moi je propose à tous les secteurs en tension d'augmenter les salaires,
03:32 parce que la réalité c'est que si ces secteurs sont en tension,
03:34 c'est parce que les métiers qu'ils exigent,
03:36 souvent le BTP, souvent la restauration, ne sont pas assez bien payés.
03:40 – Qu'est-ce que vous lui répondez ?
03:41 – Sur la question des salaires déjà.
03:43 – C'est une mauvaise information de Madame Le Pen,
03:45 parce que les salaires ont été revalorisés,
03:47 la grille des salaires a été créée,
03:49 et on a augmenté de 12% et 5% de plus pour les salaires les plus modestes.
03:54 – Sachant que certains de ces salaires
03:56 étaient en dessous du minimum légal depuis plusieurs années,
04:00 on les a remis dans les clous de la légalité.
04:02 – Par exemple du bâtiment, il y a un minimum hôtelier
04:06 qui est au-dessus des autres SMIC, donc il faut le savoir.
04:10 Et encore une fois, il y a peut-être la replanification du travail
04:13 dans nos métiers, le travail sur la coupure,
04:15 tout ça sont des choses que nous regardons dans le détail,
04:18 mais mal payés, non, vous n'êtes pas mal payés dans l'hôtellerie-restauration.
04:21 – Marine Le Pen, elle, elle dit en fait,
04:22 en créant des titres de séjour métiers en tension,
04:24 en fait on crée une trappe à bas salaire,
04:27 ça va être avantageux pour vous parce que si vous recrutez des étrangers,
04:31 eh bien d'avantage, ils sont corvéables déjà,
04:33 et en plus vous pouvez les payer le moins cher possible.
04:35 – Non, non, je ne suis pas du tout de cet avis-là,
04:37 ma profession, nos professions de l'hôtellerie-restauration
04:41 travaillent beaucoup sur la formation professionnelle,
04:43 l'inclusion par le travail est une très bonne inclusion,
04:46 et la montée en compétences dans les métiers,
04:48 nous avons besoin de spécialistes dans nos métiers,
04:49 encore une fois nous ne recrutons pas les personnes
04:52 parce qu'elles viennent de l'extérieur de l'Hexagone, qu'elles seraient étrangères,
04:55 nous cherchons des solutions pour l'entreprise,
04:57 des pâtissiers, des cuisiniers, des chefs, du personnel de service, tout ça.
05:02 – Et alors qu'est-ce qui fait que vous n'y arrivez pas ?
05:04 – Je pense qu'il y a une récurrence,
05:05 et puis il y a une replanification de nos métiers, j'en suis convaincu.
05:08 – Ça veut dire quoi une replanification ?
05:10 Qu'il faut repenser les journées de travail ?
05:11 – Oui, je pense que…
05:12 – Par exemple 3h le midi, 4h le soir et rien entre les deux ?
05:15 – Oui, ça peut être ça, mais ça peut être aussi de travailler,
05:18 il y a des gens qui nous offrent aujourd'hui la possibilité
05:20 de travailler 4 jours et 3 jours de repos, il y a un regard sur le travail…
05:23 – La semaine de 4 jours dans la restauration.
05:24 – Oui, je ne dis pas que c'est l'apanacée, je ne dis pas que c'est l'alpha et l'oméga,
05:28 mais aujourd'hui on voit bien qu'on ne veut plus avoir un rapport sacrificiel au travail,
05:33 qu'on le veuille ou non, toutes les études le font.
05:34 – Ça vous le regrettez ou vous dites c'est normal ?
05:36 – Non mais pas du tout, je trouve ça normal,
05:37 c'est-à-dire que vous ne pouvez pas avoir dans l'entreprise
05:39 des gens qui peuvent se mettre en télétravail,
05:42 et puis demander aux gens qui sont très opérationnels terrain de ne pas pouvoir le faire.
05:45 Donc effectivement il va falloir s'asseoir autour d'une table
05:49 avec les organismes syndicaux, patronaux et salariés,
05:53 et puis de se dire est-ce qu'il n'est pas temps de repenser notre société,
05:56 parce qu'effectivement on a tout un tas de publics
05:59 qui ne veulent pas avoir un rapport sacrificiel au travail.
06:02 – Mais par exemple la semaine de 4 jours que vous nous avez cité,
06:04 ça peut être une proposition du patronat aujourd'hui ?
06:07 – Mais bien sûr, et puis il y a déjà des entreprises qui l'ont déjà fait,
06:10 il y a aujourd'hui des gens qui ouvrent moins longtemps leurs restaurants,
06:14 leurs hôtels pour essayer de trouver une compensation.
06:17 Le salaire c'est une chose, nous avons augmenté les salaires,
06:20 et encore une fois quand vous travaillez dans l'hôtellerie-restauration,
06:22 vous n'êtes pas dans le secteur le plus mal payé,
06:25 c'est-à-dire qu'on fait évoluer les salaires assez rapidement.
06:28 – Vous dites qu'il y a la question du logement aussi,
06:31 par exemple les saisonniers quand ils ont besoin d'aller travailler sur le littoral,
06:33 en été par exemple, ils peuvent aller bosser parce qu'il y a du boulot,
06:37 en revanche ils ont un problème de logement, ça coûte trop cher.
06:40 – Effectivement, vous avez raison pour les saisonniers,
06:42 et vous avez raison pour les gens qui cherchent un travail.
06:45 Aujourd'hui, sur le fait de ne pas prendre un emploi,
06:49 plusieurs facteurs se mettent en place,
06:50 et notamment celui de la mobilité et celui du logement.
06:54 Vous avez un travail à 100 km, vous perdez votre logement social,
06:58 vous n'en retrouverez pas d'autre.
06:59 Aujourd'hui il y a un déficit sur le logement qui est criant,
07:03 c'est-à-dire qu'aujourd'hui vous ne pouvez pas vous loger.
07:05 Aujourd'hui nous avons des personnels qui louent une chambre à trois,
07:09 parce qu'ils ne pourront pas venir travailler sur le littoral.
07:11 Or, ils sont passionnés, ils ont envie de prendre un emploi,
07:13 ils ont envie de réussir leur carrière dans le métier,
07:15 mais ils n'arrivent pas à se loger.
07:17 Le problème de la prise d'emploi, il est multifactoriel,
07:20 il n'est pas simplement lié à l'offre et à la demande.
07:23 – On va parler dans un instant de la réforme des retraites,
07:25 vous nous direz ce que vous en pensez, Thierry Marx,
07:27 président de l'UMI, le principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration.
07:31 Un petit passage d'ici là par le Fil info, 8h40, Maureen Suignard.
07:34 [Musique]
07:35 – Y aura-t-il une nouvelle journée de grève samedi 11 février à la SNCF ?
07:40 Pas de décision à ce stade, les syndicats s'accordent pour le moment
07:43 sur un mouvement mardi prochain.
07:45 Seules la CGT et Sud veulent continuer le lendemain, le mercredi 8 février.
07:49 Et aujourd'hui, c'est tout un secteur qui est appelé à donner de la voix,
07:52 celui de la petite enfance qui demande des hausses de salaire
07:55 et de meilleures conditions de travail.
07:57 De nouveaux affrontements entre l'armée israélienne
08:00 et les combattants panestyliens la nuit dernière,
08:03 des raids aériens et des tirs de roquettes.
08:05 Alors que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou
08:08 à la tête d'une coalition avec l'extrême droite
08:10 est reçu aujourd'hui par Emmanuel Macron à l'Elysée.
08:14 34 morts d'un trottinette électrique l'année dernière, 600 blessés graves.
08:18 Invité de France Info ce matin, la déléguée générale
08:21 de l'association Prévention routière affirme qu'on a sous-estimé
08:25 ce mode de déplacement en le considérant comme un jouet avec un moteur.
08:29 [Musique]
08:32 – France Info
08:33 [Musique]
08:34 Le 8.30, France Info, Salia Brakia, Marc Faurel.
08:38 – Toujours avec le président de l'UMI,
08:39 le syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration Thierry Marx,
08:43 qu'est-ce que vous pensez de la réforme des retraites ?
08:44 Vous la défendez ou vous soutenez ceux qui manifestent contre ?
08:47 – Alors moi je ne suis pas un spécialiste de la réforme des retraites,
08:50 je prends un peu de recul par rapport à ça.
08:52 Et en tant que citoyen, est-ce qu'il est nécessaire de faire une réforme ?
08:56 Je crois que oui, on a vraiment un certain nombre de sujets là-dessus.
09:00 Mais ce qui m'interpelle toujours sur la réforme des retraites,
09:03 c'est nos seniors, c'est-à-dire qu'on a des gens qui partent plus tôt
09:06 parce que les entreprises sortent leurs seniors de leurs effectifs,
09:11 et en même temps on va les laisser plus longtemps au chômage.
09:14 Je pense qu'il y a un vrai travail sur le fond, à ferme,
09:16 sur la formation professionnelle des seniors
09:18 pour les accompagner peut-être plus longtemps et dans de meilleures conditions.
09:21 Moi ce qui m'inquiète toujours dans mon métier,
09:23 c'est de les accompagner très tôt dans une protection santé.
09:27 Nos métiers sont quand même des métiers qui sont difficiles,
09:31 qui sont en station debout, où vous avez des troubles musculosquelettiques.
09:34 Donc il faut accompagner très tôt sur la santé
09:36 pour que nos seniors dans l'entreprise puissent aller peut-être un peu plus loin,
09:40 s'ils le souhaitent dans leur métier.
09:45 On peut être femme de chambre par exemple jusqu'à 64 ans ?
09:47 Je crois pas, non.
09:48 On peut être serveur ou serveuse jusqu'à 64 ans ?
09:51 Non, non, je ne crois pas.
09:52 Alors on fait quoi ?
09:53 On les accompagne déjà avec une mutuelle santé qui peut les accompagner.
09:58 Mais encore une fois, il y a des gens qui, en fonction de leur travail
10:01 et de leur pénibilité au travail, doivent partir un peu plus tôt que les autres.
10:04 À votre connaissance, les professions de loterie ou de la restauration
10:07 seront dans les critères de pénibilité ?
10:10 Je crois, oui.
10:11 Et en tout cas, nous on se battra pour ça.
10:13 Il y a des gens qui ont travaillé 25, 30, 40 ans dans une cuisine en station debout,
10:19 ils ont des troubles musculosquelettiques,
10:20 il faut effectivement considérer que c'est un critère de pénibilité, bien évidemment.
10:24 La mobilisation contre la réforme des retraites,
10:25 elle ne faiblit pas, deux journées de grève et de manifestations
10:29 sont prévues la semaine prochaine.
10:30 Est-ce que le mouvement de grève, d'abord, est très suivi dans votre secteur ?
10:35 Et quel impact il a sur votre activité ?
10:37 Suivi dans notre secteur ? Pas vraiment.
10:41 On a vraiment un public très jeune qui a un regard sur le travail un petit peu différent.
10:45 Mais en tout cas, le fait que c'est une incidence sur notre activité,
10:50 effectivement, quand il y a un mouvement social,
10:52 ça a eu une incidence sur nos entreprises, bien évidemment.
10:56 D'abord, on a des personnels qui ne peuvent pas venir travailler,
11:00 qui ont le droit aussi de manifester s'ils le souhaitent.
11:03 Et puis, on a un faiblissement du revenu dans les entreprises, bien évidemment.
11:08 Parce que certains syndicats ont déjà prévenu qu'ils voulaient se mobiliser
11:12 pendant les vacances de février dans les stations de ski.
11:15 Par exemple, la CGT et les forces ouvrières ont déposé un préavis de grève illimité.
11:19 Ça vous inquiète, ça ?
11:20 Oui, bien sûr, ça m'inquiète pour mes confrères
11:23 qui vont être touchés économiquement dans leur activité.
11:27 Vous avez déjà des remontées de terrain d'annulation ?
11:29 Pas encore.
11:30 Pas encore, on n'a pas de remontée de terrain d'annulation.
11:33 Mais on sent bien qu'il y a une vraie anxiété qui s'installe.
11:36 Thierry Marx, la réforme de l'assurance chômage est entrée en vigueur.
11:39 Hier, elle raccourcit de 25% la durée d'indemnisation des chômeurs.
11:44 Est-ce que c'est une bonne réforme ?
11:45 Ou est-ce que vous dites, comme les syndicats qui l'ont rejetée, qu'elle est injuste ?
11:49 Je pense qu'il faut l'étudier dans le détail.
11:51 Moi, je suis un long partisan de l'accompagnement à la formation professionnelle
11:55 pour que les personnes puissent avoir ce suivi de formation pour les accompagner plus longtemps.
12:02 C'est pas tout à fait la même question.
12:03 Non, je suis d'accord.
12:04 Mais à un moment donné, sur l'indemnisation, il faut aussi permettre à des personnes
12:07 de retourner dans un projet métier, plutôt que de continuer à les indemniser
12:11 sans qu'ils aient de projet métier.
12:13 Est-ce que vous considérez qu'avec un taux de chômage de 7%,
12:15 on est un tout petit peu au-dessus aujourd'hui,
12:17 si on ne trouve pas un job, c'est qu'on le fait exprès ?
12:20 Non, c'est qu'on ne le fait pas exprès, je ne crois pas à ça.
12:23 Il y a un certain nombre de fragilités, encore une fois,
12:26 et d'accompagner des personnes qui ont été éloignées de l'emploi,
12:30 voire très éloignées de l'emploi, de les préparer à retourner vers un projet métier.
12:34 C'est long, c'est coûteux, mais il faut aussi s'y attacher plus tôt.
12:38 Il n'y a pas de finalité à rester sans travail.
12:42 Je pense qu'il y a vraiment une attractivité à aller vers un projet métier,
12:46 mais il faut accompagner les personnes.
12:48 Thierry Marx, depuis plusieurs mois maintenant,
12:50 tous les Français font face à l'explosion des prix de l'énergie,
12:53 particulièrement dans l'hôtellerie et la restauration.
12:55 Est-ce que la situation s'améliore aujourd'hui ?
12:58 Elle ne s'améliore pas vraiment.
13:00 Il faut, encore une fois, continuer à marteler que ça ne s'améliore pas,
13:04 parce que même quand on nous propose 280 euros,
13:09 c'est quand même trois fois le prix de ce que nous payons.
13:11 280 euros par mégawatt, c'est ce que le gouvernement a annoncé.
13:15 Exactement. Donc on a réussi.
13:16 Nous, on demande toujours un tarif régulier,
13:18 et d'amener cette aide, ces besoins qu'ont les entreprises,
13:22 je veux d'avoir un tarif régulier.
13:23 Parce que là, les factures, elles représentent combien du chiffre d'affaires d'un restaurant, par exemple ?
13:27 Alors, ça dépend comment vous avez négocié votre contrat,
13:31 mais ça peut être 3%, mais beaucoup plus.
13:33 Il y a des gens qui... Il y a des confrères qui ont x10.
13:36 C'est-à-dire qu'il y avait une facture d'électricité et de gaz électricité,
13:40 c'est pas dissocié au mois d'octobre de 700 euros,
13:43 et au mois de décembre de 11 000 euros.
13:46 C'est-à-dire que toute la marge de l'entreprise, voire au-delà, est mangée.
13:49 Donc c'est même plus la peine d'ouvrir.
13:51 Donc ça mettait tous ces secteurs en tension, et en risque vraiment économique.
13:56 Vous êtes membre, Thierry Marx, du patronat.
13:59 Est-ce qu'on peut en même temps dire, il faut arrêter le quoi qu'il en coûte,
14:02 ça suffit, les dépenses, l'État ne peut plus supporter une dette aussi lourde,
14:06 et réclamer des aides supplémentaires pour les entreprises ?
14:08 Non mais on ne fait pas la manche, on demande des choses qui sont...
14:12 Vous savez, quand il y a eu cette crise sanitaire,
14:15 on n'a pas demandé à être fermé, on n'a pas demandé à être démonétisé,
14:19 donc on n'est pas allé demander de l'argent, on a emprunté de l'argent.
14:22 Donc on a...
14:23 - Des prêts garantis par l'État.
14:25 - Donc on a des dettes, et quand vous arrivez,
14:28 et que vous repartez dans une activité qui a été bonne, 2022 c'était bien,
14:32 vous vous retrouvez avec une hausse, mais énorme, de l'énergie,
14:37 une hausse très forte des coûts des matières premières,
14:40 et le remboursement de vos prêts garantis par l'État, vous ne passez plus.
14:44 - On a entendu ces dernières semaines des responsables locaux de l'UMI dire,
14:49 si on ne fait rien, 30, 40, 50% des restaurants pourraient fermer la porte.
14:53 C'est vraiment cette ordre de grandeur-là ?
14:55 - Oui, bien sûr.
14:56 - 30, 40, 50% ?
14:57 - 30%, oui, bien sûr.
14:59 Bien sûr, non, non, c'est pas...
15:01 Vous savez, les professionnels n'ont pas vocation à se plaindre,
15:04 n'ont pas vocation à se dire "c'est ça où on ferme", pas du tout.
15:08 Ce sont des gens qui ont, par moment, et souvent, très souvent,
15:11 mis le dernier euro dans leur entreprise.
15:14 Donc si ça casse, eh bien ils sont à la rue.
15:18 - Qui sont ceux qui soufflent le plus aujourd'hui ?
15:21 Ce sont plutôt les...
15:23 - Les TPE ?
15:24 - Les petites entreprises.
15:25 - Les petites entreprises qui, bien souvent, ont très peu de salariés,
15:28 et qui sont avec 2, 3% de marge sur leur entreprise.
15:32 Ils sont en fragilité. Bien sûr, il faut y faire attention.
15:35 - Vous avez vu Bruno Le Maire il y a quelques jours ?
15:37 - Oui, Bruno Le Maire, Olivia Grégoire.
15:39 Je pense qu'il y a eu une vraie écoute, vraiment, on a été entendus,
15:43 mais on leur a demandé de peser de tout leur poids
15:46 dans la négociation face aux fournisseurs d'énergie,
15:49 parce que le poids de l'État doit nous aider, nous, citoyens,
15:53 à peser face à ces fournisseurs d'énergie.
15:55 - Sauf qu'ils vous disent "vous êtes pas comme les boulangers,
15:57 on va pas faire du cas par cas, négocier les contrats avec les énergéticiens".
16:01 - Et moi, je défends beaucoup les boulangers,
16:03 je connais bien cette profession, et je défends beaucoup les boulangers,
16:06 mais les boulangers n'ont pas été fermés.
16:09 - Pendant la crise Covid ?
16:10 - Pendant la crise Covid, nous, nous avons été fermés,
16:12 nous avons accumulé des dettes.
16:14 Il a fallu repartir, et on repart avec des dettes.
16:16 Donc, il faut aussi écouter ces gens...
16:18 - Mais la part de l'énergie dans votre chiffre d'affaires
16:20 n'est pas non plus comparable, aujourd'hui, avec celle d'un boulanger qui...
16:24 - Je ne suis pas d'accord. C'est vrai que...
16:26 D'abord, comparaison et poison.
16:29 Non, mais, très honnêtement, on ne peut pas comparer.
16:32 Quand vous ouvrez un hôtel, que vous avez le chauffage,
16:35 que vous avez la climatisation, les cuisines,
16:38 tout ça pèse lourdement dans le chiffre d'affaires,
16:41 dans le résultat de l'entreprise.
16:43 Si votre énergie fait x5, voire x10 pour certains,
16:47 vous ne passez plus, c'est même pas la peine d'ouvrir l'établissement.
16:50 - Thierry Marx, invité de France Info, jusqu'à 9h, toute petite pause,
16:52 le temps du Fil Info à 8h50 avec Maureen Suignard.
16:56 On apprend à l'instant la mort de Siem, cette jeune femme disparue dans le Gard.
17:00 Selon les informations de France Info, le principal suspect est passé en garde à vue.
17:06 La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen,
17:09 vient d'arriver à Kiev, en Ukraine.
17:11 Un sommet entre l'UE et l'Ukraine se tient demain,
17:14 quasiment un an après le début de l'invasion russe.
17:16 Elle assure l'Ukraine du soutien de l'Union.
17:20 Le ministre de l'Intérieur cherche toujours à avoir le soutien de la droite sur ce texte.
17:24 Le projet de loi immigration qui prévoit des titres de séjour spécifiques pour les métiers en tension.
17:29 Banco dit sur France Info-Marx, le patron de l'UMI,
17:32 le principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration.
17:36 Une surprise, en provenance du Sénat, la Chambre, où la droite est majoritaire,
17:40 vote l'inscription de la liberté de recourir à l'IVG dans la Constitution.
17:45 L'Assemblée avait préféré la notion de droit.
17:48 Sénateurs et députés vont donc maintenant tenter de se mettre d'accord sur une même formulation.
17:53 [Musique]
17:55 France Info
17:57 Le 8/30 France Info, Saliha Brakia, Marc Fauvel.
18:01 Thierry Marx, on parlait tout à l'heure des prix de l'énergie,
18:04 s'ajoute aussi l'inflation des prix des matières premières, des produits alimentaires.
18:08 +20% pour l'huile, +18% pour les oeufs, le beurre.
18:11 Ça représente une augmentation de combien sur la facture des restaurateurs pour établir un menu ?
18:16 30%, le coût matières premières.
18:19 Il y a eu une augmentation des coûts des matières premières d'un peu plus de 30%,
18:22 beurre et tout ce que vous avez évoqué comme ingrédients.
18:25 Et ça, effectivement, ça pèse.
18:27 Alors, globalement, le restaurateur a guéri, sait gérer un peu ce coût matières premières,
18:32 repense un petit peu ses menus.
18:34 Mais sur l'huile, par exemple, ça a été une inflation forte.
18:37 Donc, à un moment donné, il faut augmenter le prix du menu.
18:41 De combien ils ont augmenté aujourd'hui ? Vous en avez une idée ?
18:43 Faiblement, parce qu'encore une fois, moi, je félicite toujours mes confrères de ça,
18:49 parce qu'ils gèrent au mieux.
18:50 Augmentez ces menus quand vous avez un restaurant très connu où tout va bien.
18:54 Mettez 5% d'augmentation, vous pouvez absorber le coût des matières premières.
18:59 Mais quand vous avez, et ce qui est le cas de beaucoup de nos entreprises à l'UMI,
19:03 des gens qui font des menus à 12, 14 euros,
19:05 qui font partie du patrimoine culinaire français...
19:08 Un euro de plus, c'est compliqué.
19:09 Un euro de plus, vous perdez le client.
19:11 Vous perdez le client et qui n'ira plus dans ces restaurants,
19:14 parce que le prix ne sera plus acceptable.
19:16 Donc, à un moment donné, il faut effectivement revenir.
19:18 Et puis, il faut chasser aussi du coût des matières premières le prix de la spéculation.
19:22 On a bien vu que sur l'huile de tournesol, l'huile d'arachide,
19:26 la guerre en Ukraine a eu bon dos, on a bloqué les prix, on a spéculé.
19:30 Et finalement, on s'est retrouvé avec des prix augmentés sans qu'on puisse rien faire.
19:35 Donc là, sur le coût des matières premières, qui pèse largement sur nos entreprises,
19:40 il faut y faire attention.
19:41 - Est-ce que les consommateurs changent aussi quelque chose
19:43 quand ils poussent la porte d'un restaurant aujourd'hui ?
19:45 Est-ce qu'ils achètent, est-ce qu'ils prennent moins de desserts, par exemple, ou moins de boissons ?
19:50 - Mais il y a un petit moment que c'est comme ça.
19:53 C'est-à-dire que les gens viennent au restaurant entrer plat ou plat-dessert,
19:56 notamment au quotidien.
19:57 Mais globalement, non, les gens se font plaisir au restaurant
20:01 et dépensent encore un petit peu d'argent au restaurant.
20:04 Et ça, on est très contents de ça, parce que ça veut dire que nos entreprises,
20:07 nos entreprises quand même, ont toujours cette attractivité
20:10 par rapport à une cuisine globalement qui s'industrialise de plus en plus.
20:14 - Est-ce que vous avez constaté quand même une baisse de la fréquentation ou pas ?
20:17 - Pour le moment, non.
20:19 Aujourd'hui, que ce soit sur la fréquentation du quotidien ou la fréquentation des touristes,
20:24 la France garde une attractivité forte.
20:26 - Sur l'autre branche de l'UMI, c'est-à-dire celle de l'hôtellerie,
20:28 est-ce que les touristes sont de retour, et notamment les touristes étrangers ?
20:32 - Les touristes sont de retour, les touristes étrangers sont de retour.
20:35 - Comme avant le Covid ?
20:36 - Je dirais presque un peu plus qu'avant le Covid.
20:39 On attend toujours la clientèle chinoise qui n'est pas encore là, ou pas vraiment là.
20:43 - Malgré la réouverture des frontières récentes.
20:46 - Exactement, et la dernière Fashion Week prouve bien que les touristes sont là
20:50 et qu'ils sont restés plus longtemps en France aussi.
20:52 Quand vous regardez les chiffres du tourisme américain,
20:54 on voit que le prix des billets d'avion est beaucoup plus cher
20:58 et que le touriste va rester plus longtemps dans notre pays.
21:02 - Vous avez déjà une visibilité sur l'été prochain ou pas encore ?
21:07 - Alors, tout est volatile et incertain, mais pour l'été prochain,
21:11 pour le printemps prochain, oui, les carnets de commandes se remplissent plutôt bien,
21:15 mais on n'est pas à l'abri de...
21:18 Vous avez vu, personne ne s'attendait à une guerre en Ukraine,
21:20 même si les spécialistes pouvaient s'y attendre.
21:22 On ne peut pas s'attendre à différents faits d'actualité
21:26 qui peuvent tout d'un coup faire craquer ces carnets de commandes.
21:29 - Il y a les aléas de l'actualité, et puis il y a aussi la concurrence sur le sol,
21:31 la concurrence d'Airbnb. Est-ce qu'elle est toujours aussi féroce ?
21:35 Ou alors, ça va vous arriver à la gérer ?
21:37 - Non, on n'arrive plus à la gérer.
21:39 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a un parc de locations
21:43 qui échappe complètement à l'État,
21:45 et qui ne sont pas taxés, qui est une concurrence déloyale,
21:49 mais totalement déloyale pour les gens dont c'est le métier de faire de l'hôtellerie.
21:53 Aujourd'hui, pour moi, Airbnb dépasse les bornes.
21:57 - Il faut davantage réguler ?
21:58 - Bien sûr, 120 jours.
22:00 D'abord, quand on parlait tout à l'heure, il y a quelques minutes,
22:03 du problème de logement, aujourd'hui, nulle part,
22:07 et notamment sur les zones touristiques, vous trouvez des choses à louer,
22:11 120 jours de Airbnb, vous n'avez plus de location pour vos saisonniers.
22:15 Et ça, ça devient un vrai problème, parce que c'est incontrôlable.
22:19 Aujourd'hui, il y a des choses qui se louent quasiment sous le manteau,
22:22 et sans protection d'ailleurs, avec les risques inhérents à cela,
22:27 et des risques sanitaires, mais aussi des risques de sûreté,
22:30 parce que vous ne savez pas quel est le parc de location.
22:33 C'est pour ça que ma profession, l'UMI, demande à la création
22:36 d'une sixième catégorie de logement, pour au moins qu'on ait un référencement
22:40 du parc des choses qui sont louées en parallèle de l'hôtellerie.
22:45 - On attend 7 millions de touristes en France pour les Jeux Olympiques 2024,
22:50 est-ce qu'il y aura de la place pour tout le monde ?
22:52 - Je crois qu'il y aura de la place, je suis assez convaincu qu'il y aura de la place pour tout le monde.
22:56 Je ne suis pas là non plus un spécialiste, mais par contre, sur les Jeux 2024,
23:01 on peut saluer toute l'équipe de Tony et Stanguet, parce qu'ils ont fait un vrai travail.
23:05 - Vous travaillez avec eux ? - Oui, j'ai travaillé sur Food Vision,
23:08 et quelle nourriture, quel produit, pendant ces Jeux, avec quel circuit court,
23:14 il y a un vrai travail à impact social et impact environnemental,
23:18 qui a été fait sur ces Jeux, sur la partie Food Vision.
23:21 - C'est pour les athlètes ou c'est pour les touristes ?
23:23 - Non, c'est pour les athlètes, pour les touristes, tous les gens qui vont être là, qui vont vivre les Jeux,
23:27 et je pense que le travail, je suis convaincu que le travail qui a été mis en place par l'équipe de Tony et Stanguet
23:32 est un travail de qualité.
23:34 - Les Parisiens, Thierry Marx, ne sont pas toujours réputés sur la planète pour leur franche politesse,
23:38 on va dire ça comme ça, est-ce qu'il faudra mettre un tout petit peu le paquet là-dessus,
23:42 dans l'accueil des touristes étrangers ?
23:45 - Je suis Parisien, j'ai un peu de mal à vous répondre.
23:47 - Je suis Parisien aussi et je vous pose la question.
23:49 C'est vrai que le Parisien peut manquer un petit peu de délicatesse par moment,
23:53 mais je pense qu'on sait aussi s'autodiscipliner et qu'on y arrivera.
23:58 On a une vraie fierté d'avoir les Jeux en France,
24:01 Paris est une ville attractive,
24:05 donc il faut faire en sorte que nous ne passions pas pour les blaireaux de service,
24:10 et je pense qu'on est tous capables de retrouver notre...
24:12 - Faisons un effort collectif là-dessus.
24:14 - Dans un effort collectif, retrouver notre sens de l'hospitalité,
24:18 pas simplement parisienne, mais à la française.
24:20 - Thierry Marx aujourd'hui est un jour particulier pour vous,
24:22 puisque vous allez ouvrir un nouveau restaurant à Paris,
24:25 il s'appelle Honor, un restaurant gastronomique,
24:27 mais qui a la particularité d'être engagé, c'est ce que dit le communiqué, ça veut dire quoi ?
24:32 - Engagé, c'est-à-dire qu'on est parti sur d'autres modèles économiques,
24:36 on est dans l'économie dite sociale,
24:37 donc on a investi notre argent et l'argent de mes collaborateurs aussi,
24:40 parce que tous mes collègues ont investi de l'argent dans ce restaurant,
24:44 donc diminution de l'impact carbone de l'assiette,
24:47 circuit extrêmement court, et on travaille avec tout le circuit bleu blanc cœur
24:50 au niveau des bons produits liés au monde agricole.
24:53 - Vous allez chercher les produits pas loin ?
24:55 - Alors un, pas loin, et deux, qu'ils soient capables de dire
24:59 on a défendu des sols de qualité pour avoir des herbages de qualité,
25:03 le bien-être animal, et définir ce que c'est qu'un bon produit.
25:06 Et ensuite, 10% de personnes en inclusion, pourquoi ?
25:09 Parce que nous avons créé 10 écoles d'insertion et d'inclusion,
25:13 qui fonctionnent très très bien,
25:14 et par moment, nos stagiaires ont besoin d'une montée en compétence
25:18 un peu plus pointue, et ce restaurant répondra.
25:22 Donc ça veut dire que c'est un restaurant dans une économie dans laquelle je crois,
25:25 pour moi je crois dans le monde de l'entreprise,
25:27 mais je crois dans la croissance en conscience.
25:29 Pas forcément dans la performance économique d'une entreprise,
25:33 mais que sa croissance puisse lui permettre de vivre
25:35 avec un impact social et un impact environnemental.
25:38 - Oui l'insertion c'est l'un des thèmes qu'on n'a pas eu le temps de développer avec vous,
25:40 c'est pourtant l'un de vos combats.
25:41 Merci beaucoup Thierry Marx.
25:42 - Merci à vous.
25:43 Merci à vous.
25:44 Au micro de France Info ce matin, merci.
25:45 Merci.

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