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Et si notre réseau ne servait à rien ? On dit souvent que pour réussir professionnellement, il faut avoir un réseau solide et savoir entretenir des relations étroites. Pourtant, la recherche académique sur les réseaux sociaux révèle une réalité bien plus nuancée et souvent contre-intuitive. [...]

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Transcription
00:00Et si notre réseau ne servait à rien, nada ?
00:12On dit souvent que pour réussir professionnellement, il faut avoir un réseau solide
00:15et savoir entretenir des relations étroites.
00:20Pourtant, la recherche académique sur les réseaux sociaux révèle une réalité en fait bien plus nuancée
00:25et souvent contre-intuitive.
00:29Déjà en 1973, le sociologue américain Mark Granovetter bousculait notre approche du réseau
00:35avec sa théorie des liens faibles.
00:38Contrairement à ce que l'on peut penser, ce ne sont pas nos amis proches qui nous aident le plus à trouver un emploi,
00:45mais nos connaissances lointaines, c'est-à-dire ces personnes que l'on voit rarement ou occasionnellement.
00:51Les travaux de Granovetter révélaient à l'époque que 82% des opportunités professionnelles
00:58provenaient de ces liens dits faibles.
01:01Alors la raison, c'est parce que les liens faibles agissent comme des ponts entre des groupes sociaux distincts,
01:08donnant donc accès à des nouvelles informations et surtout à des opportunités inédites.
01:15Malgré l'influence notable de cette théorie en sociologie et management,
01:19elle est restée près de cinq ans sans validation causale.
01:22En fait, il faut attendre les années 2010 pour qu'une équipe de chercheurs d'Harvard, de Stanford et du MIT l'atteste,
01:30grâce à une large expérimentation menée sur LinkedIn pendant près de cinq ans,
01:35sur 20 millions d'utilisateurs.
01:38Ces résultats, publiés en 2022 dans la revue Science, sont venus confirmer la théorie de Granovetter.
01:45Ce sont bien les liens faibles qui augmentent la mobilité professionnelle, et ce, de façon significative.
01:53Tandis que les liens modérément faibles sont les plus bénéfiques en termes d'opportunités.
01:59Alors si les liens faibles sont si bénéfiques, pourquoi nous ne les cultivons pas davantage ?
02:06Une réponse surprenante à cette question a été récemment apportée par les travaux de deux chercheurs,
02:13Carnabucci et Quintan, publiés en 2023.
02:17Ces chercheurs montrent que nous avons une fâcheuse tendance à construire des réseaux qui nuisent à notre performance.
02:26Ils y distinguent dans ces travaux deux types ou deux styles cognitifs.
02:30Les adaptateurs, c'est-à-dire les collaborateurs qui excellent dans l'implémentation et l'exécution des idées.
02:39Et les innovateurs, qui sont ceux, ces collaborateurs, qui privilégient la création d'idées nouvelles
02:45et qui aiment remettre en question les méthodes existantes.
02:49Alors, paradoxalement, les adaptateurs performent mieux avec des réseaux riches en liens faibles.
02:56Pourquoi ? Parce que ces liens faibles leur apportent une diversité d'informations
03:00dont ils manquent.
03:01Mais ce type de collaborateurs, dans les faits, préfèrent les réseaux denses et familiers.
03:08À l'inverse, les innovateurs, qui ont besoin en fait de réseaux fermés
03:12pour convertir leurs idées créatives en innovations concrètes,
03:16eh bien, ces collaborateurs, innovateurs, cherchent constamment à créer de nouveaux ponts.
03:22Cette découverte nous confond à une réalité en fait un peu dérangeante.
03:26Pourquoi ? Parce qu'on se rend compte que nos préférences naturelles en matière de réseautage,
03:30de réseaux, sont souvent à l'opposé de ce qui optimiserait notre performance.
03:36Nous privilégions les interactions confortables et familières,
03:41au détriment de connexions potentiellement plus bénéfiques.
03:45Mais, il faut l'avouer, cognitivement exigeantes.
03:47Pour maximiser notre potentiel professionnel,
03:51en fait, il faudrait aller contre nos instincts sociaux naturels
03:55et cultiver des relations qui, précisément, nous mettent mal à l'aise.

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