- 19/06/2025
Space Talk avec Nicolas Multan, directeur général d’Hemeria ; Vincent Dedieu, directeur général de Sodern et Romain Lucken, directeur général et co-fondateur d’Aldoria pour parler des enjeux de la défense spatial pour le secteur privé.
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00:00...
00:00Le président de la République devrait présenter sa nouvelle stratégie spatiale ce vendredi
00:09alors que Bercy a lancé en mars une mobilisation des acteurs publics et privés pour financer l'armement.
00:15La Défense spatiale tient une place de choix dans ce salon ici au Bourget, mais aussi dans les débats publics.
00:20Pour en parler avec nous aujourd'hui, nous avons Nicolas Multan, directeur général d'Emeria.
00:25Bonjour.
00:26Bonjour, Cecilia.
00:26Bienvenue dans Smart Space. A vos côtés, Romain Luquen, directeur général et cofondateur d'Aldoria. Bonjour.
00:32Bonjour.
00:33Bienvenue dans Smart Space. Et à ma gauche, Vincent Dedieu, directeur général de Soderne. Bonjour.
00:37Bonjour.
00:38Alors, vous avez tous les trois à faire avec les ministères des Armées. On va revenir au cours de cette émission sur les technologies que vous proposez.
00:46Évidemment, il faut accélérer sur les technologies de défense. C'est la conclusion de la plupart des États européens aujourd'hui.
00:53On constate à la fois lié à l'évolution évidemment des technologies en orbite, à l'accélération des conflits ici sur Terre. Est-ce que dans l'effet, cette urgence-là dont on parle beaucoup, elle est palpable dans votre secteur, dans le secteur de la défense spatiale ?
01:09Alors, oui, on voit bien qu'il y a des enjeux de plus en plus forts, des demandes supplémentaires, des nouvelles menaces et des nouveaux besoins auxquels il faut répondre.
01:20Après, ce qui est difficile, c'est que c'est des sujets en plus à développer, à financer.
01:24Et donc, toute la question dans laquelle on est confronté dans le secteur en ce moment, c'est comment financer ces développements de technologies, de futurs produits et comment accompagner, on va dire, les États qui sont en difficulté parfois pour financer tout ce qu'ils ont envie de faire.
01:40Et comment nous-mêmes, on peut contribuer à le financer. Alors, je pense qu'on a tous des leviers un peu différents pour y contribuer selon la nature de nos entreprises.
01:49Pour ce qui est de Sodern, nous, on réinvestit 10% de notre chiffre d'affaires dans des projets de R&D pour essayer d'anticiper les produits dont nos États ont besoin d'ici un ou deux ans.
02:01C'est ce que vous appelez l'autofinancement. On va revenir sur cette question de financement qui est cruciale.
02:06De votre côté, cette tension, cette mobilisation qu'on a pu voir, notamment le 20 mars, vous la sentez peut-être dans votre activité, dans vos carnets de commandes déjà ?
02:16Effectivement, on voit bien qu'il y a une volonté que le spatial occupe une position et une place plus importante.
02:26La militarisation de l'espace, c'est un vrai sujet. On est malgré tout confronté, et on le sait, à des difficultés budgétaires, comme le disait Vincent, et surtout de libération de budget et d'arbitrage.
02:37Donc, on est face à ça malgré tout. Les idées, on les a. C'est-à-dire que l'industrie est assez pushy, je dirais, sur les technologies qu'elle est capable de mettre en œuvre,
02:47parce qu'elle a compris effectivement ses intérêts et ses enjeux. Donc, il faut qu'on arrive à relier, je dirais, ses capacités à proposer des solutions innovantes.
02:58Et l'innovation, ce n'est pas que dans la technologie. Ça peut être dans les concepts opérationnels. Ça peut être dans la manière de vendre un sujet en format service et pas nécessairement en format infrastructure
03:07ou d'autres modes de fonctionnement. Et donc, oui, il faut qu'on arrive à relier tout ça. C'est probablement l'enjeu de 2025 pour qu'en 2026,
03:16on puisse vraiment déployer quelque chose de cohérent vis-à-vis des ambitions militaires.
03:21C'est quelque chose que vous ressentez aussi chez Aldoria ?
03:24Oui, tout à fait. Moi, j'aimerais d'abord insister sur le rôle central que joue l'espace dans les théâtres d'opérations actuels.
03:31On l'a vu avec l'Ukraine, les satellites ne sont pas seulement des actifs stratégiques, mais sont des objets qui servent les forces dans les opérations.
03:41Et ça, c'est quelque chose de relativement nouveau et qui devient central dans la manière de faire la guerre aujourd'hui.
03:48Dès lors, les satellites qui fournissent ces services pour les forces deviennent des cibles.
03:53Et donc, les moyens d'action dans l'espace deviennent stratégiques et deviennent partie intégrante du conflit.
04:01Et ce printemps, on a assisté à des démonstrations de force de plusieurs puissances spatiales
04:08qui vont au-delà de ce que l'Europe a été en capacité de démontrer ces dernières décennies.
04:15Pour illustrer mon propos, je voudrais simplement parler de la fin de la mission MEV1 de Nord-Trop Grumman.
04:21C'est une mission commerciale qui vise à étendre la durée de vie d'un satellite de télécommunication stationnaire.
04:25Le satellite client, le satellite Intelsat, a été relâché sur une orbite cimetière.
04:32Et le satellite serviceur de Nord-Trop Grumman est revenu sur l'orbite géostationnaire pour aller servir un autre satellite.
04:40Ce sont des capacités d'action et de mobilité dans l'espace qui sont essentielles aujourd'hui pour faire la guerre.
04:48Et l'Europe est un peu en retard de ce point de vue-là.
04:53On a publié le mois dernier un rapport sur les capacités chinoises qui se développent de manière extrêmement importante.
04:59Aujourd'hui, la Chine a des satellites qui viennent parcourir leur orbite géostationnaire en permanence
05:03pour pouvoir venir surveiller, évidemment, mais également agir, puisqu'ils l'ont démontré, dans l'espace si nécessaire.
05:10Donc, je pense que c'est vraiment ça le point de départ de la réflexion qu'on a aujourd'hui sur l'accélération du déploiement dans l'espace.
05:18Je crois que la menace géostationnaire avait été à peu près bien identifiée lors de la dernière stratégie de défense spatiale 2019, de mémoire.
05:28Et encore aujourd'hui, cette menace-là, on l'avait anticipée.
05:31Ça avait conduit à faire des programmes comme le programme Ioda, avec un satellite qui est fait par Emmeria.
05:36Donc, on est en train de répondre à cette analyse de la menace.
05:39Mais en plus, la menace, elle évolue.
05:41C'est-à-dire qu'elle est non seulement géostationnaire, mais de plus en plus, on entend en orbite basse des capacités de manœuvre.
05:47Et c'est des choses qui semblaient vraiment ésotériques il y a cinq ans et qui, aujourd'hui, deviennent réelles
05:53et qui nécessitent toujours de s'adapter sur les réponses pour surveiller et pour contrer ces nouvelles menaces-là.
05:59Et ça, il a fallu ces conflits récents pour se rendre compte qu'on manquait, en fait, de technologie en Europe.
06:08Ou on savait déjà qu'on arrivait sur une échéance quand même où il allait falloir se réinventer ?
06:13Je dirais que ce n'est pas forcément un manque de technologie, c'est un manque de moyens opérationnels.
06:17Et ça rejoint la question des investissements.
06:20Je voudrais rebondir sur ce que disait Nicolas tout à l'heure.
06:23Le modèle des services est extrêmement intéressant pour servir de levier, finalement.
06:26C'est-à-dire que si le ministère ou un partenaire industriel est capable de s'engager sur le service
06:33sur un an ou sur plusieurs années, ça permet à des entreprises comme Aldoria ou d'autres
06:38de réaliser les investissements, de mobiliser les actionnaires pour pouvoir déployer cette capacité
06:43qui, ensuite, va être rentabilisée sur la durée, sans que le ministère ait réalisé l'investissement pour démarrer le programme.
06:50Oui. Et finalement, on a ce besoin souverain de s'équiper pour se défendre, voire attaquer,
06:59sachant qu'on parle de l'orbite gestionnaire, on parle de l'orbite basse, mais du sol aussi.
07:03Depuis le sol, on attaque les satellites. Les satellites peuvent effectivement avoir des effets sur le sol aussi.
07:07Donc, il y a un besoin souverain, mais il y a un besoin européen.
07:11Et comment on arrive à intégrer, je dirais, une démarche souveraine qui est absolument nécessaire,
07:17tout en s'ouvrant, en consolidant, je dirais, une Europe de la défense, qui est aussi un enjeu.
07:24Parce qu'évidemment, on ne peut pas imaginer avancer sans avoir conscience de cet enjeu européen.
07:31Donc, on parle de quoi ? On parle d'interopérabilité ?
07:34C'est un enjeu de savoir si une infrastructure spatiale de défense est représentée par, on va dire,
07:41cinq technologies ou cinq outils complémentaires.
07:47Est-ce que chaque pays en fait un ou est-ce que chaque pays fait un peu de chaque et fait de l'interopérabilité ?
07:53C'est une vraie question. Ça, c'est un choix.
07:54Alors, si je peux me permettre, c'est un sujet, cette interopérabilité, mais aussi de répartir les tâches en Europe avec l'Europe spatiale.
08:04C'est un sujet qui est peut-être un peu touchy.
08:06C'est-à-dire que, est-ce que ce n'est pas aussi ce qui est pointé du doigt quand on parle de lenteur de l'Europe spatiale ?
08:12Vincent.
08:14Vous vous passez la balle judicieusement ?
08:17Alors, moi, je suis... Aujourd'hui, on n'a pas les moyens en France de financer une souveraineté sur tous les sujets.
08:25On peut partir de là. De toute façon, on est incapable de le faire.
08:29Donc, on a plutôt envie de s'associer avec les pays les plus proches politiquement, culturellement, qui sont les pays européens.
08:35Donc, on devrait tous être tentés d'aller vers ça.
08:37La difficulté, c'est que chaque pays, et c'est légitime, veut avoir sa propre autonomie, sa propre industrie qui travaille pour lui.
08:44Et c'est là où on a le risque de rentrer dans la compétition à tout crin.
08:50Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, le marché européen, le niveau de compétition est démesuré par rapport à la taille du marché.
08:58On parle de fragmentation de l'industrie au niveau européen.
09:02Et donc, chaque pays qui essaie de défendre son industrie locale contribue à des compétitions, des lenteurs, des inefficacités au niveau européen.
09:10Bon, je crois qu'il faut accepter qu'il puisse y avoir des compétitions.
09:13Des fois, ça peut permettre d'accélérer, mais il ne faut pas qu'elles soient démesurées.
09:18Il faut qu'on puisse trouver aussi, d'un point de vue industriel, des modèles économiques qui fonctionnent.
09:23Et si à chaque projet, à chaque compétition, c'est un industriel qui se saigne pour absolument gagner le contrat,
09:31la possibilité à la fin de faire des marges et de rentabiliser les investissements est faible.
09:35Et si vous n'avez pas la prévision de rentabiliser vos investissements, ça réduit les investissements.
09:40Et donc, non seulement les pays investissent, ont du mal à investir, mais en plus, les industriels ont du mal à investir.
09:46Donc, il faut qu'on trouve une solution pour organiser l'industrie.
09:50Et c'est aussi la responsabilité de l'industrie de travailler, de se coordonner, à s'associer, à faire des partenariats.
09:56On voit beaucoup de rapprochements entre opérateurs de satellites en ce moment.
10:00Au niveau industriel, on entend parler d'un certain nombre de projets aussi.
10:05C'est comment est-ce que l'industrie s'organise pour aider les États à mieux coordonner leurs investissements.
10:12Quand le ministre de l'économie et le ministre des Armées annoncent 1,7 milliard pour relancer l'armement
10:20et fait appel aux acteurs privés pour se mobiliser, qu'est-ce que ça vous évoque ?
10:24Ça évoque le fait... Alors, on a une LPM qui est globalement en croissance.
10:31On entend ce genre de discours qui est très volontariste sur les efforts de défense.
10:38Après, aujourd'hui, on ne voit pas forcément... On a beaucoup de propositions en cours qui ont du mal à déboucher.
10:45D'accord. De la part de l'État ?
10:46Oui, oui. Après, ça peut être via des industriels ou via l'État directement.
10:50Donc, nous, on a ces difficultés-là depuis plusieurs mois.
10:53Malgré tout, il faut aussi qu'on réfléchisse à comment accompagner le nouveau modèle,
10:59le nouvel équilibre qui est attendu par le ministère des Armées,
11:01qui attend des industriels de plus investir et en croyant sur les effets de la LPM à moyen terme.
11:09Donc, on est un peu là-dessus. Après, pour investir, il faut avoir de la marge à réinvestir.
11:14Donc, c'est comment on amorce la pompe. Ça, c'est un vrai sujet.
11:18Alors, c'est un modèle intéressant qu'évoque Vincent parce que dans un modèle où on doit co-investir,
11:24on co-investit, mais ça veut dire qu'on choisit aussi un peu le produit qu'on développe.
11:28Et donc, ça veut dire que le ministère des Armées doit être aussi enclin d'acheter ce qui existe un peu sur étagère
11:35ou en tout cas ce que l'industrie propose, puisque si elle doit co-investir,
11:38ça veut dire qu'elle a basé son co-investissement sur un business plan qui ne tient pas comme ministère des Armées.
11:43Et donc, la solution, il faut aussi prendre un peu ce qui existe et changer ce modèle de spécification
11:51qui est, on le connaît, extrêmement gourmand en ressources, en énergie, en coûts.
11:58Et donc, de changer un peu, de breaker un peu ce modèle pour aller vers ce que l'industrie propose.
12:03Et ça, c'est un modèle qui doit...
12:05Je crois que le spatial a un peu plus l'expérience de ses co-financements que la défense.
12:11Dans le spatial, ça fait longtemps qu'on développe des produits avec des co-financements
12:16et où on met nous-mêmes une bonne partie de l'investissement.
12:19Et finalement, c'est un peu cette approche-là qui aujourd'hui, on sent qu'elle est attendue côté ministère des Armées,
12:24c'est d'avoir cette approche de co-investissement où on prendrait nous-mêmes une partie des risques
12:29en cherchant un marché qui est plus large que le marché purement français.
12:33Mais pour ça, il faut avoir les reins solides.
12:35Ça veut dire que vous l'avez dit, vous êtes des acteurs aussi historiques
12:37qui avons l'habitude de ces systèmes de financement.
12:40Est-ce que de votre côté, par exemple, Lorraine Nuken avec Aldoria,
12:42c'est des systèmes de financement qui vous paraissent viables ?
12:46Effectivement, il y a un changement de paradigme d'une logique de programme vers une logique de produit.
12:50Et je pense que d'un point de vue industriel, c'est extrêmement important d'avoir du produit
12:53parce qu'on contrôle la marge.
12:54Sur un programme, globalement, c'est des costs plus, c'est une marge qui est contrôlée par le client.
13:01Et ça, ce n'est pas bon pour les actionnaires, quelque part.
13:04Donc cette logique de produit, elle est plus vertueuse d'un point de vue économique
13:08et elle permet d'une part porter une vision et donc embarquer tout un écosystème du financement
13:15qui passe des subventions publiques jusqu'à des fonds privés de ventures
13:20qui peuvent entrer au capital de la société.
13:22Et ensuite, délivrer un produit qui, effectivement, répond aux besoins du ministère des Armées.
13:28Peut-être pas à 100%, peut-être à 80%, mais qui va aussi correspondre aux besoins d'autres pays européens,
13:35de la Commission européenne et sur un segment du marché commercial.
13:39Voilà, donc c'est vraiment, je pense, cette équation que des acteurs émergents comme nous cherchent à trouver.
13:46Et c'est aussi là où on converge avec des acteurs comme Emeria et comme Ariane Group et Soderme.
13:54Alors il faut qu'on s'accroche parce qu'on a de nouveau une démonstration aérienne.
13:58On est au Bourget, vous le savez, dans 55e édition du Salon international de l'aéronautique et de l'espace.
14:04Donc on a évidemment des engins.
14:07Mais pour rebondir sur ce que vous disiez et peut-être sur ce que vous disiez aussi tout à l'heure,
14:11est-ce que, à quel point on peut se projeter sur ces carnets de commandes, par exemple, du ministère des Armées,
14:18qui vont être quand même cruciaux ?
14:21Changer les paradigmes, aller plutôt vers le produit que vers une commande, ça paraît crucial.
14:27Mais est-ce qu'on a assez de demandes dans l'avenir ?
14:30Vous parliez du rôle essentiel de l'espace.
14:32Est-ce que l'espace va arriver à se rendre indispensable de cette façon-là ?
14:38Moi, je pense que la meilleure manière de servir l'État, c'est que l'État soit un client parmi d'autres.
14:44C'est-à-dire qu'on ne peut pas avoir une thèse d'investissement qui ne soit soutenue,
14:49à part la dissuasion, évidemment, qui est un monde dans le monde.
14:52Mais si on quitte celui-ci, on le voit bien, le ministère des Armées adresse l'espace de plus en plus
15:00comme étant, je ne veux pas être le seul client de la technologie,
15:03je ne veux même pas forcément détenir l'objet, je préfère à la limite acheter le service associé.
15:11Et donc, je dirais, ça change un petit peu la logique économique que pouvaient avoir les entreprises du spatial
15:19il y a encore 15 ou 20 ans, dans lequel nous étions tous, donc il n'y a pas de jugement de valeur.
15:24Mais on ne peut plus être dépendant du ministère des Armées ou même des institutions françaises en général.
15:31Ça nous oblige à faire des technologies qui s'exportent et de trouver un bon compromis
15:37entre les besoins de l'État français et les besoins à l'étranger.
15:39Ce qui n'est pas plus mal actuellement, puisque ça peut laisser imaginer qu'on ait la promotion Space Force Approved,
15:49c'est-à-dire utilisée par les forces françaises.
15:51Cette notion de label, qui porterait les investissements et se vendre à l'étranger.
15:55Pour ouvrir les marchés.
15:57L'espace au cœur des problématiques de défense.
16:00Vous travaillez sur ces dualités, c'est-à-dire que vous ne faites pas chez ce dernier que des produits dédiés à l'espace.
16:10Oui, alors on est effectivement très inspiré du modèle dual.
16:14On fait des viseurs d'étoiles qui aident les satellites à s'orienter dans l'espace.
16:17C'est des petites caméras.
16:19C'est une technologie profondément duale parce qu'elle équipe aussi le M51.
16:22Donc la dissuasion dont on parlait Nicolas tout à l'heure, c'est effectivement des projets avec des compétences très spécifiques
16:29qu'on ne vendra jamais ailleurs et qui nécessitent quand même un certain nombre de financements pour un client
16:35qui est le seul client, qui est le ministère des armées.
16:37Donc il y a ce modèle-là sur la dissuasion, sans doute sur, on peut penser au porte-avions
16:42ou sur des objets qu'on a du mal à exporter en tant que tels.
16:45Il y aura besoin d'avoir ces grands programmes tirés par la DGA, comme elle sait très bien le faire.
16:50Sur le sujet des équipements, après, c'est là où il y a un équilibre à trouver entre des cofinancements,
16:57inciter les industriels à financer des produits.
16:59Aujourd'hui, le viseur d'étoiles, avec la R&D qu'on a mis, nous,
17:04en addition de ce que le ministère des armées nous a aussi confié dans le cadre d'un programme d'études amants,
17:10on arrive aujourd'hui à démontrer des viseurs d'étoiles.
17:13C'est une présentation qu'on fait au Bourget, qui voit les étoiles deux jours
17:16et qui permet de faire de la navigation sur Terre, pas dans l'espace.
17:21Grâce aux étoiles, de jour comme de nuit, et donc de naviguer sans GPS.
17:24Qui est un autre besoin des armées,
17:27et où on va retrouver un modèle dual autour d'une même technologie,
17:32grâce au financement de l'État et au financement privé qu'on vient rajouter sur les financements de l'État.
17:37Et on a aujourd'hui un produit qu'on commercialise,
17:40et qui un jour sera peut-être vendu directement à l'État,
17:43s'il l'achète via les maîtres d'œuvre français ou étrangers qu'on connaît bien.
17:47On comprend bien le rôle des technologies,
17:49c'est important qu'on fasse aussi un tour de table pour comprendre ce que vous proposez,
17:52quel rôle ça peut jouer, vous parliez d'un rôle crucial.
17:55Comment les technologies d'Eldoria peuvent jouer un rôle aujourd'hui dans la défense spatiale ?
17:59Nous, chez Eldoria, on propose des solutions de surveillance de l'espace
18:02et de sécurité des opérations spatiales,
18:05qui sont un vecteur d'autonomie d'appréciation.
18:10C'est-à-dire que si on n'est pas capable de savoir ce qui se passe dans l'espace,
18:14à quoi bon agir dans l'espace ?
18:17Il vaut mieux s'appuyer sur les armes des alliés
18:22si au moins on maîtrise l'information et on est capable d'actionner une opération
18:29en maîtrisant vraiment toute la chaîne qui a permis de produire l'information.
18:33Donc voilà, nous on propose une solution de surveillance
18:36qui va de l'orbite basse jusqu'à l'orbite géostationnaire,
18:39qui permet de la veille, c'est-à-dire détecter des objets inconnus,
18:42détecter des débris.
18:43Donc il y a évidemment la dualité qui est au cœur de notre modèle
18:46et jusqu'à l'orbite géostationnaire avec les gros satellites
18:51en passant par les orbites des satellites GNSS.
18:55Donc on a déployé un réseau de capteurs sur cinq continents.
18:59On a aujourd'hui 19 télescopes opérationnels.
19:01On en aura un peu moins de 25 à la fin de l'année.
19:04Donc c'est un réseau qui commence à être relativement dense
19:07et qui est une capacité unique dans sa diversité et dans la qualité du service.
19:13Aujourd'hui, on est reconnu par l'Union européenne.
19:15On est un des principaux fournisseurs de données de surveillance de l'Union européenne.
19:18On parlait tout à l'heure de capacité commune
19:20et d'échelon européen versus national.
19:23Nous, on a vraiment réussi à construire avec l'Union européenne
19:27et avec les principaux États membres, un modèle où il y a un service de données commun
19:34qui bénéficie à l'ensemble des États membres
19:38sur lequel les pays peuvent développer des capacités supplémentaires,
19:43avoir des informations encore plus précises, encore plus fines
19:46de par leurs investissements nationaux ou en s'appuyant sur des partenaires communs.
19:50Ça fait partie de la stratégie de la Commission européenne
19:52de créer cette espèce de base de données, ce partage d'informations
19:57pour optimiser la défense spatiale au niveau européen.
20:02Chez Emmeria, vous pouvez nous dire un mot de vos technologies
20:04et du rôle qu'elles peuvent prendre pour qu'on prenne la mesure dans la défense spatiale ?
20:08Bien sûr. Je ne vais pas vous donner tout le panorama de ce qu'on fait
20:11parce qu'on est assez multi-domaines.
20:16En revanche, si je vous zoome sur les actualités du moment sur le spatial de défense,
20:22on est dans l'action dans l'espace, on est dans la surveillance de l'espace.
20:26La surveillance de l'espace, on a une technologie qui est complémentaire
20:29de celle de Romain, qui est une technologie radar, le radar grave.
20:33On a fait l'acquisition d'une entreprise il y a quelques mois maintenant,
20:38qui utilise effectivement le signal grave souverain
20:41pour la création d'un catalogue d'objets en orbite basse civile.
20:46Ce catalogue, on peut le promouvoir et le vendre à l'international.
20:50Ça, c'est le premier élément.
20:51Et c'est encore une fois tout à fait complémentaire des activités optiques de Romain.
20:56On a l'action dans l'espace.
20:57L'action dans l'espace, c'est des satellites en orbite géostationnaire ou en orbite Léo
21:02qui sont soit munis de capteurs de surveillance de l'espace,
21:07soit munis d'effecteurs.
21:10L'effecteur, c'est pour avoir un effet sur le satellite en face de nature
21:14à le brouiller, l'aveugler.
21:19On n'en est pas encore à ce stade à l'abîmer,
21:22parce qu'on va y aller crescendo.
21:25Mais en tout cas, c'est ça qu'on propose comme solution.
21:27Et on a aussi des technologies SOL basées sur nos tourelles
21:29qui nous permettent effectivement de jouer un rôle dans la surveillance de l'espace
21:33avec des moyens optiques très poussés.
21:39Donc on a cette capacité de voir les objets sur l'orbite basse
21:43et donc d'en définir la forme et donc d'en définir la mission.
21:47Et puis capacité à embarquer un laser, pareil, de neutralisation des satellites.
21:54Donc on a tout un portefeuille.
21:56Et je terminerai par la THA, la très haute altitude.
21:59Il y aura des annonces dans la semaine
22:01qui effectivement seront importantes,
22:05qui permettront de montrer que la THA est devenue
22:08un des éléments jugés absolument clés
22:12par l'armée de l'air et de l'espace
22:15comme étant un nouveau théâtre en complément du spatial.
22:19Encore un autre.
22:20À quel point on parle de théâtre des opérations ?
22:24À quel point l'espace dans les prochaines années
22:26va être un théâtre crucial des opérations ?
22:31Alors l'objet de ma question, c'est plutôt de me demander
22:34est-ce qu'on a aussi intérêt à décloisonner un tout petit peu
22:39les produits de la défense spatiale
22:42du reste des activités pour sécuriser vos activités ?
22:47Alors je ne sais pas si je peux répondre à toute la question,
22:49mais aujourd'hui le spatial est vraiment au cœur des opérations.
22:52Je crois que les derniers exercices militaires qui ont été faits
22:55ont montré toute l'interconnexion de l'infrastructure spatiale
23:01et des systèmes au sol ou dans les airs, des systèmes d'armes.
23:04Tout ça est très interconnecté, que ce soit la localisation,
23:07l'observation de la Terre, le renseignement, les télécoms, etc.
23:11Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui le spatial, on l'a dit au début,
23:14est menacé comme jamais il n'a été.
23:16Il y a la cible d'un certain nombre de menaces physiques, de brouillage.
23:21Et aujourd'hui, quand on est sur un théâtre comme le théâtre en Ukraine,
23:25il n'y a plus de GPS, les communications sont compliquées,
23:28tout est brouillé, le niveau de brouillage est extrêmement intense.
23:31Et donc il faudra quand même faire attention à ce que le spatial
23:34qui apporte des solutions un peu magiques,
23:37position GPS ou Galiléo,
23:39au mètre près toutes les secondes avec une précision incroyable,
23:42on est très habitué à ce qu'elle soit disponible.
23:46Mais quand elle ne l'est plus, il faut qu'on soit quand même résilient.
23:49C'est pour ça que nous, on essaie de travailler sur ces solutions d'équipement embarquées
23:54qui soient autonomes et non dépendantes des satellites.
23:58Alors, ce n'est pas la même performance.
24:01C'est forcément un retour un peu en arrière sur la perfo.
24:04C'est un équipement en plus à rajouter sur les avions, sur les véhicules, sur les bateaux.
24:10Mais c'est un moyen d'être résilient le jour où le spatial n'est plus disponible.
24:16Ce qui, dans les scénarios, est quelque chose de plus en plus crédible, malheureusement, à l'avenir.
24:21Dernier tour de table avant de terminer.
24:24Le président de la République, je le disais en introduction,
24:26doit partager sa stratégie spatiale.
24:30Qu'est-ce que vous en attendez tous les trois ?
24:32On peut commencer avec vous, Romain Luquen.
24:36Oui, je pense que la sécurité et la résilience de l'espace,
24:39c'est un axe qui doit être central pour cette nouvelle stratégie spatiale.
24:44Donc, moi, j'espère que ce sera pris en compte.
24:49Et je pense que les services du haut,
24:50qu'il y ait une vraie réflexion autour des services du haut
24:53et pas seulement de l'achat patrimonial.
24:55Je pense que c'est une évolution importante
24:57qu'il est nécessaire maintenant d'ancrer dans les esprits
25:00et dans la stratégie nationale.
25:02Et puis, peut-être enfin, puisqu'on est dans un contexte budgétaire un peu contraint
25:06et que c'est un petit peu le contexte de l'émission,
25:09peut-être quelques choix forts
25:11qui permettront de tracer des priorités
25:14et de faire aboutir des objectifs capacitaires qu'on se fixe ensemble.
25:19Un choix fort, Nicolas, ce serait quoi ?
25:21Un choix fort de cette stratégie spatiale française qui est attendue
25:26serait effectivement d'avoir un mix subtil et intelligent
25:31entre des besoins nationaux et donc savoir nourrir ses besoins souverains
25:36tout en sachant faire vivre ses enjeux, ses objectifs
25:44avec la volonté de défendre une Europe de la défense.
25:48Je pense que c'est hyper important.
25:49Et aussi l'orienter business en reste des entreprises.
25:53Et donc, cette stratégie doit permettre aux industriels français d'exister
25:59sur la scène internationale et de passer un cap
26:03qui fait qu'on est meilleur que les autres
26:06et qu'on sache vraiment s'exporter.
26:08Mais comme le dit très bien Romain,
26:12choisir, c'est renoncer.
26:14Donc à un moment donné,
26:16on a, je pense, les dernières années avec France 2030
26:18et d'autres sujets,
26:20essaimé de manière très volontaire.
26:22Et c'était aussi une capacité à challenger l'écosystème.
26:29Je pense que maintenant, il faut revenir à quelque chose d'assez rationnel
26:32et forcer les sociétés à choisir
26:35et peut-être en partie à se réunir.
26:38C'est un sujet brûlant.
26:40Vous voulez conclure sur ce sujet, Vincent ?
26:41Oui, alors moi, je suis complètement d'accord.
26:43Un industriel, quand il n'a plus la capacité de financer tout ce qu'il veut faire,
26:47il fait des choix.
26:47Il arrête des choses.
26:49Et il dit, je vais me focaliser sur ce sujet
26:51sur lequel je suis un peu meilleur que les autres,
26:54sur lequel il y a un marché, il y a un potentiel,
26:55sur lequel j'ai des besoins forts en tant que pays.
26:57Et c'est là-dessus qu'il faut se concentrer
26:59pour pouvoir être bon.
27:01Parce qu'en fait, à vouloir être bon partout,
27:03on est bon nulle part.
27:04Et donc, moi, je suis assez convaincu que la stratégie nationale défense,
27:06elle doit nous dire là où on doit être bon
27:08et là où on accepte d'être moins bon
27:10par rapport aux moyens qui sont mis en place au niveau national.
27:15Et la deuxième chose, c'est sans doute une politique industrielle.
27:19C'était un peu ce que tu disais, Nicolas.
27:21C'est accepter ce choix-là.
27:23Il est à faire éventuellement sur des grandes capacités,
27:26mais il peut être fait aussi sur des capacités industrielles,
27:29de dire ça, je veux absolument que ce soit en France.
27:31Je suis prêt à dépendre d'un fournisseur européen sur ce sujet-là.
27:36Choisir ou renoncer ?
27:38Mais aussi sur la politique industrielle,
27:39parce que ça peut influencer les industriels,
27:41y compris français, dans des stratégies industrielles
27:44au niveau européen et orienter les choix industriels.
27:48C'est pour ça qu'il y a des choix à faire sur les grandes capacités
27:51et sans doute des choix à faire en termes de politique industrielle
27:53et à partager avec les industriels français
27:55de façon à ce qu'ils puissent eux-mêmes adapter leur stratégie.
27:58Réponse ce vendredi au Bourget.
28:00Merci à tous les trois d'avoir pris le temps d'échanger avec nous
28:03sur ce sujet de la défense spatiale.
28:05On se retrouve, quant à nous, très vite sur Bsmart
28:07pour votre rendez-vous dédié au secteur spatial Smart Space.
28:11A bientôt.
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