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  • 04/06/2025
Et si la fatigue ne venait plus du travail dur, mais de l’obligation d’être à jour ? Pas à l’heure, pas compétent — à jour. À jour sur les formats, les logiciels, les méthodes, les références, les postures. Aujourd’hui, être compétent ne suffit plus. Il faut être updaté, upgradé, adaptable, et souvent déjà dépassé au moment où l’on pense avoir compris. [...]

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Transcription
00:00Et si la fatigue ne venait plus du travail dur, mais de l'obligation d'être à jour ?
00:13Je m'explique. Pas à l'heure, pas compétent, à jour.
00:17À jour sur les formats, les logiciels, les méthodes, les références, les postures.
00:22Aujourd'hui, être compétent ne suffit plus.
00:24Il faut être updaté, upgradé, adaptable et souvent déjà dépassé au moment où l'on pense avoir compris.
00:33C'est cette mise à niveau permanente, cette pression souterraine à suivre le rythme de tout qui use.
00:40Pas seulement les corps, les têtes aussi.
00:43Et cela touche en premier lieu ce qu'on appelle avec prudence les professions en responsabilité,
00:48les cadres, les enseignants, les chercheurs, les managers.
00:49Toutes ces fonctions où l'on est sommé de savoir, mais surtout de se reconfigurer sans cesse.
00:57On ne demande pas d'être érudit.
00:59On ne demande pas d'être stable.
01:02On demande d'être agile, mobile, réactif.
01:05Et si possible, fluide, sans angle mort, sans angle tout court.
01:10Ce monde ne veut plus des profils solides.
01:12Il préfère les profils interopérables.
01:15Et là où hier on valorisait la complexité, aujourd'hui on va la contourner.
01:20On veut des formats digestes, des solutions instantanées, des réponses glissées sous forme de template.
01:26Ce n'est pas le monde qui devient plus complexe.
01:28C'est notre droit à l'épaisseur qui se réduit.
01:32On a déplacé la valeur plus dans ce qu'on sait, mais dans la vitesse à laquelle on peut changer ce qu'on sait.
01:38Et même nos machines nous le rappellent.
01:41Refuser une mise à jour une semaine, deux semaines, et c'est le bug assuré.
01:46Pas d'évolution, tu sors du jeu.
01:49Alors que faire résister, peut-être.
01:51Mais on le sait, refuser la mise à jour, c'est aussi risquer le plantage.
01:54Alors on accepte, on suit, on fatigue.
01:57Et peut-être qu'un jour on redonnera un peu de valeur à ceux qui durent.
02:01Mais pour l'instant, c'est la vitesse qui commande.
02:03N'est-il alors pas tant que les ressources humaines s'en inquiètent ?
02:08Car cette injonction à la plasticité cognitive permanente finit par trier.
02:13Elle ne laisse pas de place aux esprits qui pensent autrement,
02:17aux profils plus lents, plus profonds, plus latéraux.
02:21Elle fragilise ceux qui refusent de se laisser reformater en continu.
02:25Pas par incompétence, mais peut-être par cohérence.
02:28Et le paradoxe, c'est que ce modèle semblant fait pour les plus jeunes,
02:34les plus digitaux, les plus natifs, va fatiguer eux aussi.
02:38Car eux aussi vont s'épuiser.
02:40Car en effet, même la génération née dans l'instantanéité
02:43ne peut pas tenir un sprint sans fin.
02:45C'est impossible.
02:47Ce qui ressemble à une performance fluide aujourd'hui
02:49peut devenir un épuisement systémique demain.
02:53Ce n'est pas seulement une culture de la performance,
02:56c'est un système de sélection masquée
02:58où ceux qui décrochent ne sont pas ceux qui savent le moins,
03:02mais ceux qui n'ont plus la ressource mentale
03:04pour suivre une cadence absurde.
03:08Les managers, les entreprises, les directions RH
03:11doivent l'entendre avant que tout le monde ne décroche.
03:15Sous-titrage Société Radio-Canada
03:21Sous-titrage Société Radio-Canada

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