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  • 13/06/2025
Mathieu Meffre, Directeur Général de LEADERS LEAGUE, explore le rôle du M&A comme outil stratégique d’orientation et d’adaptation des entreprises face à l’incertitude économique, réglementaire et géopolitique. avec les intervenants de la plénière d’ouverture "M&A, boussole des groupes dans les cycles complexes".

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Transcription
00:00Troisième édition d'M&A Stories, le grand événement des directions M&A.
00:10J'ai le plaisir de recevoir sur le plateau les personnes qui sont intervenues pour la grande conférence d'ouverture de cette année
00:17qui était intitulée M&A, boussole dans les cycles complexes.
00:21Alors tout d'abord à ma gauche, Mike Elegiam, vous êtes MD au sein d'Alvarez et Marsal. Bonjour Mike.
00:26Absolument, bonjour. Très très bien.
00:27Merci beaucoup Alvarez et Marsal, conseil financier, opérationnel, transpo et val.
00:33On a un cabinet de conseil indépendant, on appartient toujours à nos fondateurs et à nos associés.
00:39Et on intervient principalement sur les sujets de restructuring, de transformation et de tout ce qui touche aux deals.
00:45Eric Besançon, tout à ma gauche, groupe EDM&A de B&B Hotels. Bonjour Eric.
00:49Bonjour.
00:50Vous êtes un habitué, vous avez eu l'année dernière, vous avez eu la gentillesse de bien vouloir prendre un moment pour venir avec nous aujourd'hui.
00:55Vous dirigez le M&A au sein de B&B Hotels depuis combien de temps ?
00:59Depuis 5 ans, je suis rentré juste avant le Covid et la direction M&A n'existait pas.
01:04Donc j'ai eu la chance et le privilège de choisir mon équipe.
01:07Et en quelques années, sur 2022-2023-2024, on était le numéro 1 en termes d'hôtels, de nombre d'hôtels acquis.
01:16On a eu un peu de chance.
01:19Combien d'hôtels à peu près ?
01:20On a dû en faire à peu près 150.
01:22150 acquis.
01:23Oui, alors il y en a qui étaient des portefeuilles, mais voilà.
01:27On a été aidé aussi par le secteur.
01:28On a un secteur qui est très fragmenté, une pyramide des âges qui nous est favorable.
01:33Et un actionnaire qui nous supporte Goldman Sachs.
01:36Donc on a tous les éléments réunis pour une belle croissance.
01:39Et on n'a pas qu'un seul LBO autour de la table, puisqu'on a également Aurélie Mbettas-Régalin qui est groupe EDM&A au sein de Cégide.
01:46Exactement.
01:47Cégide l'européen du logiciel de gestion dans le cloud.
01:50Baudil Large Cap, c'était quand le dernier LBO ?
01:55Alors le gros, c'était en 2017, l'entrée de Silver Lake.
01:59Déjà ?
01:59Oui.
02:00Déjà.
02:00Donc 2017.
02:022017, Cégide, 300 millions de revenus, aujourd'hui plus d'un milliard.
02:05Ok.
02:05Donc vraisemblablement, vous êtes sur le marché bientôt un de ces quatre.
02:10Je ne suis pas dans le secret des dieux.
02:11Non, non, mais bon.
02:12Ok.
02:12On arrête là.
02:13On n'avait pas prévu d'en parler.
02:14Mais vous, par contre, vous avez prévu de parler du M&A en tant que boussole dans les cycles complexes.
02:19Alors, c'est sur toutes les bouches aujourd'hui.
02:22Ce n'est pas facile.
02:23Le marché est down.
02:24L'instabilité provoque du doute.
02:26Le doute dans le M&A, ce n'est pas le top du top pour avoir un deal flow extrêmement florissant.
02:32Le Large Cap est à l'arrêt.
02:33Le Mid Cap, ça tient le coup.
02:34Le Small, ça va.
02:36Mais on est quand même dans une période bien particulière.
02:39On parle de boussole dans les cycles complexes.
02:40Je me retourne peut-être d'abord vers Mike.
02:43Qu'est-ce qu'on veut dire par là ?
02:45Alors, d'abord, cycle complexe.
02:48On en parlait, Eric en parlait très, très bien sur les Black Swan tous les six mois.
02:53Il y reviendra.
02:54Mais on est dans un environnement d'instabilité géopolitique qui est assez évident avec des guerres dans plusieurs coins du monde.
03:02Et un Black Swan tous les six tweets aussi ?
03:05Presque.
03:06C'est à peu près ça avec les réseaux sociaux qui maintenant jouent un rôle assez prépondérant dans la vie économique.
03:12Mais voilà, une instabilité géopolitique évidente avec des élections aux Etats-Unis récemment qui ont créé beaucoup de doutes et d'incertitudes pour beaucoup d'acteurs.
03:21Et voilà, donc l'environnement, et sans qu'il soit trop noir, est posé.
03:27Alors maintenant, la fonction du M&A là-dedans, c'est effectivement de participer au changement stratégique des groupes.
03:34Et ça, on voit à peu près trois leviers principaux de l'activité M&A.
03:38La première, c'est effectivement la réflexion sur le portefeuille, avec pour certains groupes un recentrage sur les activités corps.
03:46Pour d'autres, au contraire, s'orienter vers des segments qui sont un peu plus stratégiques.
03:51Ça, beaucoup d'acteurs le font dans différents domaines.
03:54Il y a une deuxième composante qui apparaît assez évidente aussi, c'est l'acquisition de compétences ou de technologies.
04:02Ou bien l'implantation dans des zones effectivement qui sont un peu plus compliquées.
04:09Je discutais encore hier avec des gens de FDJ.
04:12Effectivement, l'acquisition, par exemple, je prends l'acquisition récente de Kinred Unibet par FDJ répondait là aussi à un impératif qui était de faire croître plus rapidement toute l'activité online gaming.
04:24Voilà, donc ça, ça peut être un des objectifs du M&A.
04:26Une valeur par ailleurs dont la cote résiste bien.
04:29C'est joliment dit.
04:30C'est joliment dit.
04:31C'est très joliment dit.
04:32Et enfin, la troisième composante, c'est la gestion du risque avec plusieurs aspects.
04:36D'abord, sécuriser pour certains approvisionnements, faire des freins à certains concurrents en fait, en consolidant le marché ou bien tout simplement s'implanter dans des pays où une acquisition pourrait être la première pierre d'un développement local.
04:54Qu'un développement from scratch serait peut-être plus difficile à mettre en œuvre.
04:57Donc finalement, Aurélien, Eric, recentrage et en parallèle, diversification, investissement, finalement, same, same, but different.
05:06Oui, c'est très intéressant.
05:08Je m'inscris dans ce qui a été dit.
05:09J'apporterai une petite nuance, en tout cas une précision.
05:13C'est que contexte économique favorable, c'est-à-dire sortie de Covid, où on a vu quand même des économies qui se sont plutôt bien portées.
05:21Les corporate, comme nous, ont poussé la diversification.
05:25Pourquoi ? Quand il y a de la confiance sur le marché, on va prendre des risques, on va se diversifier.
05:30Aujourd'hui, contexte géopolitique un peu plus compliqué, économique aussi, on va plutôt vers du recentrage.
05:36Et on assiste aujourd'hui plutôt à des vagues de recentrage sur les core activités moins risquées qu'on maîtrise mieux,
05:42et donc des désinvestissements potentiels, ce qui crée aussi des opportunités éménées pour d'autres.
05:47Eric ?
05:48Oui, alors le marché est très acheteur aujourd'hui, donc il faut être très conservateur sur l'argent qu'on déploie.
05:57Après, je pense qu'il y a eu un début de baisse des prix, qui n'est simplement que la conséquence de l'augmentation du coût du financement.
06:05Et ça, ce n'est pas facile à faire d'un point de vue humain, il faut que les JP fassent un deuil sur les valorisations.
06:13Tout ce qui a été acheté avant 2019 doit avoir un markdown significatif, et ça permettra de redonner de la liquidité,
06:21parce qu'un des autres points très importants du marché actuel, c'est peut-être un peu de tension entre les LPs et les JP,
06:27puisqu'il n'y a pas eu trop de distribution des fonds de private equity à leur LPs, et ça crée un petit peu de tension.
06:33Donc, s'il y avait un phénomène de baisse des prix, quitte à réinvestir d'ailleurs ensuite les proceeds dans une nouvelle acquisition,
06:43ça permettra de redonner de la liquidité au marché.
06:47Encore une fois, ce n'est pas simple, mais c'est un processus qui va se faire sur quelques années.
06:51Et après, sur les valorisations, il faut aussi prendre en compte qu'il y a quand même des tensions inflationnistes,
06:57que ce soit l'augmentation des impôts, l'augmentation des dépenses de dépense, les tarifs, tout ça, ce sont des traînes inflationnistes importants.
07:05Et si la croissance se ralentit, il faut être plus prudent.
07:07Donc, déployons sagement et en bon père de famille l'argent de nos actionnaires.
07:12On a beaucoup parlé de bottom line, et vous terminiez par la top line avec la croissance,
07:17mais moi j'ai l'impression que ce qui est un peu nouveau, c'est la confiance dans les BP côté top line.
07:23Parce que le recentrage sur le core business, il n'est pas là pour faire joli.
07:27Il est là parce que dans de plus en plus de secteurs, aujourd'hui, c'est la top line qu'on a du mal à aller chercher.
07:32Je ne sais pas si c'est ce que vous voyez, Mike, vous qui par ailleurs chez Alvarez faites aussi du distrest.
07:37On intervient effectivement dans ces situations compliquées.
07:41Sur l'ajout de top line, justement, c'est ce que je disais un peu tout à l'heure,
07:44c'est un point important, mais ce n'est pas un point qui est suffisant.
07:49D'abord parce que la top line, on ne sait pas si elle sera dilutive ou relative pour la profitabilité de la société.
07:57Mais surtout parce que ce que regardent les investisseurs de plus en plus, à la limite,
08:00c'est comment le capital investit, plus que de regarder comment la top line peut évoluer.
08:05Je pense au contraire qu'il y a une réflexion qui sera de plus en plus poussée sur la qualité de l'investissement du capital,
08:14plus que sur grossir pour grossir.
08:18C'est un point intéressant parce que nous, dans la tech, on est très souvent valorisé sur la top line.
08:22Mais pourquoi on valorise la top line ?
08:24Parce qu'il y a une qualité de revenu qui est très importante, des revenus qui sont récurrents,
08:28donc qui vont scaler en profitabilité dans les années à venir.
08:30Donc, il y a cette prime à la croissance qui est clé pour le coup dans nos marchés,
08:34qui sont des marchés qui sont en train de s'équiper, en train de se digitaliser.
08:37Donc, la réponse est oui, clairement.
08:39Ça a bien changé. Dans la tech, on voit bien que les VCs investissent un peu différemment.
08:43Alors, vous, chez Cégide, vous n'êtes plus à l'étape du VCs, mais…
08:46Non, mais on reste… On est aujourd'hui un animal valorisé sur l'EBITDA,
08:51mais avec une prime importante dans notre croissance.
08:52C'est-à-dire que notre multiple d'EBITDA va être plus ou moins forte
08:56par rapport au taux de croissance qu'on a sur nos revenus récurrents.
08:59Donc, la croissance est clé et via l'EMNA, on va essentiellement chercher, nous, de la croissance.
09:04Nous, on a une logique de croissance également.
09:07On a la chance, en fait, d'avoir une industrie qui est très fragmentée
09:10et où, en général, les opérations de l'EMNA sont relatives immédiatement
09:14ou à très court terme, ce qui permet de dérisser les investissements.
09:18Et on a des logiques d'expansion dans de nouveaux pays,
09:23de verticalité sur certains pays qui marchent bien.
09:27Pas de session chez BNB Hotels ?
09:28Non. Alors, pour l'instant, on est sur des acquisitions.
09:31On a des pays qui sont un peu plus petits que d'autres.
09:35Donc, peut-être que ce seraient des réflexions sur ces pays.
09:38Mais en général, on est plutôt sur l'acquisition.
09:40Et on souhaite que ça continue comme ça.
09:44On pourrait se dire que dans une phase où tout va bien, où ça roule, ça déroule,
09:48on est dans une phase d'exécution intense, que ce soit en origination, en deal et en intégration.
09:54Et dans une période plus complexe où peut-être qu'on va avoir tendance à temporiser l'exec,
09:58à se poser plus de questions, comment s'organise un peu votre journée à vous ?
10:02Est-ce qu'elle change ? Est-ce que votre rôle vis-à-vis de la direction générale change aussi
10:07par rapport au questionnement, par rapport à la direction à suivre, plus que dans l'exec ?
10:11On a la chance d'être dans un secteur où la tech est encore très dynamique.
10:14Oui, il y a un ralentissement du marché du M&A, mais dans la tech, il est quand même beaucoup moins fort.
10:22Et on est encore sur des volumes de deals qui sont très importants de notre côté.
10:25Donc, on est encore énormément dans l'exécution et le deal-making aussi.
10:29Là, sur 12 mois, vous avez fait combien de deals par exemple ?
10:31Alors là, sur 12 mois, on en a 7, mais il y en a 2 très gros, où on a ouvert le marché allemand
10:39et un autre au Portugal, où on a là loqué le marché portugais avec un deal qui nous permet d'être aujourd'hui le numéro 1.
10:49Mais alors, tu as tout à fait raison, parce que pour le coup, dans un contexte un peu plus compliqué,
10:54on va aussi regarder de manière plus attentionnée la marge.
10:57Quand on est dans un environnement très poussé par la croissance, où les current trading de top line sont bons,
11:06voilà exactement, on avance.
11:07De toute manière, la top line va ensuite délivrer de la marge.
11:11En revanche, quand c'est moins le cas, il faut travailler la marge directement.
11:13Donc, on n'est plus sensible au sujet opérationnel, coût, etc.
11:17Nous, sur B&B, on fait des acquisitions de bons pairs de famille.
11:22Donc, on a un environnement qui est plus complexe.
11:24Par conséquent, ça peut se matérialiser de deux façons.
11:28Un, des BP qui ne sont plus automatiquement en croissance à plus 2, plus 3.
11:33Donc, on prend une...
11:34Aujourd'hui, on n'a pas de boule de cristal, donc on dit qu'on est là où on est en termes de croissance.
11:39Et après, on peut aussi jouer sur les KPI pour être sûr qu'on ne surpaye pas les transactions.
11:45Et avec la base de données qu'on a, en fait, parce qu'on a quand même pas mal d'acquisitions,
11:51on a la chance aussi d'avoir un grand réseau.
11:54On a 400 hôtels en France.
11:55Donc, on est relativement bien placé grâce à la donnée, puisque la donnée, c'est aussi le nerf de la guerre,
12:01pour presser au mieux les micro-locations des hôtels et savoir quel loyer payer pour quel emplacement.
12:06Voilà, la donnée est clé.
12:07Et Mike, du coup, sur ce rôle de la direction M&A, ce qu'eux regardent plus dans le TS, dans les due deals,
12:14est-ce qu'il y a des choses, des questions différentes que l'on vous pose ?
12:17Est-ce qu'il y a des comités d'invest, que ce soit en corpo ou en fond, qui sont...
12:21qui droppent, qui posent plus de questions sur certains aspects ?
12:24Qu'est-ce qui vraiment se passe en due deal ?
12:26Une vigilance accrue, évidemment, dans un environnement complexe comme ça.
12:30L'attention portée sur tout, que ce soit les chiffres, que ce soit les problématiques ESG, les problématiques cybersécurité.
12:38Nous, en fait, de plus en plus, nos clients nous demandaient du deal sur tout un tas de sujets
12:44qu'on n'aurait peut-être pas fait il y a 10 ou 15 ans.
12:47Et évidemment, sur les chiffres, on nous demande d'attendre d'avoir les clôtures,
12:50on nous demande de regarder les current trading dans les mois qui suivent.
12:54Donc, ça allonge nécessairement les process.
12:57Donc, oui, une attention beaucoup plus poussée et un besoin d'une exécution qui soit parfaite à tous les stades du deal,
13:06que ce soit en préparation du deal, dans la phase de due diligence, dans la phase d'intégration.
13:10Tout doit être fait de manière extrêmement scrupuleuse.
13:14Et maintenant, ta question, il y a une idée que j'aimais bien.
13:16C'est qu'il y a un vrai effet multiplicateur, je trouve, du contexte de marché sur notre métier éméné.
13:21J'ai l'exemple d'un deal sur lequel on était, franco-français, on était prêt à finaliser.
13:29Trump annonce son sujet sur la nouvelle norme, les régulations sur les tarifs.
13:35Nos actionnaires ont souhaité ralentir et finalement, on n'a pas fait le deal.
13:39Alors que le deal n'était pas du tout exposé aux US, mais il y a un contexte général qui fait que tu as moins envie de prendre de risques.
13:45Et qu'en fait, c'est là où je parle d'effet multiplicateur, parce qu'en soi, il n'y avait pas de lien direct.
13:50Mais ce contexte fait que tu vas rentrer sur des deals, stopper des deals, etc.
13:53Merci infiniment à tous les trois pour votre temps.
13:55On vous remercie pour ma part.
13:57Je vous retrouve dans un instant pour la suite de nos programmes sur Bsmart4Change.
14:00Merci à tous.
14:01Sous-titrage Société Radio-Canada

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