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  • 23/05/2025
Franck Tanguy reçoit François Martin, Jacques Georges, Laurent Izard et Ghislain Benhessa.

Au programme des débats :

1) Désindustrialisation : pourquoi en sommes-nous là, est-il possible d'inverser la tendance ?

2) Euthanasie : la France est-elle prête ?

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Transcription
00:00Bonjour à tous, nouvelle émission de Tête à Clash.
00:14Normalement nous avons quatre invités, mais il y en a un qui est bloqué dans les embouteillages
00:18avec des manifs de taxi et nous avons toujours deux sujets, des coups de gueule et des coups
00:23de cœur.
00:24Alors je commence par les invités.
00:25La chaise vide, que vous ne voyez peut-être pas à l'écran, c'est François Martin,
00:29il est en route.
00:30Autrement, on a Laurent Isard qui est là.
00:32Bonjour Laurent.
00:33Bonjour.
00:34Et Laurent vient de m'offrir, avec une très jolie dédicace que je garderai pour moi,
00:38son dernier livre qui s'appelle « 365 raisons d'aimer la France et les Français ».
00:44Alors, vous allez le voir, il va s'incruster à l'écran.
00:47Laurent, qu'est-ce qui vous a motivé pour écrire ce livre ?
00:50Eh bien le fait qu'on dit beaucoup de mal de notre pays actuellement.
00:54Il y a une espèce de French bashing, de dénigrement systématique dans notre pays et il m'a
00:59semblé intéressant de montrer qu'on avait quand même fait des belles choses dans notre
01:01histoire et encore aujourd'hui quand même.
01:03Et effectivement, je prends au hasard, le 23 janvier 1835 est publiée la première
01:11partie de l'ouvrage majeur d'Alexis de Tocqueville, « De la démocratie en Amérique ».
01:15Eh oui, un ouvrage majeur qui a eu un écho bien au-delà de nos frontières.
01:20Le 15 juillet en 1840, Jean-Baptiste Godin, dont tout le monde connaît les poils, obtient
01:26le brevet de fabrication d'un poil à charbon en fonte.
01:28Ok, très bien, ben écoutez, merci beaucoup pour ce cadeau, je suis très touché, j'espère
01:33que ça va se vendre et j'espère que ça va intéresser.
01:37Dans tous les cas, moi ça m'intéresse.
01:39Allez, je vais sauter les sujets.
01:42Jacques-Georges, bonjour.
01:44Bonjour Franck.
01:45Et Guylain Ménessa est le quatrième.
01:48Bonjour Franck.
01:49Bonjour.
01:50Alors, et les deux sujets c'est quoi ? Les deux sujets c'est un constat, la désindustrialisation
01:56de la France.
01:57Donc on va faire une première partie sur la désindustrialisation, pourquoi on en est
02:03arrivé là.
02:04Et on aura Jacques-Georges qui nous parlera de son expérience professionnelle, parce
02:08que c'est de sa faute, je vous expliquerai pourquoi.
02:12Bien sûr.
02:13Bien sûr.
02:14Beaucoup contribué.
02:15Bien entendu.
02:16Et la deuxième partie de ce premier sujet, ce sera les pistes pour la réindustrialisation.
02:21Le deuxième sujet se raconte à lui sur la fin de vie, sur le texte qui est en train
02:25d'être voté à l'Assemblée Nationale, et puis vos opinions à chacun, vos vécus sans
02:30doute et puis vos perspectives sur ce que vous pensez, est-ce que ça va se faire et
02:35est-ce que ça s'appliquera.
02:36Allez, et puis on aura bien sûr des coups de gueule et des coups de coeur, vous pouvez
02:40nous faire confiance.
02:41A tout de suite.
02:55Allez, premier sujet, désindustrialisation d'abord, réindustrialisation en deuxième.
03:13En fait, c'est une prise de conscience qui me semble assez récente.
03:17C'est d'une part la pandémie, deuxièmement l'histoire de Trump qui lui commence à augmenter
03:26les droits de douane pour inciter l'industrie à rester ou à revenir aux Etats-Unis, et
03:33il y a l'Europe au milieu de ça qui semble un peu les bras ballants.
03:37Donc on va regarder ce sujet-là de manière approfondie et le premier qui prend la parole
03:42c'est Laurent.
03:43Laurent Huizar.
03:44Je dirais tout d'abord qu'à mon sens le processus a commencé beaucoup plus tôt, c'est-à-dire
03:50qu'on a un processus de désindustrialisation depuis une bonne quarantaine d'années, qui
03:55n'est pas propre à la France mais qui est davantage accentué sur la France.
03:59Alors il y a des facteurs qui sont communs, qui sont bien connus d'ailleurs, déjà la
04:03tertiarisation de notre économie, il y a moins d'industries dans l'économie, et puis il
04:07y a la concurrence des pays asiatiques.
04:09Il y a le choix des services.
04:10La tertiarisation, ça veut dire qu'on a fait en France le choix d'un pays de services,
04:15c'est ça ?
04:16Pas qu'en France, mais particulièrement en France, parce qu'en France, s'est ajouté
04:21un processus, c'est-à-dire qu'on a eu depuis, allez je dirais, une trentaine d'années,
04:25une espèce de consensus vers un mouvement de désindustrialisation, on a pensé que notre
04:31économie, ça serait très bien si c'était une économie sans usine.
04:34Alors il y avait un consensus de la part des politiques, mais aussi des industriels, alors
04:38on a beaucoup cité M.
04:39Turuc là-dessus, mais en réalité il n'était pas le seul, loin de là, et puis les économistes
04:42aussi ont suivi le mouvement, beaucoup d'économistes pensaient qu'une France sans usine c'était
04:46très bien, parce que ce n'était pas l'avenir, l'avenir c'était la production en Asie,
04:50et la France on faisait autre chose.
04:51Seulement aujourd'hui, on se rend compte que l'industrie est complètement essentielle
04:55à la fois pour notre souveraineté, mais aussi pour la création de richesses, et on
04:58essaye timidement de revenir en arrière.
05:00Mais pourquoi selon vous, à un moment, parce qu'effectivement, mais Turuc, c'est pas si
05:04ancien que ça, de mémoire, c'est les années 90.
05:07Ah bon, ça commence à avoir 30 ans ? Ok, je pensais que c'était dit il y a 10-15
05:12ans.
05:13Ok, et pourquoi à ce moment-là, et sans doute avant, dans les années 70 aussi, parce
05:17que j'ai l'impression moi que ça a plus de 40 ans cette histoire, mais pourquoi à
05:21un moment on a pu croire qu'il n'y avait plus besoin d'usines, et qu'en gros ce serait
05:26un pays de consommateurs d'un côté, et sans doute d'ingénieurs de l'autre, donc des gens
05:31hautement qualifiés ?
05:32Parce qu'on a pensé tout simplement que le combat était perdu d'avance, ce qui n'est
05:37pas vrai pour moi, et on a cru qu'il y aurait une espèce de division internationale du
05:42travail avec d'un côté les pays producteurs, et de l'autre côté les pays qui auraient
05:45l'intelligence, l'innovation, la création.
05:48Seulement, ce qu'on n'avait pas prévu, c'est qu'en réalité, les pays asiatiques aujourd'hui
05:53sont pas ses maîtres en matière d'innovation, de création, de recherche, et donc de devance
05:58à peu près dans tous les secteurs.
05:59Vous savez, il y a plus d'investissement en recherche et développement en Chine que dans
06:03toute l'Europe.
06:05Donc aujourd'hui, on a un problème très lourd de compétitivité.
06:09Vous savez, on paye une électricité deux fois et demie plus chère que les Chinois
06:12ou que les Américains.
06:13C'est un vrai problème.
06:14En fait, on n'a pas un environnement...
06:16Alors qu'en France, on a du nucléaire qui est censé nous donner au minimum de l'autonomie.
06:21On produit une électricité moins chère, mais on vend une électricité plus chère
06:24aux industriels.
06:25Alors ça, c'est pas tenable, et c'est pas le seul facteur.
06:29Il y a aussi le poids de toutes les normes qui sont imposées à nos industriels, le
06:32coût du travail, le droit du travail.
06:34Il y a de multiples facteurs, en fait, qui constituent autant de bouguets aux pieds pour
06:38nos industriels qui ne sont pas aujourd'hui en mesure de lutter contre leurs concurrents
06:41étrangers dans beaucoup de secteurs.
06:42Guylain, est-ce qu'à votre avis, on a vraiment péché par vanité, par esprit de supériorité
06:52en pensant que l'Europe qui avait été le maître du monde resterait le maître du monde
06:56industriel, culturel, comme toujours ?
06:59Alors, on a tellement de statistiques et de chiffres qui témoignent de la désindustrialisation
07:04et du ravage, en fait.
07:06C'est terrifiant.
07:07C'est terrifiant.
07:08En France, c'est terrifiant.
07:09Franchement, on prend qui que ce soit, quelques experts que ce soit, à chaque fois, on a
07:12l'impression qu'on creuse un désastre, une apocalypse, je veux dire, qui a, je trouve,
07:18une particularité, c'est qu'elle reste mystérieuse.
07:20C'est-à-dire que les gens se sont réveillés après le Covid en se disant comment on a
07:23pu en arriver là.
07:24On a l'impression que ça s'est fait dans le dos de tout le monde, qu'on n'avait pas
07:26vraiment conscience que c'est presque un phénomène naturel et que c'est arrivé.
07:30Et on se réveille aujourd'hui.
07:31Comment on perd ses cheveux en finissant, on perd ses entreprises.
07:34C'est une espèce, pour être clair, on dirait qu'on vit, vous savez, une espèce de gueule
07:38de bois, mais sans souvenir qu'on a picolé.
07:41Donc, c'est assez curieux.
07:42J'y vois.
07:43Alors, je vais essayer de prendre du champ rapidement et au risque d'être un peu caricatural.
07:47Je pense qu'il y a deux éléments qui me paraissent fondamentaux.
07:50Laurent en a parlé déjà.
07:51Il l'a déjà dit, mais je pense qu'il faut creuser à la racine.
07:56Je pense qu'on a pêché en croyant, peut-être de bonne foi, qu'on irait finalement produire
08:02chez les pauvres et faire des services chez nous.
08:04Tout simplement, c'est à dire qu'on avait une main d'œuvre mondialisée à bas coût,
08:07que nous n'aurions plus besoin de subir cette industrie qui pue.
08:11Vous voyez, là, je prends un bon vieux l'exclamant de la gauche.
08:14Mais ça, je reviendrai peut être plus tard.
08:16La gauche ne veut plus parler le langage des ouvriers depuis longtemps et le langage de
08:19l'industrie.
08:20C'est quelque chose qui a une grande mutation qui va aussi derrière la question terranovienne
08:24de Terra Nova.
08:25Vous savez qu'il y avait qui avait dit de toute façon, les ouvriers ne sont plus à
08:28gauche.
08:29Autant parier sur la diversité et les minorités.
08:31Je pense que tout ça est lié à cette mutation dans l'univers industriel qu'on n'a plus
08:35voulu voir.
08:36On s'est dit qu'on allait vivre dans un océan de services entre nous, tranquillement.
08:41Tout serait beau, gentil, bienveillant.
08:43Et que les pays producteurs resteraient sans formation, sans instruction et qu'en gros,
08:49ils étaient juste bêtes à produire, on va dire, mais pas assez intelligents pour un
08:54jour nous rejoindre.
08:55C'est ça aussi ?
08:56Exactement.
08:57Vous savez, très simplement, Franck, j'avais 17 ans quand j'ai découvert Wellbeck, j'ai
09:02lu Plateforme, mon premier Michel Wellbeck, après je me suis tout tapé très rapidement.
09:06Bref.
09:07Et quand on lit Plateforme, j'avais 17 ans, j'ai compris.
09:10C'est-à-dire que le désastre de la désindustrialisation, il est dans son viseur et tout est clair dans
09:16le fait qu'on s'est suicidé.
09:18On s'est littéralement suicidé avec une espèce de tranquillité.
09:22C'est l'autolyse.
09:23Deuxième élément, attendez, juste un mot sur l'Europe, ce qui me frappe toujours aujourd'hui
09:27et ça fait peut-être le lien avec la réindustrialisation, d'ailleurs laquelle on est en train de courir,
09:31semble-t-il, mais à mon avis, c'est très embryonnaire, l'Europe, l'Union Européenne,
09:36la construction européenne a été fabriquée par des gens, Jean Monnet en premier lieu,
09:41qui est un adorateur de la Citi, un type qui pensait que demain, ce qui comptait, c'est
09:44la bourse, les flux financiers et que tout ça est un monde d'hier.
09:47Et je suis certain que le code génétique de la construction européenne, on en vit
09:51les ravages aujourd'hui, c'est de se dire que finalement, les industries, c'est le
09:53temps d'avant, qu'on est partis dans un temps d'après, le temps d'après, c'est
09:56qu'on va vivre entre nous, paisiblement, l'ère de la paix, sous le protectorat américain
10:00sur la question de la guerre notamment, et du fait que de toute façon, on exporterait,
10:04on vivrait de service entre nous.
10:05C'est-à-dire qu'il y a un lien, à mon avis, entre l'ère du temps, dont on s'est
10:09fait un petit peu les champions, et une construction européenne qui marche sur la tête depuis
10:13le départ.
10:14Je comprends très bien.
10:15Je vais juste partager avec vous une expérience.
10:18Il y a quelques années, je suis allé dans les Vosges, pour des raisons professionnelles,
10:22vers une usine de textile.
10:24Eh bien, j'ai traversé des villages entiers où il y avait eu des usines de textile, où
10:30il y avait d'ailleurs d'assez beaux bâtiments en brique, et tous ces bâtiments étaient
10:36fermés.
10:37Je suis arrivé dans une usine de textile, semblable à toutes les autres, fermée.
10:41Celle-ci survivait parce qu'elle était capable de fabriquer sur la même chaîne
10:47un t-shirt pour Carrefour, c'est le patron qui me l'a dit, et un t-shirt pour Hermès.
10:51Et d'innover.
10:52Et d'innover, et d'avoir le savoir-faire pour faire du t-shirt très rapidement à
10:59la machine, et du t-shirt bordé main pour Hermès.
11:03Mais ce qui m'avait surtout frappé, c'était cette désertification, et je pensais qu'aux
11:10gens, je me disais, mais les gens, comment ils vivent par là ?
11:13Et il n'y a pas que dans les Vosges.
11:16Jacques-Georges.
11:17Oui, bon, je souscris à tout ce qui a été dit déjà avant, évidemment, notamment,
11:22mais on n'a pas prononcé le mot de l'écologie, l'écologie, nouvelle formule, c'est une
11:29écologie très spéciale qui méprise l'ouvrier, alors ça, effectivement, il faudra en parler
11:34un peu plus tard.
11:35Et puis, je voudrais tout de suite dire aussi que c'est un phénomène européen et occidental,
11:40mais il y a de grosses exceptions.
11:42Moi, je ne suis pas citoyen suisse, mais je suis très souvent en Suisse, et je peux vous
11:46dire qu'en Suisse, l'industrie se porte très bien, alors que ce sont les mêmes.
11:50Alors, en Suisse, dans le nord de l'Europe, Danemark, Suède, absolument, donc, il n'y
11:58a pas de fatalité, il n'y a pas de déterministes absolus, tout ce qui a été dit, c'est vrai,
12:03mais la France est particulièrement bonne élève dans la décadence.
12:07Alors, moi, je voudrais apporter un témoignage.
12:09Il se trouve qu'à l'occasion de ce sujet, je me suis repenché un peu sur ma carrière.
12:13Moi, pendant 25 ans, j'ai été mêlé personnellement, depuis 73 jusqu'à en gros 97, j'ai été
12:20mêlé directement à ce sujet-là, j'ai commencé, pas commencé, mais il y a très
12:24longtemps, entre 73 et 79, j'étais directeur financier de la filiale, de la grosse filiale
12:31française, d'une boîte américaine, multinationale, de 80 000 salariés, 800 en France.
12:38J'y suis resté 6 ans et j'ai quitté, pourquoi ? Parce qu'on a vendu l'usine française
12:44et nous devenions une passion du statut de manufacturing entity, c'est-à-dire une unité
12:52qui produisait, à un bureau de vente, voilà.
12:56Et pourquoi ? Et pourquoi ? Si j'avais le temps, j'aimerais vous expliquer, mais la
13:00raison, une des raisons, pas la seule, mais une des raisons, c'est que j'ai passé
13:04mon temps avec mes collègues européens, j'avais des collègues dans tous les grands
13:07pays, je faisais une réunion par an pour expliquer les bizarreries de la réglementation
13:12française.
13:13Nous étions les seuls à poser des problèmes de clearing, on avait des cléris mensuels
13:17de trésorerie, nous étions le seul pays qui posait problème, nous étions le seul
13:21problème qui avait une réglementation douanière tellement complexe qu'on ne pouvait pas
13:24la respecter.
13:25Et donc, j'ai passé deux ans avec des responsables.
13:29Le clearing, c'est quoi ? Le clearing, c'est des paiements intercompagnies à l'intérieur
13:34du groupe.
13:35C'est à la fin du mois, ça se passait en Suisse, mais enfin, c'était une...
13:38Et ça, c'était une particularité française ?
13:40Ah, c'était français ! Il n'y avait qu'en France qu'il y avait un problème, de même
13:44en douane, il n'y avait qu'un seul pays qui posait problème, c'était la France, comme
13:48par hasard.
13:49Donc, je pense que tout ça, c'était 73-79, c'était sous Giscard, ça ne veut pas dire
13:56que...
13:57Ça veut donc dire que le problème de la surréglementation française, il est très
14:02ancien.
14:03Il est très ancien.
14:04Et ce respect...
14:05Les Américains, ils ont leurs défauts, ils les connaissent très bien, ils sont très
14:10légalistes.
14:11Ils sont très légalistes, ils respectent la loi à la lettre.
14:15Lorsque j'ai signalé qu'il y avait un problème douanier, que personne ne connaissait, que
14:20j'avais détecté, ils n'ont pas les aînés sur les moyens, ils ont envoyé des troupes
14:25d'auditeurs, etc.
14:27Pendant deux ans, on a bossé là-dessus, on est allé se confesser au ministère des
14:30finances français, qui nous a absous, d'ailleurs, parce que c'était impossible de respecter
14:37la réglementation, tout simplement.
14:39On a fait, là, il nous reste 6-7 minutes.
14:42Je voudrais quand même dire encore, et ce n'est pas ma seule expérience, c'est ma première,
14:45mais ensuite, j'ai été directeur financier d'une filiale de Charbonnages de France.
14:50Il n'est inutile de vous dire que ça s'est mal terminé, évidemment.
14:54Il y a eu le choc pétrolier de 1973-1979 qui avait redonné une compétitivité au charbon,
15:00et puis, naturellement, quand ça s'est inversé, c'est le contraire, et puis le charbon est
15:05mal vu par les écolos pour des raisons, d'ailleurs, un peu hypocrites, entre parenthèses.
15:09Enfin, bon, malgré tout, ça peut se comprendre, donc ça s'est mal terminé.
15:12Et puis, bon, si j'avais le temps, je vous expliquerais, pendant 25 ans, j'ai lutté
15:16contre la désindustrialisation, et je constate le désastre d'aujourd'hui.
15:20Moi, ce que j'aimerais, c'est, on a fait un constat, qui est extrêmement pessimiste,
15:25et je dois vous dire, en préparant ce sujet, ça m'a vraiment mis le moral dans les chaussettes.
15:29En revanche, je vois qu'il y a une sorte de prise de conscience, il me semble qu'il
15:34est plus que temps, et qu'il y a un petit rebond.
15:37Est-ce qu'on peut tracer des pistes pour que ça aille mieux ? Peut-être pour redonner
15:42un peu le moral aux auditeurs et à moi.
15:45Il y a une prise de conscience qui est déjà pas mal.
15:48On est d'accord.
15:49Laurent, et puis après ?
15:50On a parlé de rebond industriel, effectivement, on en parle beaucoup, mais en réalité, c'est
15:55du flan.
15:56Le Sommet Choose France, par exemple, qui vient de se terminer, bon, il ne s'y passe
16:01pas grand-chose, en réalité.
16:02Le fond du problème…
16:04Il n'empêche qu'on constate depuis plusieurs années que la France est le premier pays
16:09d'investissement, ou de destination d'investissement, ou de désir d'investissement, des entreprises
16:14en Europe.
16:15Ce que je me tue à dire depuis des années, c'est qu'il faut distinguer entre les
16:18investissements créatifs, quand une entreprise étrangère vient s'installer en France,
16:23crée une industrie, crée de l'emploi, c'est très bien, je préfère que ce soit
16:25chez nous plutôt qu'ailleurs.
16:26Mais beaucoup d'investissements étrangers, ce sont des investissements de prédation.
16:30Et à ce moment-là, il n'y a pas de raison d'en être tellement fier, même si on peut
16:34parfois sauver des emplois.
16:35Quand vous dites prédation, c'est quoi ? C'est la captation d'un savoir-faire,
16:38par exemple ?
16:39Oui, le savoir-faire, l'entreprise…
16:40Les Chinois ont été champions.
16:41Ce n'est pas les Chinois qui sont les champions, c'est les Américains d'abord, les Hollandais
16:45aussi.
16:46Mais ceci dit, le résultat est le même, les entreprises en question, elles partent
16:51de France, parfois on délocalise, parfois on fait des plans sociaux, on capte le savoir-faire
16:57et à l'arrivée, il y a très peu d'emplois qui sont sauvés.
17:00Oui, sauf que Laurent, le rebond…
17:02La compensation avec notre accord, souvent.
17:04Avec notre propre auto-complicité.
17:07Le rebond, c'est aussi une question d'autonomie de la France et de l'Europe, c'est aussi
17:13une manière de retrouver de la puissance, de retrouver de la richesse pour pouvoir payer
17:18les changements qui s'annoncent, parce que la guerre en Ukraine a des conséquences parce
17:24qu'il faut réarmer, et pour réarmer, il faut du budget, il y a un changement écologique,
17:29on peut en dire ce que l'on veut, il n'empêche que ça va demander des adaptations, dont
17:34coûter de l'argent.
17:35Donc tout ça, c'est s'il n'y a pas d'espoir, on va rester sur le bord de la route.
17:39Mais précisément, le problème, Franck, à l'instant, vous venez d'employer un
17:43mot, le mot problématique, le mot qui tue, vous dites, il faut un changement, et effectivement
17:48on sent un frémissement, les débats ont lieu, on va dire ça comme ça, même si
17:51vous savez, je pense toujours à Philippe Muray, vous savez, le débat, le débat et
17:57le faux débat, on a quand même beaucoup de faux débats et très peu de vrais débats
18:00en France, admettons.
18:01Là-dessus, quand vous dites changement, pourquoi je dis que c'est le mot qui tue,
18:04c'est pour une raison toute simple.
18:05Et je suis désolé de faire une fixation, c'est peut-être ma façon de réagir, peut-être
18:09parce que je suis juriste de formation, tout de même, j'ai réagi comme ça, le verre
18:13est dans le fruit et c'est certainement pas ceux qui ont planté le verre qui vont
18:16continuer et qui vont permettre de trouver l'antidote.
18:18Je m'explique, Emmanuel Macron, il n'est pas du tout le seul.
18:21Si on prend les chiffres sur la désindustrialisation, le constat est accablant, on a notamment
18:26un bilan dramatique sous Jacques Chirac, ça veut dire qu'en 1995, le fameux retour
18:31de la droite, quoi qu'on pense de Jacques Chirac, en réalité, après, n'a rien donné.
18:35Au contraire, la désindustrialisation s'est accélérée sous Jacques Chirac.
18:39Les chiffres sont accablants.
18:40Ce qui signifie que lorsqu'on pense changer de logiciel, changer la manière de penser,
18:45c'est ce qu'il faut faire.
18:46Il faudrait réfléchir désormais en se disant que l'industrie est fondamentale.
18:50Donc ça veut dire qu'il faudrait croire qu'Emmanuel Macron, un peu plus de 40 ans,
18:56qui a été biberonné à l'ère du service, précisément, c'est un homme des services,
19:01lui-même, il vient de cela.
19:02Il pense comme cela.
19:03Il suffit de se taper le traitre et le néant d'Avellum et tous les bouquins sur Emmanuel
19:07Macron pour comprendre son logiciel mental.
19:09Ce qui veut dire qu'à mon avis, ce qui se passe depuis 3-4 ans, on s'en est rendu compte,
19:13lorsqu'on s'est rendu compte en France qu'on ne pouvait plus faire de masques lorsqu'il
19:16y avait le Covid, on ne savait plus rien faire.
19:17On s'est rendu compte qu'on était dépendant du monde entier.
19:19Il faut croire que l'homme de la souveraineté européenne, c'est-à-dire l'homme de l'oxymore,
19:25souveraineté européenne, ça n'existera jamais, même dans les rêves les plus fous,
19:29des idéaux, je veux dire, des idéalistes invraisemblables.
19:33Il faudrait que l'homme de la souveraineté européenne redevienne ou devienne l'homme
19:37de la souveraineté française et qu'il arrive à se dire qu'on remplace les services par
19:41l'industrie.
19:42Ça veut dire qu'il faudrait qu'il passe, pas seulement son chemin de Damas, il faudrait
19:47une mutation, comment dire, génétique, il faudrait que ça devienne un autre homme.
19:51Mais attendez, derrière, Franck, je vais être là.
19:52Le blocage, c'est quoi ? C'est le politique ?
19:53Mais le blocage, c'est que notre univers, je dis souvent la même chose, Emmanuel Macron
20:00est l'homme de l'ère du temps.
20:01Et depuis quelques années, l'ère du temps est en train de subir un changement fondamental.
20:04On prend une autre route.
20:06L'homme de la route initiale, qui a été choisi en France pour faire en réalité ce
20:10que les autres faisaient depuis des décennies, qui nous a amenés dans le mur.
20:12Il a été élu pour faire le contraire même de l'industrialisation, pour poursuivre
20:17la désindustrialisation.
20:18Il faudrait croire que les mêmes vont prendre une autre route.
20:21Pour moi, c'est impossible.
20:23Donc soit on change de matrice idéologique complète et on reprend un zéro, un restart
20:28absolu.
20:29Je le dis même en anglais, je ne devrais pas.
20:30Vous appelez à une révolution.
20:31En fait, c'est compliqué parce que est-ce que quelqu'un en France est capable d'entendre
20:36qu'il faut faire la révolution ?
20:37Mais à mon avis, beaucoup de gens en France se rendent compte.
20:40À mon avis, beaucoup.
20:41Vous savez, je pense que le français, le citoyen français, se rend largement compte
20:45avec ses petits yeux que tout a été fait n'importe comment, notamment dans ce domaine
20:49depuis 80 ans.
20:50Il n'y a que la liquidité des prétendus intellos, je veux dire, ou la liquidité des
20:54prétendus experts qui leur fait croire que les Français n'ont rien compris.
20:59C'est comme le référendum.
21:00Vous savez, tout le monde sait répondre oui ou non à une question.
21:01Tout le monde a compris la question, mais on nous abreuve de gens qui nous disent les
21:04questions sont trop compliquées.
21:05Personne ne saura y répondre.
21:07À mon avis, les gens savent très bien répondre à une question de cette nature.
21:10Absolument.
21:11Jacques-Georges.
21:12Moi, j'ai quelques pistes, vous savez, Guylain est toujours très brillant.
21:17Ça ne veut pas dire qu'il a toujours des idées que je partage, notamment sur un point
21:22quand même.
21:23C'est d'édouaner l'Europe de tout ça parce que les défauts français n'ont pas besoin
21:26de l'Europe pour exister et même pour en général en rajouter.
21:29Nous avons créé l'Europe.
21:32Nous avons créé l'Europe, oui, mais l'Europe, enfin, ça, c'est un gros sujet.
21:36Ça m'aiderait d'en parler en profondeur, mais l'Europe, à mon avis, est tout à fait
21:40innocente dans ce...
21:41Enfin, pas tout à fait.
21:42En tout cas, l'Europe est dans l'air du temps aussi.
21:44Elle subit l'influence notamment française dans tous les tas de sujets, notamment celui-là.
21:49Jacques, il y a un pays qui est actuellement en crise, c'est l'Allemagne et pourtant beaucoup
21:54de gens pensent que l'Allemagne, et de spécialistes de l'investissement entre autres choses, pensent
21:59que l'Allemagne a une grosse capacité de rebond.
22:01Pourquoi ? Parce que l'Allemagne garde une capacité d'emprunt énorme, environ 1 000
22:07milliards, qu'elle va d'ailleurs assécher les marchés monétaires pour emprunter et
22:12que ça va lui permettre de changer son modèle économique.
22:16Oui, mais pourquoi est-ce que la Suisse prospère ? Pourquoi est-ce que l'Europe du Nord prospère,
22:22y compris en industrie ?
22:23Et pourquoi pas l'Allemagne ? L'Allemagne a effectivement une faculté de rebond parce
22:27qu'elle a des moyens financiers.
22:28C'est exact, mais ce n'est pas la vraie raison.
22:30La vraie raison, c'est que nous avons globalement en Europe et surtout en Europe du Sud perdu
22:34tout avantage concurrentiel.
22:36Je crois que c'est ça, le point fondamental, c'est ça.
22:40Nous n'avons plus que de l'industrie de moyenne gamme, ça c'est quand même un point fondamental.
22:45Le moyenne gamme, c'est celui qui ne va nulle part actuellement.
22:47Nous n'avons plus d'innovation, nos universités ne sont plus au niveau, ou en tout cas pas
22:52dans la bonne direction.
22:53Et maintenant avec Nord Stream, nous avons accepté Port-Larbourg, parce que c'est Port-Larbourg,
23:01Nord Stream.
23:02Nous l'avons accepté sans protester, je dirais, et c'est un assassinat de l'industrie européenne,
23:09il n'y a même pas eu de protestation.
23:10Oui, mais personne ne voulait plus acheter l'énergie russe à cause de la guerre et
23:14soutenir l'effort de guerre en payant les Russes.
23:17Je suis persuadé qu'à long terme, et même à moyen terme, l'Europe ne peut exister
23:21sur le plan industriel et sur d'autres plans que dans le cadre d'une alliance étroite
23:26et profonde avec la Russie.
23:29Sans la Russie, nous sommes foutus.
23:32Voilà, moi c'est ce que je pense fondamentalement.
23:34Le problème de la confiance envers la Russie, je ne sais pas comment une partie de l'Europe
23:39va pouvoir le retrouver dans les 10, 20, 30, il faudrait un De Gaulle et un Adenauer, je
23:45ne les vois pas pour le moment.
23:46Moi non plus.
23:47Juste une seconde, si on prend l'Allemagne, il y a une chose qui est fascinante, je vis
23:50en Alsace, donc je constate la différence de perception.
23:53J'ai été élu dans un environnement, encore une fois en Alsace, où nous avons l'habitude
23:57chez nous, désolé de dire chez nous, on a l'habitude de concevoir le rapport, ce
24:01que les Allemands appellent le Feinmechaniker, c'est-à-dire l'ouvrier spécialisé.
24:05Pour eux, c'est un statut social enviable, respectable, c'est les gens qui savent ce
24:09que c'est, la filière apprentissage, lycée professionnel, etc.
24:13Nous envisageons, et je suis désolé, c'est encore le cas, et ce n'est pas qu'une question
24:17de droite-gauche, mais les politiques français, et je mettais Chirac dans le même sac quasiment
24:22que la gauche, ont une espèce de refus de considérer le monde ouvrier comme un monde
24:26respectable.
24:27On l'a mis sous le boisseau.
24:28Donc il faut commencer par remettre en valeur un monde que nous avons décidé de mettre
24:34de côté, et une fois, qui est largement lié à la question de la France périphérique,
24:39la question des territoires, etc.
24:40Une fois que cette matrice aura changé, mais vous voyez, on ne peut pas le faire avec les
24:43mêmes, on pourra ensuite réfléchir au monde de l'industrie tel qu'il est.
24:47On va devoir passer au deuxième sujet, il y a eu quand même, et c'est moi qui vais
24:51conclure, il y a eu quand même un retour de l'apprentissage, il y a eu quand même
24:56des tentatives pour valoriser...
24:58Des tentatives qui n'ont pas d'avantages concurrentiels et on ne pourra pas en avoir
25:01à court terme.
25:02C'est ce qui a été dit.
25:03C'est un vrai sujet.
25:04Et le seul moyen, c'est de protéger nos entreprises.
25:05Oui, bien sûr.
25:06On ne pourra pas s'en sortir sinon.
25:07Aujourd'hui, on est acculé à un néoprotectionnisme, ce qui est un aveu de faiblesse, mais est
25:12incontournable.
25:13Malheureusement.
25:14Je suis étonné que ce sujet du protectionnisme n'arrive alors qu'on n'a plus le temps,
25:20parce qu'effectivement, on voit bien que c'est quand même un des chemins qu'on va
25:24devoir...
25:25Mais c'est détestable en soi, mais c'est aujourd'hui indispensable, sinon nous allons
25:31crever.
25:32En même temps, se protéger, est-ce vraiment si indigne ?
25:35Non, c'est intelligent.
25:36La Germagne l'a fait dans son temps, la France aussi, ça s'est très bien passé.
25:41Absolument.
25:43Merci beaucoup.
25:44Merci beaucoup messieurs.
25:45On se retrouve dans quelques secondes pour le deuxième sujet.
25:47Et François Martin, lui, est arrivé, donc on va l'installer.
25:49A tout de suite.
26:06Rebonjour à tous, et je salue François Martin qui s'est extirpé.
26:11De la manif des taxis, voilà.
26:13Bien sûr.
26:14Bon, merci François d'être là.
26:16Alors, le deuxième sujet, c'est le débat de la fin de vie, débat qui arrive, on a
26:22le sentiment, en dernière phase, au minimum à l'Assemblée nationale, puisqu'on est
26:27en train de voter les premiers amendements, et que la fin du débat est prévue pour la
26:31fin mai.
26:32Et je pense que c'est un sujet de société fondamentale.
26:37Je sais, pour avoir fait un petit tour de table avant de commencer, qu'il y a des avis
26:41divergents.
26:42C'est Guylain qui commence.
26:43Guylain, alors, qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que vous vous sentez concerné ? Parce
26:47que, autour de cette table, vous êtes le plus jeune, donc vous pouvez vous dire que
26:51ça vous concernera à la cinglinglin.
26:53Écoutez, Franck, c'est très simple, je pourrais commencer en faisant comme tout le monde le
27:00fait aujourd'hui, c'est-à-dire à basculer dans les questions personnelles.
27:05Je sais qu'on a vécu, personnellement, j'ai eu affaire à cela, comment dire, ma mère
27:10m'écoute certainement, et on a eu la mère de ma mère, ma grand-mère est décédée
27:13à la maison, ce qui signifie qu'après deux ans, je veux dire, dans des circonstances
27:17invraisemblables, évidemment, la question ne s'est pas posée à l'époque pragmatiquement
27:20puisque la loi n'était pas votée, mais je pense que dans une situation telle que celle-ci,
27:27dans cette configuration, quelqu'un aurait fini par le proposer, vous voyez, on aurait
27:30été dans ce cas de figure.
27:31Mais ce n'est pas comme ça que j'aborde le problème.
27:34J'essaie de ne pas réfléchir avec mon cœur, avec les tripes, je pense que c'est la dernière
27:38des choses à faire dans ce genre de situation, parce que sinon, c'est le prix des larmes,
27:41on va tous tomber dans le panneau et on va être tous d'accord avec, globalement, l'ouverture
27:45du débat.
27:46Je m'explique.
27:47Si je dépassionne, ou si on tente de rationaliser le débat plutôt, deux points me semblent
27:53fondamentaux.
27:54Deux points.
27:55Premier point, beaucoup de gens en parlent, je vais être très court, je pense quand même
27:58qu'il y a quelque chose comme une rupture anthropologique, qu'on le veuille ou non,
28:03il y a une rupture anthropologique, et le fait que le Parlement, que les parlementaires
28:07soient associés à une telle rupture, d'avoir le droit, d'une manière ou d'une autre,
28:11de confier, de donner mandat à donner la mort, me pose un problème.
28:15C'est une rupture qu'on le veuille ou non.
28:17Je n'ai pas dit nécessairement qu'elle est mauvaise, je dis que c'est une rupture, il
28:19faut l'enregistrer comme telle, quelles que soient les positions de chacun.
28:22Premier élément.
28:23Ensuite, le vrai élément de réflexion, et ce n'est pas pour faire du en même temps
28:27ou éviter de répondre à la question, la dernière des choses à faire pour moi, c'est
28:31de confier au législateur le soin de trancher ce genre de questions.
28:35Pour une raison simple.
28:36Vous êtes avocat, si ce n'est pas le législateur, qui va s'emparer du sujet ?
28:41Moi j'aimerais, vous savez, qu'on en revienne à, je le disais tout à l'heure, Philippe
28:44Muray en souriant, et je vais redire Philippe Muray sans sourire, dans l'envie du pénal
28:47de Philippe Muray, il dit quelque chose de très juste, c'est que nous sommes aujourd'hui
28:52inondés d'injonctions à combler tous les vides juridiques, combler les lacunes, combler
28:57les vides, trouver des lois, répondre aux demandes.
29:00Je pense qu'en réalité, ce genre de questions intimes, douloureuses comme elles sont toujours,
29:05doivent relever d'une zone grise, d'une façon de gérer en famille, d'une façon
29:10de gérer à l'abri du regard inquisiteur de la loi.
29:15Je pense que de toute façon, quand le législateur vient, derrière, le juge va débarquer, forcément,
29:20il faudra interpréter la loi, et quels que soient les garde-fous qu'on aura demain,
29:23la jurisprudence va ouvrir les vannes, et de plus en plus, c'est comme ça dans tous
29:27les domaines, on finit dans 40 ans par faire le contraire que ce qu'on était censé
29:31faire 40 ans avant.
29:32Ce qui est terrifiant, c'est qu'on a ce modèle d'ouvrir toujours plus dans tous
29:36les domaines, et vous verrez que si demain, tous les parlementaires nous disent, vous
29:40inquiétez pas, on ne tuera pas telle personne, on ne va pas ouvrir le doigt à telle personne,
29:43on va trouver toutes les modalités du monde, je vous jure que dans 40 ans, un juge va dire,
29:49on a le droit de le faire, un autre juge va dire, finalement on va ouvrir, un autre parlement
29:54nous dira, finalement on va encore ouvrir, et on finira par liquider des gens qui ne
29:57l'auront pas vraiment demandé, dans des situations qui n'étaient pas celles prévues
30:01en 2025.
30:02C'est toujours pareil.
30:03Mais pour l'instant, vous êtes d'accord avec moi pour dire, et là j'ai relevé que
30:06l'article 4 demande à ce qu'il y ait des conditions d'accès cumulatives, donc je
30:11vais les citer, être majeur, être capable d'exprimer sa volonté de manière libre
30:16et éclairée, être atteint d'une affection grave et incurable, être en phase avancée
30:21ou terminale, et présenter une souffrance physique ou psychique réfractaire au traitement
30:27ou insupportable.
30:28Pour le moment, on peut dire qu'au minimum, dans cet article, c'est assez encadré, non ?
30:33C'est toujours la même chose.
30:34Pour l'avortement.
30:35Oui.
30:36Exactement.
30:37Vous faites le parallèle.
30:38Bah oui, totalement.
30:39On peut faire le parallèle avec l'IVG, on peut aussi faire le parallèle avec le mariage
30:42pour tous, où finalement il y a eu énormément de débats annonçant une forme d'apocalypse.
30:47Et les gardes fous sautent les uns après les autres, au fur et à mesure du temps.
30:50Les gardes fous, à mon avis, sont très très très excessifs.
30:53Nous parlons de quoi ? D'une liberté à conquérir ? Nous parlons de quelque chose
30:59de nouveau ? Nous sommes en train de parler de quelque chose ? En gros, le discours dominant
31:05consiste à dire qu'on ne touche pas à ça parce qu'il y a trop de dangers derrière.
31:09On ouvre la poêle de Pandore.
31:10Bon, ce n'est pas valable.
31:13A mon avis, c'est un raisonnement que je peux comprendre mais que je n'admets pas,
31:17pour une raison très simple, c'est que nous parlons de la liberté suprême, qui
31:22est de décider souverainement des modalités et de la date de sa propre mort.
31:28Et ça, je crois que c'est quelque chose qu'on ne… Il est impensable, il est monstrueux
31:35pour moi de remettre ça en cause.
31:37Je voudrais citer Cioran, tiens, est-ce que vous voulez qu'on cite Cioran ?
31:41Philippe Moret et Cioran, c'est de haut niveau.
31:43Oui, mais moi, j'aime beaucoup Cioran.
31:45Messieurs, vous avez intérêt à préparer vos citations.
31:47En gros, Cioran a dit, je ne vais pas citer, mais Cioran disait qu'il ne survit que par
31:52la possibilité de la mort, du suicide, à n'importe quel moment.
31:56J'adore beaucoup ça.
31:58Moi, ça me convient très très bien et il ne faut pas oublier, une fois encore, que
32:04nous parlons d'une liberté et de la liberté la plus importante qui est une question de
32:09dignité, qui est une question de…
32:11Jacques, vous êtes favorable à l'avancée de cette loi ?
32:15Je suis favorable à cette loi, beaucoup plus, et même beaucoup, très au-delà.
32:19Je pense qu'il ne suffit pas d'être mourant et d'être au bout pour arrêter
32:27des souffrances.
32:28Je pense qu'on doit pouvoir être libre des raisons, des modalités et du temps de
32:34sa propre mort.
32:35Mais ce n'est pas ça dont il s'agit.
32:37Alors, si, quand même.
32:38Il ne s'agit pas de liberté.
32:40François Martin ?
32:41Alors, il y a un premier point préalable dont personne ne parle, c'est le coût,
32:48en fait, des soins médicaux.
32:49La moitié, globalement parlant, la moitié du coût des soins médicaux d'une personne,
32:57d'une vie, c'est les quinze derniers jours.
32:59Ah, moi j'avais…
33:00Ok.
33:01Pour moi, c'était 90% dans…
33:03Ok.
33:04Mais on doit…
33:05Les quinze derniers jours.
33:06Ça montre déjà l'enjeu financier, derrière les belles paroles et les beaux trucs, l'enjeu
33:12financier qu'il y a derrière…
33:13Vous pensez que ce serait une raison cachée, faire des économies ?
33:15Elle est totalement majeure.
33:16C'est drôle parce que je ne l'entends pas, je ne parle pas de sa liberté.
33:20On l'entend parce qu'on entend parler des gens honnêtes.
33:22Mais derrière, vous pensez que les gens qui nous gouvernent, ils n'ont pas une machine
33:28à calculer dans la tête, comme ils l'ont dans l'autre domaine ? Il faut vraiment
33:31les prendre pour des imbéciles.
33:32Oui, mais si on parle des sous-économies…
33:33Ça, c'est la première chose.
33:34Les sous-économies, c'est pareil, c'est de l'économie aussi.
33:35Cher ami, laissez-moi répondre d'abord.
33:36Ça, c'est le premier point.
33:37Le deuxième point, c'est…
33:38Moi, j'entends toujours « mourir dans la dignité, mourir dans la dignité », mais
33:39je n'entends pas qui c'est qui fixe les termes et les… qui c'est qui fixe les
33:40éléments de la dignité.
33:41C'est dit dans la loi.
33:42Attends.
33:43Qui c'est qui fixe les éléments de la dignité ? Les gens, comme le professeur
33:44Touraine, disent ouvertement qu'il faut rentrer même dans la dignité, qu'il faut
33:45rentrer, mettre un coin dans le principe pour commencer, mais que pour l'instant,
34:08il n'est pas normal qu'il n'y ait pas les mineurs, qu'il n'y ait pas… etc.
34:11Et que leur objectif, c'est d'élargir très largement.
34:15Non pas pour que les gens soient libres de décider, mais pour qu'il y ait des gens
34:23qui décident du critère, les critères qui sont ceux de la mort.
34:26Vous vous opposez, là, avec Jacques, parce que Jacques lui dit « c'est moi qui décide
34:31».
34:32Non, non, non.
34:33Ce n'est pas Jacques qui décide.
34:34Si, c'est ce qu'il dit.
34:35En tout cas, c'est ce qu'il souhaite.
34:36On veut légiférer.
34:37Moi, je n'empêche personne de suicider s'il en a envie.
34:40Pourquoi faut-il obliger les médecins à le faire pour vous ? Pourquoi obliger la
34:45communauté en général et en totalité à vous tuer ?
34:48Parce qu'ils ont le savoir-faire et les produits pour le faire.
34:53Sinon, sur le marché gris dont parlait Guylain, il y a plein de choses qui s'y accumulent.
34:58La vraie question, c'est que pour moi, on est dans un système totalitaire aujourd'hui.
35:03Le problème, c'est qui c'est qui fixe les critères de la dignité ?
35:10Moi, le monsieur, je ne sais plus comment il s'appelle, qui n'arrête pas de l'Association
35:15pour le droit à mourir dans la dignité, moi, je pense que sa façon de voir les choses
35:19est monstrueuse.
35:20Elle est monstrueuse.
35:21Est-ce que je pense que si lui, il est moralement ou psychologiquement dérangé, je peux faire
35:27en sorte que les règles de la mort dans la dignité soient telles qu'on puisse l'éliminer
35:33cette personne-là ?
35:34Non, mais vous voulez décider pour lui.
35:35La question, c'est Jacques-Georges et lui-même.
35:37J'ai oublié son nom, mais dit, je veux décider pour moi.
35:40Mais c'est ce qu'on est en train de dire là.
35:42On n'est pas en train de parler de chacun décide, on est en train de fixer les critères
35:47de la dignité dans la loi actuellement.
35:49C'est ça qu'on est en train de faire.
35:52Laurent Hizard, il y en a un qui n'a pas parlé.
35:53Laurent Hizard.
35:54Bon, trois choses que je voudrais dire.
35:56La première, on n'arrive pas sur un terrain vierge juridiquement.
35:59Il y a la loi Leonetti en 2005, il y a la loi Cresce-Leonetti en 2016, l'ensemble...
36:04Qui elle-même a été face à de très nombreuses...
36:07Oppositions.
36:08Qui étaient d'ailleurs les mêmes qui sont actuellement opposées à...
36:11C'est ça qui est intéressant, les mêmes défendent maintenant les soins palliatifs
36:17alors qu'ils les...
36:18Ils les combattaient avant.
36:19Ils s'y opposaient.
36:20C'est intéressant.
36:21C'est vrai.
36:22Et ce que je voudrais dire, c'est que le droit positif aujourd'hui, à mon sens, réalise
36:27quand même un équilibre tout à fait intéressant entre d'un côté l'acharnement thérapeutique
36:31excessif et d'autre côté la mort provoquée et parfois prématurée.
36:35Ça, c'est le premier point.
36:37Deuxième point que je voudrais dire sur les questions de dignité et de liberté qui sont
36:42effectivement des éléments centraux.
36:44Moi, ma conviction sur la dignité, c'est que tout être humain est digne depuis le
36:48début jusqu'à la fin.
36:49Quelle que soit sa richesse, quel que soit son niveau de santé, quelle que soit sa souffrance,
36:53quelle que soit sa situation, il reste digne en tant que personne humaine.
36:56C'est intrinsèque à la personne humaine.
36:58Et quant à la liberté, c'est vraiment un critère important.
37:03Liberté de choix.
37:04Je veux choisir ma mort.
37:05Je veux choisir le moment.
37:06Je veux choisir si ma qualité de vie est suffisante.
37:08Mais en réalité, c'est une fausse liberté.
37:10Parce que quelqu'un qui est en souffrance physique et psychologique et à qui on propose
37:15uniquement soit tu continues de souffrir, soit tu choisis l'euthanasie.
37:20Bon, eh bien, forcément, il va choisir l'euthanasie, mais en réalité, c'est effectivement un
37:26faux choix, une fausse décision.
37:28Ce n'est pas ça le choix qui est proposé, c'est un système qui s'ajoute à ce qui
37:34existe actuellement.
37:35C'est parce qu'il y a une très mauvaise prise en charge de la plupart des malades
37:38en fin de vie.
37:39Et du coup, cette mauvaise prise en charge conduit les gens à préférer mettre fin
37:42leur vie.
37:43Vous savez, dans les unités de soins palliatifs, on ne demande pas à mourir, personne ne demande
37:59à mourir.
38:00Moi, j'ai vécu ça.
38:01Et par mes parents aussi, je voyais des gens qui étaient sereins parce qu'il y avait
38:05une bonne prise en charge à la fois médicale et psychologique.
38:08Il y a une dernière chose que je voudrais dire, et là, je ne vais pas citer Cioran,
38:11mais je vais citer peut-être Albert Camus, c'est moins bien, mais bon, c'est pas mal.
38:15Un prix Nobel, on le prend.
38:17Quand une loi ne dit pas les choses, n'emploie pas les mots, il y a un loup quelque part.
38:23Et la loi ne parle pas d'euthanasie, elle parle d'aide à mourir.
38:27Alors, on fait des distinctions subtiles en disant qui appuie sur le bouton, etc.
38:29Mais la problématique est strictement la même.
38:32Alors, Camus, il dit, vous connaissez la citation, un mal nommé des choses, c'est
38:36ajouté aux malheurs du monde et ne pas les nommer, ne pas parler d'euthanasie, c'est
38:41nier notre humanité.
38:43Moi, j'en resterai là.
38:44Guylain et Jacques, vous savez, on discutait à l'instant de la question de la dignité.
38:51Alors, ça me gêne toujours qu'on aborde cette, pas ici, je parle de la loi et des
38:56débats parlementaires, qu'on aborde la question de la dignité humaine.
38:58Vous savez d'où vient la dignité humaine?
39:00Et là, on voit le renversement des mots en quelques décennies.
39:03La dignité humaine a été mise au forceps dans le droit, on va dire.
39:06Il y a d'autres choses que ça, je caricature un peu, mais au lendemain de la Seconde
39:08Guerre mondiale, par réaction à la Shoah, ça veut dire que les Allemands ont pensé
39:12le concept de Menschenwürde, donc de dignité humaine, au travers de leur réaction à la
39:16barbarie nazie, en disant plus jamais ça, on ne peut plus tolérer que l'individu soit
39:20mis, que l'individu juif, tigraine, soit mis en camp de concentration.
39:24Et aujourd'hui, on est en train de parler de dignité humaine pour justifier la fin de
39:28vie, c'est-à-dire qu'on a complètement tordu la notion pour en faire dire l'exact
39:33contraire de ce qu'on en disait à l'époque.
39:35On l'employait dans un sens protecteur, pas offensif.
39:38Désormais, la dignité humaine sert à réclamer plus de droits ou plus de liberté à
39:43se donner la mort d'une manière ou d'une autre.
39:45Et là où je suis, peut être que je suis, vous disiez jeune, peut être que je suis
39:50trop vieux. C'est possible, je ne sais pas, à la limite, je m'en fous.
39:53Je ne supporte plus.
39:55Je pense que j'ai beaucoup de mal à le supporter, que la discussion sur ce genre de
39:59notion fondamentale soit une discussion sur je veux, je réclame, j'ai droit à.
40:04On n'a pas de droit créance immédiat.
40:07Il y a des choses qui dépassent très largement la volonté individuelle.
40:10On a peut être le droit d'acheter des bonbons.
40:11On a peut être le droit de vouloir plus de bonheur.
40:13On a peut être un droit à un bonheur qui, dans la Constitution américaine, est plus
40:16ou moins dans les droits de l'homme extensif en français.
40:19Mais c'est un autre débat. Je ne crois pas que d'admettre l'extension illimitée
40:25d'un droit créance, de réclamer d'un droit à finir sa vie et surtout de réclamer
40:30que l'État pallie à la chose, c'est à dire réclamer que l'État intervienne et
40:34le législateur intervienne pour donner une loi, pour avoir le droit de le faire.
40:38Je pense, j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure, il faut tolérer des zones
40:41grises qui sont compliquées, plus que d'attendre que l'État et la loi fassent la
40:45chose. Il y a quelque chose qui me semble, au fond, assez.
40:49Vous savez, quand l'État prend en charge la vie humaine dans sa globalité jusqu'à
40:53la mort, je commence à me poser beaucoup, beaucoup de questions sur ce qu'on est en
40:56train de faire.
40:56Jacques-Georges, je sais que vous avez des positions.
40:59En fait, vous êtes trois contre un, d'une certaine manière, autour de cette table.
41:04Non, mais moi, je comprends à toute la noblesse du point de vue opposé.
41:10Je le comprends. Je le comprends.
41:12Ce n'est pas le mien, mais je le comprends et je le respecte.
41:15Mais il s'agit d'une liberté, une fois encore.
41:17Moi, je crois qu'on n'aborde pas le fond de la question.
41:21Le fond de la question, quand vous entendez des catholiques convaincus, militants, etc.,
41:25ils vous disent deux choses, en réalité, qu'ils n'expriment pas à la radio, mais qu'ils pensent
41:29et qu'ils disent de temps en temps confidentiellement.
41:31Premièrement, l'homme n'est pas maître de son destin.
41:35C'est Dieu qui décide.
41:36C'est Dieu qui est seul légitime à décider de la naissance et de la mort.
41:41Déjà. Et puis, deuxièmement, encore pire, la souffrance est rédemptrice.
41:47Ça, je l'ai entendu une fois sur Radio Courtoisie.
41:50Je cite pas l'émission. Je l'ai entendu dit comme ça.
41:53La souffrance est rédemptrice.
41:55C'est le fond de la question.
41:56Vous pensez que c'est notre héros chrétien qui fait qu'en France, on est si en retard,
42:01parce que finalement, on est des derniers à bouger.
42:04On est inhumain à force de soi-disant sainteté.
42:08Je dirais que celui qui refuse de soulager la souffrance de quelqu'un,
42:13de quelqu'un qui va de toute façon mourir,
42:16c'est hors de question, qui va de toute façon mourir.
42:19C'est le contraire de la charité. Voilà, c'est tout.
42:22C'est inhumain, c'est monstrueux.
42:24Pour moi, c'est monstrueux.
42:25Mais ce que vous dites est totalement contraire à l'Église.
42:28Regardez Mère Thérésa.
42:30Toute sa vie, ça a été de soigner les mourants, justement.
42:33Donc, le message de l'Église dit exactement le contraire de ce que vous dites.
42:36François, on va devoir s'arrêter parce qu'on a dépassé...
42:40Ça dépend.
42:41Messieurs, voilà, je sais, on a beaucoup parlé sur le sujet précédent.
42:46On a malheureusement moins de temps sur celui-ci.
42:49Bon, j'entends, je vais vous dire, j'entends votre frustration.
42:53Là, je vois Laurent qui est triste de ne pas avoir pu...
42:56Non, non, non.
42:57Je pense que...
42:59Écoutez, je vais prendre un engagement.
43:01Peut-être que ce ne sera pas avec vous, hein.
43:03Parce que, comme vous l'avez vu,
43:05ceux qui nous écoutent et nous regardent,
43:07les équipes tournent.
43:08Mais on va revenir sur ce sujet quand il aura été voté
43:11à l'Assemblée nationale, hein.
43:14On remettra le...
43:15Quand on l'aura voté, c'est-à-dire
43:18s'il est voté.
43:19Non mais, voilà, absolument.
43:20Parce que là, tu te vois...
43:23Non, c'est pas que j'anticipe.
43:26Non, mais c'est parce que j'anticipe,
43:27parce que je sens la tendance.
43:29Et je sens aussi ce qui vient de la société.
43:32C'est un des sujets que j'aurais aimé qu'on aborde,
43:34l'opposition entre les politiques et la société.
43:36Parce que Dieu sait, quand on interroge les gens autour de soi,
43:39à quel point ils sont favorables à ces réformes.
43:42Mais, encore une fois, pardon, hein,
43:45on va en rester là.
43:47On va passer aux coups de gueule et aux coups de cœur.
43:49Donc rendez-vous dans quelques secondes
43:50pour les coups de gueule et les coups de cœur.
43:52Et c'est Guylain qui s'y colle.
43:53A tout de suite.
44:12Rebonjour à tous.
44:13Les coups de gueule et les coups de cœur
44:14vont s'enchaîner assez rapidement.
44:16C'est Guylain qui s'y colle.
44:17Vous avez un coup de gueule ou un coup de cœur pour commencer ?
44:19Un coup de cœur.
44:20Alors, on avait déjà parlé cinéma avec vous, Franck,
44:24mais actuellement, sur Arte, jusqu'à juin, je crois,
44:2716 juin, il me semble,
44:28est disponible à la demande, vous savez, en replay,
44:31le film Lily Marlène de Rainer Werner Fassbinder.
44:34J'en ai vu la bande annoncière, bizarrement.
44:36Début des années 80, chef d'oeuvre de Fassbinder.
44:38Alors moi, j'aime beaucoup Fassbinder depuis longtemps.
44:40Je ne connaissais pas ce film-là.
44:43Et c'est absolument formidable.
44:45C'est un bijou disponible.
44:47Et c'est un bijou qui retrace l'histoire
44:49de la chanson Lily Marlène.
44:51Avec Anna Shigoula.
44:52Avec Anna Shigoula, exactement.
44:54La chanson Lily Marlène au travers d'une romance
44:56entre la chanteuse.
44:58C'est une biographie fantasmatique, fantasmée
45:00de la chanteuse qui a vraiment existé
45:02et qui tombe amoureuse d'un juif.
45:04Et donc, évidemment, tout l'enjeu va être
45:06de tenter de s'aimer par-delà la situation conflictuelle.
45:10Je vais un peu vite.
45:11Mais c'est vraiment un film absolument formidable,
45:13à la fois sur le contexte,
45:15sur la façon dont on dépeint, je trouve, le nazisme.
45:17C'est vraiment un film très ambigu
45:20sur les personnages parce qu'on ne sait pas
45:22à qui s'attacher.
45:23Il n'y a pas vraiment de très bon et de très méchant
45:25et de très gentil.
45:26C'est des zones grises qui s'interpénètrent.
45:28Et ça annoncera, pour moi, ça a 20 ans d'avance
45:30sur un grand film, 20 ans d'avance d'ailleurs,
45:32sur un grand film qui sortira 20 ans plus tard,
45:34qui est une sorte de déco, qui est Black Book
45:36de Paul Verhoeven.
45:37Et il me semble qu'à voir les deux films ensemble,
45:39Lily Marlène et Black Book,
45:40on a deux films somptueux sur le nazisme
45:42et la Seconde Guerre mondiale.
45:44Et la trajectoire, des fois, grise,
45:46les biographies grises des gens
45:48qui ont traversé ce genre de situation.
45:50Magnifique. Et vous avez tenu la minute 30.
45:52Alors, écoutez, c'est sur le fil en plus.
45:54Bravo. Mais ça donne très envie.
45:56Merci. Votre coup de gueule ?
45:57Alors, coup de gueule,
45:59c'est non pas sur l'intervention d'Emmanuel Macron
46:02le 13 mai dernier,
46:03mais un double coup de gueule
46:05sur deux choses liées,
46:07deux événements liés à cette soirée,
46:09les trois heures de Macron.
46:10Alors, Macron a fait son show,
46:12tout le monde en a parlé,
46:13mais j'ai deux coups de gueule spécifiques
46:14dans ce cadre-là.
46:15Premièrement, j'ai trouvé quand même
46:16qu'en dehors de Robert Ménard,
46:18nous avions quand même eu
46:19les élèves et le maître.
46:21On en dira ce qu'on veut.
46:22Et j'ai entendu que les Français sont sceptiques
46:24vis-à-vis de la performance de Macron.
46:26Mais tout de même,
46:27je suis persuadé que s'il se présente en 2027,
46:29il ne peut pas, mais il gagnerait.
46:32Il a réussi un an après la dissolution
46:35à nous faire croire qu'il était encore là.
46:37Il est spectral, il n'a plus de pouvoir.
46:39Il s'est parlementarisé.
46:40Il n'a plus rien à faire en France depuis un an.
46:42Pour moi, il aurait dû démissionner d'emblée.
46:44Mais il est là.
46:45On discute du sexe des anges.
46:46Mine de rien, il y a une absence
46:48de caractère offensif, je veux dire.
46:50C'était très, très tranquille.
46:51Et le deuxième coup de gueule,
46:53c'est que je pense, je vous avais dit,
46:55Franck, avant l'émission,
46:56que j'aurais aimé en parler,
46:57mais on n'a pas eu le temps ce soir.
46:58Enfin, aujourd'hui, c'est
47:00qu'est-ce que c'est que cette sortie
47:02d'Emmanuel Macron sur 2032 ?
47:04Je trouve que tout le monde a été...
47:06On est passé bien vite
47:08sur cette idée de se dire,
47:10finalement, et s'il revenait,
47:12ça veut dire qu'on pourrait jouer
47:13une espèce de politique française
47:15qui se résumerait au retour
47:17d'Emmanuel Macron,
47:19à la poursuite avec Édouard Philippe.
47:21Ce serait fascinant.
47:23On enregistrerait, une bonne fois pour toutes,
47:25la mort de la politique,
47:26la mort de l'alternance
47:27et la mort de la démocratie.
47:28Je trouve ça fascinant
47:29que ça ait été évoqué tranquillement
47:31en fin de soirée, ce 13 mai,
47:33et que personne n'ait vraiment réalisé
47:35ce que ça signifie à terme.
47:37Magnifique. Merci beaucoup.
47:38Une fois de plus, vous avez tenu la minute 30.
47:40Jacques-Georges, vous avez un sacré maître
47:41à côté de vous.
47:42Oui, ce n'est pas facile de passer
47:44après Guylain.
47:45N'est-ce pas ?
47:46Alors, coup de gueule ou coup de cœur ?
47:47J'espère m'en tirer quand même.
47:49Faites pas le fauteuil modeste.
47:51D'habitude, les coups de gueule,
47:53ce sont des gros coups de gueule,
47:54et les coups de cœur, ce sont des consolations
47:56tirées du passé, en gros.
47:58C'est ça, le schéma général.
48:00Moi, je voudrais déroger un petit peu à ça,
48:02cette fois, en adressant mon coup de gueule
48:04et mon coup de cœur à la même,
48:06c'est-à-dire à l'Union Européenne.
48:08Alors, dans une perspective, je dirais
48:10identitaire européenne.
48:12Moi, je me rattache plutôt à l'école
48:14d'Alain Benoît,
48:16et de Le Galou,
48:18et de, je sais pas...
48:20Vous allez donc avoir deux fois une minute 30.
48:22C'est ça, le truc.
48:24Les coups de gueule.
48:26C'est-à-dire, l'Union Européenne, tu dérailles.
48:28Alors, là-dessus, je pourrais...
48:30Je pourrais, comme on serait d'accord,
48:32pour dire tout ce qui ne va pas.
48:34Les droits de l'homme entendus comme
48:36l'immigration de masse,
48:38l'état de droit qui dérive
48:40sur la dictature des juges,
48:42l'agenda de Lisbonne
48:44complètement raté,
48:46les sanctions contre la Russie
48:48qui sont une sanction d'abord contre nous-mêmes,
48:50le bellicisme récent,
48:52dans lequel on verse,
48:54et puis le gel des avoirs russes,
48:56tout simplement pour nous plomber
48:58nos possibilités de récupération à long terme.
49:00Donc, sur ce plan-là, c'est un total,
49:02je suis entièrement d'accord. Mais !
49:04Mais, ça, je dirais que...
49:06— Donc là, c'est la partie coup de gueule qui va s'éteindre.
49:08— C'est la partie coup de gueule. Maintenant, il y a la partie coup de cœur.
49:10Malgré tout, quand même, je prends de la hauteur
49:12et je suis peut-être un peu rêveur, je sors peut-être un peu
49:14de la réalité, mais il en faut.
49:16L'Union Européenne, c'est quand même
49:18une construction nouvelle
49:20qui vaut ce que vaut
49:22toutes les constructions humaines, juridiques,
49:24malléables, avec tous les défauts,
49:26avec les erreurs de casting
49:28et tout ce qu'on veut, mais malgré tout,
49:30l'Union Européenne, c'est quand même le rêve,
49:32c'est quand même la suite
49:34de l'Empire Romain, des cités grecques,
49:36du Saint-Empire Romain Germanique,
49:38et même de l'Empire
49:40d'Autriche-Hongrie, dont je suis très nostalgique,
49:42parce que je pense que c'est un rêve
49:44qui, pour moi, surpasse tout le reste
49:46et je dirais que toutes les objections
49:48qu'on vient de dire, pour moi, ça ne compte pas
49:50par rapport à ça. C'est un grand dessin
49:52et c'est la seule
49:54réalisation dont ma génération
49:56peut s'enorgueillir.
49:58On a fait toutes sortes de trucs divers et variés,
50:00plus ou moins valables, en général
50:02pas très valables d'ailleurs, mais quand même,
50:04on a fait ça. Alors si j'avais
50:06le temps de développer, je le ferais.
50:08– Ok, merci beaucoup.
50:10C'est un coup de cœur très paradoxal.
50:12– C'est un cri d'amour,
50:14même, presque. – Oui, c'est très intéressant.
50:16Ce sera peut-être quand même,
50:18il faudrait à un moment trouver le temps pour
50:20faire une émission sur ceux qui aiment
50:22l'Europe et ce que vous aimez dans l'Europe
50:24et ceux qui n'aiment pas l'Europe.
50:26Et peut-être d'ailleurs, d'avoir comme vous
50:28une position contrastée.
50:30Bien.
50:32Merci, Laurent.
50:34– Ça serait Charlemagne à ce moment-là, c'est ça.
50:36Elle en a vraiment l'étoffe, on voit.
50:38Laurent Isard.
50:40– En tout cas, l'Union Européenne
50:42ne nous protège pas. – Ne bouffez pas
50:44votre temps, Laurent, ne bouffez pas votre temps.
50:46– C'est juste un petit enchaînement. – Alors vous commencez
50:48par un coup de gueule ou un coup de cœur ? – Un coup de gueule.
50:50Pour dire que l'Union Européenne ne nous protège pas
50:52contre l'envahissement de notre pays
50:54par la fast fashion.
50:56C'est-à-dire la mode à petit prix
50:58et à petite qualité, on va dire.
51:00Alors vous savez, j'ai pris des chiffres.
51:02Chaque jour, savez-vous combien de colis arrivent
51:04de Chine en France
51:06avec des produits textiles ?
51:08– Des dizaines de milliers ou des centaines de milliers ?
51:10– 2,2 millions. – Non.
51:12– Chaque jour.
51:14800 millions de colis chaque année.
51:16C'est des entreprises comme Chine,
51:18comme Timu, il y en a quelques autres.
51:20Et à tel point que la filière
51:22française de recyclage
51:24de seconde main
51:26textiles est en train d'exploser.
51:28Ils ont des entrepôts qui sont pleins, ils ne savent plus
51:30où mettre les vêtements. Ce sont des vêtements qui ne sont pas recyclables
51:32tellement ils sont de mauvaise qualité en plus.
51:34Alors évidemment, c'est agréable
51:36d'acheter un T-shirt à 2 euros, c'est agréable
51:38d'acheter un jean à 10 euros.
51:40Mais la réalité c'est quoi ? C'est que ces produits d'abord sont
51:42fabriqués dans des conditions lamentables
51:44avec des salariés qui sont réduits
51:46à des conditions inhumaines, quasi d'esclavage.
51:48Et puis ensuite, les produits textiles
51:50comme ils sont de mauvaise qualité
51:5285% ne respectent pas
51:54les normes européennes, donc il y a des
51:56problèmes pour la santé, même des problèmes
51:58d'utilisation de produits chimiques.
52:00Et puis si on ajoute à ça que
52:02finalement cette production
52:04elle achève de tuer notre filière textile,
52:06vous en parliez tout à l'heure,
52:08et puis notre petit commerce aussi,
52:10on voit toutes les marques qui disparaissent les unes après les autres,
52:12Jennifer, Pinky, Camailleux, etc.
52:14Donc voilà, moi je pense
52:16qu'il faut mettre un point d'arrêt,
52:18surtout que les colis qui arrivent de Chine,
52:20je dépasse, les colis qui arrivent de Chine,
52:22et bien ils ne sont pas taxés,
52:24ou très peu, et c'est tout à fait anormal.
52:26Merci. Je vais ajouter un...
52:28Je vois une étiquette made in China...
52:30Non, il n'y en a pas. Je vais ajouter une chose.
52:32Il n'y en a pas.
52:34Je vais ajouter une chose, c'est que
52:36normalement
52:38les vêtements de seconde ou troisième
52:40main partent en Afrique,
52:42et que maintenant,
52:44en Afrique, l'industrie du textile local,
52:46les boubous,
52:48n'existent plus,
52:50parce que finalement, on trouve le t-shirt
52:52à quelques centimes sur le marché,
52:54et donc les gens ne produisent même plus localement.
52:56C'est terrible.
52:58Alors, votre coup de cœur, maintenant.
53:00Un petit coup de cœur pour les salariés de l'entreprise
53:02Duralex. Vous connaissez cette entreprise,
53:04c'est elle qui fabrique ces jolis verres.
53:06C'est ça, l'accessoire. Magnifique.
53:08Duralex.
53:10Mais enfin, bon, le jeu de mots
53:12est toujours très intéressant.
53:14Ils ne se cassent pas.
53:16Ils ne se cassent pas, ils sont incachables.
53:18Non, non, il n'y a pas besoin.
53:20Ils sont en verre trempé.
53:22Et étant en verre trempé, ils ne se cassent pas.
53:24Voilà, normalement.
53:26Voilà.
53:28C'est l'impression d'être dans une émission
53:30de Canal+, dans les années 80,
53:32où on faisait des échats.
53:34Alors, vous voyez, c'est superbe
53:36ce qu'ont fait les salariés, parce qu'ils ont investi leurs économies.
53:38Et c'est un pari risqué,
53:40parce que tous les spécialistes,
53:42tous les consultants disent que cette entreprise n'a aucun avenir.
53:44Résultat, finalement,
53:46le tribunal de commerce a autorisé
53:48la création de la Scope, la reprise par les salariés.
53:50Et ça se passe plutôt bien.
53:52Ils visent des marchés maintenant en Asie,
53:54ils visent des marchés aux Etats-Unis.
53:56Et c'est quelque chose de fantastique, parce que c'est une entreprise
53:58qui est emblématique.
54:00Notre industrie, ce n'est pas seulement la haute technologie,
54:02c'est aussi, finalement, des verres,
54:04des produits au quotidien.
54:06Et il faut pour ça qu'on puisse continuer
54:08à produire.
54:10Je viens d'avoir le réflexe de l'élève,
54:12j'imagine qu'on l'a tous eu à la cantine,
54:14c'est qu'on avait tous des verres
54:16Duralex à l'école,
54:18et que normalement, il y avait un petit chiffre,
54:20et on disait, t'as quel âge ?
54:22Ça c'est fini, dans celui-ci, ça n'existe pas.
54:24Merci, je suis d'accord avec vous
54:26qu'il faut soutenir les Duralex.
54:28Merci Laurent.
54:30Allez, François Martin.
54:32Alors, moi j'ai un coup de gueule
54:34absolu, c'est contre
54:36Netanyahou, bien entendu,
54:38les politiques de tueurs, Benvir,
54:40Smotrich, tous ceux qui les suivent,
54:42et tous ceux qui les justifient.
54:44L'ambassadeur d'Israël
54:46à la télévision hier,
54:48qui disait,
54:50mais non, mais non, il n'y a pas
54:52de famine à Gaza,
54:54la preuve c'est que c'est le Hamas qui va chercher
54:56et qui affame volontairement
54:58des enfants pour pouvoir prendre des photos
55:00pour dire qu'ils sont affamés,
55:02voilà où on en est.
55:04Cet ambassadeur aurait même
55:06mieux fait de se taire ou de ne rien dire
55:08plutôt que de dire ça alors que le monde
55:10entier est soulevé
55:12d'horreur. Et derrière
55:14l'autre coup de gueule,
55:16ce sont tous nos dirigeants qui
55:18se sont dépêchés dès le premier mois
55:20de la guerre en Ukraine
55:22à voter des sanctions, des sanctions
55:24qui en sont au 19ème ou au 20ème
55:26paquet de sanctions, et qui là
55:28sont encore en train de se gratter la tête.
55:30J'ai l'impression que la décision a été
55:32prise aujourd'hui, enfin,
55:34depuis 18 mois, de savoir
55:36s'il faut non pas vraiment
55:38sanctionner Israël, mais remettre
55:40en cause le partenariat
55:42entre l'Europe, etc.
55:44C'est totalement
55:46inacceptable pour moi.
55:48Quelle que soit la politique
55:50que l'on veut,
55:52il y a des choses
55:54qu'on voit.
55:56Bon, voilà. Donc ça,
55:58c'est mon coup de gueule.
55:59Merci. Et il a fait 1 minute 30, vous êtes dans la ligue
56:01de Guylain.
56:02Absolument. Allez François, on continue.
56:04Mon coup de coeur, c'est le pape.
56:06Je me posais beaucoup de questions. Le nouveau, hein.
56:08Le nouveau, le nouveau. Je me posais
56:10beaucoup de questions sur cet homme.
56:12J'ai essayé de savoir un peu si
56:14c'était plutôt un pape de gauche ou un pape
56:16de droite. Non pas que
56:18ça soit la seule chose qui compte
56:20sur un pape. Bien au contraire.
56:22Mais le pape est aussi un homme politique
56:24et sa vision du monde
56:26est très importante, bien entendu.
56:28Il peut faire beaucoup de bien ou beaucoup
56:30de mal, de bien selon
56:32la façon dont il voit les choses.
56:34Pour moi,
56:36le pape François a laissé
56:38l'Église en ruine d'une certaine
56:40façon, en particulier
56:42en développant
56:44une espèce de
56:46fracture, je dirais, entre
56:48les traditionnels, pas les
56:50traditionnalistes, mais entre les traditionnels
56:52et les, entre guillemets, progressistes.
56:54Et on voit que le pape,
56:56sans rien dire, vient
56:58de réintégrer
57:00un cardinal ou un évêque allemand
57:02américain qui avait été mis de côté
57:04parce qu'on le considérait comme trop
57:06traditionnel. Et il vient,
57:08alors si c'est confirmé, je trouve ça extraordinaire,
57:10de nommer le cardinal
57:12Sarah, qui est considéré
57:14comme un des chantres de la
57:16tradition, comme
57:18ambassadeur auprès des
57:20communautés traditionnelles, dans lesquelles il y a évidemment
57:22toutes les communautés africaines, mais également
57:24toutes les communautés traditionnelles
57:26européennes et occidentales
57:28qui se considéraient
57:30comme assez frustrées. Donc le
57:32fait d'avoir... Je trouve que la décision
57:34d'abord, elle est très belle,
57:36d'avoir nommé cet homme-là
57:38qui est
57:40extraordinaire,
57:42et d'autre part,
57:44de l'avoir fait tout de suite, et
57:46politiquement, c'est très bien vu. Donc je trouve
57:48que les premières impressions d'un
57:50homme politique,
57:52quand il arrive en public,
57:54sont toujours très importantes.
57:56Et je trouve qu'il fait pratiquement
57:58un sans-faute pour son premier
58:00mois, et voilà.
58:02Très bien. Merci beaucoup.
58:04Vous avez un petit peu plus d'une minute trente.
58:06Mais bon, allez,
58:08vous avez un crédit.
58:10Merci messieurs.
58:12Merci Laurent, pour ce beau livre
58:14que je vais dévorer ce week-end, pour rien
58:16vous cacher, et je vous souhaite à tous
58:18quoi ?
58:20Les meilleures choses, et on se retrouve
58:22dans quinze jours. Peut-être que si la loi
58:24a été votée ou pas,
58:26on pourra en reparler
58:28dans quinze jours.
58:30Bref. Allez,
58:32à très vite. Merci.

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