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  • 22/06/2025
Eric Denécé, président du prestigieux CF2R (Centre français de Recherche sur le Renseignement), est mort le 12 juin dernier dans des conditions mal élucidées. Beaucoup d’observateurs et de connaisseurs du renseignement rapprochent le sort de cet ancien officier du renseignement de celle de trois agents de la DGSI disparus dans les cinq derniers mois. Cet homme d’une grande élégance, grand travailleur servi par une érudition et une ténacité sans pareilles, obstinément voué à la connaissance de la vérité, destructeur des mensonges et des propagandes qui formatent l’esprit public sur les grandes affaires qui secouent le monde depuis trente ans, au Proche-Orient, en Afrique, en Ukraine, mais aussi dans l’univers protégé des industries de pointe français (affaire Alstom), avait une connaissance prodigieuse des principaux dossiers internationaux du moment. Il en faisait profiter de grandes entreprises françaises, mais aussi des organes de réinformation, tels que TVL, le Nouveau Conservateur et quelques autres. Voici quelques mois, j’ai enregistré avec lui une première Conversation permettant de mieux connaître ce personnage de l’ombre, discret mais efficace : voici cette conversation, accordée en exclusivité pour TVL, qui devait être suivie d’une autre, dont l’enregistrement était fixé à la fin du mois de juin, et qui n’aura jamais lieu. Le premier qui dit la vérité…

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Transcription
00:00:00Ils nous attaquent et en vérité mettent directement en jeu notre existence.
00:00:05Avant de vous laisser retrouver vos programmes, je veux encore vous dire à titre d'exemple que si 1% des téléspectateurs qui ont regardé nos émissions de fin de semaine donnaient chacun 120 euros, nous serions sauvés, totalement libérés.
00:00:19Oui, TVL peut renaître plus forte. C'est vous seul qui décidez. Alors mobilisez-vous et mobilisez vos amis vite.
00:00:30– Chers amis, la conversation que vous allez suivre est particulière à au moins deux égards.
00:00:42D'abord, elle est inachevée, ce qui est inédit en tous les cas pour TVL.
00:00:47Vous le savez, je fais souvent des conversations coupées en deux ou trois, cela depuis le début,
00:00:53depuis les premières conversations avec Alain de Benoît, Renaud Camus ou Jean-François Gauthier.
00:00:57– Et c'était le cas pour la conversation que vous allez suivre, ça n'était qu'un premier épisode et deux ou trois autres devaient suivre.
00:01:08Mon invité, Éric Dénécé, est mort dans l'intervalle il y a quelques jours.
00:01:14– Et évidemment, nous resterons sur notre fin d'une certaine façon.
00:01:21Et c'est la seconde raison de la particularité de cette conversation,
00:01:28c'est qu'elle montre avec beaucoup d'acuité la gravité de ce que nous faisons ici.
00:01:37C'est-à-dire, nous menons une guerre, la guerre de l'information,
00:01:41et c'est une guerre qui peut faire des morts.
00:01:43Éric Dénécé est mort dans des conditions mal élucidées,
00:01:46le 11 pour certains, pour d'autres le 12 juin.
00:01:50Nous avions décidé au début du mois de juin de faire, dans les derniers jours de ce mois,
00:01:56une ou deux autres conversations.
00:01:59Il n'y en aura pas.
00:01:59Prenez celle-ci comme une introduction à des considérations
00:02:04qui devaient être, dans le géopolitique, plus larges.
00:02:08Nous attendions, justement, après le premier enregistrement,
00:02:13de voir ce que donnaient les six premiers mois de l'administration Trump,
00:02:19que beaucoup de têtes légères pensaient devoir apaiser les relations internationales.
00:02:24Vous voyez, vous savez ce qu'il en est en réalité.
00:02:27Morts mal élucidées, pour l'instant, morts mystérieuses, morts qui en suit trois autres.
00:02:37Et Éric Dénécé était un agent, a longtemps été un agent,
00:02:41et même un officier du renseignement français,
00:02:44avant de se mettre à son propre compte et d'informer beaucoup de gens,
00:02:47notamment nous autres, chargés de la réinformation,
00:02:50notamment un nouveau conservateur auquel il collaborait.
00:02:52Les trois autres agents en activité de la DGSI, du renseignement français,
00:02:58sont morts depuis le début de cette année.
00:03:01Je livre ça à votre réflexion.
00:03:04Et en tous les cas, je voudrais que vous mesuriez,
00:03:08en écoutant Éric Dénécé, ce personnage charmant, élégant,
00:03:12très travailleur, prodigieusement informé,
00:03:14que vous mesuriez l'importance de ce que nous faisons
00:03:19et la difficulté, peut-être même le danger de ce que nous faisons
00:03:23dans un monde traversé par le mensonge,
00:03:27dans un monde où les cerveaux sont littéralement abrutis par la propagande.
00:03:32Dire la vérité est un risque.
00:03:35C'est notre choix.
00:03:36C'est notre gloire aussi.
00:03:38et j'aimerais que vous la partagiez avec nous,
00:03:41en hommage à ce grand homme précieux entre tous,
00:03:45qu'était Éric Dénécé,
00:03:46dont je vous invite à suivre l'essentiel de la vie.
00:03:51Merci beaucoup.
00:03:51Eh bien, mon cher Éric Dénécé,
00:04:20je suis très heureux de vous voir,
00:04:22c'est une formule habituelle,
00:04:24et nous allons prolonger une conversation
00:04:26qui a commencé il y a plus d'une heure.
00:04:28Absolument.
00:04:28Cette fois, nous sommes enregistrés.
00:04:30Mais la conversation est très facile avec vous,
00:04:32je ne sais pas pourquoi,
00:04:33vous êtes curieux de tout,
00:04:35et on va voir que vous poussez très loin la curiosité,
00:04:39jusqu'à avoir une véritable passion pour le renseignement.
00:04:42et non seulement vous avez tâté du renseignement,
00:04:50on verra dans quel...
00:04:50Nul n'est pas fait.
00:04:52Très jeune d'ailleurs, de cette façon,
00:04:55et vous me direz comment vous êtes entré dans les services,
00:04:59comme on dit,
00:05:00mais surtout où en est votre grand projet
00:05:02qui a présidé à la création du CF2R,
00:05:07Centre français de recherche sur le renseignement,
00:05:11en l'an 2000, je crois,
00:05:12vous l'avez créé il y a une bonne vingtaine d'années,
00:05:15avec pour objectif de donner aux Français
00:05:19une culture du renseignement.
00:05:20Je ne sais pas si vous êtes arrivé très loin de ce projet,
00:05:24mais commençons par là, si vous voulez.
00:05:26Oui, alors, je pense que nous avons quand même réussi
00:05:29un certain nombre de choses,
00:05:29en tout cas nous en sommes heureux.
00:05:31Ce qui est intéressant, c'est de voir que
00:05:32on s'inscrit dans une forme de filiation,
00:05:35puisque ce qu'on appelle les Intelligent Studies,
00:05:37les études sur le renseignement,
00:05:40qui avaient pour rôle de démystifier ce monde
00:05:42qui est très fantasmé,
00:05:44sont apparues aux États-Unis des années 80,
00:05:46dans les années 90 en Grande-Bretagne,
00:05:48et nous avons été parmi les premiers à le faire en France
00:05:50au début des années 2000.
00:05:51Donc nous allons fêter notre 25e anniversaire
00:05:54très prochainement.
00:05:56Vous dites que les États-Unis ont commencé,
00:05:59mais vous êtes aussi l'auteur.
00:06:00d'une encyclopédie historique du renseignement, je crois.
00:06:04Unique au monde, peut-être que les Russes en ont une,
00:06:06mais peut-être...
00:06:07Vous voyez toute l'histoire du monde,
00:06:09en commençant par la Chine,
00:06:12le Babylone,
00:06:14les Égyptiens, etc.
00:06:18À travers...
00:06:19Vous êtes aidé d'une trentaine d'auteurs, je crois.
00:06:22Oui, à chaque fois.
00:06:23À travers le renseignement.
00:06:25Alors le renseignement dans l'Égypte ancienne,
00:06:29et vous débordez sur le Moyen-Âge.
00:06:32Tout à fait.
00:06:33Dans les...
00:06:34Les Vikings, les...
00:06:36Par exemple.
00:06:37C'est très intéressant,
00:06:38mais vous avez un peu la manie du renseignement.
00:06:40Écoutez, c'est un peu notre objet social,
00:06:42avec l'équipe que j'ai la chance de diriger.
00:06:46Et puis, nous avons toujours une boutade entre nous.
00:06:48Vous savez qu'il y a un grand débat
00:06:49entre les jeunes femmes que nous trouvons
00:06:51à la périphérie des grandes villes
00:06:52et les hommes du renseignement
00:06:53pour savoir qui est le plus vieux mité du monde.
00:06:54Et nous considérons en réalité que c'est nous,
00:06:57parce que pour trouver ces jeunes femmes,
00:06:58on avait déjà besoin de renseignement.
00:07:00Donc effectivement,
00:07:01on est parti sur une histoire encyclopédique
00:07:04en huit tomes,
00:07:05huit ou neuf tomes pour l'instant.
00:07:07Le cinquième vient de sortir,
00:07:08nous en sommes déjà à la Seconde Guerre mondiale,
00:07:10et nous préparons les deux prochains ouvrages,
00:07:12l'un sur la guerre froide
00:07:13et l'autre sur la décolonisation.
00:07:15Et quelles, finalement,
00:07:16ce sont les histoires secrètes
00:07:17ou les histoires cachées de l'histoire
00:07:19que nous cherchons à révéler
00:07:21à travers cette série.
00:07:23Je disais que nous avons déjà conversé longtemps
00:07:25et la caméra a commencé à tourner.
00:07:27Quand vous me racontiez,
00:07:29relatiez un bon mot de Sacha Huitry,
00:07:33il ne faut jamais avoir l'air trop intelligent
00:07:34parce que c'est une promesse très difficile à dire.
00:07:37Absolument.
00:07:37Mais avec vous, je n'ai pas peur
00:07:38parce que vous êtes tellement curieux,
00:07:39tellement travailleur, je crois.
00:07:41Je ne pense pas que ce soit du travail pour vous, d'ailleurs.
00:07:43Vous allez chercher le renseignement,
00:07:47en tous les cas, être renseigné.
00:07:48Dès que quelque chose tombe entre vos mains,
00:07:52il faut que vous en soyez,
00:07:55pour ainsi dire, maître.
00:07:57Vous fouillez.
00:07:58Et d'ailleurs, vous avez fait des fouilles,
00:07:59vous nous racontez.
00:08:00Vous avez le côté archéologue.
00:08:03Les grands officiers d'enseignement britanniques
00:08:05étaient archéologues, comme Laurence d'Arabie.
00:08:08Alors, je n'ai pas aussi mal tourné que lui.
00:08:10Mais effectivement,
00:08:11il y a un trait de démarche intellectuelle
00:08:15et même mentale entre l'historien
00:08:17et plutôt l'historien médiéviste ou antique,
00:08:20l'archéologue et l'homme du renseignement.
00:08:21Oui.
00:08:23Mais parlez-nous justement
00:08:25de ces exercices d'archéologie
00:08:27parce que ça vous va à merveille de fouiller.
00:08:29Vous avez fouillé.
00:08:31D'ailleurs, quelque chose de très intéressant
00:08:32dans le Var.
00:08:33Absolument.
00:08:34On voit à l'écran quelque chose
00:08:35que vous nous avez apporté,
00:08:38qui vous rappellera sans doute des souvenirs.
00:08:39J'ai commencé très jeune
00:08:40avec un de mes oncles
00:08:42qui a fini
00:08:42professeur d'histoire médiévale
00:08:44à la Sorbonne
00:08:45à faire des fouillers archéologiques
00:08:46sur les invasions musulmanes et sarrasines
00:08:48dans le sud de la Gaule médiévale
00:08:50pendant la période du Haut Moyen-Âge.
00:08:52Et ce que je trouvais fascinant dans ce...
00:08:53C'est habillé en 9e, 10e siècle.
00:08:55Oui, on peut même dire 8e, 10e siècle.
00:08:57Dès le début.
00:08:58Dès le début, les invasions...
00:09:01Absolument.
00:09:01Dès 713,
00:09:02dès que les musulmans,
00:09:03après avoir...
00:09:04Islamique, on commence...
00:09:05Après avoir...
00:09:06Soumis l'Espagne médiévale,
00:09:08sont entrés d'abord dans le Languedoc,
00:09:09ce qu'on appelait la Septimanie à l'époque,
00:09:11et puis sont montés à Poitiers
00:09:12dans un premier temps.
00:09:13C'était Narbonne, je crois, la capitale.
00:09:14C'était Narbonne.
00:09:16Narbunia en arabe,
00:09:17comme il l'écrivait à l'époque,
00:09:18comme quoi c'est resté à certains endroits
00:09:20dans notre toponyme.
00:09:21Ça, c'était de...
00:09:22Je dirais de l'arabisation
00:09:23en termes de translittération.
00:09:24Mais il y a d'autres villes,
00:09:26par exemple dans le Massif des Morts,
00:09:31Le Vard d'aujourd'hui.
00:09:32Le Vard d'aujourd'hui.
00:09:33Mais pas la totalité du Vard,
00:09:34vraiment de...
00:09:35Les Morts.
00:09:36On va dire de...
00:09:37Entre Hier et Fréjus,
00:09:40ce tout le massif montagneux
00:09:41qui s'appelait le Jabal al-Khilam
00:09:43pour les Arabes,
00:09:44qui était la montagne des sommets,
00:09:45puisque lorsqu'ils l'ont découvert,
00:09:47la mer rentrait de chaque côté du Massif des Morts
00:09:49beaucoup plus profondément dans les terres.
00:09:51Et ils ont eu le sentiment d'arriver
00:09:52sur une île au large des côtes françaises,
00:09:54à quelque chose près,
00:09:55puisque toute la vallée de l'Argence
00:09:57était marécageuse.
00:09:58Et ils se sont installés là.
00:10:00Leur capitale était à la gare
00:10:01de la gare de Fréné.
00:10:01Alors, j'ai fait énormément de fouilles
00:10:02pendant plusieurs années
00:10:03entre la gare de Fréné, Grimaud, Cogolin,
00:10:06Saint-Ponce-les-Murs...
00:10:07Fort Fréné.
00:10:08Fort Fréné, bien sûr.
00:10:09Et c'est une période assez passionnante de l'histoire
00:10:12parce qu'elle a été en partie
00:10:13sortie de notre propre histoire
00:10:16lorsque nous avons, sous la Troisième République,
00:10:19écrit l'Histoire de France.
00:10:21Et vu que c'était le moment
00:10:22où nous colonisions,
00:10:24où nous arrivions en Algérie...
00:10:25On n'a pas fait la bêtise de l'effacer, ça, quand même.
00:10:28Elle a été redécouverte plus tard.
00:10:30C'est-à-dire qu'on dissimulait
00:10:32que pendant près d'un siècle,
00:10:33nous avions été occupés
00:10:34dans cette partie du territoire
00:10:35par les Arabes.
00:10:36Et pour vous faire sourire,
00:10:37je me souviens, après 2001,
00:10:38lorsque Ben Laden...
00:10:39Sur la jaune.
00:10:40Oui, mais lorsque Ben Laden
00:10:41revendiquait tant de choses
00:10:42dont l'Andalousie,
00:10:43je me disais,
00:10:43Oussama Ben Laden
00:10:44ne connaît pas son histoire
00:10:45parce qu'il aurait dû
00:10:46aussi revendiquer
00:10:47Saint-Tropez et Saint-Région.
00:10:48Et oui, de Géadar Bonnès.
00:10:51Oui, mais encore plus
00:10:52ce massif des morts.
00:10:53Vous savez, c'est très intéressant
00:10:54de voir à quel point
00:10:55c'est resté aussi
00:10:56dans la toponymie locale
00:10:57parce que Ramatuel,
00:10:58le village de Gérard Philippe,
00:11:01ça vient de l'arabe
00:11:02Ramatou Allah,
00:11:03bien fait de Dieu,
00:11:04Almanar,
00:11:05qui est le phare,
00:11:06on a le phare de l'Almanar
00:11:07à Saint-Tropez.
00:11:08Et on retrouve
00:11:09un certain nombre
00:11:10de traces de cette époque
00:11:12qui sont tout à fait passionnantes.
00:11:14Et c'est d'ailleurs
00:11:15une chose qu'ignorent
00:11:16nos amis de l'autre côté
00:11:17de la Méditerranée
00:11:18et qui nous reprochent
00:11:19systématiquement
00:11:19et les croisades
00:11:21et la colonisation,
00:11:22en tout cas l'arrivée
00:11:22des Français à partir de 1830.
00:11:24Ils ignorent que finalement
00:11:25dans les relations
00:11:26entre la France et l'islam,
00:11:27c'est l'islam qui est arrivé
00:11:28d'abord en terre de France
00:11:29pour essayer de conquérir
00:11:31et de convertir.
00:11:31Ça ne s'est jamais bien passé
00:11:32entre l'islam et la chrétienté.
00:11:34Jamais.
00:11:34Jamais, nous sommes d'accord.
00:11:35Mais en tout cas,
00:11:36c'est intéressant
00:11:36parce qu'ils ignorent eux-mêmes.
00:11:37Ils ignorent leur histoire
00:11:39et quand on leur rappelle,
00:11:40ils sont souvent assez ébahis.
00:11:42On leur dit,
00:11:42attendez,
00:11:43du 8e au 10e siècle
00:11:44qu'il y a eu pendant
00:11:45très longtemps.
00:11:45Je ne leur donnais pas
00:11:46d'idées pareilles.
00:11:47Ils ne l'encontent trop
00:11:48spontanément.
00:11:49Voilà.
00:11:49Mais en tout cas,
00:11:50effectivement,
00:11:51cette démarche de l'archéologie,
00:11:52ce qu'elle a pour moi
00:11:53d'intéressant,
00:11:54je dirais,
00:11:55pour avoir été après
00:11:55dans le renseignement,
00:11:56c'est que c'est à la fois
00:11:57une démarche dans laquelle
00:11:58on est tour à tour en archives
00:12:00parce qu'on a besoin,
00:12:01surtout sur cette période
00:12:02du Moyen Âge,
00:12:03on a la chance
00:12:04d'avoir des traces
00:12:04et des archives.
00:12:05Et sur le terrain.
00:12:06Et on doit aller sur le terrain.
00:12:08Vous avez fait ça
00:12:09plusieurs années ?
00:12:09Oui,
00:12:10j'ai fait ça très souvent.
00:12:11Pendant mes vacances,
00:12:12pendant une partie
00:12:12de mes études,
00:12:13puisque j'ai passé
00:12:15quelques temps,
00:12:15je crois une année ou deux,
00:12:16à l'Institut d'Histoire
00:12:17et d'Archéologie de Paris IV.
00:12:19Je voulais faire
00:12:20l'École du Louvre
00:12:20et je me disais
00:12:21je ne gagnerais pas ma vie
00:12:22en étant archéologue
00:12:23donc j'ai dû arrêter.
00:12:24Le tronc,
00:12:25Philippe Sénat
00:12:25qui est un archéologue.
00:12:26C'est un des grands
00:12:28médiévistes français
00:12:29qui a pris sa retraite
00:12:32je crois il y a quelque temps,
00:12:33qui est un professeur émérite maintenant.
00:12:35Mais effectivement,
00:12:36c'est une démarche
00:12:36qui est intéressante
00:12:37parce qu'on doit avoir
00:12:38une partie d'exercice intellectuel
00:12:39et une partie d'exercice pratique.
00:12:41Et ça,
00:12:42c'est une chose
00:12:42qu'on rencontre
00:12:43dans le renseignement
00:12:43en étant tour à tour,
00:12:45je dirais,
00:12:45faisant du terrain
00:12:46et puis en travaillant
00:12:47en base arrière.
00:12:48Et voilà.
00:12:50Et non seulement
00:12:51j'ai découvert
00:12:51que les grands officiers
00:12:52d'enseignement britannique
00:12:53étaient souvent
00:12:54des historiens
00:12:55ou des archéologues
00:12:56mais après,
00:12:56lorsque nous faisions
00:12:57de la formation,
00:12:59je crois que je préfère
00:13:01un étudiant
00:13:01qui a fait de l'histoire,
00:13:02qui a travaillé
00:13:03sur la mode féodale
00:13:04dans le Languedoc
00:13:05au Moyen-Âge
00:13:06qu'un garçon
00:13:07qui sort de Sciences Po
00:13:07ou d'études de droit.
00:13:08Ou d'une école de commerce.
00:13:09Absolument.
00:13:10Je trouve que ça les prédispose
00:13:11beaucoup mieux
00:13:11au travail gagné.
00:13:12Oui, évidemment.
00:13:13Oui, évidemment.
00:13:14Et à bien d'autres métiers.
00:13:16Et à bien d'autres métiers.
00:13:17Alors vous,
00:13:18vous êtes vraiment là-dedans,
00:13:19on peut dire.
00:13:19Et vous avez commencé
00:13:21d'ailleurs pas par l'archéologie
00:13:22mais c'est pas si loin
00:13:24par la géographie.
00:13:25Alors j'ai fait les deux
00:13:26en même temps.
00:13:27Mais sauf que j'ai...
00:13:27Géographie et histoire.
00:13:28On ne sait jamais
00:13:32c'est plutôt la géographie.
00:13:34Oui, c'est la géographie.
00:13:35Ce qui me passionne
00:13:35la géographie,
00:13:36c'est pour moi
00:13:36c'est la science de la synthèse.
00:13:38C'est-à-dire qu'on travaille
00:13:38à la fois sur l'aspect humain,
00:13:40la géographie humaine,
00:13:42gérer l'urbanisme.
00:13:44Mais on travaille beaucoup
00:13:44sur la géographie physique.
00:13:46La morphotechtonique,
00:13:47l'orogénèse,
00:13:49la création des reliefs,
00:13:51la tectonique des plaques
00:13:52sont des sujets
00:13:53qui me passionnaient.
00:13:54Vu que je suis un pur littéraire,
00:13:55j'ai dû arrêter assez tôt
00:13:56la géographie physique
00:13:58parce que j'avoue que...
00:14:00Ça devient technique.
00:14:01Ça devient technique
00:14:02et ce n'était pas franchement
00:14:03ce qui me paraissait le plus.
00:14:04Et c'est comme ça
00:14:05que j'ai dérivé vers la géopolitique.
00:14:06Mais en me spécialisant,
00:14:07d'abord, je suis un tropicaliste,
00:14:10si vous permettez l'expression.
00:14:12Expliquez-nous ça.
00:14:13Vous m'avez dit ça tout à l'heure.
00:14:14C'est-à-dire que quand on travaille
00:14:15en géographie,
00:14:16normalement, on a des spécialités
00:14:18par zone.
00:14:19Les zones arctiques,
00:14:20les zones mi-terrainiennes,
00:14:21sahéliennes, tempérées.
00:14:22Et j'ai eu la chance
00:14:23d'être un élève
00:14:24du professeur Delver,
00:14:25grand tropicaliste français
00:14:26qui avait été,
00:14:28pendant la Seconde Guerre mondiale,
00:14:29dans l'infanterie marine
00:14:31et qui un jour m'a raconté,
00:14:32après avoir été blessé,
00:14:34je crois,
00:14:35non, pas pendant la Seconde Guerre mondiale,
00:14:36au début de la guerre de Indochine,
00:14:37me racontant
00:14:38sa période de rémission
00:14:41pendant qu'il était soigné
00:14:42en faisant du cheval d'Angkor.
00:14:44Et donc,
00:14:44il m'a tout de suite fasciné
00:14:45pour cet Extrême-Orient
00:14:46sur lequel je me suis spécialisé plus tard.
00:14:49Notamment parce que je ne voyais...
00:14:51Parce que vous étiez tropicaliste.
00:14:52J'étais tropicaliste d'abord.
00:14:53Et puis,
00:14:54il y a une deuxième raison,
00:14:55c'est que
00:14:56quand on glisse doucement
00:14:59vers la géopolitique,
00:15:00nous étions dans les années 80,
00:15:01beaucoup de gens
00:15:02travaillaient sur l'Afrique
00:15:03et le Moyen-Orient
00:15:03et très honnêtement,
00:15:04ça ne me passionnait pas.
00:15:06Et je crois que
00:15:07quand on travaille sur l'Asie,
00:15:08on est vraiment confronté
00:15:09à une civilisation
00:15:10qui vous impose
00:15:12de reconsidérer les choses
00:15:14en tant qu'occidentale.
00:15:15J'ai beaucoup d'amitié
00:15:16et de respect
00:15:16pour mes amis africains et arabes.
00:15:18Ça n'a pas la même dimension
00:15:19pour moi.
00:15:19Dès qu'on va en Asie...
00:15:20C'est un politisme.
00:15:21Oui.
00:15:21Dès qu'on va en Asie,
00:15:22on est vraiment obligé
00:15:22de se remettre en question.
00:15:23On est confronté
00:15:24à quelque chose
00:15:24de beaucoup plus puissant
00:15:26et de beaucoup plus fort
00:15:28qui nous amène à l'humilité.
00:15:30Et pourtant,
00:15:30vous êtes devenu docteur
00:15:31en sciences politiques.
00:15:32Vous avez glissé
00:15:33vers la géopolitique
00:15:34et la politique internationale.
00:15:37C'est que c'était encore
00:15:38ces années
00:15:38où la géopolitique
00:15:39était mal vue.
00:15:41Yves Lacoste
00:15:42a été un premier enfer
00:15:43et beaucoup de mes maîtres
00:15:45en géographie me disaient
00:15:46non, la géopolitique,
00:15:47ce n'est pas de la géographie.
00:15:49Et donc,
00:15:49il a fallu que je change
00:15:50de discipline
00:15:51mais mon cœur est resté
00:15:52au 191 rue Saint-Jacques
00:15:54dans ce bel institut
00:15:55de géographie.
00:15:56À mesure que je vous connais mieux,
00:15:57je vous fais de plus en plus penser
00:15:58à quelqu'un par qui je crois
00:16:00que je vous ai connu
00:16:01mais je ne me souviens plus
00:16:02des circonstances.
00:16:03C'était à la fin
00:16:03du siècle dernier.
00:16:04Et oui.
00:16:05C'était un grand curieux
00:16:06devant l'éternel
00:16:07et là, disparu,
00:16:08c'est Hervé Couto-Bégari.
00:16:09Ah, Hervé Couto-Bégari.
00:16:10Les auditeurs ne s'étonneront pas
00:16:12que je cite son nom,
00:16:13je le fais souvent.
00:16:14Et j'ai appris
00:16:15tout à l'heure
00:16:17que vous étiez,
00:16:18enfin, qu'il fut
00:16:19le directeur de votre jury.
00:16:21Non, il était président
00:16:22de mon jury de thèse
00:16:23parce que c'était un spécialiste
00:16:24des questions navales
00:16:25et géopolitiques.
00:16:26Voilà.
00:16:27Et je ne sais plus,
00:16:29je crois que je l'avais rencontré
00:16:30lorsque j'étais jeune officier
00:16:31de marine.
00:16:32Et bien sûr,
00:16:33tous ses écrits étaient pour nous
00:16:34quelque chose de très important.
00:16:35et effectivement,
00:16:37il m'a fait la gentillesse
00:16:39et l'honneur
00:16:40d'être le président
00:16:41de mon jury de thèse,
00:16:42penseur de la puissance maritime.
00:16:44Ah oui, oui,
00:16:45c'était un type
00:16:46extraordinaire.
00:16:47C'est par l'Asie
00:16:48que vous êtes arrivé,
00:16:49si on peut dire,
00:16:49à la marine, c'est ça ?
00:16:50Non ?
00:16:51Oui, mais alors...
00:16:51A cause de la perfection
00:16:52pour l'Asie, c'est ça ?
00:16:52Absolument.
00:16:55Lorsque j'ai pris
00:16:56un engagement court
00:16:57dans la marine nationale
00:16:58et que je souhaitais
00:16:59m'orienter vers le...
00:17:01comment dire...
00:17:02vers le renseignement,
00:17:03il y avait encore à l'époque
00:17:04peu de personnes
00:17:05ayant fait des études
00:17:06de géopolitique.
00:17:07Les années 82, 84,
00:17:09il y avait encore
00:17:09peu de spécialistes
00:17:10et les armées m'ont dit
00:17:12mais tout de suite,
00:17:13effectivement,
00:17:14vous avez un profil
00:17:15qui nous intéresse.
00:17:16Et j'ai eu...
00:17:17Alors, je n'ai pas travaillé
00:17:18tout de suite
00:17:18sur l'Asie du Sud-Ais.
00:17:20J'ai d'abord été
00:17:21officier de renseignement
00:17:22analyste sur la zone nord,
00:17:24Scandinavie,
00:17:26la Baltique
00:17:26et la Grande-Bretagne.
00:17:29Mais c'est très intéressant
00:17:30de travailler
00:17:31sur la Grande-Bretagne
00:17:32quand on fait du renseignement
00:17:33parce qu'on apprend beaucoup.
00:17:33Et puis, par chance,
00:17:35les mobilités font que
00:17:36les années suivantes,
00:17:37j'ai pu travailler
00:17:38sur ma zone de prédilection
00:17:39qui était tout ce Sud-Est asiatique
00:17:41qui me fascine.
00:17:43Alors, je ne sais pas
00:17:44à qui je parle
00:17:45parce que vous êtes...
00:17:46Quand on regarde
00:17:46votre fiche Wikipédia,
00:17:48je vous le dis tout net,
00:17:48on tombe sur
00:17:50des accusations terribles
00:17:51de complotisme.
00:17:53Je ne sais pas,
00:17:55vous seriez un des porte-parole
00:17:57du gouvernement russe
00:17:59en France.
00:17:59Oui, ou un leader
00:18:00de l'extrême-droite
00:18:01en France.
00:18:01Moi aussi, tant qu'on n'y est.
00:18:03Rassurez-vous,
00:18:03tout le monde est
00:18:04d'extrême-droite maintenant.
00:18:05Ah oui, mais c'est...
00:18:06C'est quelque chose...
00:18:07À part ceux qui sont
00:18:07d'extrême-gauche.
00:18:08Tout à fait.
00:18:09C'est quelque chose
00:18:10d'assez extraordinaire
00:18:10la manière dont
00:18:11des groupes activistes
00:18:13aujourd'hui sont capables
00:18:14de salir des pages.
00:18:16Je ne dirais pas
00:18:16de salir des réputations
00:18:17parce que j'ai du mal
00:18:18à en mesurer l'impact.
00:18:19Mais c'est très amusant
00:18:20parce qu'il se trouve
00:18:21que dans les activités
00:18:22qu'on a, nous...
00:18:23Là, vous parlez de Wikipédia.
00:18:24Oui, oui.
00:18:24Alors, les...
00:18:26Comment dire ?
00:18:27On voit les manipulations
00:18:28de ces gens-là.
00:18:28Il se trouve que moi,
00:18:29j'ai toujours répondu
00:18:30à toutes sortes de journaux,
00:18:31Libération, l'Humanité,
00:18:32Le vent se lève,
00:18:33la revue de LFI
00:18:34comme des revues
00:18:38et on voit tous ces activistes
00:18:40qui effacent systématiquement
00:18:41toutes les références de gauche.
00:18:43Michel Rocard a eu
00:18:44l'immense gentillesse
00:18:46de préfacer à mes livres.
00:18:47Mais pour eux,
00:18:48je suis un suppôt
00:18:49de l'extrême droite
00:18:49parce que égalité
00:18:50et réconciliation
00:18:51reprend mes propos.
00:18:52Écoutez, je crois
00:18:53qu'il vaut mieux en rire
00:18:53tellement c'est grotesque.
00:18:55Et voilà, je pense
00:18:57qu'Alain Soral aime aussi Mozart
00:18:58et je ne crois pas
00:18:58que Mozart soit l'extrême droite.
00:19:01Bon, enfin, en tous les cas,
00:19:02on parlera peut-être
00:19:03de la Russie tout à l'heure
00:19:04parce que ça vous a occupé
00:19:06ces dernières années
00:19:07et mis un peu
00:19:07sur le devant de la scène
00:19:09mais vous l'étiez déjà
00:19:09pour des...
00:19:10On y reviendra aussi
00:19:12pour des études
00:19:13publiées ou non publiées
00:19:15parce que vous travaillez
00:19:16aussi à la demande
00:19:17en publier
00:19:18dans un cadre plus privé
00:19:21sur les révolutions arabes.
00:19:24Vous avez publié
00:19:24beaucoup de choses
00:19:25dans les années 2010
00:19:26et d'une manière générale
00:19:27c'est F2R
00:19:29donc c'est le statut
00:19:30d'association je pense.
00:19:31Oui, nous sommes un...
00:19:32J'ai horreur de ce terme
00:19:34mais nous sommes un think tank
00:19:35donc avec un statut associatif
00:19:36puisque nous ne sommes pas
00:19:37une structure étatique
00:19:38classique.
00:19:40Voilà, mais universitaire.
00:19:41Il y a eu beaucoup d'autres choses
00:19:41je les ai notées
00:19:42vous avez aussi...
00:19:44Je ne sais pas ce que c'était
00:19:46un institut
00:19:47qui s'appelait Argos
00:19:48c'est pareil.
00:19:49Ah, ce sont des entreprises
00:19:50vu qu'en parallèle
00:19:52il faut vivre
00:19:54pardonnez-moi
00:19:54et donc depuis une trentaine d'années
00:19:57je fais aussi du renseignement économique
00:19:58en tant que consultant
00:19:59et donc à travers le temps
00:20:03nous avons eu plusieurs
00:20:04avec quelques amis associés
00:20:06nous avons eu plusieurs structures
00:20:07qui nous permettent
00:20:09de faire ce genre
00:20:09de métier et d'opération.
00:20:11Alors remontons un peu
00:20:12dans le temps
00:20:13dans les années 80
00:20:15donc je ne sais pas
00:20:17quand ça commence
00:20:18et comment ça s'est passé
00:20:20est-ce que je peux vous demander
00:20:21comment ça se passe
00:20:21vous entrez dans le renseignement
00:20:23parce que vous êtes
00:20:25curieux de l'Asie
00:20:27parce que vous avez même
00:20:28fait des choses
00:20:29mais je ne sais pas
00:20:30si vous l'avez fait
00:20:30après être entré
00:20:32dans les services français
00:20:33ou avant
00:20:34des choses très romanesques
00:20:36comme par exemple
00:20:37aider les combattants
00:20:41cambodgiens anti-communistes
00:20:43c'est vrai
00:20:44c'est pareil
00:20:44très romanesque
00:20:46et très lointain
00:20:47mais ça c'était au service
00:20:47de la France
00:20:48c'est juste après
00:20:49vous avez raison
00:20:50c'était
00:20:50nous étions
00:20:51dans les années 88
00:20:5389
00:20:53effectivement
00:20:55pendant les deux ou trois années
00:20:58enfin presque deux années et demie
00:20:59on va dire
00:20:59que j'ai passé dans l'enseignement
00:21:00je ne suis pas resté plus longtemps
00:21:01parce que j'avoue
00:21:02que j'ai eu beaucoup de mal
00:21:04au bout d'un moment
00:21:04en mesurant
00:21:06le peu de considération
00:21:08que nos autorités politiques
00:21:10avaient pour le renseignement
00:21:11et donc
00:21:12il paraît qu'on n'en sort jamais
00:21:13du renseignement
00:21:13au dit deux ou trois ans
00:21:14non parce que
00:21:14j'ai toujours continué
00:21:16dans le privé
00:21:16dans l'enseignement
00:21:17après avoir passé
00:21:19trois ans en base arrière
00:21:21puisque je ne faisais pas de terrain
00:21:22il faut être très clair
00:21:23je suis allé sur le terrain
00:21:24des opérations
00:21:25que j'avais suivies
00:21:26lorsque j'étais analyste
00:21:27et c'est comme ça
00:21:28que je me suis engagé
00:21:29que j'ai travaillé
00:21:30dans la guérilla au Cambodge
00:21:33un petit peu
00:21:33en Thaïlande
00:21:34au Laos
00:21:34contre les Mers Rouge
00:21:36alors plus contre les Vietnamiens
00:21:38à l'époque
00:21:39puisque mes amis cambodgiens
00:21:41étaient envahis
00:21:42alors bien sûr
00:21:43les Mers Rouge
00:21:44tout le monde a bien sûr
00:21:45à l'esprit
00:21:46ce qu'on appelle
00:21:47le génocide cambodgien
00:21:48mais qui a été
00:21:49quelque chose
00:21:50de beaucoup plus complexe
00:21:51et j'avais commencé
00:21:52ma thèse à l'époque
00:21:53sur le sujet
00:21:53et puis vu qu'il y avait
00:21:54des grandes difficultés
00:21:55à trouver des archives
00:21:57j'ai donc changé de sujet
00:21:59pour travailler
00:22:00sur les questions navales
00:22:00en Asie du Sud-Est
00:22:01mais oui
00:22:02je me suis rendu
00:22:03à de nombreuses reprises
00:22:04y compris de manière
00:22:05clandestine
00:22:06mais alors vraiment
00:22:07à mes risques et périls
00:22:09je ne travaillais pas
00:22:10pour la France
00:22:11bien que j'ai rendu
00:22:12quelques services
00:22:13en ces occasions
00:22:13mais voilà
00:22:15je gardais la nostalgie
00:22:16de Malraux
00:22:17de la voie royale
00:22:18et de pouvoir aller
00:22:19à Bantesra
00:22:20et voir ces temples
00:22:21en gréros
00:22:22que Malraux avait saccagés
00:22:23d'ailleurs en ramenant
00:22:24des petites statues
00:22:25des Apsara
00:22:26pour en faire
00:22:28un commerce illicite
00:22:29lui Valraux
00:22:32pas vous
00:22:32mais non lui
00:22:33ah non pas moi
00:22:33pas moi
00:22:34vous l'avez apporté
00:22:35d'ailleurs la tête
00:22:36d'un je me garderais bien
00:22:37de dire son nom
00:22:38Jaya
00:22:38Jaya Varman VII
00:22:40voilà c'est pas simple
00:22:41un roi du Cambodge
00:22:43oui le roi de la grande
00:22:44encore était une puissance
00:22:46enfin tout à fait
00:22:46le centre d'une puissance
00:22:47la grande splendeur
00:22:49enkorienne
00:22:49qui a
00:22:50qui dominait
00:22:51toute l'Asie du Sud-Est
00:22:52cette civilisation
00:22:53Khmer
00:22:54est absolument passionnante
00:22:55et je dois avouer
00:22:56que ce qui m'a fasciné
00:22:57après avoir quitté
00:22:59l'enseignement
00:22:59c'est vraiment
00:23:00de travailler
00:23:01avec toute cette diaspora
00:23:02cambodgienne
00:23:02et essayer de reconstituer
00:23:03cette histoire
00:23:04des Khmer Rouges
00:23:05avec tous ceux
00:23:06qui avaient été
00:23:06leurs premiers penseurs
00:23:08c'est quelque chose
00:23:10d'absolument fascinant
00:23:10parce que les Khmer Rouges
00:23:11sont nés en France
00:23:12ils sont nés dans
00:23:13la banlieue française
00:23:14Paul Pote était étudiant
00:23:15à Sciences Po
00:23:15au Bordeaux
00:23:16voilà
00:23:17non mais ils étaient tous
00:23:18il a fait une paix de Bordeaux
00:23:19voilà
00:23:19Yeng Sari
00:23:21Kiosampan
00:23:21tous ces gens-là
00:23:22étaient à la cité universitaire
00:23:23à la maison du Cambodge
00:23:24il y avait entre eux
00:23:25des discussions
00:23:26extraordinaires
00:23:27sur les septembriseurs
00:23:28ils se disputaient
00:23:30en parlant
00:23:30des échanges
00:23:31qui ont pu exister
00:23:32entre Saint-Just
00:23:32et Robespierre
00:23:33et c'est là
00:23:34où on mesure
00:23:35l'impact
00:23:36qu'a eu l'histoire de France
00:23:37sur je ne sais combien
00:23:38de révolutions dans le monde
00:23:39et c'était très amusant
00:23:40de retrouver le lien
00:23:41entre notre histoire
00:23:42à nous français
00:23:43et puis cette histoire
00:23:44cambodgienne
00:23:45qui a été fascinante
00:23:46alors vous dites
00:23:47que vous avez quitté le renseignement
00:23:48vous ne l'avez pas quitté
00:23:48j'ai quitté les services de l'Etat
00:23:50voilà absolument
00:23:51mais au fond
00:23:53c'est pour en rester
00:23:55on ne va pas en rester
00:23:56à l'Asie
00:23:57puisque vous êtes intéressé
00:23:59à bien d'autres
00:24:00gros dossiers
00:24:01mais
00:24:02il y a un cas
00:24:04assez intéressant
00:24:05c'est la Birmanie
00:24:07oui
00:24:07c'est aussi un service public
00:24:10mais vous étiez appointé
00:24:11par Total
00:24:11pour déblayer un peu
00:24:14je ne sais pas comment
00:24:16on peut aller
00:24:17là on était dans une guerre
00:24:18concurrentielle
00:24:19c'est vrai qu'au milieu
00:24:20des années
00:24:20Total était très attaqué
00:24:21moi je l'ai vu au Parlement européen
00:24:23bien sûr
00:24:23pour ce que
00:24:24notre entreprise nationale
00:24:26je crois que c'est le premier
00:24:27contributeur au budget français
00:24:28donc c'est très précieux
00:24:30Total
00:24:30il y a des rigolos
00:24:32qui veulent supprimer
00:24:33carrément tuer Total
00:24:36c'est pas le service public
00:24:37mais presque
00:24:38quand vous travaillez
00:24:39pour Total
00:24:39en Birmanie
00:24:40c'est aussi au service
00:24:41de la France
00:24:41malgré tout
00:24:42racontez nous
00:24:43cette mission
00:24:44qui va permettre
00:24:45à nos auditeurs
00:24:45de comprendre
00:24:46ce que vous faites
00:24:46Total vous demande
00:24:48de l'aider
00:24:49dans le cadre
00:24:49d'une concurrence
00:24:51très dure
00:24:52et d'une menace
00:24:54de guérilla
00:24:55sur la construction
00:24:55d'un paquet plein
00:24:561994
00:24:57Total
00:24:58après une opération
00:25:00de forage
00:25:01en mer d'Andaman
00:25:01au large de la Birmanie
00:25:04des îles Nicobar
00:25:05trouve des champs gaziers
00:25:06très importants
00:25:07que les américains
00:25:09d'Arco et Texaco
00:25:11ne trouvent pas
00:25:11et ils ne vont cesser
00:25:13d'essayer de déstabiliser
00:25:14Total
00:25:14pour récupérer
00:25:15ces ressources
00:25:15parce qu'ils n'avaient pas trouvé
00:25:16parce qu'ils n'avaient pas trouvé
00:25:17Total signe un contrat
00:25:19bien sûr
00:25:19avec le gouvernement birman
00:25:20qui était une junte militaire
00:25:22tout à fait critiquable
00:25:23à l'époque
00:25:24et le but était
00:25:25de construire un pipeline
00:25:26qui aille livrer
00:25:26à une centrale thaïlandaise
00:25:28en traversant
00:25:29la péninsule du Ténacérim
00:25:30toute cette énergie
00:25:32et donc le chantier
00:25:33ayant lieu en jungle
00:25:34C'était du gaz
00:25:35c'était pas du pétrole
00:25:35C'était du gaz
00:25:36C'était du gaz
00:25:37C'était du gaz
00:25:37et le chantier ayant lieu
00:25:38en jungle
00:25:39les concurrents américains
00:25:41ont fait en sorte
00:25:42que des groupes de guérillas
00:25:43descendent dans la zone
00:25:43et essaient de perturber
00:25:44par des attaques
00:25:45la construction de ce chantier
00:25:47donc ça a été aussi
00:25:48l'une des premières
00:25:49grandes opérations
00:25:50de guerre économique
00:25:50sur les grands contrats
00:25:52et l'équipe
00:25:53à laquelle j'appartenais
00:25:54parce que je n'étais pas
00:25:55maître d'oeuvre
00:25:55sur ce dossier
00:25:56avions été chargé
00:25:57bien sûr
00:25:57d'assurer la protection
00:25:59à la fois physique
00:26:00mais aussi sur le plan
00:26:01du renseignement
00:26:02de tout ce chantier
00:26:04alors genre
00:26:05c'était quelque chose
00:26:06de fascinant
00:26:07à la fois sur ce rapport
00:26:08de force
00:26:09avec des groupes mercenaires
00:26:11qui essayaient d'attaquer
00:26:12ou de faire des attaques
00:26:14aux mortiers
00:26:14contre les positions
00:26:15mais il y a eu aussi
00:26:17toute une partie écologique
00:26:18passionnante
00:26:19parce que la péninsule
00:26:20du Ténacérim
00:26:21est l'un des rares
00:26:22endroits d'Asie
00:26:22où on trouve une forêt primaire
00:26:24parce que sinon
00:26:25partout ailleurs
00:26:25les forêts ont été
00:26:26détruites par le brûli
00:26:28et ce qui est merveilleux
00:26:30dans une forêt
00:26:30par des cultures
00:26:31de brûli
00:26:32mais là
00:26:33la forêt
00:26:34n'a jamais été brûlée
00:26:35ce qui fait qu'elle a
00:26:36une caractéristique extraordinaire
00:26:37c'est que les arbres
00:26:38sont très très hauts
00:26:39vous avez une frondaison
00:26:40qui fait de l'ombre
00:26:41et du coup
00:26:42il n'y a pas de jungle
00:26:43au ras du sol
00:26:44et on y trouve
00:26:44des ours
00:26:45on y trouve
00:26:46toute une série d'espèces
00:26:47qu'on ne trouve nulle part ailleurs
00:26:48et en dehors du fait
00:26:50que nous travaillions
00:26:50dans une situation
00:26:51de tension
00:26:52et de danger
00:26:52il y avait sur le plan écologique
00:26:54des choses absolument
00:26:55exceptionnelles
00:26:56vous trouvez un stupa
00:26:56au milieu de
00:26:57un stupa
00:26:58pardon
00:26:58au milieu de
00:26:59au milieu de nulle part
00:27:00et on tombe sur des villages
00:27:01birmans
00:27:02qui vivent à l'âge de pierre
00:27:03où il y a encore
00:27:04quelques pêcheurs
00:27:04c'était
00:27:05comme toujours dans l'enseignement
00:27:07il y a un côté
00:27:08très géopolitique
00:27:09et très romantique
00:27:09en fait
00:27:10très romanesque
00:27:11pardon
00:27:11très romanesque
00:27:12ah vérité romanesque
00:27:14une notion romantique
00:27:15absolument
00:27:16l'apsus révélateur
00:27:17mais vous voyez
00:27:19ça c'est très intéressant
00:27:20cette mission pour Total
00:27:21vous en avez fait
00:27:22des dizaines et des dizaines
00:27:23parce que
00:27:23on se rend compte
00:27:24que vous serviez la France
00:27:26malgré tout
00:27:27bien sûr
00:27:27et vous avez
00:27:29on peut le dire
00:27:30la France chevillée au coeur
00:27:32vous êtes très
00:27:33c'est assez rare
00:27:34parce que
00:27:34d'une certaine façon
00:27:35on peut dire
00:27:37et nous en plaignons
00:27:38beaucoup
00:27:39aux nouveaux conservateurs
00:27:40revue à laquelle
00:27:41vous avez plusieurs fois
00:27:42contribué
00:27:42je vous en remercie
00:27:43et vous nous donnez aussi
00:27:44beaucoup de renseignements
00:27:45je me dis
00:27:46de renseigner
00:27:47très gracieusement
00:27:48toujours
00:27:49vous avez donc
00:27:52une espèce
00:27:53de
00:27:54de passion
00:27:56de faire en sorte
00:27:59que la France
00:27:59qui se déprécie beaucoup
00:28:00reste une grande puissance
00:28:02c'est aussi
00:28:03ce que dit
00:28:03l'affaire Total
00:28:04alors que
00:28:06quelquefois
00:28:06les spécialistes
00:28:07du renseignement
00:28:07se vouent
00:28:09au plus au franc
00:28:10mais vous ça vous arrive pas
00:28:11oui alors
00:28:11comme ça
00:28:12comme ça qu'on vous traite
00:28:12je ne ferai pas
00:28:14ce que vous êtes international
00:28:15voilà
00:28:16à mes camarades
00:28:17dont certains
00:28:18deviennent parfois
00:28:19des mercenaires
00:28:20mais c'est vrai que
00:28:20plus on voyage à l'étranger
00:28:22plus on mesure
00:28:23moi j'ai vraiment
00:28:23mesuré deux choses
00:28:24c'est à la fois
00:28:24l'image extraordinaire
00:28:26que la France a laissée
00:28:27moi je me souviens
00:28:28à l'occasion
00:28:30d'un de mes séjours
00:28:31dans la guérilla
00:28:31cambodgienne
00:28:32c'était au moment
00:28:33de la guerre du golfe
00:28:34en 90-91
00:28:35et je suis accueilli
00:28:37par des guérillaux
00:28:39cambodgiens
00:28:39qui
00:28:40dont un était
00:28:40je crois un ancien
00:28:41licencié
00:28:42un ancien prof de français
00:28:43qui me disait
00:28:43je vois enfin un français
00:28:45France
00:28:46maire des arts
00:28:46des lettres et des lois
00:28:47ah oui c'est extraordinaire
00:28:49il n'y a pas dominé
00:28:49bien sûr
00:28:50en pleine brousse
00:28:50vous imaginez
00:28:51c'est là où on se dit
00:28:52mais finalement
00:28:53notre pays a un rayonnement
00:28:55qui est absolument extraordinaire
00:28:57et par contre
00:28:59je me souviens
00:28:59d'une autre réunion
00:29:00alors de manière officielle
00:29:02à Téhéran
00:29:03il y a 7 ou 8 ans
00:29:03où j'ai été invité
00:29:04par les iraniens
00:29:04parce que le but
00:29:05du renseignement
00:29:06c'est de parler à tout le monde
00:29:06et nous essayons
00:29:07de parler à tout le monde
00:29:08et à l'occasion
00:29:09d'une de ces réunions
00:29:10j'étais avec des pakistanais
00:29:12des yéménites
00:29:12des gens qui sont
00:29:13entre guillemets
00:29:14très différents
00:29:14et ils me disent un jour
00:29:16you know France is back
00:29:18je leur dis
00:29:19mais en quoi
00:29:19la France est de retour
00:29:20elle me dit
00:29:20non la France
00:29:21n'est pas de retour
00:29:21vous êtes rentré dans le rang
00:29:23vous êtes un auxiliaire
00:29:24des américains
00:29:24comme les italiens
00:29:25comme les allemands
00:29:26comme les autrichiens
00:29:27et ça
00:29:27ça a été pour moi
00:29:28une paire de claques
00:29:29monumentales
00:29:30ça je trouve que c'est terrible
00:29:32et malheureusement
00:29:33la crise ukrainienne
00:29:34l'attitude
00:29:34de l'actuelle
00:29:35hôte de l'Elysée
00:29:36dont je ne prononcerai pas le nom
00:29:37ne font qu'accroître
00:29:38cette descente aux enfers
00:29:40que nous vivons
00:29:40on voit que ça vous fait de la peine
00:29:43en quoi vous êtes bien breton
00:29:44j'ai oublié de dire
00:29:45que vous êtes
00:29:46de famille bretonne
00:29:47et morbillonnée
00:29:48mais du pays galop
00:29:52du pays galop
00:29:53c'est à dire de cette partie
00:29:54de la Bretagne
00:29:54finalement
00:29:55qui est la plus ancienne
00:29:56en réalité
00:29:57les archéologues ont prouvé
00:29:58que l'endroit de France
00:29:59où on a trouvé
00:29:59les plus vieilles traces
00:30:01de langue gauloise
00:30:02c'est la région du Morbihan
00:30:04quel est votre Morbihan
00:30:05alors
00:30:05c'est à Morbihan
00:30:06ah moi je suis
00:30:07près de
00:30:08c'est à Morbihan alors
00:30:08non non
00:30:09à l'intérieur des terres
00:30:09Rochefort en terre
00:30:10voilà
00:30:11Malétroit
00:30:11c'est
00:30:12voilà de l'Argoat
00:30:15donc la Bretagne paysanne
00:30:16et non pas la Bretagne maritime
00:30:17d'accord
00:30:18d'accord
00:30:18et pour autant
00:30:20vous ne vivez pas en Bretagne
00:30:21je tiens à le dire aussi
00:30:23parce que je vois
00:30:23beaucoup ça en vous
00:30:24vous aimez les hauteurs
00:30:26vous vivez en Savoie
00:30:26voilà
00:30:27qu'est-ce qui vous emmène en Savoie
00:30:29en Savoie d'ailleurs
00:30:30je suis un quart beaucoup
00:30:31d'abord
00:30:31il y aurait été officier de marine
00:30:32je me suis retrouvé à Toulon
00:30:33à un moment donné
00:30:34et on dit parfois
00:30:35qu'un Breton
00:30:36qui découvre les pays chauds
00:30:38ne revient pas au pays
00:30:38donc je suis resté
00:30:39dans le quart sud-est de la France
00:30:41où j'ai beaucoup bougé
00:30:42ah la Savoie
00:30:43c'est pas si chaud que ça
00:30:43non non
00:30:44mais ça c'est un peu
00:30:45voilà
00:30:45c'est un peu une évolution récente
00:30:47vous avez bourlingué
00:30:47quand même
00:30:48oui voilà
00:30:48mais j'aime beaucoup vivre
00:30:50dans des endroits différents
00:30:51en France
00:30:51après avoir été longtemps parisien
00:30:53aussi il faut le dire
00:30:54mais voilà
00:30:56vous bougez beaucoup
00:30:57vous donnez des cours
00:30:58alors vous êtes aussi professeur
00:30:59il faut dire
00:31:00dans plusieurs universités
00:31:02enseignant
00:31:03enfin voilà
00:31:04c'est revenant
00:31:05enseignant
00:31:05à l'étranger
00:31:07en France
00:31:08on vous voit à Toulouse
00:31:09vous êtes habilité
00:31:10à diriger des recherches
00:31:13par l'université de Toulouse
00:31:15vous êtes aussi
00:31:16souvent appelé
00:31:18comme enseignant
00:31:19comme consultant
00:31:20comme on dit maintenant
00:31:21par des grandes écoles
00:31:24je crois que vous donnez des cours
00:31:25à l'ENA
00:31:26alors non
00:31:26je suis intervenu
00:31:27à un moment donné
00:31:28mais c'est vrai
00:31:29que ça va dans le sens
00:31:29de ce que l'on fait
00:31:30avec l'équipe du CF2R
00:31:31le but est d'initier
00:31:33et de former les gens
00:31:34à ces questions de renseignement
00:31:35qui nous semblent
00:31:37quelque chose d'indispensable
00:31:39c'est une discipline
00:31:40qui a longtemps souffert
00:31:41d'une image déplorable
00:31:42et en plus
00:31:43je vais vous dire
00:31:43quelque chose
00:31:44qui me paraît essentiel
00:31:45pour moi le renseignement
00:31:45est une arme de paix
00:31:47c'est à dire que
00:31:48alors oui voilà
00:31:48pourquoi voulez-vous
00:31:50donner une culture de renseignement
00:31:51au peuple français
00:31:52qui ne l'a pas spontanément
00:31:53absolument
00:31:54regardez nous n'avons pas
00:31:55de tradition du roman
00:31:56d'espionnage
00:31:56alors qu'on a une grande
00:31:57tradition du polar
00:31:58il n'y a pas de tradition
00:32:00du film d'espionnage
00:32:00en France non plus
00:32:01et je pense que
00:32:03ne pas avoir de culture
00:32:04du renseignement
00:32:04nous défavorise
00:32:05dans la compétition économique
00:32:07dans la compétition politique
00:32:08internationale
00:32:09et plus de la moitié
00:32:11des chercheurs
00:32:12qui sont dans mon équipe
00:32:12sont des anciens
00:32:13des services français
00:32:14tous services confondus
00:32:15intérieur et extérieur
00:32:16d'autres sont des chercheurs
00:32:18plus comment dire
00:32:19qui se passionnent
00:32:20pour le sujet
00:32:21et qui l'étudient
00:32:21mais je crois que c'est
00:32:23effectivement un facteur
00:32:24de compétitivité essentiel
00:32:25parce qu'il permet
00:32:28d'anticiper des tas
00:32:28de situations
00:32:29il permet de les régler
00:32:30discrètement aussi
00:32:31et je dis
00:32:34je crois que c'est
00:32:34une arme de paix
00:32:35parce que si on est
00:32:36capable d'anticiper
00:32:37cela
00:32:38d'utiliser un peu
00:32:39cette diplomatie parallèle
00:32:40pour régler des problèmes
00:32:41on évite de s'engager
00:32:42dans des conflits majeurs
00:32:43et je me souviens
00:32:44à la fois de plusieurs réunions
00:32:46tant avec mes amis israéliens
00:32:48qu'iraniens
00:32:48dans lesquelles je leur disais
00:32:50écoutez je préfère sincèrement
00:32:51que vous fassiez
00:32:51quelques assassinats
00:32:52ciblés de temps à autre
00:32:53plutôt que de déclencher
00:32:55des guerres
00:32:55comme celles terribles
00:32:56que l'on voit en ce moment
00:32:56et qui pourraient d'ailleurs
00:32:57encore dériver davantage
00:32:59dans les jours
00:33:00ou les semaines qui viennent
00:33:01et alors
00:33:03que ce soit une arme de paix
00:33:05je veux bien
00:33:06mais
00:33:06tous les services
00:33:09de renseignement
00:33:09se sont petit à petit
00:33:11ça a été plus long
00:33:13en France qu'ailleurs
00:33:13centré sur ce qu'on appelle
00:33:15le renseignement économique
00:33:16donc vous êtes
00:33:17un des premiers chevaliers
00:33:20alors nous avions reçu Alain Juillet
00:33:21ah bah oui
00:33:22encore plus que moi
00:33:23Alain
00:33:23il faut aussi
00:33:24une expérience
00:33:24que vous connaissez bien
00:33:25il faut citer aussi
00:33:27le nom de
00:33:28de Bernard Caragnon
00:33:31qui a été
00:33:31qui a été
00:33:33en tant que parlementaire
00:33:35un des premiers
00:33:35à tirer la sonnette d'alarme
00:33:36absolument
00:33:37il faut se concentrer
00:33:38sur la question économique
00:33:39à la fois comme
00:33:39contre-espionnage
00:33:40pour savoir
00:33:41qui nous espionne
00:33:42c'est ça
00:33:43et nous protéger
00:33:43des fuites
00:33:44tout à fait
00:33:45ça les services
00:33:46le font un petit peu
00:33:47mais c'est vrai
00:33:47que c'est un métier
00:33:49qui à partir du 1995
00:33:50s'est beaucoup développé
00:33:51dans le secteur privé
00:33:52à la fois parce que
00:33:54à la fin de la guerre froide
00:33:55beaucoup d'anciens
00:33:56du renseignement
00:33:56et pas seulement en France
00:33:57parlaient des langues
00:33:58des pays de l'Est
00:33:59finalement
00:34:01et se disaient
00:34:02la guerre froide
00:34:03étant terminée
00:34:04nous n'avons plus d'utilité
00:34:05c'est vrai que
00:34:06pendant une période
00:34:06on a pensé vraiment
00:34:07que les choses se calmeraient
00:34:08et donc beaucoup
00:34:09de ces femmes
00:34:10et de ces hommes
00:34:10sont passés dans le privé
00:34:11au moment où justement
00:34:12la compétition économique
00:34:13se battait son plein
00:34:15puisque la guerre froide
00:34:16étant terminée
00:34:16les américains
00:34:17commençaient à nous tailler
00:34:18des croupières
00:34:18tous azimuts
00:34:19et eux-mêmes
00:34:20ayant développé
00:34:21bien avant nous
00:34:21ce renseignement
00:34:24compétitif
00:34:25commercial
00:34:25bon alors aujourd'hui
00:34:27il y en a des top détails
00:34:28qui s'intéressent
00:34:28au renseignement
00:34:29dans quel état
00:34:29est le renseignement français
00:34:30tel que vous le voyez
00:34:32parce que vous avez
00:34:32beaucoup de collaborateurs
00:34:33qui en sont
00:34:34ou qui en ont été
00:34:35non le renseignement français
00:34:36s'est considérablement modernisé
00:34:38déjà à partir
00:34:39du milieu des années 90
00:34:40puis sous Nicolas Sarkozy
00:34:42qui a fait un certain nombre
00:34:43de réformes
00:34:44et puis malheureusement
00:34:45après les attentats
00:34:45du Bataclan
00:34:46que nous avons connus
00:34:47donc nous sommes
00:34:49aujourd'hui
00:34:49polarisés sur le terrorisme
00:34:50oui sur la lutte
00:34:51anti-terroriste
00:34:52aujourd'hui
00:34:52et puis malheureusement
00:34:53l'enchaînement des conflits
00:34:54fait que
00:34:55Dieu merci
00:34:57l'appareil
00:34:57a pris de plus en plus
00:34:59d'importance
00:34:59voilà
00:35:00on n'a pas encore recréé
00:35:01la culture du renseignement
00:35:02nous n'avons pas
00:35:03les moyens
00:35:03de nos
00:35:05on va dire
00:35:06de nos grands partenaires
00:35:07ou concurrents
00:35:08les chinois
00:35:08les américains
00:35:10les russes
00:35:10sont des années
00:35:11d'avance sur nous
00:35:12les britanniques
00:35:13qui ont à peu près
00:35:14des responsabilités similaires
00:35:15aux nôtres
00:35:16au niveau international
00:35:16sont quand même
00:35:17encore un petit peu
00:35:18en avance
00:35:19en termes d'effectifs
00:35:21de budget
00:35:21les israéliens
00:35:22qui ont une population
00:35:23dix fois inférieure à la nôtre
00:35:24ont autant d'hommes
00:35:25et de femmes
00:35:25dans le renseignement
00:35:26que nous l'avons
00:35:26je crois que vous avez consacré
00:35:27un livre au service
00:35:28de renseignement israélien
00:35:29absolument
00:35:29c'est tout à fait juste
00:35:30je vais vous passer ça
00:35:31dans votre état
00:35:32biographique
00:35:33parce qu'on peut dire
00:35:33que vous pondez
00:35:34c'est un défaut que j'ai
00:35:36il y a plusieurs services
00:35:37en renseignement israélien
00:35:38bien sûr
00:35:38évidemment
00:35:39mais comme dans tous les pays
00:35:40tout est très diversifié
00:35:43il y en a 16
00:35:45il y en a 16
00:35:46il y en a 16
00:35:46donc il y a souvent
00:35:48autant de services
00:35:48que de métiers
00:35:49qu'on fasse de la sécurité
00:35:51de la technique
00:35:51du militaire
00:35:52du civil
00:35:53voilà non non
00:35:54c'est quelque chose
00:35:55qui est
00:35:55encore une fois
00:35:56c'est intéressant
00:35:57parce que ça montre
00:35:58à quel point ce métier
00:35:58est méconnu
00:35:59oui
00:35:59alors méconnu aussi
00:36:01par les décideurs
00:36:03c'est ça le problème
00:36:03c'est que nous savons
00:36:05beaucoup de choses
00:36:05mais quand on voit
00:36:06qui prend les décisions
00:36:08dans un aveuglement total
00:36:09et avec une seule logique
00:36:11si on était méchant
00:36:13on dirait
00:36:14la logique politicienne
00:36:15consistant à suivre l'empire
00:36:17c'est à dire
00:36:17les Etats-Unis
00:36:18ou tout simplement
00:36:19à se guider
00:36:20par des idéologies
00:36:21de poche
00:36:22je pense évidemment
00:36:23il faut que nous en parlions
00:36:24un peu
00:36:24à la question russe
00:36:26oui
00:36:26tout ce que nous savons
00:36:28au fond
00:36:29n'a servi à rien
00:36:30quand on voit
00:36:31la traduction politique
00:36:32qui est un suivisme
00:36:33otanien
00:36:34pur sucre
00:36:35et on suit
00:36:36sans réfléchir
00:36:39et sans savoir
00:36:39et sans penser
00:36:40ni aux tenants
00:36:41ni aux aboutissants
00:36:42alors là vous avez publié
00:36:43plusieurs ouvrages
00:36:44sur l'affaire
00:36:45russe
00:36:47et vous l'a décrypté
00:36:48depuis
00:36:49et notamment ukrainienne
00:36:51depuis son départ
00:36:51au fond
00:36:52on peut dire
00:36:52depuis 1990
00:36:54depuis la fin
00:36:55de la guerre froide
00:36:57moi j'ai connu
00:36:58la guerre froide
00:36:58et donc nous luttions
00:36:59contre les soviétiques
00:37:00alors c'était pas mon domaine
00:37:01puisque j'étais sur
00:37:02le sud-est asiatique
00:37:02mais la menace
00:37:04de l'union soviétique
00:37:05était terrible
00:37:06l'infiltration
00:37:07des services soviétiques
00:37:09en France
00:37:10avec
00:37:10la complicité
00:37:12de l'appareil clandestin
00:37:13du parti communiste
00:37:14pas du parti classique
00:37:15qui n'était pas au courant
00:37:16en France
00:37:17en France
00:37:17bien sûr
00:37:18c'était quelque chose
00:37:19de très important
00:37:20et il y avait plus d'espions
00:37:21des pays de l'Est
00:37:22en France
00:37:22d'officiers d'enseignement
00:37:24des pays de l'Est
00:37:24qu'il n'y avait de membres
00:37:24de la DST
00:37:27très périlleux
00:37:27mais par contre
00:37:29nous avons renoué
00:37:30des liens avec eux
00:37:30dès la fin de la guerre froide
00:37:31et j'ai eu la chance
00:37:32notamment de moi
00:37:33de le faire
00:37:34grâce à Constantin Mélnik
00:37:35qui avait été
00:37:35le chargé de renseignement
00:37:37du général de Gaulle
00:37:38le coordinateur
00:37:39du renseignement
00:37:40du général de Gaulle
00:37:40et de Michel Debré
00:37:41pendant la première guerre
00:37:42au cabinet
00:37:42qui était d'ailleurs
00:37:45tout jeune à l'époque
00:37:46et d'abord
00:37:47ça a été très intéressant
00:37:48parce que ça nous a permis
00:37:49de voir que
00:37:49le fossé qui nous sépare
00:37:51des Russes
00:37:51était beaucoup plus faible
00:37:53que le fossé
00:37:53qui nous sépare
00:37:54des Américains
00:37:54à la fin de la guerre froide
00:37:55on s'est rendu compte
00:37:56qu'on avait quand même
00:37:57plus d'accointances culturelles
00:37:58je mets de côté
00:37:59l'aspect idéologique
00:37:59qui était bien sûr
00:38:00pour moi
00:38:00tout à fait antagoniste
00:38:02et donc je n'ai
00:38:03mais secondaire
00:38:04mais secondaire
00:38:06voilà
00:38:06alors après
00:38:07bien sûr
00:38:07qu'on défende
00:38:08la Sainte-Russie
00:38:08pour eux
00:38:09je le comprends
00:38:09qu'on défende
00:38:10l'idéologie marxiste
00:38:11léniniste
00:38:12la dictature
00:38:13du prolétariat
00:38:14c'est intéressant
00:38:14ce que vous dites
00:38:15c'est-à-dire
00:38:15qu'on avait des connivences
00:38:16toutes trouvées
00:38:17oui
00:38:17la tradition culturelle
00:38:20littéraire
00:38:20musicale
00:38:21nos amis américains
00:38:22même si leur domaine
00:38:24technologique
00:38:25est très fort
00:38:25mais ils sont des gens
00:38:26très attachants
00:38:26étaient déjà
00:38:29à l'époque
00:38:29je vous parle de
00:38:30les années 90
00:38:30il y avait déjà
00:38:32une régression culturelle
00:38:33qui était énorme
00:38:35par rapport à nous
00:38:35et donc les liens
00:38:36qu'on a rebâtis
00:38:37à ce moment-là
00:38:37étaient très intéressants
00:38:38parce qu'on avait
00:38:39les uns et les autres
00:38:39une vision déformée
00:38:40du conflit
00:38:41je me souviens
00:38:43à une réunion
00:38:43avec des gens
00:38:44de la CIA
00:38:45du KGB
00:38:45et nous français
00:38:46où les gens
00:38:47de la CIA
00:38:48disaient aux gens
00:38:48du KGB
00:38:49mais vous avez fait
00:38:49ça, ça, c'est ça
00:38:50et les gens du KGB
00:38:51leur disaient
00:38:51mais non
00:38:52c'était pas nous
00:38:52c'était le commun terme
00:38:53et inversement
00:38:54les hommes du KGB
00:38:55interrogeant
00:38:56de la CIA
00:38:56en disant
00:38:56vous avez fait
00:38:57telle opération
00:38:57et les américains
00:38:58c'est pas nous
00:38:59c'était très intéressant
00:39:01cette période
00:39:01parce qu'on découvrait
00:39:02que les miroirs
00:39:03que nous avions
00:39:04étaient déformés
00:39:05et puis
00:39:06les liens
00:39:09qu'on a bâtis
00:39:10nous ont permis
00:39:11nous
00:39:11en tout cas
00:39:12moi c'est la vision
00:39:14que nous avons eue
00:39:14avec mon équipe
00:39:15parce qu'on vient
00:39:16tous de ce milieu
00:39:17de voir la manière
00:39:18comment depuis 1990
00:39:20nous n'avons cessé
00:39:21de bafouer les intérêts russes
00:39:22je n'ai aucun intérêt
00:39:24alors c'est ça
00:39:24ce qui ressort
00:39:25de vos ouvrages
00:39:26c'est que dès le début
00:39:27vous êtes très précis
00:39:30sur le Maïdan
00:39:31l'implication
00:39:32d'ailleurs vous parlez
00:39:33de guerre américaine
00:39:34à propos de la guerre ukrainienne
00:39:35je crois que c'est même
00:39:36le titre
00:39:37oui
00:39:37du premier
00:39:38on a fait un triptyque
00:39:39sur la guerre en Ukraine
00:39:40le premier s'appelle
00:39:41la guerre américaine
00:39:42mais ce qui est intéressant
00:39:44c'est que vous partez de loin
00:39:45vous voyez très vite
00:39:47que les Etats-Unis
00:39:48peut-être un peu désemparés
00:39:50par l'effondrement
00:39:51du bloc soviétique
00:39:52ont tout de suite
00:39:54des visées de puissance
00:39:56de contrôle de la Russie
00:39:58et si possible
00:39:59de destruction
00:40:00de la Russie
00:40:00de démembrement
00:40:01de démembrement
00:40:02avec Elstine
00:40:03il s'en donne un cœur joie
00:40:04et quand ils font
00:40:06des promesses
00:40:07consistant à tenir
00:40:10l'OTAN
00:40:10à l'écart
00:40:11de la Russie
00:40:12ils ont déjà l'idée
00:40:14de rouler tout le monde
00:40:16dans la farine
00:40:17ce que j'ai bien compris
00:40:18et de vouloir
00:40:19prendre le contrôle
00:40:21à tout le moins
00:40:22prendre le contrôle
00:40:22voire dépecer la Russie
00:40:24puisqu'il y a même
00:40:25des plans
00:40:25de dépeçage
00:40:27de démembrement
00:40:28de la Russie
00:40:28dès les années 90
00:40:30dès le départ
00:40:31ils avaient deux objectifs
00:40:33faire en sorte
00:40:34que la Russie
00:40:35ne redevienne jamais
00:40:36une grande puissance
00:40:36donc c'est quand même
00:40:37déjà avoir une attitude
00:40:38très hostile
00:40:38donc ça c'était très frappant
00:40:40alors même
00:40:42que les Russes
00:40:42nous ont ouvert les portes
00:40:44vraiment dans
00:40:45les plus grandes largeurs
00:40:45il faut rappeler
00:40:46que dès les années 90
00:40:47le FBI
00:40:49y a travaillé
00:40:50avec la milice
00:40:51qui est la police locale
00:40:52c'est quasiment
00:40:53l'ambassade américaine
00:40:54à Washington
00:40:54pardon à Moscou
00:40:56qui faisait la politique économique
00:40:57il y a eu les traités
00:40:58ciel ouvert
00:40:58où on pouvait survoler
00:40:59leur territoire
00:41:00ils ont rapatrié
00:41:02leurs troupes
00:41:02de tous les pays
00:41:03du pacte de Varsovie
00:41:03sans problème
00:41:04ils ont ramené
00:41:05leur tête nucléaire
00:41:06et quand on discutait
00:41:07avec les Russes
00:41:07les Russes nous disent
00:41:08écoute
00:41:08d'abord
00:41:09leur vision est obligatoirement
00:41:10subjective
00:41:11mais ils nous disaient
00:41:13nous n'avons pas perdu
00:41:14la guerre froide
00:41:15notre système s'est écroulé
00:41:17mais nous n'avons pas perdu
00:41:18la guerre froide
00:41:18nous avons tout rapatrié
00:41:19et leur position
00:41:23c'est dire
00:41:24ne nous traitez pas
00:41:25comme des vaincus
00:41:26c'est bien ce qu'on fait
00:41:28les Etats-Unis
00:41:29c'est bien ce qu'on fait
00:41:29les Etats-Unis
00:41:30alors c'est pas totalement
00:41:31infondé
00:41:31mais moi ce qui m'a frappé
00:41:32dès le début
00:41:33connaissant l'histoire
00:41:34je me dis
00:41:34nous sommes en train
00:41:35de faire l'erreur
00:41:35de 1918
00:41:36avec l'Allemagne
00:41:37en traitant
00:41:38qui pour le coup
00:41:39avait quand même
00:41:41perdu ce conflit
00:41:42et nous allons
00:41:43créer une deuxième guerre
00:41:45à échéance de 10 ou 20 ans
00:41:46c'est exactement
00:41:46ce qu'on fait
00:41:47le but n'est pas
00:41:49de défendre la Russie
00:41:50mais d'essayer
00:41:50d'instaurer une paix mondiale
00:41:51qui tienne un petit peu
00:41:52en respectant les intérêts
00:41:53des uns et des autres
00:41:54est-ce qu'il faut citer
00:41:56Brzezinski une fois de plus
00:41:57tout est écrit noir sur blanc
00:41:58dès 1997
00:41:59c'est-à-dire
00:41:59le regard
00:42:02enfin la politique
00:42:03des Etats-Unis
00:42:04envers la Russie
00:42:05est affreusement hostile
00:42:06mais est-ce qu'on peut
00:42:07la justifier
00:42:08comme le fait plus ou moins
00:42:09Brzezinski
00:42:10par le danger chinois
00:42:11les Etats-Unis
00:42:14c'est de plus en plus clair
00:42:15en peur d'une confrontation
00:42:16avec la Chine
00:42:17et ça je l'ai vu
00:42:18je crois sous votre plume
00:42:19mais on ne l'a pas compris
00:42:22tout de suite
00:42:23il y a un jour ou l'autre
00:42:24où la confrontation
00:42:25avec la Chine
00:42:26entre les Etats-Unis
00:42:26et la Chine
00:42:27sera inévitable
00:42:28je crois qu'il y a
00:42:28oui alors c'est une
00:42:30d'ici 2050
00:42:31quelque chose comme ça
00:42:31c'est une vraie question
00:42:32il faut comprendre
00:42:33la question russe
00:42:34dans le cadre
00:42:35de cet affrontement
00:42:36avec l'autre
00:42:37grand mastodonte
00:42:38en fait la politique américaine
00:42:40va chercher
00:42:40par tous les moyens
00:42:41à éviter cette confrontation
00:42:42qu'ils craignent
00:42:44et pour l'éviter
00:42:45il faut qu'ils aient
00:42:45un rapport de force favorable
00:42:47et donc l'objectif
00:42:48c'est que toute l'Europe
00:42:49soit derrière eux
00:42:49c'est de s'approprier
00:42:51les ressources humaines
00:42:52et matérielles de la Russie
00:42:53à la fois pour faire tourner
00:42:54l'économie
00:42:55et une économie
00:42:55et la Sibérie
00:42:56et la Sibérie
00:42:57maintenant les économies
00:42:58américaines et chinoises
00:43:00sont tellement interpénétrées
00:43:01que j'ai envie de dire
00:43:03je pense qu'une guerre
00:43:05serait quelque chose
00:43:06de très destructeur
00:43:07pour les deux
00:43:07sans même parler
00:43:08d'une guerre nucléaire
00:43:09donc j'ai envie de dire
00:43:10les deux acteurs
00:43:11n'y ont pas véritablement intérêt
00:43:12c'est pour ça
00:43:13qu'il y a une forme de
00:43:13l'interdépendance
00:43:14crée une forme d'équilibre
00:43:16alors qu'il n'y avait pas
00:43:17d'interbondance économique
00:43:18avec la Russie
00:43:19d'où ce que l'on a vu
00:43:20depuis 2021
00:43:21mais les américains
00:43:23s'y préparent quand même
00:43:24en disant
00:43:24la meilleure façon
00:43:25d'éviter un conflit
00:43:25c'est d'avoir un rapport
00:43:26de force qui soit favorable
00:43:28et je pense que
00:43:30de toute façon
00:43:31ils ne feront rien
00:43:32autour de Taïwan
00:43:32de toute façon
00:43:35tout le monde a reconnu
00:43:36l'appartenance de Taïwan
00:43:38à la Chine
00:43:38depuis le général de Gaulle
00:43:40les américains
00:43:40donc ce serait quand même
00:43:41pour le moins paradoxal
00:43:42et je ne pense pas
00:43:44que les chinois
00:43:44iront par la force
00:43:452049
00:43:46donc ce sera le centenaire
00:43:47de la république populaire de Chine
00:43:48c'est l'objectif
00:43:49qu'ils se sont fixés
00:43:50pour récupérer Taïwan
00:43:51oui il nous reste 14 ans
00:43:53je pense que le calendrier
00:43:54n'est pas
00:43:54comment dire
00:43:56n'est pas erroné
00:43:57un peu plus de 14 ans
00:43:59oui pardon
00:44:00nous avons 24 ans
00:44:01excusez-moi
00:44:01mais enfin
00:44:02le temps est long
00:44:04pour les chinois
00:44:05absolument
00:44:05alors revenons
00:44:08à cette affaire de Russie
00:44:09parce que là
00:44:09vous vous êtes tout de même
00:44:10beaucoup distingués
00:44:12avec beaucoup de courage
00:44:13parce que vous avez vu
00:44:15venir
00:44:16l'intention impériale
00:44:18les Etats-Unis
00:44:19essayant de faire
00:44:20avancer l'OTAN
00:44:21aussi près que possible
00:44:22de Moscou
00:44:23déstabilisant
00:44:25le régime de Poutine
00:44:27il préférait celui
00:44:28de son prédécesseur
00:44:29il faisait ce qu'il voulait
00:44:30vous venez de le rappeler
00:44:31du temps d'Elstine
00:44:32c'était plus du tout le cas
00:44:33du temps de Poutine
00:44:34à partir de 2000
00:44:35essayant de déstabiliser
00:44:37la Géorgie
00:44:39ça c'était
00:44:402008
00:44:42Lukashenko
00:44:44c'était plus difficile
00:44:45mais
00:44:46il y a eu des entreprises
00:44:47de déstabilisation
00:44:48de la Biélorussie aussi
00:44:49je ne sais pas
00:44:50ce qu'ils ont espéré
00:44:51parce que vraiment
00:44:52je suis allé en Biélorussie
00:44:53justement à l'occasion
00:44:54d'élections
00:44:56à Minsk
00:44:58je ne voyais pas
00:45:00vraiment
00:45:01comment on pouvait
00:45:02arracher la Biélorussie
00:45:04à la Russie
00:45:04c'était pas réaliste
00:45:04absolument
00:45:05et tout s'est concentré
00:45:07à partir
00:45:08des années 2010
00:45:10puis 2014
00:45:11sur l'Ukraine
00:45:12absolument
00:45:12alors là
00:45:13il n'y a pas mieux
00:45:15que vous
00:45:15alors il y a une énorme
00:45:16littérature sur le sujet
00:45:17il y a beaucoup
00:45:18de spécialistes
00:45:19qui ont travaillé
00:45:19aussi clair
00:45:20que nous
00:45:21enfin que vous
00:45:22ou moi
00:45:23grâce à vous
00:45:23on peut citer
00:45:25beaucoup de gens
00:45:25ne commençons pas
00:45:27parce que tout de même
00:45:27il y a pas mal de
00:45:28on va en déployer
00:45:30à beaucoup
00:45:30absolument
00:45:31il y a pas mal
00:45:32le nouveau conservateur
00:45:33on a souvent rendu compte
00:45:34il y a pas mal
00:45:34de bons esprits
00:45:35qui ont quand même
00:45:36déniché
00:45:37ce que
00:45:39ce que nous avons
00:45:41fini par comprendre
00:45:42c'est à dire
00:45:42l'instrumentalisation
00:45:43du gouvernement
00:45:45ukrainien
00:45:46au service
00:45:48des Etats-Unis
00:45:49c'est pas très difficile
00:45:50parce que comme vous
00:45:51le dites quelque part
00:45:51l'Ukraine est un pays
00:45:53corrompu
00:45:54dès son origine
00:45:55vous avez dit
00:45:56que c'est un sport national
00:45:57oui oui
00:45:58mais ce n'est pas
00:45:59un état démocratique
00:46:00c'est un état fréin
00:46:01ça n'a jamais été
00:46:01nous défendons
00:46:02comment dire
00:46:04alors j'ai beaucoup
00:46:05de compassion
00:46:05pour la population
00:46:06qui souffre
00:46:07d'ailleurs des deux côtés
00:46:07qu'il soit dans le Donbass
00:46:08ou dans
00:46:09de ce conflit
00:46:10mais je ne sais même pas
00:46:11si on peut parler
00:46:11d'un gouvernement ukrainien
00:46:12c'est un gang
00:46:13qui s'enrichit
00:46:14de manière éventée
00:46:15et d'ailleurs
00:46:16tous les prédécesseurs
00:46:17de Zelensky
00:46:18les Timotchenko
00:46:20la Jeanne d'Arc
00:46:21ukrainienne
00:46:22était une femme
00:46:23corrompue
00:46:23au dernier degré
00:46:24Yurchenko
00:46:26avant lui
00:46:26également
00:46:27et donc
00:46:29avant elle
00:46:31pardon
00:46:31non non
00:46:32ce pays
00:46:33sans lui faire insulte
00:46:35n'a jamais répondu
00:46:36à aucun critère
00:46:37démocratique
00:46:38il était corrompu
00:46:39l'économie ne marchait pas
00:46:41paradoxalement
00:46:42il marchait mieux
00:46:42du temps
00:46:43du temps
00:46:44des soviétiques
00:46:46oui
00:46:46je ne regrette pas
00:46:47cette période
00:46:47non
00:46:48je ne regrette pas
00:46:48je ne sais pas
00:46:49tout ce que je vous demande
00:46:50mais économiquement
00:46:51ça marchait mieux
00:46:52et la population ukrainienne
00:46:53est arrivée
00:46:54à 52 millions
00:46:55d'habitants
00:46:55oui
00:46:56au moment de l'indépendance
00:46:58absolument
00:46:58en 90-91
00:46:59c'est ça
00:47:00alors qu'aujourd'hui
00:47:01elle est moitié moindre
00:47:03elle est descendue
00:47:04à 41 millions
00:47:04au début du conflit
00:47:05c'est quand même
00:47:06le seul exemple
00:47:06que nous ayons
00:47:07dans un pays
00:47:07entre guillemets
00:47:08avant même
00:47:08le conflit
00:47:09je ne vais pas dire
00:47:10dans un pays développé
00:47:11je vais dire
00:47:11dans un pays blanc
00:47:129 millions
00:47:13enfin 11 millions
00:47:16de personnes
00:47:16ayant quitté
00:47:17le pays
00:47:19en raison de la criminalité
00:47:21de la corruption
00:47:21et du sous-développement
00:47:22et je crois
00:47:23qu'on est descendu
00:47:24à une trentaine
00:47:24de millions
00:47:25aujourd'hui
00:47:25alors c'est plus compréhensible
00:47:27parce que beaucoup
00:47:27ont fui
00:47:28mais ça veut dire aussi
00:47:29qu'il y a beaucoup d'hommes
00:47:29qui ont fui
00:47:30ça veut dire
00:47:30il y a des ukrainiens
00:47:32qui ne veulent pas se battre
00:47:32pour leur pays
00:47:33ça donne quand même
00:47:34une idée
00:47:34de la défiance
00:47:35qu'il y a à l'égard
00:47:36de ces autorités
00:47:37est-ce qu'il y a vraiment
00:47:38une nation ukrainienne
00:47:40c'est difficile à dire
00:47:41oui ça moi
00:47:42ça m'est difficile
00:47:43je ne connais pas
00:47:43assez le régime
00:47:44je vois des théories
00:47:45très variées
00:47:46mais en tout cas
00:47:47quitte à se faire
00:47:49des ennemis
00:47:49on est sur une zone frontière
00:47:51et toute la partie
00:47:52russophone
00:47:52a toujours été
00:47:53historiquement
00:47:54dans le giron
00:47:55de la Russie
00:47:56je crois que même
00:47:57le mot Ukraine
00:47:58vient du mot frontière
00:47:59absolument
00:47:59et quantité de Russes
00:48:02ont des parents ukrainiens
00:48:03à commencer par
00:48:04Solzhenitsyn
00:48:05donc je crois
00:48:05la vérité ukrainienne
00:48:06avant que ce soit l'inverse
00:48:07mais les deux peuples
00:48:09si on peut parler
00:48:10de deux peuples
00:48:11sont tellement mêlés
00:48:12que ça a été
00:48:14bizarrement facile
00:48:15pour les Etats-Unis
00:48:16enfin est-ce que ça a été
00:48:17si facile
00:48:18de détacher l'Ukraine
00:48:19oui parce que
00:48:20dès le début de la guerre
00:48:21les Américains ont développé
00:48:24vraiment un plan
00:48:25d'action politique
00:48:26et militaire
00:48:26clandestin
00:48:27pour créer des mouvements
00:48:28de guérillas
00:48:29et de déstabilisation
00:48:30de l'Ukraine
00:48:31alors l'Empire soviétique
00:48:33étant un régime policier
00:48:34de la pire espèce
00:48:35beaucoup de ces actions
00:48:37ont été vouées à l'échec
00:48:38mais les Américains
00:48:39comme ils l'ont fait partout
00:48:40se sont d'abord polarisés
00:48:41sur des éléments
00:48:43qui étaient
00:48:43qu'on appelle aujourd'hui
00:48:44les néo-nazis ukrainiens
00:48:45qui étaient des éléments
00:48:46ayant travaillé
00:48:47pour l'Allemagne nazie
00:48:48parce qu'ils étaient
00:48:48farouchement anticommunistes
00:48:49et antisoviétiques
00:48:50donc ils ont entretenu
00:48:52ces réseaux
00:48:52dès 1947
00:48:53ils en ont embergé
00:48:55aux Etats-Unis
00:48:55et finalement
00:48:57le lien s'est fait
00:48:58de manière assez classique
00:49:00jusqu'à aujourd'hui
00:49:01alors moi
00:49:02ce qui m'a toujours frappé
00:49:03c'est la cécité
00:49:04en tout cas
00:49:05de beaucoup de journalistes
00:49:07d'experts
00:49:08et ce que l'on fait passer
00:49:09à notre opinion publique
00:49:11c'est qu'il y a
00:49:12les événements de 2014
00:49:132014 c'est un coup d'état
00:49:14le président Yanukovitch
00:49:18mais oui
00:49:19mais bien sûr
00:49:19mais le président Yanukovitch
00:49:21corrompu
00:49:21comme ses prédécesseurs
00:49:22ne valant
00:49:23mais élus démocratiquement
00:49:25avec des observateurs
00:49:26de l'OSCE
00:49:27présents sur place
00:49:28renversés à un an
00:49:29les élections présidentielles
00:49:31est-ce que les Ukrainiens
00:49:32n'auraient pas pu
00:49:33attendre un an de plus
00:49:34pour le
00:49:34mais il allait signer
00:49:35des accords avec la Russie
00:49:36voilà
00:49:37et puis après
00:49:37un gouvernement
00:49:38qui est élu
00:49:39qui utilise à manière forte
00:49:42contre le Donbass
00:49:43donc qui ne respecte pas
00:49:44la Charte des Nations Unies
00:49:45nous ne parlions pas
00:49:46d'ailleurs
00:49:46vous le saviez
00:49:47vous publiez des choses là-dessus
00:49:48mais la guerre
00:49:49que le gouvernement
00:49:50de Kiev
00:49:52en particulier
00:49:52quand Zelensky
00:49:53est arrivé au pouvoir
00:49:54à mener
00:49:55contre les
00:49:56on peut dire
00:49:57les russes
00:49:57mais ils sont
00:49:58les russophones
00:49:59à tout le moins
00:50:00de l'Est
00:50:01a été terrible
00:50:03on parle de
00:50:0318 millions de morts
00:50:04mais ça a commencé
00:50:08avant Zelensky
00:50:09il faut être très clair
00:50:10et quand Zelensky
00:50:12a été élu en 2019
00:50:13vu qu'il parle
00:50:14sa langue natale
00:50:15c'est le russe
00:50:15il parle mieux russe
00:50:16qu'ukrainien
00:50:17il a été élu justement
00:50:19pour
00:50:19arrêter
00:50:20oui pour réconcilier
00:50:22ces deux
00:50:22ces deux composantes
00:50:24et finalement
00:50:24pris sous l'influence
00:50:26des milices
00:50:27d'extrême droite
00:50:27et des éléments
00:50:28ultranationalistes
00:50:29qui l'ont menacé de mort
00:50:31si justement
00:50:31il est dans cette direction
00:50:32et bien il s'est totalement
00:50:34aligné sur leur attitude
00:50:36mais encore une fois
00:50:37il y a eu des délits
00:50:38démocratiques terribles
00:50:39on interdisait
00:50:40aux russophones
00:50:41l'usage de leur langue
00:50:42ce serait passé
00:50:44dans un pays occidental
00:50:45tout le monde aurait
00:50:46hurlé
00:50:46mais à partir du moment
00:50:47où les américains
00:50:48avaient d'abord
00:50:49modifié l'information
00:50:51en leur faveur
00:50:51dans un seul sens
00:50:52avec un narratif
00:50:53comme on dit
00:50:54construit sur mesure
00:50:55et bien tout ça
00:50:56a été passé sous silence
00:50:57nous avons
00:50:58nous des éléments
00:50:59qui nous permettent
00:51:00de dire qu'à force
00:51:01de bafouer comme ça
00:51:02les intérêts de la Russie
00:51:03de s'approcher
00:51:04de plus en plus
00:51:05de ses frontières
00:51:05de faire miroiter
00:51:08une entrée
00:51:09de l'Ukraine
00:51:09dans l'OTAN
00:51:10les russes
00:51:11n'ont eu d'autres
00:51:12solutions
00:51:13que d'intervenir
00:51:14on dit beaucoup
00:51:15que Vladimir Poutine
00:51:16est tombé dans un piège
00:51:18mais pouvait-il faire
00:51:19autrement
00:51:20que d'intervenir
00:51:20à un moment ou à un autre
00:51:21je crois qu'il ne pouvait
00:51:23pas faire autrement
00:51:23du point de vue
00:51:24de l'intérêt national russe
00:51:25il était obligé
00:51:26de réagir
00:51:26à un moment ou à un autre
00:51:27mais vous observerez
00:51:28que c'est un demi-échec
00:51:29pour tout le monde
00:51:30les américains
00:51:31ne sont absolument pas
00:51:32parvenus à affaiblir la Russie
00:51:33donc leur stratégie
00:51:34est un échec
00:51:35par contre
00:51:35ils ont asservi l'Europe
00:51:36encore plus
00:51:37qu'elle ne l'était
00:51:38et les russes
00:51:39même si aujourd'hui
00:51:40ils conserveront
00:51:41moi j'en suis convaincu
00:51:42les régions
00:51:43les oblastes
00:51:44du Donbass
00:51:44qu'ils contrôlent
00:51:45et la Crimée
00:51:45se sont trouvés
00:51:47malheureusement
00:51:48totalement séparés
00:51:50de l'Occident
00:51:51voilà
00:51:52donc c'est
00:51:52c'est pas du tout
00:51:53ce que voulait Poutine
00:51:54c'est ni ce que voulait Poutine
00:51:55ni ce que voulaient
00:51:55les américains
00:51:56et finalement
00:51:56chacun n'a eu
00:51:57qu'une demi-victoire
00:51:58peut-être que les Etats-Unis
00:51:59ne sont pas mécontents
00:52:00mais nous
00:52:01on est spécialement français
00:52:03on n'a aucun intérêt
00:52:04pas simplement
00:52:05bien que ça importe beaucoup
00:52:06pour les raisons
00:52:07d'approvisionnement énergétique
00:52:09on voit le résultat
00:52:11mais aussi pour les liens
00:52:13que nous pouvions avoir
00:52:15avec une puissance
00:52:15qui compte beaucoup de ressources
00:52:18et qui comptera pour l'Europe
00:52:20et qui pourrait compter
00:52:21pour l'Europe
00:52:22à la fin de ce siècle
00:52:23vous savez dans les échanges
00:52:24que nous avons eu
00:52:25que nous en arrivons encore
00:52:27à avoir de temps en temps
00:52:28avec nos altères égaux russes
00:52:30moi ils m'ont dit un jour
00:52:31quelque chose
00:52:31qui m'a beaucoup frappé
00:52:32ils m'ont dit
00:52:32on n'oubliera pas la France
00:52:34en ce sens où
00:52:35que les américains
00:52:37cherchent à nous
00:52:38à nous déstabiliser
00:52:39c'est de bonne guerre
00:52:40que les anglais nous attaquent
00:52:42on reconnait l'atavisme anti-russe
00:52:44on n'oubliera pas
00:52:44de régler nos comptes
00:52:44avec la France
00:52:45que les allemands nous trahissent
00:52:46passe encore
00:52:47mais la France
00:52:47avec laquelle nous avions
00:52:49des vieilles relations
00:52:50avec laquelle nous avions
00:52:51on a pris l'habitude
00:52:53d'attaquer nos plus proches alliés
00:52:55je pense qu'on ne peut pas
00:52:57se passer de la Russie
00:52:58dans les relations internationales
00:52:59et que le fait d'avoir créé
00:53:00ce fossé
00:53:02est quelque chose de terrible
00:53:03une guerre est terrible
00:53:05donc il y a effectivement
00:53:06des tués
00:53:06des massacres
00:53:07des éliminations
00:53:10de toute nature
00:53:11de part et d'autre
00:53:12on a deux régimes
00:53:13en partie corrompus
00:53:14de part et d'autre
00:53:15mais indéniablement
00:53:17je dirais
00:53:18le régime ukrainien
00:53:19c'est pour moi
00:53:20un contresens total
00:53:21que des démocraties
00:53:22soutiennent un régime
00:53:23de ce type là
00:53:23quand on pense
00:53:24qu'avec le langage
00:53:26que vous tenez
00:53:26qui me paraît très modéré
00:53:27on vous
00:53:29je suis un terrible
00:53:31pro russe
00:53:31absolument
00:53:32oui on pense que
00:53:33pour autant
00:53:33vous êtes pratiquement
00:53:34le porte-parole
00:53:35mais j'ai eu
00:53:35de la vodka très tôt
00:53:36dans mon vibron
00:53:37je vous rassure
00:53:38c'est incroyable
00:53:38parce que vous êtes
00:53:39très équilibré
00:53:40je l'espère
00:53:42mais c'est le problème
00:53:45de la caricature
00:53:45que l'on trouve
00:53:46dans les médias
00:53:47sur Wikipédia
00:53:48dans les choses comme ça
00:53:49on n'y en échappe pas
00:53:50mais après
00:53:50est-ce qu'il y a encore
00:53:51des journalistes
00:53:53ils sont tellement
00:53:54activistes
00:53:54c'est la question
00:53:54à laquelle je voulais
00:53:56arriver
00:53:57comment expliquez-vous
00:53:58parce que ça a été
00:53:59dès le début
00:54:00immédiatement
00:54:01dans les jours
00:54:02qu'on suivit
00:54:03l'opération spéciale
00:54:05de février 2022
00:54:06on a vu une presse
00:54:08absolument
00:54:09à la solde des américains
00:54:11à la chambre d'écho
00:54:12de ce qui s'est dit
00:54:13reprenant
00:54:13alors là
00:54:14je vous ai vu
00:54:15écrire des choses
00:54:16très dures là-dessus
00:54:17vous posant des questions
00:54:18qu'ils sont incompétents
00:54:20ils sont payés
00:54:21qu'est-ce qui se passe
00:54:22pour que la presse
00:54:23les deux
00:54:25on a vu par exemple
00:54:26un certain nombre
00:54:26de journaux
00:54:27qui étaient à deux doigts
00:54:28de déposer le bilan
00:54:28comme
00:54:29Eric Osmos
00:54:30ou le magazine
00:54:31Géo
00:54:32qui est un magazine
00:54:33de nature
00:54:34et de découverte
00:54:35d'une certaine manière
00:54:36qui publie des articles
00:54:37sur le conflit en Ukraine
00:54:38qui ne sont pas du tout
00:54:39son objet social
00:54:40et qui prennent un parti
00:54:41pour Zelensky
00:54:42qui est absolument grotesque
00:54:43oui il y a toute une série
00:54:45de médias
00:54:45en plus on a fait une censure
00:54:47vis-à-vis des médias russes
00:54:48que nous n'avons pas fait
00:54:49pendant la guerre froide
00:54:50alors que la menace russe
00:54:51était quelque chose
00:54:51enfin soviétique
00:54:52était quelque chose de réel
00:54:53que l'infiltration soviétique
00:54:55bon
00:54:55non
00:54:55il y a eu une prise de parti
00:54:58absolument incroyable
00:55:00en partie inexplicable
00:55:01et qui est pire qu'aux Etats-Unis
00:55:02la presse américaine
00:55:03est plus critique
00:55:05à l'égard de la politique
00:55:07de son propre gouvernement
00:55:08sur ce sujet
00:55:08que nous ne le sommes en France
00:55:09vous dites en partie inexplicable
00:55:11mais quand même
00:55:12vous avez une théorie
00:55:15alors elle a un nom américain
00:55:16cette théorie
00:55:17enfin cette théorie
00:55:18cette manière de voir les choses
00:55:19qui s'appelle social
00:55:20je ne sais pas comment ça
00:55:21ah oui
00:55:21c'est à dire la manipulation
00:55:23le social learning
00:55:23voilà
00:55:24le social learning
00:55:25social learning
00:55:26oui
00:55:26alors on pourrait
00:55:27en français comment peut-on dire ça
00:55:29alors ce qu'on appelle
00:55:30le social learning
00:55:31on pourrait le traduire
00:55:32par le formatage culturel
00:55:34des élites
00:55:35et c'est une tradition
00:55:37que les américains
00:55:39enfin c'est une technique
00:55:39que les américains ont développé
00:55:41à partir de la seconde guerre mondiale
00:55:42déjà avec les
00:55:45même pendant la seconde guerre mondiale
00:55:47les britanniques et les américains
00:55:48commençaient à travailler
00:55:49avec les élites allemandes
00:55:50qui étaient opposées au nazisme
00:55:52et on commençait à leur expliquer
00:55:53ce que c'était que la démocratie
00:55:55comme quoi il fallait
00:55:56qu'on rebaptisse des relations après-guerre
00:55:58donc il y a une vraie
00:55:58il y a une vraie forme d'influence
00:56:00on a eu le même phénomène
00:56:01à la fin de la guerre froide
00:56:02où britanniques et américains
00:56:04dans le cadre de l'OTAN
00:56:05ont réuni beaucoup de
00:56:07de populations issues
00:56:08enfin de jeunes élites
00:56:10issues des pays d'Europe de l'Est
00:56:11qui allaient s'affranchir
00:56:12du pouvoir soviétique
00:56:13pour leur inculquer des valeurs
00:56:15on dirait démocratiques
00:56:16mais en réalité
00:56:16des valeurs anglo-américaines
00:56:18et ce travail se fait
00:56:20par le fait
00:56:22le fait anglo-américain
00:56:23eh oui
00:56:23anglo-américain
00:56:24d'imposer à ces gens-là
00:56:27un système de valeurs
00:56:28et de références
00:56:28qui ne soit pas la démocratie sociale
00:56:30telle que nous la pratiquons
00:56:31en Europe continentale
00:56:32mais cette démocratie libérale
00:56:34qui est vraiment très caractéristique
00:56:36du monde anglo-saxon
00:56:37on a deux conceptions
00:56:38absolument compatibles
00:56:38en imposant le droit
00:56:40en imposant les systèmes monétaires
00:56:41les systèmes économiques
00:56:42et ça c'est une forme d'influence
00:56:44qui est très forte
00:56:45alors elle a fini par s'étendre
00:56:47depuis une trentaine d'années
00:56:49à tout le monde occidental
00:56:51et notamment la France
00:56:52à travers des techniques
00:56:53enfin des techniques
00:56:54ou des échanges
00:56:54comme celle des young leaders
00:56:55et aujourd'hui
00:56:57quand on critique
00:56:58un certain nombre de nos élites
00:56:59qui font beaucoup plus
00:56:59la politique des Etats-Unis
00:57:01que la nôtre
00:57:01moi je parle de galop américain
00:57:03parce que ça me rappelle
00:57:04enfin ça me rappelle
00:57:05je fais référence
00:57:06à cet empire romain
00:57:08qui a colonisé
00:57:09notre cher Gaulle
00:57:10et d'ailleurs
00:57:11qui nous a apporté
00:57:12beaucoup de très bonnes choses
00:57:13avec une civilisation
00:57:14avec une
00:57:14voilà
00:57:15c'est tout à fait différent
00:57:16aujourd'hui
00:57:17voilà effectivement
00:57:18l'influence américaine
00:57:19commence à avoir
00:57:19de vraies notions néfastes
00:57:22sur notre pays
00:57:23à mon sens
00:57:24ça fait 30 ans
00:57:25qu'elle commence
00:57:26elle est en train
00:57:28d'achever
00:57:29de détruire
00:57:29ce qu'on a appelé
00:57:31longtemps
00:57:31la culture humaniste
00:57:32Eric Brancal
00:57:33a très bien montré
00:57:33dans un très bon livre
00:57:35l'ami américain
00:57:36où on voit
00:57:37dès la fin de la seconde guerre mondiale
00:57:38les américains
00:57:39qui non seulement
00:57:40ne veulent pas du général de Gaulle
00:57:41mais essaient de faire
00:57:41de nous un territoire
00:57:43libéré
00:57:44mais sous contrôle américain
00:57:45et voilà
00:57:46j'ai toujours beaucoup de mal
00:57:47quand je me promène
00:57:48dans Paris
00:57:49ou ailleurs
00:57:49et que je vois des rues
00:57:50qui portent le nom de Jean Monnet
00:57:51parce que cet homme
00:57:52a été un traître
00:57:52à la nation
00:57:53qui me fait bondir
00:57:55je suis un peu
00:57:57j'exagère un peu
00:57:58mais ce n'est pas
00:57:59sans fondement
00:58:00et de voir aussi
00:58:02tant d'enseignes
00:58:03presque la majorité
00:58:04des enseignes
00:58:05d'un magasin
00:58:05qui porte des noms américains
00:58:07une espèce de colonisation
00:58:08on peut parler de colonisation
00:58:09je crois qu'il y a vraiment
00:58:10une colonisation
00:58:10c'est une colonisation culturelle
00:58:11et encore
00:58:12nous nous résistons très bien
00:58:13je ne crois pas
00:58:14que nous résistons
00:58:15si on compare
00:58:16à ce que l'on peut voir
00:58:17au Moyen-Orient
00:58:18en Afrique
00:58:18ou en Asie
00:58:19notamment dans les cultures
00:58:21qui n'ont pas eu
00:58:22qui pour des raisons
00:58:23de climat
00:58:23n'ont pas conservé
00:58:24de traces
00:58:25d'archives
00:58:25papiers
00:58:26la culture globaliste
00:58:28américaine
00:58:29a tous les civets
00:58:30dans nos pays européens
00:58:32où nous avons quand même
00:58:32de solides bases
00:58:34nous y résistons
00:58:35même s'il y a une forme
00:58:35d'uniformisation
00:58:37et d'américanisation
00:58:38qui est quand même
00:58:38très avancée
00:58:39alors l'Amérique
00:58:40justement
00:58:40les Etats-Unis
00:58:41ça vous êtes
00:58:42beaucoup penché
00:58:43justement
00:58:44par voie de fait
00:58:45sur
00:58:47je ne pensais pas
00:58:49qu'il y en avait 16
00:58:49sur les services
00:58:50de renseignement
00:58:53états-uniens
00:58:54et sur leur puissance
00:58:56y compris aux Etats-Unis
00:58:57oui
00:58:57on assiste
00:58:59depuis l'élection
00:59:00de Donald Trump
00:59:01en 2016
00:59:02à une forme
00:59:03d'ingérence
00:59:04des services de renseignement
00:59:05dans la vie politique
00:59:05ils ont pris
00:59:06ils ont pris délibérément
00:59:08parti contre leur président
00:59:10il y a eu toute une série
00:59:11de manipulations
00:59:11dans les différents dossiers
00:59:13des choses qui lui ont été reprochées
00:59:15dont il a été accusé
00:59:15vous parlez de Trump
00:59:16je parle de Trump
00:59:17je n'ai pas compris
00:59:18pourquoi Trump
00:59:19n'avait pas réussi
00:59:19à mettre de l'ordre
00:59:21pendant ces 4 années
00:59:21il a essayé
00:59:22mais finalement
00:59:23il n'est pas arrivé
00:59:24à mettre de l'ordre
00:59:25c'est à dire
00:59:25de soumettre
00:59:27à sa politique
00:59:28les services en question
00:59:29parce qu'il ne s'y attendait pas
00:59:30d'abord je pense que
00:59:31je n'ai pas d'admiration
00:59:32particulière pour l'homme
00:59:33il n'a pas nécessairement
00:59:34une grande formation politique
00:59:35c'est un président américain
00:59:37ça ne nous concerne pas
00:59:38très bonne réaction
00:59:40je suis très content
00:59:41que vous disiez ça
00:59:42on a l'impression
00:59:42quelquefois
00:59:43je sais bien
00:59:44mais dès qu'il a été élu
00:59:46au lieu de cela
00:59:47comme si c'était notre président
00:59:49notre candidat
00:59:50ce dont nous parlons
00:59:52est certainement
00:59:53une source de faiblesse
00:59:55supplémentaire
00:59:56je dirais
00:59:56pour les Etats-Unis
00:59:57il y a la dédollarisation
00:59:59il y a l'état de santé publique
01:00:03qui est effrayant
01:00:04je pense que
01:00:05vous avez regardé
01:00:06comme moi
01:00:07et j'ai beaucoup de sympathie
01:00:08pour le personnage
01:00:09je dois dire
01:00:09le discours de Kennedy
01:00:10Robert Kennedy Jr
01:00:12au moment d'apporter
01:00:16son soutien à Trump
01:00:18qui dit des choses effrayantes
01:00:19sur le taux
01:00:20de droguer
01:00:26au sens large
01:00:26du mot drogue
01:00:27je crois qu'il y a
01:00:2840% des américains
01:00:30qui ne dorment pas
01:00:30sans des grosses doses
01:00:32de somnifères
01:00:33sans parler de la nutrition
01:00:35de l'alimentation
01:00:36qui est très défectueuse
01:00:38et qui produit des cancers
01:00:39des diabètes
01:00:40dans des proportions
01:00:41épouvantables
01:00:42sans parler de l'obésité
01:00:44on a l'impression
01:00:45à écouter ses discours
01:00:47j'invite d'ailleurs
01:00:47vos éditeurs à le faire
01:00:48on le trouve facilement
01:00:49je crois qu'il date
01:00:50du 21 ou 22 août dernier
01:00:52oui de cet été
01:00:53il décrit
01:00:55une Amérique
01:00:56extrêmement fragile
01:00:57du point de vue même
01:00:58de la santé publique
01:00:59et de la population
01:01:00à telle enseigne
01:01:01d'ailleurs je crois
01:01:01que des armées
01:01:02n'arrivent pas à recruter
01:01:03des soldats
01:01:04capables de porter
01:01:05en plus
01:01:06au moment où
01:01:07on harnache
01:01:09les soldats
01:01:09de poids extraordinaire
01:01:11ils n'avaient plus avancé
01:01:12il y a quelque chose
01:01:12une sorte d'aporie
01:01:13qui est assez saisissante
01:01:15à quoi s'ajoutent
01:01:17des contestations
01:01:18très vives
01:01:19sur la légitimité
01:01:20du pouvoir
01:01:20ça c'est l'amorce
01:01:23est-ce que
01:01:24voilà
01:01:25mais est-ce qu'on peut
01:01:26encore parler
01:01:27d'une démocratie
01:01:27moi je
01:01:28alors on pourrait poser
01:01:29la question
01:01:30sommes-nous aussi
01:01:30en Europe
01:01:31dans des démocraties
01:01:31mais il y a quelque chose
01:01:32de très frappant
01:01:33aux Etats-Unis
01:01:33depuis 2001
01:01:34c'est pour moi
01:01:35un régime policier
01:01:37c'est un régime policier
01:01:37la façon dont ils ont mis
01:01:39toute la population
01:01:40sur écoute
01:01:41au nom de la lutte
01:01:41antiterroriste
01:01:42on en arrive à un stade
01:01:43en matière de contrôle
01:01:44des opinions
01:01:45et de pouvoir
01:01:47on va dire abusif
01:01:48aujourd'hui
01:01:49envoyer un email
01:01:50un message électronique
01:01:52mettant en doute
01:01:54la transparence
01:01:56et la légalité
01:01:57des élections de 2020
01:01:58qui vous expose
01:01:58est considéré
01:01:59comme une atteinte
01:02:00à la sécurité nationale
01:02:01parce qu'il considère
01:02:02que les élections
01:02:04font partir
01:02:04de l'infrastructure
01:02:05de la démocratie américaine
01:02:07et c'est considéré
01:02:07comme une cyberattaque
01:02:08c'est-à-dire que
01:02:09si vous émettez
01:02:10sur la toile
01:02:11un avis négatif
01:02:12en disant
01:02:13les élections de 2020
01:02:14ont été truquées
01:02:14vous pouvez vous trouver
01:02:16avec le FBI
01:02:17à votre porte
01:02:17le lendemain matin
01:02:18mais on se demande
01:02:18où est-ce qu'on est arrivé
01:02:19alors un Etat policier
01:02:20mais ça corrobore
01:02:21tout à fait ce que vous disiez
01:02:22les Etats policiers
01:02:23ne tiennent pas
01:02:24très longtemps
01:02:24en réalité
01:02:25ils sont très fragiles
01:02:26mais il y a quand même
01:02:27une grande démocratie derrière
01:02:28c'est pas un Etat d'Amérique latine
01:02:29policier
01:02:30avec des structures faibles
01:02:32donc il y a encore
01:02:33des choses très
01:02:34plus ou moins
01:02:35oui mais il y a encore
01:02:35des choses très positives
01:02:36Dieu merci aux Etats-Unis
01:02:37par contre
01:02:38vous vous cherchez souvent
01:02:39vous voyez
01:02:40beaucoup au fait
01:02:41je voyage énormément
01:02:42un peu moins depuis le Covid
01:02:44comme qui a été une période
01:02:45de
01:02:45voilà
01:02:47mais non
01:02:48j'ai beaucoup de réticence
01:02:49avec les Etats-Unis
01:02:50donc je dois avouer
01:02:51que ce n'est pas
01:02:52ce n'est pas nécessairement
01:02:53objectif
01:02:54mais quand on voit aussi
01:02:55leur politique étrangère
01:02:56et la manière
01:02:56dont ils nuisent
01:02:57à nos intérêts français
01:02:58j'ai
01:02:58voilà
01:02:59j'ai beaucoup d'amis américains
01:03:00d'ailleurs
01:03:01qui sont contestataires
01:03:02dans leur propre pays
01:03:03alors justement
01:03:05c'est un autre sujet
01:03:06qu'il faut
01:03:07que nous abordions
01:03:08au moins du bout de l'aile
01:03:09auquel vous êtes
01:03:11beaucoup intéressés
01:03:12c'est la question
01:03:13de la Palestine
01:03:13et plus largement
01:03:14l'évolution
01:03:16des pays arabes
01:03:16vous avez dit
01:03:19beaucoup de choses
01:03:19très sévères
01:03:20à l'encontre
01:03:21des Etats-Unis
01:03:22pendant les
01:03:22les printemps arabes
01:03:24vous avez écrit
01:03:25je ne sais plus si
01:03:26si c'est un texte
01:03:27ou un livre
01:03:27oui nous avons fait
01:03:28un livre collectif
01:03:29sur le sujet
01:03:30incriminant beaucoup
01:03:32la politique
01:03:33de Washington
01:03:34dont vous dites
01:03:35qu'elle a suscité
01:03:36ces printemps arabes
01:03:37pour déstabiliser les Etats
01:03:39au bénéfice
01:03:39de l'islamisme
01:03:40alors encore une fois
01:03:42je ne suis pas
01:03:42très nette
01:03:43y compris en Tunisie
01:03:44tout a commencé
01:03:45je ne suis pas anti-américain
01:03:46du tout
01:03:46par principe
01:03:47ce sont les faits
01:03:47qui m'amènent
01:03:48à amener ces crédits
01:03:49avec l'équipe du centre
01:03:51nous aimons aller sur le terrain
01:03:53on ne peut pas se contenter
01:03:54de faire des analyses
01:03:55purement livresques
01:03:56et nous avions monté
01:03:58en 2011
01:03:59un groupe d'experts
01:04:00dans lequel
01:04:00francophones
01:04:01dans lequel se trouvait
01:04:02Yves Bonnet
01:04:03ancien directeur
01:04:04de la DST
01:04:05député UDF
01:04:06ancien préfet
01:04:06Anne-Marie Glyzin
01:04:08qui avait été
01:04:09secrétaire d'Etat
01:04:10et présidente
01:04:10du Sénat de Belgique
01:04:11Saïda Benébiles
01:04:12qui est une ancienne
01:04:13une ancienne
01:04:14sénatrice algérienne
01:04:16et qui a été
01:04:17présidente du Croissant Roule
01:04:18donc on avait un groupe
01:04:19à moitié français
01:04:19à moitié francophone
01:04:20pour ne pas avoir
01:04:21qu'un seul point de vue français
01:04:22et nous avons fait
01:04:23tous les pays
01:04:23des révolutions arabes
01:04:25on est allé rencontrer
01:04:26à peu près partout
01:04:27les autorités
01:04:28et l'opposition
01:04:29la Syrie
01:04:30la Libye
01:04:31un petit peu l'Egypte
01:04:32et la Tunisie
01:04:33bien sûr
01:04:33et ce qui nous a frappés
01:04:34avec bien sûr
01:04:35même si nous
01:04:36nous étions tous francophones
01:04:37les différences
01:04:39de point de vue
01:04:39et de culture
01:04:39on arrivait à peu près
01:04:41à la même conclusion
01:04:41que tout ça
01:04:44et j'oublie
01:04:45comment dire
01:04:47nous avions
01:04:47un Malien aussi
01:04:49avec nous
01:04:49qui a été premier ministre
01:04:50Soumelo Goubaï
01:04:52Maïga
01:04:53je vois comment vous trouvez
01:04:53tous ces gens
01:04:54parce qu'il faut dire
01:04:54que vous travaillez toujours
01:04:55avec le dessus du panier
01:04:57dans la
01:04:57ça fait baisse
01:04:59avec une prédilection
01:05:00pour la sphère francophone
01:05:02bien sûr
01:05:03parce qu'il faut
01:05:04il faut que nous fassions
01:05:05des choses
01:05:06entre francophones
01:05:07et
01:05:07la conclusion
01:05:09ce que nous avions observé
01:05:10absolument partout
01:05:11c'est la manière
01:05:11dont les américains
01:05:12comme ils avaient fait
01:05:13les révolutions orange
01:05:14en Ukraine
01:05:15il y a de nombreuses années
01:05:16je parle de
01:05:16à la fin de la guerre froide
01:05:18Maïdan
01:05:18non non avant Maïdan
01:05:20la première
01:05:20parce qu'on appelait
01:05:21la révolution orange
01:05:22dans les années 90
01:05:23ils l'ont répété
01:05:24alors Maïdan
01:05:24ils l'ont répété
01:05:25mais les printemps arabes
01:05:25étaient avant Maïdan
01:05:26c'est vrai
01:05:26on a revu à Maïdan
01:05:28des techniques
01:05:28qu'on avait vues
01:05:28dans les printemps arabes
01:05:29après il y a eu
01:05:30les révolutions en Georgie
01:05:32aussi pour renverser
01:05:33le régime
01:05:34et ça avait été très
01:05:35on a vu ces mêmes techniques
01:05:36et ces mêmes groupes
01:05:37dans tous les pays arabes
01:05:38dans tous les pays du printemps arabe
01:05:39qui étaient hostiles à Washington
01:05:41pas ceux qui étaient favorables à Washington
01:05:44c'est à dire que le Bahreïn
01:05:44quand la population chiite
01:05:46s'est révoltée
01:05:47à son tour
01:05:48a fait son printemps arabe au Bahreïn
01:05:50pays alliés à Washington
01:05:51immédiatement
01:05:52l'armée saoudienne
01:05:53est rentrée au Bahreïn
01:05:54et a bien sûr
01:05:55liquidé
01:05:55ou en tout cas fortement
01:05:56l'opposition
01:05:58donc pas de printemps arabe
01:05:59pas de printemps arabe
01:06:00dans les pays hostiles à Washington
01:06:01et finalement les américains
01:06:02ont fait ça pour une raison
01:06:04dans les pays alignés
01:06:05sur Washington
01:06:05vous voulez dire
01:06:06oui les pays sur eux
01:06:07n'ont pas été touchés
01:06:09les américains ont fait ça
01:06:10pour une raison
01:06:11à mon sens
01:06:12qui est assez simple
01:06:13c'est qu'après les attentats
01:06:14du 11 septembre de 2000
01:06:14ils se sont dit
01:06:15mais finalement
01:06:15pourquoi est-ce que les arabes
01:06:16ne nous aiment pas
01:06:17et un certain nombre d'études
01:06:18avaient été confiées
01:06:19à des groupes
01:06:19notamment des groupes
01:06:21de conseils et de communication
01:06:22comme Random Group
01:06:23ou Ellen Houghton
01:06:24et ils sortaient en gros
01:06:25deux choses
01:06:26de cette évaluation
01:06:27ils disaient
01:06:27les arabes ne nous aiment pas
01:06:28parce que nous soutenons Israël
01:06:30et d'autre part
01:06:31parce que nous empêchons
01:06:31l'arrivée au pouvoir
01:06:32de groupes islamistes
01:06:33les américains ont réfléchi
01:06:34et on se dit
01:06:35sur Israël
01:06:36nous ne changerons pas
01:06:37nous continuerons
01:06:37à soutenir Israël
01:06:38par contre
01:06:38si les arabes
01:06:39sont assez bêtes
01:06:40pour vouloir
01:06:41parce que c'était de ce niveau-là
01:06:42que des groupes islamistes
01:06:43arrivent au pouvoir
01:06:43on va leur mettre
01:06:44leur groupe islamiste
01:06:45et partout
01:06:45au moment des printemps arabes
01:06:46ils ont remplacé
01:06:48les gouvernements
01:06:49par les frères musulmans
01:06:51bien sûr Washington
01:06:52ne fera rien
01:06:52pour sanctionner Israël
01:06:57mais pendant la guerre
01:06:59du Kippour également
01:07:01les Israéliens ont attaqué
01:07:04un navire d'écoute
01:07:05de la NSA
01:07:05et l'ont coulé
01:07:06et ont mitraillé
01:07:07les marins
01:07:07les Israéliens ont coulé
01:07:09à bateau américain
01:07:10absolument
01:07:11parce qu'ils avaient
01:07:12je crois exécuté
01:07:13quelques centaines
01:07:13de prisonniers égyptiens
01:07:14qu'ils ne pouvaient pas garder
01:07:15alors là
01:07:16au détriment
01:07:17de l'armée israélienne
01:07:18l'armée israélienne
01:07:19comment dire
01:07:19en contravention totale
01:07:21avec l'oua de guerre
01:07:22et ils ont eu cette crainte
01:07:23que les américains
01:07:23aient écouté
01:07:24les ordres qui étaient donnés
01:07:25pour exterminer
01:07:27les Israéliens
01:07:28pour fusiller
01:07:30et donc à ce moment là
01:07:31ils ont coulé
01:07:33ce bateau
01:07:33c'est très compliqué
01:07:34c'est l'affaire
01:07:35de l'USS Liberty
01:07:37c'était son nom
01:07:37là encore
01:07:38les Israéliens
01:07:39se sont excusés
01:07:39après des mensonges
01:07:40terribles
01:07:41ils ont bien dit
01:07:41ce qu'ils ont fait
01:07:42pour effacer toute trace
01:07:44il y avait un navire américain
01:07:46des coupes
01:07:47qui étaient au large des côtes
01:07:48qui surveillaient
01:07:49ce qui se passait
01:07:49pendant le conflit
01:07:50parce que c'est une décision politique
01:07:51il essaie de couler
01:07:53un navire
01:07:54de l'US Navy
01:07:55le bateau commence à couler
01:07:57ils avaient des mirages
01:07:58encore à l'époque
01:07:59dans leurs forces aériennes
01:08:00non seulement
01:08:00ils font plusieurs passages
01:08:01sur le navire
01:08:02en lâchant des bombes
01:08:03et après
01:08:03ils terminent
01:08:04au canon de 30 mm
01:08:05alors il y a eu des survivants
01:08:07bien sûr
01:08:08les Israéliens
01:08:09mais enfin
01:08:10pour assassiner
01:08:11pour faire disparaître
01:08:12les preuves
01:08:13des turpitudes
01:08:14des assassinats
01:08:15qu'ils venaient de commettre
01:08:16à ce moment là
01:08:17bien sûr
01:08:18en montant
01:08:18c'est un cynisme effrayant
01:08:20on vous a pris
01:08:20pour un navire russe
01:08:21ou égyptien
01:08:22il y a eu des mensonges
01:08:23aussi énormes
01:08:24que
01:08:24comment dire
01:08:25que
01:08:25enfin aussi gros
01:08:27qu'on peut l'imaginer
01:08:28il y a eu immédiatement
01:08:29le gouvernement
01:08:30ou assez rapidement
01:08:31le gouvernement israélien
01:08:31a payé
01:08:33des
01:08:33comment dire
01:08:34des indemnités aux familles
01:08:35et les américains
01:08:35ont enterré l'affaire
01:08:36bon et bien écoutez
01:08:37on n'a pas fini
01:08:38de nous parler
01:08:40c'est un très grand plaisir
01:08:42et je vous en remercie
01:08:42et sans fin avec vous
01:08:44vous savez tellement de choses
01:08:45vous en dites tellement
01:08:46est-ce qu'on peut dire d'ailleurs
01:08:47comment faire
01:08:48pour profiter de votre science
01:08:50parce que
01:08:51évidemment
01:08:52il faut s'abonner quelque part
01:08:53oui
01:08:54et puis je vais reprendre
01:08:54ce que je disais au début
01:08:55ma science est quand même
01:08:56très faible
01:08:57mais en tout cas
01:08:57pour ceux qui s'intéressent
01:08:58aux questions de l'enseignement
01:08:59parce que
01:08:59j'essaie de ne pas sortir
01:09:01de mon domaine de compétences
01:09:02ils peuvent aller sur notre site
01:09:04donc du Centre français de recherche
01:09:05sur l'enseignement
01:09:06ça se trouve
01:09:07très facilement
01:09:07sur internet
01:09:08on trouve beaucoup de choses
01:09:09voilà
01:09:09et nous y avons
01:09:10de nombreuses publications
01:09:11et je rends hommage
01:09:12à tous mes camarades
01:09:13chercheurs
01:09:14qui travaillent avec moi
01:09:14puisque
01:09:15voilà
01:09:16nous sommes plus d'une vingtaine
01:09:17de spécialistes
01:09:19à écrire
01:09:19sur tous les sujets
01:09:20alors vous savez
01:09:21ces conversations
01:09:22sont très informelles
01:09:23et je vais conclure
01:09:24d'une manière
01:09:24qui va peut-être
01:09:25vous étonner
01:09:26mon cher Éric
01:09:27nous allons passer à table
01:09:28absolument
01:09:29d'accord
01:09:29et nous allons ensemble
01:09:30rejoindre un cercle
01:09:31que nous aimons beaucoup
01:09:32le cercle
01:09:33et le terria
01:09:34que nous avons créé
01:09:35qui est une ex-soissance
01:09:36du nouveau conservateur
01:09:38avec notre ami commun
01:09:39François Martin
01:09:40qui est
01:09:41à sa manière
01:09:43est aussi
01:09:44un grand géopolitologue
01:09:45absolument
01:09:45nous y retrouverons
01:09:47Caroline Galactéros
01:09:48et quand il tait le nom
01:09:49je ne commence pas
01:09:50à citer les noms
01:09:50c'est un exercice
01:09:51très périlleux
01:09:52on en a pour une heure
01:09:52mais si je puis dire
01:09:54transportons-nous à table
01:09:56et poursuivons nos conversations
01:09:57elles sont sans fin
01:09:59et c'est un bonheur
01:10:00au milieu de la décrépitude générale
01:10:02que de rencontrer
01:10:02des êtres tels que vous
01:10:04parce que je me dis
01:10:04qu'au bout de tout
01:10:05rien n'est perdu
01:10:05tant que vous existez
01:10:06tant qu'une cohorte
01:10:07de bons esprits
01:10:08sont tellement vaillants
01:10:09pour comprendre
01:10:10ce qui se passe
01:10:11avoir le courage
01:10:12de le savoir
01:10:13le courage de le dire
01:10:14et le courage en plus
01:10:16d'en tirer des conclusions
01:10:17rien n'est perdu
01:10:18écoutez je vous en remercie
01:10:19mais vous avez montré le chemin
01:10:20et donc voilà
01:10:21je vous rends
01:10:22au même titre
01:10:23avance ensemble
01:10:24merci à vous
01:10:26en tout cas c'est un bonheur
01:10:26d'avoir fait votre connaissance
01:10:28et un bonheur
01:10:28d'avoir conversé avec vous
01:10:29à bientôt
01:10:30merci
01:10:31merci
01:10:32Sous-titrage Société Radio-Canada

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