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L’économie de la fonctionnalité a tout pour plaire. Moins d’objets, plus d’usages. Moins de déchets, plus d’intelligence. Moins de stock, plus de fluidité. Sur le papier, c’est parfait. Rationnel. Écologique. Évident. Mais voilà : ça ne fait pas rêver. Pourquoi ? Parce qu’au fond, ce modèle ne dit pas « mieux ». Il dit « moins ».
Moins de propriété. Moins d’accumulation. Moins de trucs à soi. Mais dans l’imaginaire collectif moins rime souvent avec manque et perte et renoncer à la propriété, c’est régresser. [...]

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Transcription
00:00L'économie de la fonctionnalité a tout pour plaire.
00:11Moins d'objets, plus d'usages, moins de déchets, plus d'intelligence, moins de stocks, plus de fluidité.
00:17Sur le papier, c'est absolument parfait, rationnel, écologique, évident.
00:21Mais voilà, ça ne fait pas rêver.
00:23Pourquoi ? Parce qu'au fond, ce modèle ne dit pas mieux, il dit moins.
00:28Moins de propriétés, moins d'accumulation, moins de trucs à soi.
00:33Dans l'imaginaire collectif, moins rime souvent avec manque et perte.
00:37Et renoncer à la propriété, c'est tout simplement régresser.
00:42Louer, partager, s'abonner sont des activités trop souvent interprétées comme une forme de précarité déguisée.
00:49C'est là que l'économie de la fonctionnalité échoue.
00:53Elle promet de la fluidité, mais elle évoque l'austérité.
00:56Elle vend une expérience, mais raconte en fait une restriction.
01:01Or, ce qu'elle propose n'est pas une privation, mais une libération.
01:07Libération de la surcharge mentale, de l'accumulation vaine, des objets qui nous possèdent plus que nous ne les possédons.
01:14Mais pour que ce récit prenne, il faut changer de paradigme.
01:17Car depuis le capitalisme industriel, nous avons appris à être ce que nous avons.
01:24Nos objets sont nos extensions, nos prothèses.
01:27Nous avons été formés depuis l'ère industrielle à penser que posséder, c'était être quelqu'un,
01:33comme si notre identité se réduisait à la somme de nos possessions.
01:36Dans cette perspective, ne pas posséder, c'est risquer d'être invisible socialement.
01:43C'est ce fonds culturel qu'il faut démonter.
01:46Car en vérité, la propriété est souvent un faux pouvoir, un piège logistique, un poids psychique,
01:53un enfermement dans l'entretien, la gestion, la réparation.
01:58Le vrai luxe aujourd'hui, c'est la légèreté.
02:00Et c'est là que l'économie de la fonctionnalité devient un art de vivre.
02:05Une manière de faire place, de se délester, de retrouver de l'agilité.
02:10Une esthétique du glissement, du flux et surtout de la réversibilité.
02:15Pas un monde sans objet, mais un monde où les objets s'effacent
02:19pour laisser place à l'usage, au confort sans friction, à la liberté d'accès.
02:25Ce modèle n'est pas simplement technique ou logistique, il est relationnel.
02:30Il transforme le rapport entre l'utilisateur et le fournisseur.
02:35La logique du one-shot laisse place à une dynamique relationnelle,
02:39une coopération continue nourrie par le soin mutuel et la réciprocité.
02:44On ne vend plus un objet, on engage une promesse dans le temps.
02:48Et cette promesse peut devenir source de fidélité, d'attachement et de confiance.
02:53Autrement dit, de désir.
02:55Car oui, le désir peut renaître dans la fonctionnalité.
02:58Non plus à travers la possession, mais à travers la qualité des liens,
03:04la beauté des usages, la grâce d'un monde fluide.
03:07Le vrai pouvoir n'est plus d'avoir, mais de ne pas être dépendant de ce qu'on a.
03:13Et c'est peut-être ça le vrai luxe de demain,
03:16comme si la liberté ne résidait plus dans l'appropriation perpétuelle,
03:20mais dans l'émancipation du désir de posséder.

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