00:00Déjà les ingressions ça commence à devenir invivable, mais là encore pire, quand on s'attaque à la famille, on s'attaque à nous bien, ça commence à devenir dur.
00:07Voilà l'inquiétude d'un gardien de prison hier qui reste anonyme.
00:11Ces agents de la pénitentiaire ciblés jusqu'à leur domicile, des établissements attaqués parfois à l'arme de guerre depuis dimanche.
00:18Et un invité exceptionnel ce matin sur France Info, le procureur national antiterroriste Olivier Christen, bonjour.
00:23Bonjour.
00:23Vous prenez la parole pour la première fois depuis le début de cette affaire.
00:26Avant de parler de l'enquête, est-ce qu'il y a de nouveau cette nuit des agissements et quel est le bilan précis à ce stade ?
00:34Peut-être avant de commencer, juste pour avoir un mot quand même pour l'administration pénitentiaire, pour avoir une forte pensée pour les membres de cette administration,
00:43qui sont près de 45 000, leur famille, pour rappeler que nous sommes du même ministère, que ce sont nos partenaires quotidiens,
00:50et que nous savons qu'ils exercent un métier qui est particulièrement difficile et qui sont face à une épreuve aujourd'hui particulièrement lourde.
01:01Pour répondre à votre question plus précisément, nous avons eu trois nuits pendant lesquelles des faits se sont produits à l'encontre directement des personnels ou des biens de l'administration pénitentiaire.
01:14Et ce que nous avons relevé en tout aujourd'hui, ce sont douze faits. Deux faits contre des domiciles personnels d'agents de l'administration pénitentiaire,
01:22l'attaque qui a été conduite sur des véhicules dans les parkings de l'école nationale d'administration pénitentiaire,
01:28et puis neuf faits directement contre des établissements pénitentiaires, et également une fois contre un établissement de la protection judiciaire de la jeunesse.
01:36Rien cette nuit ?
01:37Et en tout, juste pour finir sur ce point-là, avec deux faits plus lourds qui ont été commis avec des armes à feu,
01:45à Toulon, avec une Kalachnikov, et puis contre la maison d'arrêt d'Exluine par ailleurs.
01:51Juste pour finir quand même sur ce bilan général, ce sont huit départements qui ont été touchés en tout,
01:56un tiers des faits ont été commis dans les Bouches-du-Rhône, un tiers dans la région Île-de-France,
02:01et donc le total c'est un bilan de 21 véhicules qui auraient été incendiés aujourd'hui,
02:06et une dizaine de véhicules dégradés, au-delà des faits commis avec des armes à feu.
02:15A notre connaissance, à cette heure-ci, il n'y a pas eu de faits commis cette nuit,
02:19de la même nature que ceux que je viens d'évoquer.
02:22Vous êtes procureur national antiterroriste, si votre parquet s'est saisi de cette affaire,
02:27est-ce que ça signifie qu'on est en présence de faits de terrorisme ?
02:31Alors nous nous sommes saisis parce que le terrorisme relève plusieurs qualifications possibles,
02:38dont celle que l'on appelle le terrorisme par intimidation,
02:41qui n'est pas défini précisément dans la loi,
02:45mais qui, selon les auteurs, correspond à une action d'une exceptionnelle gravité,
02:49qui a pour finalité de faire pression sur la population, sur les pouvoirs publics,
02:56pour qu'ils ne fassent ou ne fassent pas quelque chose.
02:59Donc on peut considérer, au vu des faits tels qu'ils apparaissent aujourd'hui,
03:04que c'est une qualification qui pourrait être retenue,
03:07et dans la mesure où nous avons été confrontés à une action concertée
03:12sur l'ensemble du territoire national,
03:14je viens de redire à peu près ce qui avait été fait pendant trois jours,
03:18sur un laps de temps relativement long,
03:19le fait de... on peut considérer aujourd'hui que nous sommes dans ce type de faits,
03:29ce qui nous a conduits à retenir à ce stade cette qualification,
03:32qui nous permet de coordonner les investigations sur tout le territoire.
03:35Ça vous donne des moyens ?
03:36Cela donne des moyens spécifiques,
03:39avec la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire,
03:41qui assure la coordination des investigations,
03:44qui sont conduites par l'ensemble des directions inter-régionales
03:49et départementales de la police nationale,
03:52pour s'assurer que tous les éléments utiles remontent,
03:56et d'avoir donc un seul point de pilotage des investigations.
03:59Nous verrons ensuite comment les choses évoluent,
04:01si c'est cette qualification qui doit être retenue,
04:03ou aller vers d'autres qualifications,
04:04comme l'on fait chaque fois que nous avons des enquêtes qui sont ouvertes.
04:07Alors les pistes, justement.
04:07Question de David Di Giacomo,
04:09chef du service police-justice de France Info.
04:10Tout simplement de savoir si vous pouvez nous confirmer ce matin
04:13que la piste du narco-banditisme est bien privilégiée,
04:17et si c'était le cas,
04:19est-ce que ce serait alors la première affaire de narco-terrorisme ?
04:24Je crois que ce qui est important de retenir à cette heure,
04:27c'est qu'il n'y a pas de piste qui soit privilégiée.
04:31L'objectif des investigations telles qu'elles sont conduites,
04:34c'est de réunir tous les éléments qui sont possibles,
04:38à la fois de sources humaines,
04:39d'exploitation des différents éléments qui ont pu être recueillis sur place.
04:43Il y a beaucoup d'expertises techniques qui sont faites aujourd'hui,
04:47dont nous aurons sans doute les premiers résultats,
04:49dans les heures, les jours qui viennent,
04:50notamment les retours d'expertise ADN,
04:52les retours en sombre d'écoute,
04:54qui peuvent être mis en place,
04:55de tous les éléments habituels qui nous permettent de collecter les preuves.
04:58Et à partir de cela,
05:00des pistes seront privilégiées.
05:03Mais au moment où nous nous parlons,
05:05ce serait une erreur, je pense,
05:07de fermer l'une ou l'autre des voies.
05:10Il y a évidemment,
05:11à mesure que les investigations avancent,
05:13des éléments qui commencent à remonter vers telle ou telle orientation.
05:16mais ce que nous devrons identifier à terme,
05:20ce seront quels sont les auteurs,
05:23quelles sont les personnes qui coordonnent les actions
05:26qui sont produites sur plusieurs points du territoire à tel ou tel moment,
05:30et puis enfin,
05:31qui seraient le ou les commanditaires de ces opérations.
05:35Est-ce que vous ciblez des profils en particulier ?
05:38Est-ce qu'il y a eu des arrestations ?
05:39Il n'y a pas eu d'arrestations au moment où nous nous parlons.
05:42Et encore une fois,
05:44il n'y a pas de ciblage spécifique de profil.
05:47Notre objectif est d'être le plus ouvert possible
05:49sur toutes les pistes
05:51qui peuvent être envisagées pour ce type d'actes.
05:54Que savez-vous du groupe
05:56Défense des droits des prisonniers français
05:58que l'on a vu se créer sur Telegram
06:01il y a quelques jours ?
06:04C'est un groupe qui, de façon très claire,
06:06n'existait pas jusqu'à il y a quelques jours.
06:08J'ai entendu ici ou là des personnes qui disaient
06:10que bien sûr, ils savaient ce que cela voulait dire.
06:13Ces personnes-là sont des experts du dimanche.
06:16C'est un groupe qui n'existait pas,
06:18qui a été créé sur Telegram il y a quelques jours,
06:20qui était totalement inconnu
06:22des différents services de renseignement.
06:25Donc nous en savons assez peu de choses.
06:27Mais cette émergence soudaine,
06:28ça oriente l'enquête vers une piste plutôt qu'une autre ?
06:31Non, parce que le fait que c'est un groupe
06:34qui a été créé sur Telegram,
06:36qui revendique ses actions
06:39avec les formes de tags
06:40que l'on trouve à la suite de celles-ci,
06:43et tout le monde peut se revendiquer
06:47d'un groupe ou d'un autre,
06:48quel qu'il soit fait.
06:49C'est quelque chose qui est très original.
06:50C'est pour ça que je vous disais tout à l'heure
06:51que ce serait une erreur
06:54de privilégier telle ou telle piste d'investigation.