- il y a 4 jours
Passé le choc des bombardements russes sur l'Ukraine, les Européens découvrent une autre guerre : celle que la Russie mène, à bas bruit, au coeur de nos démocraties.
Soupçons de corruption, arrestations d'agents, manifestations téléguidées : chaque jour, de nouveaux éléments émergent, aux quatre coins de l'Europe. Ces affaires, isolées, font à peine la Une. Pire, elles sont souvent méprisées, considérées comme anecdotiques. Avec cette enquête, notre but est de lier ces opérations entre elles, et de donner à comprendre aux téléspectateurs qu'elles sont autant d'assauts coordonnés. Nous mettrons au jour cette toile tissée depuis Moscou, qui mérite toute notre attention et notre vigilance. Les démocraties européennes, ciblées, auraient tort de se croire forteresses imprenables. Elles peuvent vaciller.
L'ambition de ce documentaire est donc de lier la guerre ouverte qui ravage l'Ukraine et la guerre dite "hybride" qui sévit sous les radars, en Europe. L'une est le corollaire de l'autre.
Soupçons de corruption, arrestations d'agents, manifestations téléguidées : chaque jour, de nouveaux éléments émergent, aux quatre coins de l'Europe. Ces affaires, isolées, font à peine la Une. Pire, elles sont souvent méprisées, considérées comme anecdotiques. Avec cette enquête, notre but est de lier ces opérations entre elles, et de donner à comprendre aux téléspectateurs qu'elles sont autant d'assauts coordonnés. Nous mettrons au jour cette toile tissée depuis Moscou, qui mérite toute notre attention et notre vigilance. Les démocraties européennes, ciblées, auraient tort de se croire forteresses imprenables. Elles peuvent vaciller.
L'ambition de ce documentaire est donc de lier la guerre ouverte qui ravage l'Ukraine et la guerre dite "hybride" qui sévit sous les radars, en Europe. L'une est le corollaire de l'autre.
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00:00Le président de la Fédération, Vladimir Vladimirovitch Poutine.
00:13Le 18 mars 2014, Vladimir Poutine convoque l'ensemble des parlementaires russes au Kremlin pour une annonce qu'il veut historique.
00:22La Russie vient d'annexer la Crimée, territoire qu'elle prend à l'Ukraine en violant le droit international.
00:47Mais les véritables destinataires de ce discours ne sont pas dans la salle.
00:50Le président russe s'adresse aux Occidentaux, qui viennent d'adopter les premières sanctions.
00:56L'obsession de Vladimir Poutine a toujours été de restaurer la grandeur de la Russie.
01:20Dans cette quête, il considère que son pays est assiégé, entravé par l'Occident.
01:26Et en premier lieu par ses voisins, les pays de l'Union européenne.
01:30Alors Poutine a déclenché une offensive inédite.
01:34En Europe, le Kremlin mène une guerre hybride.
01:40Pas de frappes aériennes ni de troupes d'assaut comme en Ukraine.
01:44Mais des agents clandestins chargés de semer la discorde.
01:48La Russie exploite systématiquement la moindre faille de nos sociétés.
02:00Si les pays sont fracturés de l'intérieur, divisés, si leurs sociétés sont en conflit,
02:08ils seront incapables de réagir aux actions que la Russie pourrait entreprendre en Ukraine, en Europe ou ailleurs.
02:15L'objectif de cette guerre parallèle, affaiblir les démocraties européennes, les miner de l'intérieur pour qu'elles s'effondrent d'elles-mêmes.
02:33Nos démocraties, du point de vue du Kremlin, sont conduites à une mort certaine.
02:37La charge pour le Kremlin de s'assurer que nous nous en rendions compte trop tard.
02:47En 2017, trois ans après l'annexion de la Crimée, le Kremlin repère une brèche au nord-est de l'Espagne.
02:55Là-bas, des séparatistes tentent d'arracher l'indépendance de la Catalogne.
03:07Moscou y voit une occasion en nord pour fracturer un pays membre de l'OTAN.
03:12Je m'appelle Victor Terradellas. Je travaille dans les relations internationales depuis 40 ans.
03:30À un moment de ma vie, j'ai été secrétaire aux affaires étrangères du principal parti politique de Catalogne.
03:36Ma mission était de concevoir une stratégie, un plan d'action pour que notre pays devienne indépendant.
03:45Et maintenant, vous pouvez me demander ce que vous voulez.
03:49Je ne suis expert en rien, mais je sais beaucoup de choses.
03:54Victor Terradellas a été un membre important du mouvement indépendantiste catalan.
03:59Son rôle était de préparer un référendum qui séparerait la Catalogne de l'Espagne en trouvant des alliés pour le futur Etat.
04:09La Catalogne avait besoin de ce dont tous les pays du monde ont besoin. Impossible de faire cavalier seul.
04:16Une mission difficile. Rares sont les pays prêts à se fâcher avec l'Espagne.
04:21Il tente alors une alliance peu avouable.
04:23Peu avouable.
04:25J'ai demandé à des gens que je connaissais s'ils avaient des contacts proches du pouvoir, sans savoir où m'adresser à Moscou.
04:34Et on m'a donné le nom de Markov.
04:36Sergei Markov n'est pas n'importe qui en Russie.
04:43Cet ancien député du parti de Vladimir Poutine est devenu son propagandiste en chef.
04:49Toujours prêt à justifier ces violations du droit international sur les télés du monde entier.
04:54Pourquoi vous interropez-moi ?
04:57Si je peux, M. Markov, une question finale pour vous.
05:00En considérant tout ce que vous avez dit, la Russie va invader l'Ukraine ?
05:07La Russie va invader l'Ukraine seulement pour des purposes humanitaires, pour sauver la vie des gens.
05:16Aujourd'hui, il aime toujours autant se confronter aux médias occidentaux.
05:28Je mets laquelle ?
05:31Sergei Markov se souvient très bien de la visite de Victor Terradeyas en septembre 2017.
05:38Ce dernier venait avec une proposition peu banale.
05:41Nous nous sommes d'ailleurs rencontrés juste à côté d'ici.
05:47La conversation a été très simple.
05:50Il a dit, nous voulons que le Kremlin soutienne l'indépendance de la Catalogne.
05:56Pour cela, nous sommes prêts à promettre que nous reconnaîtrons la Crimée comme faisant partie de la Russie.
06:03En proposant ainsi de reconnaître l'annexion de la Crimée en contradiction totale avec la ligne diplomatique de l'Espagne et de l'Union européenne,
06:14les indépendantistes catalans montrent à la Russie qu'ils sont prêts à tout pour construire leur Etat.
06:21Une compromission très grave aux yeux de cet expert des guerres hybrides russes.
06:25Qu'ils s'alignent ainsi en vue de recevoir ce soutien révèle l'inconscience et l'imprudence de ceux qui étaient alors à la tête du gouvernement autonome de Catalogne.
06:40Oui, j'ai dit un truc comme ça une fois.
06:47Pas besoin de faire un commentaire là-dessus pour un truc que j'ai dit juste comme ça.
06:55C'est une phrase sans conséquence entre deux personnes qui n'ont pas le pouvoir d'agir à ce niveau.
07:03Markov prétend que le Kremlin a refusé le deal. Officiellement, jamais d'ingérence.
07:18Le Kremlin soutient la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les gouvernements légitimes.
07:25Mais la réalité est tout autre. La Russie s'est bien engouffrée dans cette brèche.
07:35Car les semaines qui ont suivi la rencontre entre Markov et Terra Deyas se sont révélées décisives pour l'Espagne.
07:43Le 1er octobre 2017, les indépendantistes organisent leur référendum pour rompre avec Madrid et créer leur propre Etat.
07:52Madrid déclare le scrutin illégal. La police intervient pour empêcher les Catalans de voter.
07:59Le chef des indépendantistes, Carles Puigdemont, se dit déterminé à aller au bout du processus d'indépendance.
08:08Le rei ignora deliberadament les millions de Catalans qui ne pensent pas comme eux.
08:16Pendant trois semaines, la tension monte entre les indépendantistes et le gouvernement espagnol.
08:23La Russie choisit ce moment pour intervenir en coulisses.
08:30Moscou recontacte Victor Terra Deyas, qui gère la crise avec Carles Puigdemont.
08:37Une ingérence révélée par ce journaliste, Kresous Albalat, chroniqueur judiciaire à Barcelone.
08:47J'ai commencé à travailler sur l'affaire russe à la suite d'une enquête judiciaire menée par le juge Joachin Aguirre.
09:00C'était par pur hasard.
09:01Ce qui a été très important, ce qui a déclenché l'enquête, c'est qu'un téléphone portable de Victor Terra Deyas a été saisi.
09:16Dans le téléphone saisi, le juge découvre qu'en pleine crise institutionnelle, Victor Terra Deyas envoyait des messages à Carles Puigdemont pour organiser une rencontre avec les Russes.
09:29Suite au message WhatsApp, dans lequel il disait « tu dois nous recevoir » et annonçait qu'un émissaire de Poutine arrivait, nous avons commencé à enquêter.
09:49« Ça nous a conduit à Nikolai Sadovnikov. Car dans les conversations téléphoniques de Victor Terra Deyas, son nom apparaît. »
10:05Nikolai Sadovnikov est un ancien ambassadeur de l'Union soviétique, recyclé au service de Poutine.
10:13« Cet individu est un diplomate russe, officiellement à la retraite depuis 2010,
10:20mais qui, selon certains services de renseignement européens, est un membre éminent de la diplomatie parallèle du Kremlin.
10:26L'idée d'utiliser des éléments clandestins permet toujours à la Russie de maintenir un double discours.
10:35Évidemment, au niveau diplomatique officiel, la Russie maintenait que ce qui se passait en Catalogne
10:41était une affaire interne et que la Russie n'avait rien à voir avec cela. »
10:46Nikolai Sadovnikov arrive à Barcelone le 26 octobre 2017.
10:52Accompagné d'un ancien général russe, il se rend à la résidence du président catalan.
10:58Il est porteur d'un message explosif.
11:02« Lors de la réunion qui a eu lieu entre Carles Puigdemont et les émissaires russes,
11:07à laquelle assistait Victor Terra Deyas,
11:10c'est là qu'il propose, ses soi-disant envoyés russes,
11:14les 10 000 soldats et l'aide économique. »
11:21« 10 000 soldats, c'est beaucoup et très peu à la fois, ça dépend de l'objectif.
11:26Ce n'est pas tant le nombre qui compte ici,
11:28mais plutôt de faire passer un message de soutien indéfectible.
11:34La proposition a un but très clair, convaincre Puigdemont d'aller de l'avant,
11:38de se jeter à l'eau.
11:40Ce que cela signifie,
11:45c'est que la Russie était prête à déclencher un conflit civil violent
11:48et qu'elle pouvait avoir intérêt à le provoquer elle-même. »
11:56Cette offre aux russes de soutenir un coup de force catalan
11:59aurait dû rester secrète.
12:02Mais dans le téléphone de Victor Terra Deyas,
12:04la justice a retrouvé un enregistrement
12:06où il raconte, à chaud,
12:08l'incroyable proposition faite au président Puigdemont.
12:11La gent m'hi va dire mal au président,
12:13si voulaient donner un sombrer-nos à qui,
12:15et m'hi va bien.
12:17On se va cagar les bras.
12:19Demano que la conversion ne s'utilise.
12:21Dans cette conversation,
12:39vous semblez prendre la proposition très au sérieux.
12:41« Peut-être, oui.
12:44Et je peux dire que le président en a chié dans son froc.
12:48Je pense que le président Puigdemont
12:51a eu raison de refuser les 10 000 soldats
12:53parce que notre processus s'est toujours déroulé de manière pacifique. »
12:59Puigdemont décline le soutien du Kremlin.
13:01Il refuse de basculer dans la lutte armée.
13:05Et quand il déclare l'indépendance,
13:07il est immédiatement destitué par Madrid,
13:10poursuivi pour sédition.
13:14L'ancien président catalan fuit le pays,
13:16caché dans une voiture.
13:21Trois jours plus tard,
13:23il réapparaît à Bruxelles.
13:24Carles Puigdemont a décliné nos demandes d'interview
13:33et démenti toute relation avec le régime de Poutine.
13:38En mars 2022,
13:40dans un grand journal catalan,
13:42Carles Puigdemont écrivait
13:44« Aucune réunion ou rencontre n'a eu lieu avec un leader,
13:48un ex-leader ou une personne représentant la Fédération de Russie. »
13:52Depuis, face à l'accumulation de preuves,
13:55il a dû reconnaître la visite d'un émissaire russe
13:58au moment du référendum de 2017.
14:01« Le cabinet de l'ancien président confirme la rencontre. »
14:04Cette affaire du complot russe
14:06a donné lieu à plusieurs enquêtes judiciaires en Espagne.
14:09Victor Terradellas a été auditionné.
14:12Mais cela n'a abouti à aucun procès
14:14ni aucune condamnation jusqu'ici.
14:17« À moyen ou long terme,
14:20si le nationalisme catalan reprend des forces
14:23et parvient à nouveau à remettre en cause
14:27la stabilité et l'unité de l'Espagne,
14:32il pourrait redevenir un élément utile pour le Kremlin. »
14:38La tentative de coup de force en Catalogne a fait long feu.
14:42Peu importe.
14:43Dans la vision de Poutine,
14:45il faut saisir les occasions lorsqu'elle se présente,
14:48semer les graines du chaos
14:49et les laisser germer.
14:56Pour cela, il va employer d'autres méthodes.
14:59Le Kremlin va tenter d'intoxiquer les esprits.
15:07« Des maisons marquées d'une étoile de David. »
15:10« Une image particulièrement glaçante. »
15:11« Des murs d'immeubles appareillés dans sa proche banlieue. »
15:15Une lutte secrète
15:16où Moscou manipule la réalité
15:18et joue avec les perceptions.
15:20Le postulat du Kremlin
15:24est qu'en fragilisant notre capacité
15:27à distinguer le vrai du faux,
15:29on sera rendu incapable d'agir.
15:31C'est en cela que la guerre de l'information
15:33est particulièrement corrosive,
15:36particulièrement dangereuse.
15:46On n'est pas dans la grande poésie.
15:48Il y a juste écrit
15:48« Roman, bon anniversaire, signé Sergueï. »
15:53Et il y avait, je ne me souviens plus,
15:54si c'était 100 ou 150 euros en litide.
15:57Je pense que le coût de l'enveloppe de cash,
16:00il a dû me le faire de mémoire
16:01deux ou trois fois.
16:03À Paris,
16:05Roman Mielkarek est journaliste,
16:07spécialisé dans les questions de défense.
16:10Dès 2014,
16:11il a lui-même été la cible
16:13d'une tentative de manipulation
16:14par un agent russe.
16:18Quand je rencontre Sergueï Solomassov,
16:22je fais partie d'un collectif de blogueurs
16:24et on organise des conférences.
16:27Et donc, un jour,
16:28l'une des personnes dans le public
16:29vient me voir et me dit
16:30« Voilà, je m'appelle Sergueï Solomassov,
16:32je travaille à l'ambassade de Russie,
16:34je viens d'arriver à Paris
16:35et j'aimerais bien un peu développer mon réseau,
16:37chercher des contacts, etc.,
16:38comprendre comment ça fonctionne. »
16:41L'approche est inoffensive.
16:43Le journaliste n'a aucune raison de se méfier.
16:47« Donc on va boire une première bière dans un café.
16:50La seule chose qui est un petit peu étonnante
16:52à ce moment-là,
16:52c'est qu'il pose beaucoup de questions
16:54personnelles très précises.
16:56Il va essayer de savoir
16:57si je suis en couple ou pas,
16:59il va essayer de savoir
17:00combien je gagne dans la vie. »
17:03Mais au bout de quelques semaines,
17:05Romain reçoit dans sa boîte aux lettres
17:06cette enveloppe sans timbre.
17:09Les services français veulent le mettre en garde.
17:12Solomassov n'est pas un simple diplomate.
17:15C'est un agent de désinformation russe.
17:19« Du coup, à partir de là,
17:20moi je vais commencer à chercher à comprendre.
17:23C'est-à-dire qu'il n'est pas juste à l'aise
17:26avec une bière à la main,
17:27il n'est pas juste généreux de son argent.
17:30Non, il est en train de chercher
17:31tous les éléments qui vont lui permettre
17:33d'exercer un contrôle sur moi. »
17:37Pendant des mois,
17:39Romain a ainsi pu observer
17:40les méthodes de la Russie
17:41pour instrumentaliser les journalistes.
17:45« Il peut peut-être se dire
17:46qu'il peut arriver à me convaincre
17:47des positions officielles de la Russie
17:49pour que moi ensuite,
17:50dans mes articles,
17:51dans mes sujets, je le relaie.
17:53Mais il peut aussi se dire
17:54que potentiellement pour lui,
17:55je peux devenir une source ou un agent,
17:57donc lui fournir des éléments d'information.
17:59Je suis journaliste,
18:00je peux accéder à des choses
18:01qui sont quand même assez rares.
18:02Et en fait, l'idée,
18:03c'est derrière de jouer
18:03sur des biais psychologiques
18:04qui font que quand vous avez
18:05accepté un premier service,
18:07lorsqu'on vous demande
18:07un service un peu plus important,
18:09vous avez plus tendance à dire oui
18:11parce que vous avez déjà cédé
18:12une première fois.
18:13Donc le premier service,
18:14ça va être quelque chose de tout bête.
18:16Ça va être bien,
18:16est-ce que tu peux me donner
18:17le contact d'un chercheur ?
18:19Ensuite, ça va être,
18:20est-ce que tu peux me fournir
18:21un catalogue de pièces détachées
18:23aéronautiques ?
18:24Et à la fin,
18:25ce qui l'intéresse,
18:26c'est des documents
18:27d'un service particulier de l'OTAN.
18:29Je pense que là,
18:30on est clairement dans un test
18:31où il va voir
18:32est-ce que je vais déployer
18:33des efforts
18:34pour aller chercher
18:35ces documents-là.
18:37Je n'ai pas donné
18:38trop d'illusions
18:38sur le fait
18:39que je n'essayais pas
18:40plus que ça.
18:42Sergeï Solomazov,
18:43le voici.
18:45Attaché militaire
18:46à Paris pendant 5 ans,
18:48sa mission officielle
18:49était de célébrer
18:50la mémoire de l'armée rouge
18:51au sein de la communauté russe
18:53en France.
18:53Mais l'ambassade de Russie
18:57n'est qu'une couverture.
19:00Il est aux ordres
19:01du renseignement militaire russe,
19:03le GRU.
19:05Et sa mission
19:06est d'influencer l'opinion
19:07par tous les moyens.
19:12Après la France,
19:13Moscou envoie Solomazov
19:15en Slovaquie.
19:18Là-bas,
19:19l'agent russe
19:19ne va pas passer inaperçu.
19:21Dès son arrivée,
19:26il est suivi
19:27par le contre-espionnage
19:28slovaque.
19:30Une surveillance
19:31orchestrée
19:31au plus haut niveau
19:32de l'État.
19:43Je ne peux pas
19:44trop entrer
19:44dans les détails.
19:47Mais je peux dire
19:48que nous avons
19:48surveillé cet agent russe.
19:51« Nous avions
19:54des informations
19:54selon lesquelles
19:55un soi-disant
19:56journaliste
19:57pouvait être
19:58en contact
19:59avec lui.
20:02Et nous avons
20:02réussi à localiser
20:04le lieu probable
20:05de leur rendez-vous. »
20:10À l'été 2021,
20:11les services slovaques
20:13prennent l'agent russe
20:14en flagrant délit.
20:15Il est filmé
20:16en train de corrompre
20:17un journaliste local
20:18dans un parc
20:20au centre du pays.
20:21nous avons ainsi
20:41pu réaliser
20:42cette vidéo
20:42exceptionnelle
20:43dans laquelle
20:44cet agent russe
20:45sous couverture
20:46diplomatique
20:47paie ouvertement
20:48un homme
20:48qui travaille
20:49dans les médias
20:50de désinformation.
20:51exactement comme il tentait
21:09de le faire
21:10en France,
21:11Sergei Solomazov
21:12paie son contact
21:13pour soutirer
21:14des informations.
21:21Surtout,
21:22l'agent russe
21:22rémunère
21:23le journaliste
21:24pour qu'il publie
21:24des articles
21:25pro-russe
21:26sur sa plateforme
21:27en ligne
21:27très suivie
21:28en Slovaquie.
21:32« Le principal objectif
21:33des services
21:34de renseignement
21:35russes en Slovaquie
21:36était de transformer
21:37notre gouvernement
21:38pro-occidental
21:39en un gouvernement
21:40pro-russe. »
21:43Après ce flagrant délit,
21:46le journaliste
21:46a été arrêté.
21:48Depuis,
21:49son procès
21:49tient le pays
21:50en haleine.
22:02Boïs Garbar
22:03est devenu
22:04le visage
22:05de l'ingérence russe
22:06en Slovaquie.
22:08Un visage
22:08qu'il dissimule
22:09pour échapper
22:10aux caméras.
22:10son arrestation
22:14a permis
22:15de démanteler
22:15tout un réseau
22:16de déstabilisation
22:17du pays.
22:20« L'effort
22:22des services
22:23de renseignement
22:23de la Fédération
22:24de Russie
22:25pour influencer
22:26notre environnement
22:27médiatique,
22:28éducatif
22:28ou sécuritaire
22:30par l'intermédiaire
22:31de Garbar
22:32et d'autres
22:32était massif. »
22:37Le 16 mars 2022,
22:39trois semaines
22:40après l'invasion
22:41russe de l'Ukraine,
22:42le ministre
22:43slovaque
22:43se rend
22:44à Bruxelles.
22:50Il veut
22:51alerter
22:51ses partenaires
22:52européens
22:52sur l'ampleur
22:53du travail
22:54de SAP
22:54mené
22:55par la Russie
22:56sur le continent.
22:56La riposte
23:02est immédiate.
23:04Sergei Solomazov
23:05et plus de 250
23:07autres agents
23:07russes
23:08agissant
23:09sous couverture
23:09diplomatique
23:10sont expulsés
23:11de l'Union européenne
23:12et renvoyés
23:13à Moscou.
23:15Un démantèlement
23:16de l'appareil
23:16d'influence russe
23:18sur le terrain
23:18jamais vu
23:19depuis la guerre froide.
23:22Mais pour Poutine,
23:24tout n'est pas perdu.
23:26En Slovaquie,
23:29le poison
23:30de la désinformation
23:31russe
23:31s'est déjà répandu.
23:35Le 30 septembre
23:362023,
23:38les Slovaques
23:38étaient appelés
23:39aux urnes.
23:41Un an et demi
23:41après le début
23:42de la guerre
23:43en Ukraine,
23:44ils doivent élire
23:45un nouveau parlement
23:45dans ce pays
23:46jusqu'ici
23:47très mobilisé
23:48pour soutenir
23:49son voisin.
23:50Et ce jour-là,
23:52c'est le parti
23:52pro-russe
23:53qui l'emporte,
23:54un parti
23:54qui a promis
23:55de cesser
23:55les livraisons
23:56d'armes à Kiev.
23:58Ce que confirme
23:59dès son premier discours
24:00le nouveau premier ministre,
24:03Robert Fitchow.
24:03En pleine guerre
24:22contre l'Ukraine,
24:23la Russie
24:24a gagné
24:25un nouvel allié
24:26au cœur
24:26de l'Europe
24:27et de l'OTAN.
24:27en octobre 2024,
24:33la Slovaquie
24:34a d'ailleurs annoncé
24:34qu'elle bloquerait
24:35toute candidature
24:36de Kiev
24:37à l'Alliance
24:38atlantique.
24:40Nous sommes loin
24:41d'être venus
24:42à bout
24:42des ingérences
24:43russes
24:43en Slovaquie.
24:44C'est un mécanisme
24:45qui se renouvelle
24:46constamment.
24:50Les agents
24:51russes
24:51sur le terrain
24:52ont beau
24:52avoir été expulsés
24:53de l'Union Européenne,
24:56Moscou
24:56a déjà
24:56mis en place
24:57une alternative.
25:00Une vaste
25:01offensive
25:01psychologique
25:02conçue
25:04pour déformer
25:04nos perceptions,
25:06intoxiquer
25:06nos esprits,
25:08jouer
25:08avec nos peurs.
25:10À l'automne
25:112023,
25:12un étrange
25:12phénomène
25:13fait son apparition
25:14dans les rues
25:14de la capitale française.
25:16Des maisons
25:17marquées
25:17d'une étoile
25:18de David,
25:19une soixantaine
25:20aujourd'hui,
25:20c'est un choc
25:21pour la communauté
25:22juive.
25:23Une étoile
25:24de David
25:24et des inscriptions
25:25antisénites
25:26ont été taguées
25:27sur des murs
25:28d'immeubles
25:28à Paris
25:29et dans sa proche
25:30banlieue.
25:30Une image
25:31particulièrement
25:32glaçante,
25:33des étoiles
25:33de David
25:34taguées
25:34sur des immeubles,
25:35on en a relevé
25:36des dizaines
25:36dans plusieurs villes.
25:38Fin octobre
25:392023,
25:40en France,
25:41des centaines
25:42d'étoiles bleues
25:43sont taguées
25:43partout
25:44en région parisienne.
25:47Je pleure
25:48parce que
25:50je vais retrouver
25:51la haine
25:51que j'ai eu
25:52pendant que j'étais enfant.
25:55Dans les heures
25:56qui suivent,
25:57les médias
25:57multiplient
25:58les éditions
25:58spéciales.
26:00La consternation
26:02est sur ce plateau
26:02justement,
26:03on va en parler
26:03de cet antisémitisme.
26:04Elizabeth Borne
26:05condamne
26:06des agissements
26:07ignobles.
26:08Rien ne justifie
26:09l'antisémitisme.
26:11L'émotion
26:12gagne
26:12jusqu'au sommet
26:13de l'État.
26:13Jamais.
26:14Au nom du gouvernement,
26:15je condamne
26:16avec une fermeté
26:17absolue
26:18ces agissements
26:19ignobles.
26:22Mais l'enquête
26:23va faire apparaître
26:24d'étonnantes ramifications
26:25derrière cette campagne
26:27de peinture murale.
26:28Cet homme
26:37est le seul témoin
26:38qui a vu les taggeurs.
26:40Encore effrayé
26:41par les proportions
26:42qu'a pris l'affaire,
26:43il tient à rester anonyme.
26:44C'était la nuit
26:47du 27 octobre
26:48vers 2h30 du matin.
26:51Je suis descendu
26:51à l'extérieur
26:52pour fouiller une cigarette.
26:55Et en fait,
26:56je me suis rendu compte
26:56que j'avais oublié
26:57mon briquet
26:57et j'ai vu un individu.
27:00Je lui ai demandé gentiment.
27:02Il ne parlait pas français.
27:03Il m'a juste fait
27:03un signe de la tête
27:04comme quoi il n'en avait pas.
27:06Je suis remonté
27:06à mon domicile
27:09et par ma fenêtre,
27:11j'ai aperçu
27:12deux individus
27:13qui agissaient
27:14de manière un peu suspecte.
27:16Ils avaient un comportement
27:17un peu étrange.
27:19Et là,
27:19j'ai sorti mon téléphone.
27:21J'ai commencé à les filmer.
27:25Et ensuite,
27:27la femme,
27:27j'ai vu qu'elle avait sorti
27:28un pochoir
27:29avec une étoile de David.
27:31Et là, en fait,
27:31j'ai halluciné.
27:32Elle s'est amusée
27:33à peindre les murs
27:35de toute la rue de Bellezance.
27:39Et quand j'ai vu ça,
27:40j'ai rapidement appelé la police.
27:42La police est intervenue
27:43ultra rapidement.
27:44Vraiment,
27:44cinq minutes après,
27:46il les a arrêtés
27:46au bout de la rue.
27:48La taggeuse
27:49et l'homme
27:49qui l'accompagne
27:50sont conduits
27:51en garde à vue.
27:52Mais il reste quelqu'un
27:53caché dans la nuit.
27:58Et lorsque la brigade de police
28:00est partie,
28:01en fait,
28:01je me suis vite rendu compte
28:03que l'individu
28:05à qui j'avais demandé
28:06du feu initialement
28:07était en retrait
28:07un peu plus bas
28:08dans la rue.
28:09Et en fait,
28:10ce qui m'a assez étonné,
28:11c'est qu'il prenait
28:12des photos
28:12de chaque pochoir
28:15qu'il y avait.
28:16Et il est reparti.
28:20L'homme disparaît.
28:22Ces photos,
28:22elles,
28:23ont peut-être été retrouvées.
28:27En France,
28:28l'agence d'État
28:29Viginum
28:29surveille les ingérences
28:31étrangères
28:32sur les réseaux sociaux.
28:33Au lendemain
28:35de l'arrestation
28:35des taggeurs,
28:37des comptes
28:37liés à la Russie
28:38ont attiré
28:39l'attention
28:39de ces agents.
28:43À un moment,
28:45j'allais dire curieux,
28:47nous avons vu
28:47s'activer
28:481095 bots.
28:50Donc les bots
28:50sont des faux comptes
28:51animés par des programmes
28:52informatiques
28:52pour automatiser
28:53des tâches
28:54et qui cherchaient
28:56à amplifier
28:56la visibilité
28:57de deux photos
28:58qui étaient prises
28:59dans les rues de Paris
28:59de ces fameuses
29:00étoiles de David.
29:00Ces deux clichés
29:03sont très probablement
29:04l'œuvre
29:05du mystérieux photographe.
29:07Ils sont massivement
29:08partagés
29:09par des comptes
29:10aux profils obscurs.
29:12Des comptes
29:12animés
29:13depuis la Russie.
29:17Et donc on voit bien
29:17derrière l'intention
29:18malveillante
29:19qui était en fait
29:20de faire monter
29:21ce sujet
29:22sur certaines plateformes
29:23Notman X
29:24qui est une plateforme
29:25aujourd'hui très utilisée
29:26par le monde des médias
29:27et par les décideurs.
29:28Et donc cette concordance
29:30un peu curieuse
29:31à un moment
29:32où le sujet
29:32n'était pas dans les médias
29:33est une ingérence
29:34numérique étrangère
29:35aujourd'hui caractérisée
29:36parce qu'on a caractérisé
29:37l'implication
29:38d'acteurs russes
29:39ou d'acteurs pro-russes.
29:41Ces tags
29:41sur les murs de Paris
29:42seraient en fait
29:44une opération russe.
29:49C'est un cas d'école
29:50en matière
29:51de campagne
29:52de déstabilisation.
29:53Je ne connais pas
29:54beaucoup d'exemples
29:55d'opérations
29:56de déstabilisation
29:57si peu coûteuses.
29:58aussi improvisées
30:01qui ont produit
30:02des effets
30:03aussi considérables
30:04et déstabilisateurs.
30:07Pour comprendre
30:08la manœuvre de Moscou,
30:11il faut se souvenir
30:11des jours
30:12qui l'ont précédé.
30:17Le 7 octobre 2023,
30:19une attaque terroriste
30:22massive du Hamas
30:23frappe Israël.
30:31En France,
30:32l'émotion est considérable.
30:34Le pays compte
30:35les plus grandes
30:36communautés juives
30:37et musulmanes
30:37d'Europe.
30:39Dès le 12 octobre,
30:40le ministre de l'Intérieur
30:42s'inquiète
30:42d'une possible
30:43montée des tensions.
30:44depuis les massacres
30:47terroristes en Israël,
30:48c'est plus d'une centaine
30:49d'actes antisémites,
30:52essentiellement
30:52des tags.
30:55Des croix gammées,
30:56des morts juifs,
30:57des appels
30:58à l'Intifada
30:59contre Israël.
31:00Cette peur
31:01des divisions
31:01communautaires
31:02a certainement
31:04attiré
31:04l'attention
31:04du Kremlin.
31:09Rétrospectivement,
31:10je vois
31:11dans les prises
31:11de position
31:12publiques
31:12de notre ministre
31:13de l'Intérieur
31:14qui faisaient étarbe
31:15de la recrudescence
31:16d'actes antisémites,
31:18le point de départ
31:19de l'opération.
31:20C'est-à-dire que
31:21c'est une opportunité
31:23que le Kremlin
31:24a saisie
31:24pour détourner
31:26l'attention
31:26des opinions
31:27publiques
31:28occidentales
31:29et des dirigeants
31:29occidentaux
31:30du front ukrainien.
31:32Mais il y a
31:33un autre but
31:34qui est un but
31:35à plus long terme
31:36qui est
31:37de favoriser
31:39la discorde,
31:40d'encourager
31:41les divisions,
31:42de fragiliser
31:43la cohésion
31:44des sociétés
31:44démocratiques.
31:51Cet ancien responsable
31:53du renseignement français
31:54confirme que
31:55les oreilles de Moscou
31:56sont chaque jour
31:58à l'affût
31:59de nos faiblesses.
32:00de nos faiblesses.
32:01C'est un peu
32:02de nos faiblesses.
32:04Vous avez
32:05à Paris,
32:07dans les ambassades,
32:08des grands pays,
32:09des gens
32:09qui
32:10qui
32:11qui
32:11avoir
32:12des comptes rendus
32:13quotidiens
32:13sur
32:14voilà
32:14qu'est-ce qui parait
32:16dans la presse,
32:17quel est
32:18le grand sujet
32:19du jour.
32:21Et un service tel
32:22que les services russes
32:23savent très bien
32:24quels sont
32:26les points sensibles
32:27au sein d'une société
32:28comme la société française.
32:31Et donc,
32:31s'ils le veulent,
32:32ils peuvent jouer
32:33là-dessus.
32:35En garde à vue,
32:36les taggeurs
32:37Galina et Alexander
32:39reconnaissent
32:40être venus
32:40à Paris
32:41spécialement
32:42pour l'opération.
32:44Ils ne sont pas
32:44russes.
32:46Ils ont fait
32:46le voyage
32:47depuis la Moldavie.
32:49Ils ont pris
32:49l'avion
32:50avec un autre homme
32:51chargé lui
32:52de prendre les photos.
32:54C'est lui.
32:54Je suis sûr et certain.
32:56Je le reconnais.
32:57Je le reconnais
32:57à 100%.
32:58C'est lui
32:59à qui j'ai demandé
33:00du fait initialement.
33:02Et c'est lui
33:02qui prenait les photos
33:03post-arrestation.
33:05Des cheveux courts,
33:07typés un peu
33:07militaires.
33:09C'est exactement lui.
33:11Pour retrouver
33:12sa trace,
33:13il faut se rendre
33:14en Moldavie,
33:16une ancienne
33:16république soviétique
33:17nichée entre
33:19l'Ukraine
33:19et la Roumanie
33:20qui essayent
33:21de se rapprocher
33:22de l'Union Européenne.
33:25Mais le Kremlin
33:26a d'autres projets
33:27pour le pays.
33:29Il s'en sert
33:30de base arrière
33:31pour mener
33:31des opérations
33:32de déstabilisation
33:33au cœur de l'Europe.
33:37Après leur incursion
33:38à Paris,
33:40tous les membres
33:40de l'équipe de Taggeur
33:41sont rentrés au pays,
33:43loin de la police
33:44et de la justice française.
33:48Contactés
33:48via ses réseaux sociaux,
33:50Vaiseseslav Valikou,
33:52le photographe
33:52du commando Moldave,
33:54a immédiatement accepté
33:56notre demande d'interview.
33:58L'homme est connu ici
33:59comme influenceur pro-russe.
34:02Il a un message
34:03à faire passer.
34:04J'ai accepté cette interview
34:08pour mettre les points
34:09sur les « i ».
34:10Pour moi,
34:11il était extrêmement important
34:12que cette action
34:13ne puisse en aucun cas
34:14être interprétée
34:15comme anti-juive
34:16ou anti-sémite.
34:17« Je connais quelqu'un,
34:22Anatoly Prizenko,
34:25qui m'a appelé
34:28et m'a proposé
34:29de participer
34:29à une action civique
34:30à Paris
34:30en faveur des Juifs de France
34:34dans le contexte du conflit
34:36qui s'est produit en Israël.
34:37Lorsque nous nous sommes
34:41mis d'accord
34:41sur les tâches
34:42de chacun
34:42pendant ce voyage,
34:44on s'était dit
34:45que les autres
34:45allaient dessiner
34:46et que moi,
34:47j'allais faire des photos. »
34:50Une fois son histoire
34:51récitée,
34:52le photographe
34:53élude toutes nos questions
34:54sur les accusations
34:55de manipulation russe.
34:58« Vous savez que vos photos
34:58ont été partagées
34:59par des comptes russes ? »
35:01« Je sais de quelles photos
35:03vous parlez,
35:04mais ces photos-là
35:04n'ont pas été faites par moi.
35:05Moi, je n'ai toujours
35:07photographié
35:08qu'une seule étoile
35:09et ça,
35:10c'est un plan d'ensemble.
35:11Je sais exactement
35:12ce que j'ai photographié. »
35:16« Pouvez-vous montrer
35:16vos photos ?
35:18Vous les avez
35:18dans votre téléphone. »
35:20« Quand les ennuis ont commencé,
35:22j'ai effacé le téléphone
35:23car je ne comprenais pas
35:24ce qui se passait. »
35:28« Et qui a payé
35:29pour cette opération ? »
35:31« C'était de la crypto-monnaie.
35:33Je n'ai eu aucun contact
35:34physique avec qui que ce soit.
35:35Pour qui avez-vous travaillé ? »
35:38« Pour Prizenko. »
35:39« Mince alors,
35:40je vous le redis. »
35:42Vaiseslav Valiko
35:43désigne le même commanditaire
35:45que les taggeurs
35:46arrêtés à Paris.
35:47Un homme d'affaires
35:49qui habite
35:49en périphérie
35:50de Kizino,
35:51la capitale moldave.
35:52« Je m'appelle Anatoly Prizenko. »
36:04« J'ai eu 49 ans cette année. »
36:10« J'ai été entrepreneur
36:12toute ma vie. »
36:16« On peut dire
36:18que je suis dans les affaires. »
36:22Sa profession
36:22n'est pas très claire.
36:26Tour à tour
36:27parfumeur,
36:28homme politique,
36:29coach en affaires.
36:31Quand on lui demande
36:32des précisions,
36:33il sort
36:34une boîte de jeux.
36:35« Je vais vous montrer
36:40quelque chose. »
36:41« Venez. »
36:45« C'est un jeu de société
36:46que j'ai inventé. »
36:48« C'est un jeu de société
36:50pour former des entrepreneurs. »
36:52« Il s'appelle
36:53Top Leader. »
36:55« Un top leader,
36:58c'est quelqu'un
36:58qui aide les autres,
36:59quelqu'un qui influence
37:00leurs décisions
37:01afin d'améliorer leur vie. »
37:05Depuis que l'affaire
37:07a éclaté,
37:09Anatoly Prizenko
37:10endosse
37:10le costume
37:11de l'organisateur.
37:13Avec une version
37:14bien ficelée.
37:16L'idée des tags
37:17ne venait pas
37:17des Russes,
37:18mais d'un certain David,
37:20chef d'une mystérieuse
37:21organisation juive
37:23qu'il aurait connu
37:24sur les réseaux sociaux.
37:28Le 7 octobre,
37:33l'attaque du Hamas
37:34a provoqué
37:34beaucoup d'agitation
37:36et ça nous a fait
37:39de la peine
37:39car David
37:43était un juif
37:44d'Europe.
37:47C'est lui
37:48qui a eu l'idée
37:48de faire une action.
37:49qu'il faut quelque chose
37:51de faire.
37:52Pouvez-vous nous montrer
37:53ces messages ?
37:54Non.
37:56Quand ça a pris
37:57de l'ampleur,
37:57je les ai tous effacés.
37:59Monsieur Prizenko
38:00n'a pas fourni
38:02la preuve
38:02de l'existence
38:04de cette organisation,
38:05les boucliers
38:05de David.
38:06C'est une logique
38:07qui est une logique
38:08propre au Kremlin,
38:10consistant à inverser
38:12la logique
38:13de la preuve.
38:13considère
38:15qu'il nous revient
38:17à nous
38:17de prouver
38:18que cette organisation
38:19n'existe pas.
38:21Ce qui est impossible.
38:22Je peux prouver
38:23que ce papier existe,
38:25mais je ne peux pas prouver
38:26que quelque chose
38:26qui n'existe pas
38:27n'existe pas.
38:28Et c'est là
38:29où ça devient
38:30proprement machiavélien
38:31dans la conception
38:33de cette opération.
38:37Aux environs
38:38du 12 octobre,
38:39nous avons décidé
38:40d'entreprendre une action
38:41sans vraiment savoir laquelle.
38:44Je devais juste
38:45trouver deux personnes
38:46et les envoyer à Paris.
38:47Ils allaient gagner
38:48de l'argent,
38:49c'était bien,
38:50c'est tout.
38:51Quel a été
38:52le coût global
38:53de cette opération ?
38:543000 euros au total.
38:56Et qui a payé ?
38:56David.
38:59Que s'est-il passé
39:00après l'arrestation ?
39:01David a dit
39:02envoie une autre équipe,
39:04nous devons terminer l'action.
39:08Selon plusieurs services
39:09de renseignements européens,
39:11CETAG n'était pas
39:12la première opération
39:13de Prisenko à Paris.
39:16Quelques semaines plus tôt,
39:17il avait déjà voyagé
39:18en France
39:19avec la même équipe.
39:23Pourquoi être voilé
39:24en France en septembre
39:25en voiture
39:26avec Galina
39:27et les autres ?
39:30Je les ai emmenés là-bas.
39:35Dans quel but ?
39:38Est-ce que j'ai le droit
39:39de ne pas répondre
39:39à cette question ?
39:41Qui est le commanditaire ?
39:43En principe,
39:43j'ai le droit
39:44de ne pas répondre.
39:45Vous ne voulez pas nous dire
39:46ce que vous avez fait là-bas ?
39:48Concernant le fait
39:50que Galina et d'autres
39:51ont fait ce voyage
39:52avec moi,
39:52oui,
39:54ils l'ont fait.
39:55Ils étaient avec moi là-bas.
39:57Il n'y a pas de secret.
39:59Qui a passé cette commande ?
40:01Dans quel but ?
40:02Je ne vous répondrai pas.
40:06Était-ce lié à la Russie ?
40:08Quoi ?
40:10Est-ce que c'était lié à la Russie ?
40:12Comment ?
40:13Cette commande.
40:13Non.
40:18Merci beaucoup.
40:20En Moldavie,
40:26les ingérences russes
40:27sont un problème
40:28incessant
40:28pour les autorités.
40:36Cet ancien officier
40:37des services secrets moldave
40:38connaît parfaitement
40:40le profil
40:41d'Anatoli Prizenko.
40:43Prizenko travaille
40:49pour la Russie.
40:51Cela ne signifie pas
40:52qu'il est mobilisé
40:53de façon permanente.
40:57Il peut être une ressource
40:59utilisée par nécessité,
41:01de manière ponctuelle.
41:05Un élément
41:05de la biographie
41:06de l'agent occasionnel
41:07Prizenko
41:08retient particulièrement
41:10l'attention.
41:11Prizenko a vécu
41:13en Transnistrie
41:14à Tiraspol.
41:15Il s'y est marié
41:16et y a fait des affaires.
41:18La Transnistrie,
41:20dans l'est
41:21de la Moldavie,
41:22une région séparatiste
41:23pro-russe
41:24que Moscou
41:25n'a jamais lâchée.
41:261500 soldats russes
41:28y stationnent
41:28en permanence.
41:29La Transnistrie
41:32est un territoire
41:33reconnu
41:34comme occupé
41:34par la Russie.
41:35La Cour européenne
41:36des droits de l'homme,
41:37l'Assemblée parlementaire
41:38du Conseil de l'Europe
41:39le reconnaissent.
41:41La Transnistrie
41:41est un territoire
41:42occupé
41:43et pour ses habitants,
41:44dès leur naissance,
41:46Poutine est un héros
41:47pour lequel
41:47ils seront prêts
41:48à mourir.
41:49Les rares archives
41:51montrent une enclave
41:52restée à l'heure
41:53soviétique.
41:54Lénine
41:55trône toujours
41:56devant le Parlement.
41:57impossible
41:58pour des journalistes
41:59occidentaux
42:00d'y mettre les pieds.
42:02Les services russes
42:03y sont extrêmement actifs.
42:05Par exemple,
42:07en Transnistrie,
42:08il y a des officiers
42:09de la direction 2
42:10du 5e service
42:12du FSB,
42:13la section
42:13du contre-espionnage
42:14militaire du FSB.
42:18Et si une bonne source
42:21est trouvée en Moldavie,
42:24elle peut travailler
42:24directement avec Moscou.
42:27comparée à d'autres
42:29régions de Moldavie,
42:30la Transnistrie
42:31est un sol fertile,
42:32une pépinière
42:33où l'on cultive
42:34ce genre de provocateur.
42:37Cette zone,
42:39contrôlée par la Russie
42:40à l'intérieur
42:40de la Moldavie,
42:42est une aubaine
42:42pour le Kremlin.
42:45Un vivier
42:45de nouvelles recrues
42:46aux portes
42:47de l'Europe.
42:48Pour les services
42:55spéciaux français,
42:58deux voire quatre
42:59citoyens
42:59de la République
43:00de Moldavie
43:01n'ont certainement
43:03pas éveillé
43:03les soupçons.
43:07Je pense que
43:08de manière générale,
43:09les Russes
43:12sont obligés
43:13d'utiliser
43:13ce qu'on appelle
43:14des sous-traitants
43:15d'autres nationalités,
43:19car depuis
43:19le déclenchement
43:20de la guerre
43:20de la Russie
43:21contre l'Ukraine,
43:22de nombreux agents
43:25russes
43:25qui travaillaient
43:26sous couverture
43:27diplomatique
43:28ont été
43:29expulsés
43:29d'Europe.
43:33Selon ce député
43:34Moldave
43:35qui a longtemps
43:35travaillé
43:36dans le renseignement,
43:38ce type d'opération
43:39va forcément
43:40se répéter.
43:44Nous sommes
43:45aujourd'hui
43:45dans une période
43:46où de nouvelles
43:47méthodes
43:47de guerre hybride
43:48sont testées
43:51contre les sociétés
43:52de l'Union européenne
43:53pour y faire naître
43:55toujours plus
43:56de controverses
43:56et de divisions.
44:00Et il est
44:01certainement
44:01nécessaire
44:02à l'avenir
44:02d'améliorer
44:03la coopération
44:04entre nos services
44:05spéciaux
44:06et les services
44:07français,
44:08parce que
44:11nous avons
44:11tous
44:11le même objectif
44:12de combattre
44:13l'influence
44:14du plus grand
44:15ennemi
44:15de la démocratie
44:16aujourd'hui,
44:17la fédération
44:19de Russie.
44:22Le Kremlin
44:26est en train
44:27d'organiser
44:27ici
44:28une sous-traitance
44:29redoutable,
44:31à des coûts
44:31défiants
44:31toute concurrence.
44:34Anatoly Prizenko
44:35raconte
44:36que le budget
44:37de l'opération
44:37étoile de David
44:38n'était que
44:39de 3 000 euros.
44:42Lui-même
44:42devait toucher
44:43500 euros.
44:44L'homme
44:45vit dans
44:46un modeste
44:46appartement
44:47avec sa famille
44:48et même
44:49s'il ne nous
44:49parlera jamais
44:50de ses liens
44:51avec les services
44:51russes,
44:55il ne cache
44:55pas que
44:56pour lui,
44:57la Russie
44:57est un grand
44:58pays.
44:58Quand j'étais
45:07adolescent,
45:08tous les jeunes
45:08de mon âge
45:09jouaient cette
45:09chanson.
45:10Ils la prenaient
45:11par cœur.
45:14Lui,
45:14c'était le premier
45:15musicien de rock.
45:17Son groupe
45:17était l'un des
45:18premiers groupes
45:18de rock
45:19de l'Union
45:19soviétique.
45:20Une nostalgie
45:33qui se transmet
45:34de père en fils
45:35et que Moscou
45:36utilise pour
45:37saboter l'ancrage
45:38européen du pays.
45:39Notre Moldavie
45:54vivait bien
45:55dans l'Union
45:55soviétique.
45:56Je vous assure
45:57que la Moldavie
45:58vivait bien.
45:59Demandez aux
45:59personnes âgées.
46:01Elles vivaient bien.
46:02Il y avait des
46:02problèmes, bien sûr.
46:03Je le sais bien.
46:05Il y a eu
46:05des répressions
46:06et je ne suis pas
46:08d'accord avec ça.
46:09Mais oui,
46:11je suis un homme
46:12soviétique
46:12et je regrette
46:14le temps
46:14où un simple
46:15garçon
46:15pouvait devenir
46:16cosmonaute.
46:22Aujourd'hui,
46:24le Kremlin
46:24intensifie
46:25son offensive
46:26et mobilise
46:27des millions
46:28d'euros
46:28pour produire
46:29de la déstabilisation
46:30à la chaîne.
46:33La répétition
46:34des actions
46:34fait justement
46:35partie
46:36de ce piège
46:37sans fin.
46:396 mois
46:41après les étoiles
46:42de David,
46:43sur le mémorial
46:44de la Shoah
46:45à Paris,
46:46c'est peinture
46:47de main rouge.
46:49Et puis,
46:50au pied
46:50de la tour Eiffel,
46:51des cercueils
46:52avec cette légende,
46:54soldats français
46:55de l'Ukraine.
46:553 personnes
46:58d'origine
46:58moldave
46:59ont été placées
47:00en garde à vue.
47:02Ils seront suivis
47:03de ces tags
47:03reprenant le même motif.
47:09À chaque fois,
47:11des mises en scène
47:12conçues pour être relayées
47:13par les chaînes d'infos
47:14en continu
47:15et pour envahir
47:16les réseaux sociaux
47:17où des centaines
47:18de faux comptes
47:19les amplifient.
47:19Cet arme
47:23de désinformation
47:24massive
47:24porte un nom.
47:27Doppelgänger.
47:35Doppelgänger,
47:36c'est un nom
47:37qu'on a trouvé
47:37quand on a exposé
47:38l'opération
47:38au mois de septembre
47:402022.
47:42Doppelgänger,
47:42en allemand,
47:42ça veut dire
47:43clone maléfique.
47:43Et donc,
47:45on a montré
47:46comment cette opération
47:47visait en priorité
47:48l'Allemagne
47:49à cette époque-là,
47:49mais touchait déjà
47:50la France,
47:50touchait aussi l'Italie,
47:52touchait aussi l'Ukraine,
47:53touchait le Royaume-Uni.
47:55On est sur une
47:57des opérations russes
47:58les plus importantes,
47:59les plus résilientes,
48:00les plus structurées
48:00qu'on a vues
48:01depuis la fin de l'air froide.
48:02C'est très clair.
48:04Face au rouleau
48:05compresseur russe,
48:07Alexandre Alaphilippe
48:08dirige à Bruxelles
48:09une ONG indépendante
48:10d'une dizaine
48:11de chercheurs.
48:12L'opération
48:14d'Oppelgänger
48:15a été repérée
48:16presque par hasard
48:17au moment
48:18de l'invasion
48:19de l'Ukraine.
48:21Au cours de l'été
48:222022,
48:23en Allemagne,
48:23plusieurs chercheurs,
48:24plusieurs journalistes
48:25tombent sur
48:26des comptes Facebook
48:26qui s'appellent tous
48:27Odette,
48:28qui sont toutes
48:29des photos générées
48:30par l'intelligence
48:30artificielle.
48:32Elles sont toutes
48:32extrêmement symétriques
48:34comme l'intelligence
48:35artificielle,
48:36c'est les générées.
48:36On sent tout de suite
48:37que c'est étrange,
48:38qu'elles s'appellent
48:39toutes Odette,
48:39c'est étrange aussi,
48:40qu'elles travaillent
48:40toutes à Netflix,
48:41c'est aussi
48:42encore plus étrange.
48:43Et donc,
48:43ils commencent
48:44à suivre le fil
48:45de ces Odettes
48:45qui commentent
48:46beaucoup de pages
48:46sur Facebook,
48:47mais qui sont
48:48des faux journaux,
48:49des clones exacts
48:50de médias
48:51authentiques européens.
48:52La seule chose
48:52qui changeait,
48:53c'était le contenu
48:53à l'intérieur
48:54qui était,
48:55de manière assez flagrante,
48:57pro-rus,
48:58anti-ukrainien
48:58et qui n'avait
49:00absolument rien à voir
49:01avec les lignes
49:02éditoriales
49:02de ces journaux.
49:05Donc en gros,
49:05si je vous montre
49:06que ça,
49:07vous avez vraiment
49:07l'impression
49:07d'être sur le versite
49:08du Guardian.
49:09Pourquoi ?
49:10Parce qu'en fait,
49:11tout ce qui est entouré
49:11en verre,
49:12c'est vrai.
49:13C'est la vraie météo,
49:14c'est le vrai jour,
49:15c'est les vraies colonnes,
49:16tout ça, c'est vrai.
49:17La seule chose
49:17qui est fausse,
49:18c'est l'article en rouge.
49:19Mais ça,
49:19c'est complètement faux.
49:21Mais si vous arrivez là
49:22et vous ne faites pas attention
49:24que vous êtes sur
49:24le guardian.co.com
49:26au lieu du guardian.com,
49:29eh bien,
49:29vous ne verrez jamais
49:30la différence
49:30et vous allez être piégé.
49:31Là, par exemple,
49:33on peut voir
49:33l'original et la copie.
49:35À gauche,
49:35vous avez le vrai site
49:36de 20 minutes,
49:37le vrai site internet
49:37qui s'appelle 20 minutes.com.
49:39Et ce faux site
49:40qui s'appelait 20 minutes.com,
49:42vous voyez,
49:42il manque le E,
49:43si on ne fait pas attention,
49:44on se fait piéger,
49:45et tout l'article qui est faux.
49:48Pénurie de blé,
49:51coupure de gaz,
49:53flambée des prix.
49:53Au départ,
49:56ces faux articles
49:57voulaient démoraliser
49:58les Européens
49:59face à la guerre.
50:02Les deux narratifs
50:03qu'il y avait
50:04en 2022,
50:06c'était
50:06« Winter is coming ».
50:08C'était vraiment
50:09au moment où
50:10on ne savait pas
50:11si on allait avoir
50:12des réserves de gaz
50:12suffisantes pour l'hiver.
50:13Donc, il y avait
50:14toute une partie
50:14des narratifs
50:15qui était de dire
50:15« Il ne faut pas
50:16se priver de gaz russe,
50:17on est en train
50:19de tuer notre économie,
50:21etc. »
50:21Et la deuxième partie,
50:22c'était un narratif
50:22plus classique,
50:23c'était
50:23« Les Ukrainiens
50:23sont des nazis,
50:25donc arrêtons
50:26de les soutenir. »
50:29De façon opportuniste,
50:31les messages
50:31s'adaptent
50:32en permanence
50:33à l'actualité.
50:35Ici,
50:36un faux papier
50:36en français
50:37louant un parti
50:38pro-russe
50:39en période d'élection.
50:43La Russie
50:44alimente
50:45jour après jour
50:46un océan
50:47de désinformation.
50:49Dans un affrontement
50:51devenu continu.
50:52On n'est pas
50:53sur une opération
50:54de trois gars
50:55dans un garage
50:55qui font ça
50:56avec Chagipidi.
50:57On est très loin de ça.
50:58On est sur une opération
50:58qui est très organisée,
51:00qui est très financée
51:01et qui se réinvente
51:02à chaque fois
51:03et qui trouve
51:03des nouvelles manières
51:04d'exister,
51:04des nouvelles manières
51:05de continuer à exister.
51:09Mélanger le vrai
51:09et le faux.
51:11Saboter le débat
51:12démocratique.
51:13à long terme,
51:15les dégâts
51:16peuvent être considérables.
51:18C'est fragile
51:19l'institution démocratique.
51:20C'est fragile
51:21la confiance.
51:21Ça met beaucoup de temps
51:22à être construit.
51:23Donc on est sur une brèche
51:24aujourd'hui.
51:26La guerre de l'information
51:27a un intérêt fondamental
51:29pour le Kremlin
51:29qui est de produire
51:31des effets considérables
51:32en deçà du recours
51:33à des forces armées
51:34que le Kremlin
51:35sait inférieures
51:37aux troupes de l'OTAN.
51:39Et la guerre informationnelle
51:42permet de compenser
51:43cette infériorité militaire
51:46en fragilisant
51:48les sociétés démocratiques
51:50pour les conduire
51:52à une défaite
51:53sans qu'il y ait eu
51:55de bataille
51:56à proprement parler.
52:03En juin 2024,
52:05pour la première fois,
52:07un haut dirigeant russe
52:09a reconnu cette guerre hybride
52:11menée en Europe.
52:13Dans un message
52:14publié sur Telegram,
52:16l'ancien président de Russie
52:18Dmitri Medvedev écrit
52:20« Transformons leur vie
52:22en un cauchemar permanent
52:23pour qu'ils ne puissent plus
52:25distinguer la fiction sauvage
52:27des réalités quotidiennes. »
52:29Il appelle
52:30à rechercher
52:31nos vulnérabilités critiques
52:33et à nous frapper
52:36dans tous les domaines.
52:40Pour faire plier l'Europe
52:42sans avoir à la combattre,
52:44la Russie met en œuvre
52:45une stratégie de contournement.
52:47L'issue de l'affrontement
52:51est incertaine,
52:52mais les germes du chaos
52:54ont été semées.
52:56Des mouvements populistes
52:57en profitent
52:58partout sur le continent,
53:00à la grande satisfaction
53:01du maître du Kremlin.
53:03Il travaille tout le monde
53:05dans le pays.
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