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Subventions en baisse, équilibre fragile entre exigence artistique et accessibilité, multiplication des festivals menacés… Face à ces défis, la CCAS défend une culture engagée et populaire. Ses festivals mettent en lumière des œuvres qui interrogent nos choix de société, soutiennent la création indépendante et revendiquent un accès à la culture pour toutes et tous.

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Transcription
00:00L'invité de ce Smart Impact, c'est Claude Pomery, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes le président de la Caisse centrale des activités sociales des industries électriques et gazières.
00:15Déjà, double question, elle a été créée quand et puis surtout, quelles sont ses missions ?
00:19Alors la CCS, pour l'acronyme, a été créée en 1946 à l'occasion de la nationalisation d'EDF-GDF à l'époque,
00:28donc de l'électricité et du gaz.
00:31Elle a été créée dans le cadre du statut national des industries électriques et gazières,
00:34donc elle fait partie intégrante du contrat social des électriciens et gaziers.
00:39Et donc c'est l'organisme qui est chargé d'organiser les activités sociales pour les électriciens et galiers,
00:44avec plusieurs particularités.
00:46La première, c'est que aussi bien les salariés en activité que les retraités bénéficient des activités sociales.
00:51D'accord.
00:52Ça c'est assez unique en France, on est quelques-uns à faire ça.
00:55La deuxième, c'est qu'un modèle de gouvernance où la CCS est uniquement dirigée par des représentants syndicaux,
01:03par des mandatés syndicaux.
01:04D'accord.
01:06Et donc ça c'est une originalité.
01:09Une dimension importante.
01:10Avec donc activité sociale et culturelle, il y a une dimension culturelle.
01:13Dans les activités sociales, très vite, vacances, colo, culture, action sanitaire et sociale, santé, protection sociale.
01:27Donc voilà, on est sur toutes ces dimensions-là.
01:29La deuxième particularité…
01:30C'est un peu budget ?
01:32C'est 450 millions d'euros.
01:34Ah oui, c'est pas rien.
01:35Donc c'est un levier d'action qui est important.
01:38Je voudrais qu'on se concentre sur la culture parce que vous venez de signer une tribune
01:45qui d'ailleurs a été signée par des acteurs, des actrices, réalisateurs, etc.
01:49Sur la culture en danger.
01:51Pourquoi la culture vous semble en danger en France aujourd'hui ?
01:54Parce qu'elle est apparemment, comme souvent, la première victime des contraintes budgétaires,
02:00des restrictions budgétaires.
02:01C'est plus facile de couper dans la culture que de fermer une crèche, par exemple,
02:04parce que ça se voit moins et pour autant, la culture est un élément essentiel du développement
02:10humain, de la prise de conscience, de la découverte du monde et depuis toujours,
02:15donc depuis les années 50, à l'époque, la culture n'était pas aussi accessible,
02:19même si ça restait encore à démontrer.
02:24La CCS s'est engagée vers un accès à la culture, un accompagnement des acteurs de
02:28la culture tout le temps et partout.
02:31Par exemple, cet été, comme tous les ans depuis maintenant longtemps, on va organiser
02:36800 tournées culturelles dans nos villages vacances.
02:39On est un des plus gros organisateurs d'événements culturels, alors de petite taille, c'est
02:43parfois 50 personnes, 100 personnes, 200 personnes, en fonction des villages vacances.
02:46Et alors c'est quoi ?
02:47C'est des concerts, c'est du théâtre ?
02:49C'est du concert, c'est de la danse, c'est du théâtre, c'est des arts de rue,
02:52on a contre-courant que je vais en parler, on va en parler si c'est à Avignon.
02:57On a quelques événements nationaux comme ça, donc on porte des événements culturels
03:00dans nos villages vacances, on porte des événements culturels.
03:03Dans nos colonies de vacances, on tente de le porter dans les entreprises aussi, parce
03:08que je pense que l'entreprise a aussi un rôle à jouer de promotion et de favoriser l'accès
03:13à la culture.
03:13Donc l'idée, c'est vraiment de défendre la culture pour toutes, pour tous.
03:18Si on revient au constat de ce danger dont vous parlez, il y a quoi ? Il y a une baisse
03:23des subventions par exemple ?
03:24On l'a vu, il y a même des endroits, des régions qui ont coupé complètement les budgets
03:29de la culture, qui sont passées à zéro, des collectivités qui sont passées à zéro.
03:33Et donc quand on coupe les budgets, on sait comment la culture fonctionne, comment les
03:37théâtres publics fonctionnent, comment les associations fonctionnent, s'il n'y a plus
03:42les subventions, s'il n'y a plus les aides publiques, il n'y a plus, et je parle
03:45pas des intermittents du spectacle qui souffrent encore un peu plus parce qu'ils
03:48ont plus de quoi bosser, de l'artiste au technicien.
03:50Bien sûr.
03:51Et donc l'accès à la culture, ça c'est, voilà, encore une fois, dans ce monde,
03:56dans cette période de restriction budgétaire, la culture est une victime, d'où la tribune
04:00qu'on a lancée.
04:01Et il y a certains artistes, donc les artistes qui ont signé naturellement, c'est parce
04:05qu'ils nous connaissent.
04:06C'est notre réseau, construit depuis des décennies.
04:09Je pense à Corinne Mazéraud par exemple, qui a été marraine de Vision
04:12Sociale, notre festival parallèle à Cannes, elle a signé sans même, bien sûr, elle
04:18a lu la tribune, mais c'était la CCS, elle sait qui est la CCS, ce qu'on porte, les
04:22valeurs que l'on porte.
04:23Et donc voilà, il y a aussi, la CCS est connue et reconnue dans le monde culturel.
04:29Mais par exemple, dans ce constat général, il y a la baisse du budget du ministère
04:32de la Culture.
04:33Oui.
04:33Bon, ok, mais tous les ministères doivent faire des économies, donc c'est normal que
04:38le ministère de la Culture en fasse aussi.
04:39Alors ça, c'est une décision politique, la normalité dans ce domaine, c'est des choix
04:44politiques et des priorités que le politique doit se fixer, peut-être même la représentation
04:48nationale.
04:49La culture, elle est souvent sacrifiée, justement ?
04:51Oui, elle est sacrifiée, oui.
04:55Alors après, effectivement, en fonction des gouvernements, l'accès à la culture et
05:01l'approche de la culture n'est pas la même.
05:04Et nous, la CCS, on est fiers, non seulement de ne pas bouger nos budgets culturels, mais
05:08voire de les maintenir, de les amplifier, de les développer, de travailler encore un
05:14peu plus sur ces éléments-là.
05:15Alors justement, on va prendre deux exemples, peut-être les plus emblématiques.
05:20Vous organisez jusqu'au 18 juillet le festival Contre Courant qui se passe à Avignon.
05:25Déjà, le principe, c'est quoi ? Qu'est-ce qu'on va y voir ?
05:30Alors, c'est pendant le festival d'Avignon.
05:32Bien sûr.
05:33Ce n'est pas à Avignon, c'est sur l'île de la Barthelas, c'est un site qui appartient
05:36aux activités sociales, qui est tout proche.
05:39Et l'idée, c'est d'avoir, là aussi, permettre un accès à la culture pour les électriciens
05:46et gaziers, mais pas que, c'est ouvert à tout public.
05:48Il y a des arts de rue, il y a du théâtre, c'est quelque chose de plus intimiste, puisque
05:53pour ceux qui connaissent Avignon, c'est plutôt…
05:56Il y a sa vie, Avignon, par exemple, le festival.
05:58Il y a beaucoup de monde, beaucoup de spectacles.
06:00Donc, c'est plus intimiste, c'est ciblé, les artistes sont en proximité, on peut discuter
06:06avec eux, il y a un temps de débat avant, après.
06:09Mais quelle différence avec ce qu'on peut voir à Avignon ? Notamment au off, parce que
06:12le festival off d'Avignon, c'est vibrillonnant, il y a des centaines de spectacles qui sont
06:19proposés.
06:20Je pense que la principale différence, c'est la proximité et le côté intimiste
06:25de l'événement, c'est-à-dire qu'on souhaite qu'il y ait du monde, bien entendu, mais
06:29on n'est pas, parce que pour avoir fait Avignon, le off des spectacles, on peut avoir
06:33cinq, six par jour, de tout type, de toute…
06:36Moi, je l'ai fait aussi à la fin de la journée, on ne sait plus trop ce qu'on a
06:39vu au sixième.
06:39De la salle de 30 personnes à l'Anci, voilà.
06:42Là, on est sur quelque chose et on est sur… Je pense que la culture a besoin de ce
06:47que j'appelle la médiation culturelle, c'est-à-dire qu'on doit apprendre à aimer, on doit apprendre
06:52à découvrir et cette discussion, cette proximité permet d'avoir les échanges qui expliquent…
06:59On a des collègues qui viennent, qui voient et qui, naturellement, n'auraient pas été
07:02voir ce spectacle si on ne l'avait pas pris un peu par la manche pour dire « viens voir ».
07:05Alors, est-ce que ça veut dire que ce sont des spectacles qui n'arrivent pas, j'essaie
07:10de comprendre, qui n'arrivent pas à se financer par ailleurs et vous, vous leur permettez
07:15d'exister ? Est-ce que ça peut aller jusque-là ?
07:17Ah oui, oui, oui, bien sûr.
07:18On a un certain nombre d'artistes qui ont commencé avec nous, on fait des aides à la
07:24création, c'est-à-dire qu'on finance des aides à la création, l'artiste nous présente
07:28ou une troupe nous présente leurs projets, on peut les aider à financer, on fait des
07:32résidences d'artistes, c'est-à-dire qu'on héberge des artistes pour qu'ils puissent
07:35répéter, travailler, parce que quand ils n'ont pas de représentation, ils ne gagnent
07:40pas leur vie, les artistes, enfin vous savez comment ça marche, c'est mal, et donc, bien
07:44sûr, on aide, parce qu'on considère vraiment qu'aider la culture, c'est être acteur
07:51d'un monde meilleur, quoi.
07:52Oui, j'ai bien compris la logique, vous organisez aussi un peu le pendant au Festival de Cannes,
07:58c'est une sorte de festival parallèle qui s'appelle Vision Sociale.
08:01Vision Sociale, oui.
08:02Alors là aussi, c'est la même question, en quoi il est différent et évidemment
08:06complémentaire, parce qu'il y a cette idée-là du Festival de Cannes ?
08:09Alors on travaille sur une programmation, là aussi, j'insiste parce que c'est ouvert
08:14et c'est gratuit, et on travaille à des programmations très ciblées, on choisit
08:19une thématique, on choisit un parrain, une marraine, on a eu des parrains célèbres,
08:23des moins célèbres, Stagravas a été parrain, Corinne Mazeroux a été marraine une
08:27année, enfin voilà.
08:30Et donc on choisit une programmation qui vise, enfin qui font un cinéma différent,
08:35une autre vision du monde, vous ne verrez pas Mission Impossible, la vision sociale,
08:40mais il y a d'autres choses.
08:42Et là aussi…
08:43Oui, mais il y a déjà, enfin quand on prend la programmation, pardon de vous interrompre,
08:46mais la programmation du Festival de Cannes, c'est déjà un cinéma…
08:50Oui, mais c'est complémentaire.
08:51Assez élitiste, parfois engagé, donc…
08:53Ça ne se veut pas…
08:54Il n'y a pas les tuches ou Mission Impossible en compétition officielle à Cannes, quoi.
08:58Ça ne se veut pas un festival parallèle ou un contre-festival, c'est en complémentarité,
09:03pour connaître un peu le Festival de Cannes aussi, et tout ce qui se passe à Cannes,
09:06au-delà de ce qu'on voit à la télé, il y a plein de choses qui se passent à Cannes
09:09autour du cinéma pendant l'événement.
09:10C'est aussi un événement de business.
09:12Oui, bien sûr, mais nous on veut être complémentaires, on veut avoir une vision, apporter un angle différent
09:19et amener à réfléchir là aussi, avec des temps de débat avec les réalisateurs,
09:24des temps de débat avec les acteurs, les actrices, et c'est ça qui est riche.
09:29Je mets les pieds dans le plat, est-ce que la rentabilité c'est un gros mot quand on parle de culture ?
09:36Rentabilité, comme ça, dit comme ça, brutalement, oui.
09:39Pourquoi ?
09:40Par contre, rigueur budgétaire...
09:43En même temps, un spectacle rentable, il va être vu par le plus grand nombre, vous voyez ce que je veux dire ?
09:46Là, c'est ça, je suis bien placé pour en parler, je suis un syndicaliste,
09:49et en même temps, je prône la rigueur budgétaire et la maîtrise budgétaire.
09:54C'est-à-dire que ce n'est pas parce qu'on a une grande idée politique qu'il faut la financer dans une gabgie,
10:01et la culture c'est la même chose.
10:03La culture, elle a besoin de financement, elle a besoin de financement public,
10:05donc on a besoin que chaque sou serve au rayonnement de la culture.
10:13Mais je repose la question, un spectacle rentable, c'est un spectacle qui va durer et qui sera donc vu par le plus grand nombre,
10:19et ça rejoint l'objectif de la culture pour tous, non ?
10:21Oui, mais après la vraie question, c'est est-ce qu'on construit un spectacle pour qu'il soit rentable ?
10:26Et donc on aura la même démarche et la même approche du sujet, parce qu'il va falloir plaire au maximum de monde.
10:32C'est comme un artiste, quand il fait un tube, il ne sait pas qu'il fait un tube avant que ça devienne un tube.
10:35Donc un chanteur, oui.
10:37Et donc voilà, la rentabilité, ça ne me plaît pas trop quand on parle de culture, la rentabilité,
10:41mais bien évidemment, c'est préférable qu'un spectacle soit vu pour qu'on puisse, avec, financer un autre spectacle.
10:50Et voilà, c'est la machine.
10:52Parce que, et on va terminer là-dessus, il peut y avoir aussi une dérive dans une culture subventionnée de spectacles
10:59qui finalement sont tellement éditistes qu'ils ne parlent qu'un tout petit nombre de critiques.
11:06C'est là tout l'enjeu, du juste équilibre à trouver.
11:09Et parfois, effectivement, on a des financements publics qui permettent des créations,
11:15je vais le qualifier d'original, de très originales parfois.
11:19Moi, je les appelle perchés.
11:20J'ai vu des spectacles, des fois, il a fallu qu'on m'explique où on voulait en venir l'auteur.
11:24Et là, ce n'est pas de la culture.
11:25C'est plus excluant que rassembleur.
11:28C'est là qu'il faut trouver le bon équilibre.
11:30C'est-à-dire qu'il faut tester, il faut jauger, il faut présenter le truc.
11:34Est-ce que ça plaît, ça ne plaît pas.
11:35Il faut adapter.
11:37Et au fil des années, par exemple, sur Vision Sociale comme Contrecourant,
11:41on a adapté nos programmations, toujours en étant très exigeants sur ce qu'on voulait,
11:46mais en tentant de proposer des spectacles accessibles à tous.
11:49Merci beaucoup, Claude Pommery.
11:51A bientôt sur Bsmart4Change.
11:53Et bel été des festivals.
11:55On passe à notre débat.
11:57On va parler des directives européennes.
11:58Sous-titrage Société Radio-Canada.
11:59On va alleraku.
11:59On va aller

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