“Better never means better for everyone. It always means worse for some.” Nous voulions juste un monde meilleur. Meilleur ne signifie jamais meilleur pour tout le monde. Cela signifie toujours pire pour certains. [...]
00:00« Better never means better for everyone, it always means worse for some. »
00:16« Nous voulions juste un monde meilleur. Meilleur ne signifie jamais meilleur pour tout le monde.
00:22Cela signifie toujours pire pour certains. »
00:29Vous connaissez évidemment la série.
00:33On croyait avoir avancé, que les droits conquis le resterait, que la servante écarlate était une dystopie, pas un manuel.
00:40Et pourtant, retour de bâton. Le backlash est là, feutré mais réel.
00:45L'avortement contesté, le jeunisme réaffirmé, la sexualisation précoce reconfigurée en liberté assumée.
00:52On prescrit à nouveau des rôles, on réconcilie les femmes avec la maternité, la douceur, le soin.
00:57On les inscrit dans une fiction rassurante, mais une fiction tout de même.
01:02Ailleurs, ce n'est pas un retour. C'est un blocage, une course jamais lancée, l'excision perdure, la prostitution de masse est tolérée.
01:09Le voile revient comme norme de pudeur et d'appartenance.
01:12Il ne s'agit pas d'un passé qui revient, mais d'un présent figé.
01:16Ce n'est pas un backlash dans ce cas-là, c'est un deadlock, un verrou, un arrêt, une modernité empêchée.
01:23Le corps des femmes n'est jamais neutre. Il est à cacher, le voile, à montrer, sexualisation, à moduler, jeunisme, à juger, body shaming, à célébrer, body positive.
01:33Toujours à cadrer, toujours à exposer. Même ce body positive obéit aux lois de l'affichage.
01:41On n'échappe pas à la mise en scène, montrer, prouver, expliquer. Le corps est toujours à disposition. Celui des femmes, bien sûr.
01:48Suzanne Falludy l'avait écrite dès 1991. Chaque avancée féministe appelle une contre-offensive.
01:55Et ce sont justement les sociétés les plus progressistes qui produisent les contre-modèles les plus sophistiqués parce qu'ils savent se déguiser en libération.
02:04Christine Delphi, Monique Boutig ont montré que le corps féminin n'est pas un espace intime, mais un territoire disputé, capturé, constamment réécrit.
02:14Il y a des patriarcats bruyants et d'autres plus feutrés. Mais la mainmise est universelle.
02:22Certains patriarcats suscitent cris et dénonciations, d'autres une étrange tolérance.
02:28Par peur de l'ethnocentrisme, par fatigue ou par simple renoncement, peu importe.
02:33Ce verrouillage du corps féminin, partout, porte un nom. Le body lock.
02:38C'est le fil rouge de notre modernité. Pas le retour du passé, pas l'échec du féminisme,
02:43mais sa mise à l'épreuve constante.
02:47Le corps des femmes n'a pas été libéré. Il a été transformé en enjeu narratif permanent.
02:54Et parfois, en écran de fumée, on ne libère pas, on le commente, on l'exploite, on le module, on le recycle.