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Olga Kurylenko replonge dans une enfance traumatique dans "Other" : "Notre inconscient a tendance à oublier certaines choses qui font trop mal"
franceinfo
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03/07/2025
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 3 juillet 2025, l'actrice et mannequin Olga Kurylenko. Elle joue dans le film "Other" de David Moreau.
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00:00
Bonjour Olga Kirilenko, vous êtes actrice et mannequin franco-ukrainienne, vous avez obtenu la nationalité française en 2000 ans.
00:08
C'est à Paris, vous avez effectué vos premiers défilés de mode posant pour les plus grands photographes, les marques de luxe et les magazines
00:13
avant de suivre les cours florent dans la capitale française et ensuite à New York.
00:17
Vos premiers pas devant la caméra en tant qu'actrice pour le film Le Serpent d'Éric Barbier vous ont permis d'être remarquées
00:21
et d'obtenir d'ailleurs de nombreux rôles et notamment d'incarner en 2008 la James Bond Girl de la 22e aventure de James Bond Quantum of Solace
00:29
avec Daniel Craig. Vous aimez surprendre, vous essayez dans de nombreux registres avec une carrière également entamée à Hollywood.
00:36
Vous avez incarné l'un des rôles féminins principaux dans le film Cette psychopathe de Martin McDonough.
00:41
On vous a vu également dans À la merveille de Terrence Malick, Hitman de Xavier Jean.
00:46
Aujourd'hui vous êtes à l'affiche du film Other de David Moreau.
00:49
Vous êtes Alice, une jeune femme dont les traumatismes d'enfance remontent à la surface au décès de sa maman
00:53
qu'elle ne voyait plus d'ailleurs depuis des années.
00:55
C'est un thriller dans lequel un système vidéo devient finalement un peu un acteur principal
01:00
qui aide à résoudre une énigme très très glauque.
01:03
Ce film montre à quel point les traumatismes enfantins sont des blessures assassines.
01:07
Est-ce que vous y retrouvez là-dedans ?
01:08
Est-ce que vous comprenez justement à quel point on peut avoir vécu des blessures assassines ?
01:12
Oui, je comprends très bien parce que c'est un sujet qui m'intéresse.
01:16
De toute façon, quand j'étais petite, je voulais être docteur, puis psychiatre, puis juste thérapeute.
01:23
Donc je lisais un peu de tout, psychiatrie, psychologie, tout ça.
01:28
Donc je continue à lire sur ça.
01:31
Donc ça m'intéresse beaucoup, comment l'être humain est formé.
01:37
Et c'est sûr que quand on est enfant, c'est comme une installation de programme qu'on installe à l'ordinateur.
01:44
Tout est installé dans l'enfance.
01:46
Et après, c'est très difficile de les désinstaller, en fait.
01:50
Et des traumas d'enfance, je pense qu'on les a tous, mais différents.
01:56
Voilà, chacun, il y a des histoires plus horribles que d'autres.
02:00
Là, dans le cas de mon personnage, elle a vécu un traumatisme assez sévère, je trouve,
02:07
parce qu'elle vit avec une mère toxique qui l'oblige à être ce qu'elle n'est pas.
02:14
Et elle ne lui demande pas si elle a envie.
02:17
En fait, elle la contraint à ses...
02:20
Pulsions ?
02:22
Oui, ses envies personnelles.
02:23
Ses envies, oui, voilà.
02:24
Elle essaie de réussir à travers sa fille, d'avoir un succès ou d'être reconnue à travers sa fille.
02:30
Elle inflige la minceur, elle ne lui permet pas de manger.
02:36
Il y a toute cette psychose de beauté féminine.
02:40
Donc, elle est carrément traumatisée.
02:43
Et d'ailleurs, je pense que quand on vit ça, on a envie de...
02:48
Quand on grandit, on a envie de fuir ça, on a envie d'enterrer tout ça.
02:52
On ne veut plus y penser, y parler.
02:55
Et donc, cette femme-là, elle se fait une vie comme si rien n'était.
03:01
Sauf que quand la mère décède, elle est obligée de revenir.
03:05
Et il y a tout qui surgit, en fait.
03:06
Elle revit tous les traumatismes du passé.
03:12
Et en fait, je pense qu'il y a des choses...
03:14
Notre inconscient, elle a tendance à oublier aussi certaines choses qui font trop mal.
03:19
Et les choses qu'elle a oubliées, tout d'un coup, elle s'en rappelle.
03:22
Donc, il y a des choses qu'elle n'est même pas...
03:24
Elle n'est même plus au courant.
03:25
Enfin, consciemment.
03:27
Elle découvre des choses assez horribles.
03:29
Vous avez été mannequin, c'est comme ça que vous avez commencé, Olga ?
03:32
Justement, il y a une espèce de diktat du corps quand on est mannequin.
03:35
Il faut être mince, il ne faut pas prendre de poids, il ne faut pas avoir de bourrelet.
03:39
Il ne faut pas faire d'écart, finalement.
03:41
Vous comprenez ça ?
03:43
Tout à fait.
03:44
En tout cas, la violence qu'on peut infliger, même si a priori, vous ne l'avez pas vraiment vécu.
03:49
Oui, ça peut être très violent.
03:50
Mais après, ça dépend de nature.
03:52
Vous voyez, il y a des natures qui sont...
03:55
Il y a les gens qui sont, par exemple, minces, naturellement, parce que c'est dans les gènes.
03:59
Il y a vraiment ça, ça existe.
04:01
Après, on peut toujours faire du mal, même aux gènes.
04:03
En menant une façon de vie mauvaise, je suis persuadée qu'on ne tient pas le coup quand même.
04:11
Mais il y a quand même ce avec quoi on est nés.
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Et donc, c'est vrai que moi, j'avais de la chance.
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Je n'avais pas vraiment besoin de grand effort.
04:19
Par contre, il y a des gens qui...
04:21
Je connaissais, j'avais des amis qui n'étaient pas faites pour ça.
04:24
Et donc, ils s'infligeaient.
04:26
C'était contre leur nature.
04:27
Ça veut dire qu'elle, pour rester aussi mince, elle ne devait plus manger du tout.
04:30
C'était la faim totale.
04:32
J'avais des copines qui venaient chez moi, qui tombaient dans les pommes,
04:35
et qui me demandaient des pommes, parce qu'elles ne mangeaient que des pommes.
04:40
Il n'y avait rien d'autre, parce que les autres choses faisaient grossir.
04:43
Donc, elles ne se nourrissaient que des pommes.
04:46
Et c'est des choses très violentes.
04:49
Voilà, c'est vrai qu'il y avait de tout.
04:53
Donc, j'ai vécu ça.
04:57
Voilà, c'est très violent.
04:59
Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire du...
05:01
de monter sur scène, de devenir actrice aussi, surtout ?
05:04
Parce qu'il y a le mannequinat, a priori.
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C'était déjà un chemin vraiment tracé.
05:08
Olga, ça fonctionnait très, très bien pour vous.
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Et puis, il y a cette envie de suivre les cours fleurants,
05:12
à la fois à Paris et à New York aussi.
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Il y a cette envie de devenir actrice.
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Parce que j'aimais bien les films.
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J'allais au cinéma tout le temps.
05:24
Et c'est vrai que le plus que j'ai vu,
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j'avais envie de m'exprimer de certaines manières.
05:29
Mais aussi, quand j'étais petite,
05:30
je faisais partie du théâtre d'école.
05:34
Donc, c'est vrai que ça a commencé de là aussi.
05:38
Là, j'étais vraiment sur scène.
05:39
Mais bon, on était enfant.
05:41
Donc, c'était des choses...
05:43
Quoique, on a joué Chekhov à un moment.
05:44
Donc, ça a commencé de là.
05:47
Et j'aimais bien...
05:49
Je me rappelle que j'étais quelqu'un de...
05:51
En fait, le fait de commencer ces cours de théâtre
05:53
dans l'enfance, ça m'a changé en tant que personne.
05:56
Parce que j'étais quelqu'un de très timide.
05:58
Et j'étais même peut-être pas expressive.
06:01
Alors que de nature, je suis devenue trop expressive.
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Mais avant, j'étais tellement timide
06:06
que j'étais un petit peu presque statique, tétanisée.
06:10
Et le théâtre m'a permis d'être sur scène, par exemple,
06:15
en tant qu'enfant.
06:16
Ça m'a permis de faire violence à moi-même.
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Au départ, c'était ça.
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C'était une violence à moi.
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Parce que c'était contre moi.
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Mais j'ai compris que j'étais obligée de le faire.
06:26
Sinon, j'étais pas développée en tant qu'être humain.
06:31
Je me rappelle, j'étais petite, je me suis dit
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« Je suis trop timide.
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Il faut vraiment que je sors de là.
06:37
Comment je veux le faire ? »
06:38
Et j'ai décidé d'aller sur scène pour me faire violence.
06:41
C'était quelque chose de volontaire à l'époque.
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Mais c'est parti de là.
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L'art, c'est aussi une manière de s'exprimer,
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d'être une voix dans le monde.
06:51
Là, avec le conflit qui a lieu en Ukraine,
06:57
j'imagine que c'est d'autant plus important pour vous
06:59
d'être une voix qui s'élève, qui existe,
07:01
qui montre qu'il y a un espoir.
07:04
Vous savez, moi, je ne sais pas.
07:06
Ma voix, elle ne fait pas grand-chose.
07:07
De toute façon, je pense que n'importe quelle voix,
07:09
on a beau protester, personne n'écoute.
07:14
Non, mais il y a des jeunes filles qui veulent devenir Olga Kurylenko.
07:17
C'est fort quand même, ça.
07:19
C'est vrai.
07:19
Oui.
07:20
Ça me touche.
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Oui, je n'imagine pas ça.
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Parce que bon, il n'y a rien d'extraordinaire.
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Mais juste, ce que je peux dire, en tout cas,
07:31
c'est que tout ne m'est pas tombé du ciel.
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Moi, je vois les jeunes,
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si vous voulez devenir comme ça, il faut vraiment travailler.
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Je dis, ce n'est pas une blague.
07:45
Moi, vous voyez, je suis arrivée, j'avais 15 ans, j'avais 16 ans.
07:48
Mais moi, au lieu d'aller en boîte de nuit, quand il y avait mes collègues qui faisaient les fêtes,
07:54
moi, j'étudiais toute seule chez moi avec mon livre de français.
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Je faisais des exercices.
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Je lisais des livres, mais c'était conscient.
08:04
Je savais qu'il fallait que je le fasse parce que sinon, je voulais construire quelque chose à l'intérieur, pas qu'à l'extérieur.
08:12
Vous avez joué dans des Marvel, dans des blockbusters, dans James Bond, c'est le Graal quand même.
08:18
C'est le rêve de beaucoup de petites filles d'être la James Bond girl un jour dans sa vie.
08:23
À quoi vous rêvez aujourd'hui, Olga ?
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Je rêve des choses moins glamour.
08:29
C'est vrai qu'on me pose cette question souvent maintenant.
08:35
Je vais me répéter.
08:39
Puisque je suis une mère maintenant et j'ai un garçon de 9 ans,
08:44
je me suis rendue compte qu'il ne peut pas voir mes films parce que soit ça fait peur, soit c'est violent.
08:50
Et du coup, il m'a demandé, il m'a dit, est-ce que tu ne peux pas faire des films que je peux regarder, maman ?
08:56
Donc voilà, j'aimerais faire des films qui sont plus kid-friendly.
09:02
Donc peut-être, j'aimerais bien faire un film pour les enfants, un film de famille.
09:08
Je ne sais pas, jouer à faire un conte de deux fées.
09:11
Je peux faire, peut-être, je ne peux plus faire une princesse.
09:14
Peut-être, je n'ai pas l'âge, je ne sais pas.
09:15
Je peux faire une sorcière méchante.
09:20
Ou une vieille princesse.
09:23
Mais en tout cas, un truc comme ça, ce serait pas mal.
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